Chapitre IX. Des « années décisives » (1840-1848)
p. 155-170
Texte intégral
Métamorphoses de l’industrialisme
1À l’occasion d’un projet de loi présenté le 3 décembre 1832, le comte d’Argout, ministre du Commerce, après avoir affirmé que le gouvernement assurerait l’avenir des industries qui avaient grandi sous la protection des tarifs, déclara toutefois que le temps était venu de « dégager ce régime de ce qu’il avait d’inutile, de vexatoire et d’exorbitant. » Une grande nation comme la France devait sortir de ce qu’il appelait « un système exclusif » et distinguer dans le tarif français ce qui était « juste, nécessaire, utile et profitable aux intérêts du pays. » Le comte Tanneguy Duchâtel, principal rédacteur du manifeste du comité libre-échangiste vinicole à la veille de 1830, ministre du commerce à partir de 1834, avait annoncé aux lainiers d’Elbeuf, très inquiets : « Nous avons fait une révolution pour détruire les privilèges et il faut vous familiariser avec l’idée de voir tôt ou tard l’abrogation de celui qui vous protège. C’est un canonicat dans lequel vous ne pouvez demeurer éternellement1. » Une « liberté économique progressive », à défaut d’une véritable ouverture démocratique revendiquée par une partie des auteurs de la Révolution de Juillet, semblait assurer le maintien de l’idée de progrès2.
2Cette perspective optimiste tourna court à la fin des années 1830 et les économistes libéraux, des libre-échangistes, dominants dans les sphères intellectuelles écoutées du pouvoir, se trouvèrent isolés face au puissant bloc social des « notables » qui, à la Chambre, se montrèrent hostiles à toute remise en question du prohibitionnisme de la Restauration. Mais dans le cadre d’un marché intérieur protégé, critiqué par les économistes libéraux, la « révolution industrielle » française changea pourtant de rythme et d’ampleur. La croissance progressa rapidement entraînée par une économie plus lourde en capital et un système manufacturier reposant sur une concentration nouvelle de la main-d’œuvre. C’est au tournant des années 1840 qu’on commença à prendre la mesure des changements intervenus depuis les Trois Glorieuses3. Le problème de l’avenir de la société dominée par les grands notables fut posé de façon nouvelle quand, en 1839, l’économie internationale trébucha. La Banque d’Angleterre dut relever son taux de base et les exportations anglaises vers les États-Unis chutèrent de plus de moitié. Les industries de luxe françaises qui dépendaient beaucoup du marché américain furent frappées à leur tour. Selon Michel Chevalier « par contre coup, deux cents mille ouvriers lyonnais se trouvèrent sur le pavé4 ». La crise en France fut amplifiée par la mauvaise récolte de blé de 1839 qui provoqua une chute de la consommation et la contraction de l’activité manufacturière. Une émeute de la société secrète des Saisons effraya la capitale. La crise d’Orient à la même date faillit entraîner la France dans une guerre entre grandes puissances et plongea dans l’inquiétude une bourgeoisie orléaniste pacifiste en quête de points d’ancrage.
3On prit alors brutalement la mesure des difficultés nouvelles que la France allait rencontrer pour entrer dans la voie de la modernité5. En 1835, une grande enquête parlementaire lancée par le ministre du commerce, Tanneguy Duchâtel, pour faire évoluer le système protectionniste français déboucha sur une impasse. Elle dévoila la division profonde des milieux d’affaires et les nouvelles fractures économiques et géographiques qui opposaient la France du Midi et celle du Nord6. L’enquête « ne devait alarmer aucun intérêt » et le gouvernement souhaitait « des améliorations progressives et calculées avec prudence qui n’imposassent à aucun intérêt des sacrifices violents7 ». L’initiative du gouvernement provoqua immédiatement la résistance du patronat manufacturier. L’enquête sur les classes ouvrières commandée en 1834 par l’Académie des Sciences Morales et Politiques à Louis Villermé, publiée en 1840, attira l’attention sur la profonde détresse des travailleurs dans les manufactures du coton. À la même date, le livre d’Eugène Buret, La misère des classes laborieuses en France et en Angleterre eut un écho important. L’inquiétude, mais aussi le remords social s’emparèrent d’une partie des notables. Plus profondément, c’est le schéma libéral et optimiste sur lequel reposait la monarchie de Louis-Philippe qui se fissura.
4Les chefs de file du courant chrétien de « l’économie charitable » : le vicomte de Villeneuve-Bargemont, le baron de Morogues, le baron de Gérando… s’en prirent vigoureusement aux nouvelles formes de l’industrialisation. De nouveaux courants socialistes avancèrent une autre lecture critique du libéralisme économique. En 1839, le Voyage en Icarie de Cabet se diffusa parmi les classes populaires et la même année, Louis Blanc publiait son Organisation du travail. En 1840 encore, paraissait Qu’est-ce que la propriété de Proudhon.
5Pris en étau entre ces nouveaux courants critiques venus de droite et de gauche, confrontés aux puissants groupes d’intérêts qui dominaient les Chambres, les économistes libéraux s’interrogèrent à leur tour sur la capacité de la science économique de répondre à ces nouveaux défis.
6À l’époque où Jean-Baptiste Say était leur porte-parole, les économistes restaient persuadés que les difficultés qui entravaient le progrès, n’étaient qu’un effet de l’archaïsme et d’un « sous-développement » hérité de l’Ancien Régime ; on découvrait désormais qu’elles s’inscrivaient au cœur de la nouvelle économie de marché. Le principe même de la concurrence et d’une économie fondée sur l’initiative privée étaient en question. Interpellé, Adolphe Blanqui décida d’entrer dans le débat qui mettait le libéralisme à l’épreuve en acceptant que ses cours du Conservatoire professés de 1836 à 1839 soient publiés8. Ces publications à la charnière de deux décennies constituent un élément important de son itinéraire intellectuel car elles présentent une réflexion inédite sur le nouvel élan du capitalisme français.
7La décision de Blanqui de publier ses cours était courageuse et il hésita du reste longuement avant d’accepter que des notes prises au fil de ses leçons soient publiées par Adolphe Blaise et Joseph Garnier. Il s’agissait d’engager une bataille d’idées, mais aussi une lutte politique qui n’avait plus la simplicité du conflit qui, sous la Restauration, opposait le progrès à la réaction. Il fallait reconstruire une cohérence du projet libéral déstabilisé par un capitalisme qui creusait les inégalités et menaçait l’équilibre d’une société aux bases politiques fragiles.
8Le projet de Blanqui était d’autant plus audacieux qu’il ne pouvait compter sur un rassemblement du « cercle des économistes » pour défendre le terrain du libéralisme. Un économiste proche d’Adolphe, Louis Reybaud, qui observait avec attention l’évolution de la génération des économistes nés avec le siècle avait clairement distingué les tensions, les lignes de failles qui, après la disparition de Say, en 1832, fracturait « l’école optimiste » que le maître avait dominée jusqu’à sa disparition : « On ne voyait pas avant 1830 les opinions s’émietter à l’infini et s’en aller à l’aventure. Il n’y avait que deux partis alors : celui des routines et celui des principes. Les principes pouvaient être vaincus mais ils succombaient avec gloire, ils ne se laissaient pas entamer. Deux mobiles féconds dominaient les défenseurs de la science : la foi et la discipline. On avait une croyance et l’on combattait pour elle, on avait des chefs et on reconnaissait leur autorité. Cette situation n’existe plus. L’économie politique a fait partie du triomphe de Juillet et comme tous les vainqueurs de cette date elle s’est vue après l’évènement en proie à la confusion. On lui demandait plus qu’elle n’avait promis, plus qu’elle ne pouvait faire. Les vanités des sectes, les prétentions individuelles lui livraient des assauts continuels. La révolte une fois introduite dans la science, il y a eu autant de systèmes que de têtes : on a compté vingt généraux pour un soldat9. »
« C’est toujours aux hommes progressifs à indiquer la marche10 »
9En dépit des accusations prononcées contre une croissance économique qui déstabilisait les équilibres français, Blanqui, dans son enseignement refusa d’abandonner le « rêve saint-simonien », ce projet productiviste qu’il avait soutenu quand il écrivait dans le Producteur. Au-delà des critiques adressées aux nouvelles grandes entreprises, il lui semblait même indispensable de progresser avec une énergie redoublée dans l’installation des équipements modernes qui avaient donné l’avantage à l’Angleterre. Il pouvait du reste compter sur le soutien d’une aile moderniste des milieux économiques qui, dès avant 1830, avait commandité l’École spéciale de commerce. Cette avant-garde de négociants et de banquiers demeurait attachée à un large programme de modernisation des infrastructures. Des banquiers, le baron Davillier, André, Cottier, appelaient le gouvernement « à raviver les affaires… et donner les moyens de travail à la classe laborieuse11 ». Ils avaient mené bataille pour obtenir la création d’un vaste entrepôt hors douane, à Paris d’abord, et dans d’autres grandes places d’échange ensuite. Le but était de desserrer l’étau du protectionnisme et de faciliter les échanges. Ces hommes d’affaires rêvaient de faire de l’entrepôt un outil qui leur permettrait de rivaliser avec Londres, de transformer Paris en grand « emporion », un « Londres continental » envisagé déjà à l’époque du Blocus et jamais abandonné depuis. Ils étaient décidés alors à faire reculer des notables provinciaux hostiles à une concurrence élargie qui pouvait faire et défaire les grands intérêts manufacturiers installés. Marx, ironique, soulignait alors les efforts réalisés par une avant-garde capitaliste pour « briser la mesquinerie des rapports économiques français12 ».
10Blanqui leur avait apporté son soutien et se jeta dans cette bataille qui fit de son cours du Conservatoire une tribune destinée à diffuser un programme de rupture avec un capitalisme français étroitement défini dans le cadre national. Adolphe était convaincu que la nouvelle liberté de la presse, l’avènement d’un régime parlementaire allaient élargir le débat sur les grandes questions économiques et « que toutes les recherches, toutes les tentatives d’amélioration devaient quitter le secret du cabinet pour devenir publique ». Tout en gardant son indépendance et en s’écartant d’un rôle politique direct, l’économiste selon lui devait se comporter en « lanceur d’alertes », puis en consultant scientifique du gouvernement afin de proposer de nouvelles politiques de croissance : « Pour nous qui dans nos investigations voulons toujours précéder le pouvoir dont la marche est nécessairement lente, nous aurons à examiner toutes ces questions et à leur préparer une solution » déclarait-il à ses étudiants13.
11La réussite de la démarche reposait aussi sur une diffusion de la science économique jusque dans les milieux populaires : « Il est nécessaire d’éclairer l’opinion par la vulgarisation des principes économiques. Elle est le seul moyen de débarrasser l’avenir des entraves sociales qui viennent gêner l’administration14. » La science des économistes mobilisée au service du gouvernement ne relevait plus de la pugnacité idéologique manifestée contre les institutions aristocratiques, elle se ferait à partir d’un débat guidé par la statistique, nouveau savoir fondé sur « l’observation intelligente des faits recueillis en grand nombre15 ».
12Pour fixer les contours d’un plan de développement et de modernisation économique, Blanqui reprenait à son compte le schéma général des saint-simoniens précisé au fil des années 1830 par Michel Chevalier qui, en contact avec Adolphe, développait un projet comparable dans son cours du Collège de France. Deux problèmes devaient être surmontés : la rareté du crédit et son coût d’une part, un système de communications très insuffisant d’autre part. Le Producteur, dès avant 1830, avait abondamment démontré le lien entre les deux objectifs. Le retard du système bancaire français n’était qu’un reflet de l’inachèvement du marché national. Blanqui qui fréquentait Jacques Laffitte avait soutenu son projet de Société commanditaire de l’industrie. Chevalier rappelait que le problème du crédit était d’abord celui d’une nation dont « vingt-quatre millions d’habitants sont adonnés aux travaux agricoles16 ». Plus encore que Chevalier, Blanqui insistait sur la nécessité d’être attentif aux difficultés de la population rurale : extrême division des propriétés, crainte de la monnaie fiduciaire, stérilisation de l’épargne, endettement des micro-propriétaires. Adolphe soulignait également la responsabilité des notables provinciaux dans l’archaïsme de la paysannerie et déplorait « quelle n’ait eu pour tout soulagement que l’hypothèque et les usuriers si féconds en expropriation, puis les notaires et les avoués qui réduisaient les propriétaires en atomes et les fermiers à la mendicité17 ».
13Toutefois, Blanqui, comme tous les économistes du moment, avait encore à l’esprit le souvenir de l’affaire Law, l’inflation des assignats, autant de crises qui incitaient aussi à la prudence face à une augmentation artificielle de la masse monétaire. À ses yeux, le modèle monétaire qu’on pouvait suivre, dans le sillage de Smith, était celui de l’Écosse dont le réseau dense de petites banques rurales assurait le drainage de l’épargne. « Que nous manque-t-il pour ressembler à nos voisins ? Une banque d’Écosse dans chaque arrondissement, combinée avec la caisse d’épargne. » Ce nouveau système bancaire devait encore favoriser l’éducation des travailleurs. « Les banques d’Écosse sont aussi une école de morale, les hommes qui y déposent leur épargne sont obligés d’être probes et vertueux18. »
14Un nouveau système de crédit permettrait une transformation profonde des communications à l’échelle du territoire. « Il ne suffit pas d’avoir des capitaux et un bon système de crédit – enseignait Blanqui à ses élèves – il faut encore et peut-être avant tout un bon système de circulation. » En voie d’être résolue en Angleterre où les canaux assuraient déjà le transport du charbon et où la première grande vague de construction des voies ferrées progressait rapidement, la France était confrontée, sur ce point, aux plus grandes difficultés. Très critique à l’égard des atermoiements des Chambres dans le domaine des communications, Blanqui dénonçait l’inertie de l’administration française et ses hésitations. « On a entrepris et commencé de tous côtés et on a terminé nulle part. » En 1835, Théodore Ducos, député de la Gironde avait proposé d’abaisser les droits sur les rails importés d’Angleterre. La Chambre, avait décidé de ne faire aucune exception en faveur des rails dont l’importation resta négligeable au moment où les États-Unis les importaient massivement pour précipiter leur équipement19. Sur le chemin de fer de Rouen, l’équipement en rail avait coûté 70 000 F alors qu’il aurait coûté 43 000 F en Belgique, 33 000 F. en Angleterre. Mais les maîtres de forges qui produisaient à la houille, seuls capables de répondre à cette demande, n’entendaient pas céder le marché aux Anglais.
15Il fallait dès lors émanciper la construction des chemins de fer des intérêts privés défaillants et confier à la puissance publique une tâche qui nécessitait le lancement d’un grand emprunt national, une conversion de la rente, la mobilisation de l’argent des caisses d’épargne, « autant d’initiatives qui ne pouvaient être conduite que par la main de l’État ».
16Avec de nouveaux moyens de transport, il s’agissaitde disposer d’un outil qui permette de rééquilibrer le tissu économique français, de mettre sur pied une politique ambitieuse d’aménagement d’un territoire qui opposait dangereusement la France du Nord et la France méridionale : « Les chemins de fer qui n’ont été chez nos voisins qu’un effet de l’état avancé de leur industrie et de leur commerce doivent agir chez nous comme cause, donner naissance à des réalisations, faciliter la création de fabriques ainsi que l’expédition de leurs produits et ceux de l’agriculture, là où il manque des routes ordinaires et des voies de communication par eau20. »
17La « question sociale » qui s’imposait désormais dans le débat politique ne pouvait être résolue que par un nouveau bond en avant de l’équipement économique. Le professeur s’interrogeait alors sur l’exemple américain analysé par Michel Chevalier pour qui les chemins de fer auraient le pouvoir, comme aux États-Unis, de lisser les inégalités sociales et d’étendre les libertés : « En républicains bien avisés, les américains ont compris de bonne heure qu’améliorer les communications c’est aider la liberté, car la liberté n’existe pas encore là où les uns sont en palanquin et où les autres se traînent dans les broussailles. »
18Blanqui avançait encore l’idée d’une extension du « modèle capitaliste » à l’ensemble de la société. L’ouvrier par son épargne « deviendra capitaliste c’est-à-dire qu’il pourra à son tour avancer aux simples journaliers des instruments et des outils pour travailler, des aliments ou un salaire ». Le capitalisme « multiplicateur de richesses » restait un « puissant moyen de moralité ». Il s’agissait d’un schéma général qui en France permettrait le passage d’une industrie reposant sur la production de « marchandises de luxe » à une production de masse, accessible aux travailleurs. Prenant l’exemple des filés de coton, Blanqui déclarait : « On doit travailler en général pour les masses, c’est-à-dire pour la grande consommation qui offre des débouchés, sinon avantageux, du moins plus assurés que pour la consommation de luxe21. » L’objectif recherché était dès lors l’abaissement des prix qui donnerait à la France les moyens de résister dans la concurrence internationale : « Il ne suffit pas de faire le mieux, il faut faire le plus économiquement possible. » Et pour cela, l’économiste invitait enfin les manufacturiers à traquer « le culte de la routine ».
19Blanqui s’attachait donc à critiquer tous les verrous qui dans l’économie française soulignaient le retard de son capitalisme, en particulier dans le domaine de l’énergie. « Il n’est pas d’influence supérieure à celle du bas prix et de la bonne qualité des houilles sur la prospérité ou la décadence de l’industrie d’une nation22. » Cela le conduisait à critiquer le dualisme métallurgique français qui utilisait toujours la fonte au bois et restait prisonnier des propriétaires de forêts et de l’inertie des anciens maîtres de forges.
20Croissance, profit d’entreprise, progrès économique et social, promotion des découvertes scientifiques s’enchaînaient, comme la nécessité d’intégrer femmes et enfants dans les nouvelles manufactures du textile : « Cette industrie a résolu le problème difficile d’utiliser des forces jusqu’ici stériles : les femmes et les enfants. C’est là un grand avantage et il est bien de mettre chaque membre de la famille à même de contribuer à ses charges et de soulager son chef d’une partie de sa tâche23. »
21La fabrique lyonnaise qui associait le négoce à l’artisanat lui paraissait archaïque, ce qui pouvait expliquer l’âpreté des conflits sociaux qu’elle avait connue en 1831 et 1834. « Cet ordre exige une transformation, elle sera difficile mais elle paraît d’une nécessité urgente24 ». Le capitalisme français envisagé sans contradictions véritables et retenu seulement par des archaïsmes hérités du passé s’imposait comme l’outil indispensable du développement et du progrès. Le modèle anglais montrait la voie.
Les « monopoles protectionnistes », résurrection de l’ancien régime ?
22Au fil des leçons professées au Conservatoire, une première réponse était donc apportée aux difficultés que devait affronter la société française par un bond en avant encore fortement inspirée du programme saint-simonien. Mais une autre lecture des cours, de leurs bifurcations inattendues, pouvaient conduire sur des chemins très différents. Alors que Blanqui semblait s’engager en faveur d’un productivisme emprunté au saint-simonisme classique, le professeur reprenait à son compte de manière surprenante des critiques virulentes soulevées contre une dynamique capitaliste qu’il avait, dans une autre perspective, présentée comme l’instrument clef d’un changement favorable. Cet élan économique n’apparaissait plus alors comme la solution, mais comme le problème le plus aiguë auquel la France était confrontée.
23Blanqui avait soulevé la question dans son cours dès 1837, mais les problèmes posés par les bouleversements rapides et inattendus du capitalisme de grande entreprise prirent une autre dimension au début des années 1840 dans un article important et remarqué du JDE de février 1842, article qui reprenait une communication faite devant l’Institut. L’analyse de Blanqui se présentait désormais comme un véritable message d’alerte : « Il se passe en ce moment, dans les régions les plus élevées de l’industrie, des faits graves et inattendus qui nous semblent mériter à un très haut degré l’attention des économistes et des hommes d’État. Le travail émancipé se développe de toutes parts avec une ampleur et une rapidité inouïe ; ses anciens instruments ne lui suffisent plus ; chaque jour il en invente de nouveaux, les met en mouvement sur une échelle immense, et, tout entier occupé du besoin de produire, semble avoir oublié les moyens d’échanger. Quand on compare les chiffres qui résument la production actuelle, dans les contrées soumises au régime industriel, à ceux qui en étaient l’expression il y a quelques années seulement, on demeure étonné du développement qu’elle a reçu, de celui qu’elle reçoit tous les jours. Comment se fait-il donc que cet accroissement de production ne soit pas toujours une augmentation de richesse ? Comment la misère se répand-elle, au contraire, davantage, à mesure que l’industrie s’y concentre sur certaines localités prédestinées à ce dangereux contraste ? Telle est la première question qui se présente à l’observateur, dès qu’il porte ses regards sur les grands centres de manufactures en France, en Angleterre, en Belgique, partout25. »
24Toute la logique du progrès économique se trouvait dès lors remise en question au risque d’introduire dans le programme d’enseignement d’Adolphe une confusion qui pouvait conduire les élèves du CNAM à s’interroger sur la cohérence de la démarche du professeur. Ces jugements contradictoires n’affectèrent pourtant en rien l’image d’excellence de l’enseignement de Blanqui, pas plus qu’ils ne troublèrent ses auditeurs. Bien au contraire, il fut félicité alors de s’attacher à défendre des exigences intellectuelles et morales conformes aux écrits classiques de l’économie libérale mais aussi aux attentes de ses élèves. La question soulevée, pour le professeur comme pour les élèves, n’était pas celle d’un rejet de l’économie de marché, mais celle des déformations inattendues qu’elle subissait dans les mains d’un patronat protectionniste qui en altérait profondément la nature et les bienfaits. La puissance nouvelle exercée au cœur de cette économie par des monopoles qui profitaient de l’isolement douanier de la France, pouvait dès lors apparaître comme une résurrection des formes archaïques de l’économie d’Ancien Régime au cœur même de la modernité. Au sein du capitalisme, une « aristocratie manufacturière », organisait, non pas un projet pour l’avenir, mais un retour vers le passé.
25Dès 1830, Say avait développé des critiques sur la formation de quelques « monopoles ». Au tournant des années 1840, la critique de Blanqui, d’une autre portée, s’attachait à l’analyse de la formation d’ententes, de concentrations dans la métallurgie, les mines, les chemins de fer, le verre, autant d’entreprises qui, à l’abri de la concurrence extérieure, jouissaient de privilèges en rupture avec le principe de l’égalité dans les échanges, imposaient leurs intérêts auprès du pouvoir, mais aussi dévoilaient un visage inattendu du capitalisme. La concentration de l’activité industrielle dans les mains de quelques grandes entreprises menaçait le lien « naturel », nécessaire et visible qui devait exister entre la production et le marché. « Il faut assurément – déclarait Blanqui – qu’il y ait quelque vice radical dans un système qui ne garantit aucune sécurité ni au capital, ni au travail, et qui semble multiplier les embarras des producteurs en même temps qu’il les force à multiplier leurs produits… Ce vice, en un mot, c’est l’exagération du système protecteur, qui pousse toutes les industries vers une impasse, en stimulant outre mesure les forces productives sans leur ouvrir de nouvelles issues, ou plutôt en leur fermant tous les anciens débouchés26. »
26Non seulement ce nouveau capitalisme menaçait d’imposer d’insurmontables contradictions à la marche de l’économie mais il était générateur de profits indus, d’inégalités nouvelles qui déstabilisaient le tissu social. « La protection n’a servi qu’à augmenter les revenus d’une certaine classe d’individus presque complètement oisifs et dont les récoltes sont sûres et abondantes27. » Le problème se posait de façon très claire pour les compagnies de chemins de fer : « J’entrevois dans les compagnies – déclarait Blanqui – une aristocratie naissante dont le monopole poussé au-delà de certaines limites pourrait devenir fort onéreux pour le pays28. »
27L’économiste dans cette analyse ne se différenciait pas encore radicalement du groupe des économistes chez qui on trouvait également des critiques de la nouvelle concentration de l’économie29. Mais chez Blanqui, il ne s’agissait pas seulement de s’attaquer à l’apparition de « monopoles » mais de questionner la logique même du capitalisme de grande entreprise qui pouvait y mener. L’attention qu’il portait alors à la crise économique européenne le conduisait, par étapes, à une interrogation nouvelle sur les contraintes imposées par les circuits du capital. L’énormité nécessaire des investissements réalisés par ces entreprises en regard de l’étroitesse des marchés, constituait une menace pour l’économie tout entière. « Le propre des grandes industries, c’est-à-dire celles qui ne peuvent marcher avantageusement que quand elles sont montées sur une vaste échelle, est d’être constamment exposées aux crises. Comme elles opèrent en grandes masses et comme leurs approvisionnements doivent être faits longtemps à l’avance, elles ne peuvent arrêter leur production sans perdre les intérêts des sommes énormes qu’il a fallu immobiliser en bâtiments et en machines30. »
28Dans cette nouvelle économie, la visibilité du marché disparaissait dans la chaîne complexe des circuits de l’argent, du crédit, très loin des consommateurs : « L’industrie manufacturière, toujours obligée de travailler en aveugle, marche à l’aventure et opère sur des bases qu’elle ne peut ni connaître, ni étudier à l’avance, et qu’il n’est jamais, ou bien rarement, en son pouvoir de modifier. Un blocus, une faillite lui sont funestes. Ils ont été maintes fois l’unique cause des grands désastres et des ruines éclatantes31. » Le capitalisme identifié à la forme prise par les monopoles apparaissait comme un corps étranger dans le paysage économique alors que sa puissance sociale lui permettait de disposer des leviers de commande de la vie politique : « la manufacture, forte de l’approbation et de la sympathie qu’elle trouvait dans l’égoïsme des uns et des ressources que lui offraient les capitaux des autres, s’est faite en peu de temps une large place dans la société, elle a réclamé et obtenu pour ses hommes déjà puissants des lois exceptionnelles, des protections aveugles alors que ses intérêts étaient fréquemment en opposition avec ceux du pays. »
29Les problèmes soulevés par cette nouvelle étape du capitalisme, mais aussi par la crise brutale de 1839, rendaient plus difficile un alignement de la France sur l’élan industriel de l’Angleterre. Mais les interrogations concernaient en fait l’ensemble de l’Europe manufacturière. « L’Angleterre, qui est à la tête de ce mouvement fébrile, se voit forcée de chercher des débouchés aux extrémités du monde, de fouiller jusque dans les entrailles de la Chine, et de se créer en Australie un peuple de consommateurs pour suffire aux exigences chaque jour plus impérieuses de sa production. La Belgique étouffe sous le poids de ses fers, de ses verreries, de ses fabriques de laine et de coton. L’Allemagne entre dans cette voie32. »
30À l’occasion du débat qui accompagna, en 1837, la loi qui proposait de fondre les sociétés en commandite en société anonyme, Blanqui et Wolowski, son collègue du CNAM, s’opposèrent vivement à un projet qui selon eux aurait eu avant tout pour effet d’amplifier les déséquilibres qui menaçaient toute la société33. Blanqui prit position : « Ce projet de loi détruit et supprime toute possibilité de placements commodes et avantageux, s’occupant fort peu des petits capitaux dont l’avenir forme le nœud gordien de la question. » Wolowski, proche de Blanqui dans cette affaire, ajouta : « Les petits capitalistes seront donc sacrifiés… le projet de loi est hostile aux intérêts des fortunes médiocres, il les exclut virtuellement du mouvement industriel34. »
31L’analyse critique de Blanqui n’était pas limitée au monde des manufactures et au nouveau capitalisme. L’ébranlement de la société au tournant des années 1840 affectait également la société rurale et Adolphe établissait un lien étroit entre les inégalités sociales de la manufacture et celles qui plongeaient dans la misère une France rurale périphérique qu’il connaissait bien et dont il déplorait l’abandon. En janvier 1843, il fut chargé par l’Institut d’une mission dans les quatre départements du sud des Alpes. Il adressa à cette occasion plusieurs courriers à Mignet et dans une lettre envoyée de Castellane, le 16 janvier, il établit un lien direct entre le destin des villes et celui des campagnes. La France rurale souffrait aussi des nouvelles formes de l’industrialisation : « La tendance de l’économie politique que les évènements nous font est d’enrichir les riches et d’appauvrir les pauvres. Les villes absorbent les campagnes, comme la mécanique désœuvre [sic] les bras. On revient à une autre féodalité par la voie parlementaire et industrielle. Encore quelques années du système électoral par arrondissement et de système protecteur par la douane, et vous verrez de nouveaux fiefs. Les classes rurales inférieures tombent de plus en plus dans l’impuissance comme la terre dans la stérilité, par le morcellement, tandis que par la protection dont bénéficient les monopoles l’industrie procède à l’envahissement. Ce que je vois me navre comme l’aspect d’un malade. Ce n’est pas tout que de lire la description d’une plaie, c’est la plaie saignante qu’il faut voir. Il y a une terrible éloquence dans ces maisons noires et enfumées, ni ouvertes ni fermées, ici noyées dans les torrents, ailleurs plongées dans le fumier, habitée par des gens hâves qui ne mangent jamais de viande, et qui paient toujours l’impôt35. »
« Celui qui est entré le plus avant dans l’esprit du peuple »
32La critique développée contre les monopoles manufacturiers conduisait Blanqui à une réflexion nouvelle sur le monde du travail. Ses travaux sur la classe ouvrière avant 1830 considéraient que le travail dans les manufactures n’était pas une « question sociale ». La dynamique de l’industrialisation devait avoir nécessairement un effet favorable sur la condition des travailleurs. Au tournant des années 1840 son analyse avait profondément changé. La misère chez les travailleurs n’était plus, comme sous l’ancien régime, un problème général qui affectait l’ensemble de la société, elle était un effet direct de l’industrialisation. L’observation de la crise traversée alors par les industries, la connaissance des travaux menés en Angleterre, modifiaient radicalement l’idée que l’on s’était faite jusque-là de la question sociale. « L’expérience – déclarait Blanqui – a démontré que dans les industries mécaniques, la meilleure portion des profits appartenait aux capitaux, la concurrence des ouvriers faisant tous les jours baisser leurs salaires. C’est ainsi que les travaux de Babbage et les enquêtes parlementaires, en Angleterre, ont prouvé que le développement des machines avait produit une diminution énorme dans le prix des journées, principalement dans les deux grandes industries de la filature et du tissage. La misère du tisserand anglais est au-dessus de toutes les forces humaines ; il n’y a de terme dans aucune langue pour la décrire. Il suffit de dire que le paupérisme s’est accru à tel point, que la taxe des pauvres est devenue un palliatif insuffisant, et que le gouvernement anglais a dû chercher un refuge dans l’établissement de ces affreuses maisons de travail (work-houses) qui punissent la misère plus sévèrement que le crime, comme si la misère des ouvriers anglais était leur propre ouvrage, et non la conséquence de l’organisation industrielle de leur pays36. »
33Cette réflexion conduisit Blanqui à une redécouverte de Sismondi37 à qui Blanqui entreprit de rendre justice à un moment où les économistes libéraux voyaient en lui une belle âme mais aussi un prophète un peu chagrin. « M. de Sismondi – déclara Blanqui – a été frappé de l’extrême misère qui se manifestait à côté de la richesse et il s’est demandé si le premier mot du développement industriel était d’augmenter indéfiniment la prospérité de quelques-uns au prix de la détresse de presque tous les autres38. » Cette redécouverte de Sismondi entraîna une interrogation nouvelle sur les inégalités apparues dans les manufactures de textile en particulier : « Comment – disait Blanqui – à ses étudiants – la misère se répand-elle davantage à mesure que l’industrie s’y concentre sur certaines localités prédestinées à ce dangereux contraste39 ? »
34Alors qu’un courant des économistes derrière Dunoyer et Bastiat expliquait la gravité de la question sociale par un fatalisme commode ou par l’imprévoyance traditionnelle des travailleurs, Blanqui, suivi alors par Wolowski, partait, lui, d’une analyse historique qui montrait que le « paupérisme » était bien un phénomène nouveau issu d’une transformation profonde de l’industrie manufacturière. La démarche fit réapparaître un débat ancien sur le danger que représentait l’introduction du machinisme. Pellegrino Rossi, son collègue à l’Institut avait pris position avec clarté dans son cours au Collège de France : « Les machines déplacent les existences mais elles n’en détruisent aucune40. » Blanqui à plusieurs reprises n’avait pas démenti les propos de Rossi. Mais il avait posé le problème différemment. L’industrie, sous la pression de la concurrence, ne pouvait éviter de recourir aux machines sous peine de disparaître. Le paupérisme qui accompagnait leur diffusion, dès lors, n’était pas l’effet d’un choix qu’on pouvait débattre ou éventuellement écarter, mais une contrainte liée à la logique même du capitalisme. « En industrie – déclarait-il – reculer, c’est mourir. » Hésitant, Blanqui soulignait la gravité du problème tout en hésitant à s’engager clairement : « Cette organisation, que j’expose sans la blâmer, pour un moment, tend à faire passer tous les profits du travail du côté des capitaux. »
35À l’occasion de débats à l’Institut, Blanqui se montra clairement favorable à la loi du 22 mars 1841 qui limitait le travail des enfants. Villermé en avait été à l’origine à la suite des témoignages de son enquête sur les classes ouvrières, souvent citée dans les travaux préparatoires de la Chambre41. Devant ses collègues de l’Institut, Blanqui précisa « qu’il ne fallait pas enlever à l’État la tutelle de l’enfance » et souligna l’importance de la loi pour le destin de l’industrialisation elle-même. Il fut soutenu alors par Dupin, Villermé et Léon Faucher, contre l’avis de Charles Dunoyer qui restait hostile à la loi42.
36Toutefois, dans une démarche un peu compliquée, Blanqui écartait encore un véritable programme de réformes sociales qui l’aurait rapproché des catholiques sociaux ou des socialistes : « Si vous me demandez quels remèdes il convient d’appliquer à la guérison de cette lèpre sociale, je répondrai que je les ignore et qu’il ne m’appartient pas de les rechercher, aussi tout en le désirant beaucoup me crois-je forcé d’abandonner l’étude à ceux à qui elle revient43. » Au-delà de la compassion, Blanqui se ralliait encore fréquemment aux explications les plus courantes qui privilégiaient les origines morales de la « déchéance » ouvrière. Favorable à la loi sur le travail des enfants, il écartait, au nom de l’utilité d’un « salaire familial », toute législation concernant le travail des femmes « qu’il faut éviter de replonger dans un état d’ilotisme ».
37Sur le temps de travail les exemples convoqués dans ses cours étaient surtout tirés de l’Angleterre industrielle, une situation qui pour les ouvriers « ne laisse qu’un temps à peine suffisant pour satisfaire uniquement des appétits bruts, un grave inconvénient. » Mais ses positions demeuraient hésitantes. Il saluait les efforts du patronat anglais pour faire avancer quelques améliorations dans la situation du prolétariat mais, à plusieurs reprises, devant l’Institut, il avait évoqué les publications d’Andrew Ure44, celui que Marx appelait « le Pindare de l’entreprise » et qui avait déploré les hausses de salaires que des fileurs anglais avaient pu arracher.
38En France, les leçons du réformisme anglais lui paraissaient difficilement imitables. Comment diminuer les horaires journaliers des travailleurs du textile sans affaiblir la compétitivité des entreprises françaises déjà en retard et « comment les ouvriers pourront-ils vivre quand déjà leur salaire actuel est insuffisant ? » Blanqui, hésitant, se condamnait alors à rester spectateur d’une scène dont on ne pouvait déplacer aucune pièce sans compromettre l’équilibre de tout l’ensemble. C’est pourquoi il restait partagé entre la compassion qu’inspirait un constat « cruel pour tout homme de cœur qui pénètre dans une fabrique » et la rigueur contraignante d’une logique du capitalisme qui lui semblait insurmontable.
Notes de bas de page
1F. Concato et P. Largesse, Éléments pour une histoire de la chambre consultative des arts et manufactures d’Elbeuf 1801-1861, Chambre de commerce d’Elbeuf, 1992, p. 89.
2F. Démier, La nation, frontière du libéralisme…, op. cit., p. 135-143.
3J. Lyon-Caen, « Enquêtes, littérature et savoir sur le monde social en France dans les années 1840 », Revue d’histoire des sciences humaines, 2007, no 127, p. 99-118.
4M. Chevalier, « De la situation actuelle dans ses rapports avec les subsistances et la Banque de France », Revue des Deux Mondes, février 1847, p. 397-429 ; M. Tougan-Baranowsky, Les crises industrielles en Angleterre, Paris, Brière, p. 60-67 ; N. Vivier, « Pour un réexamen des crises économiques du xixe siècle en France », Histoire et mesure, XXVI, février 2011, p. 135-156.
5F. Démier, La nation, frontière du libéralisme…, op. cit., p. 139-163.
6Enquête relative à diverses prohibitions établies à l’entrée des produits étrangers commencée le 8 octobre 1834, sous la présidence de M. Tanneguy Duchâtel, ministre du commerce, Paris, ministère du Commerce, 1835, 3 tomes. (L’ensemble est accessible sur Gallica).
7C. Gouraud, Histoire de la politique commerciale de la France, op. cit., p. 322 ; Contre-Enquête, Opuscule anonyme d’origine anglaise, Paris, Charpentier, 1835.
8« Conservatoire des arts et métiers. Cours d’économie industrielle » par M. Blanqui l’Aîné, 1836-1837, Leçons sur les banques, les routes, l’instruction publique, les fers et fontes, la houille, le coton, la soie, la laine, les châles, les toiles, les betteraves, l’industrie parisienne, sur le commerce des ports : Marseille, Bordeaux, recueillies par A. Blaise et J. Garnier, Paris, J. Angé, 1837 ; Conservatoire des arts et métiers. Cours d’économie industrielle par M. Blanqui l’Aîné, 1837-1838, Leçons sur le capital, l’impôt, la rente, la division du travail, les machines, le paupérisme, la monnaie, le crédit, les banques, l’agriculture, l’industrie, les travaux publics, la conversion des rentes, les sociétés en commandite, les douanes, la statistique sur les socialistes modernes, Saint Simon, Fourier, Owen et leurs disciples, recueillies par A. Blaise et J. Garnier, Paris, J. Angé, 1838 ; Conservatoire des arts et métiers. Cours d’économie industrielle par M. Blanqui l’Aîné, 1838-1839, Leçons l’agriculture, l’industrie manufacturière, les grandes et petites industries, les industries protégées, l’organisation du commerce en France, les vois de communications, les systèmes de Saint-Simon, Fourier, Owen, la statistique, le budget, les rapports de la géographie avec l’économie politique, recueillies par A. Blaise et J. Garnier, Paris, J. Angé, 1839.
9L. Reybaud, Introduction, Journal des Économistes, t. 1, février 1841, p. 16.
10A. Blanqui, Cours…, 1836-1837, op. cit., p. 12.
11Pétition du 30 septembre 1831, AN, F 12 2596.
12K. Marx, Grundrisse, Paris, 10-18, p. 249.
13A. Blanqui, Cours… 1836-1837…, op. cit., p. 14.
14Ibid., p. 25.
15Ibid., p. 30.
16M. Chevalier, JDE, décembre 1842, p. 329.
17A. Blanqui, Cours…, op. cit., p. 50.
18Ibid., p. 78.
19Darnis, « De l’industrie des fers en France » Moniteur Industriel, 2 juillet 1838 ; Conseil général des manufactures, Session de 1841. Rapport de la Commission sur le tarif des fers.
20A. Blanqui, Cours… 1836-1837, op. cit., p. 98.
21Ibid., p. 121.
22Houilles (1838-1840). Correspondance des chambres de commerce adressée au ministère du Commerce. AN, F 12. 2534.
23A. Blanqui, Cours… 1836-1837, op. cit., p. 343.
24Ibid., p. 78.
25A. Blanqui, « Des dangers du régime prohibitif et de la nécessité d’y remédier », JDE, février 1842.
26A. Blanqui, ibid.
27A. Blanqui, Cours… 1836-1837, op. cit., p. 263.
28Ibid., p. 103.
29L. Faucher, JDE, mars 1847, p. 241.
30A. Blanqui, Cours… 1836-1837, op. cit., p. 168.
31Ibid., p. 242.
32A. Blanqui, « Des dangers du régime prohibitif… », op. cit.
33S. d’Almeida, Le débat sur les monopoles à la fin de la monarchie de Juillet. L’exemple de la Compagnie des Mines de la Loire, sous la direction de Philippe Vigier, université Paris X, 1979-1980.
34L. Wolowski, Des sociétés par actions, Guillaumin, 1837, p. 19 ; E. Vincens, conseiller d’État, très réservé aussi sur le projet prolongea le débat avec son ouvrage Des sociétés par actions. et des banques, Mme Huzard 1837 et ses critiques furent soutenues par Pillet Will et Charles Coquelin.
35Lettre de Blanqui à Mignet, 16 janvier 1843, Fonds Mignet, op. cit.
36A. Blanqui, « Des dangers du régime prohibitif… », op. cit.
37Cf. les commentaires de Blanqui sur la notice que Mignet avait lu à l’Académie à propos de l’œuvre de Sismondi. (Madrid) 30 mai 1845, Lettres de Blanqui à Mignet, op. cit.
38A. Blanqui, Cours…, 1837-1838, op. cit., p. 321.
39Ibid., p. 287.
40P. Rossi, Cours d’économie politique, Paris, Thorel, 1851, t. 2, p. 6. ; A. Béraud, « Pellegrino Rossi: A Ricardian at the College de France ». Economic analysis in Historical Perspective, 2018.
41L. R. Villermé, Tableau de l’état physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie, Paris 1840, réédition et introduction par J. P. Chaline et F. Démier, Paris, ED1, 1991 ; E. Jarrige et T. Le Roux, « Naissance de l’enquête : les hygiénistes, Villermé et les ouvriers autour de 1840 », dans É. Geerkens (éd.), Les enquêtes ouvrières dans l’Europe contemporaine. Paris, La Découverte, « Recherches », 2019, p. 39-52 ; G. Leclerc, L’observation de l’homme. Une histoire des enquêtes sociales, Paris, Seuil, 1979.
42A. Blanqui, JDE, mars 1845, p. 70 et suivantes ; et novembre 1845, p. 159 sq.
43A. Blanqui, Cours… 1839, op. cit., p. 138.
44A. Ure, The cotton manufacture of Great Britain, Londres, C. Knight, 1836.

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