Le Joint français, 1972 et le premier « affranchissement générationnel » du fait militaire et guerrier en Bretagne
p. 339-352
Texte intégral
1Alors que le conflit du Joint Français dure depuis près de six semaines, « un gréviste » anticipe dans les colonnes d’Ouest-France la suite du mouvement social dont il est un des acteurs : « Le front tiendra grâce à l’arrière1. L’arrière, ce sont ceux qui, en Bretagne et ailleurs, se sont mis spontanément aux côtés des grévistes. Les agriculteurs des Côtes-du-Nord, du Finistère, du Morbihan, qui ont apporté des pommes de terre, des œufs, du beurre, des légumes, les coopératives qui ont apporté de la viande. Les municipalités qui ont voté des subventions, et puis tous ceux qui ont organisé des collectes2. »
2Cette métaphore guerrière, inspirée de la séquence 1914-1918, n’est pas sans interroger. Certes, on peut y voir l’ombre portée d’un emblème, le poilu, perçu positivement et auquel un militant peut décider de s’identifier pour incarner son combat, l’ancrer dans une certaine forme d’antériorité et, du même coup, le légitimer3. À l’inverse, pour le quotidien démocrate-chrétien, ce champ lexical trahit sans doute la persistance de la vieille peur d’une « guerre sociale » et met du même coup en lumière un discours contribuant à dramatiser l’actualité en recourant à la figure, pourtant très ancienne, de l’ennemi intérieur venu de l’extrême gauche. Pourtant, il n’en demeure pas moins que cette référence étonne en cette époque marquée par un vaste mouvement de déprise du fait militaire qui, fondamentalement, débute après la fin de la guerre d’Algérie et ne s’achève qu’avec l’abandon de la conscription.
3La péninsule armoricaine et le « moment » Joint français constituent un bon observatoire de cette mutation en cours qui, soulignons-le sans ambiguïté aucune, n’a rien de spécifique à la Bretagne. Après avoir rappelé combien les armées demeurent en 1972 un acteur essentiel pour la région, nous reviendrons sur cette année qui est aussi celle des dix ans des accords d’Évian et, en définitive, d’une interminable sortie de conflit4. Ce faisant, c’est bien une société en cours de civilianisation qui se donne alors à voir.
Un acteur essentiel en Bretagne : les armées
4L’une des premières choses que verrait un journaliste venu en train à Saint-Brieuc pour couvrir la grève du Joint français serait une caserne. Quittant la gare pour rejoindre l’usine de la rue Ampère, il passerait par le boulevard Charner et ferait donc face à cet imposant édifice ayant servi de garnison au 71e régiment d’infanterie (RI) de 1874 à 1940 ainsi qu’à un bataillon colonial de commandos parachutistes pendant la guerre d’Indochine puis à un bataillon territorial, le 2/38e RIT, jusqu’en 19655. Une topographie qui rappelle combien le fait militaire est encore inscrit dans le quotidien des Briochins, et des Bretons, d’alors, même si le chef-lieu du département des Côtes-du-Nord fait sans doute figure, à cette époque, de parent pauvre.
Cartographier la présence militaire
5Cette présence des armées en Bretagne est encore telle en 1972 qu’il est à dire vrai difficile d’en dresser une cartographie exhaustive. À Brest ou à Lorient, les mouvements des bâtiments rythment la vie de la rade et à Larmor-Plage, l’été, aucun touriste ne s’étonne de voir un sous-marin entrer dans le chenal, sous la citadelle de Port-Louis. Au contraire, les submersibles font partie du paysage. Si à Landivisiau et Ploemeur (Lann-Bihoué) ce sont les bases aéronavales qui constituent de véritables poumons pour les économies locales, à Coëtquidan, Meucon et Saint-Aubin-d’Aubigné (La Lande d’Ouée), ce sont les camps de l’Armée de terre qui hébergent chaque année des milliers de militaires. Sur la presqu’île de Quiberon, le fort de Penthièvre abrite les exercices du 3e régiment d’infanterie de marine en garnison à Vannes.
6Ce panorama ne doit pas être réduit à une simple vue d’état-major. Une unité est en effet un passé magnifique et magnifié, pour reprendre les termes de l’historien A. Watson, et bien des traditions régimentaires participent d’une forte affirmation régionale6. On pense ainsi au 41e RI, unité dont l’insigne est orné d’hermines7. Même chose à Guingamp où l’emblème du 48e RI, alors une unité de réservistes, arbore en plus un dolmen. Le bagad de Lann-Bihoué, fondé en 1952, rappelle pour sa part qu’Alan Stivell, et son concert du 28 février 1972, n’a nullement le monopole de la musique dite bretonne, pas plus du reste que les sonneurs qui se réunissent en août 1971 à Lorient pour une « Fête des Cornemuses » appelée à muer l’année suivante en un « festival interceltique8 ».
7C’est également par l’intermédiaire d’une histoire économique et sociale qu’il faut appréhender la présence militaire dans la péninsule armoricaine en 1972. En effet, ces casernes, mais aussi ces hôpitaux militaires (Clermont-Tonnerre à Brest et Gaston Calmette à Lorient) ou encore ces arsenaux (à Brest, Lorient ou Rennes), sans oublier les écoles (des Mousses et de Maistrance à Brest, Navale à Lanvéoc-Poulmic et bien entendu Saint-Cyr à Coëtquidan) sont autant de pourvoyeurs d’emplois directs et indirects pour une société qui, dans le sillage du premier choc pétrolier, ne tardera pas à regarder avec inquiétude la hausse du chômage. À Nantes et Saint-Nazaire, les commandes de la Marine nationale continuent d’ailleurs de donner le la de chantiers navals en crise depuis les années 19509. La situation est telle qu’à Rennes, chef-lieu d’une 3e région militaire qui englobe la Bretagne mais aussi la Vendée, l’Anjou, le Maine et la Basse-Normandie, l’armée exerce une emprise foncière incontournable10. À Saint-Brieuc, la municipalité loue à l’État la caserne Charner pour y installer divers services administratifs, dont l’antenne locale de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre ainsi que des associations de vétérans. Le ministère des Armées y conserve par ailleurs des locaux pour loger sa Délégation militaire départementale, le Centre de documentation et d’accueil de l’armée de Terre ainsi que le Service social des armées11.
8En d’autres termes, un journaliste qui, venant de Paris ou de Rennes, passerait boulevard Charner pour couvrir la grève du Joint français, aurait d’autant plus de probabilités de croiser des uniformes que la conscription est encore à l’ordre du jour.
9Certes, le temps sous les drapeaux en 1972 n’est plus le même que celui passé à la caserne 20 auparavant, ou dans les Aurès dix ans seulement plus tôt. D’ailleurs, le service cesse en 1963 d’être militaire pour devenir national, ce qui n’est pas totalement anodin12. Les modalités mêmes du paiement de l’impôt du temps, selon la belle expression héritée de la Belle époque, sont adaptées et, le 15 mars 1972, le Conseil des ministres approuve « un décret donnant aux jeunes, en application de la loi sur le service militaire, la possibilité d’effectuer un service militaire fractionné13 ». La loi du 9 juillet 1970 réduit à 12 mois le service, contre 28 pendant la guerre d’Algérie, tandis que les appelés peuvent bénéficier, contrairement à leurs aînés, de 16 jours de permission14.
10On aura beau arguer d’un rite de passage en déclin, il n’en demeure pas moins que le temps sous les drapeaux demeure encore un phénomène de masse, en Bretagne comme ailleurs du reste15. La preuve en est que dans une importante ville de garnison comme le chef-lieu du département d’Ille-et-Vilaine, la « population municipale » est recensée en excluant « les collégiens, les lycéens, les étudiants, les prisonniers, les militaires non domiciliés à Rennes16 ». Même si l’insoumission est en hausse dans les années 1970 – on relève d’ailleurs à Nantes un Groupe pour l’insoumission totale (GRIT) – l’objection de conscience reste un phénomène marginal, et pour une large part limité à la région parisienne17. En définitive, seule la hausse du taux de réforme permet de mettre le doigt sur une sensibilité militaire en fort déclin18. Là où l’on ne recense que 14 % de réformés pour la classe 1962, cette proportion est de 10 points plus élevée dix ans plus tard19. Mais les statistiques ne permettent pas de savoir comment se situe la péninsule armoricaine par rapport à ce phénomène.
Un moteur de l’antimilitarisme ?
11Cette évolution est néanmoins à mettre en parallèle avec le climat du moment, résolument pacifiste. C’est ce que rappelle, à titre d’exemple, le programme des « forums-débats » organisés tous les mois au Palais des Arts et de la Culture de Brest à l’occasion de la saison 1971-1972. Celle-ci s’ouvre en octobre 1971 sur le thème « Responsabilité des hommes devant la guerre » pour se prolonger en avril 1972 par une réflexion portant sur « l’interdiction de la guerre20 ». En Bretagne comme ailleurs, le Flower Power triomphe et l’on assiste dans le sillage d’Erving Goffman à une remise en cause des « institutions totales », idée dont l’armée est censée être l’acmé. Au Collège de France, Michel Foucault donne en 1971-1972 un cours intitulé « Théories et institutions pénales », pour enchaîner l’année suivante sur « La Société punitive » en 1972-197321. Dans ces conditions, il n’y a rien d’étonnant à ce que le pacifisme se conjugue de plus en plus intimement avec l’antimilitarisme, la guerre du Vietnam constituant ici une trame de fond à l’effet non négligeable22.
12C’est en définitive à une convergence, si ce n’est des luttes au moins des discours, que l’on assiste, la rhétorique ouvrière et anticapitaliste rencontrant dans une certaine partie de l’opinion la vulgate tiers-mondiste. L’organe de l’Union démocratique bretonne (UDB), Le Peuple breton, en est un bon exemple, lui qui en avril 1972 soutient « à Saint-Brieuc, les travailleurs du Joint français face au patronat parisien » tout en n’hésitant pas à ériger la péninsule armoricaine en victime d’une « exploitation coloniale23 ». C’est dès lors, d’une certaine manière, la guerre d’Algérie que l’on cherche à rejouer, non pas en portant des valises mais en s’en prenant frontalement à l’armée. Pour l’UDB, il s’agit ni plus ni moins de se défendre contre « l’accaparement du sol et de la mer au profit des militaires24 ». Là est une constante et, en mars 1973, soit un an tout juste après le déclenchement de la grève du Joint français, Le Peuple breton affirme que « l’industrialisation de Brest suppose des choix différents de la politique gaulliste, en premier le refus de la militarisation, notamment de la base atomique de l’île longue25 ».
13Pour autant, sans doute faut-il se garder de l’effet de loupe. Que pèse en effet le « mouvement breton » ? À peine 6 000 voix à en juger par les suffrages recueillis par les candidats de l’UDB lors des élections législatives de 197326. Plus révélateur est en revanche le fait que la rhétorique du combat anticolonialiste, et donc pour ce qui nous intéresse ici antimilitariste, soit partagée par d’autres organisations politiques, au premier rang desquelles figure le PSU, parti auquel appartient le député-maire de Saint-Brieuc au moment de la grève du Joint français, Yves Le Foll. Pour autant, il n’est pas certain que la subtile ligne de crête suivie par ce parti, qui se place en réalité dans le sillage des réflexions de Jean Jaurès, soit toujours compréhensible par l’opinion27. Ce positionnement dit néanmoins la complexe ombre portée de la guerre d’Algérie, à la fois repoussoir quasi absolu quand il s’agit de critiquer l’institution militaire mais référence revendiquée à l’heure de mener un combat « anticolonialiste ».
14Ce qui s’observe en 1972, dix ans donc après le cessez-le-feu, est en réalité l’interminable sortie d’une guerre qui, d’ailleurs, ne dit pas encore son nom. Non seulement certaines des conséquences les plus concrètes du conflit ne sont pas encore soldées mais le mouvement ancien combattant, qui peine à se structurer, semble être dépassé par une « crise de mémoire28 » en gestation qui acte le gouffre le séparant de cette jeunesse émergeant à la faveur du Joint français et, plus globalement, des années 1968.
Solder les statuts
15Si les appelés sont depuis longtemps rentrés d’Algérie, ils tardent à faire valoir leurs droits en tant que « troisième génération du feu ». En 1972, cette guerre n’en est, du point de vue de la rhétorique officielle, toujours pas une et l’on continue à parler « d’événements », la fable du « maintien de l’ordre » étant visiblement plus difficile à maintenir. Conséquence directe de la permanence de cet euphémisme, le titre de combattant n’est pas encore attribué aux « anciens d’AFN ». Il leur faut en effet attendre l’élection de Valéry Giscard d’Estaing et la loi du 29 décembre 1974, pour obtenir, en théorie, le précieux sésame29. En pratique, les décrets d’application tardent à être publiés et ralentissent d’autant l’attribution de la carte30.
16Les pieds-noirs ne sont pas mieux lotis. C’est ainsi que les services préfectoraux annoncent au début du mois de septembre 1971 que « les Français d’Outre-Mer propriétaires de biens définitivement abandonnés en Algérie, ou leurs héritiers ne disposent plus que d’un délai de deux mois expirant le vendredi 5 novembre 1971 au plus tard, pour établir leur dossier d’indemnisation ». Certes, cette réalité est quantitativement moins prégnante en Bretagne que dans le sud de la France. Pour autant, la question des rapatriés montre que cette interminable sortie de guerre s’ancre dans des réalités très concrètes. L’administration fait ainsi savoir qu’il « leur est instamment recommandé de se hâter et de ne pas attendre les dernières semaines pour déposer, en masse, leur dossier, créant ainsi un encombrement préjudiciable à l’étude de leur demande d’indemnisation31 ».
17La commémoration du 10e anniversaire du cessez-le-feu en Algérie, le 19 mars 1972, frappe par sa discrétion. À Vannes comme ailleurs, aucune autorité civile ou militaire n’est dépêchée et la manifestation a quelque chose d’officieux, parfois même de quasi clandestin. Sur le plateau de la Garenne, le président local de la Fédération nationale des anciens combattants en Algérie (FNACA) demande « que le sacrifice de nos camarades ne soit pas oublié ». Pour cela, il exige « la reconnaissance officielle et complète de la qualité de combattant sanctionnée par l’attribution de la carte32 ». À Saint-Brieuc, la commémoration réunit toutefois, à en juger par une photographie publiée par L’Ancien d’Algérie, bon nombre de personnes et quantité de drapeaux devant le monument aux morts, boulevard de la Chalotais33. Mais on ne peut qu’être frappé par la discordance des temps que souligne ce cérémonial hérité en ligne directe de la Grande Guerre quand il est comparé aux discours qui entourent le conflit qui se déroule, pourtant en même temps, à quelques centaines de mètres de là, au Joint français.
18Ce monde combattant de la « troisième génération du feu » apparaît d’autant plus en décalage qu’il est en cours de structuration. Certes, certains départements sont plus en avance que d’autres et, dans les Côtes-du-Nord, le comité départemental de la FNACA peut dès l’automne 1969 lancer une souscription « au profit des œuvres sociales34 ». Mais à Rennes, cette association est beaucoup plus à la peine et il faut attendre le 12 mars 1972 pour que soit créée une section locale, confiée à la présidence de Robert Rouault35.
19Ces difficultés s’expliquent notamment par la rivalité qui l’oppose à l’Union nationale des combattants (UNC), le conflit s’articulant surtout autour du choix d’une date pour commémorer la guerre d’Algérie, le 19 mars ne faisant pas consensus. En janvier 1970, L’Ancien d’Algérie revient ainsi sur la création d’un nouveau comité local à Loperhet, dans le Finistère : « En dépit des efforts prodigués par une Association d’A.C. bien connue pour tenter de faire échouer la FNACA, tous les membres présents ont compris que leur intérêt était d’adhérer à notre Fédération36. » Certes, à Loudéac, dans les Côtes-du-Nord, les sections locales de la FNACA et de l’UNC commémorent ensemble le dixième anniversaire du cessez-le-feu37. Mais il n’en demeure pas moins que ces conflits n’aident certainement pas à redorer l’image d’anciens combattants qui, par bien des égards, paraissent relever en 1972 d’un autre temps.
20Les concours de boules, belote ou autres galas et tournois de football ne semblent plus attirer les foules, malgré ce qu’affirment les colonnes de L’Ancien d’Algérie ou les articles de la presse locale. Il est probable que l’âge de ces anciens pas encore totalement reconnus combattants explique bien des choses : pris par les impératifs de la vie professionnelle et les obligations familiales, ils n’ont pas encore le temps de se consacrer à ce type d’engagement. Mais il y a aussi autre chose, l’impression d’une organisation qui fut centrale dans la France essentiellement rurale des années 1920-1930 et qui n’est plus nécessairement en phase avec cette Bretagne en pleine métropolisation38. Comme si l’association d’anciens combattants appartenait à un monde d’avant la voiture individuelle et le poste de télévision en couleur.
Le régime des mémoires
21De surcroît, comment ces hommes qui ont servi en Algérie pourraient-ils s’accorder avec les événements du Joint français, moment qui, on l’a vu, s’identifie plus aux militants anticolonialistes qu’aux soldats de l’armée française ? La parole des anciens combattants est d’autant moins audible qu’éclatent, en Bretagne comme ailleurs en France, un certain nombre de crises de mémoire qui prospèrent, par bien des égards, sur une fracture générationnelle. « Papa, qu’as-tu fait en Algérie ? » est une question encore taboue dans beaucoup de familles, ce qui ne signifie pour autant pas qu’elle ne se pose pas avec insistance39.
22Comme en écho à Henri Alleg, c’est bien la torture qui focalise les esprits40. En témoigne notamment ce courrier d’un « prêtre de Nantes, ancien aumônier militaire », publié le 14 mars 1972 par Ouest-France, et qui félicite le journal démocrate-chrétien pour une interview du général Pâris de Bollardière, ancien Compagnon de la Libération devenu célèbre pour s’être opposé à ces pratiques : « Avec lui et avec vous, on eut aimé que ce chapitre douloureux demeurât clos. Il n’en est rien, malheureusement ; et je crains fort que le général Massu, dont on sait le prestige, n’ait relancé une justification des méthodes dégradantes et qui ne peut qu’entretenir le trouble en de nombreux esprits : on s’étonne, en tout cas, de n’avoir entendu que si peu de protestations après la parution de son ouvrage41. »
23D’une guerre à l’autre, il n’y a d’ailleurs qu’une mince frontière et, en Bretagne comme ailleurs, le miroir sans tain de la France résistancialiste commence tout juste à se fissurer42. Deux ans après la mort du général de Gaulle, l’Élysée entend tourner la page mais n’y parvient aucunement. En témoigne notamment l’immense scandale faisant suite à la grâce présidentielle accordée, le 23 novembre 1971, soit quasiment deux mois jours pour jours après la sortie au cinéma du Chagrin et la pitié de Marcel Ophüls, au milicien Paul Touvier : une décision qui suscite un vif émoi pendant une bonne partie de l’année 1972. Quelques mois plus tard, en janvier 1973, est publié un ouvrage d’un jeune historien américain, La France de Vichy de Robert O. Paxton, livre dont il n’est vraisemblablement pas nécessaire de détailler ici l’écho43. Toutes ces crises de mémoire disent en définitive bien la défiance en laquelle est tenu, en cette année 1972, le fait militaire et guerrier.
La fin du « siècle des chefs »44
24Celui-ci ne saurait du reste être considéré isolément. En effet, la « civilianisation » en cours de la société qui se donne à voir en 1972, à l’occasion de la grève du Joint français, procède d’évolutions qui débordent de très loin le simple cadre de la caserne. Qu’il s’agisse du rapport à l’autorité ou à la terre, c’est aussi une nouvelle relation aux politiques de Défense qui émerge.
25Le soldat de 1972 n’a pas grand-chose à voir avec l’image qu’il renvoie dans une large part du corps social. Deux ans avant 1968 est en effet introduit dans le règlement de discipline générale des armées une disposition enjoignant au subordonné d’appeler « à l’autorité compétente s’il se croit l’objet d’une mesure injustifiée ou s’il reçoit un ordre illégal ». S’il n’est pas encore interdit d’interdire, il est désormais légal de contester un ordre qu’il ne le serait pas. Un décret pris en juillet 1975 va d’ailleurs encore plus loin et prescrit que « le subordonné ne doit pas exécuter un ordre prescrivant d’accomplir un acte manifestement illégal ou contraire aux coutumes de la guerre et aux conventions internationales45 ». En d’autres termes, le militaire des années 1968 est non seulement doté d’un libre arbitre mais prestement encouragé à en user. Les baïonnettes doivent désormais être « intelligentes », une situation qui contraste singulièrement avec les automates humains qu’affectionnent tant les lignes de montage industrielles, comme au Joint français.
26En 1972, sans doute les armées sont-elles d’ailleurs, du point de vue de la relation d’autorité, en avance sur bien des secteurs de la société. C’est en tout cas ce que suggère, par ricochet, un éditorial de l’économiste Jean Boissonnat publié dans l’édition des 11 et 12 mars 1972 de Ouest-France : « Le meurtre d’un jeune ouvrier maoïste à la porte de Renault, puis l’enlèvement par un groupe gauchiste d’un cadre de cette entreprise, ont réveillé le souvenir de 1968, lequel, à vrai dire, n’a jamais cessé d’occuper l’esprit des Français, comme un cauchemar chez beaucoup d’adultes, comme un espoir déçu chez beaucoup de jeunes. […] Ce qui est en cause, c’est peut-être moins le capitalisme ou le socialisme que la manière dont l’autorité est exercée dans chacun de ces régimes et les valeurs sur lesquelles l’un et l’autre donnent l’impression de se reposer46. »
27Yves Le Foll ne dit d’ailleurs pas autre chose en 1973, lors de la campagne des élections législatives : « Cet écœurement, cette indignation face à un régime impuissant et corrompu, se sont particulièrement exprimés en Bretagne au travers des luttes populaires, comme celle du Joint français, comme la bataille du lait. Ouvriers et paysans bretons ont marqué leur volonté d’en finir avec une société hiérarchisée où l’on décide sans eux et contre eux47 […]. »
28Les mouvements lycéens qui se structurent au début des années 1970, en Bretagne comme ailleurs du reste, illustrent bien cette évolution culturelle. À Saint-Brieuc, un mouvement se déclenche au début du mois de mars 1971 à la suite des sanctions qui planent contre trois élèves accusés d’avoir fait « le mur » pour aller au cinéma. Les lycéens dénoncent « le manque de liberté et d’information » qui règne dans leur établissement et forcent, par leurs revendications, le recteur d’Académie à intervenir. Quelques jours plus tard, 2 500 élèves défilent devant le lycée agricole des Trois Croix, à Rennes, là aussi pour soutenir des camarades traduits en conseil de discipline pour s’être absentés de manière injustifiée afin de participer à une manifestation. Au cours de ce même mois, on relève des troubles lycéens à Guingamp, à Lannion ou à Étel tandis qu’à Lorient, des élèves du prestigieux lycée Dupuy de Lôme entament une grève de la faim. Face à ces mouvements sociaux qui agitent les classes, le ministre de l’Éducation nationale Olivier Guichard – baron bien connu dont le fief électoral se situe à La Baule, en Loire-Atlantique – paraît désarmé : « Les lycéens ne sont pas des salariés. Que signifie la grève dans leur cas ? Je ferai fermer tous les établissements48. »
29Dans ces conditions, comment s’étonner que les armées, qui sont encore alimentées par la conscription et constituent donc un bon reflet de c’est qu’est la société française d’alors, craignent la création de comités de soldats, perçus comme des syndicats par le commandement49 ?
Vers la fin du paysan-soldat ?
30Là est sans doute une des manifestations les plus visibles du processus de civilianisation en cours de la société française, évolution qui ne saurait concerner que la caserne. Autre repère traditionnel, l’Église voit pour sa part grandir le poids des laïcs tandis que de moins en moins de prêtres s’affichent en soutane et col romain, comme un abandon de l’uniforme ecclésial précipité par Vatican II50. Dans le même temps, l’individualisme et le consumérisme s’affirment toujours plus, dessinant un mode de vie aux antipodes de ce qui peut être le quotidien d’un appelé effectuant son service.
31Ces mutations culturelles renvoient pour une large part aux transformations qui caractérisent la trentaine d’années suivant la Libération. En Bretagne, les chiffres sont sans appel. Si l’on compte 71 % de ruraux en 1946, contre 47 % à l’échelle de l’Hexagone, cette proportion n’est plus que de 58 % en 1962 et 41 % en 1982. Le mouvement est non seulement d’une grande ampleur mais d’une rapidité impressionnante, ce qui en creux en souligne la violence51. D’une certaine manière, la grève du Joint français est une traduction de ces mutations sociodémographiques. Entre 1962 et 1968, « l’unité urbaine » de Saint-Brieuc perd 69 « agriculteurs exploitants » et 74 « salariés agricoles » quand elle gagne 456 professions libérales et cadres supérieurs, 1 213 cadres moyens, 1 897 employés et 1 634 ouvriers52. Dans les Côtes-du-Nord, la part de l’emploi agricole chute de 37 % à 27 % entre 1968 et 1975, tendance qui dit la perte de vitesse du secteur primaire53.
32Nous souhaitons formuler ici l’hypothèse que cette mutation n’est pas sans effets sur la réception du fait militaire et guerrier. En effet, il est frappant de voir combien ces bouleversements démographiques coïncident avec la décrue de ce mythe du soldat-laboureur qui, de Cincinnatus à Nicolas Chauvin, associe le « devoir patriotique » au travail de la terre54. Bien entendu, l’issue des guerres d’Indochine et d’Algérie, sans oublier le fiasco de Suez, n’y sont à n’en pas douter pas étrangers. Mais le fait est que, pour que la figure du soldat-laboureur puisse être mobilisatrice, il importe qu’elle soit en mesure de parler à des paysans. Or les campagnes bretonnes vieillissent et, en 1969, 42 % des exploitants agricoles ont dépassé l’âge de 55 ans55. C’est aussi cela qui se joue dans le chef-lieu du département des Côtes-du-Nord lors de la grève du Joint français.
De nouveaux rapports entre politiques et militaires ?
33Le contraste entre cette nouvelle réalité socio-culturelle et le parcours des responsables politiques qui sont en première ligne lors de ce conflit, est manifeste. Si le maire de Saint-Brieuc, Yves Le Foll, est un ancien prisonnier de guerre, son premier adjoint, Édouard Quemper, est pour sa part un illustre Résistant56. Quant au Conseil général des Côtes-du-Nord, il est alors présidé par l’ancien Compagnon de la Libération René Pleven, également titulaire du portefeuille de ministre de la Justice57.
34Mais la génération politique qui émerge en ce début des années 1970 entretient un tout autre rapport aux armées. La chose est particulièrement sensible chez Edmond Hervé, originaire de La Bouillie, petit village situé à une trentaine de kilomètres de Saint-Brieuc, et parti « faire son droit » à Rennes. Elu en 1977 à la tête de cette importante ville de garnison, il tient à donner certains gages dès le début de son mandat en dépit de son expérience très relative des armées :
« Je veux montrer qu’avec mes amis, nous nous intéressons aussi à la Défense nationale. Membre du Parti socialiste, je suivais avec attention les travaux conduits par Charles Hernu sur ce sujet. Sursitaire, je n’avais pas fait la guerre d’Algérie par contre j’avais accompli mon service militaire et mon séjour à Coëtquidan m’avait permis quelques observations que je n’ai cessées par la suite d’approfondir58. »
35Un rapide tour d’horizon, qui mériterait d’être confirmé par une prosopographie fine, laisse entendre que le profil d’Edmond Hervé n’est pas à part. Lui aussi élu lors des municipales de 1977, Jean-Marc Ayrault est ainsi exempté du service national en 1976.
Conclusion
36Pour ce qui concerne le rapport au fait militaire et guerrier, 1972 ne présente aucun caractère de singularité. Au contraire, cette année n’est dans le cadre de cet article qu’un observatoire d’une tendance débutant avec les années 68 et s’achevant avec le passage, à la fin du xxe siècle, à une armée non plus de conscrits mais de métier. La citoyenneté est de moins en moins corrélée au port des armes et, comme dans une revanche de l’urne sur le treillis, la majorité est abaissée en 1974 à 18 ans. Mais si les « anciens d’AFN » peinent à faire valoir leurs droits, ils représentent en Bretagne comme ailleurs une part non négligeable de l’électorat59. Ceci dit, en creux, l’écart grandissant avec cette jeunesse qui, sur fond de guerre du Vietnam et de Flower Power, verse de plus en plus dans l’antimilitarisme et témoigne d’une société en voie de civilianisation accrue.
37Certes, la grève du Joint français constitue un événement d’importance pour qui s’intéresse à la Bretagne. Mais il n’en demeure pas moins que le fait militaire et guerrier rappelle que la péninsule armoricaine est traversée en 1972 par de profondes mutations qui ne lui sont nullement propres. Le contraste avec les commémorations du 50e anniversaire de ce conflit social, promptes à produire des récits privilégiant l’angle du particularisme régional, n’en est de ce point de vue que plus flagrant. La mémoire étant comme toujours l’outil politique du temps présent, un tel traitement en dit finalement plus sur certains combats politiques du premier quart du xxie siècle que sur la société bretonne du dernier tiers du xxe.
Notes de bas de page
1« Affranchissement générationnel » : nous empruntons cette expression à Audoin-Rouzeau Stéphane (entretien avec Confavreux Joseph), « Stéphane Audoin-Rouzeau : “nous n’avons pas pris la mesure de l’événement guerrier qui vient de s’ouvrir” », Médiapart, 15 mars 2022.
2Delorme Guy, « Un gréviste : le front tiendra grâce à l’arrière », Ouest-France (édition Vannes-Ploërmel), no 8409, 27 avril 1972, p. 6.
3Branche Raphaëlle, L’Embuscade de Palestro. Algérie 1956, Paris, La Découverte, 2018, p. 58, indique que « la filiation avec la Première Guerre mondiale vise à donner le sentiment d’un noble combat ».
4Joly Vincent et Harismendy Patrick (dir.), Algérie sortie(s) de guerre (1962-1965), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014.
5Prual Jean, « De la caserne… au centre Charner », Le Griffon, no 24, Noël 1971, p. 3 ; Demelas Marie-Pierre, Parachutistes en Indochine, Paris, Vendémiaire, 2016, p. 20.
6Watson Alexander, Enduring the Great War, Combat, Morale and Collapse in the German and British Armies, 1914-1918, Cambridge, Cambridge University Press, 2009, p. 63.
7Sur les insignes régimentaires se reporter à Boniface Xavier, « Les insignes militaires français. Identité, mémoire et symbolique guerrières », in Harismendy Patrick et Le Gall Erwan (dir.), Un Adieu aux armes. Destins d’objets en situation de post-guerre, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2019, p. 65-80.
8Le Gonidec Marie-Barbara, « Du civil au militaire, du couple à la clique : l’exemple du bagad de Lann-Bihoué », in Le Gonidec Marie-Barbara, Temps de la guerre versus temps de la paix : l’expression musicale comme agent du lien social, Paris, Éditions du CTHS, 2013, p. 93 ; Becker Roland et Le Gurun Laure, Musique bretonne, Spézet, Coop Breizh, 2021, p. 160-161.
9Plouviez David, 1987 Dubigeon, la fin de la navale, Portet-sur-Garonne, Éditions Midi-Pyrénéennes, 2021,
10Hervé Edmond, « Le maire et le général », Inflexions, no 39, 2018-3, p. 131-133.
11Prual Jean, « De la caserne… », art. cité, p. 4-5.
12Cochet François, Les Français en guerre de 1870 à nos jours, Paris, Perrin, 2017, p. 80.
13« 8 + 2 + 2 : le service militaire pourra désormais se faire en trois périodes », Ouest-France (édition Vannes-Ploërmel), no 8374, 16 mars 1972, p. 5.
14Gracieux Christophe, « France. Le crépuscule du bon pour les filles : la sexualité des conscrits dans les années 1960 et 1970 », in Blanchard Véronique, Revenin Régis et Yvorel Jean-Jacques, Paris, Autrement, 2010, p. 315.
15Gracieux Christophe, « Jeunesse et service militaire en France dans les années 1960 et 1970. Le déclin d’un rite de passage », in Bantigny Ludivine et Jablonka Ivan (dir.), Jeunesse oblige. Histoire des jeunes en France xixe-xxe siècles, Paris, Presses universitaires de France, 2009, p. 213-224.
16Hervé Edmond, Le Détail et l’horizon 1977-2008. Des années pour Rennes, Rennes, Éditions Ouest-France, 2021, p. 225.
17Quemeneur Tramor, « Le Statut des objecteurs de conscience : une bataille juridique et politique », Matériaux pour l’histoire de notre temps, no 115, 2015-1, p. 35-43.
18La « sensibilité militaire » est « l’accueil réservé à l’armée et au militaire par le corps social » (Maurin Jules, Armée, guerre, société, soldats languedociens [1889-1919], Paris, Publications de la Sorbonne, 1982, p. 167).
19Gracieux Christophe, « Jeunesse et service militaire… », art. cité, p. 224.
20« La Saison 1971-1972 au Palais des Arts et de la Culture de Brest », Le Progrès de Cornouaille, 22e année, no 1301, 9 octobre 1971, p. 4.
21Foucault Michel, Théories et institutions pénales. Cours au Collège de France (1971-1972), Paris, Éditions de l’EHESS, 2015 et Foucault Michel, La Société punitive. Cours au Collège de France (1972-1973), Paris, Éditions de l’EHESS, 2013.
22La une de l’édition du 4 mai 1972 de Ouest-France est à cet égard particulièrement intéressante. La page est divisée en trois colonnes. Celle de droite, la plus étroite, est consacrée à des actualités diverses, celle du centre, la plus large, à la reprise des négociations dans le conflit du Joint français, celle de gauche, enfin, aux renforts américains envoyés au Vietnam. Le 20 mars 1972, ce même quotidien annonce le franchissement du million de morts dans ce conflit. En mai 1972, l’Union démocratique bretonne appelle d’ailleurs « tous les Bretons à participer [aux journées d’action organisées par le Mouvement de la Paix] pour mettre fin à l’impérialisme américain au Vietnam » (« Vietnam : nouveau masque, même guerre », Le Peuple breton, no 103, mai 1972, p. 11).
23Le Peuple breton, no 102, avril 1972.
24« L’UDB et la nouvelle affaire dite du FLB », Le Peuple breton, no 105, juillet 1972, p. 2.
25« L’industrialisation de Brest (une vraie) serait un gros atout pour la Bretagne », Le Peuple breton, no 113, mars 1973, p. 1.
26Nicolas Michel et Pihan Jean, Les Bretons et la politique. 30 ans de scrutins en Bretagne 1958-1988, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1988, p. 113.
27Castagnez Noëlline, « Face à la guerre, de l’Algérie au Vietnam : une culture pacifiste ? », in Castagnez Noëlline, Jalabert Laurent, Sirinelli Jean-François, Lazar Marc et Morin Gilles (dir.), Le Parti socialiste unifié. Histoire et postérité, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013.
28Sur ce concept Suleiman Susan Rubin, Crises de mémoire. Récits individuels et collectifs de la Deuxième Guerre mondiale, trad. de l’anglais (US) par Marina Le Ruyet et Thomas Van Ruymbeke, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012, p. 43-60.
29Loi no74-1044 du 9 décembre 1974 donnant vocation à la qualité de combattant aux personnes ayant participé aux opérations effectuées en Afrique du Nord, entre le 1er janvier 1952 et le 2 juillet 1962, Journal officiel de la République française, 106e année, no 288, 9-10 décembre 1974, p. 12284.
30« Attribution de la carte du combattant retardée : pourquoi les décrets ne sont-ils pas publiés ? », L’Ancien d’Algérie, no 124, février 1975, p. 3.
31« Aux Français d’outre-mer ayant abandonné des biens en Algérie », Le Progrès de Cornouailles, 22e année, no 1296, 4 septembre 1971, p. 6.
32« Il y a dix ans, les armes se taisaient sur le sol algérien… », Ouest-France (édition Vannes-Ploërmel), no 8377, 20 mars 1972, p. 12. Sans doute s’agit-il d’éléments de langage transmis par le siège national de l’association, à Paris, puisqu’on retrouve semblable formulation dans bon nombre de comptes rendus de cérémonies.
33« Important succès des rassemblements départementaux », L’Ancien d’Algérie, no 93, avril 1972, p. 3.
34« Côtes-du-Nord », L’Ancien d’Algérie, no 65, octobre 1969, p. 7.
35« Rennes : Création d’un Comité », L’Ancien d’Algérie, no 94, mai 1972, p. 4.
36« Finistère », L’Ancien d’Algérie, no 68, janvier 1970, p. 4.
37« Loudéac », L’Ancien d’Algérie, no 93, avril 1972, p. 4.
38Prost Antoine, Les Anciens Combattants et la société française, 1914-1939, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1977 (3 tomes).
39Branche Raphaëlle, « Papa, qu’as-tu fait en Algérie ? » Enquête sur un silence familial, Paris, La Découverte, 2020.
40Alleg Henri, La Question, Paris, Les Éditions de Minuit, 1958.
41« Le courrier des lecteurs », Ouest-France (édition Vannes-Ploërmel), no 8372, 14 mars 1972, p. 8.
42Rousso Henry, Le Syndrome de Vichy de 1944 à nos jours, Paris, Le Seuil, 1990.
43Paxton Robert O., La France de Vichy, 1940-1944, Paris, Le Seuil, 1973.
44Cohen Yves, Le Siècle des chefs. Une histoire transnationale du commandement et de l’autorité (1890-1940), Paris, Éditions Amsterdam, 2013.
45Doaré Ronan, « Ordre légal, ordre illégal », Inflexions, no 24, 2013-3, p. 158.
46Boissonnat Jean, « La Jeunesse, le gauchisme et la France », Ouest-France (édition Vannes-Ploërmel), no 8370, 11-12 mars 1972, p. 1.
47Recueil des textes authentiques des programmes et engagements électoraux des députés proclamés élus à la suite des élections générales des 4 et 11 mars 1973, t. I : Ain à Meurthe-et-Moselle, Paris, Imprimerie de l’Assemblée nationale, 1973, p. 273-275.
48Jullien Claude-François (avec la collaboration de Fargier Marie-Odile), Les Lycéens. Ces nouveaux hommes, Paris, Stock, 1972, p. 13-24.
49Sur les comités de soldats, Rauzy Antoine, L’apparition et l’extension des comités de soldats en France dans les années 70 (mai 1974-mars 1976), mémoire de maîtrise d’histoire, dir. Antoine Prost et Frank Georgi, université Paris 1, 1999. Lire également à ce propos Hervé Edmond, « Le Maire et le général… », art. cité, p. 129 ainsi que Hervé Edmond, Le Détail et l’horizon…, op. cit., p. 136.
50Tranvouez Yvon, L’Ivresse et le vertige. Vatican II, le moment 68 et la crise catholique, Paris, Desclée de Brouwer, 2021.
51Minois Georges, Nouvelle histoire de la Bretagne, Paris, Fayard, 1992, p. 808-810.
52« Évolution de la population active de l’unité urbaine. Source INSEE – Extrait du mémoire de Mlle Rogier », Le Griffon, no 21, 1er trimestre 1971, p. 12.
53Guellec Agnès, « Les temps actuels (depuis 1950). Le dynamisme à maintenir », in Minois Georges (dir.), Les Côtes-du-Nord de la Préhistoire à nos jours, Saint-Jean d’Angély, Bordessoules, 1987, p. 396.
54Puymège Gérard de, Chauvin, le soldat-laboureur. Contribution à l’étude des nationalismes, Paris, Gallimard, 1993.
55Le Guen Gilbert, « D’une révolution manquée à une révolution possible », in Delumeau Jean (dir.), Histoire de la Bretagne, Toulouse, Privat, 1969, p. 513-514.
56Recueil des textes authentiques…, art. cité, p. 275, [https://maitron.fr/spip.php?article163777], page consultée le 30 mars 2022.
57Bougeard Christian, René Pleven. Un Français libre en politique, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1994.
58Hervé Edmond, Le Détail et l’horizon…, op. cit., p. 135.
59Castagnez Noëlline, Quand les socialistes français se souviennent de leurs guerres. Mémoire et identité (1944-1995), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2021, p. 348, affirme qu’en 1976 le monde combattant « pèse près de 4 millions de voix ».
Auteur
Hautes études internationales et politiques (Rennes).
Erwan Le Gall est docteur en histoire contemporaine.

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