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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Après la fin de l’histoire. Lendemains de grève et mutations dans l’entreprise (1972-1979) Un conflit voulu par un patronat de combat (4 mars-23 juin 1980) Au plus près de l’évènement Une grève sous toutes ses coutures Le sens d’une grève Conclusion Notes de bas de page Auteurs

    Le Joint français, printemps 1972

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Relire l’histoire par la fin

    Le second conflit du Joint français (1979-1980)

    François Prigent et Alain Prigent

    p. 355-372

    Texte intégral Après la fin de l’histoire. Lendemains de grève et mutations dans l’entreprise (1972-1979) Un conflit voulu par un patronat de combat (4 mars-23 juin 1980) Au plus près de l’évènement Une grève sous toutes ses coutures Le sens d’une grève Conclusion Notes de bas de page Auteurs

    Texte intégral

    « Ils chantent rouge mais ils rient jaune. »

    (Pierre Duclos)

    1Conflit emblématique des années 1968 en Bretagne1, la grève de 1972 au Joint français s’érige immédiatement en mythe politique, selon une construction mémorielle, à chaud, qui recouvre partiellement et partialement l’histoire de cette lutte, ces acteurs, ce moment. Les travaux de Vincent Porhel2 ont contribué à remettre en perspective historique et à déconstruire l’évènement. La présente étude souhaite interroger l’ombre portée de ce premier conflit sur le second, moment oublié et pourtant essentiel, advenu du 4 mars au 23 juin 1980. En dépit de sa longueur, voisine de celle de 1972, cette seconde grande grève est maîtrisée de bout en bout par un patronat de combat tenant sa revanche. La multiplicité des sources consultées permet, dans un contexte de lendemains qui déchantent, d’offrir un contrepoint au mouvement héroïsé de 1972. Les archives internes des unions départementales CFDT3 et CGT4, conservées à Saint-Brieuc, ont été dépouillées, tout comme la presse régionale5 et partisane6. Le témoignage autojustificatif de François Lépine, directeur du Joint français (1972-1978)7, a été éclairant, notamment en regard de la documentation employée pour la rédaction des notices « Maitron8 » permettant ainsi de retracer les étapes successives du conflit et de cerner les trajectoires patronales et syndicales. Malheureusement, les rapports préfectoraux font ici défaut, en raison des travaux aux Archives départementales des Côtes-d’Armor, rendant plusieurs fonds difficilement accessibles9. Les entretiens avec les acteurs de la grève de 1980, enrichissants, ont permis d’affiner la perception des débats alors en cours au sein de la CFDT. En revanche, oppositions mal cicatrisées du passé gréviste et préventions durable à l’égard des journalistes, chercheurs ou représentants des institutions publiques nous ont privé des souvenirs émanant des anciens responsables de la CGT comme de l’accès à certains documents de première main.

    2L’examen méticuleux du conflit de 1979-1980, en ses différentes étapes, dévoile l’imbrication de plusieurs temporalités, du prolongement de 1972 au début des années 198010. Le licenciement en mai 1973 du délégué CGT, Jean Le Mével, accélère les cassures militantes et l’inflexion du rapport de force syndical11 dans une entreprise sous tensions : reflux de la CFDT face à la nouvelle CFTC et aux poussées contrastées de la CGT, sur fonds d’affaissement du champ syndical et de vifs débats syndicaux internes quant à la stratégie à adopter. 1980 dessine des mondes syndicaux à fronts renversés de 1972. Inscrite dans une vague d’insubordination ouvrière12, la radicalité du mouvement survient à un moment complexe de l’histoire locale, où se mêlent grand basculement du système politique régional (y compris avec des recompositions fortes au sein des gauches13) et mutations socio-économiques profondes à l’échelle briochine. Une autre singularité à souligner, est le renouvellement du répertoire d’action patronale, caractéristique des réactions nationales de ces milieux en période de crise économique et sociale au tournant des années 1970-1980.

    Après la fin de l’histoire. Lendemains de grève et mutations dans l’entreprise (1972-1979)

    3Au lendemain du conflit de 1972, l’usine du Joint français est travaillée par des transformations importantes, mais invisibilisées par le mythe de la lutte la première modification du quotidien tient à l’arrivée d’un nouveau directeur, François Lépine, donnant l’impression d’une entreprise au calme, entre deux grèves, durant sa présence (1973-1978). En effet, les années 1970 sont marquées par un renouvellement des têtes, des pratiques et des stratégies de management de la part de la direction du Joint français, devant être remis en perspective.

    4Comme on le sait, la grève de mars 1969 réclamant déjà l’égalisation des salaires par rapport au site de Bezons en région parisienne, s’était soldée par un échec face au refus catégorique d’un quelconque rattrapage. De leur côté, en novembre 1969, CGT et CFDT avaient rejeté la proposition d’accords sur l’intéressement et l’actionnariat. Ces fermetures réciproques au dialogue conduisirent le siège parisien de l’entreprise à accaparer le pouvoir décisionnel et à imprimer une gestion frontale au mouvement de grève en 1972, au détriment de la direction opérationnelle du site briochin qui se vit dessaisie de toute marge de manœuvre. La figure la plus saisissante d’une telle dépossession est celle de Jean-Louis Donnat, ingénieur des Mines de formation14.

    5Le choc social de 1972 ouvre une autre séquence incarnée par l’arrivée, le 1er octobre, à la tête du site briochin du Joint français, d’un jeune patron de 44 ans, originaire de Dahouët, François Lépine (1928-2017)15. Il a été contacté fin juin 1972 par Georges Pébereau (alors influent directeur de cabinet des ministres successifs de l’Équipement depuis 1967) pour le compte d’Ambroise Roux, P-DG de la CGE, homme de réseaux et « prince des affaires » ayant ses habitudes à Trégastel16. Ingénieur civil des Ponts-et-Chaussées, nommé subdivisionnaire de l’Équipement dans les Côtes-du-Nord au début des années 1960, François Lépine, par ailleurs syndicaliste FO, est à cet instant ingénieur-en-chef à la DDE du Lot. S’adjoignant les services d’un autre ancien de l’Équipement, Gallaouët, il identifie d’emblée l’ampleur des tensions liées aux salaires et la déconsidération de l’usine briochine au regard des dirigeants de Bezons17.

    6Partageant les aspirations du gaullisme social et la vision de la « Nouvelle société » de Jacques Chaban-Delmas, Premier ministre jusqu’en juillet 1972, François Lépine s’attache à réformer le Joint français, ce que reflètent intentions et contenu du nouveau bulletin patronal. La stratégie de communication au sein de l’entreprise encourage ainsi le sport à travers la formation d’équipes corpo et FSGT de football, ou la généralisation des exercices physiques sur le lieu de travail18. Mais, cela n’a qu’un temps.

    7Persuadé de la validité d’un encadrement du personnel qui s’appuie sur un modèle social patiemment élaboré depuis 1972 et passe davantage par les cadres techniques que par une cogestion avec la CFDT, François Lépine, en désaccord avec la direction générale du Joint français sur ses orientations stratégiques, démissionne avec fracas fin 197819. Depuis la grande grève, en effet, plusieurs restructurations sont intervenues, faisant ainsi décroître les effectifs de 1 000 à 700 ouvriers, et attisant d’autant plus la dégradation du dialogue social que prévalent à Paris choix de la confrontation, mépris des syndicats et politique de bas salaires. Le recrutement lui-même a modifié la structure d’une entreprise dont la moitié des salariés de 1980 n’étaient pas présents en 1972, tandis que dominent désormais des OS, surtout des ouvrières ayant moins de 40 ans.

    8La combinaison de ces facteurs affecte profondément le paysage syndical et les rapports de forces20 dans une entreprise à l’histoire syndicale récente puisque la première section date seulement de 1968 en profitant des nouveaux dispositifs nationaux. Comme on l’a déjà signalé, dès le printemps 1969, une première grève s’est déroulée avec une sortie de mouvement difficile marquée par un vote serré sur la reprise du travail : 251 pour, 197 contre. En 1968-1969 le rapport de force entre CFDT et CGT pouvait se dessiner en faveur de cette dernière mais la mauvaise gestion du comité d’entreprise, provoqua une cascade de démissions d’élus en 1970, comme l’observèrent divers rapports préfectoraux relatifs à la situation sociale. En 1972, la perte de la majorité par la CGT profite à une CFDT imprégnée des idées et contradictions qui traversent alors le milieu PSU local, mais qu’il convient d’analyser dans l’aval de 1972, soit entre le licenciement de Jean Le Mével et l’émergence de Frantz Saint-Cast.

    Tableau 1. – Joint français : élections au collège d’employés et d’ouvriers (1968-1972). Sources : Bretagne Nouvelle, CFDT, 158J78.

    Octobre 1968 (CE)

    1970 (CE)

    1972 (CE)

    Inscrits

    510

    793

    802

    Votants

    442

    694

    706

    Exprimés

    367

    643

    653

    Participation

    86.6 %

    81.1 %

    88 %

    CFDT

    125 voix (1 siège) 34 %

    347 voix (3 sièges) 53.9 %

    385 voix (3 sièges)

    58.9 %

    CGT

    235 voix (3 sièges) 64 %

    284 voix (2 sièges)

    46.1 %

    266 voix (1 siège)

    40.7 %

    Nombre de sièges entre parenthèses ; CE (Comité d’établissement).
    Sources : Bretagne Nouvelle, CFDT, 158J78.

    9Si la grève de 1972 a été dominée par la CFDT-PSU, les mois suivants voient l’influence de celle-ci s’effriter et ses divisions culminer lors du Conseil d’établissement, le 8 juin 1973, au cours duquel les délégués CFDT votent le licenciement de Jean Le Mével21. Cette décision émane des élus ayant tenu le CE durant la grève, avec une culture gestionnaire, quitte à heurter les militants de cette centrale. L’évènement exprime une double fracture, cassure générationnelle et antagonisme politique se recoupant en partie. La contestation des cadres syndicaux provient de jeunes syndicalistes forgés par le conflit, aspirant aux responsabilités et sensibles à la phraséologie révolutionnaire dominante dans l’UD CFDT. En revanche, la direction de l’UD comme celle du PSU rejettent alors une « gauchisation » politique et surtout syndicale que l’on croyait soldée depuis la transformation de la CFTC-CFDT (1957-1964), qui avait vu s’opposer « tenants de la collaboration de classe » et partisans des thèses sur « le contrôle ouvrier ». Après les élections professionnelles d’octobre 1973, une scission dans la CFDT du Joint français entérine la fracture. Ceux ayant provoqué l’exclusion de Le Mével refondent alors une section CFTC, vite dénoncée sous le sobriquet de CFT « C », en référence à la CFT des usines Citroën de La Janais à Rennes.

    10Lors du congrès de l’UD-CFDT d’octobre 1973, la crise interne du Joint français nourrit les débats en pointant malaise dans l’entreprise, frictions générationnelles, menace d’une fragilisation de la section CFDT face à la reconstitution d’une antenne CFTC. Pourtant, les responsables de l’UD réaffirment l’orientation en faveur du courant post-68, caractéristique des nouveaux mouvements sociaux que vit simultanément le PSU22.

    11Ces concurrences finissent par se ressentir dans les équilibres syndicaux. Après un vote ayant conduit à la révocation des élus CFDT au CE, le 26 mars 1974, les élections au CE le 24 mai suivant et des délégués du personnel en octobre sont marquées par une campagne très dure, une forte participation et l’émergence d’un nouveau leader, en l’espèce Frantz Saint-Cast23, l’un des trois délégués CFDT.

    Tableau 2. – Joint français : élections collège ouvriers (1973-1975).

    Octobre 1973 (DP)

    Avril 1974 (CE)

    Octobre 1974 (DP)

    Octobre 1975 (DP)

    Inscrits

    826

    803

    758

    730

    Votants

    733

    775

    717

    684

    Exprimés

    670

    661

    626

    Participation

    88.7 %

    96.5 %

    94.6 %

    93.7 %

    CFDT

    327 (4) 50.9 %

    314 voix (2) 40.5 %

    299 voix (3) 45.2 %

    265 voix (3) 42.3 %

    CGT

    315 (3) 49.1 %

    270 voix (2) 37 %

    259 voix (2) 39.2 %

    219 voix (2) 35 %

    CFTC

    Pas de candidats

    134 voix (0) 17.3 %

    114 voix (1) 15.1 %

    124 voix (1) 19.8 %

    Nombre de sièges entre parenthèses ; CE (Comité d’établissement) ; DP (Délégués du personnel).
    Sources : ADCA, CFDT 158J78 ; AMSB : fonds CGT, boîte 26. En 1973, employés et ouvriers sont regroupés dans un seul collège.

    12Parallèlement aux affrontements internes à la CFDT, l’UD CGT connaît une mutation d’ampleur. L’origine en est le conflit social de la LMT à Lannion en octobre 1973, analysée comme une réplique de celui de 1972 à Saint-Brieuc puisque se déroulant également dans une entreprise des nouveaux secteurs industriels, avec une forte main-d’œuvre féminine. La pérennité de Robert Daniel, secrétaire général de l’UD, masque une double transformation marquée par un retour à la radicalité dans les luttes syndicales, base de la culture cégétiste des années 1950, en même temps qu’émerge Claude Plaquin, représentant d’une nouvelle génération militante dans un contexte d’expansion numérique de l’UD. En 1979, l’Union locale de Saint-Brieuc affiche 7 000 adhérents organisés au sein de 140 syndicats24.

    13Dans le même temps, le PCF peine à créer une cellule d’entreprise au Joint français car cela est contraire à la culture syndicale. La double appartenance est mal vécue, provoque des démissions sur fond de rivalités interpersonnelles dont témoigne, par exemple, la trajectoire de Léa Gloaguen, militante du Joint français qui venait d’être intégrée au bureau de l’UD en 197325.

    14S’appuyant sur les travaux de Roger Toinard26, formé à l’école de géographie appliquée de l’Université de Rennes, la direction du Joint français de Saint-Brieuc publie dans le bulletin patronal de novembre 1975-janvier 1976 une étude consacrée à la réalité sociale de l’entreprise avant et après le conflit de 197227. Les données publiées diffèrent sensiblement des interprétations fournies alors par Michel Phlipponneau28, fondateur de la géographie appliquée et membre éminent du CELIB. Certes, l’usine emploie toujours une main-d’œuvre féminine peu qualifiée comme s’y exercent durablement des rapports sociaux de sexe et une division sexuelle du travail29, en raison du maintien d’une forte minorité d’ouvriers (voir tableau 3). Par ailleurs, les années de fort turn-over sont révolues et prévaut désormais une sédentarisation générationnelle avec une majorité d’employés ayant une ancienneté supérieure à cinq ans. Si les OS habitent plus près du lieu de travail (voir tableau 4), on ne repère nulle « trace d’une culture ouvrière d’entreprise », cette singularité étant sans rapport donc avec les mécanismes d’insubordination évoqués par Xavier Vigna pour le Nord et l’Est de la France. En effet, le personnel du Joint s’avère être récemment intégré dans le monde usinier, contrairement aux ouvriers de Chaffoteaux, cela expliquant ultérieurement une disparité de comportements lors du processus de désindustrialisation du bassin de Saint-Brieuc30.

    Tableau 3. – Usine du Joint français Saint-Brieuc. Effectifs globaux (1970-1975).

    1970

    1975

    Hommes

    374

    396

    Femmes

    553

    500

    Total

    927

    896

    15À partir de 1970, la direction recherche la stabilisation de la main-d’œuvre comme en témoignent les statistiques, montrant la rupture après 1868-186931.

    Tableau 4. – Lieu d’habitation du personnel du Joint français Saint-Brieuc (au 31 décembre 1975).

    Hommes

    Femmes

    Total

    Saint-Brieuc

    187

    222

    409

    Hors Saint-Brieuc

    217

    278

    495

    Total

    404

    500

    904

    16Si 45 % du personnel réside à Saint-Brieuc, les autres employés vivent à moins de 10 km, surtout dans les communes adjacentes de Trégueux, Langueux, Yffiniac, Plédran ou Plérin. Par ailleurs, comme le souligne Loïc Vadelorge dans ce volume, le bassin de recrutement reflète aussi l’évolution dans la structure des embauchés : majoritairement célibataires en 1968-1969, ils vivent désormais en famille. La formation professionnelle initiale s’avère aussi un paramètre intéressant quant au profil ouvrier : 121 (dont 30 femmes) ont un CAP (soit 13,5 % du total) ; 2,2 % ont un niveau de formation supérieur au CAP ; mais 80,1 % n’ont suivi aucune formation professionnelle32.

    17En définitive, les mutations des années 1970 ont dissous l’entreprise telle qu’elle pouvait exister en 1972, modifiant donc radicalement la configuration socio-économique et les assises militantes présentes lors de la grève de 1979. Pourtant, c’est bien la mémoire mythifiée de 1972 qui prédomine dans les esprits alors que s’effectue l’entrée brutale en 1979-1980 dans la conflictualité sociale des années de crise33, consubstantielle de la fin des années 1970 et du début des années 1980.

    Un conflit voulu par un patronat de combat (4 mars-23 juin 1980)

    18Le second grand conflit du Joint français est marqué par trois moments assez distants les uns des autres : un dérapage daté de mars 1979 ; les sanctions tombant, en décembre 1979 consécutives aux poursuites judiciaires intentées contre des responsables syndicaux, pour séquestration ; l’explosion proprement dite du printemps 1980. Il se solde par un lourd échec : 26 salariés licenciés dont 10 femmes34, suggérant au journaliste Pierre Duclos de titrer « ils chantent rouge, mais ils rient jaune ». Une formule qui pense le conflit de 1980 comme un réagencement de celui advenu en 1972 en mobilisant ses mémoires de lutte.

    19Le rejeu des pratiques, acteurs ou phases tourne court, tout en consacrant le mythe fondateur du Joint français comme l’ont confirmé les entretiens avec les militants CFDT François Salmon et Julia Le Louarn, le 1er avril 2022 au siège de l’UD CFDT. Les archives disent pourtant autre chose en révélant, sur fond de dialogue social impossible, un conflit d’entreprise dur et classique, à faible degré de politisation. Il s’agit donc à cet instant d’un entre-deux-grèves, mêlant outils des luttes des années 1968 et des mouvements sociaux des années 198035.

    20Le signe le plus tangible d’une inversion des polarités peut résider dans la confrontation de deux photos. En 1972, l’ouvrier Guy Beugnot empoignait son copain d’enfance Yvon Antignac, CRS. En 1980, Henri Tallot, directeur général de l’entreprise, harangue les non-grévistes, juché en chaussettes sur le capot d’une voiture36.

    21Ainsi qu’on l’a rappelé plus haut, François Lépine, en désaccord avec sa direction générale sur les orientations industrielle et les relations avec les syndicats37, avait donné sa démission le 22 février 1979. Par nécessité, l’intérim est alors assumé par le directeur général de la société Le Joint français, Henri Tallot, dont le siège social se trouve à Bezons. Le 29 mars 1979, la séance du comité d’établissement38 sur les problèmes de salaires est émaillée d’incidents et conduit au blocage. Le député-maire PSU de Saint-Brieuc, Yves Le Foll, et plusieurs de ses adjoints se rendent alors sur place pour tenter une médiation, réactivant des pratiques déployées en 1972, avant l’évacuation de la salle à 4 heures du matin par les CRS. Accusant les syndicats de séquestration, Henri Tallot ouvre une première judiciarisation du conflit. En décembre 1979, l’annonce de 114 licenciements par la direction achève de mettre le feu aux poudres sur le site39.

    22Cette décision très lourde traduit une politique de revanche orchestrée par trois acteurs. D’une part, Henri Tallot définit la stratégie de résistance durant le conflit, n’hésitant pas à s’introduire physiquement lors des confrontations entre grévistes et non-grévistes. D’autre part, il s’appuie sur Charles de Kervasdoué, directeur de l’usine en mars 198040, ainsi que Paul Zampèze, ancien élu CGC, sous-directeur de l’usine. Ne se cachant pas de vouloir liquider le passé revendicatif et de contestations datant de 1972, la direction poursuit, dans un contexte de crise économique, trois objectifs affichés : le maintien des bas salaires, la compression des effectifs et la reprise en main de l’entreprise face aux syndicats.

    23À la veille de la présidentielle de 1981, la Bretagne est traversée par les luttes environnementales (Plogoff, naufrage du Tanio), tandis qu’à Saint-Brieuc, Chaffoteaux et Sambre-et-Meuse sont le théâtre de fortes tensions. La dégradation des relations sociales prend un tour plus accentué encore au Joint français car fin 1979, la plainte auprès du procureur de la République débouche en février 1980 sur un jugement du TGI de Saint-Brieuc condamnant les prévenus à de la prison avec sursis. La sanction à l’égard des délégués fait monter la pression sociale d’un cran : « Cette grève, on la sentait venir » ; « on ne pensait pas qu’elle durerait aussi longtemps ». S’ouvre alors une période de 15 semaines d’action mais le scénario de 1972 ne se reproduit pas. D’accord sur le principe de radicalité, les syndicats sont, en revanche, très divisés sur la stratégie à adopter et surtout ne savent jusqu’où aller ? Le mouvement oscille entre deux options : soit engager une grève générale illimitée, mais qui si elle fut envisagée, fut sans cesse reportée ; soit rechercher des relais institutionnels, voire culturels comme cela avait été le cas en 1972, avec le succès que l’on sait41. Alternant entre débrayages, blocages et grèves, les initiatives ouvrières sont entravées par l’activisme et l’intransigeance du directeur. Celui-ci sait notamment agiter menaces de licenciements et fermeture de l’usine auprès des non-grévistes dont plusieurs élus CFDT de 1972, désormais transfuges.

    Tableau 5. – Le poids des non-grévistes.

    Date

    Non-grévistes

    Date

    Non-grévistes

    26 avril 1980

    100

    10 juin 1980

    388

    2 juin 1980

    200

    13 juin 1980

    400

    4 juin 1980

    242

    14 juin 1980

    372

    5 juin 1980

    287

    16 juin 1980

    342

    24Au vu des chiffres précédents (tableau 5), reflétant les divisions salariales, la direction n’a aucun mal à espérer une grève illimitée pour en finir avec le mythe du Joint français demeurant dans toutes les têtes et servant de modèle, ce qui invite à la comparaison pour comprendre une grève « au ras du sol42 ».

    Au plus près de l’évènement

    25Le 4 mars, la mobilisation est déclenchée par des débrayages avec défilé dans les ateliers et des réductions de cadences sous forme de grève perlée. Le 11 mars, des cadres tentent de franchir le barrage devant l’usine et la direction procède à 20 mises à pied, lance neuf demandes de licenciement puis, fin mars, décide l’application d’abattements de salaire pour 150 salariés.

    26Le 10 avril, le directeur Tallot est de nouveau bloqué/séquestré dans son bureau. La contre-offensive des salariés emprunte alors plusieurs voies : recours au blocage de l’usine ciblant les personnels d’encadrement (17 avril) ; tentative d’élargissement du conflit par une manifestation publique qui rassemble 4 000 personnes (24 avril). De son côté, la direction s’appuie sur Zampèse, délégué CGC, récuse le caractère majoritaire de la grève et stigmatise la violence du mouvement, y compris par un encart publicitaire dans Le Télégramme.

    27Le durcissement du conflit s’exprime par le blocage de l’usine (5-9 mai) et l’appel à la grève illimitée, notamment de l’AG CFDT. Si le TGI de Saint-Brieuc ordonne par référé le respect de la liberté de travail (22 assignés pour action illégale), la nomination de trois experts le 8 mai 1980 ouvre un premier temps de médiation. Au lendemain de la levée des piquets de grève (mais les débrayages se poursuivent), la rencontre entre experts, syndicats et direction (13 mai) est suivie par la remise d’un mémoire intersyndical. Le 17 mai 1980, la poursuite de l’action est votée (161/36) tandis que CGC et CFTC se désolidarisent d’une direction qui se fend d’une note sèche aux syndicats le 18 mai.

    28Remis le 28 mai 1980, le rapport des experts est invalidé par la direction. Malgré une commission de conciliation à Rennes le 29 mai, la situation s’envenime. L’intransigeance patronale nourrit le vote de la grève illimitée assortie du blocage de l’usine.

    29Ayant pu pénétrer dans les locaux, privés d’électricité, par des brèches (1er juin), les ouvriers entrés en résistance se retrouvent confrontés aux non-grévistes harangués par Tallot (les 2 et 5 juin), en pleine radicalisation du conflit. Les objectifs des salariés en témoignent : prise de contrôle de la chaufferie, opération commando pour récupérer l’outillage, création d’un fonds de solidarité et d’une garderie. De son côté, Henri Tallot réclame l’intervention des forces de police et déclare, péremptoire : « on reprendra la discussion quand la légalité sera respectée ». Les non-grévistes, au poids prépondérant, arborent un badge « nous sommes la majorité et nous voulons travailler ».

    30L’expulsion des grévistes, ordonnée par le juge le 6 juin, survient avec l’intervention des CRS le 9. Une seconde grande manifestation rassemble 2 000 personnes (12 juin, avec quelques échauffourées à la sortie des non-grévistes). À l’initiative du préfet, la médiation de Henri Krier43 vient se superposer à la mobilisation des non-grévistes, harangués par Tallot, patron-militant, depuis une voiture.

    31Après l’envoi le 16 juin 1980 des lettres de licenciement, la poursuite de l’action est votée (163/36) le 17 juin, même si la CGT, opposée à l’action illégale, appelle à la reprise du travail. Ce même jour, la direction organise un vote auprès des non-grévistes : 215 sur 347 votent le texte demandant le licenciement des délégués syndicaux. Une centaine ne rend pas la pétition.

    32Le 19 juin, un vote à l’unanimité accepte la reprise du travail pour le 23 juin. Celle-ci est pour le moins chaotique. En effet, les délégués syndicaux et assignés sont refoulés tandis que les grévistes, symboliquement, pénètrent dans l’usine derrière ces mêmes responsables. Cependant, la question de la sortie de crise reste entière en raison du refus des licenciements par l’Inspection du travail le 25 juin et le rejet par la direction du rapport Krier, remis le 30 juin 1980.

    Une grève sous toutes ses coutures

    33Les archives consultées permettent de croiser deux appréhensions du conflit. Il y a d’abord une source rare, formée par le décompte des heures de grève établi par François Salmon44 permettant de suivre quasiment heure par heure la mobilisation. Sur l’autre versant, la grande maîtrise des procédures confère à Henri Tallot45 une position privilégiée, dans la mesure où il se trouve presque toujours à l’initiative, face aux actions des salariés. La contre-offensive combine, en effet, temporalité des mesures patronales et décisions de justice (voir tableaux 6 et 7).

    34L’arsenal des sanctions est très élaboré puisqu’il touche même les délégués et ensuite leurs proches, sachant que deux huissiers de justice instrumentent sans relâche pendant les quatre mois du conflit. Autant dire que la revanche patronale ne lésine pas sur les moyens.

    Tableau 6. – La maîtrise des procédures par Henri Tallot.

    Action des salariés

    Mesures patronales

    Décisions de justice

    Séquestration de Henri Tallot (29 mars 1979)

    Plainte contre six délégués syndicaux

    Appelés à comparaitre devant le TGI le 10 janvier 1980 ; les 6 condamnés à 15 jours de prison avec sursis (3 février 1980)

    Blocage de l’usine (17 avril 1980)

    Mise à pied (26 salariés dont cinq responsables syndicaux) et demande de licenciement

    Tribunal des référés (28 avril 1980) : toute entrave à la liberté de circuler doit cesser.

    TGI de Saint-Brieuc : respect de la liberté du travail (5 mai).

    Occupation de l’usine (6 juin 1980)

    Les constats d’huissier

    Les non-grévistes en mouvement

    Le juge ordonne l’expulsion des grévistes (6 juin 1980) ; intervention des CRS (9 juin 1980)

    Tableau 7. – La direction rejette toute forme de compromis.

    Demande syndicale

    Décision des autorités

    Réaction patronale

    Blocage de l’usine : recherche d’une médiation (levée du blocus)

    Nomination par le TGI de Saint-Brieuc de trois experts (8 mai 1980). Retrait du piquet de grève (12 mai). Réunion de la commission interdépartementale de conciliation (29 mai 1980)

    Refus de la direction de prendre en considération le rapport : constat de carence (29 mai 1980)

    Après intervention des CRS, recherche d’une conciliation

    Désignation d’un médiateur (Henri Krier) par le Préfet (16 juin 1980) puis remise du rapport (30 juin 1980)

    Rejet du rapport Henri Krier par la direction

    Refus des licenciements des travailleurs protégés.

    Refus par l’inspection du travail des cinq licenciements (25 juin 1980)

    Recours hiérarchiques contre les décisions de l’inspection du travail (11 et 25 juillet 1980)

    35Mais ce qui frappe le plus au fond est, pour la seconde fois dans cette même usine, l’impression vérifiée d’une singularité. Il s’agit aussi d’une situation municipale à contre-courant des configurations nationales ou régionales. Saint-Brieuc est, en effet, un laboratoire original de l’union des gauches. Au temps des divisions partisanes, Antoine Mazier avait réussi en 1959-1962 à fédérer PCF et chrétiens sociaux de l’Action travailliste avec les socialistes du PSU comme pivot. En mars 1977 et en plein développement de l’Union de la gauche, Yves Le Foll, passé successivement de la SFIO au PSU avant de rejoindre le PS, dirige une municipalité PS homogène, sans opposition de droite ou de gauche et sans avoir besoin de l’appoint du PCF et du PSU. En revanche, des législatives de 1978 aux sénatoriales de 1980, qui sont deux défaites totales ou relatives, socialistes et communistes d’un côté, anciens PSU (ralliés au PS) et fidèles au PSU se livrent une guerre féroce. Et ces oppositions passent à travers les individus. Jean Le Faucheur, devenu adjoint aux affaires sociales et Michel Cadoret, alors conseiller municipal influent, sont tout deux d’anciens syndicalistes, mais bien embarrassés par la résurgence des tensions sociales locales.

    36De tels clivages sont également repérables dans le domaine syndical puisque les UD sont marquées par le recentrage de la CFDT alors que la CGT choisit désormais la radicalité, quitte à troubler les équilibres dans les sections. Le conflit de 1980 en est une parfaite illustration. De fait, si la CFDT de l’usine réagit comme en 1972 quand la CGT se veut pragmatique, rechigne aux actions « illégales » au point que Jean-Claude Legeay46 parvient à se forger une image de syndicaliste modéré pouvant être entendu des non-grévistes.

    37Mais l’essentiel est peut-être ailleurs, à savoir qu’à l’instar des conflits contemporains, dans les Côtes-du-Nord, AOIP à Guingamp, LTT à Lannion, Chaffoteaux à Saint-Brieuc47, celui de 1980 au Joint continue d’être perçu comme un rejeu de la grève victorieuse de 1972 et non comme un mouvement défensif dans le contexte de la désindustrialisation des années 1977-1984.

    Le sens d’une grève

    38Après 16 semaines de grève sans rapport avec le front uni autogestionnaire de 1972, la reprise du travail s’effectue dans un climat de profondes divisions du personnel. La direction tient sa revanche, pouvant s’enorgueillir d’avoir brisé un mythe48 et clamant qu’en 1972, l’évènement fut la formidable solidarité et non une grève animée par « 150 [ouvriers] dans l’usine, les autres dans leur jardin ». L’amalgame du social au culturel ne prend pas en 1980, le conflit étant borné à une « simple » grève d’entreprise.

    39La grève de 1980 constitue ainsi un tournant car elle contraint à une clarification au sein d’une UD CFDT en crise, consécutivement au départ de Jean Le Faucheur en décembre 197549. La rencontre régionale de Mûr-de-Bretagne (25 juin 1980), à peine quelques jours après la fin du conflit et en présence d’Edmond Maire, mêle recherche d’alibi et paranoïa, en accusant la CGT d’avoir entraîné la CFDT dans la défaite pour gagner les élections professionnelles à venir. En bonne logique, la CGT doit assumer la défaite ouvrière, même si elle refait son retard sur la CFDT. Après 1981, le débat de fond perdure à la CFDT mais désormais en l’absence des militants les plus radicaux, désertant l’UD pour se concentrer sur les usines comme AOIP ou LTT. Un troisième facteur de fragilisation ouvrière est le destin même de l’entreprise car à peine la peur des licenciements dissipée, la crainte d’une fermeture du site ressurgit avec le projet d’une usine à Bazouges (Maine-et-Loire) alors que la production des joints toxiques a quitté Saint-Brieuc.

    40En réalité, le sens de la défaite est à chercher ailleurs et, en l’espèce, dans la signature d’un curieux accord50. Après l’échec des recours en appel devant le Tribunal administratif de Rennes, une entente prétend solder le conflit. Il s’agit d’une procédure exceptionnelle, voire sacrificielle dans la mesure où les syndicalistes qui la proposent, savent ne pas pouvoir réintégrer l’usine, mais en contrepartie obtiennent la protection sociale de bon nombre des licenciés. Ce Protocole d’accord transactionnel (dit PAT) en date du 9 décembre 1981 vise à éviter les prud’hommes pour permettre la réintégration ou l’indemnisation des personnels sanctionnés. L’hypothèse de l’amnistie présidentielle ayant fait long feu, la réintégration des 26 ouvriers licenciés et le rétablissement de la paix sociale dans l’entreprise est subordonné au départ des deux leaders de la CFDT, Frantz Saint-Cast et François Salmon51. Cela a une incidence immédiate sur les équilibres syndicaux.

    Tableau 8. – Élections des délégués du personnel. Collège ouvrier (1980-1983).

    1980

    1983

    Inscrits

    529

    470

    Votants

    480

    434

    Exprimés

    440

    414

    Participation

    83,2 %

    88,1 %

    CFDT

    201 voix (2 élus) 45,7 %

    154 voix (2 élus) 37,2 %

    CFTC

    28 voix (0 élu) 6,5 %

    23 voix (0 élu) 5,5 %

    CGT

    183 voix (2 élus) 41,4 %

    234 voix (4 élus) 56,5 %

    Voix : calculées en moyenne par rapport à l’ensemble des candidats.

    41En effet, la courte victoire de la CFDT aux élections professionnelles d’octobre 1980 est marquée par un recul en voix exprimées en sa faveur et provoque de vives réactions contre une CGT de nouveau accusée des mêmes intentions passées : « pendant que la CFDT organisait la grève, la CGT préparait les élections ». Dans cette veine, la CGT présente un candidat à la présidence du CE, même si c’est un « autonome » qui est élu à la majorité absolue ; mais en 1983, la CGT, forte d’une section de 35 membres, est devenue majoritaire (voir tableau 8). De même parvient-elle à tirer le meilleur bénéfice des avancées sociales portées par l’élection de François Mitterrand, qu’il s’agisse des lois Auroux ou de la nationalisation du groupe CGE – occasion d’une fête à la porte de l’entreprise en mars 1982. Les 39 heures, la préretraite, le contrat de solidarité, l’encadrement du travail de nuit des femmes apparaissent comme de nouvelles conquêtes sociales. Toujours adjoint au maire, Jean Le Faucheur, en visite en 1983 sur le site, l’affirme : « je n’ai pas trouvé matière à pessimisme dans les déclarations de la direction ». Mais le répit est de courte durée.

    42En effet, dès le début de la cohabitation, en 1986, la politique économique d’Édouard Balladur débouche sur la reprivatisation du groupe CGE, le Joint français passant alors sous le contrôle d’Hutchinson (groupe Total).

    Conclusion

    43Sans postérité ni mémoire, la grève de 1980 frappe par la force de la revanche patronale, concomitante du dépôt de bilan de l’usine de fabrication des Caravanes Star à Trémuson (350 salariés) en juin 1980. À la fin de cette même année, les salariés protégés sont réintégrés mais non les 26 licenciés. Devenue majoritaire dans les scrutins ultérieurs, la CGT se retrouve confrontée à la désindustrialisation, à l’affaiblissement du syndicalisme52 mais également aux nouvelles stratégies économiques du patronat. Le mythe du Joint français, emporté par la réalité de l’usine, ne survit pas à l’échec de 1980. Cinquante ans après les faits, que reste-t-il de l’histoire de deux conflits au Joint français ? Le mythe de 1972, démenti par les travaux de Vincent Porhel, perdure quand la grève de 1980 éclate. Or, celle-ci a été oubliée, pour ne pas dire refoulée comme en témoigne un indice saisissant, à savoir qu’il n’existe aucune occurrence relative à l’évènement sur le Web.

    44Ainsi qu’on l’a vu, la mémoire de 1972 écrase par son intensité et sa portée nationale les évènements ultérieurs jusqu’en 1980. En dépit des traces indéniables laissées par ce second conflit chez des femmes et des hommes, profondément marqués par la violence du mouvement et de l’offensive patronale. Mais ce passé a été emporté par un passé antérieur faisant présent en 1980, oblitérant un pan entier d’histoire ouvrière.

    45À la différence de 1972 où le collectif militant se fond dans la figure du secrétaire de l’UD, Jean Le Faucheur, il n’est que justice de rendre leur place aux militants de la seconde grande grève53, à commencer par François Salmon et Frantz Saint-Cast (CFDT) ainsi que Jean-Claude Legeay et de Jacky Robin54 (CGT).

    Notes de bas de page

    1Artières Philippe et Zancarini-Fournel Michelle (dir.), 68, une histoire collective (1962-1981), Paris, La Découverte, 2008 ; Bougeard Christian, Porhel Vincent, Richard Gilles et Sainclivier Jacqueline (dir.), L’Ouest dans les années 1968, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012 ; Bougeard Christian, Les années 68 en Bretagne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2017.

    2Porhel Vincent, Ouvriers bretons. Conflits d’usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2008.

    3Archives départementales des Côtes-d’Armor (abré. ADCA) fonds CFDT 158J, boîtes 76-79.

    4Archives municipales de Saint-Brieuc (abré AMSB), fonds CGT. Versées il y a peu, les archives CGT du Joint français se trouvent dans une dizaine de boîtes dont les no 5 et 26.

    5Ouest-France ; LeTélégramme ; Le Canard de Nantes à Brest (titre fondé par Pierre Duclos qui a couvert la grève de 1972 pour Ouest-France).

    6Le Combat socialiste, hebdomadaire de la fédération PSU des Côtes-du-Nord. Bretagne Nouvelle, hebdomadaire des fédérations PCF de Bretagne.

    7Lépine François et alii, Vers une gouvernance économique bretonne, Éditions Ares, 2014.

    8Notices du Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et du mouvement social (DBMOMS).

    9ADCA, 1079W255-257 : Grèves (1968-1975) ; 1079W289 : Renseignements généraux, synthèse (1979-1982).

    10Une séquence à replacer dans un champ historiographique renouvelé « Workplace Occupation in British Labor History (Rise, Fall and Historical Legacies) », in Labor History Review, vol. 86, no 1, 2021.

    11Prigent Alain, « Un autre Mai dans les Côtes-du-Nord. 1958, un moment d’impuissance syndicale », in Le Gall Erwan et Prigent François (dir.), C’était 1958 en Bretagne. Pour une histoire locale de la France, Rennes, Éditions Goater, 2018, p. 440-463 ; Prigent Alain (dir.), Des salles de classe aux luttes sociales. Mai-juin 68 dans les Côtes-du-Nord, Saint-Brieuc, Éditions FSU, 2009.

    12Vigna Xavier, L’insubordination ouvrière dans les années 1968. Essai d’histoire politique des usines, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2007 ; Boursier Gaëlle, Nous ne resterons pas les bâtards de la métallurgie. Histoire de la grève des Batignolles (janvier-mars 1971), mémoire de master 2, dir. Gilles Richard, université Rennes 2, 2017.

    13Prigent François, Les réseaux socialistes en Bretagne des années 1930 aux années 1980, thèse d’histoire contemporaine, dir. Jaqueline Sainclivier, université Rennes 2, 2010.

    14Sur ce représentant d’un « patronat désarmé », voir l’article de Vincent Porhel dans ce volume.

    15Lépine François et alii, op. cit., p. 27-83.

    16Sur ces figures nationales du monde économique et patronal, Bouvier Yves, Connexions électriques. Technologies, hommes et marchés dans les relations entre la Compagnie générale d’électricité et l’État, Bruxelles, Peter Lang, 2016.

    17Lépine François et alii, op. cit. La lettre des cadres de l’usine de Saint-Brieuc à la direction générale (20 mars 1969) préfigure la réaction de soutien des agents de maîtrise aux ouvriers grévistes en 1972.

    18On insistera sur le rôle de Charlotte Carnet, la femme de Georges Catros (1921-2011), ancien champion de football, secrétaire départemental du SNEP jusqu’en 1960, revenu de Polynésie en 1966, directeur départemental de la Jeunesse et des Sports avant de devenir maire PS d’Erquy (1989-1995). Au même moment, le sport féminin se développe chez Chaffoteaux avec un titre de championnes de France en 1989 grâce à Yvan Le Quéré, leur entraîneur et ancien joueur d’En Avant de Guingamp.

    19Il n’est pas inutile d’observer le relatif calme social des années Lépine entre deux grandes grèves.

    20Les données récoltées sur les effectifs syndicaux (CFDT et CGT) restent très fragmentaires.

    21ADCA, fonds CFDT. 158J11 Congrès UD (12-13 juin 1973). Il est finalement réintégré fin juin 1973 après une médiation de l’Inspection du Travail. Militant le plus en vue de la CGT, Jean Le Mével ne semble plus avoir d’activité syndicale après 1974.

    22Kernalegenn Tudi et Prigent François, « La marginalisation du PSU dans le système partisan français (1967-1975) », in Richard Gilles et Sainclivier Jacqueline (dir.), Les partis à l’épreuve de 68. L’émergence de nouveaux clivages (1971-1974), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012, p. 159-171.

    23Né à Saint-Quay-Portrieux, Frantz Saint-Cast (1950-2015) habite à Binic lors du conflit. Secrétaire de la section CFDT en 1973, délégué du personnel en 1974, il est membre du conseil de l’UD en 1975 (congrès de la Fédération de la chimie). Licencié en 1980, il quitte l’usine en 1981 après le PAT négocié avec la direction. Son épouse Sylviane fait partie des femmes licenciées en 1980. Employé de la voirie à la ville de Saint-Brieuc puis gardien du Campus Mazier, il cesse toute activité syndicale et n’a pas d’engagement politique connu. En 2014, il était membre du CCAS du Guerno, sa seconde femme, Jocelyne, étant aussi active au plan associatif.

    24AMSB, fonds CGT, boîte 5, rapport préparatoire au congrès de l’UL de Saint-Brieuc (1979).

    25Léa Gloaguen fait partie de la Délégation au ministère du Travail en 1972. Membre du bureau de l’UD en 1973, elle démissionne de la CGT en 1974.

    26Toinard Roger, Industries et main d’œuvre à Saint-Brieuc, mémoire de maîtrise de géographie, dir. M. Phlipponneau, université de Haute Bretagne, 1972.

    27AMSB, fonds CGT, Boîte 26, bulletin d’information du Joint-Français Saint-Brieuc, no 18, novembre 1975-janvier 1976. Ce matériau brut, très riche, invite à une belle histoire sociale de l’entreprise.

    28Phlipponneau Michel, Au Joint Français, les ouvriers bretons…, Saint-Brieuc, Presses universitaires de Bretagne, 1972.

    29Kergoat Danièle, « Penser la différence des sexes : rapports sociaux et division du travail entre les sexes », in Maruani Margaret (dir.), Femmes, genre et sociétés, Paris, La Découverte, 2005, p. 94-101.

    30Vincent Porhel, « Un conflit comme révélateur. Le Joint Français (1972-1980), in Jalabert Laurent et Patillon Christophe (dir.), Mouvements ouvriers et crise industrielle dans les régions de l’Ouest Atlantique des années 1960 à nos jours, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010, p. 101-111.

    31En effet, Les 176 embauchés depuis le 1er janvier 1973 forment 19.6 % des effectifs du 1er janvier 1976. En 1975, 34.4 % des effectifs présentent entre six ans et neuf ans d’ancienneté.

    32Le cursus scolaire avant d’entrer dans l’usine semble un critère moins pertinent. Si 55 % du personnel a au maximum le certificat d’études primaires, dans les années1970, les élèves ne passent plus le CEP.

    33Avec des filières syndicales militantes totalement recomposées.

    34Une surreprésentation des femmes est à souligner.

    35Prigent Alain et Prigent François, « AOIP de Guingamp », à paraître ; Prigent François, « La gauche en conflits. Entre mouvements sociaux, divergences idéologiques et repli électoral (Bretagne, 1984-1985) », in Richard Gilles et Ollitrault Sylvie (dir.), Les années Mitterrand (1984-1988). L’alternance et la première cohabitation vues des régions, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2018, p. 263-274.

    36Béroud Sophie et Hamelin David (dir.), « Images, travail et syndicalisme », Images du travail, no 12, 2022.

    37Lépine François et alii, op. cit., réduction de 20 % des services indirects (« les maillons faibles »).

    38Dans les entreprises disposant de plusieurs établissements, le comité d’entreprise (CE) est remplacé par des comités d’établissement (CE) et un comité central d’entreprise (CCE).

    39À l’échelle locale, il s’agit d’un retournement économique majeur par rapport à l’installation à Saint-Brieuc d’un Joint français vu comme grand pourvoyeur d’emplois industriels.

    40Futur dirigeant du syndicat patronal qui intervient lors de la crise à Chaffoteaux en 1988-1989.

    41La grève générale illimitée (soutenue par une solidarité financière concentrique, mobilisant les usines de Saint-Brieuc, le monde du travail, la population entière) reste l’arme de dissuasion sociale ultime dégainée en fin de conflit.

    42Le ressenti des travailleurs, centré sur un vécu des salariés en usine, met à jour des souffrances au travail. Un pas de côté par rapport à l’analyse distanciée des archives, qui a, à l’issue de notre présentation orale lors du colloque, suscité de nouveaux échanges oraux, notamment avec le couple Salmon. Face à cette difficulté d’appréhender en mots ces conditions de travail dans l’usine, il nous a été suggéré de visionner un court film [https://www.dailymotion.com/video/xfecp6] qui met en images la monotonie du travail des vérificatrices et la dangerosité du poste de travail sur le « cylindre » (le faible écartement générant des accidents graves). Mais le travail à la presse était de loin le plus pénible (vulcanisation, enlèvement des joints avec une pince et recharge en matière avant de relancer un cycle). Le travailleur ici exposé à de fortes températures et à de hauts niveaux de décibels doit gérer les cadences (cycle d’environ 90 secondes pour effectuer plusieurs gestes précis).Une réalité du travail qui peut l’emporter, à 50 ans de distance, dans la mémoire ouvrière, sur l’approche historienne des acteurs, formes et logiques du conflit social. Cette rugosité du travail aux presses n’est pas absente des archives sur le conflit, comme le montre la prise de parole du délégué CFDT au meeting intersyndical (CFDT, CFTC, CGT, FEN, FO) du 11 juin 1980 à Saint-Brieuc. « En 1980, dans la chaleur, l’odeur du caoutchouc, les salariés sont liés aux cadences infernales que la direction impose. Pour les suivre il faut se défoncer la santé – il arrive ce qui doit arriver : beaucoup quittent l’entreprise – ceux qui restent entendent insultes, brimades, font des crises de nerf et pour clore le tout, la direction récupère sur la prime de fin d’années un pourcentage correspondant au taux d’absentéisme du travailleur pour raison de santé » (ADCA, 158J79 [fonds CFDT]).

    43Professeur de droit, Henri Krier, directeur de l’UER des sciences économiques et sociales de Rennes, animateur, dans les années 1950, des Écoles normales ouvrières (ENO) de la CFTC.

    44Né en 1952 à Hénanbihen, François Salmon habite Saint-Brieuc puis Ploufragan. Embauché en 1976, élu CFDT du personnel en 1979, il travaille aux presses, sa femme Maryline travaillant aussi au Joint français. Licencié en 1980, il quitte l’usine en 1981 après le PAT négocié avec la direction du Joint français. Employé à la Caisse d’épargne de Saint-Brieuc (très diplômé), il se désengage syndicalement au profit de l’action associative (basket-ball, Ploufragan). Né en 1947, son frère aîné, Jean Salmon, militant JAC, président du MRJC et responsable CDJA, est secrétaire (1976), président (1984-1993) de la FDSEA et président de la Chambre d’agriculture départementale (1994-2007) et régionale (1995-2007). Jean Salmon père (1921-1999) est conseiller municipal (1951-1953), maire de Hénanbihen (1953-1989).

    45Sur l’analogie historique de la contre-offensive patronale consécutive au choc de 1936 : Richard Gilles, « Claude-Joseph Gignoux, une biographie exemplaire ? Réflexions sur les relations entre stratégies patronales et stratégies partisanes à droite de 1936 à la Libération », in Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 2002, no 109, p. 141-156.

    46Né en 1947 à Mayenne, Jean-Claude Legeay habite Trégueux puis Langueux. Régleur P2, élu CGT délégué du personnel en 1974, membre de la CA de l’UD CGT après le congrès de juin 1978 (réélu en 1980), il fait partie des sanctionnés de 1980. Sympathisant PCF, délégué du personnel en 1995, médaillé du travail en 2004, il finit sa carrière au Joint français.

    47La grève n’est plus le seul outil syndical privilégié.

    48Le Canard de Nantes à Brest, no 67, 27 juin-11 juillet 1980. L’analyse de Pierre Duclos partage celle, à chaud, du SNI (bulletin no 18, juin 1972). Perrot Amédée et Prigent Alain, « L’action de la FEN et de ses syndicats pendant la grève du Joint français (1972) », FSU Côtes-d’Armor, avril 2022, 4 p.

    49Trois secrétaires généraux se succèdent : Jean-Pierre Lecomte, contesté au congrès de 1978), Gérard Garoche (1978-1983) puis Michel Régéreau (1983-1988).

    50Il faut replacer cette pratique dans le contexte faisant suite à l’élection de François Mitterrand le 10 mai 1981.

    51Né à Saint-Hervé, Lucien Beurel (1933-1993) habite à Plérin et dessert la paroisse du Légué. Candidat CFDT en 1970, ce prêtre-ouvrier ayant une forte autorité morale est élu au CE en 1974 et en devient secrétaire en 1980. On mentionnera aussi Christian Colas, sanctionné en 1980 ou François Jannin, élu CFDT en 1969, responsable CFDT en 1972, qui démissionne en 1974 après l’affaire Le Mével.

    52La fin d’une présence CFDT se confirme après le rachat de Hutchinson.

    53Travaux en cours pour le Maitron sur plus de 150 militants du Joint français répertoriés.

    54Né à Plaine-Haute, Jacky Robin (1954-2010) habite Saint-Brieuc en 1977 puis Ploufragan. Militant du PCF, candidat sur la liste d’Edouard Quemper en 1977, il est sanctionné au cours du conflit de 1980, sa femme Marie-Christine Robin étant licenciée. Conseiller municipal avec Jean Dérian en 1983, il avait quitté le Joint français, devenant gardien de la déchèterie de Ploufragan à partir de 1998. Citons aussi Jean-Yves Guillot (1944-1994), membre de la CA de l’UD CGT en 1975, très en vue dans le conflit en 1980, secrétaire du syndicat en 1986.

    Auteurs

    François Prigent

    Université Rennes 2.

    François Prigent est docteur en histoire contemporaine.

    Alain Prigent

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    1Artières Philippe et Zancarini-Fournel Michelle (dir.), 68, une histoire collective (1962-1981), Paris, La Découverte, 2008 ; Bougeard Christian, Porhel Vincent, Richard Gilles et Sainclivier Jacqueline (dir.), L’Ouest dans les années 1968, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012 ; Bougeard Christian, Les années 68 en Bretagne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2017.

    2Porhel Vincent, Ouvriers bretons. Conflits d’usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2008.

    3Archives départementales des Côtes-d’Armor (abré. ADCA) fonds CFDT 158J, boîtes 76-79.

    4Archives municipales de Saint-Brieuc (abré AMSB), fonds CGT. Versées il y a peu, les archives CGT du Joint français se trouvent dans une dizaine de boîtes dont les no 5 et 26.

    5Ouest-France ; LeTélégramme ; Le Canard de Nantes à Brest (titre fondé par Pierre Duclos qui a couvert la grève de 1972 pour Ouest-France).

    6Le Combat socialiste, hebdomadaire de la fédération PSU des Côtes-du-Nord. Bretagne Nouvelle, hebdomadaire des fédérations PCF de Bretagne.

    7Lépine François et alii, Vers une gouvernance économique bretonne, Éditions Ares, 2014.

    8Notices du Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et du mouvement social (DBMOMS).

    9ADCA, 1079W255-257 : Grèves (1968-1975) ; 1079W289 : Renseignements généraux, synthèse (1979-1982).

    10Une séquence à replacer dans un champ historiographique renouvelé « Workplace Occupation in British Labor History (Rise, Fall and Historical Legacies) », in Labor History Review, vol. 86, no 1, 2021.

    11Prigent Alain, « Un autre Mai dans les Côtes-du-Nord. 1958, un moment d’impuissance syndicale », in Le Gall Erwan et Prigent François (dir.), C’était 1958 en Bretagne. Pour une histoire locale de la France, Rennes, Éditions Goater, 2018, p. 440-463 ; Prigent Alain (dir.), Des salles de classe aux luttes sociales. Mai-juin 68 dans les Côtes-du-Nord, Saint-Brieuc, Éditions FSU, 2009.

    12Vigna Xavier, L’insubordination ouvrière dans les années 1968. Essai d’histoire politique des usines, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2007 ; Boursier Gaëlle, Nous ne resterons pas les bâtards de la métallurgie. Histoire de la grève des Batignolles (janvier-mars 1971), mémoire de master 2, dir. Gilles Richard, université Rennes 2, 2017.

    13Prigent François, Les réseaux socialistes en Bretagne des années 1930 aux années 1980, thèse d’histoire contemporaine, dir. Jaqueline Sainclivier, université Rennes 2, 2010.

    14Sur ce représentant d’un « patronat désarmé », voir l’article de Vincent Porhel dans ce volume.

    15Lépine François et alii, op. cit., p. 27-83.

    16Sur ces figures nationales du monde économique et patronal, Bouvier Yves, Connexions électriques. Technologies, hommes et marchés dans les relations entre la Compagnie générale d’électricité et l’État, Bruxelles, Peter Lang, 2016.

    17Lépine François et alii, op. cit. La lettre des cadres de l’usine de Saint-Brieuc à la direction générale (20 mars 1969) préfigure la réaction de soutien des agents de maîtrise aux ouvriers grévistes en 1972.

    18On insistera sur le rôle de Charlotte Carnet, la femme de Georges Catros (1921-2011), ancien champion de football, secrétaire départemental du SNEP jusqu’en 1960, revenu de Polynésie en 1966, directeur départemental de la Jeunesse et des Sports avant de devenir maire PS d’Erquy (1989-1995). Au même moment, le sport féminin se développe chez Chaffoteaux avec un titre de championnes de France en 1989 grâce à Yvan Le Quéré, leur entraîneur et ancien joueur d’En Avant de Guingamp.

    19Il n’est pas inutile d’observer le relatif calme social des années Lépine entre deux grandes grèves.

    20Les données récoltées sur les effectifs syndicaux (CFDT et CGT) restent très fragmentaires.

    21ADCA, fonds CFDT. 158J11 Congrès UD (12-13 juin 1973). Il est finalement réintégré fin juin 1973 après une médiation de l’Inspection du Travail. Militant le plus en vue de la CGT, Jean Le Mével ne semble plus avoir d’activité syndicale après 1974.

    22Kernalegenn Tudi et Prigent François, « La marginalisation du PSU dans le système partisan français (1967-1975) », in Richard Gilles et Sainclivier Jacqueline (dir.), Les partis à l’épreuve de 68. L’émergence de nouveaux clivages (1971-1974), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012, p. 159-171.

    23Né à Saint-Quay-Portrieux, Frantz Saint-Cast (1950-2015) habite à Binic lors du conflit. Secrétaire de la section CFDT en 1973, délégué du personnel en 1974, il est membre du conseil de l’UD en 1975 (congrès de la Fédération de la chimie). Licencié en 1980, il quitte l’usine en 1981 après le PAT négocié avec la direction. Son épouse Sylviane fait partie des femmes licenciées en 1980. Employé de la voirie à la ville de Saint-Brieuc puis gardien du Campus Mazier, il cesse toute activité syndicale et n’a pas d’engagement politique connu. En 2014, il était membre du CCAS du Guerno, sa seconde femme, Jocelyne, étant aussi active au plan associatif.

    24AMSB, fonds CGT, boîte 5, rapport préparatoire au congrès de l’UL de Saint-Brieuc (1979).

    25Léa Gloaguen fait partie de la Délégation au ministère du Travail en 1972. Membre du bureau de l’UD en 1973, elle démissionne de la CGT en 1974.

    26Toinard Roger, Industries et main d’œuvre à Saint-Brieuc, mémoire de maîtrise de géographie, dir. M. Phlipponneau, université de Haute Bretagne, 1972.

    27AMSB, fonds CGT, Boîte 26, bulletin d’information du Joint-Français Saint-Brieuc, no 18, novembre 1975-janvier 1976. Ce matériau brut, très riche, invite à une belle histoire sociale de l’entreprise.

    28Phlipponneau Michel, Au Joint Français, les ouvriers bretons…, Saint-Brieuc, Presses universitaires de Bretagne, 1972.

    29Kergoat Danièle, « Penser la différence des sexes : rapports sociaux et division du travail entre les sexes », in Maruani Margaret (dir.), Femmes, genre et sociétés, Paris, La Découverte, 2005, p. 94-101.

    30Vincent Porhel, « Un conflit comme révélateur. Le Joint Français (1972-1980), in Jalabert Laurent et Patillon Christophe (dir.), Mouvements ouvriers et crise industrielle dans les régions de l’Ouest Atlantique des années 1960 à nos jours, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010, p. 101-111.

    31En effet, Les 176 embauchés depuis le 1er janvier 1973 forment 19.6 % des effectifs du 1er janvier 1976. En 1975, 34.4 % des effectifs présentent entre six ans et neuf ans d’ancienneté.

    32Le cursus scolaire avant d’entrer dans l’usine semble un critère moins pertinent. Si 55 % du personnel a au maximum le certificat d’études primaires, dans les années1970, les élèves ne passent plus le CEP.

    33Avec des filières syndicales militantes totalement recomposées.

    34Une surreprésentation des femmes est à souligner.

    35Prigent Alain et Prigent François, « AOIP de Guingamp », à paraître ; Prigent François, « La gauche en conflits. Entre mouvements sociaux, divergences idéologiques et repli électoral (Bretagne, 1984-1985) », in Richard Gilles et Ollitrault Sylvie (dir.), Les années Mitterrand (1984-1988). L’alternance et la première cohabitation vues des régions, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2018, p. 263-274.

    36Béroud Sophie et Hamelin David (dir.), « Images, travail et syndicalisme », Images du travail, no 12, 2022.

    37Lépine François et alii, op. cit., réduction de 20 % des services indirects (« les maillons faibles »).

    38Dans les entreprises disposant de plusieurs établissements, le comité d’entreprise (CE) est remplacé par des comités d’établissement (CE) et un comité central d’entreprise (CCE).

    39À l’échelle locale, il s’agit d’un retournement économique majeur par rapport à l’installation à Saint-Brieuc d’un Joint français vu comme grand pourvoyeur d’emplois industriels.

    40Futur dirigeant du syndicat patronal qui intervient lors de la crise à Chaffoteaux en 1988-1989.

    41La grève générale illimitée (soutenue par une solidarité financière concentrique, mobilisant les usines de Saint-Brieuc, le monde du travail, la population entière) reste l’arme de dissuasion sociale ultime dégainée en fin de conflit.

    42Le ressenti des travailleurs, centré sur un vécu des salariés en usine, met à jour des souffrances au travail. Un pas de côté par rapport à l’analyse distanciée des archives, qui a, à l’issue de notre présentation orale lors du colloque, suscité de nouveaux échanges oraux, notamment avec le couple Salmon. Face à cette difficulté d’appréhender en mots ces conditions de travail dans l’usine, il nous a été suggéré de visionner un court film [https://www.dailymotion.com/video/xfecp6] qui met en images la monotonie du travail des vérificatrices et la dangerosité du poste de travail sur le « cylindre » (le faible écartement générant des accidents graves). Mais le travail à la presse était de loin le plus pénible (vulcanisation, enlèvement des joints avec une pince et recharge en matière avant de relancer un cycle). Le travailleur ici exposé à de fortes températures et à de hauts niveaux de décibels doit gérer les cadences (cycle d’environ 90 secondes pour effectuer plusieurs gestes précis).Une réalité du travail qui peut l’emporter, à 50 ans de distance, dans la mémoire ouvrière, sur l’approche historienne des acteurs, formes et logiques du conflit social. Cette rugosité du travail aux presses n’est pas absente des archives sur le conflit, comme le montre la prise de parole du délégué CFDT au meeting intersyndical (CFDT, CFTC, CGT, FEN, FO) du 11 juin 1980 à Saint-Brieuc. « En 1980, dans la chaleur, l’odeur du caoutchouc, les salariés sont liés aux cadences infernales que la direction impose. Pour les suivre il faut se défoncer la santé – il arrive ce qui doit arriver : beaucoup quittent l’entreprise – ceux qui restent entendent insultes, brimades, font des crises de nerf et pour clore le tout, la direction récupère sur la prime de fin d’années un pourcentage correspondant au taux d’absentéisme du travailleur pour raison de santé » (ADCA, 158J79 [fonds CFDT]).

    43Professeur de droit, Henri Krier, directeur de l’UER des sciences économiques et sociales de Rennes, animateur, dans les années 1950, des Écoles normales ouvrières (ENO) de la CFTC.

    44Né en 1952 à Hénanbihen, François Salmon habite Saint-Brieuc puis Ploufragan. Embauché en 1976, élu CFDT du personnel en 1979, il travaille aux presses, sa femme Maryline travaillant aussi au Joint français. Licencié en 1980, il quitte l’usine en 1981 après le PAT négocié avec la direction du Joint français. Employé à la Caisse d’épargne de Saint-Brieuc (très diplômé), il se désengage syndicalement au profit de l’action associative (basket-ball, Ploufragan). Né en 1947, son frère aîné, Jean Salmon, militant JAC, président du MRJC et responsable CDJA, est secrétaire (1976), président (1984-1993) de la FDSEA et président de la Chambre d’agriculture départementale (1994-2007) et régionale (1995-2007). Jean Salmon père (1921-1999) est conseiller municipal (1951-1953), maire de Hénanbihen (1953-1989).

    45Sur l’analogie historique de la contre-offensive patronale consécutive au choc de 1936 : Richard Gilles, « Claude-Joseph Gignoux, une biographie exemplaire ? Réflexions sur les relations entre stratégies patronales et stratégies partisanes à droite de 1936 à la Libération », in Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 2002, no 109, p. 141-156.

    46Né en 1947 à Mayenne, Jean-Claude Legeay habite Trégueux puis Langueux. Régleur P2, élu CGT délégué du personnel en 1974, membre de la CA de l’UD CGT après le congrès de juin 1978 (réélu en 1980), il fait partie des sanctionnés de 1980. Sympathisant PCF, délégué du personnel en 1995, médaillé du travail en 2004, il finit sa carrière au Joint français.

    47La grève n’est plus le seul outil syndical privilégié.

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    Le Joint français, printemps 1972

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    Le Joint français, printemps 1972

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    Prigent, F., & Prigent, A. (2024). Relire l’histoire par la fin. In P. Harismendy & G. Richard (éds.), Le Joint français, printemps 1972 (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12n4w
    Prigent, François, et Alain Prigent. « Relire l’histoire par la fin ». In Le Joint français, printemps 1972, édité par Patrick Harismendy et Gilles Richard. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2024. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12n4w.
    Prigent, François, et Alain Prigent. « Relire l’histoire par la fin ». Le Joint français, printemps 1972, édité par Patrick Harismendy et Gilles Richard, Presses universitaires de Rennes, 2024, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12n4w.

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    Harismendy, P., & Richard, G. (éds.). (2024). Le Joint français, printemps 1972 (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12n6j
    Harismendy, Patrick, et Gilles Richard, éd. Le Joint français, printemps 1972. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2024. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12n6j.
    Harismendy, Patrick, et Gilles Richard, éditeurs. Le Joint français, printemps 1972. Presses universitaires de Rennes, 2024, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12n6j.
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