La question du cannibalisme en archéologie océanienne
p. 35-48
Texte intégral
1L’hypothèse du cannibalisme est une alternative fréquemment évoquée quand les restes humains mis au jour lors des fouilles archéologiques ne présentent pas les caractéristiques spatiales d’une sépulture, à savoir un squelette dont les relations anatomiques sont maintenues, parfois associé à des objets de parure. Elle est avancée quand on les retrouve fragmentés, dispersés, parfois brûlés et porteurs de marques de découpe. Or, même si l’acte de cannibalisme peut être évoqué, sa démonstration est difficile à valider sur la base d’indices physiques ou biogéochimiques, d’autant que d’autres explications peuvent souvent être formulées pour rendre compte de ces assemblages particuliers1. Ce chapitre présente un aperçu des études et des données bio-archéologiques disponibles à ce sujet pour les îles du Pacifique sud, de la Polynésie à la Papouasie Nouvelle-Guinée, entre 3 000 avant notre ère et le présent ethnographique.
Premières évocations en archéologie
2La question du cannibalisme est abordée dès les premiers travaux archéologiques effectués dans les îles du Pacifique2. Par exemple, au début des années 1950, Gifford indique que l’analyse des restes humains fragmentés et brûlés retrouvés dans des couches de middens pouvaient apporter un éclairage à la question du cannibalisme à Fidji3. Pour cet auteur, la description (os humains fragmentés et brûlés dans un midden) évoquée précédemment était suffisante pour conclure que des humains avaient consommé de la chair humaine, en particulier sur les sites de Vunda et Navatu, à Fidji, où il a mené ses fouilles (1951)4. Cette tendance se retrouve également durant les années 1960 dans les travaux de Emory et Sinoto en Polynésie5, sur le complexe cérémoniel de Taputapuatea, à Raiatea, par exemple. Leurs descriptions sont tout aussi lapidaires que celles de Gifford6. Ils mentionnent la présence d’os humains, dispersés, fragmentés, grignotés par des rats, et montrant des traces d’une exposition au feu à l’instar des os animaux retrouvés à proximité, qu’ils interprètent comme étant des vestiges de cannibalisme7. Cette tendance se retrouve aussi dans les travaux de Garanger sur la Mélanésie. Dans son étude du site d’inhumation du chef Roi Mata au Vanuatu, il indique :
« Les foyers furent allumés mais ils semblent trop petits pour avoir été destinés à la cuisson de nourritures. Il est possible que cette cérémonie ait été accompagnée d’anthropophagie : des os brisés et dispersés, une jambe en connexion anatomique furent observés dans le nord de la sépulture. Le paquet d’os longs disposés en “fagot”, pourrait être une offrande, un ornement de cheville fut découvert et un avant-bras portait encore six bracelets de troca8. »
L’importance du contexte ethnographique
3Depuis, plusieurs travaux ont été consacrés à cette question de la présence, effective ou non, de la pratique du cannibalisme parmi les populations anciennes du Pacifique. Des examens au cas par cas ont été effectués pour plusieurs régions : Nouvelle Zélande, Fidji, îles Cook par exemple, en utilisant des indices ethnographiques et archéologiques pour tenter de poser un diagnostic. Il s’agit notamment des travaux de Poulsen à Tonga, de Best à Fidji, de Barber en Nouvelle-Zélande, ou encore de Kirch (1973), Poulsen (1987), Retchman (1992), White (1992) et McLaughlin (2005)9. Ces études reposent sur une approche, encore utilisée aujourd’hui, où le contexte, plus que l’analyse détaillée des ossements, guide l’interprétation des vestiges archéologiques.
4Ainsi, dans un article publié en 2021, Shaw et Coxe nous montrent, grâce à l’analyse d’une riche documentation ethnographique, que le cannibalisme était pratiqué dans la région de Massim au sud-est de la Papouasie, en relation avec le développement du système socio-politique durant les 500 dernières années. Puis, ils présentent brièvement deux petits assemblages osseux provenant de deux sondages archéologiques effectués dans deux middens, l’un comprenant 6 fragments osseux et 12 dents et l’autre des fragments d’os longs. Ils indiquent la présence de traumatisme direct par objet contondant, de marques de découpe et de traces de brûlure. D’après Shaw et Coxe, l’état des ossements est fortement compatible avec les récits ethnographiques sur le cannibalisme dans la région10.
5Cette démarche, où prédomine l’influence du contexte dans lequel les chercheurs posent leurs questions, analysent et interprètent leurs données, s’oppose à celle des bio-archéologues11. Ces derniers estiment que l’os seul peut générer une reconstruction fiable de l’activité à l’origine de l’assemblage archéologique. La difficulté persistante est ici, plus encore que dans d’autres domaines, de relier l’indication archéologique au comportement et à l’intention12.
L’approche bio-archéologique du cannibalisme océanien
Tableau 1. – Liste des sites ayant livré des restes humains suspectés de cannibalisme et publications associées.
Archipel | Site | Références |
îles Cook | Ana Manuku | Steadman et al. (2000) ; Anton et al. (2007) ; Braca et al. (2016) |
Tonga | Quatre sites, îles Ha’apai | Storey (2008) |
Fidji | Olo | Reith (1998) ; Field et al. (2009) |
Fidji | Qaranicagi | Cochrane et al. (2004) ; Pietrusewsky et al. (2007) |
Fidji | Navatu | DeGusta (1999) |
Fidji | Vunda | DeGusta (2000) |
Fidji | Lau | Jones et al. (2015) |
Fidji | Viti Levu | Spenneman (1987) |
PNG* | Sepik | Stodder (2005) ; Stodder et Reith (2011) |
* Papouasie Nouvelle-Guinée.
6Plusieurs auteurs ont adopté cette approche bio-archéologique qui consiste à « faire parler » l’assemblage avant de chercher des comparaisons avec d’autres sources. Ainsi, depuis les années 2000, un examen bio-archéologique spécifique de restes humains suspectés d’avoir été cannibalisés a été entrepris, en s’appuyant sur des analyses des caractéristiques taphonomiques et biogéochimiques des ossements13. Une dizaine de cas a été examiné dont six aux Fidji, un à Tonga, un pour les îles Cook et un pour la Papouasie-Nouvelle-Guinée (tableau 1).
Analyses taphonomiques
Tableau 2. – Orientations diagnostiques proposées par trois auteurs.
DeGusta (1999, 2000) | Storey (2008) | Jones et al. (2015) |
Restes trouvés dans un contexte de midden | Mélange de restes fauniques et humains | Restes très fragmentaires dans un contexte de midden |
Fragmentation intense | Dépeçage/démembrement similaire des humains et des animaux | Distribution des éléments squelettiques différente de celle attendue pour des squelettes complets |
Distribution des éléments squelettiques différente de celle des squelettes complets | Pas de fragmentation post mortem naturelle. | Pas d’indices de modifications non-humaines |
Absence de modification majeure d’origine non humaine | Preuves de morsure, brûlure, écrasement, marque de découpe, fragmentation, fissure, raclage, percussion, stries aléatoires. Marques de découpe sur plus de 5 % de l’assemblage. | Traces de brûlure |
Brûlures sur plus de 10 % des os humains | Brûlures ou exposition à la chaleur avec des taux d’éléments brûlés dépassant 10 % de l’assemblage | Lésions par objets tranchants |
Marques de découpe sur plus de 5 % des os humains | Modifications des éléments squelettiques distinctes de celles causées par un rituel mortuaire connu dans la région | Présence de modification et/ou de marque de découpe au niveau des articulations |
Surreprésentation d’individus âgés ou jeunes | ||
Surreprésentation d’éléments particuliers du squelette | ||
Marque de désarticulation ou de transformation aux extrémités articulaires des os, en particulier sur les os longs. |
7Des grilles de lectures ont été élaborées, adaptées de travaux effectués aux États-Unis ou en Europe14, pour identifier des traces taphonomiques de cette activité, proposer des orientations diagnostiques (ou critères diagnostiques) et finalement tenter de donner un sens aux vestiges humains retrouvés « hors sépultures », fracturés, brûlés, portant des marques de découpe et dispersés dans des zones de rejet ou des sites d’habitat. Une analogie de traitement entre humains et animaux est à la base de la démonstration : « Si l’on admet que dans un gisement donné certains restes animaux sont des déchets de nourriture, par analogie les restes humains traités de la même manière sont eux aussi des débris culinaires » et ils offrent donc des indices d’un cannibalisme (alimentaire)15.
8L’examen des ossements vise à déterminer une anomalie de la représentation des éléments squelettiques et à identifier toutes les modifications visibles sur les fragments osseux. Il convient, dans un premier temps, de différencier les marques humaines des marques non humaines puis, dans un second temps, de déterminer si elles sont survenues au moment de la mort ou après la mort et la décomposition du corps. Les caractères à observer sur chaque pièce osseuse sont nombreux16. Ils varient selon les auteurs. Les orientations diagnostiques sont aussi variables. Le tableau 2 présente celles proposées par DeGusta, Storey et Jones17.
9Inspiré des travaux américains effectués sur les collections de restes humains du sud-ouest des États-Unis d’Amérique, une région bien connue pour sa pratique du cannibalisme18, DeGusta a fait une étude très détaillée des ossements humains découverts dans les middens fidjiens de Navatu et Vunda, visant à réévaluer les conclusions de Gifford (1951). Il a examiné 12 caractéristiques sur 661 restes humains et fauniques du site de Vunda et 1 607 du site de Navatu. Il observe que les modifications sont plus fréquentes sur les restes non-humains du premier site que sur les restes humains, modifications que l’on ne retrouve pas non plus sur les sépultures adjacentes au midden. Sur cette base, il conclut que les os humains présents dans le midden de Vunda ne résultent pas d’activité cannibale. En revanche, il considère que les restes humains du midden de Navatu sont le résultat d’un cannibalisme car ils présentent des modifications, produites par des humains, similaires à celles visibles sur les restes non humains, et dans des proportions voisines, et différentes de celles observables dans des sépultures. Ainsi, le diagnostic repose sur une combinaison de critères incluant une similitude de contexte et de modifications entre os humains et animaux, une importante fragmentation, une représentation anormale des éléments squelettiques, des marques de découpe dans une proportion supérieure à 5 % de l’assemblage et des traces de brûlure dans une proportion supérieure à 10 %, ainsi que le montre le tableau 219.
10En pratique, la démonstration bio-archéologique d’un cannibalisme demeure malgré tout compliquée et n’offre que rarement un résultat décisif. Pietrusewsky et ses collaborateurs ont tenté d’appliquer les orientations diagnostiques proposées par DeGusta à un cas très particulier découvert sur le site de Qaranicagi, à Fidji20. Il s’agit des restes d’un jeune adolescent de 10-12 ans, retrouvé dans un foyer, dans une grotte. L’individu est représenté par des os longs, des côtes et une partie de la ceinture scapulaire droite. Les autres os sont manquants. Aucun os n’est complet et plusieurs présentent diverses marques : traces de brûlure liées à une exposition au feu sur les côtes, humérus, radius et ulna gauche et fibula gauche ; traces de découpe sur les vertèbres, côtes, clavicules et humérus droit, les deux fémurs et le tibia gauche. D’après les auteurs, ces restes peuvent représenter soit un dépôt funéraire secondaire, soit un cas de cannibalisme, sans qu’il ne soit possible d’aller plus loin dans l’interprétation. Ils remarquent que s’il s’agit de cannibalisme alors les critères diagnostiques devraient être affinés et tenir compte des spécificités du cannibalisme fidjien, dont des taux de fragmentation des os probablement faibles parce que les Fidjiens mangent généralement de la viande mais pas de moelle, et des marques de découpe probablement peu fréquentes (sur moins de 10 % de l’assemblage) car des couteaux en bambou, qui laissent des marques peu visibles, ont pu être utilisés21.
11Storey propose une liste comportant neuf critères diagnostiques qu’elle considère comme applicable aux assemblages culturels du Pacifique (tableau 2)22. Elle a étudié quatre assemblages de restes humains (les restes non humains n’ont pas été étudiés conjointement) fragmentés et brûlés provenant de middens fouillés par D. Burley dans les îles Ha’apai, à Tonga à l’aide de quatre ensembles de caractéristiques23. Son étude est un contre-exemple. Elle démontre que le cannibalisme est une hypothèse improbable pour expliquer la présence des restes humains dans ces quatre middens. Dans ces cas, le piétinement, par les humains et les animaux, a été le principal facteur de modification des os humains, de même que le creusement de fosses et, notamment pour des fours enterrés ou des sépultures, et la perturbation de ces sépultures pour la récupération d’os comme matière première. Des outils en os humains ont été découverts dans les Lau (Fidji) et sur Tongatapu (Tonga) dans des niveaux similaires (à Ha’ateiho), et l’auteure en a identifié un dans un des sites étudiés. Au-delà de ce résultat, Storey souligne deux points importants24. Premièrement, les marques de brûlure sur les os peuvent être trompeuses et doivent être analysées en détail pour déterminer si elles sont bien survenues sur l’os frais au moment du traitement cannibale et non pas sur l’os sec et donc a posteriori, hors contexte cannibale25. Deuxièmement, les os humains brûlés et fragmentés présents dans les middens peuvent être les témoins de plusieurs activités humaines, non seulement du cannibalisme mais aussi de l’inhumation de défunt et de la fabrication d’outil en os humain.
12Stodder et Reith rejettent définitivement l’idée d’une signature taphonomique universelle du cannibalisme26. Ils estiment qu’il est plus constructif d’examiner les données dans le contexte des pratiques mortuaires de la région d’étude. Ils considèrent qu’il faut envisager le problème à petite échelle, à celle de la région, voire de la localité d’étude, d’où provient l’assemblage archéologique. Leur analyse des ossements humains et animaux provenant de trois middens du site d’Aitape, Papouasie-Nouvelle-Guinée, s’appuie non seulement sur des caractéristiques taphonomiques et la représentation des éléments squelettiques mais aussi sur leur répartition spatiale au sein des sites. Elle leur permet de conclure que les restes étudiés représentent les sépultures secondaires, probablement associées aux prélèvements d’éléments spécifiques du squelette, bien qu’ils présentent certaines caractéristiques taphonomiques liées au cannibalisme.
13Leur étude soulève trois questions cruciales. Premièrement, il existe un problème de représentativité, en particulier pour les petits assemblages provenant de la fouille non exhaustive d’un espace. Comment savoir si les quelques fragments brûlés mis au jour, ou les quelques marques de découpes observées s’inscrivent dans les proportions indiquées par DeGusta qui sont respectivement de 10 % et 5 %27 ? Deuxièmement, ils soulignent l’importance de la prise en compte de la répartition spatiale des restes humains relativement aux autres restes présents dans le site, ce qui n’est pas toujours bien observé puisque les études des ossements sont en général faites a posteriori. Troisièmement, leurs résultats remettent en cause le principe même de l’analyse : à savoir que les restes humains doivent présenter le même profil que les restes animaux supposés représenter des déchets alimentaires. En effet, Stodder et Reith démontrent que restes humains et restes de cochons participaient d’un même programme mortuaire impliquant une désarticulation et une conservation de certains éléments squelettiques sélectionnés identiques pour les deux espèces28. Or, en pratique les assemblages animaux ne sont que très rarement étudiés conjointement aux assemblages humains avec les mêmes critères. Le problème ici est une forme de cloisonnement disciplinaire qu’il faudrait parvenir à dépasser pour progresser dans les études sur le cannibalisme.
14Ainsi, comme le rappelle Knüsel et Outram : « Il n’est donc pas surprenant qu’en résumant les caractéristiques ostéologiques associées à une interprétation du cannibalisme, Kantner ait écrit qu’aucun des critères taphonomiques ne constitue une preuve définitivement convaincante de la présence du cannibalisme29 », sauf peut-être les marques de dents humaines qui en constituent un indice direct. Celles-ci ne sont que malheureusement rarement recherchées et rarement détectées sur les assemblages océaniens.
Analyses bio géochimiques
15Certains auteurs ont tenté de trouver d’autres indices indiquant la consommation de chair humaine, en appliquant la bio-géochimie et en particulier les analyses isotopiques des régimes alimentaires. Celles-ci reposent sur un principe simple, selon lequel les tissus biologiques humains et animaux enregistrent la signature isotopique de ce qu’ils consomment30. À cet égard, les dosages des isotopes stables du carbone et de l’azote dans le collagène osseux d’un individu renseignent sur le contenu protéique de l’alimentation consommée régulièrement et de manière substantielle durant les dernières années de vie et sur le type d’environnement dans lequel les ressources alimentaires sont puisées. Les valeurs individuelles obtenues sont donc liées à l’écosystème dans lequel les individus évoluent et, au sein d’un même écosystème, les valeurs en azote des organismes carnivores sont systématiquement plus hautes que celles des organismes omnivores, elles-mêmes plus hautes que celles des herbivores, avec des variations plus ou moins constantes entre les niveaux trophiques. Cette relation permet d’extrapoler un régime alimentaire hypothétique correspondant à la consommation de chair humaine dans les modélisations.
16Peu d’études ont emprunté cette voie de recherche, quatre concernent les îles du Pacifique31. L’analyse de Field et collaborateurs (2009) s’appuie sur deux notions : un, les individus cannibalisés sont généralement extérieurs à la population locale et deux, des populations ayant vécu dans des environnements différents, ont des signatures isotopiques différentes32. Leurs analyses isotopiques visent à cerner l’origine d’humains datant des débuts de la préhistoire fidjienne (environ 2 785-2 503 avant le présent) découverts à Olo, Fidji, et présentant ou non des modifications taphonomiques interprétées comme résultant de cannibalisme33. Ils ont observé que les ressources marines composaient une part importante du régime alimentaire des individus, alors que les restes cannibalisés, qui devaient appartenir à un unique individu, témoignent d’une alimentation différente, plus terrestre. Ils concluent avoir identifié au moins un individu « non local » dont la dépouille a été traitée d’une manière qui évoque le cannibalisme. Leur étude laisse à penser qu’une forme d’exocannibalisme aurait été pratiquée à Fidji à la fin de la période Lapita. Cependant, les indices taphonomiques observés sur les ossements peuvent avoir d’autres explications. À cet égard, on peut noter que les pratiques funéraires Lapita sont complexes et incluent le démembrement de certains individus34.
17D’autres auteurs ont tenté d’identifier plus directement la consommation de chair humaine35. Ainsi, Anton et collaborateurs et Barca et collaborateurs ont cherché à mieux définir les humains dont les restes ont été découverts dans l’abri de Ana Manuku, sur Mangaia (îles Cook) et rapportés à la période 1390-1470. Représentant 41 adultes et enfants, ces restes ont été mis au jour dans deux fours enterrés, certains portant des marques de découpes, de brûlure, de fragmentation indiquant des modifications squelettiques perimortem interprétées comme résultant d’une consommation humaine36. Les analyses isotopiques effectuées sur ces individus indiquent que leurs valeurs sont significativement plus élevées que celles obtenues pour d’autres individus du Pacifique37. Dans ce cas, la consommation de chair humaine à des fins alimentaires serait une hypothèse plausible si l’on tient compte du contexte socio-politique instable de l’époque à Mangaia. Une forte densité humaine, une réduction des ressources naturelles et une compétition entre humains et animaux (chiens et cochons) pour l’acquisition de ressources sont notamment mentionnées dans la littérature38, et d’autres sites archéologiques de Mangaia témoigneraient également d’une activité similaire39. Toutefois, la possibilité d’un cannibalisme rituel est aussi évoquée dans le cas de Ana Manuku40.
Analyses taphonomiques et isotopiques combinées
18Pour tester l’occurrence ancienne du cannibalisme à Fidji et discuter sa possible nature : alimentaire ou rituelle, Jones et collaborateurs ont effectué une étude combinant analyses taphonomique et isotopique sur des individus provenant de sépultures (des îles Lau, de Wakaya et du site de Sigatoka)41, et de 12 middens (des îles Lau, datant principalement du second millénaire de notre ère)42. Dans ce but, ils se sont attachés à préciser la nature des traces visibles sur les os, en particulier celles dues à des objets tranchants, et ont créé des modélisations isotopiques en incluant un régime alimentaire particulier qui consisterait à consommer de la chair humaine. Leurs résultats indiquent une grande diversité de régimes alimentaires mais une contribution de la chair humaine faible voire inexistante, variant de 0 et 8 %, et le retrait des muscles de certains individus dont les restes proviennent aussi bien des sépultures que des middens. Face à ces résultats, les auteurs avancent l’idée selon laquelle à Fidji de petites quantités de chair humaine ont pu être consommées au cours de rituels funéraires. Cependant, si le prélèvement des muscles est démontré, la consommation de chair humaine ne l’est pas, faute de preuve tangible43. Les aliments consommés en petite quantité et de manière irrégulière ne sont pas détectés/détectables par les analyses des isotopes stables du carbone et de l’azote.
Conclusion
19Pour conclure on retiendra que les auteurs ayant examiné des ossements découverts hors contexte sépulcral, dans des middens, fragmentés avec des traces de découpes et des brûlures s’accordent à penser que la discussion du cannibalisme est dépendante du contexte régional et culturel de découverte. Les critères diagnostiques qu’ils proposent, bien que variables, comprennent dans tous les cas l’exclusion d’un traitement particulier indiqué notamment par le soin apporté à la disposition des restes (marqué par exemple par la présence d’objet associés ou d’un arrangement particulier). Sur les neuf cas que nous venons de passer en revue, seuls quatre pourraient éventuellement correspondre à une activité de cannibalisme dont un seulement s’appuie sur un faisceau de faits concordants : celui du site Ana Manuku aux îles Cook. Il s’agirait d’un cannibalisme alimentaire lié à des épisodes d’instabilités socio-politiques, datant de la période juste antérieure au contact européen dans la région.
20Jones et collaborateurs déplorent le recours44, qu’ils estiment trop fréquent, « to unexplained “mortuary practices” rather than cannibalism » pour expliquer les modifications visibles sur les ossements. Ne pas utiliser les mots « funéraire » et « mortuaire » comme synonymes pourrait peut-être simplifier la discussion45. Le mot « funéraire » pourrait être réservé à des pratiques dont le corps du défunt est le destinataire, des pratiques qui peuvent être plus ou moins compliquées, étalées ou non dans le temps, mais qui restent centrée sur des traitements visant à entourer, à honorer le défunt et à préserver sa mémoire. Le mot « mortuaire » pourrait englober d’autres pratiques non funéraires où le corps du défunt est utilisé à des fins rituelles ou non, soit comme offrandes dans le cas des sacrifices humains, soit comme matière première dans le cas de la fabrication d’outil, soit comme aliment (réel ou fictif) dans le cas du cannibalisme, ou comme rejet domestique. Mais, il faut aussi noter que la distinction entre le « rejet de restes domestiques » et « le respect dû aux morts » ne semble pas opérante pour les exemples cités mais aussi pour d’autres46. En Océanie à la période pré-européenne, il semble exister une relation, apparemment forte, entre lieu de rejet de déchets, midden, habitats, et sépultures.
Notes de bas de page
1« There are other explanations for fragmented assemblages (see also Hurlbut, 2000). These include the disturbance of primary burials (compost), customary mortuary rites involving defleshing of the dead and/or secondary burial, and peri-mortem torture and mutilation of individuals or of the corpse », Knüsel Christopher et Outram Alan K., « Fragmentation of the Body: Comestibles, Compost, or Customary Rite? », in Gowland Rebecca et Knüsel Christopher, Social Archeology of Funerary Remains, Oxford, Oxbow Books, 2006, p. 254.
2Citons en exemple, Gifford Edward W., « Archaeological Excavations in Fiji », University of California Anthropological Records, 1951, 13/3 ; Gifford Edward W. et Shutler Richard, « Archaeological Excavations in New Caledonia », University of California Anthropological Records, 1956, 18/1 ; Suggs Robert C., « The archaeology of Nuku Hiva, Marquesas Islands, French Polynesia », Anthropological Papers of the American Museum of Natural History, New York, 1961, 49/1 ; Emory Kenneth P. et Sinoto Yosihiko H., Preliminary reports on the archaeological investigations in Society and Tuamotu Islands, French Polynesia in 1962, 1963, 1964, Puahi Bishop Museum, Honolulu, 1965 ; Schutler Mary E. et Schutler Richard D. Jr., « A preliminary report of archaeological explorations in the Southern New Hebrides », Asian Perspectives, 1966, 9, p. 157-166 ; Garanger José, Archéologie des Nouvelles-Hébrides, contribution à la connaissance des îles du Centre, Paris, CNRS/ORSTOM, publication de la Société des Océanistes, 30, 1972.
3Les middens sont des zones de rejet de déchets généralement issus d’activités domestiques, parfois utilisé pour désigner des amas coquilliers. Sur Fidji : « In the excavations at sites 17 and 26, all bone was saved from the screenings, as a clue to the diet of early Fijians. This bone material suggests some of the species of fish, reptiles, birds, and mammals eaten by the ancients. It also casts light on the problem of the time when cannibalism began and when pigs, dogs, and chickens appeared as domestic animals » ; Gifford Edward, « Archaeological Excavations in Fiji », art. cité, p. 206. Voir aussi p. 208.
4« Except for fish, man was the most popular of the vertebrate animals used for food. Fragments of his bones, some showing evidence of fire, were found down to 108 in. at location A, and to 120 in. at location B, site 17; down to 78 in. at site 26. It seems clear that human flesh was eaten in the Early period, though perhaps not from the beginning, as well as in the Late period. For the latter, of course, there is an abundance of historical testimony », Gifford Edward, « Archaeological Excavations in Fiji », art. cité, p. 208.
5Emory Kenneth P. et Sinoto Yosihiko H., Preliminary reports…, op. cit., 1965.
6« The human bones were also crushed as were the animal bones and all showed rat-teeth marks and evidence of having been charred. Based on these observations it is possible that at least ceremonial cannibalism was once practiced here », Emory Kenneth P. et Sinoto Yosihiko H., Preliminary reports…, op. cit., p. 66.
7Un travail effectué récemment sur des ossements collectés en 1994-1995 sur le même site n’a pas permis de confirmer cette hypothèse : Valentin Frédérique, « Étude anthropo-archéologique des restes humains sur le marae de Taputapu’atea, mis à jour lors de la restauration engagée en 1994-1995 par le CPSH », Bilan sur la recherche archéologique en Polynésie française 2005-2015, Dossier d’Archéologie polynésienne, 2021, 6, p. 149-160.
8Garanger José, Archéologie des Nouvelles-Hébrides, op. cit., p. 75.
9White Timothy D., Prehistoric Cannibalism at Mancos, 5MTUMR-2014, Princeton Legacy Library, 132, Princeton University Press, 1992, p. 19-22.
10« The identification of fragmented, cut and burnt human skeletal remains on Rossel Island is strongly consistent with detailed ethnographic accounts of cannibalism. Dismemberment, cooking and eating a victim is a social practice which coincided with local and regional changes in socio-economic systems involving increased regulation of social institutions, including, but not limited to feasting and mortuary rites. » Shaw Ben et Coxe Simon, « Cannibalism and developments to socio-political systems from 540 BP in the Massim Islands of south-east Papua New Guinea », in Specht Jim, Attenbrow Val et Allen Jim, From Field to Museum – Studies from Melanesia in Honour of Robin Torrence, Technical Reports of the Australian Museum online, 2021, 34, p. 57.
11On les appelle aussi anthropologues biologistes : ils effectuent des études relatives à la biologie et la bio-archéologie de squelettes humains retrouvés en contextes archéologiques.
12White observe que « it should be noted that for some areas in which cannibalism is “documented” or alluded to in the ethnographic or ethnohistorical record, evidence of burned and broken human bone in archaeological context is far more likely to be interpreted as cannibalism than in cases in which analogous material evidence is found in regions with little or no such « documentary evidence of cannibalism. In other words, expectations can often steers interpretations », White Timothy D., Prehistoric Cannibalism at Mancos…, op. cit, 1992, p. 19.
13Le terme “taphonomie” désigne l’ensemble des processus affectant les restes animaux, qu’ils soient culturels ou naturels, lors leur transition de la biosphère à la lithosphère (Lee Lyman R., « What taphonomy is, what it is’nt and why taphonomists should care about the difference », Journal of Taphonomy, 2010, 8/1, p. 1-16). Les principes et méthodes d’étude de la taphonomie s’appliquent aussi à l’humain, avec des approches et des définitions variables selon les auteurs. Par exemple Buikstra Jane K. et Ubelaker Douglas, Standards for Data Collection From Human skeletal Remains, Arkansas Archaeological Survey, Fayetteville, 1994 ; Knüsel Christopher et Robb John, « Funerary taphonomy: an overview of goals and methods », Journal of Archaeological Science, 2016, 10, p. 655-673. La bio géochimie étudie les transferts d’éléments chimiques de l’environnement vers les organismes. Les 92 éléments chimiques connus à ce jour possèdent au moins un isotope. Les isotopes du carbone, de l’azote et du soufre sont habituellement utilisés en archéologie pour reconstituer les régimes alimentaires. Voir Mion Léa et al., « L’alimentation du Sud-Est de la France au haut Moyen Âge. Le cas des sujets de Lallemand à Mauguio : un exemple d’application de l’outil isotopique », Archéologie du Midi Médiéval, Association Centre d’Archéologie Médiéval du Languedoc (CAML), 2019, 35 (2017) p. 300-311 ; Herrscher Estelle et Goude Gwenaëlle, « Bio géochimie isotopique et anthropologie biologique : reconstitution des modes de vie du passé », in Balasse Marie et al., Messages d’os. Archéométrie du squelette animal et humain, Paris, éditions des Archives Contemporaines, 2015, p. 359-375.
14White Timothy D., Prehistoric Cannibalism at Mancos…, op. cit., 1992 ; Turner Christy G. et Turner Jacqueline A., « Cannibalism in the prehistoric Southwest: occurrence, taphonomy, explanation and suggestions for standardised world definition », Journal of Anthropological Science, 1995, 103, p. 1-22 ; Villa Paola et al., « Un cas de cannibalisme au Néolithique : boucherie et rejet de restes humains et animaux dans le grotte de Fontbrégoua à Salerne (Var) », Gallia Préhistoire, 1986, 29, p. 143-171 ; Villa Paola et Mathieu Éric, « Breakage patterns of human long bones », Journal of Human Evolution, 1991, 21, p. 27-48.
15Villa Paola et al., « Un cas de cannibalisme au Néolithique… », art. cité, 1986, p. 143. Plusieurs causes sont évoquées pour expliquer la pratique du cannibalisme par les populations anciennes, le spectre est large, allant de la nécessité alimentaire (famine) à une consommation symbolique ou fictive. White Timothy, op. cit., en offre une bonne synthèse ainsi que Knüsel Christopher et Outram A. K., « Fragmentation of the body… », art. cité, 2006.
16Par exemple, DeGusta David, « Fijian cannibalism: osteological evidence from Navatu », American Journal of Physical Anthropology, 1999, 110, p. 215-241 et idem, « Fijian cannibalism and mortuary ritual: bioarchaeological evidence from Vunda. », International Journal of Osteoarchaeology, 2000, 10, p. 76-90. Il y enregistre 12 caractères taphonomiques décrivant exclusivement l’état des os. Voir aussi Stodder Ann L. et Reith Timothy, « Chapter 10: Ancient mortuary ritual and human taphonomy », Fieldiana Anthropology, 2011, 42, p. 197-217. Ces deux auteurs en comptent 21 correspondant à quatre groupes : conservation, dommages causés par des animaux, marques causées par des outils, fracturation et produits de fracturation. Pour les identifier, il faut parfois disposer d’un équipement d’observation adéquat, allant jusqu’au microscope électronique à balayage dans certains cas. Les auteurs analysent également la représentation anatomique et la composition par sexe et âge des assemblages et parfois la répartition spatiale de éléments squelettiques.
17DeGusta David, « Fijian cannibalism… », art. cité ; Storey Alice, « Tools of the ancestors? Evidence for culturally modified human bone from Tonga skeletal assemblages », in Addison David J. et Sand Christophe (éd.), University of Otago Studies in Prehistoric Anthropology, 2008, 21, p. 57-70 ; Jones Sharyn et al., « Kana Tamata or Feasts of Men: an interdisciplinary approach for identifying cannibalism in prehistoric Fiji. », International Journal of Osteoarchaeology, 2015, 25, p. 127-145.
18White Timothy, « Prehistoric cannibalism at Mancos… », art. cité ; Turner Christy G. et Turner Jacqueline A., « Cannnibalism in the prehistoric Southwest… », art. cité, 1995 ; Olsen Sandra et Shipman Patricia, « Cutmarks and peri-mortem treatment of skeletal remains on the Northern Plains », in Douglas Owsley W. et Jantz Richard L. (éd.), Skeletal Biology of Great Plains: Migration, Warfare, Health and Subsistence, Washington DC, Smithsonian Institution Press, 1994, p. 377-387.
19« The bioarchaeological attributes of Fijian cannibalism can be summarized as follows. Characteristics which are necessary, but not sufficient, for an inference of cannibalism are human remains in a midden context with intensive fragmentation, an element distribution that departs significantly from that expected for complete skeletons, and lack of evidence of major nonhuman modifiers. Characteristics which are inferred to be indicative of cannibalism are notable rates of burning (\10 %) and cutmarks (\5 %), and the presence of peeling », DeGusta David, « Fijian cannibalism… », art. cité, p. 90.
20Pietrusewsky Michael et al., « Cultural modification in adolescent earth-oven interment from Fiji: sorting out mortuary practice. », Journal of Island and Coastal Archaeology, 2007, 2, p. 44-71.
21Spennemann Dirk, « Cannibalism in Fiji: the analysis of butchering marks on human bones and the historical record », Domodomo, 1987, 1-2, p. 29-46.
22Storey Alice, « Tools of the ancestors?… », art. cité.
23Patron de fragmentation, modification de surface, représentation des individus, représentation des éléments squelettiques.
24Jones Sharyn et al., « Kana Tamata or feasts of men… », art. cité pour Fidji ; communication personnelle de David V. Burley en 2017 pour Tonga.
25Spennemann Dirk, « Bones of Contention », Anthropology Today, 2003, 19/6, p. 20-21 ; Evans Miranda et al., « Investigating intentionality of burning through macroscopic taphonomy in complex legacy funerary assemblages: opportunities and challenges », Journal of Archaeological Science: Reports, 2022, 41, p. 103-243.
26Stodder Ann L. et Reith Timothy, « Ancient mortuary ritual… », art. cité.
27DeGusta David, « Fijian cannibalism… » art. cité, p. 90.
28Stodder Ann et Reith Timothy, « Ancient mortuary ritual… », art. cité.
29« It comes as no surprise, then, that in summarising the osteologicai features associated with an interpretation of cannibalism, Kantner (1999, p. 84) writes: “The conclusion, therefore, is that none of the taphonomic criteria constitutes definitively convincing evidence for the occurrence of cannibalism.” He (ibid.) envisions the application of biochemical evidence as a means of refining the arguments to support the interpretation of cannibalism », in Knüsel Christopher et Outram Allan K., « Fragmentation of the body… », art. cité, p. 273 et Kantner John, « Survival cannibalism or sociopolitical intimidation? Explaining perimortem mutilation in the American Southwest », Human Nature, 1999, 10/1, p. 1-50.
30Herrscher Estelle et Goude Gwénaëlle, « Biogéochimie isotopique… », art. cité.
31Anton Suzan et al., « New evidence of ritual activity, relatedness and diet in precontact Cook Islands », American Journal Physical Anthropology, Supplement, 2007, 44, p. 65 ; Field Julie et al., « Dietary change in Fijian prehistory: isotopic analyses of human and animal skeletal material », Journal of Archaeological Science, 2009, 36, p. 1547-1556, Jones Sharyn et al., « Kana Tamata or feasts of men… », art. cité, Braca Maria et al., Stable isotopic evidence for diet and nutritional stress in a potentially cannibalized human skeletal sample from Ana Manuku, Mangaia, Cook Islands, 2016.
32Deux formes principales de cannibalisme sont décrites pour le Pacifique : exocannibalisme (consommation d’un étranger au groupe) et endocannibalisme (consommation d’un membre du groupe) ; des consommations à des fins alimentaires (ou de survie) ou rituelles (en rapport avec le mana, rituels de vénération) sont généralement évoquées. Sahlins Marshall D., « Raw women, cooked men, and other « great things » of the Fiji Islands », in Brown Paula et Tuzin Donald F. (éd.) The Ethnography of Cannibalism, Society for Psychological Anthropology, Berkeley, University of California Press, 1983, p. 72-93.
33Reith Timothy M., « Early evidence for Fijian cannibalism? Refining the methods for identifying cannibalism in the archaeological record. », Honour Thesis, Department of Anthropology, University of Hawaii, 1998.
34Valentin Frédérique et al., « Réflexions sur la transformation anthropique du cadavre : le cas des sépultures Lapita de Teouma (Vanuatu) », Bulletins et Mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris, 2016, 28, p. 39-44.
35Jones Sharyn et al., « Kana Tamata or feasts of men… », art. cité, Anton Suzan et al., « New evidence for ritual activity… », art. cité, Braca Maria et al., Stable isotopic evidence for diet…, op. cit.
36Steadman David W. et al., « Ana Manuku: a prehistoric ritualistic site on Mangaia », Cook Islands, Antiquity, 2000, 74, p. 873-883.
37Anton Suzan et al., « New evidence for ritual activity… », art. cité, Braca Maria et al., Stable isotopic evidence for diet…, op. cit.
38Allen Melinda, « Dietary opportunities and constraints on islands: a multi-proxy approach to diet in the southern Cook Islands », in Lee-Thorp Julia et Katzenberg Anne (dir.), The Oxford Handbook of the Archaeology of Diet, 2015 ; Kirch Patrick V., On the Road of the Winds, Berkeley University of California Press, 2017.
39Kirch Patrick V. et al., « Prehistory and human ecology in Eastern Polynesia: excavations et Tangatatau Rockshelter, Mangaia », Archaeology in Oceania, 1995, 30, p. 47-65.
40Steadman Davie W. et al., « Ana Manuku: a prehistoric ritualistic site… », art. cité.
41Jones Sharyn et al., « Kana Tamata or feasts of men… », art. cité.
42Jones Sharyn et al., « Archaeological investigations on the small islands of Aiwa Levu and Aiwa Lailai, Lau group, Fiji », Journal of Island and Coastal Archaeology, 2007/2, p. 72-98.
43« Stable isotopic data can be explained most parsimoniously through the consumption of non-human dietary categories, especially C3 plants (e. g. tubers), reef resources, and terrestrial endemics and domestics. Nevertheless, this finding does not preclude the possibility that people were ritually consuming small amounts of human flesh », Jones Sharyn et al., « Kana Tamata or feasts of men… », art. cité, p. 141.
44Jones Sharyn et al., « Kana Tamata or feasts of men… », art. cité et p. 127 pour la citation suivante.
45Pereira Gregory, « Las prácticas funerarias en Vista Hermosa », in Stresser-Péan Guy, Stresser-Péan Claude et Pereira Grégory (dir.), Vista Hermosa. Nobles, artesanos y mercaderes en los confines del mundo huasteco. Estudio arqueológico de un sitio del Posclásico Tardío del Municipio de Nuevo Morelos, Tamaulipas, México, vol. I – Camino al inframundo. Ediciones del Museo de Antropología, INAH, Mexico DF, 2017, p. 259-378.
46DeGusta David, « Fijian cannibalism and mortuary ritual… », art. cité ; Storey Alice, « Tools of the ancestors… », art. cité, Valentin Frédérique et al., « Mortuary pratices of the first Polynesians: formative ethnogenesis in the kingdom of Tonga », Antiquity, 2020, 94 (376), p. 999-1014 ; Valentin Frédérique, « Des objets funéraires à l’archéologie de la mort dans les îles du Pacifique : points de vue archéologiques et archéo-anthropologiques », 1938-1985, in Dotte-Sarout Émilie et al. (dir.), Pour une histoire de la préhistoire océanienne : approches historiographiques de l’archéologie francophone dans le Pacifique, 2020, Marseille, Cahiers du CREDO, p. 163-188.
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