La grève au travers des archives de l’INA
p. 77-84
Texte intégral
1Au moment où survient la grève du Joint français, en 1972, l’Institut national de l’audiovisuel n’existe pas mais la télévision et la radio françaises conservent déjà les programmes produits et diffusés en pensant à leur réutilisation future. En effet, c’est en 1975 que l’INA a commencé son activité, notamment en matière de conservation des archives de la télévision et de la radio, dans une finalité professionnelle de ré-exploitation, en même temps que l’Institut devient alors propriétaire des archives produites par l’audiovisuel public. Nous assumons toujours cette mission aujourd’hui.
2Une telle activité commerciale s’est doublée d’une mission patrimoniale quand le législateur a confié à l’INA, par la loi du 20 juin 1992, la charge du dépôt légal de la télévision et de la radio. À ce titre, l’INA conserve aujourd’hui les programmes d’une centaine de chaînes de télévision et de 80 stations de radio françaises, qui sont captées 24 heures/24 tous les jours de l’année. Cette mission de dépôt légal s’est élargie ensuite aux sites web média. L’objectif, à travers ce travail patrimonial, est de mettre à disposition de la communauté scientifique les programmes archivés sur des postes de consultation installés dans les emprises régionales INA, ainsi que dans des médiathèques et bibliothèques partenaires, soit une cinquantaine de lieux de consultation en France.
Les archives télévisées de 1972
3Pour sélectionner les archives télévisées, nous nous sommes penchés sur les documents se rapportant à la Bretagne en 1972 en nous intéressant au Joint français et à toutes les autres actualités de l’année.
4Le paysage télévisuel de l’époque est restreint alors à l’ORTF avec deux chaînes de télévision nationales qui produisent des journaux télévisés, des magazines, des documentaires, des fictions, des programmes de divertissement, etc. sur une plage horaire étendue de 10 heures à 23 heures Et par décrochage, sur la Une puis la Deux, les 24 stations régionales diffusent leurs journaux télévisés et quelques magazines. Plus de 70 % des ménages sont alors équipés d’un poste de télévision.
5Nous avons donc recensé toutes les archives relatives à la Bretagne sur les deux chaînes nationales. Cela a permis d’identifier 138 documents, sans compter les 25 épisodes du feuilleton 16 à Kerbriant qui évoquait la Bretagne pendant la Seconde Guerre mondiale. Sur ces 138 documents, 79 ont été diffusés sur la première chaîne, 59 sur la deuxième. Si c’est surtout dans le journal télévisé qu’il est question de la Bretagne en cette année 1972 (93 sujets en tout, 55 sur la Une, 38 sur la Deux), la région fait aussi l’objet d’autres réalisations télévisuelles, par exemple une douzaine de reportages pour le magazine La France défigurée, un documentaire de la collection Inventaire sur Le Faouët ainsi que quatre magazines culturels marquant le début de la médiatisation d’Alan Stivell.
6Dans le journal télévisé, notamment dans les JT de 20 heures des deux chaînes, il est peu question de la Bretagne en début d’année, mais deux actualités principales émergent à partir d’avril, avec la grève du Joint d’abord, puis, après un creux de deux semaines, avec la grève du lait jusque début juin. Il n’est pas souvent question de la Bretagne avant et après ces deux événements mais d’autres actualités ont quand même été évoquées dans ces journaux télévisés : le procès de Gérard Nicoud à Dinan, une manifestation du CID-Unati à Rennes et le Front de libération de la Bretagne (FLB) qui fait parler de lui à quelques reprises. Le JT fait également mention du Comité d’étude et de liaison des intérêts bretons (CELIB), des inondations à Rennes, de l’aménagement du port de Roscoff et signale la percée d’un jeune sportif breton sacré champion de France des débutants, Bernard Hinault.
7Arrêtons nous maintenant sur les deux évènements de l’année.
La grève du Joint français
8La télévision nationale s’empare de cette actualité à partir du 6 avril et la porte jusqu’au 9 mai. Dix sujets lui sont consacrés par le 20 heures de la 1re chaîne, 9 par celui de la 2e chaîne. Le 1er mai, le journal de 20 heures de la 2e chaîne lui consacre son ouverture, il en est de même le 6 mai lors de la signature de l’accord et celui de la 1re chaîne s’ouvre sur cette résolution du conflit deux jours de suite, les 5 et 6 mai. D’une façon générale le sujet est traité en première moitié de journal par les deux chaînes.
9Par comparaison, la télévision régionale s’est saisie de la grève dès le 17 mars et jusqu’au 9 mai, soit à 21 reprises.
La grève du lait
10Les journaux de 20 heures des deux chaînes en parlent du 25 mai au 3 juin et consacrent leur ouverture à cet évènement à deux reprises, le 27 mai pour la Une, le 30 mai pour la Deux. La Une y consacre en tout 6 sujets et la Deux 8.
11Quant à la télévision régionale, c’est à partir du 24 mai qu’elle en parle dans son JT, et elle le fera jusqu’au 5 juin : 19 sujets lui sont consacrés.
12Lors du colloque, ont été projetés des extraits de quelques-unes de ces actualités télévisées (Joint, lait, FLB), mais aussi d’autres programmes (La France défigurée et Discorama), dont la bande-son a été retranscrite dans les lignes qui suivent. La richesse informative en est néanmoins minorée ici, non seulement par l’absence de l’image mais aussi des accents, alors vivants et expressifs au point d’induire, volontairement ou non, des écarts sociaux pesant sur une Bretagne encore affligée de pittoresque.
Transcription
La France défigurée1 – 20 février 1972, 2e chaîne, 12 h 50 (extrait)
13Journaliste : À La Forêt-Fouesnant, à treize kilomètres de Concarneau, dans le sud Finistère, un nouveau projet et quel projet. Au départ, un bon prétexte, l’aménagement d’un nouveau port pour abriter 800 bateaux de plaisance. Mais peu à peu, on apprend, et c’est ce qui a mis le feu aux poudres, [qu’]au beau milieu de la mer, sur un îlot remblayé seront construits des immeubles collectifs de sept étages. 2 000 appartements au total. Un véritable complexe avec hôtels, commerces et centres culturels. Et ceci au mépris des riverains ou des touristes qui auront droit désormais à une vue imprenable sur la ville. Argument des promoteurs et des architectes : « nous n’avons pas choisi le béton, mais le granit de Bretagne ». Comme on va le voir. Ce projet n’a pas rallié toute la population.
14M. Philippar, Comité de défense des sites de la Forêt-Fouesnant : Il y avait ici, un peu à l’écart, une petite anse qui dessinait parfaitement un port naturel. Il suffisait de creuser un peu pour avoir la profondeur d’eau suffisante. On a fait exactement le contraire. On a remblayé, on a dégagé 23 hectares pour les promoteurs. Puis ça n’a pas été suffisant. On a été plus loin. On s’est avisé que cette fois-ci, dans l’anse principale, dans l’axe même de la vue du bourg, sur la mer, on pouvait récupérer trois hectares également pour les promoteurs. Et puis on a couronné ça en disant qu’on allait projeter trois, sept étages de béton collectif au beau milieu de la vue. Alors, si vous voulez, le charme typiquement local, typiquement breton de cet endroit, est dû à ces anses qui font une véritable communion de la mer et de la terre bretonne. On n’a pas le droit de toucher à ça.
15Journaliste : C’est ce charme typiquement breton. Ce cadre unique ou la mer épouse le rivage avec tendresse que l’on veut pourtant détruire. Il faut rentabiliser les investissements de l’aménagement du port de plaisance, dit Monsieur Henri Le Reste, le maire de La Forêt-Fouesnant. Et pour rentabiliser, on fait naturellement appel aux promoteurs. Dès lors, il n’est plus question que de monnaie sonnante et trébuchante. Les terrains pris sur la mer sont les moins chers. Eh bien, on construira par conséquent les pieds dans l’eau.
16Une lavandière : Avant, on faisait des palourdes, et tout. Maintenant on trouve plus rien à la grève.
17Un marin pêcheur : Moi, je ne suis pas d’accord.
18L’interviewer : Vous n’êtes pas d’accord ? Pourquoi ?
19Le marin pêcheur : Parce que ça représente tout le marin.
20L’interviewer : Moi, j’ai vu des pêcheurs et ils m’ont dit qu’ils allaient pouvoir venir plus près.
21Le marin pêcheur : Ce sera quand même plus près mais il y aura moins de poissons maintenant qu’auparavant.
22L’interviewer : Pourquoi ?
23Le marin pêcheur : Parce qu’avec toute cette vasière, comme je vous ai dit tout à l’heure, c’est pas bon pour le poisson. Le fond n’est pas bon pour le poisson.
24M. Philippar : Le bilan ? D’une part, on a véritablement, on va saboter complètement le capital, le pittoresque de l’endroit et puis on charge la collectivité, vous sur le plan national, moi sur le plan local, c’est une grosse charge, c’est tout de même un petit peu ennuyeux.
25Une autre lavandière : Oui, je suis complètement contre.
26L’interviewer : Pourquoi ?
27L’autre lavandière : Moi, j’aimais mieux ma nature.
28L’interviewer : Oui, mais vous, vous croyez qu’on va l’abîmer, La nature ?
29L’autre lavandière : C’est fait.
30L’interviewer : C’est fait ?
31L’autre lavandière : Voyez bien que je n’ai plus rien devant chez moi.
32L’interviewer : Vous êtes d’accord avec ce projet là ? Ça vous plaît ?
33Un deuxième marin pêcheur : Pour moi, oui. Comme ça j’aurai l’eau pour rentrer.
34L’interviewer : Ah bon ? Mais ces immeubles là qu’ils vont construire, vous pensez que ça va être… ?
35Le deuxième marin pêcheur : Ça ne m’intéresse pas.
36L’interviewer : Ça, ça vous intéresse pas ?
37Le deuxième marin pêcheur : Non non.
38L’interviewer : Mais vous pensez qu’avec les touristes qui vont venir, ça va être bien ?
39Le deuxième marin pêcheur : Ben oui, comme ça, on verra le monde. Autrement on voit personne.
40M. Le Berre, architecte : Ce que nous voulons à La Forêt-Fouesnant, c’est que les gens s’y plaisent. Bien sûr, nous cachons la vue à certaines personnes parce que nous avons intégré ça au milieu de cette petite baie.
41L’interviewer : Nous cachons une certaine vue ?
42M. Le Berre : Une certaine vue. Alors nous l’avons intégrée au milieu, au milieu de cette baie, pour justement tenir ces trois ports autour de cette ville. Alors nous cachons des vues, mais il est évident que nous cherchons, changeons les perspectives, nous modifions aussi. Enfin nous pensons que nous l’améliorons, mais nous le modifions, nous en sommes conscients, mais nous allons créer un site fait par l’architecte. Il y a des sites naturels, mais évidemment, celui-là ne sera plus un site naturel. Ça va être un site fait par l’homme et ça, c’est important.
43Le journaliste : Ainsi, pour l’architecte, pas de problème, ce qu’il fait pour transformer la nature sera obligatoirement plus réussi que ce que la nature a créé.
44M. Le Rest, maire de la Forêt-Fouesnant : Les raisons du choix que le conseil municipal a été amené à faire il y a quelques années sont essentiellement la possibilité de profiter lorsque Quimper sera plus près de Paris et que les moyens de communication se seront améliorés, de profiter notamment du tourisme de week-end. Actuellement, la population passe de 1 800 habitants l’hiver à 14, 15, 16 000 l’été. Donc notre problème n’était pas de gonfler exagérément la population estivale, mais au contraire de pouvoir étaler l’arrivée des estivants et des gens qui veulent venir se refaire une santé en Bretagne. Et je crois qu’à La Forêt-Fouesnant notamment, on se refait une santé et nous voulons donc profiter dans les années qui viennent du tourisme de week-end et du tourisme en juin et en septembre.
45La première lavandière : Des touristes ? Ah non alors, non alors, du tout. Du tout.
Fin de la grève du Joint français et son bilan – 8 mai 1972, 2e chaîne, 20 heures
46Journaliste : Il aura fallu huit semaines de grève, une dizaine d’entretiens avec le préfet des Côtes-du-Nord, trois négociations avec la direction, des heures et des heures de discussions pour aboutir enfin à l’accord de samedi dernier, accord qui a donc été ratifié aujourd’hui par la majorité des ouvriers du Joint français. Ces derniers, je vous le rappelle, demandaient une augmentation des salaires de 70 centimes par heure de travail et un 13e mois. Ils ont obtenu 65 centimes d’augmentation en deux étapes et une prime fixe de fin d’année de 325 francs. Ces chiffres ne sont pas, à première vue, très élevés. Et pourtant, c’est déjà beaucoup pour un OS du Joint, un ouvrier spécialisé qui gagne en moyenne entre 800 et 1 000 francs par mois dans cette usine qui s’est installée à Saint-Brieuc il y a dix ans et qui emploie 1 000 personnes, dont 60 % de femmes. En dehors de sa longueur. Ce conflit aura été principalement marqué par un élan sans précédent de solidarité régionale et nationale. De toutes parts affluaient vivres, argent et télégrammes de soutien. Et c’est au centre Charner, au PC en quelque sorte des grévistes, que tout cela a été regroupé. Pendant deux mois, les paysans et les commerçants de la région ont apporté viande, légumes et fruits, pendant deux mois, chaque dimanche, on quêtait à la sortie des églises pour les familles des ouvriers. Pendant deux mois et à tour de rôle, les municipalités de la région votaient les crédits exceptionnels. Pendant deux mois enfin, gala de variété, représentations théâtrales et matches sportifs venaient gonfler la caisse des grévistes. À l’heure qu’il est, près d’un million de nouveaux francs ont été récoltés et redistribués aux familles des ouvriers. Et à cet élan de générosité, avait également participé partis de la majorité et partis de l’opposition. Un très long conflit donc s’est terminé aujourd’hui, un conflit qui a posé une nouvelle fois le problème de la décentralisation parisienne. Une décentralisation pas toujours aussi simple qu’on veut bien le dire et qui ne va pas sans poser de problèmes, notamment en ce qui concerne la main-d’œuvre et les salaires.
La Crise du lait en Bretagne – 29 mai 1972, 2e chaîne, 20 heures
47Discussion
48Le journaliste : Certains producteurs ne sont pas d’accord avec la manière dont vous avez mené l’action, ils ne sont pas d’accord pour qu’on bloque des camions de lait, tout ce lait, 300 000 litres ici et des millions de litres au total.
49Un premier gréviste : Oui, et l’ouvrier qui perd son salaire, c’est exactement la même chose. Pour nous, le lait, c’est notre salaire. Nous n’avons que ça pour vivre.
50Discussion
51Un deuxième gréviste : Vous dites que c’est vous qui menez la boîte. Puis vous êtes le grand patron. Vous êtes capables aujourd’hui, si vous n’êtes pas capables à la minute même, vous êtes capable de nous donner ça d’ici 1 heure ou 2 heure. Si vous êtes capable de nous donner les deux francs qu’on vous demande oui ou non.
52L’interlocuteur du gréviste : C’est pas ces choses qui peuvent régler les problèmes et je crois qu’aujourd’hui c’est beaucoup plus grave que ça. Il faut se concerter et essayer de trouver des solutions en commun.
53L’interviewer : Monsieur, vous êtes président directeur général d’une société privée. Qu’est-ce que vous préconisez ? Qu’est-ce que vous ont demandé d’abord les agriculteurs ce matin ? Qu’est-ce que vous proposez ?
54L’entrepreneur : Les agriculteurs ce matin font la revendication qu’ils ont d’ailleurs fait ces derniers jours en Bretagne, c’est revenir le plus près possible de leur prix de revient. Malheureusement, le prix de revient qu’ils ont établi est très différent du prix indicatif qui a été fait par Bruxelles et qui donc conditionne les prix de vente de nos produits. Il y a naturellement là une impasse et tant que nous n’aurons pas à vendre les produits dans les mêmes conditions que leur prix de revient, nous serons certainement toujours en désaccord avec eux. Car nous avons impossibilité matérielle de pouvoir effectuer cette différence.
Drapeau FLB sur Notre-Dame de Paris – 10 octobre 1972, 2e chaîne, 20 heures
55Le présentateur : Les Parisiens, plus particulièrement ceux qui habitent l’île de la Cité ou bien qui ont vue sur Notre-Dame de Paris, ont pu assister ce matin à un spectacle inaccoutumée, l’ascension de la flèche de Notre-Dame, qui culmine à plus de 90 mètres. Il s’agissait d’ôter le drapeau breton qui y avait été accroché la nuit dernière.
56Le journaliste : De la varappe sur la flèche de Notre-Dame, c’est un spectacle insolite. En faisant flotter haut les couleurs bretonnes, le FLB, Front de libération de la Bretagne, a voulu apporter son soutien à onze de ses camarades. Accusés d’une série de plasticages commis l’année dernière, ils comparaissaient devant la Cour de sûreté de l’État. Dans son réquisitoire ce matin, l’avocat général avait réclamé la prison ferme pour quatre inculpés, les autres pouvant bénéficier du sursis. Après les plaidoiries en fin d’après-midi, la Cour a rendu son verdict : trois acquittements, huit condamnations, de trois à cinq ans de prison, avec sursis.
Notes de bas de page
1Émission de Michel Péricard, créée en 1971, diffusée alors le dimanche midi, pour dénoncer et lutter contre toutes les dégradations des sites et des paysages, montrer et proposer des exemples de constructions réussies.
Auteur
INA Loire Bretagne.
Jean-Paul Dibouès est responsable documentaire INA Loire Bretagne.

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