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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral La mixité genrée de l’économie marchande, un élément structurant du territoire colonial Une participation des femmes marquée par la précarité et les hiérarchies de genre Genre, lieux de commerce et contacts coloniaux Notes de bas de page

    Aux origines de New York

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Chapitre IV. Partenaires de commerce d’un monde à l’autre

    Le genre des échanges et des espaces marchands

    p. 121-158

    Texte intégral La mixité genrée de l’économie marchande, un élément structurant du territoire colonial Droit et pratiques : des statuts variables pour les femmes mariées Une économie coloniale bâtie sur les réseaux familiaux et le lien conjugal Des échanges marchands créateurs de complémentarités et d’espaces de mixité Une participation des femmes marquée par la précarité et les hiérarchies de genre Une marge de manœuvre précaire Crédit ou discrédit : droit et réputation dans la participation des femmes aux échanges Une hiérarchie structurelle et localisée : femmes, maisonnées et commerces informels Genre, lieux de commerce et contacts coloniaux Au contact des « drapiers » et des « forgerons » : la participation mixte des populations autochtones aux échanges marchands Mixité de genre et mixité raciale : les lieux de l’entre-deux et la contrebande Notes de bas de page

    Texte intégral

    1En 1664, au moment de la prise en main de la Nouvelle-Néerlande par les troupes du duc d’York, la colonie compte parmi ses marchands les plus prospères Margaret (originellement Margareta) Hardenbroeck, née en 1637. Fille puis veuve de marchand, elle bâtit au cours des années 1660 un empire en tant que marchande, notamment d’esclaves, et armatrice de navires à La Nouvelle-Amsterdam. Sa carrière en fait l’une des principales fortunes de la colonie, aux côtés de son deuxième époux, Vledrick Flypsen (anglicisé par la suite en Frederick Philipse), devenu lui aussi marchand après leur mariage en 1662. Le statut et la visibilité de Margaret Hardenbroeck dans la société coloniale ont contribué à faire d’elle l’une des figures les plus emblématiques de Nouvelle-Néerlande, et une véritable inspiration pour biographes et historiens publics, au-delà du champ universitaire1. Ses contemporains décrivent son « avarice éhontée2 » ; l’historiographie en parle comme d’une « femme d’affaire implacable, qui ne cédait pas facilement aux doléances de ses clients3 ».

    2La carrière de Margaret Hardenbroeck tire parti des provisions du droit qui autorisaient les femmes mariées, dans certaines conditions, à commercer en leur nom propre, au point d’être considérées comme l’incarnation d’une attitude néerlandaise permissive vis-à-vis des femmes. Une tradition exceptionnalisante héritée du xixe siècle, et encore largement présente dans les travaux tardifs de l’historien Johan Huizinga, a longtemps célébré les femmes hollandaises du siècle d’or pour leur rôle économique considéré comme unique dans l’Europe moderne4. Ce constat fut réinvesti lors du développement de l’histoire des femmes dans les années 1970, avec la mise en avant la spécificité du statut juridique, et par conséquent social, des femmes hollandaises en Amérique5. Si l’historiographie néerlandaise a depuis nuancé ce propos, tant au sein des travaux sur les Provinces-Unies que par la comparaison avec d’autres terrains6, ce postulat a longtemps monopolisé l’attention des travaux sur les femmes et l’économie en Nouvelle-Néerlande, au point de considérer, encore récemment, que « le genre n’était pas déterminant dans la participation » aux affaires marchandes7. La déconstruction de ce stéréotype, y compris pour le terrain néo-néerlandais, est un phénomène récent, avec l’intégration de la Nouvelle-Néerlande dans un monde atlantique invitant à considérer réseaux de sociabilités, circulations et contacts culturels8. Mais la prise en compte du genre invite aussi à penser la diversité des expériences vécues en contexte colonial.

    3Car pour une Margaret Hardenbroeck, combien de Maria Joris, dont les écarts de boisson conduisent à de constantes disputes avec ses partenaires commerciaux, combien de Pietertje Jans, femme active dans la traite des pelleteries, ruinée du jour au lendemain quand elle perd son époux ? Et combien de femmes mohawks ou mohicans restées anonymes, et pourtant actrices tout aussi déterminantes de la traite des pelleteries ? Margaret Hardenbroeck est issue de l’élite marchande rhénane, a eu une éducation et une carrière de femme d’affaires. Mais la société coloniale était composée d’autres femmes participant à l’économie marchande, et rencontrant de nombreuses difficultés matérielles et relationnelles dans la gestion de leurs commerces. L’examen des archives administratives et judiciaires révèle ainsi la diversité et la complexité de l’expérience et de l’implication des femmes dans la vie marchande de la colonie.

    4Dans la mesure où le droit et ses spécificités hollandaises sont loin d’épuiser notre compréhension de la participation des femmes aux échanges marchands en Nouvelle-Néerlande, il est fondamental de la replacer en contexte. Celui d’une société travaillée non seulement par des circulations atlantiques, par sa situation de frontière avec les populations autochtones, mais aussi par des hiérarchies de genre qui structurent et contraignent les échanges. Le point de départ de l’expérience des femmes permet de comprendre que le genre est, à vrai dire, tout à fait déterminant dans les dynamiques des échanges marchands qui structurent la colonie : si la participation économique des femmes est attestée et apparaît comme un pivot de l’économie marchande coloniale, elle ne se départit pas d’une fragilité et d’une hiérarchisation selon des lignes sexuées. Ainsi cette participation va-t-elle de pair avec des remises en question occasionnelles, informées par des prescriptions morales et des considérations réputationnelles bâties sur des hiérarchies de genre.

    La mixité genrée de l’économie marchande, un élément structurant du territoire colonial

    5La participation des femmes à la vie marchande de la colonie est marquée et documentée, que ce soit par des litiges pour dettes, pour taxes non payées ou par des procurations octroyées entre membres d’une même famille ou d’un même réseau. Si l’historiographie a beaucoup insisté sur les spécificités du droit néerlandais à l’endroit des femmes mariées pour justifier cette participation, le droit seul ne suffit pas à rendre compte des complémentarités de genre qu’induit la formation d’une société nouvelle sur le plan économique et marchand. Les connexions transatlantiques y reposent sur des réseaux de confiance qui contribuent à structurer le territoire colonial à différentes échelles. C’est donc, au-delà du droit, l’insertion des femmes dans ces réseaux qu’il nous faut envisager, ainsi que les modalités de leur participation aux échanges – marquées bien souvent par des arrangements sociaux et une fragilité qui structurent l’économie coloniale.

    Droit et pratiques : des statuts variables pour les femmes mariées

    6Comme dans beaucoup de sociétés portuaires d’Europe et d’Amérique, l’économie marchande est caractérisée par sa mixité, et la participation des femmes aux échanges est courante. Dans le cas de la Nouvelle-Néerlande, le rôle joué par le droit a beaucoup été mis en avant pour expliquer ce phénomène. Les administrateurs de la WIC s’appuient un droit romain dérivé du Code Justinien, lequel a été adapté dans les ordonnances de Hollande et de Zélande et accorde aux femmes des prérogatives leur garantissant une certaine capacité d’action marchande9. Cette agentivité ne se départit cependant pas d’une hiérarchie de genre, définie comme naturelle aussi bien par Grotius que par Simon Van Leeuwen dans le courant du xviie siècle10. Ainsi, selon l’historienne Ariadne Schmidt, le statut juridique des femmes « limitait leurs options » plus qu’il ne les étendait11. À vrai dire, une bonne partie de l’activité marchande des femmes à La Nouvelle-Amsterdam relève de la gestion des affaires communes au couple marié, en vertu de la communauté de biens. Dans le cadre du mariage, l’époux est, en théorie, le seul administrateur du patrimoine d’un foyer. Son épouse est minor sub tutela : elle n’est pas habilitée à ester en justice, à passer de contrat ou à représenter son époux sans l’autorisation – du moins verbale – de celui-ci. Le juriste Simon Van Leeuwen en 1664 justifie ainsi cette disposition : « ceux dont le corps est fiable peuvent gérer leurs biens12 ». La mise sous tutelle économique s’ancre donc dans la compréhension d’une hiérarchie de genre où la supposée faiblesse physiologique de la femme la rend inapte à gérer son patrimoine.

    7Du fait de la communauté de biens, une femme est néanmoins également coresponsable des comptes et dettes éventuelles du ménage, ainsi que de toute propriété qu’elle a apportée dans le patrimoine commun, notamment par sa dot. Par conséquent, elle est tenue de connaître et de pouvoir manier les affaires et les comptes du foyer, et de les prendre en charge si nécessaire – une situation évidemment récurrente dans une société marchande où les hommes sont en mer et susceptibles de mourir jeunes. Les familles les plus fortunées éduquent ainsi leurs filles aux affaires, de part et d’autre de l’Atlantique. Lorsque Jeremias Van Rensselaer épouse Maria Van Cortlandt, il loue les capacités et l’éducation de sa jeune épouse ; une génération plus tard dans la famille Schuyler, lorsqu’Alida épouse l’Anglais Robert Livingston, c’est elle qui, par la suite, gère de facto les affaires du foyer13. Cette attitude vis-à-vis de l’éducation des filles témoigne d’une culture marchande qui ne leur est pas fermée.

    8Ce fonctionnement complémentaire entre époux est d’autant plus révélé par la configuration coloniale et maritime, dans la mesure où la distance conduit à des aménagements des pratiques et prérogatives de chacun : il revient ainsi au chef de feu de prendre des dispositions permettant à sa femme de participer aux échanges et à la gestion du patrimoine du foyer par le biais, par exemple, de procurations. Plusieurs aménagements peuvent, à vrai dire, permettre de contourner la mise sous tutelle induite par le mariage. Au moment de son mariage, une femme n’est pas tenue de placer ses possessions (qu’il s’agisse de biens matériels ou d’un commerce) dans la communauté de biens : par un contrat prénuptial, elle peut conserver une grande autonomie d’action – c’est notamment sous ce régime que Margaret Hardenbroeck aurait épousé Frederick Philipse14.

    9Par ailleurs, les provisions du droit peuvent, dans certains cas, permettre aux femmes mariées certains aménagements afin de posséder en propre, d’instruire des actions en justice et d’être poursuivies dans le cadre d’une activité de commerce15. On parle alors d’openbare koopvrouwen ou marchandes publiques. Cet aménagement, parfois mis en avant comme une spécificité hollandaise, trouve un écho dans d’autres sociétés européennes, notamment portuaires, qu’il s’agisse des feme sole merchants anglaises, des Krämerinnen allemandes ou des marchandes publiques françaises16. Aux Provinces-Unies, et particulièrement en Hollande, cette disposition est toutefois plus répandue, probablement en raison du déséquilibre sexué de la population hollandaise, notamment à Amsterdam : les milieux les plus populaires de la société sont marqués par une surreprésentation féminine, tenant à la fois à l’absence d’une partie de la population masculine, partie en mer, et à la venue de femmes seules dans la grande ville, dans l’espoir d’y acquérir un certain degré d’autonomie17. Les femmes seules menant leurs affaires de façon autonome, qu’elles soient mariées ou non, y sont donc plus visibles – et remarquées par les observateurs étrangers.

    10Alors que cette disposition est, dans un premier temps, et en fonction des provinces, restreinte à un certain nombre de commerces (par exemple la tenue d’auberges et la draperie d’après l’ordonnance d’Amsterdam de 1492), le droit hollandais se distingue par la généralisation progressive de cette pratique à tous les commerces au cours du xvie siècle – quand des dispositions similaires ont tendance à disparaître ou à rester minoritaires ailleurs en Europe. Dans un premier temps, les femmes mariées se livrant aux activités concernées ont le droit d’avoir des dettes en leur nom, sans interférence de leur époux. Par la suite, Grotius note « [qu’]une femme mariée exerçant un commerce public peut […] être en charge de toutes les affaires concernant son métier ou commerce, et aliéner ou charger tous les biens ainsi impliqués18 ». Cela signifie que ces femmes mariées n’ont pas besoin de l’intermédiaire ou de l’accord, même tacite, de leur époux pour répondre de leur activité commerciale, y compris en justice. Les activités ouvrant sur ce statut varient selon les territoires et dans le temps, ce qui en rend l’identification ardue et témoigne du caractère pragmatique de cette provision du droit19.

    11À la colonie, si aucune référence explicite au statut d’openbaar koopvrouw n’est faite, les activités de certaines des femmes indiquent clairement un commerce en leur nom propre ; Martha Shattuck identifie 18 marchandes publiques à Beverwijck – mais souligne que ce statut ne faisant pas débat, il n’est jamais explicitement mentionné ou commenté dans les sources20. À La Nouvelle-Amsterdam, le 3 avril 1656, l’échevin Jan Vigne convoque Annetie Webber pour justifier ses comptes. Son époux, Wolfert Webber, comparaît à sa place, dans une démarche qui peut sembler normale, en tant que responsable civil et chef de feu. Pourtant, Vigne refuse de traiter avec lui, déclarant n’avoir affaire qu’à l’épouse : le commerce d’Annetie lui appartient en propre et que, en tant que tel, son époux n’est pas concerné. Si la précision du statut n’est jamais explicitement faite devant les magistrats, elle est comprise par les acteurs sociaux lors des règlements de litiges21.

    12L’existence du statut de marchande publique a longtemps conduit l’historiographie sur la Nouvelle-Néerlande à une lecture exceptionnaliste de la participation marquée des femmes aux échanges, analysée comme un trait spécifiquement néerlandais22. Néanmoins, les apports des travaux plus récents sur les Provinces-Unies ainsi que sur le monde atlantique permettent de nuancer cette approche23. L’historienne Danielle Van den Heuvel suggère notamment que cette participation tient moins à l’aménagement qui permet aux femmes mariées de s’établir marchandes publiques qu’au fonctionnement intrinsèque de la communauté de biens où, en dépit d’une subordination en droit, les aléas d’une économie maritime, les relations de confiance et le pragmatisme contribuent à donner une visibilité marquée aux femmes dans le cadre de la communauté de biens24. En Nouvelle-Néerlande, la configuration atlantique et coloniale se traduit par la participation de nombreuses femmes à des activités liées à leur genre ou à leur rôle d’épouse.

    Une économie coloniale bâtie sur les réseaux familiaux et le lien conjugal

    13L’importance des mobilités intercoloniales et atlantiques s’appuie sur un fonctionnement complémentaire entre époux. Dans les cas de figure où le mari est absentéiste, parti en mer ou ailleurs dans la colonie, l’épouse prend en charge la partie sédentaire des affaires du foyer, une configuration classique dans les sociétés maritimes. À Amsterdam ou à la colonie, un époux peut établir une procuration permettant à sa femme de jouir de l’autonomie d’une veuve pendant que celui-ci est en mer – elle est d’ailleurs qualifiée de « veuve de circonstance » (onbestorven weduwe)25. Des travaux récents ont souligné le lien entre le développement d’une économie atlantique et mondiale et ce principe de délégation de l’autorité par des procurations – induisant un recours privilégié aux épouses, eu égard à leur connaissance précise des possessions et des affaires incluses dans la communauté de biens ; on voit également le rôle actif de ces épouses dans la collecte de dettes et de soldes auprès de la WIC et l’articulation graduelle d’un réseau d’interconnaissance transatlantique bâti premièrement sur le lien familial et conjugal26.

    14Cette disposition n’est, du reste, pas propre aux sociétés néerlandaises. La complémentarité entre époux chez les gens de mer, préexistant dans les sociétés portuaires européennes27, permet de voir l’importance des relations interpersonnelles et des dynamiques familiales dans le fonctionnement d’une l’économie marchande bâtie sur la distance. Une historiographie récente a ainsi mis en évidence la mixité des échanges marchands, y compris dans le monde du négoce, que ce soit en fonction des aménagements du droit ou en vertu de réseaux familiaux28. Dans les sociétés nouvelles d’Amérique du Nord, ce constat s’applique à plusieurs empires, en dépit de sociétés et d’économies bien différentes. En Nouvelle-France, si l’existence de « femmes d’affaires », bénéficiant de leur condition de veuves, a été identifiée de longue date, Benoît Grenier et Catherine Ferland ont également mis en évidence la participation de 241 femmes mariées aux affaires marchandes entre 1700 et 1765 via des actes de procurations, un aménagement permis par la Coutume de Paris qui prévalait alors29. Ces procurations constituent un « épisode circonstanciel de prise de pouvoir » pour les femmes concernées, qui dénoterait une acceptation de leur compétence intellectuelle et morale à prendre en charge les affaires du foyer en dépit de hiérarchies juridiques jugées nécessaires. Plus de 70 % des procurations sont ainsi conférées d’époux à épouse, révélant une « essentielle collaboration au sein des couples30 ». Quant au monde colonial anglophone, Laurel Ulrich met l’accent sur cette subordination de l’activité féminine au statut marital en qualifiant les épouses novanglaises de « deputy husband31 », ou « adjointes de leur époux ». Elle met ainsi en avant certaines responsabilités exercées dans la gestion des affaires publiques, voire légales, du foyer, également en cas d’absence de l’époux, grâce à des procurations parfois écrites, souvent orales et visibles lors de litiges impliquant un règlement judiciaire ; cette observation a été depuis étendue à une partie significative du monde colonial anglophone nord-américain32. Cornelia Dayton applique une grille d’analyse similaire pour le Connecticut et souligne que la complémentarité des époux sous le régime de common law anglais se traduisait également par une présence marquée des femmes en justice pour défendre les comptes de leur foyer, et ce jusqu’aux années 1720. Plus au sud, les travaux de Linda Sturtz sur la Virginie ou d’Elizabeth Pruden sur la Caroline du Nord aboutissent à des observations comparables33. Pruden interroge d’ailleurs la pertinence d’une catégorisation régionale pour les questions relatives à l’activité économique des femmes, suggérant que le rôle et le statut économique des femmes mérite un examen qui ne se limite pas à un seul territoire colonial34. Il s’avère même pertinent d’étendre cette réflexion au-delà des seuls territoires britanniques.

    15En Nouvelle-Néerlande, les archives des secrétaires coloniaux regorgent ainsi de ces procurations révélant les réseaux commerciaux entre Amsterdam et la colonie35. Une procuration représentant un transfert de confiance, l’on fait la plupart du temps appel à une personne prise dans un cercle de connaissances proches, en général familial, l’épouse constituant ainsi une destinataire évidente et toute désignée par la communauté de biens. Autrement, on peut recourir à des proches venus du même village, du même quartier ou du même corps de métier. Plus rares sont les procurations confiées à des personnalités dont la fonction à la colonie était pourvoyeuse d’autorité et de dignité comme, par exemple, les anciens directeurs généraux, Wouter Van Twiller et Willem Kieft, ou les anciens ministres du culte. Les archives notariales mettent ainsi en évidence l’existence de réseaux de communication et d’information au cœur desquels les femmes jouent un rôle primordial.

    16La famille, en tant que réseau de confiance, justifie l’implication des épouses, mais aussi des mères ou des sœurs dans le commerce transatlantique, à des degrés divers, structurant ainsi ce monde distendu et dilaté. C’est en vertu de ce fonctionnement réticulaire traditionnel que Claes Van Elslant confie à son épouse résidant à Haarlem le soin de collecter auprès de la WIC des dettes dues par l’ancien directeur général Wouter Van Twiller, le 20 avril 1639 ; ou que le révérend Johannes Polhemus fait parvenir, le 15 octobre 1654, le même type de procuration à Catharina Van Werveen, son épouse, pour percevoir en son nom son traitement auprès de la WIC36. Lorsque Christian Jacobsen Bakker décède à La Nouvelle-Amsterdam en avril 1655, sa femme et ses enfants vivent aux Provinces-Unies. Peut-être avait-il l’intention de les faire venir ultérieurement, ayant acquis des terrains ; quoi qu’il en soit, pendant le temps qu’il restait à la colonie, son épouse devait pouvoir mener ses propres affaires sans avoir à passer par l’aval de son mari, la circulation transatlantique de ses biens et informations étant confiée à un intermédiaire, Cornelis Martensen37. La coopération familiale dans le commerce transatlantique est, ainsi, aussi primordiale que les provisions du droit ou l’éducation pour comprendre la participation des femmes aux échanges et à l’économie. Les liens familiaux contribuent à donner naissance à l’économie atlantique néerlandaise de différentes manières par des réseaux bâtis sur le lien intime de part et d’autre de l’océan, mais aussi par les rôles complémentaires des hommes et des femmes, tant dans la gestion du foyer que dans l’articulation de circuits commerciaux parfois de longue distance38. Ces rôles complémentaires seraient donc autant le fruit du droit que du fait colonial.

    17À une échelle intracoloniale, des procurations ponctuelles révèlent également un fonctionnement économique bâti sur la distance et la confiance entre époux. Ces dispositions structurent territorialement les échanges et conduisent à une redistribution des rôles au sein du foyer : la plupart du temps, l’épouse est sédentaire et gère les finances du couple, tandis que le mari se déplace, soit en mer, soit entre Beverwijck et La Nouvelle-Amsterdam, voire dans des colonies voisines. Ainsi, les litiges économiques ou commerciaux à La Nouvelle-Amsterdam conduisent régulièrement à la comparution des femmes à la place de leur époux pour répondre de comptes inclus dans la communauté de biens, et ce dès le début de la période. Parfois, la prise en charge de litiges par l’épouse n’est d’ailleurs pas un fruit de la distance, mais d’une simple répartition des tâches. Par exemple, l’épouse de Teunis Tomasen comparaît en justice quand son époux, un des maçons de La Nouvelle-Amsterdam, n’est pas disponible. À chaque fois, elle fait preuve d’une grande maîtrise des comptes de celui-ci, mais aussi des aspects matériels de son travail39. Pour la seule année 1655 à La Nouvelle-Amsterdam, sur 93 affaires de comptes et affaires litigieux, 20 impliquent des femmes comparaissant au nom de leur époux, pour régler ou confirmer leurs comptes, soit 21,5 % ; dans seulement quatre cas, des femmes comparaissent pour justifier de leurs propres comptes40. Sur ces 20 comparutions, 13 ont lieu à partir du dernier tiers de novembre 1655, ce qui correspond à la date de départ de plusieurs navires du port de La Nouvelle-Amsterdam, une fois ceux-ci remplis de marchandises après la saison de handelstijd41. Pour Beverwijck, sur 84 femmes comparaissant à la cour entre 1652 et 1660, 66 sont mariées, et 15 de celles-ci agissent pour le compte d’époux absents, soit environ 23 %42. Bénéficient-elles toutes d’une procuration ? Difficile à dire car, comme le rappellent Benoît Grenier et Catherine Ferland pour la Nouvelle-France, ces actes sont souvent mal conservés, en raison de leur caractère ordinaire, jugé d’importance intermédiaire43. De plus, la délégation de pouvoir par le mari ne requiert pas nécessairement un passage devant notaire ou magistrat : un consentement verbal, bien souvent, suffisait.

    18Outre une procuration, souvent tacite, rarement contestée, cette participation impliquait une grande connaissance des affaires du foyer, du droit et du monde des affaires, et donc que les femmes concernées en aient eu, comme évoqué précédemment, l’éducation. Le 22 novembre 1655, l’épouse de Cornelis Teunisen comparaît ainsi à la place de son époux, poursuivi pour une dette de 300 florins contre Cornelis Van Ruyven. Au cours de l’audience, il ressort qu’elle possède ses propres comptes et affaires séparés de ceux de son époux, liés à une activité de marchande publique. Elle parvient à protéger ses comptes propres des créances dues à Van Ruyven. Si, en droit, cette protection lui était acquise, sans connaissance de celui-ci ou de la claire distinction entre ce qui relève de ses comptes personnels et ce qui relève de la communauté de biens, elle pouvait être exposée. L’aptitude de l’épouse Teunisen à gérer séparément les finances du foyer et les siennes propres témoigne ainsi de sa compétence, de sa bonne connaissance du droit et de la meilleure façon de protéger ses intérêts44.

    19Ces interventions des femmes mariées sont sujettes à variations, mais aussi à manipulations. Le 25 octobre 1655, Jannitje Verleth est convoquée pour le compte de son époux, le marchand Augustin Herman, afin de répondre d’un litige de 169 florins contre Jan Willemsen. Herman se rend fréquemment dans le sud, dans la vallée de l’actuelle Delaware ou dans la baie de Chesapeake, où il se livre au commerce de tabac. Verleth, quant à elle, est une des filles de Caspar Verleth, un des marchands les plus actifs de la colonie, ce qui peut laisser supposer qu’elle ait bénéficié d’une éducation aux affaires – et que Herman lui délègue une pleine autorité sur les comptes du ménage pendant ses périodes récurrentes d’absence. Pourtant, lors de sa comparution, elle se déclare incompétente à gérer cette dette et « ne rien savoir de l’affaire en question45 ». Cette déclaration, surprenante de prime abord, peut dénoter une stratégie pour Verleth afin de protéger ses comptes propres de la dette due par Herman, ou une façon de gagner du temps dans un litige défavorable au couple. Dans cette mesure, l’aménagement d’une participation des épouses aux affaires du foyer peut également être manipulé par ces dernières. Inversement, si la légitimité d’une femme à parler des affaires de son époux n’est que rarement remise en cause, quand elle l’est, c’est sans doute avant tout pour des raisons stratégiques. Ainsi, lorsque Adriaen Post se trouve en litige avec Jacobus Schellinger en décembre 1655, il demande à vérifier la procuration de son épouse, Cornelia Melijn, puis fait de même lorsqu’il est poursuivi par l’épouse de Cornelis Melijn46. Cette requête permet sans doute à Post de discréditer ses interlocutrices dans le litige qui l’oppose à la famille Melijn/Schellinger sur Staten Island, mais reste un exemple isolé, tant l’intervention directe des épouses pour régler les affaires financières de leurs maris est communément acceptée.

    Des échanges marchands créateurs de complémentarités et d’espaces de mixité

    20Pour compléter ce panorama, les activités spécifiquement exercées par les femmes à la colonie, de petit commerce de détail, d’aubergiste ou de tavernière, parfois de grand commerce via la participation à la traite des pelleteries, sont également associées à des espaces de mixité. Celles-ci tiennent spécifiquement à leurs rôles assignés en tant que femmes et – le plus souvent – épouses mais dénotent également une activité autonome. Au cours de la période néerlandaise, on recense 46 femmes actives dans le commerce à Beverwijck entre 1654 et 1664, et 134 à La Nouvelle-Amsterdam entre 1653 et 1663, des chiffres conséquents compte tenu de la surreprésentation masculine dans une colonie peuplée de 2 500 à 9 000 habitants au cours de cette même période47.

    21En dépit de la renommée d’une Margaret Hardenbroeck, la participation des femmes aux activités marchandes prend à vrai dire, et sans grande surprise, le plus souvent la forme d’un microcommerce à l’échelle d’une communauté restreinte. Il peut s’agir de vente de textile, comme Grietje Pieters, qui entretient un commerce régulier de lin brut ou transformé par ses soins, de barils de bière, comme Maria Joris, ou de toute autre denrée quotidiennement utilisée par les colons – autant de secteurs traditionnellement féminisés également en Europe48. Les biens échangés peuvent ne nécessiter qu’un apport relativement faible et relever du petit commerce. Il est fréquent que ces femmes ne se limitent pas à une seule activité : elles peuvent, tour à tour, tenir une taverne, acheter des pelleteries auprès des Autochtones (du moins à Beverwijck), percevoir un loyer pour un terrain, mener des activités en leur nom propre simultanément avec des activités incluses dans la communauté de biens. Certaines femmes participent à des échanges plus conséquents. En août 1661, à Beverwijck, Catrina Sanders reconnaît à Nicolaes de Meyer une dette de 535 florins et 18 stivers en pelleteries ; pour comparaison, le revenu moyen sur deux ans pour une famille amstellodamoise moyenne est de 600 florins à la même époque49. Semblablement, en mai 1663, Dirckje Harmens reconnaît une dette de 131 florins à Gerard Swart, pour des biens reçus de Hollande par Lodewijck de Roy50.

    22Certains lieux, par la captation des flux de marchandises – et de marchands – favorisent la mixité des échanges, en termes de genre comme de diversité de la population. Dès 1641, une première foire annuelle est instituée à Fort Amsterdam, le 15 octobre. À partir de 1648, un marché hebdomadaire se tient à La Nouvelle-Amsterdam le lundi, assorti d’un deuxième jour de marché, le samedi, à partir de 1656 auquel participent les colons, mais aussi les esclaves et les Autochtones51. Autant d’occasions pour les femmes de la colonie, mariées ou non, de mener leur activité marchande dans un cadre organisé par le pouvoir colonial.

    23Les auberges et les tavernes, lieux de rencontre et de circulation, y compris avec les populations autochtones et noires, sont également des terrains privilégiés de ces échanges. À propos d’Amsterdam, l’historien Maarten Hell a ainsi identifié une « culture de l’auberge » (herbergcultuur) caractérisée par le rôle-pivot de ces établissements dans les échanges, mais aussi par la place particulière des aubergistes dans ceux-ci en tant que médiateurs ou en tant qu’interprètes52. En Nouvelle-Néerlande, à un degré évidemment plus rudimentaire, la place significative des femmes en tant qu’aubergistes les positionne au cœur de cette culture de l’auberge et de ces échanges, notamment pour ce qui concerne la traite des pelleteries.

    24À Beverwijck entre 1652 et 1660, les femmes jouent ainsi un rôle significatif en tant que tavernières et aubergistes, en contraste avec d’autres corps de métiers exclusivement masculins53. Sur 26 auberges recensées, 6, soit 23 %, sont donc gérées par des femmes, seules ou conjointement avec leur époux. Quatre sont dans ce dernier cas de figure : dans le cadre de la communauté de biens, la taverne fait office de commerce annexe dans lequel les épouses se chargent de faire le service. Ainsi, Baefje Pieters, mariée à Ulderick Kleyn, comparaît le 24 avril 1657 pour réclamer des dettes de boisson à plusieurs clients. Dans les trois cas de ce jour, c’est bien Baefje, et non son époux, qui vient réclamer son dû et il apparaît clairement que la gestion de la taverne lui revient : c’est son livre de compte qu’elle produit aux magistrats pour prouver le bien fondé de ses accusations54. Deux femmes par ailleurs gèrent en leur nom propre leur établissement. Maria Dijckmans tient une taverne pour subvenir aux besoins de sa famille, alors que son époux, blessé, n’en est plus capable55. Quant à Maria Goosens, si elle était initialement en charge de la taverne de Vrouw Maria, conjointement avec son mari, Steven Jansz, après la séparation du couple, à partir de 1655, c’est elle qui reprend l’auberge à son compte seul. Elle apparaît ainsi dans les archives judiciaires de Fort Orange pour avoir vendu à plusieurs reprises de l’alcool aux Autochtones56.

    25À La Nouvelle-Amsterdam, sur un total d’environ 58 tavernes ayant existé avant le changement de souveraineté, au moins six sont gérées par des femmes. Il s’agit des établissements tenus par Lysbet Auckers/Ackermans, Geertje Corsen, Pietertje Jans (à partir de 1664), Marie du Trieux (conjointement avec Jan Peck, son époux), Leuntie Pietersen et Grietje Provoost. Pour les autres tavernes, dans onze cas, la participation des épouses aux côtés de leurs maris est explicitement spécifiée57. C’est le cas, notamment, de Maria Pollet, épouse de Philippe Gérard (ou Geraerdy), qui tient dans les années 1640 la Stads Herbergh sur Pearl Street, vouée à accueillir les magistrats et à faire office d’hôtel de ville (ou stadhuys) après 1653. Quand Gérard meurt, elle épouse Matteus de Vos, notaire de la ville, et continue de s’occuper de la taverne, probablement après avoir établi un contrat prénuptial58. Au total, presque 29 % des tavernes de la ville sont explicitement gérées par des femmes, seules ou dans le cadre de la communauté de biens, une proportion plus marquée qu’à Beverwijck.

    26Du reste, il y en a d’autres, non explicitement recensées. Le 31 août 1660, un litige oppose Claes Gangelofzen Visser à Jan Los pour une livraison d’alcool : la taverne des Visser est tenue par l’épouse, qui se charge notamment des achats et c’est à elle que Jan Los reproche de n’être pas venue chercher sa livraison en temps et en heure59. La communauté de biens tend ainsi à masquer la participation d’un certain nombre de femmes aux activités d’un couple. La tenue d’une taverne ou d’une auberge permet ainsi à une femme de mener de front un commerce et son rôle d’épouse, avec tout ce que cela implique d’entretien d’un foyer, dans la mesure où la taverne est également le lieu d’habitation de ses propriétaires. Il s’agit régulièrement d’une activité annexe, parfois même illégale ou informelle, pour celles et ceux qui tentent de contourner le paiement de l’accise, la taxe prélevée sur les ventes de spiritueux, et de se procurer un revenu de complément. Dans certains cas, en fait de taverne, l’activité d’une épouse consiste en la vente du contenu d’un baril en guise de revenu d’appoint, une activité traquée par les autorités qui cherchent à maintenir un plein contrôle sur le nombre d’établissements de boisson et les revenus à en tirer en termes d’accise. Ainsi, lorsque Dirck Claesen Braeck est poursuivi par le schout le 3 juillet 1656 pour avoir servi de l’alcool au-delà du couvre-feu, il se justifie en arguant qu’il s’agissait d’une réunion informelle entre amis (en l’occurrence Nicolaes Verleth, Cornelis Aertsen et Ide Van Vorst, ainsi que leurs épouses). Semblablement, le 5 juin 1663, Luda Meyers se justifie aussi d’avoir vendu de l’alcool non taxé, en arguant d’un usage privé60. La ligne de défense de Braeck et de Meyers témoigne de ce que la tenue d’une taverne est un commerce aux contours flous, faisant jouer des logiques de voisinage et des logiques familiales. L’implication des femmes, en tant qu’hôtesses au sein d’un foyer, permet de jouer sur cette ambiguïté.

    27Ce panorama serait du reste incomplet sans la prise en compte de la participation des esclaves et des noirs libres aux échanges marchands. Celle-ci est, à vrai dire, difficile à caractériser avec précision : la WIC accorde à ses esclaves la possibilité de gagner de l’argent et de posséder des biens, et donc la possibilité de mener une activité commerciale. Cette possibilité est un effet des provisions de l’esclavage corporatif tel qu’il est pratiqué par la WIC. Par ailleurs, le régime de « semi-liberté » accordé par la compagnie à certains de ces Africains et Africaines leur permet de s’installer dans une ferme et de se mettre à leur compte – moyennant une taxe annuelle. Douze femmes « libres de couleur » possèdent ainsi un terrain en Nouvelle-Néerlande, et peuvent donc en revendre le surplus de production agricole61. Tavernes, marchés hebdomadaires et foires annuelles étaient ainsi l’occasion pour hommes et femmes d’origine africaine de participer à cette économie marchande et sont le théâtre d’un monde social caractérisé par sa grande diversité d’origines et de genre.

    28Ce panorama témoigne de la mixité des échanges marchands, que ceux-ci soient formels ou informels, légaux ou non. La participation de femmes peut se faire en propre, mais aussi bien souvent dans le cadre d’une communauté de biens procurée par le mariage. À ce sujet et pour le terrain néo-français, l’historienne Jan Noel conteste la notion d’« adjointe » ou « déléguée » du mari en ce qu’elle y voit une négation de la participation autonome des femmes à l’économie – et de la participation de femmes non mariées62. Le panorama qui précède permet de confirmer cette proposition : une participation autonome existe, est garantie par le droit, et permet de voir l’étendue et l’ouverture des options offertes aux femmes dans la société nouvelle ; néanmoins, l’attention au lien marital permet également de concevoir le dynamisme de réseaux locaux et transatlantiques qui sont indéniablement structurels à l’économie de la Nouvelle-Néerlande. Le cadre marital s’avère alors structurant pour comprendre le fonctionnement de la vie marchande à la colonie. Si l’historiographie a traditionnellement principalement expliqué la participation féminine aux échanges en fonction des provisions du droit, les circulations coloniales et atlantiques, sur lesquelles reposent le commerce en général et spécifiquement la traite des pelleteries, s’appuient sur des réseaux de sociabilités au sein desquels les relations entre hommes et femmes bâties sur le mariage et la famille étaient centrales. Ainsi la marge de manœuvre dont disposent les femmes n’est-elle pas uniquement une conséquence du droit ; elle est également le produit de circonstances maritimes et coloniales. Si le droit en vigueur varie entre les empires et les provinces, la participation des femmes à l’économie du foyer se fait selon des termes très comparables. Les mobilités occasionnées par la configuration transatlantique et les absences prolongées des époux rendent compte d’une facilité à déléguer l’autorité à une épouse ainsi que de la compréhension plus générale d’une implication des femmes dans les échanges.

    29Cette mixité des échanges est, enfin, aussi spatiale, en ce que le maintien du lien matrimonial est un des rouages essentiels d’une économie inscrite dans un espace dilaté. Le maintien de réseaux matrimoniaux et familiaux transatlantiques et intercoloniaux contribue ainsi à organiser l’occupation du territoire. À l’échelle strictement coloniale, ces rôles complémentaires tiennent à deux éléments : en l’absence d’autres options dans une société du face à face, de taille encore très réduite, et comme observé pour d’autres terrains coloniaux, le recours à une épouse reste encore le partenariat le plus évident en affaires63. Par ailleurs, ce rôle complémentaire des époux s’ancre dans la gestion d’une maisonnée dont les affaires peuvent être transatlantiques ou sises dans certains lieux de circulations et de négociation de ces échanges mais aussi de la légitimité de chacun : places de marché, échoppes et tavernes sont des territoires de mixité de genre, faisant jouer parfois une forme de porosité entre les lieux de l’intime et ceux des transactions64 ; mais la mixité n’annule pas la hiérarchie.

    30Si les rôles des époux sont complémentaires, ils n’en sont pas moins différenciés. La participation des femmes aux activités marchandes de la colonie est certes courante et diversifiée. La présence de marchandes publiques donne de la visibilité à des femmes d’affaires parfois très influentes. Beaucoup de femmes continuent par ailleurs de participer aux échanges dans le cadre de la communauté de biens, dans lequel une hiérarchie de genre est maintenue en droit. Il est donc important de prendre en compte la façon dont le droit est interprété et adapté par les acteurs de l’époque en fonction de circonstances locales. Dans le contexte d’une société nouvelle où la réputation joue un rôle central, et où la diversité sociale et culturelle de la population est particulièrement marquée, la crédibilité des femmes en tant que partenaires commerciales est également informée par d’autres paramètres façonnant leur légitimité. Bien que droit et pratiques permettent de voir une participation active des femmes comme des hommes à l’économie marchande de la colonie, celle-ci n’est donc pas exempte de contraintes.

    Une participation des femmes marquée par la précarité et les hiérarchies de genre

    31S’intéressant à la ville de Leyde, en Hollande, Ariadne Schmidt évoque le cas de Tanneke Harmans, épouse de Johannes Lardinoijs. Disposant d’un patrimoine personnel conséquent au moment de convoler, Tanneke prend soin d’établir un contrat de mariage afin de le protéger, conformément à ce que permet le droit. Néanmoins, Lardinoijs étant très dépensier, il force son épouse à lui verser les loyers qu’elle perçoit à titre personnel pour éponger ses dettes. La dispute entre les époux s’étend sur plusieurs mois et permet de voir qu’en dépit des provisions du droit, la compréhension de ce qu’est la communauté de biens et de la place d’une femme mariée au sein de son foyer a influé sur la capacité d’action de Tanneke65.

    32Si la participation des femmes à la vie marchande de la colonie apparaît comme un acquis garanti par les provisions du droit hollandais, cette participation est également informée par d’autres considérations influant sur leur quotidien et leur réputation, qu’il s’agisse de leur place en société, de l’état de leur mariage ou de la conformité de leur comportement vis-à-vis du rôle attendu d’une femme. Elle est soumise à l’existence d’un environnement propice, favorable aux activités commerciales et à la perception de ce que femmes et hommes peuvent faire et ne pas faire en société. Réputation et intime interfèrent avec la participation des femmes aux échanges, tout particulièrement dans une société nouvelle où le maintien d’un ordre perçu par les autorités comme précaire repose largement sur des prescriptions genrées de bon comportement.

    Une marge de manœuvre précaire

    33Avec la fin du monopole de la WIC sur la traite des pelleteries, de nouvelles opportunités s’offrent aux hommes et aux femmes qui souhaitent faire fortune en Nouvelle-Néerlande, intensifiant le nombre d’acteurs et d’actrices marchandes dès les années 1640. S’il est difficile de le chiffrer, plusieurs témoignages évoquent ces femmes qui circulent entre La Nouvelle-Amsterdam et la vallée de l’Hudson pendant la saison de traite (ou handelstijd), de juin à fin août. Dans un récit de la fin du xviie siècle, Jasper Danckaerts décrit sa visite, le 29 avril 1680, à une femme qui voyage de part et d’autre de la colonie, « une de ces femmes marchandes hollandaises, qui comprennent si bien les affaires », inférant qu’il s’agit d’un fait récurrent dans cette région66. Il précise, dans sa description, avoir affaire à une femme « mondaine », « fière », « arrogante », « implacable en affaires avec les peuples sauvages et apprivoisés67 ». Il ajoute par la suite que cette femme a un époux, avec lequel elle vit, et que, pendant qu’elle voyage de part et d’autre de la colonie pour mener ses affaires, lui reste sur place. Si l’identité de cette femme fait encore l’objet de débats68, le récit de Danckaerts met en évidence des qualités et un mode de vie qui semblent traditionnellement être assignées aux femmes de Nouvelle-Néerlande pour les définir.

    34Précédemment évoquée, Margaret Hardenbroek arrive à La Nouvelle-Amsterdam en tant qu’agente pour un de ses cousins resté en Hollande. Si elle fait le voyage en compagnie de son frère Abel, c’est bien de façon autonome qu’elle mène ses affaires et ne semble être initialement venue à la colonie que dans le but d’entretenir des activités de grand commerce. Sa première apparition dans les sources est datée du 10 octobre 1659, à l’occasion de son mariage avec Pieter Rudolphus, lui-même marchand et membre de l’élite coloniale – il cherche à devenir échevin peu avant sa mort. Lorsqu’il décède, au début de l’année 1661, Hardenbroek parvient à régler ses dettes et à gérer le patrimoine qu’il lui lègue à son avantage (en dépit de comptes catastrophiques), pour devenir elle-même marchande et armatrice de plusieurs navires. C’est sous son influence que son second époux, Frederick Philipse, un ancien charpentier qu’elle épouse en décembre 1662, se convertit aux affaires et devient, à son tour, un des plus puissants marchands de la colonie (principalement après le changement de souveraineté). Margaret Hardenbroek participe activement à ses affaires en tant qu’associée, mais conserve également ses propres affaires hors de la communauté de biens. Lors de la prise en main de la colonie par le duc d’York, à partir de 1664, elle fait partie, avec son époux, des membres de l’élite néo-néerlandaise ayant réussi à conserver de bonnes relations avec les Anglais, et notamment avec le gouverneur Edmund Andros69. Son parcours a tout d’une carrière exemplaire qui témoigne non seulement de la marge de manœuvre dont disposent les femmes, seules comme mariées, mais aussi des aptitudes particulières de Margaret en tant que femme d’affaires, notamment lorsqu’elle est en situation de conflit, voire au bord de la banqueroute après le décès de Rudolphus.

    35Toutefois, toutes les femmes participant à la traite des pelleteries ne finissaient pas armatrices. Un cas plus ordinaire est celui de Pietertje Jans, épouse de Claas Jansen Ruyter, charpentier arrivé à la colonie vers 1638 et exerçant à Fort Amsterdam depuis au moins 164070. Pietertje est éduquée, elle peut lire et signer de son nom71, et mène, elle aussi, une activité de traite des pelleteries, probablement plus axée sur des peaux d’élan, moins prisées que celles de castor. Elle comparaît devant les magistrats aussi bien pour régler les affaires de son époux que pour son activité propre. Le 26 juin 1656, un litige qui l’oppose à David Ferera porte précisément sur la nature des pelleteries qu’elle doit lui verser ; plus tard, le 4 octobre 1661, elle reconnaît une dette à Bartholdus Maan pour 639 peaux de « chevreuil » (probablement, un abus de langage pour des élans)72. Le fait d’être épouse et en charge d’un foyer ne l’empêche pas de rester mobile entre le port et l’arrière-pays : le 27 septembre 1661, alors qu’elle vient d’arriver en ville, elle se trouve sur le point de repartir. À bien des égards, la situation de Pietertje Jans apparaît donc comme un cas d’école de femme ayant une activité marchande, et jamais sa participation à ce commerce n’est remise en question73.

    36En 1663, elle subit cependant un revers de fortune. Ruyter est décédé et il lui revient, en tant que veuve, de régler les comptes laissés par celui-ci. Le 22 mai 1663, elle se trouve en conflit avec Joannes Van der Meulen, qui lui demande près de 1 500 florins d’hypothèque pour sa maison. Devant l’accumulation de dettes, elle demande à renoncer à son héritage, mais la requête est rejetée par les magistrats, en raison d’un délai dépassé. Une semaine plus tard, sa maison est saisie. Elle est par la suite poursuivie par le même Joannes Van der Meulen pour s’en être pris à lui et l’avoir qualifié de « sangsue » et de « spoliateur », donnant à voir la détresse et le dénuement dans lequel cette perte la plaçait. La condamnation des juges est lourde, et assortie d’un rappel à l’ordre, lui précisant que la perte qu’elle a subie est imputable à elle seule puisqu’elle n’a pas été en mesure de régler ne serait-ce que la moitié de sa dette74.

    37Si le mariage est une « sécurité sociale75 » pour les femmes, le destin de Pietertje Jans permet de voir que la protection procure le statut marital ne se limite pas à sa dimension économique, mais inclut également une forme d’intégration sociale. C’est en tant que femme mariée que Jans développe sa carrière marchande, et la mort de Ruyter la plonge non seulement dans les difficultés financières, mais la rend vulnérable. Cette vulnérabilité peut être exacerbée par sa distance avec son réseau social de départ, aux Provinces-Unies. Margaret Hardenbroek avait su tourner sa condition de veuve à son avantage, en se mettant à son propre compte et en réglant avec brio les dettes laissées par Pieter Rudolphus, mais dans une situation similaire, Pietertje Jans est ruinée et sa détresse est perceptible à sa violence verbale. Un an plus tard, cependant, à l’été 1664, elle réapparaît dans les archives municipales, remariée, et impliquée dans des litiges qui dénotent la reprise d’une activité marchande et la tenue d’une taverne – jusqu’à sa mort, vers janvier 1667, à Albany76. Son cas montre, en même temps qu’une présence indéniable de femmes comme interlocutrices importantes de ces commerces, la fragilité de prérogatives en apparence très ouvertes. Avec un domaine d’activité comparable au départ, Margaret Hardenbroeck et Pietertje Jans incarnent les deux extrémités d’un spectre allant de l’autonomie pleinement acquise – et confortée par les compétences de Margaret – à l’autonomie brutalement fragilisée pour Pietertje, en raison d’un revers de fortune. Cela rappelle que si la participation aux échanges est permise en droit, elle repose sur d’autres paramètres tels que l’éducation, les circonstances matérielles ou un changement brutal de statut marital.

    38Du reste, beaucoup de femmes participant aux échanges marchands le font dans le cadre de la communauté de biens, sous la responsabilité de leur époux ; l’historienne Danielle Van den Heuvel suggère d’ailleurs que cela pouvait être préférable dans la mesure où, en pratique, le fait d’opérer sous ce régime facilitait l’annulation de certaines transactions77. Dans cette configuration, la participation des femmes s’avère sujette à un certain nombre de contraintes liées à la réputation et à la place assignée aux hommes et aux femmes en société.

    Crédit ou discrédit : droit et réputation dans la participation des femmes aux échanges

    39Si dans la plupart des cas, les femmes mariées étaient habilitées à gérer les comptes du foyer et à avoir une activité marchande, dans ou hors de la communauté de biens, il arrivait que cette participation soit remise en question pour des motifs n’ayant que peu à voir avec la compétence marchande, à première vue. Le discrédit moral pouvait ainsi affecter cette participation. Le 20 mars 1656, Catalyntie Verbeeck, épouse d’Arien Woutersen, comparaît à sa place pour régler un litige initié par Jacob Steendam, concernant la vente d’un lot et d’une maison à La Nouvelle-Amsterdam. Woutersen avait déjà été convoqué à deux reprises en janvier et en mars, pour régler la somme due à Steendam – et avait demandé un délai78. Ce qui était au départ une transaction économique litigieuse se transforme en conflit réputationnel mettant en lumière les limites de la participation des femmes mariées aux échanges économiques, lorsque ceux-ci dépendent de la communauté de biens.

    40Poète originaire de Frise, Jacob Steendam est installé en Nouvelle-Néerlande avec son épouse, Sara, depuis 1650 et chante les louanges de la colonie dans plusieurs de ses œuvres79. À La Nouvelle-Amsterdam, le couple possède plusieurs biens fonciers, dont un sur Paerlstraet (devenue Pearl Street), probablement à proximité du couple Woutersen/Verbeeck, alors en procédure d’expropriation de leur logement80. Catalyntie Verbeeck, quant à elle, a acquis une réputation au sein de la société coloniale. Dans les mois qui ont précédé, elle a été liée à une affaire de biens volés qu’elle aurait acquis auprès de Lenapes après la guerre de Kieft ; par ailleurs, en mai 1656, Pieter Lambertsen demande réparation après qu’elle a fait courir une rumeur de vol de tabac pendant la torsion de celui-ci81.

    41Lors de la comparution du 20 mars, Steendam refuse d’avoir affaire à Verbeeck et exige la venue de Woutersen en personne, une requête inhabituelle, dans le cadre d’une transaction de ce type :

    « Il se plaint que la femme l’a également insulté. Catalyn [sic] Verbeeck déclare devant la Cour que Steendam est un menteur, ce dont le plaignant prend note82. »

    42C’est moins l’expertise de Verbeeck dans la gestion des dettes et affaires du foyer, que son comportement qui est en cause ici, y compris en présence des magistrats. Le refus de traiter avec Verbeeck témoigne de la frontière ténue entre la légitimité d’une femme à traiter d’affaires économiques et le discrédit moral lié à la violence verbale. Lors d’une deuxième comparution, le 27 mars 1656, nous apprenons alors que Sara Steendam s’est rendue au domicile Verbeeck/Woutersen pour exiger le règlement de la dette et qu’une dispute s’est ensuivie83. Le récit de la querelle permet de voir l’imbrication entre la transaction économique et une dispute impliquant deux femmes agissant au nom de la communauté de biens.

    « La plaignante [Catalyntie Verbeeck] dit que l’épouse de l’accusé [Steendam] est venue chez elle pour de l’argent à propos d’un terrain et, parce qu’elle lui a demandé de patienter un peu, l’a traitée de putain, de traînée, etc. [sic] Par conséquent, son époux fut obligé de la chasser de la maison. Elle demande que l’accusé soit condamné à prouver la véracité de ces insultes ou à réparer son honneur, et à ne plus le contester. L’accusé déclare qu’il n’était pas présent mais que son épouse affirme que la plaignante l’a grossièrement traitée de truie, de tricheuse, etc. [sic], à la suite de quoi des mots furent prononcés84. »

    43Du reste, Woutersen lui-même a fait preuve de violence physique envers Sara Steendam.

    « L’époux de la plaignante a frappé l’épouse de l’accusé à la tête, l’a cognée contre un fut et l’a chassée de chez lui, réunissant, ce faisant, une foule importante dans la rue. Lui aussi demande réparation85. »

    44Mari et femme sont tous deux habilités, au regard du droit et des pratiques, à prendre en charge les affaires économiques du foyer ; les deux époux s’avèrent avoir été querelleurs ; cependant, dans ce cas de violence et d’outrage, l’épouse est discréditée dans sa capacité à agir dans la transaction. Le même jour, Woutersen répond directement de la dette à Steendam et réitère une demande de délai : la cour lui donne alors deux semaines. En dépit de dispositions légale la permettant, la participation des femmes mariées aux échanges économiques peut être contrainte par un droit patriarcal. Pendant le procès, Catalyntie Verbeeck est présentée comme principale responsable de la querelle, des insultes et de la violence aux côtés de Sara Steendam – en dépit de la participation tout aussi active de son époux.

    45Steendam n’a pas refusé de traiter avec Catalyntie Verbeeck parce qu’elle est une femme, mais parce qu’elle n’est pas une femme respectable selon ses critères et ceux de l’époque. Sa violence verbale la rend incapable de s’occuper d’affaires économiques. En cela, sa participation à une transaction marchande n’est pas uniquement soumise au droit, mais aussi à la réputation. Si les provisions du droit et la pratique la plus commune permettent, en théorie, cette participation, obtenir crédibilité et respectabilité peut s’avérer une gageure. La réputation s’articule à des normes de genre qui peuvent influer sur la crédibilité des femmes en tant qu’interlocutrices ou en tant que partenaires commerciales.

    46Un autre cas de discrédit entremêlant réputation, genre et capacité d’action en affaires est celui rencontré par Maria (ou Marretie) Joris86. Épouse de Nicolaes Boot, Maria Joris est une marchande de détail à La Nouvelle-Amsterdam dont l’activité est séparée de celle de son époux, souvent absent et mobilisé par sa propre activité marchande, centrée sur le tabac, et impliquant des échanges intercoloniaux réguliers avec la Virginie87. L’un et l’autre sont régulièrement pris dans des litiges liés à leurs commerces respectifs, à l’accusation comme à la défense. Leurs comparutions respectives donnent à voir une absence de communication sur les comptes du foyer – un premier indice de leur mésentente. Le 20 mars 1656, Boot comparaît ainsi pour réclamer un impayé ; lorsque l’accusée déclare avoir réglé la dette auprès de son épouse, il déclare n’en rien savoir. Indépendamment d’une évidente stratégie de défense, la réponse de Boot peut aussi signaler que les époux menaient leurs activités de façon relativement séparée l’un de l’autre, sans consultation systématique88.

    47Maria Joris est par ailleurs une ivrogne notoire et son alcoolisme va de pair avec un mariage houleux, marqué par les violences conjugales de Boot. Le 18 février 1658, sommée de répondre de son comportement, elle justifie son ivrognerie en invoquant ses problèmes conjugaux :

    « elle répond que […] elle n’a pas partagé sa couche depuis longtemps, mais si elle était une jeune femme, il aurait plus d’affection pour elle, et il se plaint de moi [sic], etc. Il lui fut rappelé de vivre en paix avec son époux, afin que de telles plaintes ne soient plus faites à son sujet. Elle répond qu’elle le quittera car il la bat fréquemment […]89 ».

    48Nicolaes Boot demande alors aux magistrats « qu’ils la réprimandent pour sa vie dissolue et, si elle n’amende pas ses manières, qu’ils soient séparés l’un de l’autre90 ». En dépit d’un interrogatoire mené auprès de la fille du couple ainsi que de leur domestique, les magistrats n’octroient pas la séparation91. Cette demande est renouvelée cinq ans plus tard, pour les mêmes raisons. De nouveaux témoignages décrivent les désordres publics causés par Maria Joris :

    « Pieter Tonneman, bailli et plaignant, contre Merritje Joris, épouse de Nicolaas Boot, accusée. Le plaignant requiert une amende de cent florins en monnaie hollandaise et deux années de bannissement pour avoir généré du bruit tant dans la rue que chez elle, avoir brisé les vitres et suscité une émeute. L’accusée nie ce qui lui est reproché, puis reconnaît avoir brisé une vitre, disant que son époux l’a mise dehors, ce pour quoi elle était si contrariée qu’elle a agi ainsi92. »

    49La mésentente du couple et les violences conjugales empiètent donc sur la place publique. Maria Joris n’était pas la seule à se donner en spectacle pour ivresse à La Nouvelle-Amsterdam, mais il était rare que l’argument soit utilisé pour discréditer une personne. Nous avons recensé les cas d’ivresse documentés pour leur perturbation à l’ordre public ; lorsque l’ébriété des hommes est mentionnée, c’est en général pour excuser une action répréhensible, ou un travail mal fait93. Ainsi, en mars 1661, Abel Hardenbroeck et Pieter Janszen Schoel, tous deux engagés chez Coenrat ten Eijck, sont accusés par ce dernier de ne pas faire leur travail en raison de leurs excès de boisson94. Dans les deux seuls cas d’ivrognerie féminine présents dans les archives de La Nouvelle-Amsterdam, il ne s’agit pas de dédouaner les concernées d’un méfait, bien au contraire ; c’est un comportement qui est dénoncé comme pervertissant les attentes liées à leur genre, puisqu’il justifie une qualification de mauvaise épouse et une demande de séparation. En 1659, l’épouse du bailli Nicasius de Sille, Catrina Croegers, est l’objet de rumeurs dans la ville en raison de « ivresse publique coutumière95 ». Comme dans le cas de Maria Joris, l’argument est utilisé pour motiver une demande de séparation, qui est refusée au bailli.

    50L’historiographie a mis en avant l’entremêlement entre les déboires conjugaux du couple Joris/Boot et les difficultés rencontrées par Maria lors de la conduite de ses affaires, à en juger par la simultanéité de ce scandale et des comparutions devant les magistrats, soit pour réclamer des impayés, soit pour se justifier après avoir insulté des clients96. C’est le cas dès 1655, lorsque Gabriel de Haes refuse de la payer pour un baril de bière et que leur litige conduit à une effusion d’insultes97. En mars 1656, c’est contre les frères Jacob et Pieter Van Couwenhoven qu’elle est en dettes pour une livraison de bière. Alors que Jacob reconnaît lui devoir 234 florins, il déclare ne vouloir traiter qu’avec son mari98. En novembre 1659, Styntje Hermes et Anneke Pia se trouvent en litige avec elle pour du linge et de l’alcool ; lorsqu’elle réclame une dette à Anneke Pia pour du linge dû à Hermes et brûlé par Pia, l’époux de celle-ci comparaît en personne pour contester la dette et un arbitrage extérieur est décidé par la cour99. Ces troubles conjugaux, combinés à son alcoolisme auraient ainsi conduit ses clients à son discrédit, l’acculant à de nécessaires disputes pour obtenir gain de cause.

    51Dans un port comme La Nouvelle-Amsterdam, peuplé dans les années 1650 d’à peine quelques milliers d’habitants, les transactions économiques sont loin d’être anonymes. Il s’agit d’échanges entre deux personnes se connaissant, et commerçant entre elles sur une base personnelle. Dans cette mesure, la réputation d’un individu, telle qu’elle était façonnée par son comportement et la conformité à des normes sociales, influait sur l’échange : si l’ivresse de Maria Joris en fait une mauvaise épouse, sa capacité à gérer la communauté de biens ou à mener une affaire se trouve remise en question. Dans ce contexte, ses clients peuvent avoir estimé facile de ne pas la payer ou de ne pas la prendre au sérieux – sans compter que les litiges se terminant devant les magistrats en masquent probablement d’autres, réglés par des négociations infrajudiciaires.

    52Mais plus intéressant encore, concernant Maria Joris, est la conscience qu’elle a de sa condition de femme et du fonctionnement des hiérarchies de genre. Lorsqu’elle témoigne de ses déboires conjugaux en février 1658, les détails sans fard livrés sur les infidélités de son époux montrent qu’elle est consciente de sa réputation de femme délaissée, au point de ne pas redouter d’en faire un rappel embarrassant devant les magistrats. Ce faisant, elle espère montrer que Boot ne remplit pas son rôle de mari, et retourner ainsi la charge d’accusation dont elle est l’objet, celle d’être une mauvaise épouse. Un autre litige témoigne de cette conscience de genre. En avril 1660, une dispute l’oppose à Pieter Jansen, maçon à La Nouvelle-Amsterdam, qu’elle a, entre autres, qualifié de voleur. Maria refuse la réparation demandée :

    « L’accusée [Maria Joris] déclare qu’il l’a insultée en premier et qu’il ferait mieux de se quereller avec des hommes et non avec des femmes ; elle aussi aurait pu obtenir une déclaration si elle avait eu de la liqueur à dépenser100. »

    53Outre l’argument de la subornation des témoins de Jansen, c’est la deuxième fois que Maria se défend en insistant sur ses circonstances en tant que femme. La première fois, elle avait eu recours à des éléments intimes de sa vie pour en appeler à la clémence des magistrats. Ici, c’est bien d’une hiérarchie de genre qu’elle joue pour obtenir gain de cause en suggérant qu’un homme ne devrait pas s’en prendre à une femme. L’historienne Natalie Zemon Davis, travaillant sur les lettres de rémission, avait suggéré que les femmes pouvaient manipuler les stéréotypes liés à leur genre lors des procès pour homicide dans la France moderne101. Pour minorer la gravité du meurtre de leur mari, les femmes qu’elle étudie se présentent ainsi comme des épouses vertueuses, en prise avec un époux violent et blasphémateur, ne respectant pas son rôle. D’une manière générale, l’historiographie a mis en avant la façon dont les femmes criminelles sont présentées en termes stéréotypés102, empruntant notamment à la morale biblique ou par la mise en avant de la fragilité du sexe féminin. Avec une banale dispute de rue, l’on peut voir que des stéréotypes de genre peuvent être mobilisés à tout moment – ici comme stratégie de défense. Ici, ce n’est pas la diabolisation qui sert de ressort, mais la mise en avant de la faiblesse féminine qui induit une disproportion dans la dispute entre Maria Joris, une femme, et Pieter Jansen, un homme. Si le litige, en soi, n’est pas marchand, il témoigne de la difficulté rencontrée par Maria Joris pour être prise au sérieux dans la communauté, difficulté qu’elle attribue au fait d’être une femme, et qui fait écho aux litiges récurrents auxquels elle est confrontée dans son activité commerciale. In fine, l’argumentaire de Maria Joris ne convainc pas les magistrats qui la condamnent à une amende de 25 florins.

    54Il ressort de ces cas que la conformité ou non à ce qui est attendu d’une femme est centrale pour comprendre leur implication dans les échanges marchands. Les femmes pouvaient certes participer à la vie économique et marchande de la colonie, que ce soit en leur nom propre ou en tant que représentantes de leur époux ; néanmoins, cette participation restait soumise à des enjeux sociaux dépassant le cadre du droit. Être réputée une bonne épouse garantit la crédibilité comme partenaire commerciale ; à l’inverse, être considérée comme une femme de mauvaise vie, mais aussi être à l’origine d’une éruption de violence ou être notoirement délaissée par son époux sont autant de situations sociales lourdes de conséquences sur la participation des femmes aux échanges. La non-conformité à ces attentes joue dans la façon dont, en tant que femmes, elles sont plus facilement mises à l’écart en cas de litige, y compris économique. Comme les protestations de Maria Joris semblent le signaler, la participation des femmes à l’économie marchande de la colonie ne se départit donc pas d’un rapport de domination genrée. Paradoxalement, ce rapport de domination et cette hiérarchie occasionnent la participation des femmes autant qu’ils la freinent : il n’est ainsi pas anodin de constater la présence récurrente de femmes au cœur de commerces caractérisés par l’alcool, l’informel et les interactions avec des populations jugées dangereuses.

    Une hiérarchie structurelle et localisée : femmes, maisonnées et commerces informels

    55Comme le rappelle une ordonnance de Stuyvesant datée de décembre 1657, la tenue de tavernes, commerce auquel les femmes participent de façon significative, suscite l’inquiétude des autorités.

    « Quotidiennement, des plaintes sont soumises aux magistrats de cette ville contre les taverniers et aubergistes qui, afin de maintenir leur commerce, entretiennent des personnes qui feraient mieux, pour leur bien, de mener leur affaire et de protéger leur famille honorablement et avec l’aide de Dieu, mais n’y parviennent plus en raison des plaisirs qu’ils trouvent dans l’alcool et la compagnie joviale auprès de laquelle ils dépensent non seulement leur gain quotidien mais aussi les biens nécessaires à l’entretien de leur famille qu’ils donnent en gage […]103. »

    56À La Nouvelle-Amsterdam, 13 des 20 tavernes recensées dans la ville en 1660 se trouvent à proximité du port ; quatre autres se trouvent à proximité du fort et des soldats de la WIC (carte 4). Un constat similaire vaut pour Beverwijck puisque les 12 tavernes recensées dans la ville sont toutes sur le rivage ou à proximité du fort104.

    Carte 4. – Localisation (points gris) des tavernes de La Nouvelle-Amsterdam dans les années 1660.

    Source : I. N. Phelps Stokes, Iconography, p. 215-348 (« Key Notes to the Castello Plan ») ; fond de carte : Eric Homberger, The Historical Atlas of New York City: A Visual Celebration of 400 Years of New York City’s History, New York, Henry Holt and Company, 2005, p. 32.

    57Concentrées dans les quartiers où circulent marins et soldats, les tavernes peuvent être associées à des pratiques dissolues. Dès la fin des années 1630, de premières ordonnances sont émises afin de réguler la circulation de l’alcool dans la colonie, puis régulièrement rappelées, renforcées et durcies, à mesure que la population de la colonie s’accroît. Les tentatives de réguler ce commerce passent dans un premier temps par l’interdiction de vendre de l’alcool hors des entrepôts de la WIC, puis par la mise en application d’un couvre-feu les soirs de semaine et pendant le service religieux, ainsi que d’unités de mesure uniformes dans la colonie, permettant l’imposition d’une taxe d’accise à partir de 1644. En plus de cela, les taverniers et aubergistes sont rendus responsables de toute effusion de violence dans leur établissement ou liée à la vente d’alcool dans celui-ci, et doivent en présenter un rapport quotidien au gouvernement colonial à partir de 1647. Plus tard, en mars 1648, le gouvernement colonial établit une forme de licence en interdisant la création de nouvelles tavernes et en requérant des taverniers déjà en exercice qu’ils demandent officiellement le droit de continuer cette activité (seuls 12 taverniers font cette demande, ce qui n’empêche pas la création dans les mois qui suivent, d’autres établissement de boisson)105.

    58Le martèlement et le durcissement de ces ordonnances signalent évidemment la difficulté à en faire respecter les provisions. Il faut également y voir une inquiétude double des autorités, liée à l’ivresse et au désordre public qui l’accompagne, mais aussi à un enjeu de moralité. Dans l’ordonnance du 10 mars 1648, Stuyvesant présente la tenue d’une taverne comme une source de profit facile, détournant ceux qui se lancent dans ce commerce d’une première vocation plus honorable, si bien qu’« un quart de la ville », selon lui, « a été transformé en tavernes dédiées à la vente de brandy, de tabac et de bière », un état de fait que le directeur général qualifie de « honteux ». Il poursuit en ajoutant :

    « Cela conduit, non seulement à l’abandon d’arts et de commerces honnêtes, mais aussi à la débauche des gens ordinaires et des serviteurs de la Compagnie et, pire, des jeunes gens dès l’enfance qui, au spectacle des besognes inappropriées de leurs aînés, les imitent et quittent le chemin de la vertu pour adopter un comportement déréglé106. »

    59Parmi les formes de débauche évoquées par Stuyvesant, il mentionne la contrebande, la fraude, la triche ou enfin la vente illégale d’alcool aux populations autochtones. Peu importent les ordonnances successives régulant ce commerce, contrôler qui est en charge des tavernes, les pratiques qui y sont en vigueur et leurs horaires, est une véritable gageure pour le gouvernement colonial.

    60Comme identifié précédemment, ces lieux et les formes débauche auxquelles ils sont associés sont des lieux de mixité de genre, que ce soit dans la clientèle ou dans les personnes qui en ont la gestion. Si tenir auberge ou taverne est une occupation respectable, c’est un commerce qui fait l’objet d’une constante surveillance des autorités coloniales. Le 28 septembre 1660, Andries Rees est poursuivi pour avoir vendu de l’alcool pendant le service dominical et organisé un jeu de quilles. Dans les deux cas, ces loisirs sont associés à l’ivresse et à l’absentéisme religieux, une offense particulièrement mal vue par les autorités. Ainsi, lorsque l’épouse d’Andries Rees se défend face à Pieter Tonneman, alors schout de La Nouvelle-Amsterdam, ce dernier lui oppose une réprimande soulignant le fait qu’elle ignore à quelle heure finit le service religieux et la taxe ainsi d’impiété107. Consommation et vente d’alcool vont de pair avec des jeux réprimés par les autorités, mais aussi avec violence, non-respect de la religion et contact avec des populations subalternes. Les femmes se retrouvent, au même titre que les hommes, au cœur de ces pratiques jugées immorales et déviantes, que ce soit en tant que tavernières ou en tant que clientes.

    61Plus qu’un simple constat de mixité de genre, la participation des femmes à un commerce où la morale est remise en question peut être considérée comme structurelle en raison de la nature des activités pratiquées. Parmi ces activités, la prostitution, qui concerne les maisons réputées les moins recommandables de la colonie. C’est le cas de la taverne de Jan Peck, objet des inquiétudes du bailli en octobre 1654, qui demande l’annulation de sa licence108. L’établissement est présenté comme un lieu de « mauvaise vie », d’« irrégularités » et de « gestion dissolue109 ». Quelques mois plus tôt, le gouvernement municipal avait déjà déploré les « choses très indécentes et disgracieuses perpétrées sur la Grand Rue [Heere Wech, où se trouve la taverne de Jan Peck] de cette ville par certaines femmes110 », incluant Marie du Trieux (l’épouse de Peck), Cristina Greverat et Geertje Jacobsen. Bien entendu, cela ne signifie pas que toutes ces tavernières soient des prostituées, tant s’en faut, surtout si l’on prend en compte la grande diversité des établissements servant de l’alcool.

    62Dans le cas d’un commerce familial faisant partie de la communauté de biens, la répartition des rôles entre époux est également structurelle. D’une part, la tenue d’une auberge ou d’une taverne apparaît comme le prolongement de la tenue d’un foyer ; d’autre part, la participation des épouses à des activités à la légalité douteuse peut protéger l’honneur d’un chef de feu. Lorsque le 21 janvier 1658 l’épouse de Jan Rutgersen est accusée d’avoir vendu de l’alcool illégalement, Rutgersen comparaît pour la défendre et indique que celle-ci ignorait l’arrêt à ce sujet qui venait d’être passé par les magistrats111. Cette stratégie de défense suggère, en revenant à la responsabilité du chef de feu, qu’il est plus facile de présupposer l’ignorance d’une femme du fait de sa position subordonnée ; le 8 mai 1663, lorsque l’épouse de Jan Schryver est convoquée par le bailli pour prêter serment à propos de wampum égaré, celle-ci déclare ne pas avoir à prêter serment en tant que femme, jouant, là aussi, par sa subordination en tant qu’épouse, pour s’excuser vis-à-vis d’un litige délicat112. Le 8 juin 1654, à La Nouvelle-Amsterdam, Nicolaes Terhaer est poursuivi pour avoir vendu de l’alcool aux Autochtones et perd sa licence113. Circonstance aggravante, Terhaer a été surpris un dimanche, pendant le service religieux. Il se défend en reportant la responsabilité de l’acte délictueux sur son épouse : ce serait elle qui, en échange de poisson, aurait proposé de l’alcool à des Autochtones. Le rejet de responsabilité est d’autant plus crédible que la monnaie d’échange fait appel au rôle d’une épouse dans l’alimentation du foyer et peut passer, soit pour un troc, soit pour un simple échange de voisinage. La défense de Terhaer peut ainsi révéler une autre dimension inhérente à la participation des femmes à la communauté de biens : en cas de commerce illégal, invoquer l’ignorance d’une épouse peut constituer une stratégie de défense. Dans le cas de Terhaer, cette stratégie s’avère inefficace puisqu’il ne parvient pas à récupérer sa licence.

    63L’historiographie a pu observer une gestion différentielle des crimes commis par les femmes, à savoir que la féminité est un « facteur de mansuétude », surtout si le crime en question ne pervertit pas leur rôle de mère, en raison de la supposée faiblesse de leur sexe114. Ces stratégies de défense par l’ignorance ou l’irresponsabilité dans le but d’obtenir la clémence des magistrats peuvent relever d’une semblable démarche en cas de commerce illégal. En ce sens, la position subordonnée d’une femme mariée lui confère une capacité d’action à part, bâtie sur l’informel.

    64Les hiérarchies de genre inhérentes à la société de Nouvelle-Néerlande, et comparables à celles qui existent dans d’autres sociétés patriarcales, ne sont, in fine, pas tant des limites à la participation des femmes aux échanges commerciaux qu’un élément façonnant leur inclusion dans l’économie coloniale. Si le mariage constitue une forme de sécurité sociale pour les femmes, certains litiges économiques font ressortir une hiérarchisation sexuée sous-jacente qui peut servir de levier de sécurité en cas de problème avec la justice et donc de stratégie de défense pour les époux. Le droit permet certes la participation des femmes à l’économie marchande. Pour les femmes des milieux les plus populaires de la société, cette participation passe par des activités où leur légitimité peut être facilement remise en cause. Ces deux affirmations sont loin d’être contradictoires : l’implication des femmes dans la vie économique et marchande de la colonie dépend précisément autant du droit que de cette hiérarchie, en ce qu’elle facilite une forme d’opportunité des marges. Tenir une taverne ou même la fréquenter peut certes recouvrir des activités litigieuses liées à la consommation d’alcool, au jeu ou à la prostitution, et n’est pas normativement neutre. Cette activité est en même temps souvent adjointe à la tenue d’un foyer, entretenant un flou sur les sociabilités ainsi induites. Dans cette perspective, le cas de Terhaer, dernièrement évoqué, révèle également une autre opportunité des marges, à savoir l’inclusion des femmes dans des réseaux de circulation impliquant des populations autochtones.

    Genre, lieux de commerce et contacts coloniaux

    65Si la hiérarchie de genre structure les échanges, qu’en est-il des autres hiérarchies coloniales ? Le commerce avec les populations subalternes pose un enjeu de pouvoir majeur au cœur duquel les femmes se trouvent impliquées. Une historiographie déjà importante sur les contacts entre Européens et Autochtones a mis en avant le rôle du commerce dans les circulations et les rencontres entre peuples sur les territoires de frontière115. Dans le cas de la Nouvelle-Néerlande, ces circulations marchandes permettent de différencier plusieurs régions et de mettre en avant la centralité des relations marchandes en amont de l’Hudson, espace de coopération au contact avec le territoire des Cinq-Nations de la Ligue Haudenosaunee, par opposition aux relations plus conflictuelles en aval de l’Hudson, autour de Manhattan, une région parcourue par diverses nations lenapes116. La prise en compte de la mixité de genre au sein de ces circulations marchandes s’avère déterminante pour comprendre la structuration de ce commerce, dont une partie repose sur des solidarités féminines, mais aussi sur l’importance de hiérarchies de genre dans la conduite d’échanges interlopes.

    Au contact des « drapiers » et des « forgerons » : la participation mixte des populations autochtones aux échanges marchands

    66Hommes comme femmes des nations haudenosaunees-iroquoises et algonquiennes présentes en Nouvelle-Néerlande sont des interlocuteurs privilégiés des échanges marchands, notamment dans le cadre de la traite des pelleteries dans la région de Beverwijck et Fort Orange. Depuis le début du siècle, les Haudenosaunees envisagent leur relation avec les Néerlandais en termes de kaswentha, une notion qui désigne un objet matériel, une ceinture de wampum, mais aussi la relation diplomatique qu’elle incarne, celle d’une entente et d’un respect de la souveraineté de l’autre permettant la mise en place d’une relation marchande durable117. Hommes comme femmes participent à l’entretien de cette relation. Outre le fait que cette participation frappe par sa mixité, elle inscrit ces échanges dans un contexte de hiérarchies, non seulement de genre, mais aussi, et en dépit de la kaswentha, de domination coloniale. On ne peut qu’être frappé par le décalage entre des récits de voyage qui présentent des sociétés où une tradition ancestrale assigne aux femmes un rôle sédentaire, centré autour du village, de la maison longue ou du wigwam, et des témoignages faisant ressortir une réalité bien plus nuancée, où les femmes circulent tout autant que les hommes parmi les colons.

    67Le pasteur Megapolensis évoque la répartition des rôles de genre chez les Mohawks en ces termes :

    « Les femmes sont tenues de préparer la terre, de cultiver, de planter, et de tout faire ; les hommes ne font rien d’autre que chasser, pêcher et faire la guerre contre leurs ennemis118. »

    68Adriaen Van der Donck va dans le même sens :

    « Les femmes se chargent de l’agriculture et des plantations. Les hommes ne s’y intéressent pratiquement pas, à moins d’être très jeunes ou très vieux […] Les jeunes gens et les hommes en bonne santé aiment chasser l’ours, le loup, la loutre et le castor. Les daims sont chassés et tués en grand nombre près des côtes et le long des rivières où vivent les chrétiens119. »

    69Ces descriptions genrées des sociétés autochtones ne tiennent pas compte de leur activité marchande avec les colons et identifient un rôle domestique des femmes ; pour les hommes, la traite serait un corollaire de leur activité de chasseurs. Cette image d’Épinal se répand en Europe, où ces récits sont renforcés d’autres écrits produits par des Européens n’ayant parfois jamais traversé l’Atlantique, comme Arnoldus Montanus, dont les textes contribuent à entretenir une image exotique, stéréotypée et statique des rôles de genre dans les sociétés américaines autochtones, dans le but de promouvoir, tout comme Van der Donck avant lui, la colonie à de potentiels migrants120.

    70Pourtant, la division sexuée des tâches dans ces sociétés s’avère plus complexe. Le contact entre colons et Autochtones s’appuie sur l’attrait des cours européennes pour la fourrure de castor. De leur côté, les populations autochtones recherchent un certain nombre de produits introduits par les Européens. Megapolensis rapporte ainsi que les Mohawks désignent les Néerlandais en fonction des biens qu’ils recherchent auprès d’eux :

    « Ils nous appellent Assirioni, c’est-à-dire drapiers, ou Charistooni, c’est-à-dire forgerons, car notre peuple a introduit le tissu et le fer parmi eux121. »

    71Les étoffes, et notamment les draps de laine, sont en effet particulièrement recherchées par les femmes. Adriaen Van der Donck observe ainsi que

    « le linge leur était inconnu par le passé, mais un grand nombre commencent désormais à rechercher des chemises et à les acheter à notre peuple ; ils les portent sans les laver jusqu’à ce qu’elles soient élimées122 ».

    72L’archéologie révèle également l’importance d’autres biens manufacturés, en verre ou en métal, monnaies d’échange fréquentes contre les pelleteries, comme des chapelets de perles en verre, des chaudrons de cuivre ou des haches, parfois détournés de leur usage européen123. Le développement des échanges avec les Européens transforme ainsi en profondeur le mode de vie des populations autochtones dès les premières décennies de contact, et le rôle des femmes de ces nations est crucial dans la détermination de nouveaux besoins de consommation.

    73Dès 1634-1635, Harmen Meyndertsz Van den Bogaert évoque la présence de femmes dans les échanges commerciaux124. Chirurgien installé à La Nouvelle-Amsterdam, Van den Bogaert entreprend en décembre 1634 un voyage au nord de la colonie, au sein de la Confédération Haudenosaunee. Si, d’une manière générale, son récit tend à effacer la présence des femmes, à deux reprises, celles-ci sont mentionnées comme des actrices marchandes. Le 18 décembre 1634, il note :

    « Trois femmes Sinnekens [Seneca] sont venues ici avec du saumon séché et frais mais elles sentaient très mauvais. Elles ont vendu chaque saumon pour un florin ou deux poignées de sewant. Elles ont également apporté une quantité appréciable de feuilles de tabac vert à vendre et avaient marché pendant six jours. Elles ne purent pas tout vendre ici, mais partirent plus loin, en direction du premier château125. »

    74La venue de ces femmes senecas ainsi que la diversité des produits échangés témoignent d’une participation au commerce sans doute antérieure à l’arrivée des Européens – avec des déplacements de village en village au sein de la confédération. Le 9 janvier 1635, il évoque l’arrivée d’une délégation onondaga :

    « Dans la soirée, les Onondagas arrivèrent. Il y avait six hommes âgés et quatre femmes. Ils étaient très fatigués et apportaient avec eux des peaux d’ours. Je vins à leur rencontre et les remerciai d’être venus nous rendre visite126. »

    75Cette fois-ci, le commerce de peaux relève du don à visée diplomatique, auquel participent hommes comme femmes. Par ailleurs, les archives judicaires de Fort Orange et de La Nouvelle-Amsterdam indiquent à plusieurs reprises que la présence de femmes, principalement mohawks, dans les villes fondées par les Néerlandais est tout à fait courante, que celles-ci soient là pour vendre des fourrures, ou qu’elles soient employées en tant que domestiques ou esclaves dans les principales maisons. Ainsi, le 12 septembre 1654, une « Indienne127 » (wildin) est surprise en train d’acheter du brandy en échange de sewant dans la taverne de Maria Jans, à Beverwijck. En 1660, une femme « indienne » (wildin à nouveau) est prise contre son gré dans une transaction de contrebande de pelleteries. Engagée à traiter avec Volkert Jansen, elle est interpellée en chemin vers le fort par un intermédiaire autochtone au service de Adriaen Jansz Van Leyden, qui souhaite traiter avec elle. Devant le refus de la femme, ses fourrures lui sont confisquées par Van Leyden et son épouse, à quoi elle répond en saisissant la justice de Beverwijck128. Ce litige permet de voir le fonctionnement des échanges entre les peuples, aussi bien formels qu’informels. Hommes comme femmes autochtones pouvaient se rendre aux abords de Fort Orange pour y faire du commerce, avec une clientèle la plupart du temps précise et identifiée. En parallèle de ces circuits, une pratique plus informelle consistait à intercepter ces partenaires commerciaux autochtones et à les inciter à la vente de façon plus ou moins forcée. L’interlocutrice forcée de Van Leyden se déplace vers les installations européennes, est capable d’interagir avec les colons et de négocier avec eux, mais a également une maîtrise suffisante des institutions coloniales pour saisir les autorités en cas de contentieux. La poursuite ici est initiée par le huguenot Jean de la Montagne, vice-directeur de la colonie à Fort Orange, après avoir reçu la plainte de la femme autochtone. Néanmoins, ce litige montre également que la participation de ces femmes aux transactions marchandes n’était pas sans risque et sans contrainte, en raison d’une double position d’infériorité, de genre, mais aussi en tant que « sauvages » aux yeux de leurs interlocuteurs.

    76Après le changement de souveraineté, le livre de comptes d’Evert Wendell, couvrant les années 1695 à 1726, révèle que la moitié de ses 316 partenaires commerciaux autochtones sont des femmes, venues aussi bien des Cinq-Nations haudenosaunees que des Mohicans, et que cette participation remonte à la période néerlandaise129. Plus au sud de la colonie, l’anthropologue James Merrell étudie intercirculations entre colons de Pennsylvanie et Susquehannocks (Andastes en français). Il montre alors l’importance structurelle de la participation des femmes aux échanges commerciaux, que ce soit d’un point de vue diplomatique, dans le cadre d’une économie de don/contre-don, ou en tant qu’interlocutrices spécialisées dans certaines marchandises – ainsi, au début du xviiie siècle, certains chefs demandent l’établissement d’un entrepôt spécialisé dans la vente d’alcool aux femmes afin que ces dernières ne parcourent pas un trop long chemin pour l’acquérir. Merrell propose même de revenir sur la notion de « traite des pelleteries », en ce que l’expression invisibilise la diversité des marchandises et, avec elle, la mixité des acteurs et actrices de ces échanges ainsi que la complexité des interactions culturelles, diplomatiques et intimes en jeu dans les rencontres ainsi occasionnées130.

    77En outre, certaines transactions, en apparence non marchandes, pourraient être vues sous un nouveau jour. Derrière les nombreuses liaisons entre colons et femmes autochtones, ce que les Européens percevaient comme une simple rencontre sexuelle, dénuée d’engagement de long terme, pouvait être inclus dans un faisceau de transactions diplomatiques ou marchandes, une pratique courante dans les sociétés haudenosaunees et algonquiennes. En témoignent les cadeaux troqués lors de ces rencontres sexuelles, caractéristiques d’une tradition répandue dans ces sociétés131. Les femmes des nations présentes en Nouvelle-Néerlande étaient donc loin de rester dans leur village à régner sur leur maison longue ou leur wigwam, mais participaient pleinement au commerce avec les populations européennes, quels que soient les biens échangés, témoignant ainsi de jeux de circulation bien plus complexes que ce que les récits de voyages donnent initialement à penser.

    Mixité de genre et mixité raciale : les lieux de l’entre-deux et la contrebande

    78L’une des activités les plus éclairantes en termes de genre est la contrebande avec les populations autochtones, notamment la vente d’alcool, objet de lourdes sanctions et de rappels à l’ordre constants.

    79La contrebande peut prendre des formes très variables. À Beverwijck, en juillet 1655, Catelijn Sanders est poursuivie pour avoir donné « un morceau de tissu à un Indien, contrairement à l’ordonnance interdisant les échanges de présents132 ». Ces échanges constituent un élément central des négociations commerciales et politiques avec les populations autochtones et impliquent souvent les produits dont les autorités cherchent précisément à contrôler la circulation, tels que les armes ou l’alcool133. Cette coutume sociétale permet, par ailleurs, d’entretenir un flou entre transaction marchande et don interpersonnel, facilitant des échanges informels contrevenant le droit. Cette interdiction témoigne ainsi de ce que les dirigeants coloniaux identifient l’échange de cadeaux comme une pratique risquée, au même titre que la vente d’alcool.

    80Administrateurs européens comme dirigeants autochtones cherchent à limiter la circulation de l’alcool, dans la mesure où l’ivresse est considérée comme une des sources principales de violence et de conflit entre les peuples. Dans cette mesure, il s’agit probablement d’un des commerces de contrebande les plus répréhensibles aux yeux des autorités – et ce d’autant plus que sa consommation est ancrée dans des sociabilités cruciales pour la survie de la colonie. En Europe moderne, la plupart des transactions n’étaient scellées qu’après avoir trinqué entre partenaires commerciaux, une pratiquée présente également en Amérique134. L’économie marchande s’appuie donc sur une consommation dont l’interdiction récurrente témoigne de l’impuissance des autorités. Quelques années après la fin du monopole de la WIC sur la traite des pelleteries, dès 1643, la vente d’alcool aux Autochtones est ainsi prohibée. Les peines envisagées sont lourdes – jusqu’au châtiment corporel et au bannissement. Pourtant, sans réel succès : en témoignent les rappels parfois annuels de cette interdiction en 1644, 1645, 1647, 1648, 1655, 1656, 1657, 1660, 1662 et 1663135. En mars 1656, soit près de six mois après la « guerre du Pêcher », les bourgmestres de La Nouvelle-Amsterdam pétitionnent Stuyvesant pour qu’il renouvelle l’ordonnance de 1643, en raison de « l’insolence que les Indiens commettent en cette ville en s’intoxiquant136 ». L’interdiction de vente d’alcool est alors assortie d’une interdiction d’héberger les Autochtones137, témoignant d’une réelle inquiétude liée à leurs circulations.

    81À Beverwijck, la vente d’alcool aux Mohawks et aux Mohicans est un objet récurrent d’inquiétude pour les autorités qui dénoncent, dans certaines de leurs condamnations, la violence qui s’ensuit138 : la tenue d’un établissement étant une activité récurrente des femmes, celles-ci sont régulièrement impliquées dans ces infractions. Maria Goosens en est à plusieurs reprises poursuivie – en septembre, en novembre 1654 puis en juin 1655, lorsqu’elle est condamnée à une amende de 300 florins et bannie de Fort Orange pour une durée d’un an et six semaines139. À titre de comparaison, lorsque, quelques années plus tard, elle se trouve prise dans une querelle et un échange d’insultes diffamatoires avec un habitant de Beverwijck, elle est condamnée à verser une amende de six florins. Le 12 septembre 1654, c’est à une femme qu’elle prodigue de « l’eau de vie », et le déroulement de l’échange est éclairant :

    « Maria Jans [Goosens] a servi et donné à la femme indienne de l’eau-de-vie dans une petite flasque d’étain… elle a versé l’eau-de-vie qu’elle a ensuite donnée à l’Indienne dans une bouteille prise dans son placard140. »

    82Le procédé employé, une bouteille prise dans un placard, donne l’impression d’un échange domestique plus que marchand. Maria aurait ainsi joué de son rôle de femme en charge de la gestion des vivres pour faire passer clandestinement l’alcool à sa cliente. La récurrence du rôle des femmes dans ce type de transaction tient ainsi à la porosité entre ce qui relève d’un échange marchand – ici, lié à l’auberge – et d’un rôle nourricier traditionnellement assigné aux épouses, lorsqu’il est question de denrées alimentaires. De la même manière, Egbertjen Egberts et Dirckie Hermensen, poursuivies du même crime quelques mois plus tard essaient de s’en dédouaner en niant l’aspect marchand de l’échange :

    « Egbertjen Egberts, aubergiste dans le village de Beverwijck […] n’a pas hésité à vendre de la bière aux Indiens ou, comme elle le dit elle-même, à la leur donner contre une petite pochette de cuir [tapoesjens]141. »

    83La formulation donne à voir une tentative de minimiser la transaction en la présentant comme un troc ponctuel ; néanmoins, les deux femmes sont condamnées à une amende lourde de 300 florins. La peine est néanmoins allégée, la libre confession du crime étant présentée comme une circonstance atténuante, par opposition à un troisième individu poursuivi en même temps qu’elles, Willem Hoffmeyr qui, lui, est condamné142. Le 30 novembre 1655, Jannitje Jansz est jugée responsable du même crime, pour lequel le bailli Johan de Decker demande une peine très lourde, incluant le pilori, des coups de fouet et le bannissement – la peine est allégée des coups de fouet, et le bannissement délayé à la fin de l’hiver143.

    84La sévérité initiale des sentences témoigne de la gravité de la transgression en jeu : Beverwijck est au contact des territoires haudenosaunees (carte 5) et l’épicentre de la traite des pelleteries. Chaque jour, la bourgade voit circuler aussi bien les Haudenosaunees et Mohicans que les Européens, le tout sans fortification jusqu’en 1660. La gestion des relations avec les nations environnantes repose sur un équilibre dont on craint qu’il ne soit fragilisé par des actes de violence imprévisible sous le coup de l’alcool.

    Carte 5. – Peuplement autochtone aux alentours de Beverwijck et de la vallée de la rivière Mohawk.

    Crédit réalisation : P. Pentsch.

    85En août 1657, c’est au tour de la taverne de Marten « de Bierkaecker144 » d’être visée par une semblable accusation. À l’origine des poursuites, le désordre public et le témoignage d’un Mohawk :

    « Dimanche dernier, le douzième de ce mois d’août 1657, pendant le service, quelques Indiens ivres ont commis bien des actes d’insolence en ce lieu et, après enquête, un indien Maquas [Mohawk], nommé Kanigeragae, a déclaré connaître une maison où les Indiens se procuraient l’eau de vie […]145. »

    86Mais la personne poursuivie n’est, une nouvelle fois, pas Marten de Bierkaecker mais son épouse, Susanna, laquelle se défend en soulignant sa pauvreté, l’invalidité de son époux et les enfants qu’elle a à sa charge, en guise de circonstances atténuantes. Elle met en évidence la circonstance inhabituelle d’une épouse en charge du revenu principal d’un foyer, dans le but d’attirer la compassion de son auditoire. Si le bailli demande une peine lourde – 500 florins d’amende et six ans de bannissement – la clémence des magistrats prévaut à nouveau, et Susanna n’est condamnée qu’à une amende. Cette clémence récurrente témoigne, on l’a vu, d’un usage de la justice visant plus à rappeler des règles de vie en société qu’à réprimer à outrance. La sentence insiste malgré tout sur les « conséquences dangereuses » de l’acte, soulignant à quel point la tenue d’une auberge ou d’une taverne était perçue comme un commerce mettant en jeu la sécurité et le bon fonctionnement de la société nouvelle.

    87Si Beverwijck est l’épicentre des relations avec les populations haudenosaunees, ce n’est cependant pas l’endroit où la consommation d’alcool inquiète le plus : les Mohawks, principaux interlocuteurs haudenosaunees des colons dans cette région, en ont en effet une consommation limitée146. C’est à La Nouvelle-Amsterdam que les violences avec les populations munsees sont les plus marquées : par conséquent, le contrôle de la circulation de l’alcool et des tavernes y est plus appuyé. Ainsi, en février 1656, peu après la « guerre du Pêcher », ce sont les bourgmestres de La Nouvelle-Amsterdam qui demandent à Stuyvesant de réitérer l’interdiction de vente d’alcool aux Wecquaesgeeks, et de la renforcer en interdisant également la résidence en ville pour la nuit, espérant instaurer en droit une ségrégation spatiale. Dans une pétition soumise le 3 mars 1656 au directeur général, ils expriment ainsi les inquiétudes suivantes :

    « Les Bourgmestres de cette Ville d’Amsterdam en Nouvelle-Néerlande expriment, avec tout le respect requis, que notre nation a été quotidiennement confrontée, avec regret et désolation, à l’insolence dont les Indiens font preuve en s’enivrant etc. [sic] et ceci ne peut être évité à moins d’imiter les façons de nos voisins de Nouvelle-Angleterre et de Virginie147 qui, à diverses reprises (comme nous le 15 septembre dernier) ont été victimes de graves massacres permis par l’apparente amitié avec laquelle ils venaient dans leurs maisons et dans leurs villages, résultant en la mort de centaines de malheureux des mains des Barbares.
    Nous demandons respectueusement, pour le bien public et la meilleure sécurité de cette Ville, que votre Honneur accepte de renouveler le Placard émis contre l’ivresse des sauvages, et d’en quérir l’immédiate mise en exercice contre ceux qui vendent de l’eau de vie aux Indiens148. »

    88La requête des bourgmestres est accueillie favorablement par Stuyvesant et son conseil. Cette demande met en évidence à quel point les régulations en matière de vente d’alcool suivent l’évolution des relations avec les populations autochtones, marquée par des épisodes violents dans la basse vallée de l’Hudson. Hommes comme femmes participent à ces échanges et sont poursuivis, mais la participation des femmes apparaît rapidement comme structurellement liée à leur rôle assigné d’épouses et maîtresses de maison, et aux commerces qu’elles occupent à ce titre.

    89Le danger est manifeste pour les aubergistes eux-mêmes, notamment lorsqu’ils ou elles vivent dans des régions de contact. Ainsi, le 14 avril 1657, Femmetie Albertsen raconte avoir été témoin et victime de la venue d’une troupe d’Esopus en quête d’une bouteille de brandy chez son beau-frère, dans les Catskills149. Quelques mois plus tôt, en janvier 1657, sur Long Island, Margriete Gillis, veuve de David Provoost, demande aux bourgmestres et aux échevins un abattement sur la taxe qu’elle a versée pour l’année 1656 à Warnaer Wessells, fermier d’accise150 : sa demande est justifiée par le fait d’avoir été « chassée par les troubles avec les Indiens et n’avait servi que les trois quarts de l’année151 ». Le commerce d’alcool au contact avec les autochtones n’est donc pas sans danger. Ceci va à l’encontre de l’idéal de protection de celles-ci, qui fut affirmé dès la guerre menée par Crieckenbeeck à Fort Orange en 1626, puis à Staten Island au début des années 1640. Dans les faits, les femmes, loin d’être tenues à l’écart de ces lieux interlopes que sont les tavernes et les auberges, sont au contraire placées au cœur des échanges interculturels qui les caractérisent.

    90Par ailleurs, ce commerce en appelle souvent un autre, tout aussi réprimé par les autorités coloniales, tout particulièrement dans la région de Fort Orange/Beverwijck, à savoir la contrebande de pelleteries. Parmi les procédés délictueux listés dans les ordonnances, deux reviennent régulièrement : la course de bois et l’attraction par la ruse au domicile des contrebandiers afin de confisquer les pelleteries des Haudenosaunees ou des Mohicans concernés. Deux lieux sont cités comme les épicentres de ce trafic : la « colline », assimilée à la limite de l’habitat européen, et la « rive », lieu de résidence des Mohawks : colons et Mohawks se rendent ainsi les uns chez les autres plutôt que sur des places publiques de marché152. Cette pratique de contrebande invite à considérer la maison, lieu de l’entre-deux par excellence, entre le domestique et le public, comme un espace interlope où les femmes peuvent être amenées à jouer un rôle pivot en tant que maîtresses de maisons – que ce soit dans la stratégie d’attraction des individus transportant les pelleteries ou dans la stratégie de défense par l’argument du troc amical et interpersonnel. En mars 1656, Sander Toursen et son épouse sont poursuivis directement par le Conseil colonial pour avoir fourni de l’alcool à deux « Indiens de Mochgeyck-konck » décrits comme « extrêmement ivres » ; les époux Toursen sont condamnés au pilori puis bannis. Lorsque les deux individus confessent l’identité de leurs fournisseurs, il est précisé que l’épouse de Sander Toursen a été surprise par des témoins « allant et venant avec une gourde derrière le jardin de sa taverne, vers le rivage où se trouvaient les Indiens », nous éclairant sur la façon dont ce commerce illégal peut être entretenu en dehors des tavernes, contournant ainsi les interdictions successives153. En tant que gérantes d’un commerce d’appoint qu’est la taverne, lieu qui recoupe en général le foyer, mais aussi en tant qu’épouses en charge de procurer la nourriture, les femmes se retrouvent donc directement au cœur des interactions avec les populations autochtones.

    91En novembre 1656, un arrêt du gouvernement municipal concernant les prérogatives du fermier d’accise sur la bière précise ainsi qu’« aucun brasseur ou épouse de brasseur ne pourra stocker un fut de bière hors de la brasserie, pour le stocker chez eux ou chez qui que ce soit, maison ou cave, sans en avoir notifié précédemment le Fermier154 », une précision très éloquente quant à la compréhension de ces pratiques de contrebande. La mention explicite des épouses les place au cœur de ces pratiques, bâties sur l’informel et la confusion entretenue avec une transaction alimentaire, pratique alors courante. L’historien Stephen T. Staggs parle même de « familiarité » entre colons et Autochtones, lors de ces moments d’échange, une familiarité qui vient prolonger des relations faites de sociabilités communes, de métissage biologique et culturel, d’apprentissages mutuels de techniques, de langages, de liens amicaux ou familiaux155. Dans cette mesure, la participation de femmes, européennes comme autochtones, aux échanges marchands est un effet de cette familiarité et peut être également manipulée pour contourner le droit, lorsque celui-ci est défavorable à une transaction.

    ⁂

    92L’implication des femmes dans l’économie marchande de la colonie est ainsi tributaire non seulement des provisions du droit mais aussi de hiérarchies de genre. Le droit hollandais, libéral dans certaines configurations, permet une participation accrue des femmes aux échanges, que ce soit de façon autonome ou dans le cadre de la communauté de biens. Ce sont surtout les pratiques, façonnées par la configuration coloniale, qui permettent de comprendre cette participation, ainsi que la structuration du territoire en fonction de cette coopération des hommes et des femmes. C’est en effet en grande partie par des liens familiaux et matrimoniaux que la dilatation de l’espace atlantique peut être maîtrisée, par des aménagements concrets comme l’octroi de procurations, mais aussi par des relations de confiance facilitant la tenue de comptes et de commerce en dépit de la distance. Le lien entre mixité des échanges et communauté de biens ne tient, du reste, pas seulement à la relation de confiance entre époux : le rôle d’une femme dans le commerce tient bien souvent à sa fonction de mère et d’épouse, ce qui est tout particulièrement patent dans certains lieux privilégiés. C’est le cas des auberges et des tavernes, véritables espaces d’incarnation de la frontière de genre, caractérisés, outre leur mixité, par la captation des flux de marchands et de marchandises et où se jouent, par ce biais, les relations entre colons et autochtones, mais aussi la gestion d’activités jouant avec les limites de la moralité et de la légalité. Les impératifs marchands y sont alors en concurrence avec l’encadrement moral de la société coloniale voire avec sa survie.

    93Cette participation reste toutefois contrainte, en raison la position subordonnée de la majorité des femmes dans le cadre patriarcal du mariage, mais aussi de la fragilité de leur réputation dans une communauté restreinte, où les attentes de genre font qu’une femme ne correspondant pas aux normes associées à son genre sera plus facilement mise à l’écart. L’ordre sociogenré défini précédemment contribue à organiser l’économie et les échanges dans la colonie par le biais de hiérarchies, de réseaux de sociabilités et de jeu entre provisions du droit et pratiques. Ces analyses suggèrent donc que l’expérience des femmes de Nouvelle-Néerlande se rapproche, par ses contraintes, de celle des femmes d’autres aires coloniales. Cette dernière réflexion invite à questionner l’impact du changement de souveraineté de 1664, longtemps considéré comme marqueur d’une marginalisation des femmes dans les échanges marchands. L’historiographie a mis en avant que le nombre de femmes impliquées dans le commerce dans la colonie pendant et après la période hollandaise s’était effondré, signalant la fin d’un âge d’or néerlandais dans la vie marchande de la colonie provoqué par le changement en droit consécutif à 1664156. Si un déclin numérique semble indéniable, la compréhension de celui-ci mérite d’être réévaluée.

    Notes de bas de page

    1Edward T. James (éd.), Notable American Women: A Biographical Dictionary: Notable American Women, 1607-1950: A Biographical Dictionary, vol. 1, Cambridge, Belknap Press, 1971, p. 61-62 ; Jean Zimmerman, The Women of the House: How a Colonial She-Merchant Built a Mansion, a Fortune, and a Dynasty, Orlando, Harcourt Inc., 2006.

    2Jasper Danckaerts, Journal of Jasper Danckaerts, 1679-1680, New York, Scribner’s Sons, 1913, p. 54.

    3Linda Briggs Biemer, Women and Property in Colonial New York: The Transition from Dutch to English Law 1643-1727, Ann Arbor, UMI Research Press, 1983, p. 76-117.

    4Conrad Busken Huet, Het land van Rembrandt: Studiën over de Noordnederlandsche beschaving in de zeventiende eeuw, Haarlem, H. D. Tjeenk Willink, 1882 ; Johan Huizinga, La civilisation néerlandaise au dix-septième siècle, trad. Guillaume Van der Schrieck, Haarlem, H. D. Tjeenk Willink, 1941.

    5L. B. Biemer, Women and property in Colonial New York, op. cit. ; Michael Gherke, Dutch Women in New Netherland and New York in the Seventeenth Century, Morgantown, PhD Diss., West Virginia University, W. Va., 2001 ; Martha Dickinson Shattuck, A Civil Society: Court and Community in Beverwijck, New Netherland, 1652-1664, Boston, PhD Diss., Boston University, 1993 ; « Women and Trade in New Netherland », Itinerario, 18/2, 1994, p. 40-49.

    6Ce stéréotype exceptionnaliste sur les femmes néerlandaises a été décrit et déconstruit dans Els Kloek, « De geschiedenis van een stereotype. De bazigheid, ondernemingszin en zindelijkheid van vrouwen in Holland (1500-1800) », Jaarboek Centraal Bureau voor Genealogie, 58, 2004, p. 5-25. Le rôle économique des femmes a été largement retravaillé autour du projet de recherche mené par Ariadne Schmidt, centré sur les femmes et le travail aux Provinces-Unies à l’époque moderne. Ariadne Schmidt, « Vrouwenarbeid in de vroegmoderne tijd in Nederland », Tijdschrift voor sociale en economische geschiedenis, 2/3, 2005, p. 2-21 ; Danielle Van den Heuvel, Women and Entrepreneurship: Female Traders in the Northern Netherlands c. 1580-1815, Amsterdam, Aksant, 2007 ; pour une perspective comparatiste, voir Els Kloek, Nicole Teeuwen et Marijke Huisman (éd.), Women of the Golden Age. An International Debate on Women in Seventeenth-Century Holland, England and Italy, Hilversum, Verloren, 1994.

    7Martha Dickinson Shattuck et Kim Todt, « Capable Entrepreneurs: The Women Merchants and Traders of New Netherland », in Doug Catterall et Jodi Campbell (éd.), Women in Port: Gendering Communities, Economies, and Social Networks in Atlantic Port Cities, 1500-1800, Leyde, Brill, 2012, p. 184-185.

    8Firth Haring Fabend, « Sex and the City: Relations Between Men and Women in New Netherland », in Joyce D. Goodfriend (éd.), Revisiting New Netherland: Perspectives on Early Dutch America, Leyde, Brill, 2005, p. 263-283 ; Susanah Shaw Romney, New Netherland Connections: Intimate Networks and Atlantic Ties in Seventeenth-Century America, Chapel Hill, UNC Press Books, 2014.

    9La participation des femmes au monde du commerce aux Provinces-Unies a notamment été étudiée in D. Van den Heuvel, Women and Entrepreneurship, op. cit., p. 56-69.

    10Hugo de Groot, Inleiding tot de Hollandsche Rechts-geleertheid, La Haye, Hillebrand, 1631 ; Simon Van Leeuwen, Het Rooms-Hollands regt waarin de Roomse Wetten met het huydendaagse Neerlands Regt, in byzondere kortheit, so wel in vaste Regts-stoffen, als in de allerhand Ordonnantiën, Placaten, Hand-vesten, Keuren, Gewoonten, en gewijsdendeser en omliggende Landen, bevestigt, Amsterdam, Jan Boom, 1664.

    11A. Schmidt, « Vrouwen en het recht », art. cité, p. 42.

    12S. Van Leeuwen, Het Rooms-Hollands regt, op. cit. ; cité in Ariadne Schmidt, Overleven na de dood: weduwen in Leiden in de Gouden Eeuw, Amsterdam, Bert Bakker, 2001, p. 59.

    13L. B. Biemer, Women and property in Colonial New York, op. cit. ; William Heard Kilpatrick, The Dutch Schools of New Netherland and Colonial New York, Washington, Government Printing Office, 1912 ; voir aussi Jeremias Van Rensselaer, Correspondence of Jeremias van Rensselaer, 1651-1674, Albany, University of the State of New York, 1932, 504 p.

    14L. B. Biemer, Women and property in Colonial New York, op. cit., p. 83-84 (Biemer précise que le contrat de mariage établissant un régime d’usus, garantissant une séparation des patrimoines, a néanmoins disparu) ; Berthold Fernow et Walewyn Van der Veen (éd.), The Minutes of the Orphanmasters of New Amsterdam, 1655 to 1663, New York, F. P. Harper, 1902, p. 222, 225-227.

    15A. Schmidt, « Vrouwen en het recht », art. cité, p. 36.

    16Béatrice Craig, Women and Business since 1500: Invisible Presences in Europe and North America, Basingstoke, Macmillan Education, 2016 ; Christine Dousset, « Commerce et travail des femmes à l’époque moderne en France », Les Cahiers de Framespa, 2, 2006 ; André Lespagnol, « Femmes négociantes sous Louis XIV. Les conditions complexes d’une promotion provisoire », in Alain Croix, Michel Lagrée et Jean Quéniart (éd.), Populations et cultures: études réunies en l’honneur de François Lebrun, Rennes, AFL, 1989, p. 463-470.

    17Lotte Van de Pol, The Burgher and the Whore: Prostitution in Early Modern Amsterdam, trad. Liz Waters, Oxford, Oxford University Press, 2011 ; Pieter Spierenburg, Written in Blood: Fatal Attraction in Enlightenment Amsterdam, Columbus, Ohio State University Press, 2004, p. 1-20 ; Dorothee Sturkenboom, in Catherine Secretan et Willem Frijhoff (éd.), Dictionnaire des Pays-Bas au siècle d’or, Paris, CNRS Éditions, 2018, p. 258-260.

    18H. de Groot, Inleiding tot de Hollandsche Rechts-geleertheid, op. cit., p. 21-22 ; cité in D. Van den Heuvel, Women and Entrepreneurship, op. cit., p. 59.

    19D. Van den Heuvel, Women and Entrepreneurship, op. cit., p. 58-63.

    20M. D. Shattuck, A Civil Society, op. cit., p. 182.

    21NYMA RNA Box 1. 2. 1 doc. 553a ; trad. RNA, vol. 2, p. 81-82.

    22L. B. Biemer, Women and property in Colonial New York, op. cit. ; M. D. Shattuck, A Civil Society, op. cit., p. vii.

    23Pour le terrain néo-néerlandais : Virginie Adane, « Penser le genre en Nouvelle Néerlande au xviie siècle : enjeux historiographiques », Nuevo Mundo Mundos Nuevos, 2013, [http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/nuevomundo/65618] ; Firth Haring Fabend, Revisiting New Netherland, op. cit. ; S. S. Romney, New Netherland Connections, op. cit.

    24D. Van den Heuvel, Women and Entrepreneurship, op. cit., p. 64-69.

    25Ibid. ; A. Schmidt, « Vrouwen en het recht », art. cité, p. 36.

    26S. S. Romney, New Netherland Connections, op. cit., p. 41-61.

    27Silvia Marzagalli, « La mise en place d’un réseau commercial et marchand : Bordeaux et les États-Unis à la fin du xviiie siècle », Réseaux marchands et réseaux de commerce concepts récents, réalités historiques du Moyen Âge au xixe siècle. Journées d’études de la composante Mobilité-Echanges-Transferts 2005-2006, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2010, p. 87-113 ; Vanessa Olry, Les femmes et le négoce à Nantes dans la seconde moitié du xviiie siècle, mémoire de master, Nantes, Nantes Université, 2020.

    28D. Catterall et J. Campbell (éd.), Women in Port, op. cit. ; Amy Louise Erickson, Women and Property in Early Modern England, Londres/New York, Routledge, 2002 ; Sheryllynne Haggerty, The British-Atlantic Trading Community,1760-1810: Men, Women, and the Distribution of Goods, Leyde, Brill, 2006 ; André Lespagnol, « Femmes négociantes sous Louis XIV », in Populations et cultures, op. cit. ; Bernard Michon et Nicole Dufournaud (éd.), Femmes et négoce dans les ports européens (fin du Moyen Âge-xixe siècle), Berne, Peter Lang, 2018 ; David Pennington, Going to Market: Women, Trade and Social Relations in Early Modern English Towns, C. 1550-1650, Farnham, Ashgate, 2015.

    29Benoît Grenier et Catherine Ferland, « “Quelque longue que soit l’absence” : procurations et pouvoir féminin à Québec au xviiie siècle », Clio. Femmes, Genre, Histoire, 37, 2013, p. 197-225 ; sur la participation structurelle des femmes au commerce : Jan Noel, « N’être plus la déléguée de personne : une réévaluation du rôle des femmes dans le commerce en Nouvelle-France », Revue d’histoire de l’Amérique française, 63/2-3, 2010, p. 209-241 ; Lilianne Plamondon, « Une femme d’affaires en Nouvelle-France : Marie-Anne Barbel, veuve Fornel », Revue d’histoire de l’Amérique française, 31/2, 1977, p. 165-185.

    30B. Grenier et C. Ferland, « “Quelque longue que soit l’absence” », art. cité.

    31Laurel Thatcher Ulrich, Good Wives: Image and Reality in the Lives of Women in Northern New England, 1650-1750, New York, Knopf, 1982, p. 9.

    32Mary Beth Norton, Founding Mothers & Fathers: Gendered Power and the Forming of American Society, New York, Vintage Books, 1997, p. 84-89 ; Linda Sturtz, Within Her Power: Propertied Women in Colonial Virginia, New York, Routledge, 2013, p. 71-86.

    33Cornelia Hughes Dayton, Women Before the Bar: Gender, Law, and Society in Connecticut, 1639-1789, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1995, p. 69-71 ; Elizabeth Pruden, Family, Community, Economy: Women’s Activity in South Carolina, 1670-1770, Minneapolis, PhD Diss., University of Minnesota, 1996 ; L. Sturtz, Within Her Power, op. cit., p. 71-86 ; L. T. Ulrich, Good Wives, op. cit., p. 35-50.

    34E. Pruden, Family, Community, Economy, op. cit., p. 290.

    35Archives de Simon Hart à Amsterdam : Stadsarchief Amsterdam (SAA), 883-597 (transcription d’actes notariés) ; archives du Secrétaire Provincial (NYSA A0270), éditées par Kenneth Scott et traduites par Arnold Van Laer. Arnold J. F. Van Laer, Register of the Provincial Secretary, 1638-1642, trad. Arnold J. F. Van Laer, Baltimore, Genealogical Publishing Co., 1974 ; Register of the Provincial Secretary, 1642-1647, trad. Arnold J. F. Van Laer, Baltimore, Genealogical Publishing, 1974 ; Register of the provincial secretary, 1648-1660, trad. Arnold J. F. Van Laer, Baltimore, Genealogical Publ., 1974.

    36RPS1, p. 141-142 (original perdu dans l’incendie du Capitole d’Albany en 1911) ; RPS3, p. 376-377.

    37NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 334c ; trad. RNA, vol. 1, p. 308-309.

    38S. S. Romney, New Netherland Connections, op. cit., p. 66-121.

    39NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 223f ; trad. RNA, vol. 1, p. 188.

    40NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 301-465 ; trad. RNA, vol. 1, p. 275-421.

    41D’après la base de données Voyages of New Netherland, [https://airtable.com/shrMDlcIOR4lhG2hh], consulté en février 2022. Concerne au moins le Bontekoe, le Witte Paert et le Vergulde Bever, qui quittent La Nouvelle-Amsterdam le 21 novembre en direction des Provinces-Unies et rapatrient, par ailleurs, des colons expulsés de Nouvelle-Suède.

    42M. D. Shattuck, A Civil Society, op. cit. ; citée in Janny Venema, Beverwijck: A Dutch Village on the American Frontier, 1652-1664, Albany, SUNY Press, 2003, p. 187.

    43B. Grenier et C. Ferland, « “Quelque longue que soit l’absence” », art. cité.

    44NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 445a ; trad. RNA, vol. 1, p. 406-407.

    45NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 422 a ; trad. RNA, vol. 1, p. 385.

    46NYSA A1809 vol. 6 doc. 298 et 352c ; trad. angl. in Council Minutes 1655-1656, Syracuse, Syracuse University Press, 1995, p. 237, 291-292.

    47M. D. Shattuck et K. Todt, « Capable Entrepreneurs », Women in Port, op. cit., p. 183-214.

    48B. Craig, Women and Business since 1500, op. cit. ; C. Dousset, « Commerce et travail des femmes à l’époque moderne en France », art. cité, p. 11.

    49Derek L. Phillips, Well-Being in Amsterdam’s Golden Age, Amsterdam, Amsterdam University Press, 2008, p. 49.

    50Jonathan Pearson et Arnold J. F. Van Laer (éd.), Early Records of the City and County of Albany, and Colony of Rensselaerswyck, vol. 3, Albany, University of the State of New York, 1869, p. 86-87, 98, 216 ; cité par M. D. Shattuck et K. Todt, « Capable Entrepreneurs », Women in Port, op. cit., p. 208.

    51Edmund Bailey O’Callaghan (éd.), Laws and Ordinances of New Netherland, 1638-1674, Baltimore, Weed, Parsons & Co., 1868, p. 29, 86-89, 251.

    52Maarten Hell, De Amsterdamse herberg (1450-1800): geestrijk centrum van het openbare leven, Amsterdam, Boom, 2020.

    53J. Venema, Beverwijck, op. cit., p. 304.

    54Charles T. Gehring (éd.), Fort Orange Court Minutes (1652-1660), Syracuse, Syracuse University Press, 1990, p. 289.

    55J. Venema, Beverwijck, op. cit., p. 186-187, 302 sqq.

    56FOCM p. 154, 161, 166, 176, 194.

    57Kenneth T. Scott, « New Amsterdam’s Taverns and Tavernkeepers, pt 1 » ; « New Amsterdam’s Taverns and Tavernkeepers: II », de Halve Maen, 39/2, 1964, p. 9-10, 15 ; « New Amsterdam’s Taverns and Tavernkeepers: III », de Halve Maen, 39/3, 1964, p. 13-15 ; « New Amsterdam’s Taverns and Tavernkeepers: IV », de Halve Maen, 39/4, 1965, p. 11-12, 15.

    58NYMA RNA Box 1.2.2 doc. 184c, 216c ; trad. RNA, vol. 2, p. 333, 363. La possibilité d’un contrat prénuptial pour préserver son commerce est évoquée par M. D. Shattuck et K. Todt, « Capable Entrepreneurs », Women in Port, op. cit., p. 210.

    59NYMA RNA Box 1.2.3 doc. 33a ; trad. RNA, vol. 3, p. 194.

    60NYMA RNA Box 1.2.4 doc. 170b ; trad. RNA, vol. 4, p. 253.

    61M. D. Shattuck et K. Todt, « Capable Entrepreneurs », Women in Port, op. cit., p. 205 ; Morton Wagman, « Corporate Slavery in New Netherland », Journal of Negro History, 65/1, 1980, p. 34-42.

    62J. Noel, « N’être plus la déléguée de personne », art. cité.

    63Lois Green Carr et Lorena S. Walsh, « The Planter’s Wife: The Experience of White Women in Seventeenth-Century Maryland », The William and Mary Quarterly, 34/4, 1977, p. 542-571.

    64Semblablement, Laurel Ulrich et Cornelia Dayton soulignent que l’arrangement spatial des maisons novanglaises n’est pas spécialisé, ce qui justifie l’implication des épouses dans les affaires de leur mari : C. H. Dayton, Women before the bar, op. cit., p. 69-71 ; L. T. Ulrich, Good Wives, op. cit., p. 35-50.

    65A. Schmidt, Overleven na de dood, op. cit., p. 60.

    66J. Danckaerts, Journal, op. cit., p. 204.

    67Ibid.

    68Elle a longtemps été assimilée à Cathalina, épouse de Sander Leendertsz ; Janny Venema suggère qu’il pourrait également s’agir de Marritie Damen ou de Lysbet Van Eps/Banckers : J. Venema, Beverwijck, op. cit., p. 189.

    69John Romeyn Brodhead, Berthold Fernow et E. B. O’Callaghan, Documents Relative to the Colonial History of the State of New York, vol. 3, Albany, Weed, Parsons and Co., 1853, p. 165-166.

    70Arnold J. F. Van Laer (éd.), Van Rensselaer Bowier Manuscripts, Being the Letters of Kiliaen Van Rensselaer, 1630-1643, and other documents relating to the colony of Rensselaerswyck, Albany, University of the State of New York, 1908, p. 816.

    71NYSA A0270-78 vol. 2, doc. 148d-148e ; trad. RPS2, p. 324.

    72NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 596c ; Box 1.2.3 doc. 304b, 534a ; trad. RNA, vol. 2, p. 122-123 ; vol. 3, p. 373-374 ; vol. 4, p. 103.

    73NYMA RNA Box 1.2.3 doc. 286b ; trad. RNA, vol. 3, p. 362.

    74NYMA RNA Box 1.2.4 doc. 157b, 166e, 167b, 167d, 171b, 182a ; trad. RNA, vol. 4, p. 243, 254, 262-263.

    75Arie Th. Van Deursen, Plain Lives in a Golden Age: Popular Culture, Religion and Society in Seventeenth-Century Holland, trad. Maarten Ultee, Cambridge, Cambridge University Press, 1991, p. 95.

    76NYMA RNA Box 1.2.5 doc 284a ; trad. RNA, vol. 6, p. 56.

    77D. Van den Heuvel, Women and Entrepreneurship, op. cit., p. 67-68.

    78NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 466d, 532d ; trad. RNA, vol. 2, p. 64, 68.

    79Jacob Steendam et Henry Cruse Murphy, Jacob Steendam, Noch Vaster: A Memoir of the First Poet in New Netherland, With His Poems Descriptive of the Colony, La Haye, Brothers Giunta d’Albani, 1861.

    80Alors que le bail pour la maison louée par le couple a expiré et qu’un nouveau bail a été émis en faveur d’un tiers, l’avocat Paulus Schrick, Verbeeck en personne comparaît à la cour et refuse de vider les lieux : NYMA RNA Box 1.2.1, 573a ; trad. RNA, vol. 2, p. 101-102 cité in Isaac Newton Phelps Stokes, The Iconography of Manhattan Island – 1498-1909: Compiled from Original Sources and Illustrated by Photo Intaglio Reproductions of Important Maps, Plans, Views and Documents in Public and Private Collections, New York, Robert H. Dodd, 1915, p. 282-283.

    81NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 418a, 420b, 424b, 468e, 474g, 569a ; trad. RNA, vol. 1, p. 381-382, 387-388, 410 ; vol. 2, p. 8, 98, 201-202.

    82NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 536e ; trad. RNA, vol. 2, p. 64.

    83NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 539e, 543d & e ; trad. RNA, vol. 2, p. 68, 71-72.

    84Ibid.

    85Ibid.

    86Évoqué au chapitre précédent.

    87NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 526a, 583b ; Box 1.2.2 doc. 22a, 128d, 133f, 237d, 255b, 256a ; Box 1.2.3 doc. 302b ; Box 1.2.4 doc. 4c, 7b, 202c, 204b, 258b, 362d ; trad. RNA, vol. 2, p. 54, 110, 178, 276, 280, 380, 394-395 ; vol. 3, p. 372 ; vol. 4, p. 129, 131, 279, 280, 315-316 ; vol. 5, p. 281-282.

    88NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 539a ; trad. RNA, vol. 2, p. 67.

    89NYMA RNA Box 1.2.2 doc. 187b ; trad. RNA, vol. 2, p. 335.

    90Ibid.

    91NYMA RNA Box 1.2.2 doc. 230c ; trad. RNA, vol. 2, p. 374.

    92NYMA RNA Box 1.2.4 doc. 239c, 240b ; trad. RNA, vol. 4, p. 304.

    93NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 157f, 361b ; Box 1.2.2 doc. 400b, 493a ; Box 1.2.3 doc. 171c, 331d ; trad. RNA, vol. 1, p. 122, 330 ; vol. 3, p. 76, 134, 287, 391.

    94NYMA RNA Box1.2.3 doc. 154c ; trad. RNA, vol. 3, p. 275.

    95NYMA RNA Box 1.2.2 doc. 422d ; trad. RNA, vol. 3, p. 90.

    96Elaine Forman Crane, Witches, Wife Beaters, and Whores: Common Law and Common Folk in Early America, Ithaca, Cornell University Press, 2011, p. 17-45.

    97NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 352a ; trad. RNA, vol. 1, p. 316, 319.

    98NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 531f, 532b ; trad. RNA, vol. 2, p. 60.

    99NYMA RNA Box 1.2.2 doc. 403d, 407c, 410d ; trad. RNA, vol. 3, p. 78, 80.

    100NYMA RNA Box 1.2.2 doc. 526e ; trad. RNA, vol. 3, p. 155.

    101Natalie Zemon Davis, Pour sauver sa vie. Les récits de pardon au xvie siècle, Paris, Le Seuil, 1988.

    102Loïc Cadiet et al. (éd.), Figures de femmes criminelles : De l’Antiquité à nos jours, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2010, p. 8.

    103NYMA RNA vol. 1.1.1 doc. 50a ; trad. RNA, vol. 1, p. 33-34.

    104J. Venema, Beverwijck, op. cit., p. 272.

    105LO p. 12, 25, 34, 38, 52, 60, 69, 93.

    106NYMA RNA vol. 1.1.1 doc.7 ; trad. RNA, vol. 1, p. 6-8.

    107NYMA RNA Box 1.2.3 doc. 69b ; trad. RNA, vol. 3, p. 117-118.

    108NYMA RNA vol. 1.2.1 doc. 282f ; trad. RNA, vol. 1, p. 255-256.

    109Ibid.

    110NYMA RNA vol. 1.2.1 doc. 227c ; trad. RNA, vol. 1, p. 192 ; NYSA A1809 vol. 5 doc. 253, 343, 345 ; trad. Arnold J. F. Van Laer (éd.), Council Minutes 1652-1654, Baltimore, Genealogical Publishing Co., 1983, p. 137, 172-173, 180-181.

    111NYMA RNA Box 1.2.2 doc. 159b ; trad. RNA, vol. 2, p. 306-307.

    112NYMA RNA Box 1.2.4 doc. 148b ; trad. RNA, vol. 4, p. 236.

    113NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 240c ; trad. RNA, vol. 1, p. 207-208.

    114Jocelyne Leblois-Happe, in L. Cadiet et al. (éd.), Figures de femmes criminelles, op. cit., p. 179-195.

    115Daniel Vickers (éd.), A Companion to Colonial America, Malden, Blackwell, 2003, p. 408-423 ; Jeremy Adelman et Stephen Aron, « From Borderlands to Borders: Empires, Nation-States, and the Peoples in between in North American History », American Historical Review, 104/3, 1999, p. 814-841 ; John R. Wunder et Pekka Hämäläinen, « Of Lethal Places and Lethal Essays », American Historical Review, 104/4, 1999, p. 1229-1234.

    116Erin B. Kramer, “The Entire Trade to Themselves”: Contested Authority, Intimate Exchanges, and the Political Economy of the Upper Hudson River Region, 1626-1713, Madison, PhD Diss., University of Wisconsin, 2018 ; Donna Merwick, The Shame and the Sorrow: Dutch-Amerindian Encounters in New Netherland, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2006 ; Mark Meuwese, Brothers in Arms, Partners in Trade: Dutch-Indigenous Alliances in the Atlantic World, 1595-1674, Leyde, Brill, 2012, p. 228-285.

    117Jon Parmenter, « The Meaning of Kaswentha and the Two Row Wampum Belt in Haudenosaunee (Iroquois) History: Can Indigenous Oral Tradition be Reconciled with the Documentary Record? », Journal of Early American History, 3/1, 2013, p. 82-109.

    118Johannes Megapolensis, Een kort ontwerp, van de Mahakvase Indianen, haer landt, tale, statuere, dracht, godes-dienst ende magistrature. Aldus beschreven ende nu kortelijck den 26. Augusti 1644. opgesonden uyt Nieuwe Neder-lant. Door Johannem Megapolensem juniorem, perdicant aldaar. Mitgaders een kort verhael van het leven… der Staponjers, in Brasiel, Alkmaar, Ysbrant Jansz. Van Houten, 1645, p. 6 ; trad. angl. in John Franklin Jameson (éd.), Narratives of New Netherland, 1609-1664, New York, C. Scribner’s Sons, 1909, p. 174.

    119Adriaen Van der Donck, A Description of New Netherland, trad. D. W. Goedhuys, Lincoln, University of Nebraska Press, 2008, p. 97-99.

    120Arnoldus Montanus, De nieuwe en onbekende weereld, of, Beschryving van America en ’t zuid-land: vervaetende d’oorsprong der Americaenen en zuid-landers, gedenkwaerdige togten derwaerds, gelegendheid der vaste kusten, eilanden, steden, sterkten, dorpen, tempels, bergen, fonteinen, stroomen, huisen, de natuur van beesten, boomen, planten en vreemde gewasschen, Gods-dienst en zeden, wonderlijke voorvallen, vereeuwde en nieuwe oorloogen: verciert met af-beeldsels na ’t leven in America gemaekt, Amsterdam, Jacob Meurs, 1671, 28 p. ; cité par Frans Blom in Siegfried Huigen, Jan L. de Jong et Elmer Kolfin (éd.), The Dutch Trading Companies As Knowledge Networks, Leyde, Brill, 2010, p. 104-126.

    121Johannes Megapolensis in Joost Hartgers (éd.), Beschrijvinghe van Virginia, Nieuw Nederlandt, Nieuw Engelandt, en d’eylanden Bermudes, Berbados, en S. Christoffel. Dienstelijck voor elck een derwaerts handelende, en alle voort-planters van nieuw colonien, Amsterdam, Joost Hartgers, 1651 ; trad. angl. in NNN, op. cit., p. 178.

    122A. Van der Donck, A Description of New Netherland, op. cit., p. 58.

    123James W. Bradley, Before Albany: an Archaeology of Native-Dutch Relations in the Capital Region, 1600-1664, Albany, University of the State of New York, State Education Dept., 2007, p. 38-54.

    124Harmen Meyndertsz Van den Bogaert, A Journey into Mohawk and Oneida Country, 1634-1635: the Journal of Harmen Meyndertsz van den Bogaert, trad. Charles T. Gehring, Syracuse, Syracuse University Press, 1991, p. 6. Cité par Kees-Jan Waterman, “To Do Justice to Him & Myself”: Evert Wendell’s Account Book of the Fur Trade with Indians in Albany, New York, 1695-1726, Philadelphie, American Philosophical Society Lightning Rod Press, 2008, p. 17.

    125H. M. Van den Bogaert, A Journey into Mohawk and Oneida Country, op. cit., p. 76-77. Le terme « château » désigne les maisons longues, typiques de l’habitat haudenosaunee.

    126Ibid., p. 91.

    127FOCM, p. 154.

    128NYSA A1876-78 v16 p. 203 ; trad. FOCM, p. 523-524.

    129K.-J. Waterman, To Do Justice to Him & Myself, op. cit., p. 17 (original disponible à la New-York Historical Society).

    130James H. Merrell, « The Other “Susquehannah Traders”. Women and Exchange on the Pennsylvania Frontier », in Robert Olwell et Alan Tully, Cultures and Identities in Colonial British America, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 2005, p. 197-222.

    131Anne-Marie Cantwell et Diana diZerega Wall, « Engendering New Netherland: Implications for Interpreting Early Colonial Societies », Archaeologies, 7/1, 2011, p. 121-153.

    132FOCM, p. 201-202.

    133A.-M. Cantwell et D. Wall, « Engendering New Netherland », p. 130-131 ; Stephen T. Staggs, « Declarations of Interdependence: The Nature of Dutch-Native Relations in New Netherland, 1624-1664 », in Lucianne Lavin, Dutch and Indigenous Communities in Seventeenth-Century Northeastern North America: What Archaeology, History, and Indigenous Oral Traditions Teach Us about Their Intercultural Relationships, Albany, SUNY Press, 2021, p. 66-67.

    134J. Venema, Beverwijck, op. cit., p. 310.

    135LO, p. 34, 52, 64, 93, 100, 204, 258, 310, 383, 446, 451.

    136NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 522a, 523a ; trad. RNA, vol. 2, p. 51-52.

    137LO, p. 228.

    138FOCM, p. 255, 263, 357-358, 388.

    139FOCM, p. 161, 165-166, 194.

    140FOCM, p. 141.

    141FOCM, p. 252, 254. Le jugement pour Dirckje Hermensen reprend mot pour mot celui d’Egbertjen Egberts.

    142Ibid.

    143FOCM, p. 210.

    144Un sobriquet qui pourrait désigner soit un transporteur de bière (« kaecker » étant sans doute une version archaïque de « drager »), soit un gros buveur, « kaecker » pouvant renvoyer à la mâchoire (« kaak » en néerlandais moderne), « bierkaecker ».

    145FOCM, p. 323-325, 328.

    146J. Venema, Beverwijck, op. cit., p. 167-168, 313-314.

    147Référence est faite ici aux guerres des années 1640 avec les Narragansetts et les Wampanoags en Nouvelle-Angleterre, et aux guerres anglo-powhatan en Virginie – la troisième de ces guerres voit la capture d’Opechancanough en 1646. Roxanne Dunbar-Ortiz, An Indigenous People’s History of the United States, Boston, Beacon Press, 2014, p. 69-70 ; Joseph L. Locke et Ben Wright (éd.), The American Yawp: A Massively Collaborative Open U.S. History Textbook: To 1877, Stanford, Stanford University Press, 2019, p. 41-49, 69-70.

    148NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 522a ; trad. RNA, vol. 2, p. 51-52.

    149FOCM, p. 287.

    150NYSA A0270-78 vol. 3 doc. 126b.

    151NYMA RNA Box 1.2.2 doc. 106e, 107a ; trad. RNA, vol. 2, p. 256-257.

    152LO, p. 137, 293, 378, 381, 383, 425-426, 463.

    153NYSA A1809 vol. 6 doc. 355b ; trad. angl. : CM3, p. 294-295.

    154NYMA RNA Box 1.2.2 doc. 83a ; trad. RNA, vol. 2, p. 236.

    155S. T. Staggs, « Declarations of Interdependence », art. cité, p. 79.

    156L. B. Biemer, Women and property in Colonial New York, op. cit., p. 7 ; M. D. Shattuck et K. Todt, « Capable Entrepreneurs », Women in Port, op. cit., p. 183-214.

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    1Edward T. James (éd.), Notable American Women: A Biographical Dictionary: Notable American Women, 1607-1950: A Biographical Dictionary, vol. 1, Cambridge, Belknap Press, 1971, p. 61-62 ; Jean Zimmerman, The Women of the House: How a Colonial She-Merchant Built a Mansion, a Fortune, and a Dynasty, Orlando, Harcourt Inc., 2006.

    2Jasper Danckaerts, Journal of Jasper Danckaerts, 1679-1680, New York, Scribner’s Sons, 1913, p. 54.

    3Linda Briggs Biemer, Women and Property in Colonial New York: The Transition from Dutch to English Law 1643-1727, Ann Arbor, UMI Research Press, 1983, p. 76-117.

    4Conrad Busken Huet, Het land van Rembrandt: Studiën over de Noordnederlandsche beschaving in de zeventiende eeuw, Haarlem, H. D. Tjeenk Willink, 1882 ; Johan Huizinga, La civilisation néerlandaise au dix-septième siècle, trad. Guillaume Van der Schrieck, Haarlem, H. D. Tjeenk Willink, 1941.

    5L. B. Biemer, Women and property in Colonial New York, op. cit. ; Michael Gherke, Dutch Women in New Netherland and New York in the Seventeenth Century, Morgantown, PhD Diss., West Virginia University, W. Va., 2001 ; Martha Dickinson Shattuck, A Civil Society: Court and Community in Beverwijck, New Netherland, 1652-1664, Boston, PhD Diss., Boston University, 1993 ; « Women and Trade in New Netherland », Itinerario, 18/2, 1994, p. 40-49.

    6Ce stéréotype exceptionnaliste sur les femmes néerlandaises a été décrit et déconstruit dans Els Kloek, « De geschiedenis van een stereotype. De bazigheid, ondernemingszin en zindelijkheid van vrouwen in Holland (1500-1800) », Jaarboek Centraal Bureau voor Genealogie, 58, 2004, p. 5-25. Le rôle économique des femmes a été largement retravaillé autour du projet de recherche mené par Ariadne Schmidt, centré sur les femmes et le travail aux Provinces-Unies à l’époque moderne. Ariadne Schmidt, « Vrouwenarbeid in de vroegmoderne tijd in Nederland », Tijdschrift voor sociale en economische geschiedenis, 2/3, 2005, p. 2-21 ; Danielle Van den Heuvel, Women and Entrepreneurship: Female Traders in the Northern Netherlands c. 1580-1815, Amsterdam, Aksant, 2007 ; pour une perspective comparatiste, voir Els Kloek, Nicole Teeuwen et Marijke Huisman (éd.), Women of the Golden Age. An International Debate on Women in Seventeenth-Century Holland, England and Italy, Hilversum, Verloren, 1994.

    7Martha Dickinson Shattuck et Kim Todt, « Capable Entrepreneurs: The Women Merchants and Traders of New Netherland », in Doug Catterall et Jodi Campbell (éd.), Women in Port: Gendering Communities, Economies, and Social Networks in Atlantic Port Cities, 1500-1800, Leyde, Brill, 2012, p. 184-185.

    8Firth Haring Fabend, « Sex and the City: Relations Between Men and Women in New Netherland », in Joyce D. Goodfriend (éd.), Revisiting New Netherland: Perspectives on Early Dutch America, Leyde, Brill, 2005, p. 263-283 ; Susanah Shaw Romney, New Netherland Connections: Intimate Networks and Atlantic Ties in Seventeenth-Century America, Chapel Hill, UNC Press Books, 2014.

    9La participation des femmes au monde du commerce aux Provinces-Unies a notamment été étudiée in D. Van den Heuvel, Women and Entrepreneurship, op. cit., p. 56-69.

    10Hugo de Groot, Inleiding tot de Hollandsche Rechts-geleertheid, La Haye, Hillebrand, 1631 ; Simon Van Leeuwen, Het Rooms-Hollands regt waarin de Roomse Wetten met het huydendaagse Neerlands Regt, in byzondere kortheit, so wel in vaste Regts-stoffen, als in de allerhand Ordonnantiën, Placaten, Hand-vesten, Keuren, Gewoonten, en gewijsdendeser en omliggende Landen, bevestigt, Amsterdam, Jan Boom, 1664.

    11A. Schmidt, « Vrouwen en het recht », art. cité, p. 42.

    12S. Van Leeuwen, Het Rooms-Hollands regt, op. cit. ; cité in Ariadne Schmidt, Overleven na de dood: weduwen in Leiden in de Gouden Eeuw, Amsterdam, Bert Bakker, 2001, p. 59.

    13L. B. Biemer, Women and property in Colonial New York, op. cit. ; William Heard Kilpatrick, The Dutch Schools of New Netherland and Colonial New York, Washington, Government Printing Office, 1912 ; voir aussi Jeremias Van Rensselaer, Correspondence of Jeremias van Rensselaer, 1651-1674, Albany, University of the State of New York, 1932, 504 p.

    14L. B. Biemer, Women and property in Colonial New York, op. cit., p. 83-84 (Biemer précise que le contrat de mariage établissant un régime d’usus, garantissant une séparation des patrimoines, a néanmoins disparu) ; Berthold Fernow et Walewyn Van der Veen (éd.), The Minutes of the Orphanmasters of New Amsterdam, 1655 to 1663, New York, F. P. Harper, 1902, p. 222, 225-227.

    15A. Schmidt, « Vrouwen en het recht », art. cité, p. 36.

    16Béatrice Craig, Women and Business since 1500: Invisible Presences in Europe and North America, Basingstoke, Macmillan Education, 2016 ; Christine Dousset, « Commerce et travail des femmes à l’époque moderne en France », Les Cahiers de Framespa, 2, 2006 ; André Lespagnol, « Femmes négociantes sous Louis XIV. Les conditions complexes d’une promotion provisoire », in Alain Croix, Michel Lagrée et Jean Quéniart (éd.), Populations et cultures: études réunies en l’honneur de François Lebrun, Rennes, AFL, 1989, p. 463-470.

    17Lotte Van de Pol, The Burgher and the Whore: Prostitution in Early Modern Amsterdam, trad. Liz Waters, Oxford, Oxford University Press, 2011 ; Pieter Spierenburg, Written in Blood: Fatal Attraction in Enlightenment Amsterdam, Columbus, Ohio State University Press, 2004, p. 1-20 ; Dorothee Sturkenboom, in Catherine Secretan et Willem Frijhoff (éd.), Dictionnaire des Pays-Bas au siècle d’or, Paris, CNRS Éditions, 2018, p. 258-260.

    18H. de Groot, Inleiding tot de Hollandsche Rechts-geleertheid, op. cit., p. 21-22 ; cité in D. Van den Heuvel, Women and Entrepreneurship, op. cit., p. 59.

    19D. Van den Heuvel, Women and Entrepreneurship, op. cit., p. 58-63.

    20M. D. Shattuck, A Civil Society, op. cit., p. 182.

    21NYMA RNA Box 1. 2. 1 doc. 553a ; trad. RNA, vol. 2, p. 81-82.

    22L. B. Biemer, Women and property in Colonial New York, op. cit. ; M. D. Shattuck, A Civil Society, op. cit., p. vii.

    23Pour le terrain néo-néerlandais : Virginie Adane, « Penser le genre en Nouvelle Néerlande au xviie siècle : enjeux historiographiques », Nuevo Mundo Mundos Nuevos, 2013, [http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/nuevomundo/65618] ; Firth Haring Fabend, Revisiting New Netherland, op. cit. ; S. S. Romney, New Netherland Connections, op. cit.

    24D. Van den Heuvel, Women and Entrepreneurship, op. cit., p. 64-69.

    25Ibid. ; A. Schmidt, « Vrouwen en het recht », art. cité, p. 36.

    26S. S. Romney, New Netherland Connections, op. cit., p. 41-61.

    27Silvia Marzagalli, « La mise en place d’un réseau commercial et marchand : Bordeaux et les États-Unis à la fin du xviiie siècle », Réseaux marchands et réseaux de commerce concepts récents, réalités historiques du Moyen Âge au xixe siècle. Journées d’études de la composante Mobilité-Echanges-Transferts 2005-2006, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2010, p. 87-113 ; Vanessa Olry, Les femmes et le négoce à Nantes dans la seconde moitié du xviiie siècle, mémoire de master, Nantes, Nantes Université, 2020.

    28D. Catterall et J. Campbell (éd.), Women in Port, op. cit. ; Amy Louise Erickson, Women and Property in Early Modern England, Londres/New York, Routledge, 2002 ; Sheryllynne Haggerty, The British-Atlantic Trading Community,1760-1810: Men, Women, and the Distribution of Goods, Leyde, Brill, 2006 ; André Lespagnol, « Femmes négociantes sous Louis XIV », in Populations et cultures, op. cit. ; Bernard Michon et Nicole Dufournaud (éd.), Femmes et négoce dans les ports européens (fin du Moyen Âge-xixe siècle), Berne, Peter Lang, 2018 ; David Pennington, Going to Market: Women, Trade and Social Relations in Early Modern English Towns, C. 1550-1650, Farnham, Ashgate, 2015.

    29Benoît Grenier et Catherine Ferland, « “Quelque longue que soit l’absence” : procurations et pouvoir féminin à Québec au xviiie siècle », Clio. Femmes, Genre, Histoire, 37, 2013, p. 197-225 ; sur la participation structurelle des femmes au commerce : Jan Noel, « N’être plus la déléguée de personne : une réévaluation du rôle des femmes dans le commerce en Nouvelle-France », Revue d’histoire de l’Amérique française, 63/2-3, 2010, p. 209-241 ; Lilianne Plamondon, « Une femme d’affaires en Nouvelle-France : Marie-Anne Barbel, veuve Fornel », Revue d’histoire de l’Amérique française, 31/2, 1977, p. 165-185.

    30B. Grenier et C. Ferland, « “Quelque longue que soit l’absence” », art. cité.

    31Laurel Thatcher Ulrich, Good Wives: Image and Reality in the Lives of Women in Northern New England, 1650-1750, New York, Knopf, 1982, p. 9.

    32Mary Beth Norton, Founding Mothers & Fathers: Gendered Power and the Forming of American Society, New York, Vintage Books, 1997, p. 84-89 ; Linda Sturtz, Within Her Power: Propertied Women in Colonial Virginia, New York, Routledge, 2013, p. 71-86.

    33Cornelia Hughes Dayton, Women Before the Bar: Gender, Law, and Society in Connecticut, 1639-1789, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1995, p. 69-71 ; Elizabeth Pruden, Family, Community, Economy: Women’s Activity in South Carolina, 1670-1770, Minneapolis, PhD Diss., University of Minnesota, 1996 ; L. Sturtz, Within Her Power, op. cit., p. 71-86 ; L. T. Ulrich, Good Wives, op. cit., p. 35-50.

    34E. Pruden, Family, Community, Economy, op. cit., p. 290.

    35Archives de Simon Hart à Amsterdam : Stadsarchief Amsterdam (SAA), 883-597 (transcription d’actes notariés) ; archives du Secrétaire Provincial (NYSA A0270), éditées par Kenneth Scott et traduites par Arnold Van Laer. Arnold J. F. Van Laer, Register of the Provincial Secretary, 1638-1642, trad. Arnold J. F. Van Laer, Baltimore, Genealogical Publishing Co., 1974 ; Register of the Provincial Secretary, 1642-1647, trad. Arnold J. F. Van Laer, Baltimore, Genealogical Publishing, 1974 ; Register of the provincial secretary, 1648-1660, trad. Arnold J. F. Van Laer, Baltimore, Genealogical Publ., 1974.

    36RPS1, p. 141-142 (original perdu dans l’incendie du Capitole d’Albany en 1911) ; RPS3, p. 376-377.

    37NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 334c ; trad. RNA, vol. 1, p. 308-309.

    38S. S. Romney, New Netherland Connections, op. cit., p. 66-121.

    39NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 223f ; trad. RNA, vol. 1, p. 188.

    40NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 301-465 ; trad. RNA, vol. 1, p. 275-421.

    41D’après la base de données Voyages of New Netherland, [https://airtable.com/shrMDlcIOR4lhG2hh], consulté en février 2022. Concerne au moins le Bontekoe, le Witte Paert et le Vergulde Bever, qui quittent La Nouvelle-Amsterdam le 21 novembre en direction des Provinces-Unies et rapatrient, par ailleurs, des colons expulsés de Nouvelle-Suède.

    42M. D. Shattuck, A Civil Society, op. cit. ; citée in Janny Venema, Beverwijck: A Dutch Village on the American Frontier, 1652-1664, Albany, SUNY Press, 2003, p. 187.

    43B. Grenier et C. Ferland, « “Quelque longue que soit l’absence” », art. cité.

    44NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 445a ; trad. RNA, vol. 1, p. 406-407.

    45NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 422 a ; trad. RNA, vol. 1, p. 385.

    46NYSA A1809 vol. 6 doc. 298 et 352c ; trad. angl. in Council Minutes 1655-1656, Syracuse, Syracuse University Press, 1995, p. 237, 291-292.

    47M. D. Shattuck et K. Todt, « Capable Entrepreneurs », Women in Port, op. cit., p. 183-214.

    48B. Craig, Women and Business since 1500, op. cit. ; C. Dousset, « Commerce et travail des femmes à l’époque moderne en France », art. cité, p. 11.

    49Derek L. Phillips, Well-Being in Amsterdam’s Golden Age, Amsterdam, Amsterdam University Press, 2008, p. 49.

    50Jonathan Pearson et Arnold J. F. Van Laer (éd.), Early Records of the City and County of Albany, and Colony of Rensselaerswyck, vol. 3, Albany, University of the State of New York, 1869, p. 86-87, 98, 216 ; cité par M. D. Shattuck et K. Todt, « Capable Entrepreneurs », Women in Port, op. cit., p. 208.

    51Edmund Bailey O’Callaghan (éd.), Laws and Ordinances of New Netherland, 1638-1674, Baltimore, Weed, Parsons & Co., 1868, p. 29, 86-89, 251.

    52Maarten Hell, De Amsterdamse herberg (1450-1800): geestrijk centrum van het openbare leven, Amsterdam, Boom, 2020.

    53J. Venema, Beverwijck, op. cit., p. 304.

    54Charles T. Gehring (éd.), Fort Orange Court Minutes (1652-1660), Syracuse, Syracuse University Press, 1990, p. 289.

    55J. Venema, Beverwijck, op. cit., p. 186-187, 302 sqq.

    56FOCM p. 154, 161, 166, 176, 194.

    57Kenneth T. Scott, « New Amsterdam’s Taverns and Tavernkeepers, pt 1 » ; « New Amsterdam’s Taverns and Tavernkeepers: II », de Halve Maen, 39/2, 1964, p. 9-10, 15 ; « New Amsterdam’s Taverns and Tavernkeepers: III », de Halve Maen, 39/3, 1964, p. 13-15 ; « New Amsterdam’s Taverns and Tavernkeepers: IV », de Halve Maen, 39/4, 1965, p. 11-12, 15.

    58NYMA RNA Box 1.2.2 doc. 184c, 216c ; trad. RNA, vol. 2, p. 333, 363. La possibilité d’un contrat prénuptial pour préserver son commerce est évoquée par M. D. Shattuck et K. Todt, « Capable Entrepreneurs », Women in Port, op. cit., p. 210.

    59NYMA RNA Box 1.2.3 doc. 33a ; trad. RNA, vol. 3, p. 194.

    60NYMA RNA Box 1.2.4 doc. 170b ; trad. RNA, vol. 4, p. 253.

    61M. D. Shattuck et K. Todt, « Capable Entrepreneurs », Women in Port, op. cit., p. 205 ; Morton Wagman, « Corporate Slavery in New Netherland », Journal of Negro History, 65/1, 1980, p. 34-42.

    62J. Noel, « N’être plus la déléguée de personne », art. cité.

    63Lois Green Carr et Lorena S. Walsh, « The Planter’s Wife: The Experience of White Women in Seventeenth-Century Maryland », The William and Mary Quarterly, 34/4, 1977, p. 542-571.

    64Semblablement, Laurel Ulrich et Cornelia Dayton soulignent que l’arrangement spatial des maisons novanglaises n’est pas spécialisé, ce qui justifie l’implication des épouses dans les affaires de leur mari : C. H. Dayton, Women before the bar, op. cit., p. 69-71 ; L. T. Ulrich, Good Wives, op. cit., p. 35-50.

    65A. Schmidt, Overleven na de dood, op. cit., p. 60.

    66J. Danckaerts, Journal, op. cit., p. 204.

    67Ibid.

    68Elle a longtemps été assimilée à Cathalina, épouse de Sander Leendertsz ; Janny Venema suggère qu’il pourrait également s’agir de Marritie Damen ou de Lysbet Van Eps/Banckers : J. Venema, Beverwijck, op. cit., p. 189.

    69John Romeyn Brodhead, Berthold Fernow et E. B. O’Callaghan, Documents Relative to the Colonial History of the State of New York, vol. 3, Albany, Weed, Parsons and Co., 1853, p. 165-166.

    70Arnold J. F. Van Laer (éd.), Van Rensselaer Bowier Manuscripts, Being the Letters of Kiliaen Van Rensselaer, 1630-1643, and other documents relating to the colony of Rensselaerswyck, Albany, University of the State of New York, 1908, p. 816.

    71NYSA A0270-78 vol. 2, doc. 148d-148e ; trad. RPS2, p. 324.

    72NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 596c ; Box 1.2.3 doc. 304b, 534a ; trad. RNA, vol. 2, p. 122-123 ; vol. 3, p. 373-374 ; vol. 4, p. 103.

    73NYMA RNA Box 1.2.3 doc. 286b ; trad. RNA, vol. 3, p. 362.

    74NYMA RNA Box 1.2.4 doc. 157b, 166e, 167b, 167d, 171b, 182a ; trad. RNA, vol. 4, p. 243, 254, 262-263.

    75Arie Th. Van Deursen, Plain Lives in a Golden Age: Popular Culture, Religion and Society in Seventeenth-Century Holland, trad. Maarten Ultee, Cambridge, Cambridge University Press, 1991, p. 95.

    76NYMA RNA Box 1.2.5 doc 284a ; trad. RNA, vol. 6, p. 56.

    77D. Van den Heuvel, Women and Entrepreneurship, op. cit., p. 67-68.

    78NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 466d, 532d ; trad. RNA, vol. 2, p. 64, 68.

    79Jacob Steendam et Henry Cruse Murphy, Jacob Steendam, Noch Vaster: A Memoir of the First Poet in New Netherland, With His Poems Descriptive of the Colony, La Haye, Brothers Giunta d’Albani, 1861.

    80Alors que le bail pour la maison louée par le couple a expiré et qu’un nouveau bail a été émis en faveur d’un tiers, l’avocat Paulus Schrick, Verbeeck en personne comparaît à la cour et refuse de vider les lieux : NYMA RNA Box 1.2.1, 573a ; trad. RNA, vol. 2, p. 101-102 cité in Isaac Newton Phelps Stokes, The Iconography of Manhattan Island – 1498-1909: Compiled from Original Sources and Illustrated by Photo Intaglio Reproductions of Important Maps, Plans, Views and Documents in Public and Private Collections, New York, Robert H. Dodd, 1915, p. 282-283.

    81NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 418a, 420b, 424b, 468e, 474g, 569a ; trad. RNA, vol. 1, p. 381-382, 387-388, 410 ; vol. 2, p. 8, 98, 201-202.

    82NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 536e ; trad. RNA, vol. 2, p. 64.

    83NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 539e, 543d & e ; trad. RNA, vol. 2, p. 68, 71-72.

    84Ibid.

    85Ibid.

    86Évoqué au chapitre précédent.

    87NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 526a, 583b ; Box 1.2.2 doc. 22a, 128d, 133f, 237d, 255b, 256a ; Box 1.2.3 doc. 302b ; Box 1.2.4 doc. 4c, 7b, 202c, 204b, 258b, 362d ; trad. RNA, vol. 2, p. 54, 110, 178, 276, 280, 380, 394-395 ; vol. 3, p. 372 ; vol. 4, p. 129, 131, 279, 280, 315-316 ; vol. 5, p. 281-282.

    88NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 539a ; trad. RNA, vol. 2, p. 67.

    89NYMA RNA Box 1.2.2 doc. 187b ; trad. RNA, vol. 2, p. 335.

    90Ibid.

    91NYMA RNA Box 1.2.2 doc. 230c ; trad. RNA, vol. 2, p. 374.

    92NYMA RNA Box 1.2.4 doc. 239c, 240b ; trad. RNA, vol. 4, p. 304.

    93NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 157f, 361b ; Box 1.2.2 doc. 400b, 493a ; Box 1.2.3 doc. 171c, 331d ; trad. RNA, vol. 1, p. 122, 330 ; vol. 3, p. 76, 134, 287, 391.

    94NYMA RNA Box1.2.3 doc. 154c ; trad. RNA, vol. 3, p. 275.

    95NYMA RNA Box 1.2.2 doc. 422d ; trad. RNA, vol. 3, p. 90.

    96Elaine Forman Crane, Witches, Wife Beaters, and Whores: Common Law and Common Folk in Early America, Ithaca, Cornell University Press, 2011, p. 17-45.

    97NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 352a ; trad. RNA, vol. 1, p. 316, 319.

    98NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 531f, 532b ; trad. RNA, vol. 2, p. 60.

    99NYMA RNA Box 1.2.2 doc. 403d, 407c, 410d ; trad. RNA, vol. 3, p. 78, 80.

    100NYMA RNA Box 1.2.2 doc. 526e ; trad. RNA, vol. 3, p. 155.

    101Natalie Zemon Davis, Pour sauver sa vie. Les récits de pardon au xvie siècle, Paris, Le Seuil, 1988.

    102Loïc Cadiet et al. (éd.), Figures de femmes criminelles : De l’Antiquité à nos jours, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2010, p. 8.

    103NYMA RNA vol. 1.1.1 doc. 50a ; trad. RNA, vol. 1, p. 33-34.

    104J. Venema, Beverwijck, op. cit., p. 272.

    105LO p. 12, 25, 34, 38, 52, 60, 69, 93.

    106NYMA RNA vol. 1.1.1 doc.7 ; trad. RNA, vol. 1, p. 6-8.

    107NYMA RNA Box 1.2.3 doc. 69b ; trad. RNA, vol. 3, p. 117-118.

    108NYMA RNA vol. 1.2.1 doc. 282f ; trad. RNA, vol. 1, p. 255-256.

    109Ibid.

    110NYMA RNA vol. 1.2.1 doc. 227c ; trad. RNA, vol. 1, p. 192 ; NYSA A1809 vol. 5 doc. 253, 343, 345 ; trad. Arnold J. F. Van Laer (éd.), Council Minutes 1652-1654, Baltimore, Genealogical Publishing Co., 1983, p. 137, 172-173, 180-181.

    111NYMA RNA Box 1.2.2 doc. 159b ; trad. RNA, vol. 2, p. 306-307.

    112NYMA RNA Box 1.2.4 doc. 148b ; trad. RNA, vol. 4, p. 236.

    113NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 240c ; trad. RNA, vol. 1, p. 207-208.

    114Jocelyne Leblois-Happe, in L. Cadiet et al. (éd.), Figures de femmes criminelles, op. cit., p. 179-195.

    115Daniel Vickers (éd.), A Companion to Colonial America, Malden, Blackwell, 2003, p. 408-423 ; Jeremy Adelman et Stephen Aron, « From Borderlands to Borders: Empires, Nation-States, and the Peoples in between in North American History », American Historical Review, 104/3, 1999, p. 814-841 ; John R. Wunder et Pekka Hämäläinen, « Of Lethal Places and Lethal Essays », American Historical Review, 104/4, 1999, p. 1229-1234.

    116Erin B. Kramer, “The Entire Trade to Themselves”: Contested Authority, Intimate Exchanges, and the Political Economy of the Upper Hudson River Region, 1626-1713, Madison, PhD Diss., University of Wisconsin, 2018 ; Donna Merwick, The Shame and the Sorrow: Dutch-Amerindian Encounters in New Netherland, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2006 ; Mark Meuwese, Brothers in Arms, Partners in Trade: Dutch-Indigenous Alliances in the Atlantic World, 1595-1674, Leyde, Brill, 2012, p. 228-285.

    117Jon Parmenter, « The Meaning of Kaswentha and the Two Row Wampum Belt in Haudenosaunee (Iroquois) History: Can Indigenous Oral Tradition be Reconciled with the Documentary Record? », Journal of Early American History, 3/1, 2013, p. 82-109.

    118Johannes Megapolensis, Een kort ontwerp, van de Mahakvase Indianen, haer landt, tale, statuere, dracht, godes-dienst ende magistrature. Aldus beschreven ende nu kortelijck den 26. Augusti 1644. opgesonden uyt Nieuwe Neder-lant. Door Johannem Megapolensem juniorem, perdicant aldaar. Mitgaders een kort verhael van het leven… der Staponjers, in Brasiel, Alkmaar, Ysbrant Jansz. Van Houten, 1645, p. 6 ; trad. angl. in John Franklin Jameson (éd.), Narratives of New Netherland, 1609-1664, New York, C. Scribner’s Sons, 1909, p. 174.

    119Adriaen Van der Donck, A Description of New Netherland, trad. D. W. Goedhuys, Lincoln, University of Nebraska Press, 2008, p. 97-99.

    120Arnoldus Montanus, De nieuwe en onbekende weereld, of, Beschryving van America en ’t zuid-land: vervaetende d’oorsprong der Americaenen en zuid-landers, gedenkwaerdige togten derwaerds, gelegendheid der vaste kusten, eilanden, steden, sterkten, dorpen, tempels, bergen, fonteinen, stroomen, huisen, de natuur van beesten, boomen, planten en vreemde gewasschen, Gods-dienst en zeden, wonderlijke voorvallen, vereeuwde en nieuwe oorloogen: verciert met af-beeldsels na ’t leven in America gemaekt, Amsterdam, Jacob Meurs, 1671, 28 p. ; cité par Frans Blom in Siegfried Huigen, Jan L. de Jong et Elmer Kolfin (éd.), The Dutch Trading Companies As Knowledge Networks, Leyde, Brill, 2010, p. 104-126.

    121Johannes Megapolensis in Joost Hartgers (éd.), Beschrijvinghe van Virginia, Nieuw Nederlandt, Nieuw Engelandt, en d’eylanden Bermudes, Berbados, en S. Christoffel. Dienstelijck voor elck een derwaerts handelende, en alle voort-planters van nieuw colonien, Amsterdam, Joost Hartgers, 1651 ; trad. angl. in NNN, op. cit., p. 178.

    122A. Van der Donck, A Description of New Netherland, op. cit., p. 58.

    123James W. Bradley, Before Albany: an Archaeology of Native-Dutch Relations in the Capital Region, 1600-1664, Albany, University of the State of New York, State Education Dept., 2007, p. 38-54.

    124Harmen Meyndertsz Van den Bogaert, A Journey into Mohawk and Oneida Country, 1634-1635: the Journal of Harmen Meyndertsz van den Bogaert, trad. Charles T. Gehring, Syracuse, Syracuse University Press, 1991, p. 6. Cité par Kees-Jan Waterman, “To Do Justice to Him & Myself”: Evert Wendell’s Account Book of the Fur Trade with Indians in Albany, New York, 1695-1726, Philadelphie, American Philosophical Society Lightning Rod Press, 2008, p. 17.

    125H. M. Van den Bogaert, A Journey into Mohawk and Oneida Country, op. cit., p. 76-77. Le terme « château » désigne les maisons longues, typiques de l’habitat haudenosaunee.

    126Ibid., p. 91.

    127FOCM, p. 154.

    128NYSA A1876-78 v16 p. 203 ; trad. FOCM, p. 523-524.

    129K.-J. Waterman, To Do Justice to Him & Myself, op. cit., p. 17 (original disponible à la New-York Historical Society).

    130James H. Merrell, « The Other “Susquehannah Traders”. Women and Exchange on the Pennsylvania Frontier », in Robert Olwell et Alan Tully, Cultures and Identities in Colonial British America, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 2005, p. 197-222.

    131Anne-Marie Cantwell et Diana diZerega Wall, « Engendering New Netherland: Implications for Interpreting Early Colonial Societies », Archaeologies, 7/1, 2011, p. 121-153.

    132FOCM, p. 201-202.

    133A.-M. Cantwell et D. Wall, « Engendering New Netherland », p. 130-131 ; Stephen T. Staggs, « Declarations of Interdependence: The Nature of Dutch-Native Relations in New Netherland, 1624-1664 », in Lucianne Lavin, Dutch and Indigenous Communities in Seventeenth-Century Northeastern North America: What Archaeology, History, and Indigenous Oral Traditions Teach Us about Their Intercultural Relationships, Albany, SUNY Press, 2021, p. 66-67.

    134J. Venema, Beverwijck, op. cit., p. 310.

    135LO, p. 34, 52, 64, 93, 100, 204, 258, 310, 383, 446, 451.

    136NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 522a, 523a ; trad. RNA, vol. 2, p. 51-52.

    137LO, p. 228.

    138FOCM, p. 255, 263, 357-358, 388.

    139FOCM, p. 161, 165-166, 194.

    140FOCM, p. 141.

    141FOCM, p. 252, 254. Le jugement pour Dirckje Hermensen reprend mot pour mot celui d’Egbertjen Egberts.

    142Ibid.

    143FOCM, p. 210.

    144Un sobriquet qui pourrait désigner soit un transporteur de bière (« kaecker » étant sans doute une version archaïque de « drager »), soit un gros buveur, « kaecker » pouvant renvoyer à la mâchoire (« kaak » en néerlandais moderne), « bierkaecker ».

    145FOCM, p. 323-325, 328.

    146J. Venema, Beverwijck, op. cit., p. 167-168, 313-314.

    147Référence est faite ici aux guerres des années 1640 avec les Narragansetts et les Wampanoags en Nouvelle-Angleterre, et aux guerres anglo-powhatan en Virginie – la troisième de ces guerres voit la capture d’Opechancanough en 1646. Roxanne Dunbar-Ortiz, An Indigenous People’s History of the United States, Boston, Beacon Press, 2014, p. 69-70 ; Joseph L. Locke et Ben Wright (éd.), The American Yawp: A Massively Collaborative Open U.S. History Textbook: To 1877, Stanford, Stanford University Press, 2019, p. 41-49, 69-70.

    148NYMA RNA Box 1.2.1 doc. 522a ; trad. RNA, vol. 2, p. 51-52.

    149FOCM, p. 287.

    150NYSA A0270-78 vol. 3 doc. 126b.

    151NYMA RNA Box 1.2.2 doc. 106e, 107a ; trad. RNA, vol. 2, p. 256-257.

    152LO, p. 137, 293, 378, 381, 383, 425-426, 463.

    153NYSA A1809 vol. 6 doc. 355b ; trad. angl. : CM3, p. 294-295.

    154NYMA RNA Box 1.2.2 doc. 83a ; trad. RNA, vol. 2, p. 236.

    155S. T. Staggs, « Declarations of Interdependence », art. cité, p. 79.

    156L. B. Biemer, Women and property in Colonial New York, op. cit., p. 7 ; M. D. Shattuck et K. Todt, « Capable Entrepreneurs », Women in Port, op. cit., p. 183-214.

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