Jules Garnier lecteur : quand le nickel triomphe des cannibales
p. 97-112
Texte intégral
1D’abord publié en feuilleton dans le « Tour du monde » en 1867 et 1868, le Voyage à la Nouvelle-Calédonie, signé de Jules Garnier, devient un succès de librairie dès sa publication en volume en 1871. Le texte est réédité par les éditions Zulma en 1991. Ainsi, ce récit de la seconde moitié du xixe siècle s’impose comme source bibliographique à tout chercheur qui entame un travail sur l’histoire coloniale et minière de l’archipel. La lecture du texte de Garnier est frappante par les mots posés sur le paysage calédonien qu’il invente littéralement en le segmentant en « brousse », « concession », « ville », « propriétés » etc. Surtout, la notoriété de l’ouvrage est, nous dit François Bogliolo, en grande partie due à « ses morceaux de bravoure (et) ses illustrations chocs1 ». En bref, si le Voyage à la Nouvelle-Calédonie est une source historique pour la compréhension de la colonisation dans la région de Koohnê2, il doit une grande partie de sa notoriété à de douteuses séquences cannibales.
Ill. 1. – « Pilou-pilou la nuit », par L. Crepon, d’après un dessin de Jules Garnier. Gravure pour illustrer le Voyage à la Nouvelle-Calédonie.

Source : Le Tour du Monde, (dir. E. Charton, Paris, 1868), [https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/bpt6k343936/f3.item#], consulté le 21 août 2021.
2Ces séquences d’anthropophagie n’ont été discutées que de manière allusive. Ces passages ont été les plus repris du texte de Garnier pour des raisons essentiellement commerciales et sensationnalistes. C’est donc l’aspect le plus « littéraire » d’un ensemble qui se veut rigoureusement scientifique. L’intention est donc de relire à nouveaux frais le Voyage à la Nouvelle-Calédonie, d’y comprendre la place occupée par le trope du cannibalisme dans l’organisation narrative. Pour cela, nous resituerons le genre – celui du récit de voyage – dans lequel s’inscrit Garnier et le grand récit de la colonisation de l’Océanie auquel il participe. Partons de la découverte de ce passage cannibale du récit de Garnier et du succès mondain et éditorial qu’il assurera à Garnier. Une lecture attentive à la narration et « modélisante », c’est-à-dire qui la soumet au réel – le vrai étant le pacte de lecture du récit de voyage – se trouve déçue dans ses attentes. La couverture de la première republication du texte de Garnier date de 1878, année de la révolte kanak menée par le chef Ataï, révèle son impact sur ses contemporains. Cette révolte kanak terrifie ou fascine la France. L’hebdomadaire Journal des Voyage (créé en 1877) republie donc à cette occasion les extraits du récit de Garnier accompagnés d’une gravure montrant le « vieux chef » dévorant la tête de son ennemi vaincu.
3L’intention est de suggérer ce qui pourrait arriver aux colons/soldats engagés dans la bataille contre Ataï et ses hommes. Cet extrait sera affiché (parfois sans préciser l’auteur) devant le pavillon kanak des expositions coloniales ; il connaîtra une notoriété au moins jusqu’en 1931. Citons les deux extraits originaux :
« […] Je vis l’un d’eux, presque un vieillard, séparer à coup de hache un bras du cadavre du malheureux chef ennemi, l’agiter au-dessus de sa tête en manière de triomphe, puis arracher avec ses dents un lambeau de cette chair encore palpitante3. »
4Le second extrait est la « dégustation » d’une tête qui, nous le verrons, pourrait également évoquer un passage du Journal de James Cook (deuxième voyage) dont Garnier était un lecteur assidu :
« Le vieux chef prit un bout de bois pointu et l’enfonça successivement dans les deux prunelles ; on aurait pu croire que c’était pour se soustraire à ce regard et finir de tuer cette tête vivante ; point du tout, c’était pour parvenir à vider le crâne et en savourer le contenu […] il les prenait de sa main maigre comme une griffe et les portait à sa bouche paraissant très satisfait de cet aliment4. »
5En juin 1865, la région de Wagap est déstabilisée par les rivalités entre chefferies intensifiées par l’implantation militaire française et les activités de troc et de commerce qui s’y développent. L’instabilité règne depuis au moins 18565. Le géologue décrit donc une bataille qui oppose les Hienghènes aux Ponérihouen. Les seconds vaincus et mis en fuite, il ne reste que des cadavres et des blessés qui sont achevés ou faits prisonniers par les Hienghènes ; Garnier décide donc de pister le vieux chef afin de comprendre comment se célèbre une victoire. Sur ce point, il est difficile de concevoir qu’un guerrier accompli – en terrain connu – puisse se laisser pister par un jeune géologue peu entraîné sur le plan militaire.
6L’élaboration des scènes cannibales n’a pas été analysée d’un point de vue comparatiste ; elles ont pourtant largement participé à la diffusion du Voyage à la Nouvelle-Calédonie. C’est donc par son aspect le plus romanesque qu’existe un texte qui se veut également rigoureusement scientifique. Il s’agira donc de comprendre le prisme de Garnier à travers un portrait de lecteur-narrateur, puis en revenant sur la composition du texte, sur la fonction de ces récits cannibales. Dans un second temps, nous allons voir comment s’affirme le crédit scientifique de l’auteur en tant que témoin de l’anthropophagie. La dernière partie analysera la dimension historiographique du texte par une confrontation avec d’autres archives des années 1864-1865.
7On peut dire du Voyage à la Nouvelle-Calédonie de Jules Garnier et de son auteur également, qu’ils ont littéralement scellé le destin de l’archipel comme terre du nickel, celle d’un nouvel or vert ; la garniérite. Ce texte constitue le premier chapitre du grand récit minier de la Nouvelle-Calédonie, celui qui tente de faire oublier la colonisation pénale et, surtout, rassure la Métropole quant à la réussite de la mission civilisatrice. Le récit de Garnier aurait presque fini par effacer la plupart des textes sur la colonisation de la Nouvelle-Calédonie au point d’en imposer une narration exclusive avec le cannibalisme comme pivot. Un grand récit de la colonisation de la Nouvelle-Calédonie s’est constitué dès la seconde moitié du xixe siècle, à travers les différents écrits scientifiques et a conjugué le discours bonapartiste de la colonisation avec une esthétique créée dès Bernardin de Saint-Pierre et Chateaubriand. Ce grand récit fonctionne comme un palimpseste. Adopter un tel regard sur l’histoire littéraire nous permet de considérer Jules Garnier comme un « lecteur » de son temps, mais également, d’appréhender Voyage à la Nouvelle-Calédonie comme le résultat de cette « incitation à produire », une « production esthétique » guidée par l’exigence scientifique.
L’élaboration d’un document colonial
8En isolant quelques éléments du récit de Garnier, on peut reconstituer un palimpseste de narration cannibale des Mers du Sud. Le crâne – qu’il soit européen ou indigène – cuit, puis dévoré par les naturels, se retrouve en plusieurs versions plus ou moins détaillées de James Cook jusqu’à Jules Garnier. C’est véritablement entre la seconde moitié du xviiie et la fin du xixe siècle que se cristallise le stéréotype cannibale. Lors de son deuxième voyage (1772-1775), Cook se livre à une « expérience » visant à confirmer la réputation cannibale des Maoris de la Nouvelle-Zélande. On y retrouve quelques éléments « de décor » et de « scénographie » repris par Garnier comme « la foule d’insulaires » et surtout la tête mutilée et dévorée. La grande différence est la contribution du navigateur-narrateur à l’action :
« […] Le 23, ils trouvèrent sur la plage la tête et les entrailles d’un jeune homme tué depuis peu, et le cœur enfilé à un bâton fourchu arboré à l’avant d’une de leurs grandes pirogues. L’un des officiers acheta cette tête, qu’il apporta à bord, où un morceau de la chair fut grillé et mangé par un Indien en présence de tous les officiers et de la plus grande partie de l’équipage. J’étais alors à terre, et je fus informé de cette circonstance à mon retour à bord. J’y trouvai une foule d’insulaires, et la tête mutilée dont les restes annonçaient un jeune homme de moins de vingt ans. Cette vue et les détails de l’affreuse scène qui venait de se passer me saisirent d’horreur et d’indignation contre ces cannibales. Mais considérant que c’était un mal sans remède, la curiosité l’emporta sur la colère, et voulant être témoin d’un fait que tant de gens révoquent en doute, j’ordonnai qu’on fît griller un morceau de cette chair et qu’on le portât sur le gaillard d’arrière. Ce mets détestable ne leur fut pas plutôt offert, qu’un des anthropophages le mangea avec une avidité surprenante6. »
9« Dès la décennie 1770, navigateurs et naturalistes ont à cœur de briser les doutes des métropolitains » observe Nicolas Cambon7. En effet, le cannibalisme suscite le doute en Europe ; il faut dire que les enjeux des récits de marins sont mondains et financiers. Fabriquer une altérité cannibale à domestiquer et civiliser assure le financement de nouvelles expéditions. Déçu de ne pas être pris au sérieux après son premier voyage, James Cook va ainsi créer l’indice du crâne et des os dévorés. Les rares « témoignages directs » se rejoignent sur ce point : rien de plus irréfutable qu’un crâne humain ou un fémur qui ne peuvent être confondus avec aucun ossement animal. Ce genre de témoignages permet de convaincre les plus incrédules et ils vont se multiplier dans la littérature maritime à partir de la seconde moitié du xixe siècle au point que la découverte du moindre tas d’ossement humain attestera du cannibalisme.
10L’« expérience » de Cook lue par de La Billardière est reproduite par ce dernier alors qu’il est sur les traces de La Pérouse. Nous sommes, cette fois, en Nouvelle-Calédonie, en 1792. Le récit cannibale se veut plus précis du point de vue anatomique puisqu’il est question d’« […] un os […] (du) bassin d’un enfant de quatorze à quinze ans8 ». On y retrouve également l’image du « sauvage » arrachant de ses propres dents des lambeaux de chair humaine :
« J’avois apporté l’os déjà rongé que notre chirurgien-major reconnut pour celui d’un enfant ; je le présentai aux deux habitans que nous avions à bord ; sur-le-champ l’un de ces anthropophages le saisit avec avidité et arracha avec ses dents les ligamens et les cartilages qui y tenoient encore ; je le passai ensuite à son camarade, qui y trouva aussi quelque chose à ronger9. »
11Et puisqu’il faut convaincre et surprendre le lecteur européen, il faut, à chaque fois, plus de détails. Dans un récit publié à Londres en 1845, l’officier de marine Charles Wilkes annonce déjà Garnier. Nous sommes à Fidji en 1842 :
« One human body had already been brought over and just feasted upon. Shortly afterwards a canoe came alongside, bringing the skull yet warm from the fire, much scorched, and marked with the teeth of those who had eaten of it. The brain had been roasted and taken out, as well as the eyes and teeth. Another canoe came along side with some roasted flesh in it10. »
12Les détails de « la cervelle rôtie » et des « yeux » nous rapprochent cette fois de Garnier. Même s’il est impossible d’affirmer que Wilkes a été lu par Garnier, le retentissement de son expédition (qui l’a mené dans l’Antarctique) est certain et a fait l’objet de commentaires chez des auteurs tels que Charles Brainne en 1854, ainsi que dans la Revue maritime et coloniale ou dans Annales maritimes et coloniales ; écrits largement diffusés dans les cercles d’ingénieurs et de fonctionnaires coloniaux auxquels appartenait Garnier.
13C’est également par sa propre mise en scène dans son récit que l’on peut saisir la contribution de l’auteur du Voyage à la Nouvelle-Calédonie au corpus de la colonisation française du Pacifique, car il superpose aux données purement scientifiques (géographiques, historiques, et géologiques) un imaginaire littéraire de la traversée, de la rencontre et de la guerre. Garnier en est le narrateur enthousiaste, conscient du sérieux de la tâche à accomplir, mais rêveur :
« C’est toujours un moment solennel que celui où un navire, venant de haute mer pénètre dans la passe ; et je n’ai jamais vu, lorsque, poussés par la brise, on glisse entre les deux parois écumantes de cette ouverture, le marin plaisanter ou sourire. C’est un silence absolu qui règne à bord, troublé seulement par le clapotement de la lame qui frappe les flancs du navire, par le faseyement d’une voile, ou le grincement du gouvernail ; c’est que, à ce moment, une saute de vent, un calme subit, un courant imprévu, une bourrasque seraient peut-être l’arrêt de mort de tous11. »
14On peut imaginer sans peine Garnier sur le pont, le regard grave envisageant la tâche à accomplir sur cette terre qu’il aperçoit. En bref, il est sur le point de composer le récit d’une conquête. Les manœuvres d’accostage, le tonnerre des brisants, le fracas des vagues et la présence de la mort préfigurent la difficulté de la mission à remplir au nom de la Patrie. Garnier situe historiquement sa mission, mais aussi, à partir d’un imaginaire du voyage et de la colonisation :
« C’est ainsi que le 11 décembre 1863, je débarquai dans le port de la capitale de l’île, Nouméa, heureux d’être au terme d’un aussi long voyage, mais imprégné d’une vague anxiété. J’étais bien dans une de ces îles océaniennes où les souvenirs des lectures du jeune âge me montraient des hommes olivâtres, nus, farouches, ornés de plumes, un lambeau de chair humaine à la main ; et j’allais vivre au milieu de ces hommes, explorer les montagnes où ils habitent, vivre côte à côte avec eux !… Ces souvenirs étaient peu rassurants, et, comme je l’ai dit franchement, j’étais inquiet12. »
15L’ingénieur-géologue situe logiquement le « 11 décembre 1863 » – date de son arrivée – dans la continuité de 1774, année de la venue de James Cook, et 1792, celle de d’Entrecasteaux. L’enthousiasme presque juvénile qu’il manifeste lorsqu’il débarque à Nouméa instaure une complicité avec son lecteur : il va rendre palpable un imaginaire commun à l’Europe de son temps. La principale fonction de ce paragraphe étant de programmer le récit. Garnier avertit son lecteur : il va trouver des anthropophages.
16Ce paragraphe suscite évidemment la curiosité et pousse à une investigation de ce qu’aurait pu être la bibliothèque du jeune Jules Garnier ; une reconstitution de son univers mental. Les « souvenirs » à l’origine de l’inquiétude et de l’enthousiasme se situent donc dans la bibliothèque, les pages des livres lus dans le « jeune âge » que l’ingénieur semble inclure dans la préparation de son travail de terrain. Une notice dans l’ouvrage Grands mineurs français publié par René Samuel-Lajeunesse (lui-même ingénieur des mines) en 1948 nous présente un Jules Garnier lecteur passionné de James Fenimore Cooper, des voyages de James Cook et de romans d’aventures en général. En France, le traducteur Auguste-Jean-Baptiste Defaucompret a permis une rapide diffusion de l’œuvre de Cooper dont au moins deux récits permettent de saisir le mélange d’enthousiasme et de peur qui étreignent Garnier à son arrivée à Nouméa13.
17Des romans célèbres comme La prairie (1823) et Le dernier des Mohicans (1826) ont littéralement inscrit la pratique du scalping dans les imaginaires occidentaux et expliquent les images de plumes et de lambeaux sanglants de chair humaine qui occupent l’esprit de Garnier à son arrivée. Comme le montre Renata Mautner Wasserman, le « scalping remplace le cannibalisme comme marque anticulturelle14 ». Le Kanak s’apprête à remplacer le « Peau-Rouge » des récits de la conquête de l’ouest américain.
18L’influence de la lecture de Fenimore Cooper se manifeste principalement par la prédominance du sang et la description de l’autre – l’Indien chez Cooper/le Kanak chez Garnier – comme d’un être dont la raison est facilement « altérée par le sang ». L’influence de Fenimore Cooper suggère également que « la scène cannibale » est véritablement le passage obligé de tout récit se déroulant dans des contrées lointaines. Voici un extrait de la traduction française du Dernier des Mohicans :
« La mort était donc partout, et elle se montrait sous son aspect le plus hideux. La résistance ne servait qu’à irriter la fureur des meurtriers, qui frappaient encore, même quand leur victime ne pouvait plus sentir leurs coups. Le sang coulait par torrents, et ce spectacle enflammant la rage de ces barbares, on en vit s’agenouiller par terre pour le boire avec un plaisir infernal15. »
19Ce passage du Voyage de Garnier semble y faire écho dans le portrait qu’il fait du Kanak : « Le Kanak qui a vu du sang veut en voir davantage, comme le Blanc qui a bu du gin en désire encore d’autre16. » Les circonstances qui conduisent Garnier à observer la dégustation d’un crâne humain posent un problème de vraisemblance : une bataille entre deux tribus kanak vient d’avoir lieu – les Européens présents sur place ont vu leurs alliés faire reculer leurs ennemis. Garnier décrirait le festin embusqué dans un buisson… On peine à croire qu’un géologue peu préparé au maniement des armes ou aux manœuvres militaires ait pu se dissimuler avec autant de facilité dans un terrain qu’il venait à peine de découvrir. La scène est presque théâtrale.
Anthropophagie de la composition
20Quand il arrive en Nouvelle-Calédonie, Garnier apparaît donc travaillé, conditionné par un imaginaire commun à ses lecteurs, mais grâce à son statut de scientifique, il rassure à propos d’images que ces derniers auraient tenues pour suspectes parce qu’issues des rayons des bibliothèques. C’est, en bref, « armé » des mêmes images et représentations que le lectorat français qu’il s’apprête à explorer la Nouvelle-Calédonie.
21L’influence de James Fenimore Cooper se manifeste donc dans la composition du récit où le sang, la guerre et le cannibalisme jouent un rôle prépondérant. On peut donc dire du texte de Garnier qu’il est travaillé par le motif du cannibalisme et de l’avancée de la civilisation. Il suffit de se référer à son sommaire et à la progression du récit pour s’en convaincre. Le géologue consacre cinq chapitres (5, 15, 18 à 20) sur les vingt que comporte l’ouvrage à des faits supposés d’anthropophagie. Surtout, le récit s’achève sur la participation de Garnier aux expéditions militaires en réponses aux massacres des passagers des navires La Reine-des-Isles et Secret à Gatope et des faits supposés de cannibalisme en juillet 1865.
22C’est précisément le chapitre xv, « Pilou-Pilou, combat et cannibalisme » qui nous intéresse dans la mesure où il est l’extrait le plus reproduit du récit et qu’il ne résiste pas à la confrontation avec les archives. De toutes les archives consultables sur l’affaire de Gatope, Garnier est le seul à proposer le récit d’une observation directe de cannibalisme. Le chapitre xv est l’un des plus palpitants du récit : il raconte une guerre et surtout une effroyable scène de cannibalisme. Son dispositif narratif est à interroger afin d’évaluer son authenticité. Les conditions d’observation posent la question de rigueur et de vraisemblance.
23Ce chapitre s’étend sur une vingtaine de pages et correspond à tous les canons du roman d’aventure en vogue ; un seul témoin européen plongé au cœur d’une guerre entre « naturels » et des observations naturalistes :
« Le lieutenant, ni le docteur, retenus par le service, ne purent s’y rendre ; quant à moi, je ne pouvais manquer une telle occasion d’assister à un de ces grands Pilou-Pilou dont tout le monde parle, et que si peu d’Européens se sont trouvés à même de voir. Je me mis donc en route avec une escorte de Kanaks de Houagap invités à la fête, et dix soldats bien armés, qu’il était prudent d’avoir avec soi au milieu de la nombreuse réunion d’indigènes dans laquelle nous allions nous trouver17. »
24Le contexte des événements décrits par Garnier est celui des « grands troubles » qui se sont déroulés entre 1859 et 1868, plus précisément ceux dits de l’affaire de Ponerihouen (Nord et côte Est, 1863-1865), qui ont vu s’affronter la grande chefferie et leurs alliés de Mou et Moneo à des tribus de Houailou. Ces affrontements ont fait l’objet de plusieurs chroniques dans Le Moniteur de mai à juillet 1865 et ont été analysés par l’ethnologue Alain Saussol en 197918. Il est cependant surprenant d’observer que Garnier prend soin de préciser l’absence de témoins « respectables » (le lieutenant et le docteur) – les plus susceptibles, voire obligés, de témoigner. Cette recherche d’exclusivité irrigue tout le récit. D’autre part, Garnier est le seul à prétendre fournir le récit d’une observation directe dont les circonstances semblent plutôt romanesques.
Ill. 2. – Extrait du Journal des voyages et des aventures de terre et de mer.

Source : Paris, Librairie illustrée, 1878. Bibliothèque nationale de France, fo G-14, [http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34446531j], consulté le 3 octobre 2021.
25Voici la gravure que l’on retrouve dans l’édition du livre de Garnier en 1871 ; le pilou-pilou est illustré par Crepon (à partir d’un croquis de Garnier) qui restitue l’atmosphère terrifiante qu’aurait connue Garnier. Il y a vraisemblablement pour le géologue un certain prestige à se mettre en scène comme témoin d’un pilou-pilou et, bien sûr, d’un festin cannibale observé qui plus est au péril de sa vie. Cette danse a pénétré les imaginaires européens depuis 1861 et en 1869 – soit deux ans avant Garnier – Ulysse de la Hautière (lui aussi membre de la société de géographie) l’a également décrite dans Souvenirs de la Nouvelle-Calédonie19. Ce sont autant d’éléments qui renforcent l’idée d’un Garnier cédant à une mode littéraire.
26La seconde séquence anthropophage du Voyage est celle des massacres de Wagap dont les archives sont révélatrices de l’ambiguïté coloniale du cannibalisme. Revenir sur les récits qui ont été faits de ces événements permet de comprendre le montage d’une rumeur et les motivations profondes du cannibalisme dans le discours colonial. En juin 1865, la région de Wagap est déstabilisée par les rivalités entre chefferies intensifiée par l’implantation militaire française. Les travaux de l’anthropologue Alain Saussol indiquent qu’elles durent depuis au moins 1858, soit sept ans au moment du récit de Garnier.
27Le 14 juillet 1865, le caboteur La Reine-des-îles est attaqué alors qu’il est au mouillage, les deux Européens et les deux femmes de Hienghène qui forment son équipage sont massacrés et, dit-on, mangés. En septembre 1865, c’est au tour du Secret d’être attaqué. Le massacre n’est découvert que le lendemain par le lieutenant Armand Aubin Banaré, commandant de la frégate La Fine, chargé de relevés hydrographiques. Il transporte également Garnier qui consacre le chapitre xix de son récit aux massacres. Ici encore, le cannibalisme pose un problème dans la mesure où il n’est qu’un fait rapporté indirectement. Garnier est le seul témoin à pousser le détail aussi loin (les traces de dents et surtout la calcination) :
« Le récit de ce drame sanglant était écrit en toutes lettres sur ces trois crânes fendus par le tranchant des haches, écrasés par les coups de casse-tête ; les dents régulières des anthropophages avaient laissé leur empreinte sur la plupart de ces os à demi calcinés20. »
28Là encore, il semble que Garnier sacrifie à un motif littéraire incontournable du récit colonial : « les restes de banquet cannibale ». L’autre témoin des événements est donc le lieutenant Armand Aubin Banaré, Garnier le mentionne à plusieurs reprises dans son récit. Dans la lettre qu’il adresse au gouverneur Guillain le 17 juillet 1865, Banaré ne donne pas autant de détails que Garnier. S’il affirme que les victimes ont été mangées, c’est encore à la suite de témoignages indirects. Il mentionne notamment les colons Elizardo et Hooper qui tiennent eux-mêmes leurs informations de Petterson :
« Les sieurs Elizardo et Hooper se trouvaient à bord du « Fitz James » avec deux femmes indigènes. Tous deux m’ont adressé la plainte qui suit en me la certifiant sur parole : […] à leur entrée dans la baie, ils virent un bateau d’un tonnage plus fort que le leur que des indigènes conduisaient de Pangué à Gatop. […] ils apprirent auprès de Charles Petterson et des Kanacks qui vivent auprès de lui […] que les quatre personnes du bord avaient été tuées et mangées et que le chargement avait été pillé21. »
29Cette lettre lue en parallèle du récit de Garnier illustre la problématique des témoignages et des preuves du cannibalisme. Il n’y a, dans cette lettre au gouverneur, aucune observation directe de corps ou de restes de repas, mais que des événements rapportés et aucun élément aussi détaillé que les « crânes fendus » et les traces de dents mentionnées par Garnier. Il y a, en revanche, trois témoins entre les deux et une absence totale de corps22. Dans le récit de Garnier apparaît un quatrième témoin, le vieux chef Mango, qui confirme le récit de Petterson auprès du capitaine Banaré en accusant ceux de Pangué/Pouangué. Il est fort probable qu’il y ait eu des ajouts, des réécritures entre 1865 et 1871 ; année de la publication en volume du Voyage à la Nouvelle-Calédonie. Ces amendements, impossibles à reconstituer totalement, seraient à analyser à la lumière du marché éditorial.
30Le 1er octobre 1865, le Moniteur de la Nouvelle-Calédonie publie un supplément consacré à « L’expédition de Gatope ». On y retrouve, sous forme de lettres adressées au gouverneur Guillain, les témoignages du capitaine Billès, du lieutenant de vaisseau Mathieu, du capitaine d’infanterie Camus, à nouveau, du capitaine de vaisseau Banaré et enfin, de l’officier d’ordonnance Bourgey. Tous racontent les représailles de l’armée sur les tribus rebelles. Sur les cinq témoignages (qui reviennent sur les manœuvres de terrains), seul Banaré livre une description proche de Garnier, sans pour autant conclure à du cannibalisme :
« Un horrible trophée, composé d’ossements provenant des malheureuses victimes du cotre Le Secret, semblait avoir été placé à dessein pour attirer nos regards. Je les fis recueillir. Je ne m’arrêterai pas ici à vous décrire l’impression pénible produite sur tous à la vue de ces tristes débris23. »
31Les corps démembrés ne sont vus que comme moyens de dissuasion ; là où Garnier conclue immédiatement à du cannibalisme. Le Voyage est également remarquable dans la mesure où il construit une altérité kanak double et ambivalente. Le cannibalisme est clairement la ligne de partage entre une figure du Kanak, de l’indigène, comme précieux auxiliaire de la colonisation et le réfractaire mangeur de chair humaine. Le chapitre v intitulé « Kanak et colons : ce qu’on peut tirer des indigènes » est ainsi un vade-mecum de colonisation et un manuel de savoir-vivre avec l’indigène :
« Vraiment, allez voir ce peuple. Au moment où vous débarquez, tous s’offrent pour guider vos pas ou satisfaire vos désirs. Voulez-vous chasser ? L’un d’eux se détache et vous guide dans les marais, séjour d’une multitude de canards. Avez-vous soif ? Ils s’élancent dans les cocotiers avec l’agilité du singe24. »
32Le texte de Garnier s’achève sur deux séquences : la première est celle de l’expédition punitive contre la tribu de Gondu dite « cannibale » – expédition à laquelle Garnier a participé et dont il fait le récit au chapitre xix. La dernière séquence est celle des funérailles du chef Watton « plus fidèle allié de la France » qui, avant sa mort en octobre 1866, aurait mis fin à la tradition du sacrifice des veuves ; Garnier rassurant ainsi ses lecteurs sur l’avancée certaine de la civilisation25.
33Alors que les auteurs précédents accostaient avec leurs connaissances techniques et scientifiques, leur culture et surtout leurs valeurs et idéologies, Garnier écrit au nom de la science et surtout traversé par une culture populaire dont la diffusion est favorisée par l’émergence concomitante des éditions de loisirs. Il est donc possible d’interpréter que, si Garnier avoue l’influence des récits de l’enfance, c’est vraisemblablement pour répondre aux exigences d’un lectorat habitué, comme lui, au roman, c’est-à-dire avide de fiction, mais soucieux de vraisemblance. « J’ai vécu un roman », semble-t-il vouloir suggérer à ses lecteurs. Son statut de scientifique servira, non seulement la vraisemblance, mais aussi, le plaisir de la narration.
Vérité et véracité littéraires
34Le Voyage est aussi le récit d’un basculement qui peut s’analyser sur au moins deux plans : celui de l’histoire éditoriale française et celui de l’idéologie coloniale. Un récit dans les mers du sud ne peut s’écrire sans cannibales en cette seconde moitié du xixe siècle, surtout lorsque l’on s’apprête à publier chez Plon26, « l’éditeur et l’imprimeur des Œuvres complètes de Napoléon III27 ». Le probable travail de réécriture peut, en effet, se comprendre par le fait qu’Henri Plon est l’un des « deux patrons proches de Napoléon III28 et emblématiques de la stratégie libérale du second Empire29 ». C’est l’anthropophagie qui explique la métamorphose du géologue en soldat :
« En montant à bord de La Fine pour venir dans ces parages, je m’étais promis de suivre l’expédition comme géologue et non comme acteur. Il n’était ni de mon goût, ni de mon métier de prendre part à la lutte : pourtant le massacre de nos pauvres compagnons du Secret avait un peu changé mes sentiments d’indulgences à l’égard de ces populations sauvages30. »
35La stratégie d’écriture de Garnier est de jouer sur la véracité (la qualité morale de celui qui ne trompe pas) que lui confère son statut de géologue et la vérité (connaissance reconnue) de son exploration de l’île. En 1868-1871, avec le nombre grandissant de publications de récits de voyage, Garnier tente donc de retourner à son avantage des interrogations de plus en plus prégnantes, sur la fiabilité d’une pratique d’écriture pourtant destinée à enrichir la connaissance scientifique.
36Dans ce processus, Garnier se situe en tant que lecteur des récits de voyage qui ont précédé le sien, mais aussi en fonction des récits que semble annoncer l’expansion outre-mer voulue par Napoléon III. Traduit en anglais, espagnol et allemand, le Voyage à la Nouvelle-Calédonie vaut à Garnier d’animer des conférences et à voir son texte ou des extraits réédités. Deux extraits rencontreront un grand succès ; celui qui raconte l’aménagement de Port de France (appelée Nouméa à partir de 1866), le festin cannibale dont Garnier aurait été témoin, et la description de restes humains encore fumants.
Ill. 3. – « Tournée en Allemagne des Canaques des îles mystérieuses aux légendes cannibales ».

Source : Cologne 1931. Exhibition qui reprendra les extraits du récit de Garnier, [https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34139798c], consulté le 18 octobre 2021.
Conclusion
37Guerres tribales, pilou-pilou, festin anthropophage ; les scènes cannibales de Garnier relèvent avant tout d’une narration qui consiste avant tout à s’ériger en témoin exclusif de séquences dont raffole lectorat européen de cette seconde moitié du xixe siècle À cette période, la mode éditoriale et littéraire est celle de « l’ascension de l’île » à la rencontre « des derniers mangeurs d’hommes » selon l’expression de N. Cambon ; il faut se faire l’observateur des ultimes cannibales retirés à l’intérieur ou dans les hauteurs des îles afin de témoigner de l’avancée de la « mission civilisatrice ». Ici, observer le cannibale signifie qu’il se meurt véritablement sous l’effet de l’évangélisation ou du progrès scientifique. Cette mode va perdurer au moins jusqu’aux années 1950 à travers plusieurs productions cinématographiques et littéraires.
38Si la stratégie de Garnier est de conférer un statut scientifique à ce qui obéit avant tout à une mode littéraire, on peut relire le Voyage à la Nouvelle-Calédonie comme le récit en creux d’un trauma. Si Garnier s’émeut des « tristes nécessités de la guerre » et des paysages dévastés qu’il laisse derrière lui31, la sanction de l’anthropophagie l’emporte :
« Nous brulâmes cependant nombres de petits villages, tous abandonnés, et sur le soir nous reprîmes le chemin du camp, suivi à notre tour, mais à distance, par les hordes de nos ennemis qui profitaient de tous les accidents de terrain pour nous envoyer leurs projectiles et nous étourdissaient de leurs clameurs et de leurs imprécations. J’avais pour arme une carabine rayée, petite, légère, précise, arme de choix de la manufacture impériale de Saint-Étienne ; je ne m’en étais pas encore servi32. »
39En fait, Garnier compose indirectement le récit de « l’une des premières coalitions armées contre la colonisation française » dont nous avons des traces matérielles33. Alban Bensa et Atéa Antoine Goromido ont enquêté sur la mémoire orale des événements de 1865. Il en ressort un télescopage d’événements notamment entre Goodu et la chefferie de Bako : « ces tensions (entre chefferies) furent quasiment contemporaines de l’implantation officielle de la France en Nouvelle-Calédonie34 ». Les quinze récits oraux en langue paicî, collectés et traduits par Bensa font apparaître un chef Goodu (Gondu chez Garnier) charismatique et belliqueux, farouchement opposé aux Français, mais il n’est jamais question de cannibalisme.
40Nous avons donc ici l’exemple d’un texte qui oblige à interroger ce que l’anthropologue Mondher Kilani appelle « la mise en discours de la preuve35 ». L’auteur devant être analysé dans ses intentions, voire à la lumière des tendances littéraires de son temps. Le jeu de réécritures des scènes rappelle également que l’anthropophagie, selon la formule de Fanon, est un discours qui « défonce le tympan » au sens où l’accumulation et la répétition (tant dans les textes que dans les conversations mondaines) créent un effet de brouillage qui est parfois devenu science et stigmate36.
Lieux en Nouvelle-Calédonie cités dans l’ouvrage.

Notes de bas de page
1Bogliolo François, « Nouvelle-Calédonie, vieille terre d’édition », in Bonnafous Simone et Dahlem Jacqueline (dir.), Mots, no 53, décembre 1997, dossier spécial : « La Nouvelle-Calédonie après les accords de Matignon. Désignations et identités en Nouvelle-Calédonie », p. 104.
2Bensa Alban, Goromido Até Antoine, Histoire d’une chefferie kanak : Le pays de Koohnê (Nouvelle-Calédonie), Paris, Karthala, 2005.
3Garnier Jules, Voyage à la Nouvelle-Calédonie 1863-1865, Paris, Zulma, 1991, p. 148.
4Ibid., p. 156-157.
5« Les rebondissements qui surviennent sur la côte ouest font dire à Jules Garnier “qu’il s’agit du premier acte de guerre contre les Blancs”. Cette peur diffuse de ce qui se passe dans un monde mélanésien difficile à lire, à laquelle s’ajoute des crimes de colons isolés, en divers points de la colonie, explique la multiplication des colonnes militaires. Les gouverneurs sont sur le qui-vive en cette décennie troublée et, à la moindre alerte, organisent des expéditions dont les effets sont souvent disproportionnés. » (Merle Isabelle, Expériences coloniales : la Nouvelle-Calédonie (1853-1920), Paris, Anacharsis, éd. 2020, p. 121-124).
6Cook James, Les trois voyages du capitaine Cook autour du monde racontés par lui-même, Paris, Éditeur M. Dreyfous, 1890, p. 183, [https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/bpt6k65701013], consulté le 21 octobre 2021.
7Cambon Nicolas, « L’imaginaire du cannibalisme des îles des « Mers du sud » (du dernier tiers du xviiie au début du xxe siècle) », Carnets [Online], 2e série – 17 | 2019, [http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/carnets/10176], consulté le 20 mars 2021.
8Billardière Jacques-Julien Houtou de la, Relation du voyage à la recherche de La Pérouse, fait par ordre de l’Assemblée constituante, pendant les années 1791, 1792 et pendant la 1re et la 2e année de la République françoise, Paris, chez H. Jansen, 1799.
9Ibid.
10« Un corps humain avait déjà été apporté et dévoré. Peu après, une pirogue arriva, portant le crâne encore chaud sorti du feu, très écorché et marqué des dents de ceux qui en avait mangé. La cervelle avait été rôtie et retirée, de même que les yeux et les dents. Une autre pirogue approcha avec de chair rôtie. » Selon Wilkes Charles, Narrative of the United States Exploring Expedition. During the years 1838, 1839, 1840, 1841, 1842, Philadelphia, Lea & Blanchard, 1845, p. 234, [https://library.si.edu/digital-library/book/narrativeunited00wilk], consulté le 20 septembre 2021.
11Garnier Jules, Voyage, op. cit., p. 14.
12Ibid., p. 14.
13Samuel-Lajeunesse René, Grands mineurs français, Paris, Dunod, 1949, [http://www.annales.org/archives/x/garnier3.html], consulté le 19 octobre 2021.
14Mautner Wasserman Renata R., Exotic Nations: Literature and Cultural Identity in the United States and Brazil, 1830-1930, Cornell University Press, 1994, p. 178.
15Cooper James Fenimore, Le dernier des Mohicans, Œuvres, t. 5, traduction par Defaucompret Auguste-Jean-Baptiste, Paris, Furne, Gosselin, 1839, p. 210.
16Garnier Jules, Voyage, op. cit. p. 154.
17Ibid., p. 140.
18Saussol Alain, L’héritage : Essai sur le problème foncier mélanésien en Nouvelle-Calédonie, Paris, Société des Océanistes, 1979, [http://0-books-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sdo/563], consulté le 13 août 2021.
19De la Hautière Ulysse, Souvenirs de la Nouvelle-Calédonie : voyage sur la côte orientale : un coup de main chez les Kanacks : Pilou-pilou à Naniouni, Paris, Chalamel aîné, Libraire-éditeur, 1869, [https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30720134k], consulté le 13 août 2021.
20Garnier Jules, Voyage, op. cit., p. 235-236.
21Banaré Armand Aubin, Lettre au Gouverneur, 17 juillet 1865 (événements de Gatope), Archives Nationales de l’Outre-Mer, Nouvelle-Calédonie, carton 26, 1865.
22Absence qui vaut étrangement comme preuve ainsi que le souligne Gwénael Murphy dans ce même volume.
23Banaré Armand Aubin, « L’expédition de Gatope », Moniteur de la Nouvelle-Calédonie, no 314, Nouméa, 1er octobre 1865 (consulté aux Archives de la Nouvelle-Calédonie).
24Garnier Jules, Voyage, op. cit., p. 106-107.
25Ibid., p. 262.
26Plon sera le premier éditeur de Garnier en 1871.
27Mollier Jean-Yves, Une autre histoire de l’édition française, Paris, La Fabrique, 2015, p. 176.
28Au moment où Garnier est en mission en Nouvelle-Calédonie (1863-1866), Napoléon III est Empereur des Français (1852-1870).
29Mollier Jean-Yves, Une autre histoire de l’édition française, op. cit., p. 171.
30Garnier Jules, Voyage, op. cit., p. 231.
31Garnier Jules, Voyage, op. cit., p. 234. Citation : « Je songeais aux tristes nécessités de la guerre ; partout autour de nous, de noires colonnes de fumées s’élevaient en tourbillonnant. Que de femmes, que d’enfants, que de vieillards allaient avant peu souffrir du froid et de la faim ! », ibid.
32Ibid., p. 238.
33Kasarhérou Emmanuel, « À propos d’une sculpture remarquable acquise par le musée de la Nouvelle-Calédonie », Journal de la Société des Océanistes, 136-137, 2013, p. 151.
34Bensa Alban, Goromido Até Antoine, Histoire d’une chefferie kanak, op. cit., p. 36.
35Kilani Mondher, « Le cannibale et son témoin », Communications, 84, 2009, p. 45.
36Voici le passage complet : « J’étais tout à la fois responsable de mon corps, responsable de ma race, de mes ancêtres. Je promenai sur moi un regard objectif, découvris ma noirceur, mes caractères ethniques – et me défoncèrent le tympan l’anthropophagie, l’arriération mentale, le fétichisme, les tares raciales, les négriers et surtout : “Y a bon banania” » dans Fanon Frantz, Peau noire, masques blancs, Œuvres, Paris, La Découverte, (1952), 2011, p. 155.
Auteur
Université de la Nouvelle-Calédonie.
Eddy Banaré est docteur en littérature comparée, enseignant-chercheur à l’université de la Nouvelle-Calédonie, UR Trajectoires d’Océanie (TROCA).

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