Pour une typologie de l’engagement littéraire écologique contemporain
p. 151-161
Texte intégral
1L’époque actuelle propose une vision renouvelée de l’engagement littéraire : la notion, fortement critiquée durant les décennies formalistes au principal motif qu’elle exprimerait une conception purement instrumentale de la littérature, endossant ensuite la culpabilité de tous les fourvoiements idéologiques du xxe siècle auxquels des écrivains (auto-)proclamés « engagés » auraient prêté main forte, est finalement sortie du Purgatoire… mais non indemne : à bien des égards, sa survie dépend de la capacité de métamorphose qu’on veut bien lui reconnaître. Si certains critiques ont pu en effet proposer à sa place d’autres termes – l’« implication » par exemple pour Dominique Viart ou Bruno Blanckeman1 – c’est précisément parce qu’ils estiment que l’engagement ne peut plus s’envisager de la même manière que durant la période sartrienne. Dès lors que l’on considère que cette définition de l’engagement, certes dotée d’un rayonnement particulièrement fort (en France comme à l’étranger) et durable, ne constitue qu’une étape de son histoire, on s’ouvre à la possibilité d’en repérer les mutations. De fait, la notion ne se révèle opérante qu’à condition d’être appréhendée dans toute son historicité, autrement dit en tenant compte du fait qu’elle est, à chaque époque et en chaque lieu, informée par les rapports que la littérature et les écrivains qui la font vivre nouent avec la société, le réel, le temps et l’histoire. Voir dans l’engagement littéraire une notion non pas du passé mais en constant ajustement et devenir, c’est aussi se donner les moyens d’appréhender les nouveaux objets et causes qu’il se donne et les modalités, plus ou moins rénovées, de son expression littéraire2. Sans nul doute, l’écologie – et sous cette appellation au singulier il faut avoir à l’esprit la pluralité et la diversité des courants qui s’y rattachent – est de ceux-là.
2On peut même dire qu’elle est devenue, à l’heure actuelle, un objet privilégié d’engagement littéraire, au sens où elle s’articule particulièrement bien à la manière dont on pense (ou rêve) aujourd’hui l’engagement – littéraire et tout court : un engagement moins politique qu’éthique, plus citoyen que militant et fondamentalement démocratique, puisque tous, nous sommes, en tant qu’êtres humains, responsables de l’état de notre planète, autrement dit coupables de sa dégradation, mais aussi acteurs (s'il est encore temps) de son rétablissement. Cet égalitarisme de fait devant la question écologique trouve un écho profond dans la posture que revendiquent bon nombre d’écrivains contemporains : renonçant à toute position de surplomb qui caractérisait l’auteur engagé ancienne manière, l’écrivain serait désormais « un parmi d’autres et qui fait corps avec tous3 ». On notera par ailleurs que la littérature à vocation écologique ou environnementale a souvent eu recours, depuis le récit de Rachel Carson, Silent Spring (1962), considéré comme le fondateur du genre, à la non-fiction – tendance qui est aussi celle des écritures contemporaines de l’engagement, au moins sur le mode de l’hybridation4. Enfin, s’il est vrai que, comme nous avons tenté de le montrer ailleurs5, l’engagement littéraire est étroitement lié à la manière dont une société conçoit son rapport au temps et à l’histoire, autrement dit son régime d’historicité, force est de constater que la question écologique telle qu’elle se pose aujourd’hui – en termes d’urgence, de responsabilité collective et individuelle à l’égard des générations à venir et en tant que génératrice d’un imaginaire angoissé de l’avenir ouvrant sur un imaginaire de la fin – relève pleinement du régime présentiste qui est le nôtre. Celui-ci est précisément défini par François Hartog comme accordant une place majeure au présent, un présent dilaté, qui s’étendrait tant en direction du passé que de l’avenir et qui serait vécu sous le signe d’une double dette, à l’égard d’un passé honteux et d’un futur menaçant : « Par la dette, on passe des victimes du Génocide aux menaces sur l’espèce humaine, du devoir de mémoire au principe responsabilité. Pour que les générations futures aient encore une vie humaine et qu’elles se souviennent aussi de l’inhumanité de l’homme6 » note Hartog, désignant ce qui nous apparaît comme deux voies proprement contemporaines, et fortement imbriquées l’une dans l’autre, de l’engagement littéraire : la mémoire et l’apocalypse. Ces deux notions traversent, ou plutôt travaillent, les quatre formes d’engagement littéraire écologique que nous proposons d’examiner ici d’une manière synthétique : les fictions apocalyptiques et post-apocalyptiques ; les récits à thèse ou « écologistes » ; les fictions postcoloniales ou autochtones centrées sur identités, mémoire et territoires ; les textes écopoétiques.
Fictions apocalyptiques et post-apocalyptiques
3Nombreuses sont les fictions contemporaines qui, mettant en scène un monde détruit ou bouleversé, entendent avertir les lecteurs sur les conséquences dramatiquement funestes des activités humaines sur l’environnement et sur l’espèce humaine elle-même7. Déployant la thématique de ce que Lawrence Buell nomme, dans Environmental Imagination8 l’ « environmental apocalypticism » (l’apocalypse environnementale), ces fictions entérinent le basculement d’un genre traditionnel de la littérature engagée, l’utopie, vers son contraire, la dystopie. Si les utopies environnementales, dont Ecotopia d’Ernest Callenbach (1977) constitue l’exemple le plus abouti et le plus connu, se font de plus en plus rares depuis le début du xxe siècle, les dystopies environnementales, elles, sont désormais légion, en littérature dite générale comme en littérature de jeunesse9. Figurant comme des « hypotyposes du futur10 », ces œuvres que Christian Chelebourg qualifie d’« écofictions11 », donnent à voir la catastrophe comme déjà accomplie, l’avenir déjà présent. Jouant sur les ressorts de la peur (voici le monde qui nous attend) et de la culpabilité (l’homme est à la cause du désastre annoncé), ces fictions font écho à la pensée développée par Hans Jonas dans Le Principe responsabilité en 1979 et dans laquelle Hartog reconnaît une expression particulièrement signifiante du présentisme. Déployant une « heuristique de la peur » qui revient à faire de celle-ci « [l’]obligation préliminaire d’une éthique de la responsabilité historique12 », ces romans bouleversent les coordonnées traditionnelles de l’engagement : coordonnées temporelles, puisqu’il ne s’agit plus de partir du présent pour fonder un avenir radieux, mais de regarder le présent depuis l’avenir cauchemardesque pour le modifier ; coordonnées éthiques et pragmatiques, puisqu’il s’agit d’éveiller les consciences à la nécessité d’une action non pas nécessairement pour créer de nouvelles formes de vie, mais pour préserver, protéger celles qui existent déjà : non plus pour changer le monde mais, pour reprendre le mot camusien, pour empêcher « qu’il ne se défasse13 ». D’où la tendance d’ailleurs de certaines de ces fictions à exprimer une forme de nostalgie à l’égard des époques ou des lieux où homme et nature vivaient ou auraient vécu dans une harmonie respectueuse des besoins et des possibilités d’épanouissement de chacun.
Les récits à thèse ou « écologistes »
4Si de tels romans alertent sur la nécessité et l’urgence qu’il y a de changer nos pratiques en montrant l’issue tragique du processus que nous aurions initié nous-mêmes (ou nos ancêtres, mais cela, ici, revient au même puisque la responsabilité est, en régime présentiste, collective et la dette imprescriptible), ils n’ouvrent cependant que rarement la voie à l’exploration des moyens d’actualiser ce changement : c’est en revanche ce dont se chargent des textes plus ouvertement militants, qui voisinent souvent avec l’une des formes majeures de l’engagement littéraire, et du reste la plus mal-aimée – le roman à thèse. Visant à l’exemplarité, ils mettent en scène des personnages engagés dans la lutte écologique et relèvent d’une littérature démonstrative, tout à fait analysable, sur les plan structurel, diégétique et narratif, à partir des critères développés par Susan Suleiman dans Le roman à thèse ou l’autorité fictive14. S’inscrivant dans la tradition inaugurée par le célèbre roman d’Edward Abbey, The Monkey Wrench Gang publié aux États-Unis en 1975 et qui représentait un groupe d’activistes appelant à la désobéissance civile15 au nom de la défense du monde naturel, ils sont souvent le fait d’auteurs fortement engagés, en tant que citoyens, dans la cause écologique, et tout particulièrement dans le courant de la deep ecology. La littérature est dès lors perçue comme une arme de combat parmi d’autres et particulièrement influente, si l’on en croit du moins le succès du roman d’Abbey, qui non seulement a inspiré de nombreux écrivains16, mais aussi des milieux associatifs17 et, partant, la société civile. Le titre du roman lui-même n’a-t-il pas donné naissance à un néologisme, « to monkeywrench » désignant aujourd’hui un acte de sabotage écologique18 ? Ce succès a du reste connu son revers, tant il est vrai que, face au roman à thèse écologique ou plutôt écologiste, est apparu le roman à thèse anti-écologiste, qui, lui, dénonce les excès d’un militantisme radical et dont Le Parfum d’Adam, de Jean-Christophe Rufin (2007) est un bon exemple.
Identités, mémoires et territoires : littératures postcoloniales et littératures autochtones
5De son côté, la critique postcoloniale ouvre la question de l’engagement écologique à des enjeux socio-politiques, culturels et identitaires particulièrement féconds, notamment parce qu’elle interroge la possibilité d’intégrer le discours écologique à une perspective contemporaine sans pour autant ranimer les oppositions stéréotypées entre colonisés et colons, pauvres et riches, dominés et dominants19. Déterminée par des violences politiques, économiques et sociales, la géographie des espaces colonisés témoigne de l’Histoire et se fait le muet dépositaire de la mémoire collective. Le sentiment d’appartenance à un espace géographique sous-tend une réflexion culturelle et identitaire sur laquelle se construit cette esthétique postcoloniale de l’engagement environnemental, loin des écofictions pures et des romans à thèse : c’est ainsi que l’instabilité environnementale (en l’occurrence, la désertification dans les pays du Sahel) reproduit la crise socio-politique (la stérilité des régimes et la corruption des pouvoirs publics) dans Le Jeune homme de sable (1979) de l’écrivain guinéen Williams Sassine et dans L’Archer bassari (1984) de l’écrivain malien Modibo Sounkalo Keita. Très souvent dénoncée dans les littératures africaines contemporaines, l’anomie est inséparable de la crise écologique globale elle-même responsable des préoccupations environnementales concrètes des populations locales. Ainsi la troisième voie d’engagement évoquée plus haut trouve-t-elle dans les littératures postcoloniales une densité propice à interroger les relations entre perspectives locales et globales inhérentes au contexte de mondialisation.
6De la même manière, les littératures autochtones dénoncent bien souvent la conquête sanglante et injuste des terres ; c’est précisément parce qu’elles s’appuient sur ces problématiques territoriales qu’elles s’avèrent à même de dénoncer les dérives écologiques en même temps que le déracinement culturel des Peuples Premiers20. De ce fait, les questions de réappropriation d’un territoire engendrent nombre d’interrogations romanesques aussi bien sur l’accès équitable aux ressources et la préservation de la terre que sur l’aptitude des personnages à se situer dans un espace marqué par l’Histoire de la colonisation. Tout se passe donc comme si la conscience écologique se faisait inséparable d’une réflexion sur l’identité puisque dans les deux cas, il s’agit de penser le viol de la terre et ses conséquences sur les peuples natifs. L’engagement romanesque passe alors par la mise en scène de cette spoliation territoriale généralement reproduite sur un mode duel opposant l’urbanisation et/ou l’industrialisation coloniales destructrices au mode de vie ancestral, généralement perdu, dans lequel les peuples natifs avaient une connaissance intime de la nature. Pour autant, cette dernière n’est pas au service d’une vision édénique héritée des mythes coloniaux : si elle doit être respectée et préservée, la nature reste un espace hostile et si l’homme doit la comprendre, c’est tout simplement pour pouvoir survivre. On peut songer ici au roman de l’auteure mapuche Daniela Catrileo, Chilco, récit du déracinement autochtone et de la fin d’un monde, ou encore au recueil de l’auteure sibérienne Tatiana Moldanova ironiquement intitulé Les Caresses de la civilisation21 dont les deux nouvelles décrivent l’avancée de la civilisation soviétique détruisant l’espace naturel des terres khantyes et montrent les conséquences désastreuses du boom industriel sibérien. Dans un milieu naturel souillé, corrompu et détruit par la « civilisation » colonisatrice, les personnages de ces récits engagés livrent un combat face aux forces d’une nature hostile et parfois indifférente à la souffrance humaine, au sein d’un monde malgré tout perçu comme un Tout22. La présence des peuples natifs en littérature contemporaine et la valorisation littéraire d’ontologies non-dualistes, plus encore évidemment lorsque l’auteur appartient à une communauté autochtone, renouvellent donc l’écriture de l’engagement environnemental, en montrant la nécessité de respecter la terre sans pour autant renouer avec la vision coloniale d’un monde sauvage idéalisé où hommes, animaux et végétaux vivraient en harmonie.
Penser d’autres formes de communautés : les récits écopoétiques
7Aux côtés des écofictions alarmistes délivrées par des écrivains-Cassandre, des romans à thèse soutenus par des écrivains-militants, de certaines œuvres post-coloniales qui interrogent les enjeux identitaires, sociaux et économiques d’une reconquête de la terre, une quatrième voie d’engagement pour les causes écologiques se dessine. Sans doute est-elle moins visible que les deux premières, au sens où elle relève moins de la littérature à vocation écologique ou à thématique environnementale (une littérature spécialisée) que de la littérature générale, et qu’elle est écrite par des auteurs ne revendiquant pas nécessairement, dans et hors de leurs textes, un engagement de type écologique. Mais de la même façon que tout texte environnemental n’est pas forcément engagé dans la défense de causes écologiques (comme tout texte qui parle de politique n’est pas politique), toute œuvre qui défend une prise de position que l’on peut qualifier d’écologique ne figure pas nécessairement dans un roman identifié comme environnemental. Il faut donc s’intéresser aussi aux œuvres qui, de manière plus indirecte, contribuent à modifier nos représentations concernant la place de l’humain au cœur de l’écosystème et ses relations avec les autres êtres vivants. Moins manifestement engagés, ces romans n’en sont pas moins engageants pour les lecteurs, amenés à expérimenter par et dans l’acte de lecture même, d’autres formes de communauté. On trouvera ainsi, dans l’univers post-exotique d’un Antoine Volodine, qui comporte par ailleurs de forts accents post-apocalyptiques, une indistinction de fait entre hommes et animaux que sous-tend une vision profondément égalitariste du monde, humain et naturel. Une telle défense de la valeur intrinsèque du vivant, qui n’est pas sans lien avec la branche de l’éthique environnementale dite « biocentrique23 » peut être repérée dans les œuvres d’un certain nombre d’auteurs contemporains non labellisés « verts24 ». Ces œuvres non spécialisées, précisément en vertu de leur caractère général25, sont aussi l’occasion de réfléchir plus largement sur le type de monde dans lequel nous voulons vivre et sur le type de lien que nous voulons nouer avec la nature, en tant qu’êtres humains et plus précisément êtres sociaux, dans une perspective qui relève alors plutôt de l’éthique dite « écocentrique26 ». Parce qu’ils proposent au lecteur une saisie globale de l’humain dans son environnement, ils sont en effet particulièrement à même de prendre en compte certains aspects que les romans spécialisés dans la défense de la nature peuvent être amenés à sacrifier pour les besoins de la démonstration : les inégalités, au sein d’une même société comme entre pays du Nord et pays du Sud, face à la crise écologique, les conflits entre les objectifs, bien légitimes, de croissance et de développement et ceux, qui ne le sont pas moins, de protection de l’environnement, etc.
8Il vaut la peine de souligner que la réflexion sur les multiples manières d’habiter le monde se déploie souvent, dans ce type d’œuvres non spécialisées qui abordent la question environnementale, dans une perspective résolument littéraire. En ce sens, elles prennent en charge un enjeu majeur de l’écopoétique (ou poétique écologique) : celle-ci, bien qu’apparaissant comme déliée des thématiques de l’écologie environnementale est pourtant – ou plutôt, selon Thomas Pughe27, en raison même de ce détachement – profondément engagée dans la construction d’un imaginaire environnemental susceptible de réconcilier l’homme et le monde qui l’entoure. C’est au moyen de l’exploitation du matériau littéraire lui-même que l’écopoétique cherche à déclencher le pouvoir performatif de la littérature, non pas par la représentation « écologiquement correcte » de la nature, mais par « la capacité (ou l’incapacité) qu’a le texte littéraire de nous proposer un regard nouveau sur notre relation avec le monde naturel28 ». Dans cette perspective, la littérature hispano-américaine contemporaine peut nous permettre d’enrichir notre appréhension de l’engagement écopoétique : songeons, par exemple, à la notion de pluralité baroque, telle que la déploie par exemple Alejo Carpentier dans ses essais. Pour le romancier cubain, le langage baroque en Amérique latine résulterait de l’incapacité du castillan à décrire les paysages luxuriants des forêts vierges. Ainsi les descriptions foisonnantes liées à l’écriture baroque répondraient-elles à la réalité du sol américain : loin d’être une simple mode, cette poétique correspondrait à la sensibilité latino-américaine ancrée dans un paysage exubérant et dans un continent de mélanges, de transformations et de mutations29. On pourrait également lire dans les mutations contemporaines du roman espagnol tel que l’exploitent des écrivains comme Agustín Fernández Mallo et Vicente Luis Mora, un nouveau paradigme esthétique apte à « répondre à l’appel inouï du réel30 » perçu au prisme de l’écocide et de l’urbanisation outrée. En mettant en scène les mutations qui affectent l’environnement humain, ces romans à l’esthétique mutante ouvrent les frontières du littéraire à d’autres discours artistiques visuels, musicaux, architecturaux mais aussi scientifiques : leurs pratiques poétiques deviennent ainsi indissociables de la vision du réel qu’ils délivrent, en pleine mutation31.
9Parce qu’ils offrent au lecteur la représentation d’autres mondes possibles, qui laissent place à une diversité d’aspirations et de manières d’être et de faire, ainsi qu’à une pluralité des vivants, ces romans non explicitement écologiques invitent à une reconfiguration globale du monde et de la place qu’y occupe chacun. Et parce qu’ils le font avec des moyens proprement littéraires – le travail sur la forme, les jeux avec la langue – ils font exister aussi, aux côtés des paroles et des images des experts, des scientifiques, des médias, des politiques, une autre voix, faisant de la question écologique une question proprement universelle.
Notes de bas de page
1Viart, D., « “Fictions critiques” : la littérature contemporaine et la question du politique », in J. Kaempfer, S. Florey, J. Meizoz (dir.), Formes de l’engagement littéraire (xve-xxe siècles), Lausanne, Antipodes, 2006, p. 198 ; Blanckeman, B., « L’écrivain impliqué : écrire (dans) la cité », in B. Blanckeman, B. A. Havercroft (dir.), Narrations d’un nouveau siècle, Romans et récits français (2001-2010), Paris, Presses de la Sorbonne-Nouvelle, 2012, p. 71-81 ; Blanckeman, B., « De l’écrivain engagé à l’écrivain impliqué : figures de la responsabilité littéraire au tournant du xxie siècle », in C. Brun et A. Schaffner (dir.), Des écritures engagées aux écritures impliquées, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 2015, p. 161-169.
2C’est là la thèse défendue dans Servoise, S., La Littérature engagée, Paris, Que-sais-je ?, 2023.
3Blanckeman, B., « De l’écrivain engagé à l’écrivain impliqué », art. cit., p. 163.
4On pense notamment aux récits de François Bon, Arno Bertina, Sandra Lucbert ou encore Roberto Saviano. Et l’on n’oubliera pas non plus que le texte non-fictionnel de Rachel Carson présentait une facture très littéraire, qui ne fut pas étrangère à son succès.
5Servoise, S., Le roman face à l’histoire : la littérature engagée en France et en Italie dans la deuxième moitié du XXe siècle, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2011.
6Hartog, F., Régimes d’historicité : présentisme et expériences du temps, Paris, Seuil, coll. « La librairie du xxe siècle », 2003, p. 216.
7Au sujet de cette tendance lourde de la littérature contemporaine, nous renvoyons à Engélibert, J.-P., Apocalypses sans royaume. Politique des fictions de la fin du monde, XXe-XXIe siècles, Paris, Classiques Garnier, 2013.
8Buell, L., The Environmental Imagination: Thoreau, Nature Writing and the Formation of American Culture, Cambridge & London, The Belknap Press of Harvard University Press, 1995.
9Sur l’importance croissante du thème écologique dans la littérature de jeunesse, voir notamment Prince, N. et Thiltges, S. (dir.), Éco-graphies. Écologie et littératures pour la jeunesse, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, coll. « Interférences », 2018 et Servoise, S. (dir.), Enfances dystopiques, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, coll. « Interférences », 2023.
10Durand, G., Les structures anthropologiques de l’imaginaire, Paris, Bordas, 1969.
11Chelebourg, Chr., Les Ecofictions : mythologies de la fin du monde, Bruxelles, Les Impressions Nouvelles, 2012.
12Jonas, H., Le principe responsabilité [1979], traduit de l’allemand par J. Greisch, Paris, Éditions du Cerf, 1990, rééd. Champs Flammarion, 1998, p. 422.
13Camus, A., « Discours du 10 décembre 1957 », in Œuvres complètes, IV, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade » [p. 235-243], p. 241.
14Suleiman, S. R., Le Roman à thèse ou l’autorité fictive, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Écriture », 1983.
15Rappelons d’ailleurs que H. D. Thoreau, l’un des fondateurs du nature writing, était également l’auteur de Civil Disobedience [1849], La désobéissance civile : du devoir de désobéissance civique, traduit de l’américain par J.-P. Cattelain, Bats, Utovie, 2007.
16On pense par exemple à Tom Coraghessan Boyle ou encore Ruth Ozeki.
17Dans sa thèse consacrée aux « fictions de l’anthropocène », Anaïs Boulard souligne ainsi que Dave Foreman, le fondateur de l’association militante « Earth First ! », se revendique explicitement de l’engagement décrit par Edward Abbey dans son essai Ecodefense. A Field Guide to Monkeywrenching, 1985 (Boulard, A., « Un monde à habiter : Imaginaire de la crise environnementale dans les fictions de l’Anthropocène », thèse soutenue à l’université d’Angers le 27 juin 2016, sous la direction d’Anne-Rachel Hermetet, p. 474. Nous remercions ici A. Boulard de nous avoir permis de consulter sa thèse.)
18Boulard, A., « Un monde à habiter…», op. cit., p. 473.
19Sur cette question du lien entre littératures postcoloniales et écologie, nous renvoyons notamment à DeLoughrey, E. M, Gosson, R. K., Handley, G. B. (ed.), Caribbean Literature and the Environment: between Nature and Culture, Charlottesville, New World Studies, University of Virginia Press, 2005 ; Massi, E.-M. (dir.), Aspects écocritiques de l’imaginaire africain, Bamenda, Langaa RPCIG, 2013 ; Clavaron, Y., « Pour une écocritique postcoloniale. Méthodologie, éthique, poétique », in Francophonie, postcolonialisme et mondialisation, Paris, Classiques Garnier, 2018, p. 193-209. Voir également Clavaron, Y., Éc(h)o-graphies d'une terre déréglée : Petit traité d'écocritique, Paris, Kimé, 2023.
20Sur les liens entre l’éthique environnementale et les littératures autochtones, ou les ontologies non-dualistes déployées dans les textes qui s’inscrivent dans les univers culturels des Premières Nations, nous renvoyons aux articles de Cécile Brochard, « L’environnement au prisme des mythes guarani : "Yñipyru" d’Augusto Roa Bastos », d’Anne Teulade, « Donner à voir la confrontation des ontologies à travers le roman historique, avec le Canadien Joseph Boyden » et de Crystel Pinçonnat, « Avec la terre en héritage, ou l’éthique environnementale du roman amérindien contemporain », in Quelle éthique pour la littérature environnementale ?, Revue de Littérature Comparée, 2023/2, Paris, Klincksiek, octobre 2023, respectivement p. 215-224, p. 225-236 et p. 237-250.
21Moldanova, T., « Anna dans le Monde du Milieu » et « Les Caresses de la civilisation » in Les Caresses de la civilisation [1987-1996], traduit du russe (Sibérie) par Dominique Samson Normand de Chambourg, Paris, Éditions Paulsen, 2007.
22Dans le domaine anglophone, on pense évidemment aux littératures autochtones nord-américaines et aux littératures australiennes aborigènes contemporaines : chez des auteurs comme Leslie Marmon Silko, Joy Harjo, Richard Wagamese, Simon Ortiz, mais aussi Oodgeroo Noonuccal, Alexis Wright, Ali Cobby Eckermann, l’écriture de l’environnement est indissociable d’un engagement culturel et éthique profond.
23C. Larrère définit le biocentrisme comme l’une des deux branches de l’éthique environnementale. Il s’agit d’une morale déontologique, qui reconnaît « en toute entité vivante une entité digne de respect, en elle-même ou pour elle-même » (Larrère, C., « Éthiques de l'environnement », Multitudes, 2006/1, no 24, p. 75-84, accessible en ligne http://0-www-cairn-info.catalogue.libraries.london.ac.uk/revue-multitudes-2006-1-page-75.htm, consulté le 29 août 2024, p. 82).
24On songe notamment à Éric Chevillard, Olivia Rosenthal en France, ou encore Antonio Moresco en Italie.
25Nous rejoignons ici Alain Suberchicot pour qui, la « non-spécialisation du propos du motif environnemental […] ne signifie […] pas indifférence, provincialisme de la pensée ou modération de propos, mais au contraire capacité à affronter toute la rugosité de la question lorsque, en elle, on rencontre des aspects sociaux de développement humain » (Suberchicot, A., Littérature et environnement, Paris, Honoré Champion, 2012, p. 80).
26Cette deuxième branche de l’éthique environnementale est définie par Catherine Larrère comme une éthique conséquentialiste qui « considère que c’est parce que nous faisons partie de la même communauté d’êtres vivants, ou de la même communauté biotique que nous avons des devoirs aussi bien à l’égard de ses membres (les entités qui la composent) que de la communauté comme un tout » (art. cit., p. 82).
27Pughe, Th., « Réinventer la nature : vers une éco-poétique », Études anglaises, 1/2005 (Tome 58), p. 68-81, accessible en ligne : www.cairn.info/revue-etudes-anglaises-2005-1-page-68.htm, consulté le 10 octobre 2016.
28Ibid.
29Chao, R., Conversaciones con Alejo Carpentier, Madrid, Alianza Editorial, 1998, p. 62-64.
30Forest, Ph., Le Roman, le réel, et autres essais, Allaphbed 3, Nantes, Éditions Cécile Defaut, 2007, p. 17.
31Nous renvoyons à la thèse d’Alice Pantel, Mutations contemporaines du roman espagnol : Agustín Fernández Mallo et Vicente Luis Mora, thèse soutenue à l’Université Paul Valéry – Montpellier III le 4 décembre 2012, dirigée par Jean-François Carcelen.

Le texte seul est utilisable sous licence Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Figures du marginal dans la littérature française et francophone
Cahier XXIX
Arlette Bouloumié (dir.)
2003
Particularités physiques et marginalité dans la littérature
Cahier XXXI
Arlette Bouloumié (dir.)
2005
Libres variations sur le sacré dans la littérature du xxe siècle
Cahier XXXV
Arlette Bouloumié (dir.)
2013
Bestiaires
Mélanges en l'honneur d'Arlette Bouloumié – Cahier XXXVI
Frédérique Le Nan et Isabelle Trivisani-Moreau (dir.)
2014
Traces du végétal
Isabelle Trivisani-Moreau, Aude-Nuscia Taïbi et Cristiana Oghina-Pavie (dir.)
2015
Figures mythiques féminines dans la littérature contemporaine
Cahier XXVIII
Arlette Bouloumié (dir.)
2002