Chapitre II. Homéopathie, analogie et typologie
p. 113-174
Texte intégral
1Les homéopathes se reconnaissent dans une formule fondamentale nommée la « loi de similitude » qui domine leur approche thérapeutique et qui peut être résumée ainsi : les semblables guérissent les semblables et une substance provoquant certains symptômes à doses fortes peut, une fois administrée à doses faibles, voire infinitésimales, soigner un individu souffrant de ces mêmes symptômes. Cependant, il existe presque autant d’homéopathies que d’homéopathes. Depuis le fondateur Samuel Hahnemann (1755-1833), plusieurs dissensions opposent ces médecins entre eux, notamment entre unicistes, partisans du remède unique, et pluralistes, qui n’hésitent pas à combiner l’emploi de plusieurs médicaments homéopathiques pour un même malade. De plus, les homéopathes manifestent un intérêt marqué pour des thérapeutiques variées, ainsi de la médecine naturiste, de l’acupuncture ou encore de l’ostéopathie, en accord avec leurs perspectives très nettement holistes. Ces perspectives sont généralement spiritualistes et elles s’accompagnent d’un attrait pour les manières de caractériser leurs patients par l’étude de leurs formes extérieures, en vertu d’une extension de la loi de similitude en « loi d’analogie ». Après avoir retracé l’histoire de cette médecine particulière, ce chapitre portera principalement sur le groupement du Dr Léon Vannier (1880-1963), puisque l’essor de l’homéopathie en France durant l’entre-deux-guerres doit beaucoup à cet homme qui était en outre profondément lié aux courants ésotériques de son temps. Une attention sera toutefois également portée à des acteurs concurrents, qui n’en restent pas moins attirés par des conceptions et pratiques développées au sein de ces courants.
L’homéopathie en France au xixe siècle
2L’historiographie allemande fait figure de référence en ce qui concerne l’histoire de l’homéopathie. Ce dynamisme n’est pas seulement dû aux origines de Samuel Hahnemann, né en 1755 à Meissen dans l’actuelle Allemagne, mais plutôt aux activités de l’Institut pour l’histoire de la médecine de la Fondation Robert Bosch, ou Institut für Geschichte der Medizin der Robert Bosch Stiftung (IGM), longtemps dirigé par Robert Jütte et financé par la famille de l’industriel Robert Bosch (1861-1942), qui vouait une affection particulière à l’homéopathie. Cet institut est à l’origine d’une revue d’histoire sociale de la médecine, Medizin, Gesellschaft und Geschichte (MedGG), et de la première histoire globale de l’homéopathie, un ouvrage collectif intitulé Weltgeschichte der Homöopathie: Länder, Schulen, Heilkundige (1996)1. Plusieurs historiens se sont également penchés sur l’homéopathie dans des contextes nationaux différents, tandis qu’en France, l’œuvre d’Olivier Faure se distingue aisément2. L’entre-deux-guerres n’est pas la période la plus abondamment traitée par ce spécialiste du xixe siècle, mais ses travaux sur les premiers développements de l’homéopathie en France se révèlent précieux.
Hahnemann et les premiers homéopathes français
3La thèse de médecine que Samuel Hahnemann soutient, le 19 août 1779, dans la petite université d’Erlangen, ne diffère pas franchement des théories médicales et physiologiques communément admises à son époque3. En 1796, il publie cependant un « Essai sur un nouveau principe pour connaître les vertus curatives des médicaments » dans le Journal de médecine et de chirurgie pratique de Christoph Wilhelm Hufeland (1762-1836)4, dans lequel il invite à répertorier les effets symptomatiques sur l’homme sain des différentes substances biologiques, puis d’appliquer au malade les substances dont les effets sont similaires à ces symptômes. Ce n’est toutefois que lors de son séjour à Eilenburg, de 1801 à 1804, que Samuel Hahnemann, conduit par ses propres expérimentations, commence à diluer les substances actives de ses médicaments dans d’importantes quantités d’eau5, ce qui constitue la principale pierre d’achoppement jusqu’à nos jours avec les connaissances scientifiques admises. Diluer un volume de substance active dans cent fois son volume d’eau et secouer la solution permet d’obtenir une dilution centésimale, puis un volume de cette formule dans cent fois son volume d’eau permet d’atteindre la deuxième centésimale. Or, Hahnemann prescrit des médicaments dilués jusqu’à la neuvième centésimale dès 1805. Deux ans plus tard, il introduit le terme « homéopathique », mais c’est son Organon de la médecine rationnelle (Organon der rationellen Heilkunde), publié en 1810, qui vient consacrer la naissance officielle de l’homéopathie comme doctrine. Cet ouvrage, véritable bible de l’homéopathe dans laquelle son auteur insiste sur la valeur du remède unique et individualisé, le plus adapté aux symptômes du malade, connaît plusieurs rééditions augmentées en fonction des évolutions ou des durcissements de la doctrine qu’il expose6. L’homéopathie obtient un vrai succès à partir de 1811, date à laquelle Hahnemann, chargé de cours à l’université de Leipzig, patronne un cercle d’étudiants acquis à sa cause, et nombreux sont les médecins à s’approprier ensuite sa méthode de façon personnelle. En parallèle, sa conception l’homéopathie va évoluer au fil des années, tout comme sa position vis-à-vis de la médecine de son siècle, ce qui explique également les différentes manières de pratiquer l’homéopathie.
4Avec le temps, Hahnemann préconise de plus en plus les très hautes dilutions. Les trentièmes centésimales sont communes vers 1830, la simple respiration des médications et l’emploi des granules homéopathiques, constitués de sucre de lait humecté par les liquides dilués, se répandent7, tandis que la sixième édition de l’Organon, rédigée en 1842, fait la part belle aux dilutions cinquante-millésimales8. Cet attrait pour les très hautes dilutions s’accompagne de prises de position théoriques marquées en faveur du vitalisme. Alors qu’il entretenait jusqu’alors un certain flou sur la question, Hahnemann attribue un rôle important au concept d’énergie vitale (Lebenskraft) dans la quatrième édition de l’Organon (1829). La cinquième édition de 1833 est encore plus explicite, puisque dès les premiers paragraphes Hahnemann affirme que « durant la santé, une force spirituelle (autocratie, force vitale) tonifie l’organisme et le maintient dans un ordre harmonieux9 ». Ce vitalisme offre alors une clef d’explication à l’efficacité de ses médications diluées, censées agir précisément sur cette énergie vitale, mais il vient de même attiser les critiques, en pleine controverse entre l’organicisme de l’école de Paris et le vitalisme de l’école de Montpellier10.
5En France, l’homéopathie fait son arrivée en 1830 par le biais de Sébastien des Guidi (1769-1863) et de son cabinet lyonnais, qui remporte un franc succès auprès des malades et attire un petit groupe de médecins ; un réseau se met alors en place pour défendre une pratique rejetée par l’Académie de médecine en 1835, l’année où Hahnemann s’installe à Paris. Deux factions se forment, avec chacune ses sociétés, ses revues et même ses hôpitaux : les « hahnemanniens », qui restent fidèles aux écrits d’Hahnemann, et les « éclectiques », qui s’autorisent un regard critique sur l’œuvre d’Hahnemann et entretiennent des rapports avec la médecine « allopathique ». Les éclectiques finissent par l’emporter à la fin du xixe siècle, mais selon Olivier Faure, c’est justement cette « prédominance des éclectiques [qui] est sans doute la cause principale du déclin de l’homéopathie que l’on observe à partir de la fin du xixe siècle », car « faute de se distinguer clairement du reste de l’art de guérir, l’homéopathie perd une partie de son attrait11 ». En effet, alors qu’un annuaire homéopathique recensait 441 médecins acquis à la méthode en 186312, et que près d’une trentaine de revues homéopathiques différentes ont pu paraître entre 1830 et 187013, une liste fait état de seulement 202 médecins homéopathes en 189714. Dans ce contexte, il n’est guère surprenant de voir éclater de nouvelles disputes, amorcées par de jeunes médecins enthousiastes qui se confrontent à l’arrière-garde éclectique.
6En 1936, Charles Janot perçoit ces homéopathes nouveaux comme les détenteurs du « flambeau de l’hahnemannisme, qui brûlait toujours à Bordeaux, Lyon, Nîmes, Marseille, et ailleurs15 ». Cependant, s’il est vrai que ces médecins, inspirés par la littérature homéopathique de langue anglaise et emmenés par les Dr Antoine Nebel (1870-1954) et Jules Gallavardin (1872-1917), se distinguent notamment par leur intérêt pour les très hautes dilutions – jusqu’à la 100 000e centésimale ! –, il convient de se garder d’une lecture héroïque concernant le « flambeau de l’hahnemannisme ». La réalité historique se révèle bien entendu plus complexe qu’une ligne de démarcation claire et nette entre hahnemanniens et éclectiques. Quoi qu’il en soit, cette dispute donne naissance, le 10 avril 1910, à la Société régionale d’homéopathie du sud-est de la France et de la Suisse romande, qui se donne pour organe Le Propagateur de l’homœopathie, une revue déjà dirigée par Gallavardin depuis janvier 190516. Un autre jeune médecin a également participé à cette controverse sur les hautes dilutions, au côté des docteurs Nebel et Gallavardin. Il s’agit de Léon Vannier, qui lance en 1912 L’Homœopathie française, amenée à devenir la principale revue homéopathique des années d’entre-deux-guerres.
Des relations déjà marquées avec les courants ésotériques
7Avant de détailler le contenu de cette revue, il convient de faire le point sur les relations entretenues entre homéopathie et courants ésotériques depuis Hahnemann jusqu’à cette date. Ces relations ont fait couler beaucoup d’encre depuis Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832), qui surnommait Hahnemann « le nouveau Paracelse ». Un auteur comme Patrice Pinet, dans La Fondation secrète de l’homéopathie (2016), estime que l’homéopathie n’a pas une origine purement expérimentale, mais qu’elle correspond à une démarche déductive, inspirée par les travaux préalables d’auteurs comme Paracelse17, le médecin, philosophe et théologien laïc célébré au xviiie siècle dans les milieux rosicruciens puis, par la suite, dans les cercles occultistes. Cependant, aucune preuve formelle ne vient étayer pareille affiliation, par ailleurs reniée par Hahnemann lui-même. Si ce dernier était effectivement franc-maçon et que les liens étaient nombreux en Allemagne à cette époque entre franc-maçonnerie, alchimie et sociétés Rose-Croix, rien ne prouve l’éventuelle appartenance d’Hahnemann à l’une de ces sociétés et l’influence directe de celle-ci sur ses conceptions médicales. Cependant, il est judicieux de replacer l’élaboration de la doctrine homéopathique dans son contexte culturel d’époque, comme le fait Alice Kuzniar, qui relève :
« cette disparité entre le souci de l’observation empirique détaillée qui anime la pratique hahnemannienne d’une part et, d’autre part, la façon dont il recherche des principes de connaissance, une idée ou une vision d’ensemble ancrés dans la nature qui unifieront les différents aspects de la question. C’est une division qui explique comment le père de l’homéopathie se rattache à la fois aux Lumières et au Romantisme18 ».
8En effet, c’est bien ce double aspect qui caractérise l’œuvre d’Hahnemann et qui autorise les interprétations les plus diverses de celle-ci, entre approche expérimentale inductive et spiritualisme déductif. Alors qu’au départ Hahnemann semble s’en tenir strictement à la démarche expérimentale, sa science rejoint progressivement la religion comme le montrent les multiples démonstrations de sa religiosité déiste. Faure note en effet que ce dernier n’hésite pas, sur le tard, à qualifier l’homéopathie d’« art divin » et à se considérer comme le héraut d’une « révélation divine d’un principe de la nature éternelle19 ». Ce qui est au moins certain, c’est que l’aspect mystérieux des dilutions homéopathiques, ajouté à la promotion du concept d’énergie vitale, amène de nombreux médecins (et non-médecins) spiritualistes à embrasser la cause homéopathique.
9Parmi eux des médecins chrétiens, mais aussi des socialistes et des occultistes, autant de catégories qui, par ailleurs, ne s’excluent pas l’une l’autre. Faure a noté « le ciment spiritualiste » unissant catholiques libéraux et homéopathes dans leur critique du matérialisme et dans leur « conception [commune] de l’homme muni d’une force immatérielle et régi par elle20 ». Il relève pourtant que les deux groupes ne coïncident pas totalement et que l’homéopathie se trouve rejetée dans l’Encyclopédie théologique de l’abbé Migne (1800-1875). En outre, parmi les homéopathes et chrétiens convaincus se trouvent des personnages frayant de près avec le socialisme dit utopique et, éventuellement, avec les courants ésotériques. Au milieu du xixe siècle, socialisme, ésotérisme et religion entretiennent en effet des liens étroits qui ont pu être étudiés par Jean-Pierre Laurant, Philippe Muray et plus récemment Julian Strube21. Pour ce dernier :
« la recherche d’une unité entre la religion, la philosophie et la science, caractéristique d’Éliphas Lévi et des occultistes ultérieurs, ainsi que la critique des tendances matérialistes-athéistes depuis les Lumières se sont exprimées avec la plus grande radicalité dans les discours progressistes de réforme sociale au début du xixe siècle22 ».
10Il ajoute même : « Dans les années 1830 et 1840, le discours socialiste, à la fois de l’intérieur et du point de vue des critiques extérieures, était largement déterminé par la “théosophie”, le “mysticisme”, l’“illuminisme”, la “kabbale” ou les “sciences occultes”23. » Strube note donc une continuité entre les idées développées par le saint-simonisme ou le fouriérisme24, et les courants ésotériques reconnus comme tels de la fin-de-siècle. « La foi en une unité universelle des religions et en la réalisation imminente d’une “vraie” religion », « la revendication “scientifique”, “rationnelle” et en même temps “religieuse” » et « la poursuite d’une synthèse de la religion et de la science » sont autant de traits communs qui se retrouvent en effet au cœur de l’œuvre d’Éliphas Lévi, par ailleurs proche de ces courants politiques25. Olivier Faure, de son côté, fait ressortir les appartenances de certains médecins homéopathes au saint-simonisme ou au fouriérisme26. Parmi eux se distingue la figure de Benoît Mure (1809-1858), fouriériste fervent qui se prétendait docteur27, et qui fait alors le pont entre christianisme, socialisme, homéopathie et courants ésotériques28. Le septième point de la profession de foi prononcée par les nouveaux diplômés de l’Institut homœopathique du Brésil, qu’il fonde en 1843 à Rio de Janeiro, affirme en effet :
« 7. Je crois que c’est un devoir sacré pour tout homme, principalement pour tout chrétien, de se soumettre à des expériences pures, tant que sa santé le lui permet, en se rappelant que notre Divin Rédempteur a consenti à souffrir une mort ignominieuse sur la croix pour nous racheter du péché, et obtenir pour nous la félicité éternelle29. »
11En outre, Louis-Alphonse Cahagnet (1809-1885), un magnétiseur et spirite swedenborgien, cite avec éloquence la Doctrine de l’école de Rio de Janeiro (1849) de Mure dans son ouvrage phare qu’il intitule Sanctuaire du spiritualisme (1850)30. Pour Cahagnet, qui s’accorde sur ce point avec Allan Kardec31, qui considérait l’homéopathie comme la médecine la plus compatible avec sa doctrine :
« L’homœopathie est appelée à fondre en un seul tous les systèmes parus jusqu’à ce jour. Elle deviendra la preuve irrécusable, mathématique et matérielle du spiritualisme. Elle prouvera que le tout de l’espèce est dans la moindre molécule de l’espèce, et que jusqu’à la raison humaine est dépendante des caprices de ces molécules, ce qui sera une continuelle source de mortifications et d’abaissements pour l’orgueil de l’homme, et une continuelle source d’admiration pour le philosophe32. »
12À son tour, le Dr Gérard Encausse, dit Papus, se distingue comme un fervent adepte de la méthode homéopathique33. C’est au nom de la Société d’homœopathie hermétique de France, dont il est le président-fondateur, qu’il porte un toast à la gloire de Samuel Hahnemann lors du 142e anniversaire de la naissance de ce dernier, célébré en 1897 par les divers représentants de l’homéopathie française34. Le premier numéro de l’organe de cette Société d’homœopathie hermétique de France, La Thérapeutique intégrale, avait en effet été publié quelques temps plus tôt, le 22 octobre 1896. Il expose explicitement les buts que se donnent ses fondateurs, Papus et le Dr Emmanuel Lalande, dit Marc Haven (1868-1926), un fidèle compagnon en occultisme qui assistera également le guérisseur Nizier Anthelme Philippe dans sa pratique réputée thaumaturgique.
13Il s’agit bien sûr d’étudier « l’Homœopathie dans ses rapports avec l’Hermétisme », mais aussi « toutes les doctrines homœopathiques », qu’il s’agisse d’homéopathie classique ou d’homo-homéopathie, c’est-à-dire l’union de l’homéopathie complexe, de l’homéopathie unitaire classique et de moyens connexes tels l’hydrothérapie, le massage ou l’électricité35. L’homéopathie hermétique, qui aurait été historiquement représentée par Arnaud de Villeneuve et Paracelse, est ainsi perçue comme une section « de la grande famille homœopathique », chacune « renfermant un point particulier de vérité36 ». Parmi ces sections figure donc également l’électro-homéopathie, ou homéopathie complexe, une branche dissidente de l’homéopathie classique qui consiste « à utiliser des médicaments complexes dits aussi spécifiques dans lesquels plusieurs substances actives sont utilisées37 ».
14Les médecins italiens Giuseppe Bellotti (1831-1865) et Michele Antonio Finella (1790-1877) seraient parmi les premiers à avoir promu pareille méthode thérapeutique, mais c’est un autre italien, le comte Cesare Mattei (1809-1896), qui en popularise une version personnelle sous le nom d’électro-homéopathie38. Au sujet de l’électro-homéopathie et de l’homéopathie hermétique, le chimiste et historien des sciences Henry Carrington Bolton (1843-1903) avait publié en 1898 un article où il regrette ce qu’il perçoit comme un retour en force des iatro-chimistes et du paracelsisme39. Après avoir consulté l’ouvrage de Theodore Krauss (1884-1924), Iatro-chimie et électro-homœopathie, dans lequel ce dernier compare Paracelse, « le maître de la médecine occulte du moyen-âge », au Comte Mattei, « le maître de la médecine occulte des temps modernes40 », Carrington Bolton dépeint l’électro-homéopathie comme une adaptation moderne de la iatrochimie paracelsienne. Une telle comparaison doit évidemment beaucoup aux inclinaisons occultistes de Krauss (membre de l’Ordre martiniste, fondateur de l’Ordre des Samaritains inconnus), qui l’amènent à interpréter de façon si personnelle la doctrine du Comte Mattei que ses vues en viennent à former, à partir de l’année 1917, une thérapeutique à part entière encore promue de nos jours sous le nom de « méthode de guérison complexe JSO41 ». À l’instar de l’homéopathie, d’autres disciples préfèrent au contraire mettre en avant la démarche expérimentale du Comte Mattei, dont la thérapeutique repose sur 38 médicaments spécifiques42, tandis que certains rejettent même le nom de Mattei pour lui préférer ceux de Bellotti et Finella, voire celui de Karl Julius Aegidi (1795-1874)43. Carrington Bolton détaille en outre dans son article le mouvement récent en faveur de l’homéopathie hermétique initié par Papus, qui lui semble aller de pair. Relancée par la suite en octobre 1899, La Thérapeutique intégrale, s’occupe ainsi d’homéopathie mais également de médecine hermétique et d’électro-homéopathie. En parallèle, le 1er octobre 1899, Papus ouvre près du Bois de Boulogne la « Maison familiale homœopathique », qui comprend notamment un dispensaire homéopathique et un dispensaire électro-homéopathique, ainsi que des appareils électriques, aimants et autres couronnes aimantées « destinées à appuyer le traitement homœopathique des maladies nerveuses44 ». Des lettres du Dr Lalande reçues par Papus, hélas non datées, nous renseignent sur les objectifs assignés à la Société d’homœopathie hermétique de France, qui vient en fait s’unir avec la Société alchimique de François Jollivet-Castelot (1874-1937), le grand promoteur de l’alchimie en France au tournant du xxe siècle. Ce dernier était en effet censé fournir les teintures-mères spagiriques prescrites par Papus et Lalande45. Il ne pouvait pas être insensible aux préoccupations des deux médecins occultistes puisque lui-même dirigeait L’Hyperchimie, une revue mensuelle d’alchimie, d’hermétisme et de médecine spagirique dans laquelle étaient traduits des articles de Krauss sur l’électro-homéopathie46.
15Ainsi, comme dans le cas de la médecine naturiste, les relations entre courants ésotériques et holisme médical ne débutent pas avec l’entre-deux-guerres mais s’enracinent dans le temps. D’ailleurs, le mouvement lancé par Vannier avant-guerre rend compte de ces relations dès le premier numéro de sa revue, qu’il publie en janvier 1912.
Léon Vannier et L’Homœopathie française
16Né en 1882, Léon Vannier devient docteur en médecine en 1905. Initié à l’homéopathie par son frère ainé, le Dr Édouard Vannier (1868-1943), il s’engage de manière active dans la Société française d’homœopathie, dont il devient le secrétaire général en 1908. Cependant, en s’engageant au côté de Nebel et Gallavardin en faveur des très hautes dilutions, celui qui jusqu’alors revendiquait pour maître l’éclectique Pierre Jousset (1818-1910) se retrouve dénigré par ses confrères parisiens. Il fonde donc sa propre revue, L’Homœopathie française, qui s’ajoute au dispensaire déjà ouvert en 1909. La guerre vient toutefois porter un arrêt net et durable à son groupement. Il faut attendre l’année 1924 pour voir reparaître L’Homœopathie française, revue dans laquelle il expose sa propre doctrine, « l’homœothérapie ». Celle-ci repose sur la connaissance du type humain, soit « l’ensemble des caractéristiques de l’être humain, possibilités de devenir psychiques, dynamiques et physiques qui se traduisent extérieurement par une véritable empreinte en relief », puisque selon lui les réactions morbides « se produisent toujours en conformité avec un Type déterminé47 ». Dans cette perspective, l’observation du malade devient fondamentale, et c’est en cela, selon lui, que sa pratique diffère de celle de ses confrères homéopathes48. Par l’analyse de l’aspect physique du patient, le médecin doit pouvoir définir « le Type du sujet qu’il observe », composé d’une constitution, état statique marqué dans ses os, et d’un tempérament, état dynamique susceptible de transformation et modelé selon les évolutions de son milieu et de sa vie intérieure49. De plus, et de manière similaire à la connaissance du malade, l’homéopathe doit également avoir une connaissance approfondie de ses médicaments et de sa matière médicale. Chaque médicament homéopathique convoque un tableau de symptômes, et c’est la similitude entre ce tableau et le tableau général du patient qui autorise le choix du remède. Ainsi, « le sujet qui offre les signes de Sepia est justiciable de Sepia50 ». Néanmoins, le praticien doit également comprendre les causes biologiques qui ont amené le patient à développer les signes de Sepia, et le cas échéant les supprimer, sous peine de voir les symptômes reparaître. Concernant les dilutions, Vannier se montre favorable à l’emploi combiné de hautes et de basses dilutions. Alors qu’il reconnaît aux hautes dilutions, de l’ordre de la 200e centésimale et plus, la capacité de provoquer « une crise d’élimination de toxines », les « basses » dilutions, situées entre 6 et 30 CH (pour centésimales hahnemanniennes) et employées à la suite d’un remède hautement dilué, permettent le bon « drainage » de l’individu et l’évacuation des toxines libérées dans l’organisme par la dose hautement diluée, évitant toute récidive. Cette doctrine, exposée de manière limpide, donne au médecin un rôle central dans l’acte thérapeutique, car le bon choix des différents remèdes dépend de sa capacité à bien observer le patient et à trouver le remède adéquat. Associée à la mise en place d’un outil de production industriel des remèdes homéopathiques (création des Laboratoires homœopathiques de France en 1927), qui permet de financer les activités de propagande et d’enseignement51, elle amène Vannier à jouer un rôle fondamental dans l’essor de l’homéopathie en France durant les années d’entre-deux-guerres, comme en attestent les chiffres de l’époque52. En effet, alors qu’ils n’étaient guère plus de 200 en 1897, les homéopathes français forment un groupe qui se réduit même jusqu’à 140 unités en 1924. Mais en 1930, la Société d’homœothérapie, que Vannier avait fondée trois ans plus tôt et qui publie son propre Bulletin, compte 103 membres sur les désormais 280 homéopathes français, ce qui fait d’elle la plus importante des trois sociétés homéopathiques françaises53. Avant d’évoquer la suite de ce mouvement durant les années trente, il nous semble nécessaire de nous arrêter sur ce qui fait la particularité de la doctrine promue par Léon Vannier : la typologie, la connaissance du type du patient.
La typologie
17Vannier distingue d’abord trois constitutions-types qui correspondent chacune à « un squelette particulier, une forme caractéristique [et] des possibilités morbides bien définies54 ». Calcarea carbonica correspond ainsi à une prédominance du carbonate de chaux dans les sels minéraux constituant les tissus cellulaires, tandis que Calcarea phosphorica et Calcarea fluorica sont marquées respectivement par le phosphate de chaux et le fluorure de chaux. À l’une de ces trois constitutions s’ajoute également le tempérament propre au malade, qui peut être retrouvé à partir « de l’observation des traits du visage, des attitudes, des gestes, des démarches et de tous les signes extérieurs qui permettent de deviner l’état intime de l’être55 ». Si Vannier semble emprunter sa théorie des constitutions au Dr Nebel – lui-même inspiré par les travaux d’Eduard von Grauvogl (1811-1877) –, ce qui lui sera vertement reproché, ses vues sur les tempéraments humains doivent beaucoup à Céline Bessonnet-Favre (1858-1920) et son père, le Dr Henri Favre (1827-1916), tous deux largement impliqués dans les courants ésotériques de leur temps.
18Le poète et occultiste Victor-Émile Michelet (1861-1938) classe Henri Favre parmi les grands précurseurs du mouvement occultiste papusien de la fin-de-siècle. Il lui consacre un court chapitre en compagnie d’Éliphas Lévi et d’Alexandre Saint-Yves d’Alveydre (1842-1909)56. Favre a également été mentionné par certains historiens qui se sont penchés sur l’œuvre de Lévi, car Paul Chacornac (1884-1964), dans la biographie qu’il consacre à Lévi, rend compte de sa participation aux réunions de certains de ces précurseurs chez Charles Fauvety57. Il le dépeint alors comme « un lavatérien de première force et un adepte de l’astrologie58 ». Peu de sources commentent son intérêt pour l’astrologie, mais ses connaissances en physiognomonie, méthode popularisée au xviiie siècle par Johann Caspar Lavater (1741-1801), étaient bien connues de ses contemporains, parmi lesquels George Sand (1804-1876) et Alexandre Dumas fils (1824-1895), avec lesquels il engage des relations intellectuelles qui ne sont pas sans avoir joué un rôle dans leurs productions artistiques59.
Physiognomonie et tempéraments
19Historiquement, la physiognomonie s’intéresse au caractère psychologique et moral de l’individu par l’étude du corps et du visage. Dans les Physiognomonica du Pseudo-Aristote, le plus ancien traité physiognomonique répertorié (ive-iiie siècle av. J.-C.), il s’agit d’étudier les « manifestations physiques des dispositions de l’esprit » en partant du postulat d’une corrélation entre le corps et l’esprit60. Diffusée en Grèce antique, cette technique se développe dans la culture arabe au xe siècle, puis dans l’Occident latin à partir du xiie siècle suite à la traduction de ce traité par Bartholomée de Messine (xiiie siècle) et aux traductions antérieures d’autres textes physiognomoniques61. La physiognomonie arabe mêle l’étude « aristotélicienne » à une pratique divinatoire consistant en l’observation des marques astrales sur le corps humain, et la même cohabitation se retrouve couramment en Occident jusqu’au xvie siècle62. La condamnation des sciences divinatoires par la bulle papale Caeli et terrae creator de Sixte V (1520-1590), en 1586, refroidit cependant l’étude de cette deuxième branche de la physiognomonie pour favoriser son approche naturaliste, comme en témoignent les ouvrages de Giambattista della Porta (1535-1615), qui attribue aux humeurs et aux proportions entre les éléments ce que les physiognomonistes-astrologues attribuent à l’influence des astres, sans pour autant renier la théorie des signatures et celle des correspondances entre le microcosme et le macrocosme63. Ces croyances sont partagées par Lavater, dont le système sémiologique « tient de l’illuminisme64 », et elles sont également répandues au sein du milieu occultiste de la Belle Époque, qui fait montre d’un grand intérêt pour la physiognomonie et la typologie. Henri Favre a sans doute joué un rôle informel dans cette transmission, mais c’est surtout l’œuvre d’Eugène Ledos (1822-1904) qui se distingue dans ce domaine.
20L’homme connaît une grande popularité en 1866 suite à plusieurs articles de presse qui lui sont consacrés, notamment dans L’Évènement et L’Illustration65. Ce dernier journal le présente comme un savant capable de « déchiffrer le moral sur le physique », de « lire couramment l’intérieur sur l’extérieur », mais l’interrogé se défend de prédire l’avenir66. Il n’en relie pas moins l’étude de la physiognomonie à celle des astres, comme en témoigne cette annonce passée en 1859 pour des consultations concernant l’« influence des astres sur la force et le tempérament du corps67 ». C’est seulement en 1894 qu’il publie un ouvrage exposant ses théories et son approche spiritualiste de la physiognomonie. Dans son Traité de la physionomie humaine (1894), il distingue ainsi cinq types géométriques qui sont le carré, le rond, l’ellipse, le triangle et le cône. Selon son expérience, « toute tête humaine est enfermée dans l’une ou l’autre de ces figures », et « chacun de ces types se divise en trois classes déterminées par la proportion du type » : franc, allongé ou long, et court68. Quinze types géométriques se distinguent ainsi, avec des caractéristiques physiques et morales propres qui peuvent varier en fonction du tempérament et des huit types planétaires, également présentés, auxquels ils sont associés.
21Comme la physiognomonie, la notion de tempérament s’enracine aussi dans le temps, mais elle relève davantage du domaine médical. Intimement liée à celle des quatre humeurs hippocratiques, elle postule l’existence de quatre tempéraments humains suivant la prédominance de l’une ou l’autre des humeurs : le sang pour le sanguin, la bile jaune pour le bilieux (ou colérique), la bile noire pour le mélancolique (ou atrabilaire) et le phlegme pour le flegmatique (ou lymphatique)69. La manière d’être des individus se trouve ainsi expliquée par les humeurs, et l’irascibilité d’un homme, par exemple, est reliée à un excédent de bile jaune. Ce type de spéculations, dominant jusqu’à la Renaissance, s’assèche avec le déclin de l’humorisme, mais la théorie des tempéraments n’est pas abandonnée pour autant. Après la « découverte » de la circulation sanguine par William Harvey (1578-1657), ce sont désormais la constitution du sang, la porosité des tissus et la largeur des vaisseaux sanguins qui sont prises en considération par Stahl pour expliquer les différences de tempérament70. Par la suite, en lien avec l’essor des connaissances sur la physiologie nerveuse, la qualité des nerfs et du cerveau sert à caractériser le tempérament. En France, à partir de la moitié du xviiie siècle, les tempéraments, qui ne sont plus forcément au nombre de quatre, sont davantage reliés à la prédominance de tel ou tel système physiologique ou de tel ou tel organe. Le Dictionnaire de médecine d’Émile Littré (1801-1881) définit ainsi le tempérament comme « le résultat général de la prédominance d’un organe ou d’un système dans l’organisme71 ».
22L’étude des tempéraments se couplait déjà à la physiognomonie chez Lavater, qui a représenté la physionomie typique des tempéraments72, et cet entremêlement se retrouve ainsi chez Ledos et les autres occultistes qui s’occupent de typologie. La classification des tempéraments constitue en effet l’un des sujets les plus débattus entre le jeune Gérard Encausse et ses camarades du collège Rollin, Georges Polti (1867-1946) et Émile Gary de Lacroze (1868-1932), avant même que les trois compères n’aient atteint leur vingtaine73. Polti et Gary publient ensemble, dès les premiers numéros de L’Initiation en 1888, un article au long cours sur la théorie des tempéraments édité l’année suivante sous la forme d’une monographie74. Partant des travaux de Lavater, les deux jeunes auteurs proposent d’établir une méthode de classification des individus. Elle repose sur la combinaison des quatre « éléments » L, N, B et S, considérés comme des signes algébriques qui renvoient aux initiales des quatre tempéraments hippocratiques – lymphatique, nerveux (l’ancien atrabilaire), bilieux et sanguin – sans pour autant y correspondre forcément. Polti et Gary détaillent alors les caractéristiques générales propres à chaque élément concernant aussi bien la forme des yeux ou de la tête, que l’écriture, le timbre de la voix, les habitudes vestimentaires, les facultés intellectuelles et les maladies prédisposantes. Une importance particulière est accordée au nez et à ses corrélations sur la forme du crâne, car elles constituent, selon eux, les formes les plus immuables de l’homme. Sur le nez, l’élément L se caractérise ainsi par une concavité dans la partie supérieure, tandis que l’élément N se distingue par une convexité supérieure, l’élément B par une convexité inférieure et l’élément S par une concavité inférieure. Un croquis schématique de ces quatre tendances est représenté (fig. 4a), mais les auteurs soulignent le caractère abstrait de ces figures puisque le tempérament individuel de chacun serait, en réalité, composé par une combinaison complexe de ces quatre éléments75. Ces combinaisons sont alors plus ou moins marquées en chaque individu selon sa formule individuelle, ou combinaison ordonnée, qui est définie par l’agencement des quatre éléments et qui classe les individus selon ces 24 possibilités. À titre d’illustration, Balzac est présenté comme un LBSN et César comme un BLNS. Au contraire des écrits de vulgarisation de Papus, et malgré son titre, cette théorie des tempéraments n’est cependant guère « pratique ».
Fig. 4a. – Polti et Gary, La Théorie des tempéraments et leur pratique, Paris, Georges Carré, 1889, p. 11.

Ces dessins représentent la forme schématique du nez censément propre à chaque élément.
23À l’inverse, le Traité élémentaire de magie pratique (1893) de leur camarade du collège Rollin se propose, entre autres éléments d’un copieux volume, « de synthétiser en quelques pages les points indispensables à connaître pour savoir diagnostiquer les caractères des individus avec lesquels le magiste se trouvera en contact76 ». Papus entend donner à son lecteur les moyens de mieux connaître ses interlocuteurs afin de mieux agir sur eux et, par là même, sur la société, qu’il dépeint comme un véritable champ de bataille. Pour cela, il commence par distinguer quatre types humains qui correspondent à la division de l’homme qu’il avait au préalable établi entre « l’homme impulsif » et « l’homme de raison », sur laquelle nous ne reviendrons pas mais qui correspond à une anthropologie ternaire puisque « l’homme machine » est également évoqué77. Suivant les conceptions de l’ésotériste Antoine Fabre d’Olivet (1767-1825), Papus distingue trois tendances dans l’homme impulsif, trois modifications qui sont l’homme sensuel ou instinctif, l’homme sentimental ou animique, et l’homme intellectuel78. Avec l’homme de raison ou volontaire, ils forment les quatre types suivant la prédominance de l’une ou l’autre de ces tendances dans l’homme. Prédominance seulement, car pour Papus également, l’homme est formé par l’union intime et conjointe de ces quatre composantes. À l’inverse de Polti et Gary cependant, Papus prodigue des conseils très simples pour déterminer le type d’un homme et les tendances personnelles qui lui sont rattachées. Un intérêt particulier se trouve là encore accordé au profil du nez. D’une manière similaire à ses deux camarades avec lesquels il se disputait d’ailleurs la paternité de certaines théories79, chez Papus, l’intellectuel possède un nez convexe à terminaison pointue, et le volontaire un nez convexe à terminaison ronde, tandis que la concavité de l’arête du nez définit l’instinctif (terminaison ronde) et l’animique (terminaison pointue). Ces caractères généraux sont résumés dans un tableau synthétique accompagné d’indications concernant la forme des lèvres, du menton, des doigts, des lignes de la main et la manière d’écrire certaines lettres. Une fois le « diagnostic établi », Papus prodigue des conseils sur le comportement à adopter avec tel ou tel type en fonction de ses tendances psychologiques. Pour l’instinctif qui tend vers la gourmandise, Papus recommande ainsi de veiller à la satisfaction de cette tendance afin de « prendre empire » sur lui80. Il est alors intéressant de noter que cette méthode est également incorporée dans sa pratique médicale, puisque selon lui, dans La Thérapeutique intégrale :
« un médicament agira différemment selon le terrain vivant sur lequel on prétend le faire agir. La connaissance des divers terrains humains constitue la science des tempéraments et le rapport du médicament avec le tempérament est une des caractéristiques principales de l’homœopathie hermétique81 ».
24Il signale en outre que l’importance de l’étude des tempéraments a été relevée par Mattei et ses élèves, ainsi que par son ami, le médecin homéopathe Antony (dit Mériadec) Conan (1843-1921), le directeur du Journal d’homo-homœopathie où il se fait l’avocat de la thérapeutique du même nom. Cependant, Papus regrette leur absence de familiarité avec la « tradition hermétique ».
La collaboration entre Vannier et la famille Favre
25L’étude conjointe des différents types humains par la famille Favre et Léon Vannier ne présente donc pas un caractère inédit, mais elle n’en demeure pas moins digne d’être rapportée82. Henri Favre a connu son heure de gloire comme physiognomoniste du Tout-Paris, et sa foi en cette science, qu’il mêle à l’étude de la main, repose sur un spiritualisme revendiqué, comme en témoigne le discours qu’il fait tenir au personnage principal des Batailles du ciel (1892), un ouvrage qu’il a coécrit avec sa fille Céline :
« Le corps, on peut l’affirmer sans craindre de démenti, est le tabernacle de l’âme. La forme de ce tabernacle indique quelles sont les aptitudes, les tendances, les aspirations de l’esprit qui le doit habiter. Pour qu’une créature humaine atteigne la valeur physique, la valeur morale, la valeur intellectuelle dont elle est susceptible, il faut qu’on ait, pour ainsi dire, modelé le corps et le caractère de l’enfant suivant les indications que la Providence a gravées sur son visage et dans sa main83. »
26Cette citation résonne avec certains passages essentiels de La Doctrine de l’homœopathie française (1931), publiée trois décennies plus tard par Vannier. Pour ce dernier, ce qui fait la caractéristique essentielle de cette doctrine, c’est l’importance qu’elle accorde à l’étude de la « Fonction Humaine », c’est-à-dire à l’observation des signes portés par l’être et la déduction du « plan initial suivant lequel il a été construit », du « Possible qui lui a été remis84 ». Il l’affirme : « Corps et esprit sont intimement unis dans un rapport étroit. La forme du premier indique la possibilité du second, car les forces spirituelles de chaque être ont une répercussion sur son enveloppe, sur laquelle elles déterminent une empreinte85. » Connaître le type revient donc à connaître cette empreinte et, par là même, les possibilités de l’individu que le médecin doit absolument prendre en compte au moment d’individualiser son traitement, puisque « le malade n’est plus seulement un Cas mais un Être dont il a la charge et qu’il a le devoir de diriger et d’orienter dans le sens de la pleine réalisation de ses possibilités86 ». Plus qu’un soignant, l’homéopathe exerce comme un éducateur qui doit aider et soutenir son patient. Son rôle est similaire à celui des ovates, présentés par Henri Favre comme des prêtres celtes initiés par Hénoch qui avaient « pour mission d’étudier les mystères des astres et de la terre, les secrets de la vie humaine87 ». Selon Favre :
« Par leurs études personnelles toujours inspirées par un esprit de droiture et de justice, ils se rendirent maîtres d’une science bienfaisante à l’humanité, souverainement propice au développement, à la garde et à la mise en valeur de la race vivante qui se trouvait placée sous leur protection88. »
27À ce titre, « ces Ovates furent des Thérapeutes, dans toute l’acception du mot », et Favre présente ainsi leur tâche première : « Le Thérapeute sagace et convaincu s’applique à étudier le type de la personne qui se présente à lui ; il cherche à deviner les instincts cachés, les inclinaisons secrètes, les lacunes organiques de tout individu qui se soumet librement à sa toute sympathique et respectueuse observation89. » À ce sujet, au-delà de cette façon de considérer le rôle du thérapeute, une véritable collaboration s’était engagée entre la famille Favre et Léon Vannier.
28Les consultations de Céline Bessonnet-Favre chez le Dr Vannier à partir de l’année 1906 marquent en effet les débuts d’une riche coopération dont a pu rendre compte Jacqueline Vannier dans la biographie publiée en 1968 qu’elle consacre à son défunt mari. Elle écrit en effet :
« Des conversations animées et passionnantes se déroulaient alors ayant trait à la Mythologie et à la Bible, dans lesquelles il était question des relations de l’homme avec le cosmos et des types planétaires, le Dr Favre, sa fille et Léon Vannier, recherchant à travers d’anciens ouvrages, le secret des différents types humains, afin de les sérier et de pouvoir les utiliser dans cette médecine homéopathique si proche de la nature90. »
29Mieux, elle retranscrit les nombreuses lettres échangées par Vannier et Bessonnet-Favre, qui illustrent une collaboration également attestée par une lettre de cette dernière adressée à la Comtesse Greffulhe (1860-1952), où elle révèle être « appelée par le Dr Vannier pour travailler avec lui à la question médicale d’après la méthode de mon père91 », ainsi que par sa présence même dans les colonnes de L’Homœopathie française, où elle publie chaque mois et jusqu’en 1914 de longs articles sur « les types humains », puis sur « l’observation typologique ». Ces articles s’inscrivent à la suite de ses premiers travaux sur le sujet, réunis dans un ouvrage intitulé La Typologie. Méthode d’observation des types humains. Seule la seconde édition de 1910 nous est parvenue, alors que Vannier évoque un ouvrage publié en 1905. Cette seconde édition contient néanmoins une prestigieuse préface rédigée par le professeur Fulgence Raymond (1844-1910), successeur de Charcot à la chaire de clinique des maladies nerveuses de la Salpêtrière, membre de l’Académie de médecine et voisin poitevin des Favre, qui n’hésite pas à considérer que « la typologie fait désormais partie de nos sciences d’observation92 ». En effet, Céline Bessonnet-Favre présente la typologie comme « une science d’observation qui a pour objet de relever et de comparer les diverses empreintes de la Vie dans les êtres humains93 », et suivant les principes physiognomoniques classiques, cette science du type entend aboutir à la connaissance du moral par le physique. L’auteur expose donc sa méthode et détaille la diversité des signes dont l’observateur doit tenir compte, qu’il s’agisse des yeux, des oreilles, des mains ou du timbre de la voix, mais elle précise que le diagnostic du type n’est pas aisé et qu’il repose sur « l’intuition » de l’observateur, qui doit posséder « un tact subtil », un « don d’observer [qui] n’appartient pas à tout le monde94 ». La classification des types n’est pas plus claire, ce dont elle convient, car elle distingue tantôt les types statiques des types dynamiques, tantôt les types musculaire, œdémateux, adipeux, herpétique et scléreux. En avril 1912, dans L’Homœopathie française, elle propose une première classification entre type masculin et type féminin, chacun étant particulièrement marqué par l’un des quatre tempéraments généraux : le sensuel, le passionné, le voluptueux et le neutre, eux-mêmes divisés en plusieurs sous-catégories. Il y a aussi les types « anormaux », et Bessonnet-Favre fait à ce propos une curieuse remarque concernant les nains, qui reflète son intérêt pour les croyances ésotériques et populaires, en suggérant l’existence « dans les temps reculés, des races de nains et que ces races aient possédé une civilisation, des arts et des industries95 ». Cette remarque s’ajoute à ses spéculations sur la kabbale celto-druidique d’Occident qu’elle publiait sous le pseudonyme de Francis André dans les différents périodiques du Hiéron de Paray-le-Monial ; ce centre d’études catholiques originellement centré sur les thématiques du Sacré-Cœur et de l’Eucharistie fondé par le baron Alexis de Sarachaga (1840-1918), et qui a par la suite suivi une orientation « ésotérisante » impulsée par le « celtophile » Henri Favre, par ailleurs auteur d’un « Troisième Testament », censé éclairer ses lecteurs sur « la réalité intérieure » de la Bible96. Une évolution commence à poindre concernant la nomenclature employée dans la revue au cours de l’année 1913. La typologue évoque alors les Apolloniens, mais aussi les types Terriens et Mercure. Ce genre de dénomination n’est cependant pas neuf sous la plume de Bessonnet-Favre. Comme l’indique Jacqueline Vannier, celle-ci pouvait, dès novembre 1906, adresser à Léon Vannier des lettres lui indiquant à propos d’une patiente : « Vous savez quel est le résultat de mon observation typique : un Saturne vieux s’est greffé sur un Mercure vénusiaque qui avait un corps d’éphèbe avec un sexe indécis, et un équilibre nerveux instable97. » En outre, Bessonnet-Favre n’hésite pas, toujours en privé, à proposer à son médecin d’injecter au type vénusiaque en question de l’eau de mer selon la méthode de René Quinton (1866-1925), en vertu du fait que Vénus serait née des gouttes de sang d’Uranus tombées sur l’écume des eaux de la mer98. Les mots choisis sont donc bien différents lorsqu’elle publie sur la typologie sous son véritable nom, et il faut attendre mars 1914, et un article intitulé « La classification typologique », pour qu’elle détaille les « huit prototypes planétaires » à propos desquels l’influence de Ledos se fait nettement sentir99.
30Hormis Apollon, qui correspond au Soleil, ces prototypes prennent effectivement le nom d’astres, mais Bessonnet-Favre leur fait plutôt correspondre leurs homonymes, les dieux et déesses des mythologies grecque et romaine tels qu’ils ont pu être représentés par les artistes antiques, qui auraient alors pris modèle sur les types caractéristiques de l’humanité. Dans cette perspective, les types purs (prototypes) sont distingués des types composés (métatypes). Les huit types purs sont classés en visages longs (Saturne, Mars et Apollon), visages moyens (Vénus, Jupiter) et visages courts (Mercure, Terre et Lune), chacun de ces types englobant plusieurs types composés marqués par la prédominance de ce type pur. Neptune est ainsi un métatype composé de Saturne, Jupiter et Lune, tandis que Harpie est un composé de Mercure, Mars et Saturne100. La guerre met fin à la publication de L’Homœopathie française, qui ne reparaît qu’après la mort de Bessonnet-Favre, mais dès les premiers numéros de la nouvelle série, en 1924, Vannier reprend le flambeau et reproduit la classification mise au point par son amie101. Chaque individu est donc un type composé marqué par la fusion de plusieurs types purs, dont les caractéristiques sont minutieusement exposées par Vannier dans La Typologie (1930), un ouvrage qui se compose des conférences données par ses soins à la Société d’homœothérapie de France durant l’année 1928. En plus des nombreuses leçons données à ce sujet, le thème est ensuite enrichi par Vannier dans un travail en deux volumes intitulé La Typologie et ses applications thérapeutiques, publié en 1949 et 1955. Comme son titre l’indique, cette étude constitue l’aboutissement du programme de recherche de Vannier, qui entendait faire correspondre chaque type à un remède particulier, puisque selon lui les remèdes possèdent aussi un tempérament qui leur est propre. Ce programme de recherches avait d’abord été exploré en collaboration avec Céline Bessonnet-Favre et devait d’ailleurs déboucher sur la publication d’un ouvrage à quatre mains, comme en témoignent les lettres reproduites par Jacqueline Vannier.
31Les deux amis correspondent en effet activement durant la guerre, unis par une pensée analogique commune. À propos de l’un de ses ouvrages, considéré par un relecteur sarcastique comme une « histoire de la Pologne d’après la méthode intuitive et divinatoire102 », Vannier confie ainsi à Bessonnet-Favre : « J’ai lu votre livre : “l’Égide”, il m’a fait du bien et je l’ai compris parfaitement. C’est une langue que je saisis tout de suite […] J’ai besoin à chaque instant d’établir des rapports, des relations, etc., de voir ce que les autres ne voient pas103. » Désireux d’élargir ses connaissances, cherchant à acquérir « de nouvelles idées générales », il demande alors des conseils de lecture à sa nouvelle amie, qui lui recommande, outre certains ouvrages historiques d’Hérodote à Henri Bordier (1817-1888), la Bible, « où sont signalées à jamais toutes les fonctions », et Batailles du ciel104. La lecture de cette dernière référence, au début de l’année 1915, rend Vannier enthousiaste : il affirme enfin comprendre et être sur la bonne voie. L’écriture d’un livre commun « exposant la série naturelle des types avec leur déviation morbide et la série médicamenteuse correspondante » est même prévue105, et le médecin organise le plan de travail suivant :
« 1) Établir par écrit un programme complet d’extension de l’Homéopathie et des idées afférentes, je vous l’enverrai. 2) Revoir tranquillement ma Matière Médicale, en étudiant plus particulièrement les mentalités et les types qui s’y rapportent. 3) Étudier les ouvrages de LEDOS, voire LAVATER, et suivre les indications que renferment vos articles parus, afin d’être au courant complètement, et de pouvoir vous apporter si je puis quelques éléments utiles. 4) Revoir mon Histoire de France, car j’ai acheté le livre que vous m’avez indiqué106. »
32Bessonnet-Favre, de son côté, applaudit à son œuvre homéopathique, qu’elle associe à un véritable apostolat. Pour elle, l’homéopathe s’appuie sur « le plus merveilleux des dogmes chrétiens » en opérant « une transsubstantiation des éléments impondérables », et elle lui révèle : « La Providence vous a conduit et éprouvé pour que vous tiriez publiquement des conclusions conformes à ses vues suprêmes107. » Son « ésotérisme chrétien », sa croyance en l’existence d’un savoir de type ésotérique, secret et réservé aux initiés, qu’il est possible de retrouver en déchiffrant le texte biblique, imprègne ses recherches typologiques mais aussi le sens qu’elle donne à sa collaboration avec Vannier. Dans une lettre datée du 18 septembre 1915, elle lui écrit :
« J’ai reçu, mon cher Docteur, avec grande joie votre bonne et très intéressante lettre. Dans la nuit qui a suivi sa réception j’ai repris ma faculté de rêve intelligent disparue depuis si longtemps, et j’ai pu le matin noter à la hâte, tout un système de reconstitution des types cités dans la genèse, en calculant leurs nombres, je vous mettrai cela au clair et vous le communiquerai sous peu. Il y a dans notre collaboration deux choses : 1) ce que nous devons découvrir et savoir pour nous-mêmes (initiation) ; 2) ce que nous devons produire au dehors (révélation). Quand nous saurons bien ce que nous voulons enseigner, la forme sera vite trouvée. Je travaillerai suivant la marche des idées et nous collaborerons avec fruit108. »
33Elle précise plus tard son système de reconstitution des types dont elle cherche le schéma géométrique dans la Genèse selon les principes de la gématrie qu’elle semble accommoder à ses objectifs. Elle affirme ainsi que « tous les noms hébraïques ont une valeur numérique puisque chaque lettre est un nombre » et que « le total des nombres exprimés par chaque lettre d’un nom donne la valeur de ce nom109 ». Dans cette perspective, Adam, ou plutôt Adm, vaut 45, car « A = 1 ; D = 4 et M = 40 », et Ève ou Héouhé vaut 16, car « Hé = 5 ; ou = 6 ; Hé = 5110 ». Or, « Adm a été créé d’abord mâle et femelle, c’est-à-dire hermaphrodite (Herm = Mercure ; Aphrodite = Vénus), et la Bible nous dit que le Seigneur créa la femme en prenant un côté d’Adm111. » L’androgynisme supposé d’Adam a alimenté bien des débats théologiques, qui ont toujours cours de nos jours, et s’est trouvé constituer un thème de choix pour les spéculations occultistes112. Pour notre propos, relevons surtout que Bessonnet-Favre s’appuie là encore sur des passages bibliques pour en déduire les mesures d’angles à partir duquel il est possible de construire des types. En soustrayant 16, la valeur d’Héouhé/Vénus, c’est-à-dire le « protoplasme » féminin d’Adm, à 45, elle obtient 29, qui constitue dans cette vue Herm/Mercure, ou le protoplasme masculin d’Adm113.
34De plus, la classification qu’elle proposait en 1914 n’est pas fixée. Si elle maintient l’existence de huit prototypes malgré l’insistance de Vannier, pour qui il n’en faudrait que sept afin qu’il y ait « concordance avec tous les divers systèmes114 », elle s’accorde avec lui pour rattacher Adm au type Terre et lui fait dériver les types Vénus et Mercure, tout en s’interrogeant sur la correspondance entre les types dérivés de Terre-Vénus avec les constitutions phosphorique et fluorique115. Cette herméneutique de la Bible est complexe, en particulier parce qu’elle s’ajoute à la nécessité de lui faire correspondre les connaissances médicales homéopathiques de Léon Vannier. Mais ce travail n’effraie pas ce dernier, qui se met même à l’étude de l’hébreu pour apporter sa pierre à l’édifice. Leur relation est donc véritablement collaborative, puisque Vannier ne se contente pas d’accepter les théories de Bessonnet-Favre et n’hésite pas à proposer d’autres pistes d’exploration. Il se demande ainsi s’il serait « possible d’interpréter d’autres textes », pour y trouver « des révélations d’ordre médical116 », et suggère, par exemple, la remarque suivante :
« Je lis le Politicon [nom d’une des publications du Hiéron de Paray-le-Monial], c’est passionnant. Vous continuez à un moment donné le triangle géodésique de Jupiter, avez-vous calculé les angles de ce triangle, et si le nombre obtenu coïncide avec celui de l’angle de construction du type ? Il faudrait alors construire tous les triangles géodésiques des Dieux. Quel travail, mais aussi quels résultats117 ! »
35Avec le temps, le médecin se permet même de corriger et de discuter certaines observations typologiques de sa partenaire, celle-ci pouvant librement contester (« Je ne puis vous enlever le signe caractéristique qui vous gêne. Toutes mes observations m’ont prouvé que le nez concave et camus est un signe du type Terre, comme l’œil bleu est un signe du type Lune118 »), ou approuver ses remarques (« vous avez raison pour Hercule, le métatype pur est bien : Terre, Mars, Jupiter119 »).
36Après le décès de son amie, il n’est toutefois pas certain que Vannier ait continué cette lecture particulière de la Bible pour définir le schéma géométrique des types humains. La bibliographie de son ouvrage sur la typologie paru en 1955 fait mention des travaux publiés par les principaux physiognomonistes et « typologues » occultistes, ainsi de Gary de Lacroze, Péladan ou Sédir120, mais il reconnaît que les principaux éléments d’observation utilisés dans ce volume appartiennent aux Favre, auxquels il rend un hommage appuyé. Il faut dire que sa classification est peu ou prou celle développée par Bessonnet-Favre, et que nombre des détails physionomiques de chaque type lui sont certainement dus. Soulignons enfin, pour conclure, que cet ouvrage se distingue par la représentation figurative de chaque type, ce dont son auteur se félicite, car « des images étaient nécessaires pour faciliter la connaissance des Types et leur compréhension », jugeant les documents publiés auparavant par Péladan et Ledos « vraiment dépourvus d’exactitude et de sincérité121 ». Les 142 dessins de Robert Simon viennent ainsi illustrer les descriptions méthodiques de Vannier et inscrire ce travail dans l’histoire de la physiognomonie122, quarante ans après que l’édition artistique d’un tel volume ait été acceptée par Henri Piazza (1861-1929) [fig. 4b]123.
Fig. 4b. – Vannier Léon, La Typologie et ses applications thérapeutiques, 2e partie : Les Tempéraments. Types et métatypes, Paris, Doin, 1955, p. 63, 73, 99 et 113.

Représentations de différents types « Mars » : des dessins de Robert Simon côtoient la photographie d’une statue de Bartolomeo Colleoni et celle d’un portrait de Napoléon.
L’Homœopathie française, entre holisme et courants ésotériques
37Bien sûr, cette collaboration avec la famille Favre n’est pas le seul élément reliant l’œuvre et le groupement de Léon Vannier aux courants ésotériques. Parmi les premiers médecins collaborant à L’Homœopathie française avant-guerre, le Dr Jacques Pierre Vergnes (1871-1968) se distingue particulièrement puisqu’il contribue à établir un véritable pont entre les courants ésotériques et les médecins homéopathes de l’époque. Reçu docteur en médecine en 1901, le Dr Vergnes officie d’abord dans la ville d’Agen, où il s’intéresse déjà aux thématiques ésotériques puisque son nom se retrouve dans la liste des souscripteurs au congrès spiritualiste de 1908 présidé par Papus124. Il monte à la capitale à la fin de l’année 1908 et se fait élire membre titulaire de la Société française d’homœopathie grâce au patronage des docteurs Paul Chiron (1879-1952) et Vannier125. Surtout, il participe au même moment à la séance de fondation de la « Société des sciences anciennes fondée pour l’étude des conceptions philosophiques et scientifiques du moyen-âge et de l’antiquité », où il préside la section de spagyrie et de médecine ancienne126. Son président, Pierre Piobb (1874-1942), donne à la Société « le but d’étudier d’une façon rationnelle et méthodique les conceptions philosophiques et scientifiques du moyen-âge et de l’antiquité », afin de « savoir quelle part de vérité elles contiennent », puis de « les comparer ensuite avec les données [scientifiques] actuelles127 ». Cet objectif est tout à fait classique du milieu occultiste, aussi n’est-il pas surprenant de retrouver des familiers bien connus de ce milieu parmi les membres fondateurs, ainsi de Jollivet-Castelot et d’Oswald Wirth (1860-1943). Piobb lui-même s’impose comme une personnalité importante depuis son Formulaire de Haute-Magie (1907) et son Année occultiste et psychique (1908). Or, Léon Vannier devient un membre de la Société des sciences anciennes lors de la séance du 18 décembre 1909128. De plus, à cette admission répond la publication d’un article de Piobb intitulé « Thérapeutiques nouvelles » dans la Revue homœopathique française de février 1910. Ce dernier évoque à cette occasion les travaux de médecins modernes reprenant les expérimentations des alchimistes et de Paracelse dans l’art de guérir. Il révèle alors que « le Dr Vergnes s’est appliqué à étudier les vertus magnétiques du sang que l’école de Paracelse prétendait avoir constatées et savoir utiliser » et qu’il a même guéri des cancers « en employant une manière de sérum composé du propre sang du malade129 ». Il s’agit ici d’une forme d’isothérapie, une technique qui consiste « à prendre les produits de sécrétion d’un être malade comme agents médicamenteux pour guérir la même maladie130 ». Cette thérapeutique figure parmi les méthodes de guérison que L’Homœopathie française entend également étudier, car elle formerait avec la sérothérapie, qui « emploie le sérum des animaux immunisés contre une maladie particulière, pour guérir la même maladie chez l’homme », l’organothérapie, qui « fait absorber au malade, dont certains organes sont atteints, le suc ou l’extrait des mêmes organes pris chez les animaux sains », et bien sûr l’homéopathie, que l’on ne présente plus, « un tout indivisible » qui constitue « la seule thérapeutique scientifique dont la doctrine repose sur la loi de similitude et l’action de la dose infinitésimale131 ».
38Avant-guerre, la revue accueille également Émile-Jules Grillot de Givry (1874-1929) et René Allendy. La présence de Grillot de Givry, membre de l’Ordre de la Rose-Croix catholique et esthétique du Temple et du Graal du Sar Péladan, et franc-maçon de Memphis-Misraïm132, est liée à sa traduction des œuvres de Paracelse, une personnalité que Vannier tient en affection. Grillot de Givry a en effet traduit le Traité des trois essences premières en 1903, puis publié, en 1913 et 1914, une traduction du Liber Paramirum en deux tomes. Aussi n’est-il guère surprenant de le voir insérer dans L’Homœopathie française, en janvier 1913, une étude sur « Paracelse et son œuvre » qui met en relation cette œuvre avec les théories homéopathiques. Dans la nécrologie qu’il lui consacre, Vergnes affirme que « le défunt occupait certainement une des premières places à la tête du mouvement spiritualiste contemporain133 ». Ce même Vergnes a d’ailleurs pu jouer les intermédiaires, car les deux hommes écrivent pour Le Voile d’Isis. Plus précisément, Grillot de Givry publie, en 1912, deux longues études sur « Paracelse et la médecine occulte » et « La survivance de Jeanne d’Arc », tandis que Vergnes traite de la question du « sang », puis « de l’or dans la thérapeutique ancienne et moderne » en 1913. Un troisième collaborateur, René Allendy, cumule également les articles dans les colonnes de la revue occultiste et de L’Homœopathie française.
39Déjà évoqué pour son vitalisme, Allendy fréquente jeune la librairie ésotériste Chacornac, où il sympathise avec Vergnes. Avec l’aide du pharmacien René Baudry (1881-1966), ce dernier parvient à le convertir à la doctrine homéopathique dans le courant de l’année 1912134. Sa thèse de médecine publiée par Chacornac, dont le titre complet est L’Alchimie et la médecine. Étude sur les théories hermétiques dans l’histoire de la médecine, se fait alors le reflet de ce double intérêt, car elle affirme notamment que « l’homœopathie a été le dernier produit des théories alchimiques en médecine135 ». Les milieux occultistes font un très bon accueil à l’ouvrage et ouvrent les colonnes de leurs revues au jeune médecin. Le Voile d’Isis publie en décembre 1912 un compte rendu élogieux de sa thèse, considérée comme un « ouvrage précieux pour mettre les Occultistes au courant du mouvement hermétique136 », accompagné d’un article de sa plume sur la Rose-Croix137. De plus, le Journal du magnétisme des Durville se montre également très enthousiaste. Gaston Durville, qui a assisté à la soutenance, le félicite et l’invite, en mars 1913, à délivrer une conférence expérimentale sur « L’Alchimie, ses théories et ses symboles » à la Société magnétique de France. Il faut dire qu’au début de l’année, Allendy était de la commission attestant de la main momifiée par Gaston Durville et ses assistants138. Cette proximité avec les Durville se retrouve aussi dans sa participation au deuxième Congrès international de psychologie expérimentale, où Pierre Piobb occupe par ailleurs la vice-présidence. Allendy traite à cette occasion de « l’Astrologie au point de vue médical » et affiche son espoir de voir l’astrologie donner « une clef sûre pour trouver le traitement approprié à chaque cause morbide139 ». Son affection pour la figure de Paracelse et l’astrologie l’amène ainsi à écrire dans L’Homœopathie française, où son ami Vergnes publie des papiers sur « l’influence lunaire en médecine » et « la doctrine des signatures », entrecoupés d’articles plus techniques sur le traitement homéopathique de la diarrhée ou de l’insolation. Allendy se montre également intéressé par l’enseignement homéopathique de Vannier, puisqu’il assiste à l’inauguration des cours du Dispensaire de l’homœopathie française en novembre 1913. Cependant, tout comme Vergnes et Grillot de Givry, il ne figure plus parmi les collaborateurs de Vannier à la reprise de la revue en 1924.
40Parmi les animateurs de la revue avant-guerre, seuls les Dr Daniel Parenteau (1852-1938) et Charles Noailles (1887-1959) répondent à l’appel en 1924, mais les proximités avec les courants ésotériques sont loin d’être éteintes pour autant. Un quatrième médecin, et non des moindres, fait son apparition dans la revue lors du deuxième numéro de février 1924. Il s’agit du Dr Robert Lavezzari (1886-1977), celui que la plupart des ostéopathes actuels reconnaissent comme l’introducteur de leur méthode sur le territoire français140. Lavezzari publie en effet un article sur l’ostéopathie, qu’il dépeint comme une « méthode de thérapeutique manuelle à peu près inconnue en Europe141 ». Lui-même y aurait été initié par l’américaine Florence Gair (1874-1961)142, une disciple directe d’Andrew Taylor Still (1828-1917)143, le fondateur de l’école ostéopathique. Ce fils de pasteur méthodiste, magnétiseur et bonesetter autodidacte144, en vient à développer une étiologie particulière qui postule que « là où le sang circule normalement la maladie est impuissante à se développer145 ». L’ostéopathe est alors chargé de pratiquer les diverses manipulations manuelles qui permettront la suppression des éventuels obstacles à la bonne circulation du sang, ces « lésions ostéopathiques » qui empêchent le sang d’entretenir le fonctionnement des différents organes du corps humain (fig. 5)146.
Fig. 5. – Lavezzari Robert, « Les lésions cervicales et leur traitement », L’Homœopathie française, juin 1924, p. 332 et 337.

Le Dr Lavezzari en action avec un jeune patient.
41Par ailleurs, il s’avère que Lavezzari est l’un des premiers disciples français de Rudolf Steiner, qu’il aurait rencontré pour la première fois en février 1909147. Sa proximité avec la Société anthroposophique est attestée dès 1913148. L’année suivante, il écrit même à Steiner, « au nom de la Branche St Germain de Marseille et des deux branches de Nice », pour lui demander de se déplacer dans le midi de la France149. À cette date, Lavezzari est déjà acquis à la doctrine homéopathique depuis la guérison de sa crise d’appendicite par un disciple marseillais de Vannier150, mais c’est dans la pratique ostéopathique qu’il décide de se spécialiser à partir de l’année 1919151. S’il peut être surprenant de constater l’abondance des articles consacrés à l’ostéopathie dans L’Homœopathie française, cette présence s’explique d’abord par les considérations étiologiques holistes communes à l’ostéopathie et l’homœothérapie. Lavezzari l’affirme :
« La maladie ne peut pas se développer sur un bon terrain. Si elle le fait quelquefois, elle est vite jugulée. On connaît des exemples nombreux de porteurs tout à fait sains des germes les plus violents. Comment expliquer ces faits si ce n’est par l’immunité naturelle du corps humain tout à fait sain. Tous les résultats pratiques, tous les succès de l’homéopathie sont basés sur ce grand principe152. »
42Vannier, qui avait pu constater de lui-même les bienfaits de l’ostéopathie en consultant personnellement Lavezzari153, rejoint tout à fait cette position. À l’heure d’annoncer avec enthousiasme l’installation de ce dernier dans la capitale, il embrasse, au moins en partie, la théorie ostéopathique et déclare : « Rétablissez l’ordre architectural qui a été troublé, tout disparaît154. » Une lettre adressée en 1930 à un confrère ostéopathe, probablement Lavezzari, illustre encore mieux l’importance que Vannier accorde à l’ostéopathie. Il affirme à cette occasion que le rôle de leur groupement est d’étudier la statique et la dynamique de l’être humain, et que la partie statique répond de l’ostéopathie : « L’être est, mais il n’est pas comme il devrait être […] la colonne vertébrale est un axe, l’être humain est un être désaxé, il faut le réaxer155. » La partie dynamique, quant à elle, est le domaine de la typologie, la connaissance du type, qui autorise le médecin à orienter l’être « suivant son propre fonctionnement, c’est-à-dire suivant son Possible qu’il ne connaît pas156 ».
43Les travaux anthroposophiques trouvent en outre sous l’impulsion de Lavezzari un écho particulièrement favorable dans le groupement. Ainsi, lors des réunions de février et novembre 1928 de la Société d’homœothérapie, Lavezzari présente des expérimentations menées au Goetheanum de Dornach, siège de la Société anthroposophique. Dans leur laboratoire de recherches biologiques, le Dr Eugen Kolisko (1893-1939) et sa femme Lily (1893-1976) s’attachent à démontrer les diverses influences astrales sur des solutions de sels métalliques, et Lavezzari note que ces influences peuvent également s’exercer sur les différents types humains157. En février 1930, il rend compte avec intérêt d’un livre de Kolisko publié aux éditions Alice Sauerwein158, du nom de la fondatrice de la Société anthroposophique de France en juin 1923159. Les théories sur les forces éthériques développées par Guenther Wachsmuth (1893-1963), disciple de Steiner, sont aussi évoquées à l’heure d’expliquer le principe des vitamines160, dont la science travaillait à découvrir le rôle dans le corps humain. Surtout, Ehrenfried Pfeiffer (1899-1961), le directeur du laboratoire de chimie biologique du Goetheanum de Dornach, délivre devant les médecins du groupement quatre conférences, de 1933 à 1938, durant lesquelles il détaille sa technique de diagnostic des maladies végétales, animales et humaines par la méthode des cristallisations sanguines161. Lavezzari, qui publie à l’occasion dans des revues occultistes telles que Le Voile d’Isis ou L’Astrosophie162, n’est cependant pas le seul médecin du groupement à se montrer familier des courants ésotériques. Parmi eux, le Dr Jacques-Émile Emerit (1897-1968) se distingue lui aussi d’une manière tout à fait notable.
44Outre ses diverses critiques et traductions de travaux homéopathiques publiés en allemand, Emerit, qui remplace à l’occasion Vannier à la rédaction de la chronique introductive mensuelle de la revue, déclare notamment avoir été amené à l’étude de l’homéopathie par l’étude de ce même occultisme :
« D’autres médecins, moins nombreux peut-être, auront suivi la filiation inverse ; emportés par leur curiosité, ils auront commencé par feuilleter des livres d’occultisme, et frappés du grand principe maintes fois apparent dans cette littérature dont il est la clef, à savoir “l’équilibre par L’ANALOGIE des contraires”, ils auront été amenés à rechercher cette loi traditionnelle dans la thérapeutique, et pratiquement dans celle qui reconnaît l’analogie comme un dogme, l’Homœopathie. Telle a été, permettez-nous de vous le confesser, notre propre attitude, et c’est pourquoi nous conservons une certaine reconnaissance à l’horrifique bête d’Apocalypse qui a nom Occultisme, et que nous saluons de loin163. »
45Il affirme en outre plus loin à ses pairs médecins :
« Chaque fois que vous appliquerez les principes de l’Homœopathie, vous développerez au maximum les possibilités de votre influence médiatrice, et vous accomplirez un acte magique au sens profond du mot. La magie, la science des Mages, contient dans son essence les principes de notre méthode164. »
46Il faut dire que Jacques-Émile Emerit est un grand amateur d’alchimie. Selon Jean-François Gibert (1938-2016), qui a été son disciple et qui a édité la traduction des textes de Paracelse faite par son maître165, Emerit aurait rencontré Henri Coton-Alvart (1894-1988), un autre alchimiste, chez Pierre Dujols (1862-1926). Ce dernier avait racheté la Librairie du merveilleux de Chamuel en 1901, pratiquait l’alchimie opérative, et aurait enseigné les fondements de l’hermétisme à Emerit et Coton-Alvart au début des années vingt. Coton-Alvart, qui publie lui-même en mai 1939 dans L’Homœopathie française un article d’astrologie sur « la doctrine des crises et des jours critiques », affirme d’ailleurs que « le docteur Emerit aura été un des plus profonds érudits parmi les hermétistes, tout spécialement dans la connaissance de Paracelse166 ».
47Parmi d’autres contributeurs, plus occasionnels cette fois, il faut encore mentionner les Dr Gérard Monod (1880-1945) et Lisbeth Thyss-Monod (1877-1963), un couple de théosophes qui se distingue par ailleurs dans l’organisation de la branche française de la Ligue médicale théosophique évoquée par Morand dans Hygie167. Le couple Monod témoigne des relations liant naturisme médical et homéopathie, puisqu’ils dirigent également le sanatorium d’héliothérapie du domaine des Courmettes, à Tourettes-sur-Loup168, où se trouve, en marge du domaine, une petite communauté dirigée par l’anarcho-naturiste Filareto Kavernido (pseudonyme d’Heinrich Goldberg, 1880-1933)169. L’exemple du Dr Henri Balland, actif dans le milieu naturiste de « Vivre », illustre également cette proximité. En décembre 1928, Vannier annonce avec entrain la collaboration nouvelle du docteur Balland, qui traitera de « l’hygiène pratique de l’Être humain ». Pour lui, « ainsi continuent à se grouper autour de “l’Homœopathie Française” les champions de la “vraie thérapeutique”, celle qui prend l’homme à sa naissance pour le conduire vers sa pleine et entière réalisation170 ». Balland, qui cite régulièrement Carton dans ses articles, associe en effet son naturisme médical à la doctrine homéopathique de Vannier, puisque l’alimentation vicieuse est pour lui l’une des plus importantes causes « qui font évoluer les organismes humains vers leurs types pathologiques, ou empêchent la nature d’opérer son œuvre de redressement171 ». Corriger l’alimentation, comme corriger les déplacements vertébraux, revient à traiter les causes biologiques ayant amené un individu à développer tel ou tel tableau symptomatique. Le redressement psychique constitue de même une source d’intérêt, et Vannier rend compte avec bienveillance de l’ouvrage intitulé Tu réussiras (1929) de Louis Gastin. Néanmoins, les médicaments homéopathiques restent privilégiés, plus que les éventuels exercices mentaux personnels, quand il s’agit d’agir sur l’état psychique du sujet. Cette primauté accordée au médicament homéopathique constitue d’ailleurs le point de rupture qui sépare les homéopathes de certains naturistes, comme en atteste la controverse nourrie qui oppose Vannier et ses collaborateurs à Paul Carton, qui assimile l’homéopathie à de la médecine noire souillant le dynamisme humain par l’ingestion de substances « diaboliques » prises « dans le monde vil, grouillant et rampant ou encore extraites des glandes génitales des bêtes172 ». Carton en garde au moins autant pour l’acupuncture, qui connaît un nouvel essor durant les années trente auquel a contribué le groupement de Vannier.
48Un article fondateur sur le sujet est en effet publié dans la revue en juin 1929. George Soulié de Morant (1878-1955) et le Dr Paul Ferreyrolles (1880-1955) y détaillent les principes de leur conception de l’acupuncture, qu’ils présentent comme une « thérapeutique par réflexothérapie173 ». Ils évoquent les points de Weihe, du nom de ce médecin allemand qui détermina un certain nombre de points douloureux sur le corps humain comme autant de symptômes indiquant la prescription de tel ou tel remède homéopathique, et dressent un parallèle avec les points de l’acupuncture chinoise. Néanmoins, il faut attendre le mois de mai 1937 pour voir cette pratique retrouver droit de cité dans le groupement de Vannier grâce au Dr Roger de la Füye (1890-1961). Ce dernier poursuit alors l’analyse des correspondances entre les points de Weihe et les points d’acupuncture, et il va jusqu’à donner un cours d’électropuncture, censée stimuler les points d’acupuncture par de faibles courants électriques, aux homéopathes formés à l’école de Vannier. Ces huit années de silence sur une thérapeutique, l’acupuncture, pourtant en pleine croissance en France durant cette période, s’expliquent en fait par la scission du début des années 1930, qui ralentit quelque peu le mouvement fondé par Vannier.
49À l’aube des années trente, ce mouvement, fort d’un laboratoire spécialisé dans la préparation des remèdes homéopathiques et isothérapiques, mais aussi d’un laboratoire de physique homœopathique et d’un laboratoire de recherches biologiques, se révèle pourtant très dynamique. À ce titre, les « trois Journées homœopathiques franco-américaines » de juillet 1929 marquent un véritable tournant, car pour la première fois de son histoire, à l’occasion de la venue d’une délégation d’homéopathes américains en France, l’homéopathie reçoit les honneurs de la République Française en guise de consécration des réseaux politiques et mondains patiemment tissés par Vannier. Le 17 juillet, la délégation emmenée par ce dernier est reçue à l’Élysée par le Président de la République, Gaston Doumergue (1863-1937). Le lendemain, le Dr Alfred Oberkirch (1876-1947), sous-secrétaire d’État au travail, à l’hygiène, à l’assurance et aux prévoyances sociales, prononce lors du banquet un discours enthousiaste dans lequel il promet à la « science homœopathique » « un magnifique avenir174 ». Deux films de propagande édités par la Compagnie universelle cinématographique sont également diffusés à l’occasion de ces journées : l’un explique « comment agit le remède à dose infinitésimale » et l’autre expose « la préparation du remède homœopathique ». Rien ne semble alors pouvoir arrêter la marche en avant du mouvement. Vannier rêve même de la création d’un Centre international homœopathique, projet gigantesque imaginé par l’architecte Paul Nelson (1895-1979), comprenant un institut avec salle de conférences, bibliothèque et laboratoires, un hôpital et un centre de consultations175. Ce projet ne verra jamais le jour, mais un dispensaire homéopathique, toujours ouvert de nos jours, est tout de même fondé en décembre 1930 au 99 boulevard Auguste Blanqui, à Paris, à l’initiative de l’Association philanthropique pour le développement de l’homœopathie française lancée en juin 1930. En septembre de cette même année, treize communications sur les 34 présentées lors du Congrès international homœopathique de Rome sont délivrées par des médecins affiliés au groupement de Vannier176, preuve de la place occupée à ce moment-là par la Société d’homœothérapie et ses 103 médecins homéopathes.
50Un coup d’arrêt vient cependant enrayer pour un temps cette belle mécanique, au moment même de la fondation, au 25 rue Murillo, près du Parc Monceau, du Centre homœopathique de France (CHF) ; une version certes réduite du Centre international homœopathique un temps imaginé, mais tout de même composée d’un centre d’information avec bibliothèque et office de propagande et d’un centre d’enseignement proposant des leçons théoriques et pratiques aux médecins désireux d’apprendre les principes de l’homéopathie. Au tournant de l’année 1932, en effet, un grand nombre de médecins parmi les plus proches de Vannier quittent le navire à la suite d’un écho nouveau donné aux accusations de plagiat visant ce dernier. Comme avant-guerre, les attaques proviennent de la Société régionale d’homéopathie du sud-est de la France et de la Suisse romande, devenue la Société rhodanienne d’homœopathie en 1927. Lors de la réunion de la Société en août 1931, les membres de l’assemblée s’offusquent du dernier ouvrage de Vannier intitulé La Doctrine de l’homœopathie française, ainsi que du dernier numéro de sa revue, qui comporte la retranscription d’une conférence donnée par Vannier à ses confrères anglais dans laquelle il se vante d’être l’inventeur du drainage177. Une mise au point est publiée dans le numéro d’octobre du Propagateur de l’homœopathie. Elle a pour titre « La Société Rhodanienne et le Dr L. Vannier. Un intolérable plagiat », et elle condamne le pillage des théories du Dr Nebel, notamment celles concernant les trois constitutions minérales et le drainage thérapeutique178. Paul Carton est même évoqué au moment de rappeler que ce que Vannier présente comme « sa » conception des maladies aigues et chroniques a déjà été plusieurs fois exprimé avant lui par bon nombre d’auteurs. De plus, à ces accusations de plagiat s’ajoutent d’autres attaques sur les fondements scientifiques de sa doctrine.
51Celles-ci sont menées par le Dr Maurice Fortier-Bernoville (1896-1939), l’un des disciples les plus actifs de Vannier, rédacteur en chef de L’Homœopathie française en 1928 et membre de son équipe enseignante. Lors d’une réunion de la Société d’homœothérapie tenue vers la fin de l’année 1931, Fortier-Bernoville alerte sur le risque que courent les homéopathes à être séduits « par des spéculations métaphysiques ou d’influence purement hermétiste179 ». Le 20 mai 1932, l’attaque devient même nominative, et à propos des classifications concernant les types humains, il déplore « l’absence d’arguments biologiques, statistiques et ethnographiques » étayant les théories de Vannier180. Ce climat délétère fait alors imploser la Société d’homœothérapie et amène un certain nombre des enseignants du CHF à quitter le groupement. Cependant, malgré cette scission, le mouvement fondé par Vannier continue de se développer par le biais du CHF. En 1933, 23 nouveaux médecins homéopathes sont ainsi diplômés avec succès et remplacent les sécessionnistes181. En 1934, le CHF dispose de son propre Bulletin et devient même une association, dont l’adhésion ouvre droit à la gratuité des enseignements. Ils sont ainsi 224 médecins à adhérer au CHF en mars 1936, alors que plusieurs filiales provinciales ouvrent également leurs portes en Alsace, en Provence, dans le Sud-Ouest et le Nord182. En 1939, ils sont désormais 403 adhérents à un mouvement qui peut se targuer d’organiser pour la cinquième année consécutive son Congrès national de médecine homœopathique183. Même la Seconde Guerre mondiale, au contraire de la première, n’arrête pas cette marche en avant, car les cours continuent par correspondance, tandis que l’inaction de la « drôle de guerre » incite de nombreux médecins à se pencher sur l’étude de l’homéopathie. En novembre 1945, le CHF revendique 251 nouvelles adhésions depuis le mois de juin 1940, portant à 776 le nombre de membres titulaires médecins et 318 le nombre de membres associés non-médecins184. Le mouvement pionnier fondé par Léon Vannier n’est cependant pas le seul groupement homéopathique à connaître un essor spectaculaire durant cette période.
Le reste du paysage homéopathique français
52La scission de 1932, loin d’empêcher l’expansion de la pratique homéopathique, influe considérablement sur les deux autres principales sociétés homéopathiques françaises. En effet, la Société française d’homœopathie et la Société rhodanienne d’homéopathie profitent avantageusement du renfort des médecins ayant fait sécession d’avec L’Homœopathie française. Emmenés par Fortier-Bernoville, ces derniers se montrent très actifs, notamment à travers la nouvelle publication bimensuelle de L’Homœopathie moderne, et c’est une véritable synergie qui s’instaure avec les publications plus anciennes du Propagateur de l’homéopathie et de la Revue française d’homœopathie. Avant cela, l’activité du mouvement homéopathique était en effet patiemment entretenue par ces groupements, qui dévoilent également des liens profonds avec les courants ésotériques.
Avant et après la scission : routine et dynamisme
53La Société française d’homœopathie, dont la fondation remonte à 1889, constitue la principale association de médecins homéopathes de cette date jusqu’à l’essor de la Société d’homœothérapie. Sa situation n’est toutefois guère réjouissante au sortir de la Première Guerre mondiale, car elle ne compte que 40 membres titulaires en 1921, puis seulement 46 en 1927. Parmi ses membres correspondants, d’un nombre sensiblement égal, se trouvent les membres de la Société régionale d’homéopathie du sud-est de la France et de la Suisse romande. En effet, alors que les relations entre ces deux sociétés étaient des plus électriques avant-guerre, le temps et les troubles de la guerre ont contribué à les apaiser. La mort précoce de Jules Gallavardin a peut-être également joué son rôle ; quoi qu’il en soit, le nouveau leader de ce groupement régional est désormais le Dr Henry Duprat (1878-1968), qui donne une impulsion nouvelle au mouvement en dirigeant la reparution du Propagateur à partir de 1925. Fait notable, la couverture du premier numéro affiche les deux visages d’Hahnemann et Paracelse réunis, les deux patrons de la revue. Si la figure d’Hahnemann se passe de commentaires, celle de Paracelse s’explique par l’intérêt particulier porté au personnage par les chefs de file du groupement ; Duprat, étant par ailleurs féru d’astrologie depuis l’année 1907185.
54L’étude de l’homéopathie lui aurait même été conseillée par le pharmacien Abel Thomas186, qui publie des articles sur la pharmacopée homéopathique dans La Thérapeutique intégrale, et qui selon Caillet serait également connu sous le nom de plume d’Abel Haatan, un astrologue et occultiste réputé187. En outre, durant les années vingt Duprat publie régulièrement dans Vers l’unité, une revue fondée par Th. Darel (pseudonyme d’Adèle Erath-Tissot, née en 1859), une ancienne médium spirite et écrivaine proche de la Société théosophique188. Cette « revue internationale de libres recherches spiritualistes » se propose de favoriser « la reconnaissance d’un lien fondamental entre les formes multiples de spiritualisme qui, pour la plupart, s’ignorent ou se méconnaissent189 ». Elle accueille par conséquent dans ses colonnes de nombreux représentants des différents courants ésotériques. Duprat y évoque tour à tour l’homéopathie et l’autosuggestion, qu’il perçoit toutes deux comme « des procédés thérapeutiques qui constituent cette médecine vitaliste190 ». Son intérêt se porte également vers le naturisme de Carton, qu’il considère comme « parfaitement sagace » et « complet191 ». À l’instar de Lavezzari, Duprat est peiné de voir le maître de Brévannes assimiler l’homéopathie à de la « médecine noire », mais cela ne l’empêche pas de prôner « la nécessité d’une alliance entre les deux méthodes qui s’inspirent de la nature : l’Homœopathie et le Naturisme proprement dit192 ».
55En ce qui concerne les autres membres de la Société rhodanienne, la personne du Dr Pierre Schmidt (1894-1987) mérite le détour puisqu’il apparaît, en 1926, parmi les membres de la section suisse de la Société théosophique193. Initié au Kentisme de l’homéopathe James Tyler Kent (1849-1916) lors de son séjour d’étude aux États-Unis, Pierre Schmidt se fait l’ardent défenseur d’un unicisme pur, c’est-à-dire de la prescription d’un remède homéopathique à la fois, alors même que le pluralisme, la combinaison de plusieurs remèdes, domine généralement au sein de la Société rhodanienne. Il est d’ailleurs aujourd’hui considéré comme le principal réintroducteur de l’unicisme en Europe, statut acquis par le biais de son activité internationale, qui le voit cofonder, en 1925, la toujours active Liga Medicorum Homeopathica Internationalis. Pour le reste, rien de très notable concernant l’ésotérisme dans les colonnes du Propagateur, qui publie essentiellement des études médicales composées par ses membres, dont le nombre va en augmentant légèrement au fil des années vingt. Alors que les réunions de la Société font état, entre les membres présents et les excusés, d’une vingtaine, voire d’une trentaine de médecins, le rapport général de février 1931 fait ainsi état de 52 cotisations au titre de l’année 1930, parmi lesquelles certains membres de la Société française d’homœopathie et de la Société d’homœothérapie194. Cette entente nouvelle entre parisiens et rhodaniens avait déjà débouché sur la création, le 21 décembre 1924, de la Ligue nationale pour la diffusion de l’homœopathie en France, qui se proposait « de faire connaître tant au public qu’au monde médical, les principes de l’Homœopathie, ses avantages, ses résultats195 ». Un périodique, L’Homœopathie familiale, est même publié à partir d’avril 1927 afin de remplir les objectifs de la Ligue, qui compte de nombreux membres (282 à sa fondation, 829 le 18 décembre 1932) bien que tous ne soient pas médecins, loin s’en faut196. Cette proximité se reflète aussi dans les articles du Propagateur et de la Revue française d’homœopathie, puisque dans les deux publications se retrouvent souvent les mêmes auteurs.
56Parmi eux se distingue René Allendy, évoqué parmi les contributeurs de L’Homœopathie française avant-guerre. En plus de ses articles dans L’Homœopathie, puis dans le Propagateur, Allendy publie régulièrement dans la Revue française d’homœopathie de 1920 à 1925. Sa présence dans les publications homéopathiques se fait ensuite plus discrète compte tenu de son intérêt grandissant pour la psychanalyse197, mais la présidence de la Société française d’homœopathie lui est tout de même confiée en 1931. Cette distinction doit beaucoup à sa célébrité dans les cercles intellectuels parisiens suscitée par une activité qui, outre la psychanalyse, est loin de se réduire à son seul travail de médecin.
57L’appartenance du jeune Allendy aux courants ésotériques ne se dément pas après-guerre puisque son adhésion à la Société théosophique peut être attestée dès 1919198. L’année suivante, en sus de son travail sur Le Grand-Œuvre thérapeutique des alchimistes et les principes de l’homœopathie, il publie même une traduction de La Chimie occulte d’Annie Besant et Charles Leadbeater199. S’il démissionne du Grand Orient de France, où il avait été reçu le 21 janvier 1914, parrainé par son beau-père dans la loge de « l’Étoile Polaire », c’est pour mieux s’affilier à l’obédience de l’Ordre maçonnique mixte international « le Droit Humain », « où a été initiée sa femme et où il pourra se livrer aux études d’hermétisme et d’occultisme qui le passionnent » selon une observation interne indiquée dans son avis de démission200. Son intérêt pour ces sujets se retrouve dans les articles qu’il écrit pour le Dictionnaire Rhéa (1921), un ouvrage collectif édité par des théosophes, et dans sa monographie sur Le Symbolisme des nombres (1921). En 1922, il adhère brièvement au Groupe de recherches psychiques de Louis Gastin201, mais il organise surtout un groupe d’études philosophiques et scientifiques qui contribue à le faire connaître sur la scène intellectuelle parisienne et qui se constitue d’abord sous le nom de « Groupe Studio ». Ses statuts indiquent :
« Art. I. – Sous le nom de “Groupe Studio”, est constitué, à la Sorbonne, avec l’autorisation de M. le Recteur de l’Université de Paris, un groupe d’études philosophiques et scientifiques se proposant d’examiner, d’une manière synthétique, les tendances générales de la pensée moderne dans le domaine de la philosophie, des sciences, des arts et de montrer comment son impulsion neuve s’enchaîne au passé202. »
58Le nom du groupe n’est pas innocent et révèle les visées théosophiques à l’origine de sa fondation. Durant l’été 1917, la branche « Studio », une nouvelle branche de la Société théosophique, avait en effet été fondée par Valentine Reynaud (?-1933), et de nombreuses conférences ouvertes aux non-théosophes y étaient régulièrement délivrées. En février 1920, Allendy, qui était membre de cette branche, évoque ainsi « Les localisations cérébrales, le Conscient et l’Inconscient203 ». En janvier 1923, le Bulletin théosophique ne manque donc pas d’informer ses lecteurs sur la création du groupe : « Le groupe Studio a inauguré ses études à la Sorbonne, le 7 décembre, par une séance d’ouverture donnée dans l’amphithéâtre Michelet. Sur l’estrade, le docteur Allendy et Mlle Reynaud étaient entourés de MM. Langevin et Delacroix, tous deux professeurs à la Sorbonne204. » Néanmoins, une telle publicité, qui laisse croire à une extension des activités de la branche du même nom – ce qui bien entendu n’est pas foncièrement faux –, met René Allendy dans une situation délicate. Sommé de s’expliquer par la direction académique sur les liens entre son groupe et la Société théosophique, celui-ci ne peut que clamer son indépendance vis-à-vis de cette dernière, ce qui n’empêche pas la suspension des réunions en Sorbonne du Groupe Studio dès le mois de février 1923. Pour autant, le groupe renaît dans la foulée après avoir simplement changé de nom205.
59Le Groupe d’études philosophiques et scientifiques pour l’examen des idées nouvelles (plus tard, « des tendances nouvelles ») connaît alors une belle postérité, invitant jusqu’en 1938 des artistes et intellectuels prestigieux, parmi lesquels Alfred Adler (1870-1937), Le Corbusier (1887-1965), ou encore Juan Gris (1887-1927). Le Groupe possède son propre Bulletin annuel, mais ses conférences sont pour certaines également publiées dans Vers l’unité, proche du mouvement théosophique. En dehors du fait que ce groupe révèle un aspect méconnu de l’influence culturelle de la ST, il joue un rôle notable dans la diffusion de l’homéopathie. Il est en effet question d’homéopathie, le 3 février 1927, dans une conférence (lue par le Dr Chiron) du médecin et biologiste René Marage (1859-1930), à l’occasion de laquelle, s’appuyant sur des expériences faites en laboratoire par le professeur Arsène d’Arsonval (1851-1940), celui-ci affirme l’efficacité, bien qu’inexplicable en l’état, des doses infinitésimales206. En outre, même s’il n’est pas question d’homéopathie mais de « L’Esprit de la création », l’homéopathe Albert Mouézy-Eon (1886-1976) délivre lui aussi une conférence dans le cadre des travaux du Groupe, le 31 mai 1923.
60Or, Mouézy-Eon se montre en parallèle actif dans le Propagateur, et encore plus dans la Revue française d’homœopathie depuis son élection à la SFH en mai 1919, bien que ce soit Vannier qui l’aurait encouragé à étudier l’homéopathie avant la guerre207. Durant cette période, il fréquente les cercles spirites et fait la connaissance de Juliette Bisson (1861-1956), sculptrice et collaboratrice intime de la médium Eva Carrière (1886-1943), par l’intermédiaire de son frère, également spirite, le dramaturge André Mouézy-Eon (1880-1967). Il rencontre à ces occasions René Warcollier (1881-1962), membre éphémère du Groupe de recherches psychiques de Gastin, qui lui fait connaître des publications sur la parapsychologie, ainsi que le professeur Charles Richet, qui achève de le convaincre sur la réalité des phénomènes observés lors de sa participation aux deux séances privées de la fameuse médium Eusapia Palladino (1854-1918)208. Cet intérêt pour l’occulte se manifeste dans certains de ses articles médicaux, parfois imprégnés d’un ton « ésotérique » qui le voit par exemple embrasser « la parole des vieux alchimistes » sur les rapports entre microcosme et macrocosme209, ou affirmer que « la magie est parvenue à la conscience d’une vaste philosophie occulte, basée sur le principe d’Analogie, dans laquelle notre Principe de Similitude se trouve confusément enveloppé210 ». De 1927 à 1932, Mouézy-Eon occupe le poste de rédacteur en chef des Annales d’électro-homéopathie et d’hygiène, s’affirmant en conséquence comme l’un des rares promoteurs de l’homéopathie complexiste à cette époque. Nonobstant cet éclectisme, son ouvrage publié en 1923 sur Les Doctrines de l’homéopathie et ses nombreux articles font de lui l’un des homéopathes français les plus écoutés dans ce paysage homéopathique d’avant la scission.
61Cette fameuse scission, qui s’ouvre en 1931 et s’officialise l’année suivante, permet de rebattre les cartes et de minorer la domination du mouvement fondé par Vannier. Si les chiffres font état d’adhérents bien plus nombreux dans les sociétés homéopathiques concurrentes à la suite de cet évènement (le nombre double entre 1930 et 1935 à la SFH par exemple), cet évènement est toutefois venu s’ajouter à une dynamique déjà en place. Bien que parmi les sécessionnistes figurent des homéopathes entreprenants et zélés, les autres sociétés homéopathiques « historiques » avaient en effet déjà commencé à contribuer et profiter de l’essor de l’homéopathie au tournant des années trente. Tout comme l’hôpital Hahnemann de Neuilly211, l’Hôpital homéopathique Saint-Jacques n’a jamais cessé de fonctionner et prend en charge environ 10 000 consultations durant l’année 1930212. Surtout, il accueille, en novembre 1931, les premières conférences de l’École homœopathique de Paris, « qui se propose d’étudier en théorie et en pratique tout ce qui relève de la science homœopathique213 ». Les cours donnés à cette occasion sont publiés à partir de janvier 1932 dans les Annales homéopathiques de l’hôpital Saint Jacques, et tant Allendy que Mouézy-Eon se trouvent parmi les principaux conférenciers. L’enseignement homéopathique le plus notable reste néanmoins délivré à l’hôpital Léopold-Bellan, par d’anciens disciples de Léon Vannier.
62Le Dr Charles Mondain (1859-1938), médecin-chef de l’hôpital, offre en effet trois consultations hebdomadaires aux Dr Noailles et Fortier-Bernoville au début de l’année 1932214, ce qui autorise la tenue d’une douzaine de cours théoriques et pratiques par mois. Ces cours polycopiés sont d’abord adressés chaque semaine aux abonnés, puis une revue, L’Homœopathie moderne, est lancée dès le mois de juin pour répondre à la demande et au nombre croissant d’abonnés (200 au bout de quelques mois)215. Cette revue rassemble dans son comité de rédaction des médecins issus de L’Homœopathie française, mais aussi des membres historiques de la SFH ; les principaux cadres de la Société rhodanienne se trouvant quant à eux davantage dans le comité de patronage. L’union de ces médecins se base sur leur volonté d’« attirer l’attention du corps médical sur une des lois de la thérapeutique, la loi de Similitude216 ». Tous souhaitent voir ce principe de base de l’homéopathie être reconnu par leurs confrères, ce qui les pousse à faire preuve de pédagogie et de diplomatie. Loin d’être « un journal de combat », L’Homœopathie moderne se présente alors, à l’image des éclectiques du xixe siècle, comme « un organe d’Union », défenseur d’une thérapeutique qui se veut humble et complémentaire des théories et pratiques médicales reconnues de l’époque217. Pour cela, le premier numéro de la revue insiste sur son ouverture vis-à-vis de l’allopathie, tout en faisant profil bas sur les doses infinitésimales et en rejetant quelque connexion que ce soit avec « l’occulte ». Charles Mondain dénigre ainsi Vannier sans le nommer en affirmant laisser « aux esprits qu’illumine une vague lumière lunaire les fantasmagories plus ou moins enfantines ou occultes218 ». Cette politique a sans doute contribué à développer le nombre de « sympathisants » à l’homéopathie (médecins qui prescrivent des médications homéopathiques à moins d’un tiers de leurs patients), que Fortier-Bernoville estime à 1 144 en 1936219. Cependant, et comme le suggère l’ampleur des relations entre courants ésotériques et homéopathes plus ou moins hostiles à Vannier, « l’occulte » se retrouve également dans cette revue.
L’analogie, des alchimistes aux homéopathes
63Comme chez les naturistes, et même davantage, les homéopathes se réfèrent souvent à l’analogie ou aux correspondances du microcosme et du macrocosme, un thème qui, en Occident, « aura valeur de dogme » de l’Antiquité jusqu’à la Renaissance, mais qui ne persiste plus ensuite qu’au sein des courants ésotériques220. Pour Papus, par exemple, l’analogie constitue « la méthode de la Science occulte » à laquelle il consacre son Traité221. Cet intérêt des homéopathes est notamment dû à la façon qu’ils ont de se voir comme les héritiers de Paracelse et des alchimistes du Moyen Âge et de la Renaissance. Les exemples de Gallavardin et Encausse indiquent que la promotion de cette filiation n’est certes pas introduite par les médecins de l’entre-deux-guerres, mais elle trouve un nouvel écho à travers eux. Dans sa thèse de médecine, Allendy présentait déjà toute l’importance de l’analogie au sein des théories hermétiques et alchimiques dont l’homéopathie serait le dernier produit en médecine, et il l’affirme à nouveau dans son Orientation des idées médicales (1929) :
« Au même titre que la science antique, l’Hermétisme constitue un effort pour comprendre le monde dans son unité, c’est-à-dire selon un plan harmonieux dont les parties se correspondent. Il repose sur cette conception fondamentale qu’une analogie et qu’une relation parfaites unissent l’individu (microcosme) à l’univers (macrocosme)222. »
64Dans sa thèse, il remarque que la considération de cette analogie a amené le développement des études concernant l’influence des astres sur la vie humaine et que cette conséquence se trouve à l’origine de l’astrologie. Il relève les relations établies entre les différentes parties du corps humain, les différentes facultés de son esprit et les sept planètes. La « médecine alchimiste », particulièrement aboutie chez Paracelse, conçoit ainsi une correspondance entre le cœur et le soleil, et elle en tire des conséquences :
« Lorsque les influences des astres se combinent, il arrive un moment où leur résultante a une action mauvaise sur le tempérament de l’homme : l’équilibre instable est rompu et la maladie se produit là où elle n’est pas soutenue, c’est-à-dire dans l’organe correspondant à la planète affaiblie223. »
65Surtout, Allendy note que « la Thérapeutique va consister à appliquer des remèdes chargés de l’influence de cette planète faible, afin de suppléer à son action ; c’est le principe : “Similia similibus curantur”224 ». En effet, la théorie des correspondances ne concerne pas seulement l’être humain, et dans cette perspective, « chaque substance, et plus particulièrement chaque plante correspond, comme chaque organe, à une des sept planètes ». Allendy signale que ces correspondances sont admises par la théorie des signatures exposée avec clarté dans les ouvrages de Gianbattista della Porta, Athanasius Kircher (1602-1680) et Oswald Crollius (1560-1609). Cette théorie postule « qu’une plante présentant dans son fruit, sa fleur, sa feuille ou sa racine, l’image d’un organe humain, [doit] appartenir à la même influence planétaire que cet organe, et que, par suite, elle [peut] lui servir de remède ». Ainsi, toujours selon Allendy, la loi de similitude des homéopathes se trouvait déjà appliquée par les alchimistes, qui la mêlaient à des considérations sur les correspondances universelles entre les organes, les plantes et les planètes. En outre, l’importance de ces analogies amène les alchimistes à considérer la constitution du corps humain de manière analogue à celle de l’univers, et Allendy rejoint Carton quand il affirme que sous cet angle : « L’homme éveillé possède donc trois éléments : le corps, la force vitale et une volonté qui gouverne : l’esprit225. »
66Chez Léon Vannier, la loi d’analogie vient également se confondre avec la loi de similitude, ou plutôt, elle vient l’englober dans une loi plus générale et plus profonde. Pour lui, « la loi d’Analogie est le fil d’Ariane qui permet de pénétrer les mystères de l’Ordre Naturel226 », elle « domine le Monde et les rapports qu’elle manifeste sont immuables » : « Tout ce qui est en haut est pareil à ce qui est en bas. Microcosme et Macrocosme sont identiques227. » Il affirme même : « La “loi d’Analogie” est, dit-on, le fondement de l’Occulte ; elle constitue aussi la pierre angulaire de l’Homœothérapie228. » Dans ses statuts, la Société d’homœothérapie de France se donne ainsi pour objet premier :
« L’étude et la recherche de toutes les possibilités de thérapeutique dont les indications sont déterminées par la loi d’Analogie, c’est-à-dire par la connaissance du rapport qui existe entre l’élément thérapeutique proposé et l’état morbide considéré. Le semblable au semblable : Isothérapie / L’analogue à l’analogue : Homœopathie/Organothérapie229. »
67Cette analogie entre l’état morbide et le remède peut alors être comprise de plusieurs façons. Selon la loi de similitude, la substance utilisée provoque à haute dose les mêmes symptômes que l’état morbide. Mais selon la théorie des signatures, la substance utilisée doit en outre entretenir un lien (forme, couleur, lieu, etc.) avec l’organe touché, la fonction atteinte, les symptômes, la physionomie ou même le signe astrologique du malade. L’adhésion de Vannier à l’idée d’analogie et sa traduction au sein de sa doctrine médicale se concrétisent ainsi sur plusieurs aspects. Il existe une analogie entre le malade et son remède, mais il existe également une analogie entre le microcosme et le macrocosme. Cette idée se trouve à la base de sa typologie, selon laquelle chaque individu correspond à un ou plusieurs « types » en fonction des « signes » révélés par sa physionomie. De plus, si ces signatures se rencontrent sur l’homme, elles sont également décelables sur le reste de la création, et cette perspective peut être décelée dans certains articles de matière médicale publiés par Vannier.
68Depuis Hahnemann, de nombreux homéopathes ont proposé leur propre matière médicale, qui décrit la pathogénésie des différents remèdes homéopathiques. Tant que les « signes » décrits correspondent aux symptômes effectivement provoqués par l’ingestion des substances à plus ou moins haute dose, rien n’écarte la matière médicale de Vannier des principes élémentaires de l’homéopathie. Néanmoins, ces signes ne semblent pas toujours se rapporter aux symptômes provoqués par la substance en question. Des références sont parfois faites à l’aspect du minéral, de la plante ou de l’animal dont elle est extraite ; un caractère qui vient rapprocher la matière médicale de Vannier de la théorie des signatures chère aux alchimistes. C’est notamment le cas quand il souligne que « le sujet de Lycopodium présente une attitude caractéristique de la tête qui est inclinée tantôt à gauche, tantôt à droite », alors que la plante en question peut également posséder cette particularité, et qu’il insiste sur l’action élective de cette substance sur le foie en déclarant :
« Il est curieux de constater le rapport d’analogie qui existe entre la cellule hépathique polyédrique et la spore sphéro-tétraédrale de Lycopodium, de noter la prédominance de la latéralité droite des signes du remède, de penser que le malade de Lycopodium présente le psychisme caractéristique des tempéraments bilieux : dépression et tristesse, anxiété et désespoir, mélancolie et irritabilité230. »
69Son intérêt pour la concordance entre la forme de la plante et celle des cellules du foie qu’elle permet de soigner est ici explicite et s’accorde à sa manière de percevoir la matière médicale comme une « admirable synthèse » qui tout « comme les livres ésotériques ou divins » n’est pas « lettre morte231 ».
70Vannier n’est toutefois pas le seul homéopathe à s’intéresser à la doctrine des signatures et à faire haut cas de la loi d’analogie. Cet intérêt se retrouve chez Allendy, mais aussi chez Fortier-Bernoville, avant et après sa scission avec son maître auquel il reprochait des « spéculations métaphysiques ou d’influence purement hermétiste ». Il l’exprime d’abord dans une communication délivrée à l’occasion du Congrès international homœopathique de Rome en 1930 et publiée dans L’Homœopathie française, une communication qui impressionna beaucoup Henry Duprat232. Le titre de l’article, écrit en collaboration avec une botaniste amatrice, Louise Desormonts (1874-?), est explicite : « Le monde végétal et l’homœopathie sont unis par la loi universelle d’analogie. » Ce travail lui a été inspiré avant-guerre par Léon Vannier, qui l’aurait incité à étudier « chaque remède végétal dans ses analogies avec la plante qui vit et qui le constitue233 ». Selon ses conseils, cités par Fortier-Bernoville en introduction de son article :
« Vous découvririez ainsi certainement des analogies merveilleuses, étonnantes pour le profane, mais fatales pour nous qui connaissons l’ordre et l’harmonie de notre Univers et savons que notre Homœothérapie, basée sur la Loi de Similitude, n’est qu’une application de cet état universel234. »
71Fortier-Bernoville en vient ainsi à citer Crollius comme « le Maître d’autrefois, celui qui a su exprimer la valeur de l’Analogie entre la morphologie des plantes et leur action thérapeutique235 ». Selon lui, « les rapports indiqués justement par Crollius sont assez fréquents et prodigieusement vrais pour qu’on puisse considérer avec admiration un tel travail et s’efforcer de le parachever236 ». Il mentionne quelques-uns de ces rapports et invite à réétudier « d’une façon scientifique » les remèdes homéopathiques à la lumière de la loi d’analogie. Enfin, il résume les rapports, imbriqués au sein de la doctrine homœothérapique, entre la loi de similitude des homéopathes et des conceptions liées à la théorie des correspondances embrassées par les alchimistes des temps passés et les occultistes contemporains : « Notre Loi de Similitude, guide éternel de l’Homœothérapie, n’est qu’une application de la grande Loi d’Analogie connue des anciens et des hermétistes du Moyen Âge, Loi d’Analogie qui se retrouve dans tout l’Univers237. » Le style Vannier est nettement repérable dans cet extrait, mais si Fortier-Bernoville abandonne pareille rhétorique après son départ, il n’en renie pas pour autant ses travaux antérieurs. En effet, ses travaux de botanique menés en collaboration avec Desormonts sont également présentés dans L’Homœopathie moderne. Son enthousiasme de jadis pour la loi universelle d’analogie et la doctrine des signatures s’est certes adouci, puisque Fortier-Bernoville affirme désormais qu’il s’agit d’être « très circonspect et prudent sur ce terrain » et que :
« Les analogies que l’on peut faire entre les plantes et les organes ou les viscères sur lesquels elles agissent n’ont de valeur que si on tente d’expliquer d’une façon rationnelle et scientifique, qu’à la ressemblance morphologique plus ou moins réelle, correspond nettement une parenté dans la structure et dans le comportement général238. »
72Mais il ne s’agit que d’une « réserve », formulée « afin de demeurer sur le terrain scientifique et de ne pas nous perdre dans les vues trop imaginatives d’un esprit non discipliné » : cela ne l’empêche pas de détailler ces analogies par la suite. Il faut dire que d’autres contributeurs à L’Homœopathie moderne se passionnent pour de telles recherches. Le Dr Marcel Martiny (1897-1982), pionnier de l’acupuncture avec sa femme, la doctoresse Thérèse Martiny (1898-1979), s’intéresse particulièrement aux médecines traditionnelles. Il imagine ainsi un organisme de recherches scientifiques sur les médecines traditionnelles, composé de plusieurs services, mêlant enquêtes et études, et qui serait amené à s’intéresser aux médecines des peuplades « primitives » et à celles des « grandes civilisations », parmi lesquelles l’Inde et la Chine, mais aussi l’« Alchimie » et l’« Hermétisme239 ». Or, cet intérêt se couple à celui qu’il porte à l’étude des tempéraments et des types humains, dont il appelle au développement à la suite des travaux de Paracelse, Léon Vannier et Louis Gastin dans un article coécrit avec le Dr Pierre Winter (1891-1952), un disciple de René Guénon à la fin des années trente, et publié dans la revue fascisante Plans240. Le voir diriger par la suite, de 1962 à 1982, l’Institut métapsychique international, le principal centre de recherches psychiques en France, ne constitue pas de ce fait une grande surprise. De même, le Dr Henri Hunwald (1908-1961) s’affirme comme un correspondant actif de L’Homœopathie moderne. Alors en poste à Cluj, en Roumanie, il rend compte à plusieurs reprises d’ouvrages homéopathiques publiés en langue allemande. En février 1939, Hunwald publie même un article sur « Les moyens thérapeutiques des spagyristes dans les maladies de l’appareil urinaire », dans lequel il détaille les recommandations médicales de Paracelse. Peu de sources francophones évoquent ses relations à Cluj durant les années trente, mais il est au moins certain qu’il occupe une place importante dans le petit milieu parisien des amateurs épris d’alchimie et d’hermétisme suite à son installation dans la capitale au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Membre de la loge « Thébah » de la Grande Loge de France, il s’avère alors très proche des écrivains Michel Butor (1926-2016) et André Breton (1896-1966), dont il est le médecin241. Si les publications d’Hunwald sont peu nombreuses242, son érudition était reconnue de tous et son intérêt pour l’alchimie relevait d’un caractère pratique puisqu’il aurait fait usage des médicaments spagiriques « SOLUNA » fabriqués par son ami le baron Alexander von Bernus (1880-1965), un grand ami de Rudolf Steiner243. Enfin, le Dr Eugène Osty (1874-1938), directeur de l’Institut métapsychique international de 1925 à 1938, vient lui aussi illustrer cette affinité d’intérêts entre Vannier et ses opposants puisqu’un hommage unanime lui est rendu à sa mort, aussi bien dans les colonnes de L’Homœopathie française que dans celles de L’Homœopathie moderne ou du Propagateur. L’auteur du Diagnostic des maladies par les sujets doués de connaissance paranormale (1925), lui-même homéopathe, était invité autant par Vannier que par la Société rhodanienne pour exposer ses travaux dans le domaine des recherches psychiques. Dans les pages de L’Homœopathie moderne, les articles et les comptes rendus des ouvrages d’Henri Mangin-Balthazard (1896-1953), et notamment son Introduction à l’étude de la chiroscopie médicale (1932), préfacée par Fortier-Bernoville, viennent encore illustrer cet intérêt pour la loi d’analogie et ce qui peut en découler.
La chirologie
73Avant d’évoquer cette préface, un détour par l’histoire et le développement de cette pratique s’avère nécessaire pour faire apparaître, comme dans le cas de la typologie physiognomonique, son affiliation aux courants ésotériques de la période contemporaine. La chiroscopie est l’un des avatars modernes d’une pratique ancienne, la chirologie, qui repose sur le même principe que la physiognomonie, c’est-à-dire une déduction concernant les qualités ou les possibilités d’un individu après un examen somatique, à ceci près qu’elle se réduit à l’examen de la main, qu’il s’agisse de sa forme ou des lignes qui parcourent la paume. Comme elle, la chirologie est aussi partagée entre une pratique divinatoire et un outil de connaissance psychologique. Elle peut même être considérée comme une branche de la physiognomonie, ce qui est d’ailleurs le cas chez de nombreux auteurs, particulièrement à la période moderne, mais son développement en France à la période contemporaine suit toutefois un chemin qui lui est propre244.
Chiromancie et chirognomonie
74Lavater rédige bien un court chapitre sur les mains dans lequel il argue que la « diversité du caractère reparaît clairement dans la forme des mains245 », mais soucieux de promouvoir une physiognomonie détachée des pratiques divinatoires, il n’hésite pas à prendre ses distances avec la chiromancie et ne va pas plus loin dans l’analyse. Malgré une séparation au cours du xviie siècle, telle qu’on la retrouve déjà dans l’œuvre du jésuite Martin Del Rio (1551-1608), entre une chiromancie physique, rattachée à la physiognomonie et à l’étude des inclinaisons de l’esprit, et une chiromancie astrologique, rejetée et associée aux pratiques augurales des femmes « zingaris246 », il faut dire que la chirologie se présente d’abord en Occident latin comme une mancie, une nouvelle forme de divination que Jean de Salisbury (ca. 1115-1180) nomme « chironomantici247 », et ce caractère lui reste accroché. La chiromancie, même « physique », est déconsidérée durant la période des Lumières, et elle ne se voit plus pratiquée que par des cartomanciens comme Etteilla (1738-1791) et Marie-Anne Lenormand (1772-1843), dite « la sibylle du faubourg Saint-Germain ».
75Un renouveau s’engage en 1843 avec l’ouvrage de Casimir Stanislas d’Arpentigny (1791-1861), La Chirognomonie, ou l’art de reconnaître les tendances de l’intelligence d’après les formes de la main. Comme l’indique le titre de son étude, ce capitaine d’infanterie entend développer l’étude de la main à la suite des travaux de Franz Joseph Gall (1758-1828), le fondateur de la phrénologie, et de Lavater. Soulignant le fait qu’un penseur grec comme Anaxagore (ve siècle av. J.-C.) défendait déjà en son temps pareille position, d’Arpentigny considère que les formes de la main en disent beaucoup sur l’intelligence d’un individu. Cette considération découle de ses observations, mais surtout de sa foi chrétienne et de sa croyance en la toute-puissance de Dieu, créateur du monde. Il l’affirme : « Encore une fois, ce serait avoir une bien faible idée de la prévision de Dieu, de sa justice, de sa puissance, que de croire que les instruments dont il nous a munis ne sont pas appropriés, par la variété de leurs formes à la variété de nos intelligences248. » Le chirognomoniste distingue alors sept catégories de main (la main artistique, la main utile, la main philosophique, etc.), dont il détaille les caractéristiques en différents chapitres après s’être préalablement concentré sur les signes rattachés aux diverses parties de la main (la paume, les doigts, etc.). À propos des chiromanciens, il ne manque pas de concéder le fait qu’ils ont « tiré des conséquences tellement absurdes, qu’ils ont fini par se discréditer même aux yeux des plus ineptes et des plus crédules249 », mais il expose tout de même plusieurs de leurs observations qu’il juge fondées, concernant le signe de loquacité et de légèreté d’esprit attribué à des doigts lisses et coniques par exemple. La séparation n’est donc pas si nette entre chiromancie et chirognomonie250, du moins d’Arpentigny n’entend-il pas rejeter cet héritage en bloc. Son ouvrage marque néanmoins un tournant, car il ne prétend à aucun moment avoir la capacité de prédire la réalisation d’événements futurs particuliers et n’évoque pas même le sujet. L’intérêt de la chirognomonie est tout autre. Il s’agit d’orienter les jeunes gens sur la voie à laquelle la nature les destine, avec plus d’acuité encore que la physiognomonie, car les mains, au contraire du visage, ne subissent pas les variations de la volonté et des émotions. Elles refléteraient véritablement « le fond immuable de l’intelligence251 ».
76La vie du capitaine d’Arpentigny, gentilhomme bien introduit dans les milieux littéraires252, demeure mal connue, mais l’homme ne semble pas appartenir aux courants ésotériques de son temps. Son intérêt pour la chiromancie ne se mêle pas à un quelconque engouement pour d’autres disciplines dénigrées comme l’astrologie ou l’alchimie. S’il cite un passage des Lois de Manou relatif au symbolisme de la main, il ne le relie pas au récit de l’ancienne sagesse ou à Hermès Trismégiste. Enfin, aucune allusion n’est faite aux correspondances entre le microcosme et le macrocosme, ou à l’existence d’un principe subtil intermédiaire entre l’âme et le corps. L’œuvre de d’Arpentigny sera néanmoins réinterprétée à la lumière de telles croyances par Adolphe Desbarrolles (1801-1886), peu de temps après la publication de la seconde édition légèrement remaniée de son ouvrage en 1856253.
77Desbarrolles, retrouvé par Alexandre Dumas (1802-1870) à Burgos, est du fameux voyage à Cadix narré par le père du Comte de Monte-Cristo, ce qui lui permet d’acquérir une certaine renommée254. D’importance pour notre propos, ce bretteur émérite, comte d’Hautencourt, est aussi un ami proche d’Éliphas Lévi durant les années 1850255. Il aurait notamment essayé de l’introduire auprès de l’aristocratie anglaise, et il l’accueille même chez lui à son retour de Londres256. En 1856, dans un article publié dans Le Figaro initialement consacré aux salles d’armes de Paris, il digresse sur l’instinct de l’escrimeur et évoque les diverses manières de connaître les instincts d’un homme. Lavater et Gall sont mentionnés, mais c’est surtout la méthode du capitaine d’Arpentigny, rencontré chez Alexandre Dumas fils257, qui le rend enthousiaste258. Cet intérêt débouche sur la publication, en 1859, d’un ouvrage intitulé Les Mystères de la main révélés et expliqués. Art de connaître la vie, le caractère, les aptitudes et la destinée de chacun d’après la seule inspection des mains.
78Ce manuel volumineux se réclame de deux influences : d’Arpentigny et Lévi, la chirognomonie et la « kabbale ». Desbarrolles est admiratif devant l’œuvre de d’Arpentigny, mais il la trouve peu pratique. Il se propose alors « de le mettre à la portée de tous, en l’expliquant à l’aide de cette science que les anciens philosophes nommaient la Kabbale, (la tradition)259 ». À ce sujet, le comte d’Hautencourt ne fait pas mystère de ses sources et cite à de nombreuses reprises l’« auteur d’un admirable livre sur la kabbale », son ami Éliphas Lévi, à qui il prête le fait d’avoir retrouvé, « la chiromancie, cette science étrange longtemps perdue260 ». Desbarrolles entend donc traiter à la fois de chirognomonie et de chiromancie, une science occulte basée sur la kabbale à laquelle il aurait été initié par Lévi et dont il prétend être le « seul élève » en cette matière. Lévi évoque en effet la chiromancie dans La Clef des grands mystères, publié en 1861 mais probablement rédigé auparavant puisque son auteur y indique que l’ouvrage de Desbarrolles est encore sous presse. Il la considère comme une branche de l’art de connaître les hommes, « la première science du kabbaliste pratique ou du mage », et lui consacre quelques pages, qu’il prétend tirer des sources kabbalistiques auxquelles aurait puisé Cornélius Agrippa, à l’occasion desquelles il évoque notamment les correspondances entre les sept protubérances de la main et les sept planètes261. C’est toutefois dans l’ouvrage de Desbarrolles que la chiromancie se trouve détaillée en accord avec les théories développées par Lévi. Les cent premières pages ne traitent d’ailleurs pas de l’étude des mains et sont uniquement consacrées à l’exposition des principaux principes de la kabbale, cette « science traditionnelle des secrets de la nature, qui, de siècle en siècle, arrive jusqu’à nous262 ». L’auteur présente ainsi les notions de trois mondes, de la trinité humaine, de la lumière astrale, et d’autres encore, avant d’aborder ses propres conceptions relatives à la chiromancie. Il adjoint alors à des observations révélées par d’Arpentigny un sens et un symbolisme découlant de la cosmologie développée par Lévi dans Dogme et rituel de la haute magie.
79Par exemple, tandis que d’Arpentigny attribue à la première phalange du pouce le signe de la volonté et de l’initiative, à la seconde le signe du jugement et du raisonnement, et à la troisième le penchant à l’amour, Desbarrolles, pour qui « le pouce renferme les trois mondes bien distincts », leur fait respectivement correspondre le monde divin des kabbalistes, le monde abstractif et le monde matériel263. Pour lui, la première phalange du pouce et des autres doigts est celle qui se trouve « en communication avec la lumière astrale (vibrement ou fluide)264 ». Cet échange, cet « aspir » et ce « respir », s’effectue avec plus ou moins de facilité selon la forme de l’extrémité des doigts :
« Si les doigts pointus sont lisses et offrent ainsi un conduit facile et sans obstacle, l’impression est immédiate.
De là viennent les inspirations hautes, les illuminations, les inventions parties du ciel sans s’allier, vu leur spontanéité, à un mélange terrestre.
Les voyants, les inventeurs métaphysiques, les rêveurs, les poètes, ont les doigts pointus265. »
80De son côté, le doigt carré, par sa forme large, « arrête un moment le fluide et laisse à la partie sublime de l’humanité, la raison, le temps de peser les inspirations et de les comprendre266 ». Les doigts carrés représentent alors le monde abstractif et comptent parmi eux Voltaire et Vauban. L’ouvrage se poursuit ensuite sur des centaines de pages, dans lesquelles place belle est faite aux correspondances astrales, les sept « planètes » astrologiques étant associées à une partie particulière de la paume de la main267. Un excès du mont de Jupiter, situé à la base de l’index, donne ainsi la superstition, le désir de briller, tandis que son absence cause supposément la paresse et les tendances vulgaires. En outre, une place, certes réduite, est accordée à la phrénologie et à la physiognomonie. Profitant de la relative célébrité de son auteur, l’ouvrage donne un vigoureux coup de fouet à la popularité de la chirologie. En 1861, « Paris est tout entier à la chiromancie268 », et le succès des Mystères de la main dépasse même les frontières. Le mage Edmond (pseudonyme de Jules-Charles Ernest Billaudot, 1829-1881), célèbre tireur de cartes, se met à la page et va jusqu’à publier un volume intitulé La Chiromancie d’Edmond (1868) où il détaille les caractéristiques de 200 mains, mais ce sont essentiellement des femmes qui se distinguent dans l’art de la chiromancie : Adèle Moreau (1816-1888), Madame de Thèbes (pseudonyme d’Annette Savary, 1844-1916)269, Madame Fraya (pseudonyme de Valentine Dencausse, 1871-1954). La chirologie ne laisse pas pour autant insensible le milieu occultiste masculin de la Belle Époque. Son intérêt pour les sciences dites « occultes » se porte également sur la chirologie. Papus publie sur la question, tout comme Phaneg (pseudonyme de Georges Descormiers, 1866-1945) et Marius Decrespe (pseudonyme de Maurice Desprès, ca. 1866-ca. 1901)270. Leurs travaux mêlant chirognomonie et chiromancie s’inscrivent dans le sillage de leurs intérêts éclectiques pour « l’occulte », qu’il s’agisse – selon les sensibilités de chacun – d’ésotérisme chrétien ou de magie et de physique occulte. Pareil éclectisme, commun aux courants ésotériques, se retrouve par la suite chez des auteurs comme Georges Muchery (1892-1981) et Maffeo Charles Poinsot (1872-1954), deux des principaux promoteurs de la chirologie durant l’entre-deux-guerres.
81En 1921, Muchery se distingue avec L’Adultère dévoilé à tous par les mains, un livre publié par sa propre maison d’édition spécialisée dans les sciences occultes, « l’édition astrale illustrée ». L’ouvrage fait jaser et lui assure une petite réputation de chiromancien qu’il conforte quelque temps plus tard avec La Mort, les maladies, l’intelligence, l’hérédité, indiquées immédiatement par l’analyse des empreintes des mains (1925)271. Cet ouvrage bénéficie d’une préface prestigieuse signée par Charles Henry (1859-1926), directeur du Laboratoire de physiologie des sensations rattaché à l’École pratique des hautes études. Comme son titre le laisse supposer, la chirologie est appliquée dans une perspective médicale que Muchery défendait déjà en 1923, dans un mémoire sur « La mort et les maladies prévues par la Chiromancie » présenté lors du IIIe Congrès international de psychologie expérimentale et salué par le Dr Vergnes272. En 1929, il fonde Le Chariot, une revue mensuelle de psychologie expérimentale et d’occultisme, puis, deux ans plus tard, la Revue mensuelle du Club des psychistes. Maffeo Charles Poinsot était le rédacteur en chef de ce supplément au Chariot, centré sur les activités de ce club. Cet écrivain prolifique s’était engagé dans l’occultisme en suivant les cours de l’école d’hermétisme de Mme Bordy, dit Bordy-Théano. En 1925, il publie une Encyclopédie des sciences occultes où il traite de chiromancie, une discipline dans laquelle il se spécialise. Il fonde en effet deux ans plus tard les Annales de chirologie, l’organe de l’Association des chirologistes qu’il venait d’instituer273. En 1928, la revue prend le nom de Sybilla et Poinsot fonde l’Institut Sybilla. Des cours sont alors donnés jusqu’à sa mort sur les différentes sciences considérées comme occultes, mais la chiromancie conserve ses faveurs, comme en témoigne la publication de son Dictionnaire élémentaire de chiromancie (1933)274.
82Comme le suggère la préface de Charles Henry, les courants ésotériques ne sont cependant pas les seuls à étudier la forme des mains. Au début du xxe siècle, un intérêt palpable se dessine également chez certains psychologues275. Alfred Binet (1857-1911) est de ceux-là. Passé par la Salpêtrière, il s’intéresse à l’hypnotisme et devient directeur du Laboratoire de psychologie physiologique de la Sorbonne (École pratique des hautes études) en 1894. Il fonde à cette date L’Année psychologique, une revue toujours active de nos jours, et s’impose comme un pionnier dans le domaine de la psychométrie, la mesure des capacités intellectuelles et psychologiques. Binet reste célèbre pour avoir créé avec Théodore Simon (1873-1961) la première échelle métrique d’intelligence, le test Binet-Simon, l’ancêtre des tests de QI. Son intérêt éclectique pour différentes techniques permettant d’appréhender le degré d’intelligence des individus le pousse alors à publier dans les colonnes de L’Année psychologique, en 1907, un « Essai de chiromancie expérimentale276 ».
83Il concède en introduction que « la chiromancie n’a pas un très bon renom », mais relève que « des gens très intelligents » y croient sérieusement et évoque sa rencontre avec Alexandre Dumas fils, qui avait rédigé de sa propre plume, en 1889, une étude sur la question277. Binet considère la main comme « l’organe essentiel et le plus direct de toutes nos pensées et de tous nos sentiments278 ». Poussé par ce postulat, il fait examiner des mains d’enfants à Madame Fraya en lui demandant de déterminer leur degré d’intelligence. Il relève alors des résultats positifs, mais aussi des erreurs qu’il juge normales, car « tout ce qui est humain » se trompe. Au final, cette expérience attise son intérêt, mais le psychologue décède quelques années plus tard sans avoir eu le temps de développer la chiromancie expérimentale. De même, un autre confrère intéressé par la chirologie meurt subitement. Il s’agit de Nicolas Vaschide (1874-1907), ex-collaborateur de Binet et psychologue prometteur, qui décède avant d’avoir publié son Essai sur la psychologie de la main (1909)279. Cet ouvrage bénéficie d’une préface de Charles Richet et s’inscrit à la suite d’un intérêt plus général pour les recherches psychiques et l’étude des phénomènes « paranormaux », qu’il soit question de rêves prophétiques ou de transmissions télépathiques ; un fait qu’il lie par ailleurs à des phénomènes mentaux encore mal connus mais qui n’auraient rien de surnaturel280. Pour lui : « On a tort de mépriser en bloc les sciences occultes : on trouve dans les travaux de leurs adeptes des documents d’une valeur réelle, et foules contiennent quelques données déformées, amplifiées, mais réellement vraies281. » Ainsi, les principes de la chirologie comme outil de connaissance psychologique sont réaffirmés par un psychologue réputé, qui n’est pas un cas isolé282. Cet exemple nous permet de poser un regard plus informé sur l’intérêt des homéopathes de L’Homéopathie moderne pour la chirologie.
Henri Mangin-Balthazard et la chiroscopie
84Ce n’est toutefois pas en tant que psychologue qu’Henri Mangin-Balthazard s’intéresse en premier lieu à la chirologie, mais bien en tant qu’occultiste. Henri Mangin se fait en effet d’abord remarquer comme le collaborateur de Georges Muchery283. S’il pratique également l’astrologie284, il se consacre à partir de 1928 à la chirologie, une technique qu’il avait pu étudier avec son mentor. Mangin a alors pour premier public les auditeurs du Club « Penser et Agir » de Louis Gastin, où il avait au préalable délivré une conférence sur le thème « Peut-on prévoir l’avenir ? » qui avait incité ce dernier à lui confier une conférence hebdomadaire dans son club. Cette conférence s’intitule d’abord « les Mystères de la Main », mais elle aborde ensuite les rapports entre « chirologie et médecine », « chirologie et constitutions » et « l’intérêt scientifique de l’étude des lignes de la main ». Avec Gastin, il coprésente à l’occasion une « Synthèse chiro-astrologique », mais celui qui se fait désormais appeler Henri Mangin-Balthazard (du nom de jeune fille de sa femme) se positionne en premier lieu dans le champ médical, comme en témoigne la série d’articles intitulée « Diagnostic médical et chirologie » qu’il publie dans Le Sphinx durant l’année 1929285. Il préside à ce moment-là un groupe d’études chirologiques qui se réunit à la salle de conférences « Penser et Agir », comme d’autres groupements ésotériques tels que « Les amis du symbolisme » d’Oswald Wirth et l’Association des études spirites286.
85Dès cette époque, ses travaux suscitent l’intérêt d’Henri Durville avec qui il collabore – la physiognomonie et la chirologie étant également diffusées au sein des milieux naturistes –, mais aussi celui de Léon Vannier. L’homéopathe lui avait consacré une chronique dans sa revue à la suite d’une conférence publiée dans la revue occultiste Hermétisme, lors de laquelle Mangin avait relié les théories de Vannier sur la typologie et les trois constitutions à des spéculations occultistes inspirées par Gastin287. Partageant son intérêt pour le raisonnement analogique, Vannier l’annonce même comme son collaborateur en charge de la connaissance du sujet morbide par la chiroscopie dans la présentation de son projet de Centre homœopathique international faite à l’occasion des trois Journées homœopathiques franco-americaines288. Les dissensions au sein de la Société d’homœothérapie entraînent toutefois une séparation (ils renoueront après-guerre et des cours complémentaires de chiroscopie médicale sont annoncés au Centre homœopathique de France à partir de 1945), qui s’accompagne d’un rapprochement de Mangin-Balthazard avec les autres groupements homéopathiques. Quelles sont alors les caractéristiques de sa méthode chiroscopique, qui fait l’objet d’un intérêt transversal, dépassant les querelles d’école, parmi les homéopathes ?
86Mangin-Balthazard présente la chiroscopie comme la « science des formes et des lignes des mains », comme une « méthode peu connue de pénétration psychologique et physiologique de l’être humain289 ». Il n’est donc pas question de faire de la divination, mais plutôt, dans une perspective commune à la chirognomonie et à la physiognomonie, d’avoir une meilleure connaissance des caractères individuels par le biais d’examens somatiques. Cette connaissance concerne bien entendu l’aspect psychologique des individus étudiés, mais la chiroscopie de Mangin-Balthazard se distingue en détaillant précisément « les possibilités diagnostiques médicales de cette science », qui font l’objet de son Introduction à l’étude de la chiroscopie médicale290. Sur cet aspect, l’influence de Vannier est évidente quand il affirme que la chiroscopie « présente un intérêt pratique considérable en ce sens qu’elle permet de situer l’individu dans son plan exact, de déterminer la valeur de ses réactions, de fixer son évolution morbide possible, et, ce faisant, d’orienter la thérapeutique tant curativement que préventivement291 ». Comme pour Vannier, une importance capitale est accordée à la notion de terrain, comprise également dans son aspect spirituel. Pour lui : « Le Terrain est fait de la hiérarchisation de termes qui, s’interpénétrant sur trois plans : l’organique, l’affectif, le spirituel, s’équilibrent et s’harmonisent plus ou moins […]292. » La typologie et les différentes classifications proposées par Vannier lui sont bien sûr connues, et il relève à ce propos que « Constitutions, Tempéraments, Types humains, sont les fondamentaux du Terrain293 ».
87Ces tendances individuelles jouent un rôle important dans son système, car il assigne à chacune des caractéristiques chiroscopiques permettant de faciliter le diagnostic. La forme des doigts et de la main (chiromorphie), les lignes et le relief de la paume (chirographie), et les éléments transitoires tels que l’état des ongles ou la température de la main (eido-chiroscopie) sont alors pris en compte. Le tout forme un ensemble extrêmement détaillé qui n’est pas sans reprendre des indications développées précédemment par d’autres auteurs (fig. 6 à 8). Ce ne sont pas moins de 17 lignes qui sont nommées et respectivement rattachées aux divers aspects organiques, affectifs et spirituels de l’individu, en plus des sept monts et monticules traditionnels qui se retrouvaient déjà dans les écrits de Desbarrolles (mont de Vénus, de Jupiter, etc.). La main du carbonique, du phosphorique et du fluorique sont décrites, tout comme celle des huit types humains de Bessonnet-Favre et de Vannier. Si les connaissances de Mangin-Balthazard dépassent les travaux de L’Homœopathie française pour englober la plupart des auteurs de l’époque ayant écrit sur la typologie humaine, sa chiroscopie médicale peut cependant être perçue, sous certains aspects, comme une extension des travaux typologiques de Vannier et Bessonnet-Favre, qui ajoute à la connaissance physiognomonique des types humains une connaissance chirologique fouillée permettant de renforcer le diagnostic par l’examen attentif des mains. Mangin-Balthazard entend collaborer avec les médecins intéressés et fournit en ce sens, à la fin de son ouvrage, une fiche-type concernant les renseignements chiroscopiques qu’il n’est pas possible de percevoir par le simple examen des empreintes de la main (ongles, température, humidité de la paume, etc.). Les médecins sont alors invités à lui adresser cette fiche remplie par leurs soins, accompagnée d’un relevé des empreintes, afin qu’il puisse établir son examen de chiroscopie médicale en complément de l’examen médical et ainsi orienter ou conforter le médecin dans son diagnostic et dans le choix du traitement. Comment comprendre alors la préface de Fortier-Bernoville, qui figure parmi les collaborateurs de Mangin-Balthazard, quand l’homéopathe écrit :
« à mon sens le plus grand mérite de M. Mangin-Balthazard, c’est d’avoir su, le premier, introduire la méthode scientifique expérimentale dans la Chirologie. Il n’a pas voulu établir un “système” ; il n’a pas voulu même respecter la tradition chiromancienne. Il a fait table rase de tout ce qui a été écrit avant lui, il n’a rien voulu croire avant d’avoir contrôlé l’exactitude des opinions émises. De la tradition il a gardé seulement l’esprit général, la philosophie qui sert de guide, mais il a su rejeter bien des croyances répétées sans contrôle par les autres chirologues294. »
Fig. 6. – Desbarrolles Adolphe, Les Mystères de la main révélés et expliqués, Paris, E. Dentu, 1859, p. 203.

Topographie des monts de la paume de la main.
Fig. 7. – Muchery Georges, La Mort, les maladies, l’intelligence, l’hérédité, indiquées immédiatement par l’analyse des empreintes des mains, Paris, Édition astrale illustrée, 1925, p. 32.

Représentation de la main semblable, à quelques ajouts près, à celle de Desbarrolles.
Fig. 8. – Mangin-Balthazard Henri, Introduction à l’étude de la chiroscopie médicale, Paris, Oliven, 1932.

Mangin-Balthazard topographie les différentes localisations dites mythologiques, mais emploie également pour cela des signes astrologiques.
88Il se justifie même plus loin :
« Personnellement je me suis élevé à plusieurs reprises contre certains de mes confrères qui usent des sciences occultes. Je crois même qu’on ne peut pas en user sans en abuser fatalement. Il y a quelques semaines j’écrivais dans une chronique de l’Homœopathie Moderne : “Nous ne devons pas être des sectaires, ni des maniaques de l’hermétisme et des mystères creux d’un occultisme enfantin. […]” On ne m’accusera pas d’avoir des opinions contradictoires. Je suis persuadé que jusqu’à un certain point même la tradition a fait à la Chirologie plus de tort que de bien, car elle énonce probablement plus d’erreurs que de vérités. Donc, si j’apprécie la Chirologie Médicale telle que la pratique M. Mangin-Balthazard, tout en affirmant bien haut (ce qui ne plaît pas à certains de mes confrères) ma méfiance contre les sciences dites occultes et ceux qui les pratiquent, que le lecteur soit rassuré. Qu’il adresse à notre auteur quelques cas, quelques énigmes chirologiques à résoudre, quelques mains à examiner, il sera vite convaincu par l’exactitude des faits contrôlables, la profondeur du jugement295 […]. »
89Tout d’abord, il apparait clair que Fortier-Bernoville use d’un procédé rhétorique, fort courant au sein des courants ésotériques par ailleurs, qui consiste à se distancier de pratiques jugées plus déviantes, et d’opérer ainsi une hiérarchisation entre sa pratique, supposément scientifique, et la pratique de charlatans et d’illuminés, qui font figure de repoussoirs296. Mangin-Balthazard ne procède pas autrement quand il préfère porter l’étendard de la chiroscopie plutôt que celui de la chiromancie ou chirologie. Ce procédé n’explique cependant pas les raisons profondes de l’intérêt de Fortier-Bernoville pour la chiroscopie, un intérêt continu en dépit, malgré ses dires, de l’absence d’une quelconque méthodologie expérimentale mise en place par son promoteur. Celles-ci résident selon nous dans son spiritualisme (Baudry évoque « un grand croyant » lors de ses obsèques), et dans son appétence à voir des correspondances entre la forme et l’idée, une union entre l’âme et le corps, et à déchiffrer l’homme et la nature tels que Dieu les a créés. Une pratique en somme, qui le conforte dans ses croyances et qui, à l’instar de l’homéopathie sans doute, validée par le pape Pie XI (1857-1939) lors de l’audience qu’il lui avait accordée297, vient même les enrichir. Plus directement, la chiroscopie s’accorde avec la perspective anthropologique holiste, puisque le concept d’unité de l’organisme autorise à penser toutes sortes de « relations intimes », et parfois insoupçonnées, entre les différentes parties du corps. De ce fait, l’intérêt des médecins pour la chiroscopie n’est pas restreint au milieu homéopathique. Le holisme médical dans son ensemble fait bon accueil à cette méthode qui accorde une importance capitale au terrain et permet d’individualiser le diagnostic comme le traitement. Mangin-Balthazard se retrouve ainsi, par exemple, parmi les premiers collaborateurs de la revue Réagir de Victor Pauchet. Outre les adeptes du naturisme et de la culture humaine, d’autres médecins désireux d’étudier les limites aux correspondances au sein de l’organisme et de vérifier les théories émises par les anciens s’intéressent également à la chiroscopie/chirologie : c’est le cas des promoteurs de la réflexothérapie (fig. 9).
Fig. 9. – Panorama synthétique du milieu homéopathique et de ses liens avec les courants ésotériques.

Notes de bas de page
1Dinges Martin (dir.), Weltgeschichte der Homöopathie: Länder, Schulen, Heilkundige, Munich, Beck, 1996.
2Faure Olivier (dir.), Praticiens, patients et militants de l’homéopathie aux xixe et xxe siècles. Actes du colloque franco-allemand, Lyon, 11-12 octobre 1990, Sainte-Foy-lès-Lyon, Institut Boiron, 1992 ; Faure Olivier, Et Samuel Hahnemann, op. cit.
3Rabanes Olivier, Introduction à la lecture de l’œuvre de Samuel Hahnemann, fondateur de l’homéopathie, Lyon, Éditions Similia, 2014.
4Hahnemann Samuel, « Versuch über ein neues Prinzip zur Auffindung der Heilkräfte, nebst einigen Blicken auf die bisherigen », Journal der praktischen Arzneikunde und Wundarzneikunst, vol. 2, 1796.
5Faure Olivier, Et Samuel Hahnemann, op. cit., p. 29.
6Une compilation des six éditions parues de 1810 à 1842 a été réunie à l’initiative de Bernhard Luft et Matthias Wischner. Cf. Hahnemann Samuel, Organon-Synopse: die 6 Auflagen von 1810-1842 im Überblick, Heidelberg, Karl F. Haug Verlag, 2001.
7Faure Olivier, Et Samuel Hahnemann, op. cit., p. 35-38.
8Différentes des dilutions centésimales, les cinquantes-millésimales, mal connues des homéopathes français du xixe siècle puisqu’il faut attendre 1921 pour que la sixième édition de l’Organon soit traduite en français, se distinguent par leur nombre plus élevé de succussions subies et leur dilution au 1/50 000 plutôt qu’au 1/100.
9Hahnemann Samuel, Organon der Heilkunst, Dresde/Leipzig, Arnoldischen Buchhandlung, 1833, paragraphe 9, p. xii.
10Raynaud Dominique, « La controverse entre organicisme et vitalisme : étude de sociologie des sciences », Revue française de sociologie, no 4, vol. 39, 1998, p. 721-750.
11Faure Olivier, Et Samuel Hahnemann, op. cit., p. 246-247.
12Catellan frères, Annuaire homœopathique, Paris, Bailière, 1863.
13Faure Olivier, op. cit., p. 163.
14« Liste des médecins et pharmaciens homœopathes de France », Revue homœopathique française, 31 mai 1897, p. 237-242.
15Janot Charles, Histoire de l’homéopathie française, Fontenay-aux-Roses, chez l’auteur, 1936, p. 215.
16Nous gardons l’orthographe ancienne « homœopathie » pour les citations, les noms de sociétés et les titres de revue dans lesquels elle était employée.
17Pinet Patrice, La Fondation secrète de l’homéopathie. Réseaux francs-maçons et théories médicales de 1750 à 1810, Lyon, Jacques André éditeur, 2016.
18Kuzniar Alice A., The Birth of Homoeopathy out of the Spirit of Romanticism, Toronto, University of Toronto Press, 2017, p. 152.
19Faure Olivier, Et Samuel Hahnemann, op. cit., p. 41-43.
20Ibid., p. 133.
21Laurant Jean-Pierre, « Ésotérisme et socialisme 1830-1914 », Revue française d’histoire des idées politiques, no 23, 2006/1, p. 129-147 ; Muray Philippe, Le xixe siècle à travers les âges, Paris, Denoël, 1984 ; Strube Julian, Sozialismus, Katholizismus und Okkultismus im Frankreich des 19. Jahrhunderts. Boston/Berlin, de Gruyter, 2016.
22Strube, op. cit., p. 27.
23Ibid.
24Fouriéristes comme saint-simoniens entendent transformer la société dans une perspective socialiste. Chez les disciples de Charles Fourier (1772-1837) et de sa quête d’harmonie universelle, la doctrine s’applique à la vie communautaire dans les phalanstères, tandis que les continuateurs du comte de Saint-Simon (1760-1825) et de son industrialisme technocratique connaissent une activité éclatante mais éphémère dans leur couvent de Ménilmontant, qui vient contraster avec la postérité intellectuelle remarquable du mouvement. Cf. Charléty Sébastien, Histoire du saint-simonisme, Paris, Perrin, 2018 (1931) ; Desmars Bernard, Militants de l’utopie ? Les fouriéristes dans la seconde moitié du xixe siècle, Dijon, Les Presses du Réel, 2010.
25Strube, op. cit., p. 28.
26Faure Olivier, Et Samuel Hahnemann, op. cit., p. 110-120. Le Dr Léon Simon père (1798-1867) figure notamment parmi les accusés au procès des saint-simoniens de 1832. Cf. Fabre des Essarts Léonce, Les Hiérophantes. Études sur les fondateurs de religions depuis la religion jusqu’à ce jour, Paris, Chacornac, 1905, p. 326.
27Waisse Silvia et Motzi Eklöf, « Spread of homeopathy in the early nineteenth century: the comparative approach and the cases of Sweden and Brazil », História, Ciências, Saúde – Manguinhos, no 4, vol. 26, octobre-décembre 2019, p. 1285. Je remercie Silvia Waisse, historienne des sciences et de l’homéopathie, de m’avoir indiqué cette information.
28Sur sa familiarité avec le corpus ésotérique, lire La Philosophie absolue, publié à titre posthume en 1884 par sa veuve Sophie Liet (1811-1891).
29Brillat Roseline, Benoît Mure : missionnaire de l’homéopathie, 1809-1858, Sainte-Foy-lès-Lyon, Boiron, 1988, p. 52.
30Cahagnet Louis-Alphonse, Sanctuaire du spiritualisme ; étude de l’âme humaine et de ses rapports avec l’univers d’après le somnambulisme et l’extase, Paris, chez l’auteur, 1850, p. 328.
31Waisse Silvia et Motzi Eklöf, « Homeopathy in Sweden and Brazil, 1880-1930. “Golden ages” with radically different implications », Lychnos, 2019, p. 178.
32Cahagnet, Sanctuaire du spiritualisme, p. 335.
33Sur les activités médicales du Dr Encausse, voir notre article Bernard Léo, « Le mage et le médecin. L’œuvre et les activités médicales de Gérard Encausse (1865-1916) », Arcana Naturae, no 3, 2022, Occultes médecines, p. 65-107.
34« 142e anniversaire de la naissance de Hahnemann », Revue homœopathique française, avril 1897, p. 167.
35La Thérapeutique intégrale, no 1, 22 octobre 1896, p. 1.
36Encausse Gérard, « Homœopathie hermétique », La Thérapeutique intégrale, op. cit., p. 3.
37Faure Olivier, Et Samuel Hahnemann, op. cit., p. 226.
38Ibid., p. 226-227.
39Carrington Bolton Henry, « Iatro-Chemistry in 1897 », Science, no 169, vol. 7, 25 mars 1898, p. 397-402.
40Saturnus (Theodor Krauss), Iatrochimie et électro-homéopathie : étude comparative sur la médecine du Moyen-Age et celle des temps modernes, Paris, Chamuel, 1897, p. 59.
41« Die JSO-Komplex-Heilweise », une thérapeutique récemment présentée dans un livre allemand et promue sur le site internet [http://www.iso-arzneimittel.de]. Cf. Richter Herta et Schünemann Michael, Spagirisch heilen: Die JSO-Komplex-Heilweise, Munich, Foitzick Verlag, 2008.
42Parmi eux, 32 prennent la forme de pilules semblables aux granules homéopathiques (Scrofolso, Canceroso, etc.) et six celle d’un liquide incolore (bien qu’étant désignés comme « électricité rouge », « jaune » ou « bleue »). Cf. Saturnus, op. cit., p. 66-71.
43Ponzio Pierre Louis, Traité complet de médecine électro-homéopathique, Paris, J.-B. Baillière et fils, 1889.
44Encausse Gérard, « À nos confrères homœopathes », La Thérapeutique intégrale, no 1 (nouvelle série), octobre 1899, p. 4. Notons que le fait de combiner homéopathie et magnétisme n’a rien de novateur, Hahnemann lui-même préconisait des séances de mesmérisme à ses patients en sus des médications homéopathiques. Cf. Fischbach-Sabel Ute, « Hahnemann au travail à Köthen en 1830 », in Faure Olivier (dir.), Praticiens, patients et militants de l’homéopathie, op. cit., p. 96.
45Bibliothèque municipale de Lyon, fonds ancien, fonds Papus, Ms 5488, Correspondance. Marc Haven/Dr M.-H.-E. Lalande.
46Les liens sont également forts entre Jollivet-Castelot et Krauss puisque ce dernier avait nommé l’alchimiste moderne français « vice Grand-Maître » de son Ordre des Samaritains inconnus. Cf. « Nécrologie », La Rose + Croix, janvier-mars 1925, p. 19.
47Vannier Léon, « L’homœothérapie. Doctrine homœopathique moderne », L’Homœopathie française, janvier 1924, p. 11.
48Ibid., p. 24-25.
49Cette distinction entre constitution et tempérament est redevable au philosophe Alfred Fouillée (1838-1912). Cf. Fouillée Alfred, Tempérament et caractère selon les individus, les sexes et les races, Paris, Alcan, 6e édition (1895), p. 6.
50Vannier, op. cit., p. 30.
51Faure Olivier, « L’homéopathie entre contestation et intégration », Actes de la recherche en sciences sociales, no 3, vol. 143, 2002, p. 94.
52S’il convient de manipuler ces chiffres avec précaution, car ils proviennent de sources internes au milieu homéopathique, la consultation globale des périodiques de l’époque vient toutefois attester la réalité de l’essor de l’homéopathie à cette période et le rôle joué par Vannier.
53Vannier Léon, « Chronique », L’Homœopathie française, octobre 1930, p. 578.
54Ibid., p. 24.
55Ibid., p. 26.
56Michelet Victor-Émile, Les Compagnons de la Hiérophanie. Souvenirs du mouvement hermétiste à la fin du xixe siècle, Paris, Dorbon-Ainé, 1938, p. 133-136.
57McIntosh Christopher, Eliphas Lévi and the French Occult Revival, New York, Sunny Press, 2011 (1972), p. 115 ; Strube, Sozialismus, Katholizismus und Okkultismus, op. cit., p. 579.
58Chacornac Paul, Éliphas Lévi (1810-1875), Paris, Éditions traditionnelles, 1989 (1926), p. 1.
59À ce propos, 21 lettres envoyées par Alexandre Dumas fils au Dr Favre de 1869 à 1894 ont pu être publiées, tandis que sa relation avec George Sand a été documentée par Céline Bessonnet-Favre. Cf. Dumas Alexandre (fils), « Twenty-one letters by D. fils [au Dr Henri Favre, 1869-1894] », Adam. International review, no 340-342, 1971, p. 22-31 ; Bessonnet-Favre C. [Céline], « Les “Moi” multiples de George Sand, d’après des documents et des souvenirs inédits », La Revue des revues, 15 juillet 1908, p. 129-147.
60Zucker Arnaud, « La physiognomonie antique et le langage animal du corps », Rursus, en ligne, no 1, 2006. Disponible à l’adresse suivante : [http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rursus/58], consulté le 1er juin 2020.
61Charmasson Thérèse, « Divinatory Arts », in Wouter J. Hanegraaff (dir.), Dictionary of Gnosis and Western Esotericism, op. cit., p. 316.
62Blackburn Patricia, La Technique physiognomonique de J. K. Lavater et son influence sur le personnage de Roman, mémoire de maîtrise en études littéraires, université du Québec à Montréal, 2008, p. 10-11.
63Simon Gérard, Sciences et savoirs aux xvie et xviie siècles, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 1996, p. 53.
64Renneville Marc, Le Langage des crânes. Une histoire de la phrénologie, Paris, Institut d’édition Sanofi-Synthélabo, 2000, p. 45.
65Vervoort André, « Un Devin », L’Intransigeant, 5 juin 1894, p. 1.
66Ibid.
67Le Constitutionnel, 20 décembre 1859, p. 4. Cette information, vérifiée par nos soins, est tirée de l’article wikipédia consacré à Eugène Ledos. Cf. « Eugène Ledos », in wikipedia, en ligne. Disponible à l’adresse suivante : [https://fr.wikipedia.org/wiki/Eugène_Ledos], consulté le 4 juin 2020.
68Ledos Eugène, Traité de la physionomie humaine, Paris, H. Oudin, 1894, p. 98.
69Comme Jacques Jouanna a pu le suggérer, tandis que la théorie des quatre humeurs trouve son origine au ve siècle av. J.-C. dans le traité de la Nature de l’homme rédigé par Polybe, gendre et disciple d’Hippocrate, le lien systématique entre les quatre tempéraments et les quatre humeurs se formalise bien plus tard, dans la médecine grecque tardive du vie siècle apr. J.-C. Cf. Jouanna Jacques et Mahé Jean-Pierre, « Une anthologie médicale arménienne et ses parallèles grecs », Comptes rendus des séances de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 148e année, no 2, 2004, p. 549-598.
70Roback Abraham Aron, The Psychology of Character: With a Survey of Temperament, New York, Harcourt, Brace and Company, 1931 (1927), p. 48. Ce livre, bien que daté, offre un aperçu historique très riche sur l’étude des tempéraments.
71Littré Émile, Dictionnaire de médecine, Paris, J.-B. Baillière et fils, 1905-1908 (21e édition), p. 1665. La traduction anglaise est citée dans Roback, op. cit., p. 58.
72Lavater Johann Caspar, Physiognomische Fragmente zur Beförderung der Menschenkenntniss und Menschenliebe, vol. 4, Leipzig/Winterthur, 1778, p. 351-356.
73Beaufils Christophe, Joséphin Péladan (1858-1918) : essai sur une maladie du lyrisme, Grenoble, Éditions Jérôme Million, 1993, p. 120.
74Polti et Gary, La Théorie des tempéraments et leur pratique, Paris, Georges Carré, 1889.
75Notons d’ailleurs que la représentation des quatre tempéraments par Lavater diffère de celle de Polti et Gary, car le pasteur zurichois dessine le sanguin et le colérique (bilieux) avec un nez concave et le lymphatique et le mélancolique (nerveux) avec un nez convexe. Cf. Lavater, op. cit., p. 352.
76Papus, Traité élémentaire de magie pratique : adaptation, réalisation, théorie de la magie ; avec un appendice sur l’histoire et la bibliographie de l’évocation magique et un dictionnaire de la magie des campagnes, des philtres d’amour, etc., Paris, Chamuel, 1893, p. 339.
77Ibid., p. 30.
78Ibid., p. 45.
79Beaufils, Joséphin Péladan, op. cit., p. 120.
80Papus, Traité élémentaire de magie pratique, op. cit., p. 348.
81Encausse Gérard, « Homœopathie hermétique », La Thérapeutique intégrale, no 1, 22 octobre 1896, p. 3.
82Cette collaboration a en outre déjà été relatée dans l’une de nos publications. Cf. Bernard Léo, « Dismissing the Occult: the Connections between Esoteric Currents and French Homeopathic Medicine during the First Half of the Twentieth Century », in Manon Hedenborg White et Tim Rudbøg (dir.), Esotericism and Deviance, Leyde, Brill, 2023, p. 321-346.
83Batailles du ciel – Manuscrit d’un vieux celte, Paris, Chamuel, 1892, p. 64.
84Vannier Léon, La Doctrine de l’homœopathie française, Paris, Doin, 1931, p. 30.
85Ibid.
86Ibid., p. 34.
87Batailles du ciel, p. 305.
88Ibid., p. 305-306.
89Ibid.
90Léon-Vannier Jacqueline, Le Docteur Léon Vannier. Confidences et souvenirs, Paris, Doin, 1968, p. 77.
91Archives nationales, fonds Greffulhe (1566-1961), AP/101(II)/63. Lettre du 31 août 1916.
92Raymond Fulgence, « Préface », in Céline Bessonnet-Favre, La Typologie. Méthode d’observation des types humains, Paris, Félix Juven, 1910 (2e édition), p. vii.
93Bessonnet-Favre, op. cit., p. 1.
94Ibid., p. 10 et 17.
95Bessonnet-Favre C. [Céline], « Les types humains », L’Homœopathie française, décembre 1912, p. 870.
96Favre Henri, La Bible, les trois Testaments. Examen méthodique, fonctionnel, distributif et pratique, Le Havre, Alphée Brindeau, 1871.
97Léon-Vannier, Le Docteur Léon Vannier, op. cit., p. 80.
98Ibid., p. 81.
99Bessonnet-Favre C. [Céline], « La classification typologique », L’Homœopathie française, mars 1914, p. 150.
100Ibid., p. 152.
101Vannier Léon, « Constitutions et tempéraments », L’Homœopathie française, février 1924, p. 81.
102L’Humanité nouvelle : revue internationale : sciences, lettres et arts, 1903, p. 765.
103Léon-Vannier, op. cit., p. 88.
104Ibid., p. 92.
105Ibid., p. 94.
106Ibid., p. 104-105.
107Ibid., p. 107.
108Ibid., p. 117.
109Ibid., p. 125-126.
110Ibid., p. 126.
111Ibid.
112Monneyron Frédéric, L’Androgyne décadent : mythe, figure, fantasmes, chap. iv : « Occultisme et androgyne », Grenoble, ELLUG (université Stendhal), 1996.
113Selon son mode de calcul, tel qu’il est présenté dans les retranscriptions partielles de ses lettres, Herm ne peut pas valoir 29. Cet obstacle ne semble cependant pas en être un. Il est peut-être expliqué par une règle ou subtilité linguistique qui rend également compte de la valeur 6 de « ou », mais il ne nous semble pas nécessaire de creuser davantage la question ici.
114Léon-Vannier, op. cit., p. 170.
115Ibid., p. 128.
116Ibid., p. 131.
117Ibid., p. 170.
118Ibid., p. 183.
119Ibid., p. 184.
120En 1902, Joséphin Péladan avait fait paraître L’Art de choisir sa femme d’après la physionomie (physiognomonie), tandis que Sédir est l’auteur d’un livret sur Les Tempéraments et la culture psychique, d’après Jacob Boehme (1894).
121Vannier Léon, La Typologie et ses applications thérapeutiques, 2e partie : Les Tempéraments : Types et métatypes, Paris, Doin, 1955, p. 11.
122Il est possible qu’il s’agisse de l’artiste alsacien Robert Simon (1928-1999).
123Dans une lettre à Bessonnet-Favre, Vannier confie avoir l’accord de cet éditeur d’art, « versé dans les mêmes idées » et qui avait rencontré Henri Favre, pour la publication de leur ouvrage commun. À l’époque, un certain M. Le Noir – Robert Le Noir (1894-1973) ? – est pressenti pour s’occuper des dessins. Cf. Léon-Vannier, Le Docteur Léon Vannier, op. cit., p. 94.
124« Congrès Spiritualiste de 1908 », Le Voile d’Isis, no 34, août 1908, p. 118. Sur ce congrès et son organisation, voir Amadou Robert, Le Congrès introuvable. Compte rendu complet des travaux du Congrès et du Convent maçonnique spiritualiste (1908/1910), Paris, 2003.
125Revue homœopathique française, décembre 1908.
126« Séance de Fondation – 3 novembre 1908 », Bulletin de la Société des sciences anciennes fondée pour l’étude des conceptions philosophiques et scientifiques du moyen-âge et de l’antiquité, no 1, décembre 1909, p. 23 et 27.
127Piobb Pierre, « Le but de la société des sciences anciennes », Bulletin de la Société des sciences anciennes fondée pour l’étude des conceptions philosophiques et scientifiques du moyen-âge et de l’antiquité, no 1, décembre 1909, p. 1.
128« Compte-rendu des séances », Bulletin de la Société des sciences anciennes fondée pour l’étude des conceptions philosophiques et scientifiques du moyen-âge et de l’antiquité, no 1, décembre 1909, p. 56. Notons tout de même que Vergnes quitte la Société des sciences anciennes dès le mois d’avril 1910 pour un différend concernant les statuts de l’association, entraînant peut-être avec lui Vannier. Cf. « Compte-rendu des séances », Bulletin de la Société des sciences anciennes fondée pour l’étude des conceptions philosophiques et scientifiques du moyen-âge et de l’antiquité, no 2, juillet 1910, p. 56.
129Piobb Pierre, « Thérapeutiques nouvelles », Revue homœopathique française, février 1910, p. 81-82.
130Vannier Léon, « Notre programme », L’Homœopathie française, no 1, janvier 1912, p. 5.
131Ibid., p. 10, 12, et 32.
132Beaufils, Joséphin Péladan, op. cit., p. 285. Beaufils s’appuie sur la nécrologie de Grillot de Givry publiée dans la revue Évolution. Cf. Charpentier Armand, « Grillot de Givry », Évolution. Revue mensuelle des questions intéressant l’apaisement international et le rapprochement des peuples, no 39, mars 1929, p. 21-24.
133Journal du magnétisme et du psychisme expérimental, mars 1929, p. 48.
134Baudry René, « Le Docteur René Allendy (1889-1942) », Cahiers d’homéopathie et de thérapeutique comparée, no 2, 1945, p. 266-268.
135Allendy René, L’Alchimie et la médecine, 1912, p. 143.
136« Bibliographie. Dr R. Allendy : L’Alchimie et la Médecine. Étude sur les théories hermétiques dans l’histoire de la médecine », Le Voile d’Isis, no 36, décembre 1912, p. 381.
137Allendy René, « La Rose-Croix », Le Voile d’Isis, no 36, décembre 1912, p. 361-367. Notons que dans le même numéro, Sédir propose un travail sur « La médecine spagyrique de Paracelse » et que Grillot de Givry conclut son étude sur « La survivance de Jeanne d’Arc ».
138Girod Fernand, « La Momification Magnétique », La Vie mystérieuse, no 101, 10 mars 1913, p. 74.
139Allendy René, « Astrologie au point de vue médical », in Henri Durville, IIe Congrès international de psychologie expérimentale. Compte rendu des travaux, Paris, Hector et Henri Durville, 1913, p. 276.
140Le site internet de la Société française d’ostéopathie présente en tout cas le Dr Lavezzari comme tel, mais il faut dire que cette société a été fondée à son initiative en 1952 et qu’elle est actuellement présidée par l’un de ses petits-fils. Sera-t-on surpris de constater que certains ostéopathes préfèrent saluer l’œuvre d’autres pionniers, ainsi de Paul Geny (1912-1996), pourtant bien plus jeune ? Cf. « Historique », in sf.osteopathie.free.fr, en ligne. Disponible à l’adresse suivante : [http://sf.osteopathie.free.fr/historique.htm], consulté le 19 novembre 2019 ; Messeguer Laurent, Les Ostéopathes D. O. MROF dans le panorama ostéopathique français en 2001. Disponible à l’adresse suivante : [http://www.issartel.org/Historique_Osteopathie.pdf], consulté le 19 novembre 2019.
141Lavezzari Robert, « L’ostéopathie », L’Homœopathie française, février 1924, p. 85.
142Faure Olivier, Et Samuel Hahnemann, op. cit., p. 349.
143Booth Emmons Rutledge, History of Osteopathy and Twentieth-Century Medical Practice, Cincinnati, The Caxton Press, 1924, p. 726-727.
144Fuller, Alternative Medicine and American Religious Life, op. cit., p. 83.
145Lavezzari, op. cit., p. 88.
146James C. Whorton donne un condensé détaillé de cette théorie ostéopathique développée par Still (et prolongée par Lavezzari). Cf. Whorton James C., Nature Cures. The History of Alternative Medicine in America, New York, Oxford University Press, 2002, p. 141-163.
147Lavezzari Robert, « Mes rencontres avec le Docteur R. Steiner », Triades, no 1, vol. 4, printemps 1961, p. 75-78.
148Diet Irène, Jules et Alice Sauerwein et l’anthroposophie en France, Éditions Steen, 1999, p. 322. Disponible à l’adresse suivante : [http://anthroposophie.doc.pagesperso-orange.fr/pdf/Irene_Diet_A_J_Sauerwein_Anthro_Fr-v3.pdf], consulté le 20 novembre 2019.
149Lazaridès Christian, « La Branche “Christian Rosenkreutz” de Nice », in lazarides.pagesperso-orange.fr, en ligne, janvier 2012. Disponible à l’adresse suivante : [https://lazarides.pagesperso-orange.fr/Branche-Rosenkreutz.pdf], consulté le 20 novembre 2019.
150« Nouvelles. Société d’homœothérapie de France », L’Homœopathie française, janvier 1932, p. 75.
151Mare J., « Nécrologie », L’Homœopathie française, janvier 1978, p. 6.
152Lavezzari Robert, « La lésion ostéopathique », L’Homœopathie française, avril 1924, p. 233.
153Mare, op. cit.
154Vannier Léon, « Chronique », L’Homœopathie française, novembre 1926, p. 513.
155Léon-Vannier, Le Docteur Léon Vannier, op. cit., p. 328.
156Ibid., p. 330.
157Lavezzari Robert, « Influences planétaires sur les Substances terrestres », Bulletin de la Société d’homœothérapie de France, 1928, p. 256-260.
158Lavezzari Robert, « Revue des livres », L’Homœopathie française, février 1930.
159Diet, Jules et Alice Sauerwein et l’anthroposophie en France, op. cit., p. 168.
160Lavezzari Robert, « Diététique. Une nouvelle conception des vitamines », L’Homœopathie française, janvier 1930, p. 25.
161Pfeiffer Ehrenfried, « Variétés. Le diagnostic des maladies végétales, animales et humaines par la méthode des cristallisations sanguines », L’Homœopathie française, mai 1938.
162Lavezzari Robert, « La forme humaine est une écriture vivante », Le Voile d’Isis, numéro spécial sur la médecine hermétique, no 96, juin 1927 ; Lavezzari Robert, « Rythmes Humains ; Rythmes Cosmiques », L’Astrosophie. Revue mensuelle d’astrologie et des sciences psychiques et occultes, no 4, vol. 14, avril 1936, p. 181-184.
163Emerit Jacques-Émile, « Les liaisons dangereuses : Occultisme et Homœopathie », Bulletin de la Société d’homœothérapie de France, réunion du 26 octobre, année 1928, p. 186-187.
164Ibid., p. 212.
165La Doctrine spagyrique de Paracelse, extraits choisis et traduits par le Dr Emerit, mis en forme par Henri Coton-Alvart, commentaires et notes de Jean-François Gibert, Grenoble, Le Mercure dauphinois, 2015.
166Ibid., p. 67.
167« Ligue Médicale théosophique », Bulletin théosophique, février 2028, p. 58.
168Cadier Sylvie, Une histoire des Courmettes. 1918-2018, Tourrettes-sur-Loup, A Rocha France éditeur, 2018, p. 24-43. Par la suite, Gérard Monod travaillera en tant qu’homéopathe à l’Asile évangélique de Cannes. Cf. « Lettre d’un médecin anonyme », Le Siècle médical, 1er janvier 1932.
169« À propos des “naturistes” des Courmettes, près de Nice », Le Petit Parisien, 8 février 1927, p. 4. Cette communauté, dite de « la caverne de Zarathoustra », ne reste cependant aux Courmettes que durant un temps. Ils embarquent pour les Caraïbes dès 1929. Cf. Cadier, op. cit.
170Vannier Léon, « Chronique », L’Homœopathie française, décembre 1928, p. 577.
171Balland Henri, « Diététique. De la ration azotée chez l’adulte normal », L’Homœopathie française, février 1929, p. 125.
172Carton Paul, « L’homœopathie », La Revue naturiste, mai 1927, p. 89.
173Soulié de Morant George et Ferreyrolles Paul, « L’acupuncture en Chine vingt siècles avant J.-C. et la reflexothérapie moderne », L’Homœopathie française, juin 1929, p. 405.
174« Discours de M. le Dr Oberkirch », L’Homœopathie française, juillet-octobre 1929, p. 556.
175Vannier Léon, « La vraie Thérapeutique. Isothérapie et Homœothérapie », L’Homœopathie française, juillet-octobre 1929, p. 521.
176Vannier Léon, « Chronique », L’Homœopathie française, octobre 1930, p. 561.
177Vannier Léon, « Le Drainage », L’Homœopathie française, juillet 1931, p. 483.
178Duprat Henri, « La Société rhodanienne et le Dr L. Vannier. Un intolérable plagiat », Le Propagateur de l’homéopathie, octobre 1931.
179Fortier-Bernoville Maurice, « Le Congrès de Genève », Bulletin de la Société d’homœothérapie de France, IVe année, no 3, 1931, p. 226-227.
180Fortier-Bernoville Maurice, « Les Constitutions Humaines. Comment il faut les comprendre et les étudier », Bulletin de la Société d’homœothérapie de France, Ve année, no 2, 1932, p. 38.
181« Nouvelles », L’Homœopathie française, novembre 1933, p. 715.
182« Les parasites de l’Homœopathie », L’Homœopathie française, mars 1936, p. 170. Les concurrents de Vannier viennent toutefois remettre en cause ces chiffres. En 1935, Fortier-Bernoville affirme que sur une liste de 173 médecins faisant partie du CHF, 47 seulement exerceraient réellement l’homéopathie, soit un peu moins d’1/8 des effectifs de l’époque, estimés à 401. Cf. Fortier-Bernoville Maurice, « Étude de l’Homœopathie en France à la date du 15 juin 1935 », L’Homœopathie moderne, 15 octobre 1935, p. 386-387.
183Vannier Léon, « Chronique », L’Homœopathie française, mars 1939, p. 161.
184« Assemblée générale du CHF », L’Homœopathie française, décembre 1945, p. 173.
185Herbais de Thun Charles de, Encyclopédie du mouvement astrologique de langue française au xxe siècle, Bruxelles, Aux éditions de la revue Demain, 1944, p. 274.
186Nebel Antoine, « Nécrologie du Dr Henry Duprat », Les Annales homéopathiques françaises, octobre 1968, p. 3.
187Abel Haatan (ou Haatan’ selon les ouvrages) est principalement connu pour le Traité d’astrologie judiciaire (1895) et sa Contribution à l’étude de l’alchimie (1905).
188Son activité de médium spirite de 1892 à 1897 est évoquée avec force détails dans Flournoy Théodore, Esprits et médiums, Genève/Paris, Librairie Kündig/Librairie Fischbacher, 1911, p. 133-137.
189Th. Darel, « Introduction », Vers l’unité, no 1, septembre 1921, p. 1.
190Duprat Henry, « L’autosuggestion et la médecine », Vers l’unité, no 7, mars 1922, p. 139.
191Duprat Henry, « L’homœopathie jugée par le Dr P. Carton – Naturisme et Homœopathie », Le Propagateur de l’homœopathie, mars 1928, p. 63.
192Ibid., p. 85. Il publie à ce sujet Médecine homéopathique et médecine naturiste : leur collaboration nécessaire constitue la meilleure des thérapeutiques (Paris, Maloine, 1931).
193Bibliothèque publique et universitaire de Neufchâtel, fonds Méautis, « Théosophie. Carton 2 ». Liste des membres de la Section Suisse – juillet 1926.
194Le Propagateur de l’homéopathie, mars 1931, p. 96.
195« Ligue Nationale pour la Diffusion de l’Homœopathie en France », Le Propagateur de l’homœopathie, juin 1925, p. 162-163.
196Cf. Revue française d’homœopathie, décembre 1926 ; Revue française d’homœopathie, février 1933.
197Allendy joue même un rôle crucial dans la réception de la psychanalyse en France, ce qui lui laisse vraisemblablement moins de temps pour rédiger des travaux homéopathiques. Président du groupe de « l’Évolution Psychiatrique » dès 1923, il participe en 1924 à un numéro de la revue Le Disque vert sur « Freud et la psychanalyse ». Il participe encore, en août 1925, à la première Conférence des psychanalystes de langue française à Genève et publie en 1926, en collaboration avec le Dr René Laforgue (1894-1962), passé lui aussi par la Société théosophique, un livre intitulé La Psychanalyse et les névroses. Il n’est alors pas étonnant de le voir rédiger la même année les statuts de la Société psychanalytique de Paris. Il sera secrétaire de cette société de 1928 à 1932, puis donnera ensuite, de 1933 à 1939, un cours à l’Institut de psychanalyse. Cf. Geblesco Nicole, « René Allendy ou Paracelse psychanalyste », Mélusine. Cahiers du Centre de recherche sur le surréalisme, no 13, 1992, Le Surréaliste et son psy, p. 207-219.
198Le Message théosophique et social, décembre 1919. « Nous apprenons que le Dr Allendy (M.S.T.), ex-médecin de bataillon […] reprend ses consultations de médecine homœopathique provisoirement 67, rue de l’Assomption […]. »
199Besant Annie et Leadbeater Charles W., La Chimie occulte, série d’observations faites sur les éléments chimiques au moyen de la clairvoyance, traduit de l’anglais par René Allendy et Hermann de Pury-Travers, Paris, Éditions Rhéa, 1920.
200Amadou Robert, « Psychanalyste astrologue (IV) : René Allendy », Les Cahiers d’Univer-Site, décembre 2001.
201« Bulletin de la Société française d’études psycho-physiques. Esquisse historique », La Science de l’âme et ses applications pratiques, no 1, 1er décembre 1924, p. 7.
202Institut Mémoires de l’édition contemporaine (IMEC), fonds René Allendy, boîte 231ALD/21/Groupe d’études philosophiques et scientifiques pour l’examen des tendances nouvelles, dossier 21/1/ GEPS, Statuts du groupe.
203Bulletin théosophique, janvier 1921, p. 19.
204« Informations diverses », Bulletin théosophique, janvier 1923, p. 5.
205L’historique de cet imbroglio se retrouve dans les archives du fonds Allendy conservées à l’IMEC, dans la boîte indiquée supra (231ALD/21).
206Bulletin du Groupe d’études philosophiques et scientifiques pour l’examen des idées nouvelles, no 5, 1927, p. 5-6.
207« Mouëzy [Mouëzy-Eon], Albert-François-Marie (1886-1976) », in Olivier Rabanes et Alain Sarembaud, Dictionnaire des auteurs d’ouvrages d’homéopathie en langue Française, Sainte-Foy-lès-Lyon, Éditions Boiron, 2003, p. 211.
208Ces informations concernant les fréquentations spirites de Mouézy-Eon proviennent de son propre témoignage. Cet intérêt pour les phénomènes psychiques se retrouve également après la Seconde Guerre mondiale dans sa participation à la Revue métapsychique. Cf. Mouézy-Eon Albert, « Fluide, pensée traditionnelle et pensée scientifique », Revue métapsychique, no 21, janvier-février 1953 ; Mouézy-Eon Albert, « Initiations métapsychiques », La Tour Saint-Jacques, no 13-14, janvier-avril 1958, p. 193-201.
209Mouézy-Eon Albert, « Rapports de l’Homœopathie avec la science moderne », Revue française d’homœopathie, juillet 1921, p. 225.
210Mouézy-Eon Albert, « Le principe de similitude et la Magie », Revue française d’homœopathie, mars 1925, p. 106.
211Cf. Rabanes Olivier, « L’histoire de l’hôpital Hahnemann, Paris puis Neuilly-sur-Seine », La Revue d’Homéopathie, no 1, vol. 2, mars 2011, p. 30-33.
212Vallée Marcel, L’Organisation actuelle de l’homéopathie en France, Lyon, Bosc et Riou, 1936, p. 56. Comme son titre l’indique, cet ouvrage est une mine d’informations concernant la situation de l’homéopathie en France à cette période.
213Revue française d’homœopathie, novembre 1931, p. 250.
214« Nouvelles », Revue française d’homœopathie, février 1932, p. 127.
215« Enseignement. L’enseignement de l’Homœopathie, son organisation », L’Homœopathie moderne, no 1, 1er juin 1932.
216Mondain Charles, « Avant-propos », L’Homœopathie moderne, no 1, 1er juin 1932, p. 4.
217Ibid.
218Mondain Charles, « Avant-propos », L’Homœopathie moderne, 1er juin 1932, p. 3.
219Fortier-Bernoville Maurice, « État de l’Homœopathie en France. Juillet 1936 », L’Homœopathie moderne, 15 octobre 1936.
220Védrine Hélène, « Microcosme et Macrocosme », in Encyclopædia Universalis, en ligne. Disponible à l’adresse suivante : [http://www.universalis.fr/encyclopedie/microcosme-et-macrocosme/], consulté le 2 avril 2020.
221Papus, Traité méthodique de science occulte, op. cit., p. 78.
222Allendy René, Orientation des idées médicales, Paris, Au sans pareil, 1929, p. 25.
223Allendy, L’Alchimie et la médecine, op. cit., p. 115.
224Ibid., p. 116.
225Ibid., p. 29.
226Vannier Léon, « Chronique », L’Homœopathie française, juin 1927, p. 322.
227Vannier Léon, « L’Homœopathie et la médecine moderne », L’Homœopathie française, janvier 1927, p. 9.
228Bulletin de la Société d’homœothérapie de France, réunion du 26 octobre, année 1928, p. 217.
229Vannier Léon, « L’Homœopathie Française. Son but, son organisation, son avenir », L’Homœopathie française, juillet-octobre 1929, p. 577.
230Vannier Léon, « Lycopodium », L’Homœopathie française, juin 1929, p. 445.
231Vannier Léon, « Nux Vomica », L’Homœopathie française, novembre 1930, p. 693.
232Duprat Henry, « L’influx cosmique et la vie de l’homme », in Maxime Laignel-Lavastine (dir.), Les Rythmes et la vie, Paris, Plon, 1947, p. 98.
233Desormonts Louise et Fortier-Bernoville Maurice, « Le monde végétal et l’homœopathie sont unis par la loi universelle d’analogie », L’Homœopathie française, avril 1930, p. 243.
234Ibid., p. 244.
235Ibid., p. 260.
236Ibid., p. 261.
237Ibid., p. 272.
238Desormonts Louise, Fortier-Bernoville Maurice et Dr Poursain, « Pulsatilla nigricans. Étude analogue et chimique », L’Homœopathie moderne, 15 juillet 1932, p. 307.
239Martiny Marcel, « Sur l’intérêt de la constitution d’un organisme de recherches scientifiques sur les médecines dites traditionnelles », Revue française d’homœopathie, avril 1932.
240Martiny Marcel et Winter Pierre, « Les grilles cosmiques de l’homme », Plans, no 4, avril 1931, p. 43-48.
241Butor lui consacre une partie de son Portrait de l’artiste en jeune singe (1967). Dans une lettre à sa fille Aube, écrite le 22 juillet 1954, Breton évoque l’examen de sang que lui a prescrit le Dr Hunwald. Cf. Breton André, Lettres à Aube, édité par Jean-Michel Goutier, Paris, Gallimard, 2009, p. 84-87.
242Certaines de ces publications sont répertoriées par Patrick Négrier dans la courte notice bio-bibliographique qu’il lui consacre. Cf. Hunwald Henri, Paracelse et les débuts de la chimie médicale. L’iatrochimie et les maladies du tartre, thèse de doctorat en médecine, Paris, 1948 ; Hunwald Henri, « Paracelse et l’astrologie médicale », VIIe Congrès international d’astrologie, P. Roulland, 1954 ; Hunwald Henri, « Paracelse le médecin à la croisée des chemins. Quelques réflexions sur son œuvre », La Tour Saint-Jacques, no 1, novembre-décembre 1955, p. 5-18 ; Hunwald Henri, « Origines et destinées de la médecine hermétique : l’héritage de Paracelse », in Eric John Holmyar (dir.), L’Alchimie, Paris, Arthaud, 1979 ; Négrier Patrick, La Loge Thébah et le « Mouvement cosmique » 1901-2000, Hyères, La Pierre Philosophale éditions, 2019, p. 55.
243Cf. Cahiers de la Grande Loge de France, no 21, 1er trimestre 1971, p. 54. Cet intérêt se retrouve aussi dans la préface que donne Hunwald à la traduction en français de l’ouvrage de von Bernus Alchimie et médecine (Paris, Dangles, 1960). Notons que les laboratoires SOLUNA sont toujours actifs de nos jours. Le site internet propose même une rapide biographie de leur fondateur disponible à l’adresse suivante : [https://www.soluna.com/alexander_von_bernus.html], consulté le 13 décembre 2019.
244Sur l’histoire de la chirologie en Europe, la thèse néerlandaise de Alexandra Nagel, soutenue en 2020, constitue une référence. Cf. Nagel Alexandra, De psychochroloog Julius Spier en de handleeskunde in het interbellum, Universiteit Leiden, 2020.
245L’Art de connaître les hommes par la physionomie par Gaspard Lavater, nouvelle édition corrigée et disposée dans un ordre plus méthodique par Moreau, Paris, Depelafol, 1835, p. 2.
246Lynn Michael R., « The Curious Science: Chiromancy in Early Modern France », Magic, Ritual, and Witchcraft, no 3, vol. 13, hiver 2018, p. 447-480.
247Burnett Charles, « The Earliest Chiromancy in the West », Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, vol. 50, 1987, p. 189-195.
248Arpentigny Stanislas d’, La Chirognomonie, ou L’art de reconnaître les tendances de l’intelligence d’après les formes de la main, Paris, Charles Le Clere, 1843, p. 8-9.
249Ibid., p. 72.
250C’est notamment en raison de cet entremêlement que nous préférons employer le terme générique de chirologie.
251Ibid., p. 82.
252Il est notamment l’ami de George Sand, de Jules Barbey d’Aurevilly (1808-1889) et, surtout, d’Alfred de Musset (1810-1857). Cf. Le Figaro, 7 novembre 1861, p. 2 ; Timothée, « George Sand et le Merveilleux », L’Écho du merveilleux, no 138, 1er octobre 1902, p. 365.
253À noter que le titre change, il n’est plus question de « chirognomonie » mais de « science de la main ». Cf. Arpentigny Stanislas d’, La Science de la main, ou L’art de reconnaître les tendances de l’intelligence d’après les formes de la main, Paris, Coulon-Pineau, 1856.
254Dumas Alexandre, De Paris à Cadix, Paris, Ancienne Maison Delloye-Garnier frères, 1847.
255Les conditions de leur rencontre ne sont pas connues. À cette époque, en tout cas, les deux hommes fréquentaient le salon de Charles Fauvety.
256Strube, Sozialismus, Katholizismus und Okkultismus, op. cit., p. 455-457 et 468. Concernant leurs relations, Strube s’appuie essentiellement sur la biographie de Lévi écrite par Chacornac.
257Desbarrolles Adolphe, Révélations complètes : chiromancie, phrénologie, graphologie, études physiologiques, révélations du passé, connaissance de l’avenir, Paris, Vigot, 1922, p. 20.
258Desbarrolles Adolphe, « Les salles d’armes de Paris », Le Figaro, 21 septembre 1856, p. 4.
259Desbarrolles Adolphe, Les Mystères de la main révélés et expliqués. Art de connaître la vie, le caractère, les aptitudes et la destinée de chacun d’après la seule inspection des mains, Paris, E. Dentu, 1859, p. 10.
260Ibid., p. 11.
261Lévi, La Clef des grands mystères, op. cit., p. 226-229.
262Desbarrolles, op. cit., p. 18.
263Ibid., p. 111-112.
264Ibid., p. 113.
265Ibid., p. 143.
266Ibid., p. 144.
267Ibid., p. 203.
268Le Figaro, 7 novembre 1861, p. 2.
269Davies Owen, A Supernatural War: Magic, Divination, and Faith during the First World War, Oxford, Oxford University Press, 2018, p. 28-33 ; Edelman Nicole, Histoire de la voyance et du paranormal : du xviiie siècle à nos jours, Paris, Le Seuil, 2006 ; Nagel, De psychochroloog Julius Spier, op. cit.
270Phaneg G., « Les sciences divinatoires. Comment on lit dans la main », L’Initiation, décembre 1903 ; Decrespe Marius, La Main et ses mystères, Paris, Guyot, 1895.
271Muchery Georges, La Mort, les maladies, l’intelligence, l’hérédité, indiquées immédiatement par l’analyse des empreintes des mains, Paris, Édition astrale illustrée, 1925.
272« 3e Congrès international de psychologie expérimentale – réunion du 1er février du comité d’organisation », Journal du magnétisme et du psychisme expérimental, janvier 1923, p. 11.
273« Les Revues », Hermétisme, no 2, avril-mai 1927, p. 16.
274Poinsot Maffeo Charles, Dictionnaire élémentaire de chiromancie, méthode pour lire soi-même dans les mains, Paris, Drouin, 1933.
275Nicole Edelman a également évoqué cet intérêt des psychologues pour la chiromancie. Cf. Edelman, Histoire de la voyance et du paranormal, op. cit., p. 287.
276Binet Alfred, « Essai sur la chiromancie expérimentale », L’Année psychologique, 1907, p. 390-404.
277Dumas Alexandre (fils), « La Main », Les Lettres et les arts, janvier 1889.
278Binet, op. cit., p. 393.
279Vaschide Nicolas, Essai sur la psychologie de la main, Paris, Marcel Rivière, 1909.
280Huteau Michel. « Un météore de la psychologie française : Nicolae Vaschide (1874-1907) », Bulletin de psychologie, no 494, 2008/2, p. 173-199.
281Vaschide, op. cit., p. 30.
282Les archives de la Comtesse Greffulhe, par exemple, contiennent une lettre de Raymond Meunier (1880-1936), un collègue de Vaschide au Laboratoire de psychologie pathologique, avec lequel il publie La Pathologie de l’attention (1908). Dans cette lettre datée du 12 mars 1908, Meunier évoque Céline Bessonnet-Favre et vante ses observations typologiques bien qu’il regrette que « toutes ces typologues, physiognomonistes ou chiromanciennes n’aient pas une éducation psychologique et psycho-pathologique plus solide ». Cf. Archives nationales, fonds Greffulhe (1566-1961), AP/101(II)/64. Lettre de Raymond Meunier datée du 12 mars 1908.
283En 1925, plusieurs journaux font référence à ce « jeune psychologue », collaborateur de Georges Muchery.
284Un article de 1927 le présente comme un astrologue. À la même date, une annonce pour les consultations sur rendez-vous qu’il propose à son cabinet indique qu’il est spécialisé en chirologie, en « chirosophie », mais aussi en astrologie. Cf. « Un astrologue », Aux écoutes, 29 mai 1927, p. 11 ; « Entre nous », Hermétisme, no 2, avril-mai 1927.
285Mangin-Balthazard Henri, « Diagnostic médical et chirologie », Le Sphinx, no 1, janvier 1929.
286Le Droit de guérir, no 1, 10 avril 1929.
287Mangin Henri, « Essai sur la Typologie Humaine », Hermétisme, no 2, avril-mai 1927 ; Vannier Léon, « Chronique », L’Homœopathie française, juin 1927, p. 321.
288Vannier Léon, « La vraie Thérapeutique. Isothérapie et Homœothérapie », L’Homœopathie française, juillet-octobre 1929, p. 515.
289Mangin-Balthazard Henri, Introduction à l’étude de la chiroscopie médicale, Paris, Oliven, 1932, p. 17.
290Ibid.
291Ibid.
292Ibid., p. 19.
293Ibid.
294Fortier-Bernoville Maurice, « Préface », in Mangin-Balthazard, Introduction à l’étude de la chiroscopie médicale, op. cit., p. 12.
295Ibid.
296Sur ce sujet, lire Asprem Egil, « On the Social Organization of Rejected Knowledge », in Manon Hedenborg White et Tim Rudbøg (dir.), Esotericism and Deviance, Leyde, Brill, 2023, p. 21-57 ; Bernard Léo « Dismissing the Occult », op. cit. ; mais aussi Truzzi Marcello, « Definition and Dimensions of the Occult: Towards a Sociological Perspective », The Journal of Popular Culture, no 5, vol. 3, hiver 1971, p. 635-646.
297Fortier-Bernoville Maurice, « Le Congrès de Rome », L’Homœopathie française, octobre 1930, p. 566. Fortier-Bernoville résume cette rencontre ainsi : « Le Saint-Père voulut bien nous [les délégués homéopathes français] accorder une audience privée le 3 septembre, et après avoir étendu sa bénédiction sur nos malades, nos familles et nous-mêmes, il nous parla pendant dix minutes dans un excellent français et manifesta sa sympathie pour la Doctrine homœopathique. Il savait, nous dit-il, que les Homœopathes avaient l’habitude de “minimaliser” la matière, ce qui ne pouvait être que conforme à l’esprit du christianisme ; il ajouta que nous étions les médecins du corps, tandis que lui-même avait la charge de soigner les âmes. »

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