Enjeux mémoriels des massacres de civils commis pendant la guerre de Corée
p. 171-180
Texte intégral
1La guerre de Corée, déclenchée le 25 juin 1950, a duré plus de trois ans et s’est terminée le 27 juillet 1953 par un cessez-le-feu sans aucun accord de paix. C’est pourquoi les Coréens des deux Corées craignent une nouvelle guerre sur la péninsule coréenne, ce qui affecte aujourd’hui encore leur vie dans divers domaines : politique, économique et social. La guerre de Corée a laissé de très profondes plaies mémorielles aux Coréens, non seulement aux anciens soldats qui ont participé à la guerre, mais également aux civils de toutes les catégories socio-professionnelles et de tous les âges, en particulier concernant les massacres de civils qui, bien qu’ayant été particulièrement frappants pour les Coréens, n’avaient été reconnus par le gouvernement sud-coréen que s’il s’agissait d’exactions commises par l’armée nord-coréenne ou par les civils partisans communistes. En revanche, d’autres types de massacres ont été occultés et sont tombés dans l’oubli et même le nombre approximatif de victimes n’a pu être vérifié officiellement.
2Dans ce travail, nous allons aborder les enjeux mémoriels des massacres de civils commis pendant la guerre de Corée et le rôle fondamental de la Commission vérité et réconciliation dans la réconciliation des querelles mémorielles.
Enjeux mémoriels et création de la Commission vérité et réconciliation
3Pendant la guerre de Corée, les massacres ont été commis principalement entre les communistes et les anticommunistes pour des raisons idéologiques. La Corée du Sud, pendant presque un demi-siècle depuis la promulgation de la République de Corée en 1948, a été dirigée par des gouvernements qui ont favorisé la mémoire collective des conservateurs anticommunistes. Les massacres commis par l’armée nord-coréenne et par les civils partisans communistes ont été officiellement reconnus par les commémorations et intégrés dans les manuels scolaires.
4Dans les années 1990, les politiciens progressistes ont demandé des enquêtes officielles sur les massacres de civils commis par les forces sud-coréennes et par les forces américaines. Après 1998, avec le Président Kim Dae-jung, plusieurs commissions de vérité ont été créées en Corée du Sud pour attester de la véracité des massacres pendant la guerre de Corée : les massacres de Geochang commis en 1951, les massacres de Jeju commis entre 1947 et 1954, les massacres de Nogunri commis en juillet 1950, etc. Mais leurs domaines d’enquêtes se sont souvent croisés et il était nécessaire de mener toutes ces enquêtes ensemble et donc de créer un plus grand organisme.
5La Commission vérité et réconciliation a été créée en décembre 2005 comme un organisme totalement indépendant d’autres ministères sous les ordres de trois membres permanents, trois départements et environ 200 enquêteurs. Le déroulement des enquêtes de la Commission a été précisément défini dans la loi-cadre relative à la vérité et la réconciliation et les enquêteurs ont suivi le processus étape par étape : réception des demandes d’ouverture d’enquêtes, décision d’ouverture d’enquêtes, enquêtes, comptes rendus, décisions de la Commission sur l’exactitude des faits, notifications des décisions aux demandeurs, publications des rapports d’enquêtes, suivis des recommandations et finalement, commémorations1.
6La Commission vérité et réconciliation a reçu 9 980 demandes d’enquêtes sur les massacres commis pendant la guerre de Corée, mais en réalité, le nombre de victimes de massacres doit être beaucoup plus élevé que les demandes reçues. Sur certains massacres, peu de gens ont demandé des enquêtes, mais la Commission pouvait décider elle-même de l’ouverture d’enquêtes sur la totalité des victimes2. Sur ces 9 980 demandes d’enquêtes, 8 206 cas, soit 82 % concernaient les massacres commis par les forces sud-coréennes et 1 774 cas par les forces nord-coréennes3. La Commission vérité et réconciliation a regroupé les cas en fonction des types, des périodes et des lieux de massacres avant de procéder à leur examen.
Les principaux massacres pendant la guerre de Corée
7Les travaux de la Commission vérité et réconciliation sur les massacres pendant la guerre de Corée s’organisaient autour de deux axes : les massacres de civils présumés de gauche commis par l’armée et la police sud-coréennes et les massacres de notables de droite commis par l’armée nord-coréenne et les collaborateurs de gauche. Un grand nombre de ces victimes étaient des civils irréprochables, tandis qu’un certain nombre de victimes de ces massacres étaient effectivement des collaborateurs de l’armée nord-coréenne qui avaient participé aux massacres des civils de droite. De ce fait, il existait déjà des conflits mémoriels profonds entre les familles de victimes de ces deux groupes.
Les massacres commis par l’armée et la police sud-coréennes
8L’attestation des massacres commis par l’armée et la police sud-coréennes représentait le principal travail de la Commission vérité et réconciliation. Sur 8 206 demandes d’enquêtes sur les massacres commis par les forces sud-coréennes, la responsabilité du gouvernement a été attestée dans 6 742 cas, tandis que 454 cas ont été considérés comme impossibles à vérifier4. Les massacres commis par l’État ont majoritairement eu lieu au début de la guerre de Corée entre juillet 1950 et mars 1951, sous la loi martiale et peuvent être divisés en trois sous-catégories : premièrement, les massacres préventifs de traîtres potentiels, entre juillet et août 1950, avant la progression de l’armée nord-coréenne vers le sud ; deuxièmement, les massacres de civils présumés collaborateurs après la libération de Séoul et pendant les opérations antiguérillas, notamment entre octobre et novembre 1950 ; troisièmement, les bombardements sur les civils, par les troupes américaines lors du débarquement à Incheon à la mi-septembre 1950 et pendant les combats après l’arrivée de l’armée chinoise en Corée du Sud, en janvier 1951.
Les massacres préventifs
9Au début de la guerre de Corée, les massacres de civils ont été commis pour des raisons préventives, autrement dit, pour éliminer des traîtres potentiels avant leur contact avec l’armée nord-coréenne. Les massacres de membres de l’association Bodo et les massacres de prisonniers étaient les principaux exemples des massacres préventifs des partisans de gauche ou présumés de gauche par la force publique.
10Dès l’année 1949, le gouvernement sud-coréen avait créé une association nationale connue sous le nom de « Bodo yeonmaeng » dans chaque canton et y avait fait adhérer les anciens partisans de gauche sud-coréens afin de les convertir en anticommunistes. Les membres de l’association Bodo étaient surveillés par la police sud-coréenne sous l’égide du ministère de l’Intérieur. Dès le déclenchement de la guerre de Corée, les membres civils de l’association Bodo ont été classés comme traîtres potentiels qui risquaient de collaborer avec l’armée nord-coréenne. Entre juillet et août 1950, la police militaire a convoqué les membres de l’association Bodo pour les interroger sur leurs anciennes activités et les a classés en trois ou quatre catégories en fonction du degré de leur fidélité à l’idéologie de gauche5. Ils ont été éliminés par la police et par les services de renseignements dans des endroits discrets. De ce fait, les familles de victimes ne connaissaient ni la date ni le lieu du décès.
11Dix ans après ces massacres, en 1960, sous le gouvernement démocratique, les familles de victimes ont pu retrouver les ossements des victimes et demander le jugement des coupables, mais suite au coup d’État du 16 mai 1961, le gouvernement militaire leur a interdit toutes les activités liées aux enquêtes sur ces massacres6. Avant l’avènement de la démocratie au début des années 1990, les familles de victimes ont dû garder le silence. La Commission vérité et réconciliation a attesté du massacre de 4 934 membres de l’association Bodo dans de nombreux cantons, mais il n’était pas possible de vérifier le nombre exact de victimes7. Par exemple, dans certains cantons de la province de Gyeongsang notamment Cheongdo, Ulsan et Gimhae, 30 à 70 % des membres de l’association Bodo ont été massacrés8.
12Un autre type de massacres préventifs était le massacre des prisonniers. Suite au déclenchement de la guerre de Corée, tous les établissements pénitentiaires ont été mis sous le contrôle de l’armée en Corée du Sud. Sous la loi martiale, les procès en cours ont été transférés aux tribunaux militaires. Dans ce processus, de nombreux détenus classés comme prisonniers de gauche ont été massacrés par la police militaire. Ce type de massacre a existé dans plusieurs prisons, notamment dans les régions du sud de la Corée à Masan, Busan, Jinju, etc.
Massacres de civils présumés collaborateurs
13Dans les régions occupées par l’armée nord-coréenne, entre juillet et septembre 1950, certains civils ont collaboré avec elle et participé aux massacres de civils anticommunistes. De ce fait, après la libération de ces régions par l’armée sud-coréenne à la fin du mois de septembre 1950, les paramilitaires patriotiques soutenus par la police régionale ont arrêté et massacré des civils soupçonnés d’avoir collaboré avec l’armée nord-coréenne ainsi que leurs familles. Certains civils ont été exécutés pour avoir offert des repas ou pour avoir participé aux travaux forcés ordonnés par l’armée nord-coréenne. Quelques mois plus tard, suite à la participation de l’armée chinoise à la guerre de Corée, l’armée sud-coréenne a reculé jusqu’au sud du 38e parallèle, en janvier 1951. Pendant son retrait, l’armée sud-coréenne a massacré des civils sans procédure légale. Par exemple, sur les collines dans un village du canton d’Eumseong, dans la province de Chungcheong, 67 civils soupçonnés de collaborer avec l’armée nord-coréenne ont été exécutés sans aucun procès par la 6e division de l’armée sud-coréenne9.
14De plus, avant et pendant la guerre de Corée, l’armée sud-coréenne a conduit plusieurs opérations pour anéantir les guérilléros sud-coréens qui visaient à déstabiliser le gouvernement sud-coréen en rejoignant les forces nord-coréennes10. Vers la fin du mois d’août 1950, la 11e division de l’armée sud-coréenne a été créée pour mener à bien des opérations antiguérillas dans les régions sous le contrôle sud-coréen. Ces opérations antiguérillas ont occasionné non seulement des exécutions de partisans de gauche qui collaboraient avec la Corée du Nord mais aussi des massacres de civils innocents y compris des femmes et des enfants11. Comme ces massacres, commis par l’armée, ont longtemps été considérés comme des dégâts collatéraux, les victimes de ces massacres ont été stigmatisées comme rebelles. De même, les familles des victimes ont souffert d’injustices tant socialement que professionnellement.
Massacres de civils par des bombardements
15Pendant la guerre de Corée, suite à des renseignements inexacts, des bombardements erronés des forces alliées américaines ont fait des dégâts collatéraux. Pourtant, s’agissant d’un ordre de l’armée américaine, ces bombardements de civils ont été considérés comme des massacres. En 1999, après la diffusion d’articles de l’AP (Associated Press) sur les massacres commis à Nogunri en Corée du Sud entre le 25 et le 29 juillet 1950 par la 1re division de cavalerie américaine12, le gouvernement américain a mené des enquêtes sur ces massacres et le Président Clinton a officiellement présenté ses regrets13. Ce geste politique a ravivé la polémique en Corée du Sud sur d’autres massacres dus aux bombardements aériens des forces alliées pendant la guerre de Corée.
16La Commission vérité et réconciliation a mené des enquêtes sur plusieurs bombardements aériens sur des civils en exil, notamment dans des régions du sud, loin des zones de combat. Par exemple, en citant le rapport de mission du 39e escadron de la force aérienne américaine, la Commission a attesté de 35 civils tués et de 7 civils blessés à Gigyecheon, dans la province de Gyeongsang, par les bombardements aériens américains du 14 août 195014. D’après la Commission vérité et réconciliation, les victimes de ces bombardements étaient des familles composées de personnes âgées, femmes et enfants15. Cette révélation a éveillé un sentiment anti-américain en Corée du Sud, mais les enquêtes sur ce type de massacres dans d’autres villes ont progressé difficilement car elles risquaient de créer une tension politique entre les États-Unis et la Corée du Sud.
17La complexité des enquêtes sur les massacres de civils commis par les forces sud-coréennes et américaines était due au fait que les enquêteurs ont dû prouver l’illégalité des exécutions de civils innocents, tandis que ces exécutions étaient considérées comme légales en temps de guerre. De plus, ces enquêtes qui mettaient en doute la légitimité de l’État, risquaient de favoriser la politique de la Corée du Nord et d’être considérées comme contraires aux intérêts nationaux de la Corée du Sud.
18Néanmoins, les enquêtes sur les massacres commis par l’armée sud-coréenne ont ouvert la possibilité d’excuses officielles du gouvernement, de demandes d’indemnités, de pardon et de réconciliation. Après avoir attesté de l’illégalité des massacres et de la violation des droits de l’homme, la Commission vérité et réconciliation a recommandé aux organismes compétents d’accomplir diverses mesures de suivi pour une réconciliation avec les familles des victimes, puis pour la réparation honorifique et la régularisation des situations des familles de victimes. Les familles de victimes ont engagé des procès pour obtenir une réparation financière. Ces procès ont abouti à un versement d’indemnités pour certaines familles.
Massacres commis par l’armée nord-coréenne et les collaborateurs de gauche
19La Commission vérité et réconciliation a reçu 1 774 demandes individuelles sur les massacres commis par les partisans communistes hostiles au gouvernement sud-coréen16. Sur ces demandes d’enquêtes, les victimes ont été reconnues dans 1 445 cas, ce nombre ne reflétait pas suffisamment l’importance de ces massacres commis principalement dans les régions du sud-ouest occupées presque trois mois (entre juillet et septembre 1950) par l’armée nord-coréenne. Dès son arrivée dans chaque canton, l’armée nord-coréenne, avec l’aide des partisans de gauche, a repéré les notables de droite et leur famille et les a massacrés car ils risquaient d’aider l’armée sud-coréenne et ses alliés des Nations unies. Les victimes appartenaient majoritairement aux classes supérieures (riches propriétaires, hauts fonctionnaires, policiers, membres d’associations patriotiques paramilitaires, religieux et leurs familles)17. Avant leur retrait au nord du 38e parallèle, les troupes nord-coréennes ont arrêté et exécuté des civils précipitamment dont de nombreux innocents de tous âges18.
20Contrairement aux enquêtes sur les massacres commis par les forces sud-coréennes qui recommandaient à l’État de présenter des excuses officielles aux familles des victimes qui pouvaient obtenir des indemnités financières, les enquêtes sur les massacres de civils commis par l’armée nord-coréenne et les collaborateurs de gauche n’ont apporté qu’une reconnaissance officielle. Le rôle de la Commission vérité et réconciliation s’est limité à vérifier les anciens documents des tribunaux et les listes de victimes pour reconnaître leur statut de victime. Les recommandations de la Commission, jugées symboliques et n’évoquant pas d’indemnités n’ont pas satisfait les familles de victimes lesquelles dénonçaient par ailleurs la sous-estimation des civils tués par l’armée nord-coréenne.
Enjeux mémoriels actuels
21Les vifs conflits mémoriels entre les familles de victimes des deux catégories de massacres opposés, ont montré que les plaies mémorielles de la guerre de Corée étaient toujours vives aujourd’hui. Au cœur de ces enjeux, la Commission vérité et réconciliation dont la raison d’être a été immédiatement contestée par les conservateurs sud-coréens. Les actions de la Commission ont ainsi été entravées par l’opposition entre ces mêmes conservateurs qui considéraient, contrairement aux progressistes, les exécutions comme des actions légales de l’État. Il était en effet inacceptable pour les conservateurs que soit mise en doute la légitimité des actions de l’État en temps de guerre. Les enquêtes sur les massacres de civils commis pendant la guerre de Corée ont été durement critiquées par les partis politiques de droite arguant que ces investigations, un demi-siècle plus tard, ne pouvaient qu’envenimer les relations politiques et empêcher le développement du pays. Quant à la population sud-coréenne, elle était divisée au sujet de la recherche de la vérité sur ces massacres. Une partie de la population qui avait retrouvé une vie paisible après plusieurs décennies de pauvreté suite à la guerre, avait accepté ce passé douloureux et considérait les enquêtes de la Commission comme inutiles.
22C’est pourquoi, les travaux de la Commission ont été limités et n’ont pas pu aboutir à une condamnation des anciens coupables. Afin de ne pas aggraver les conflits mémoriels sur le passé entre les deux courants politiques opposés, la Commission s’est contentée de recommander aux ministères compétents de faire le nécessaire pour les familles de victimes au niveau administratif. Au terme du mandat de la Commission, il a été envisagé de créer une fondation prolongeant les travaux de la Commission, mais pour des raisons politiques, le projet est resté au stade d’ébauche.
23Pour les familles de victimes, la mémoire des massacres a été omniprésente et a constamment influencé la société sud-coréenne de génération en génération. Au fil du temps, d’autres éléments politiques et sociaux se sont ajoutés à ces conflits mémoriels. Les familles de victimes partageaient le sentiment que les massacres commis pendant la guerre de Corée étaient à l’origine de leur malheur. Et de fait, le système politique et social sud-coréen avait stigmatisé les partisans de gauche ou soupçonnés de l’être, multipliant ainsi les obstacles à leur réussite sociale.
24Après la dissolution définitive de la Commission en 2010, le manque de suivi juridique a été l’une des raisons de la déception des familles de victimes qui ont dû intenter elles-mêmes un procès pour obtenir des indemnités, sans aucune autre aide administrative. L’État sud-coréen, pour justifier son inaction – et en dépit la décision de la Commission –, a fait valoir le délai de prescription de cinq ans après les faits et donc l’impossibilité de traiter les exactions de 1950 dans des tribunaux de nos jours. Cependant la justice a soutenu la position des familles de victimes en reconnaissant la décision de la Commission et jugé qu’il était injuste que les autorités (responsables des massacres) aient entravé les demandes d’indemnités des familles des victimes. Suite au verdict du tribunal concernant l’indemnisation des victimes liées à l’incident de l’association Bodo à Cheongju et à Cheongwon, il a été décidé que les indemnités à verser pour chacune des victimes défuntes de massacres commis par les forces sud-coréennes étaient de 80 millions de wons, correspondant à peu près à 55 000 euros, en tenant compte du taux de change d’avril 202419. Contrairement aux familles de victimes de massacres commis par l’État sud-coréen, les familles de victimes de massacres commis par l’armée nord-coréenne se sont senties lésées. Cette situation complexe entre les familles de victimes a aggravé les querelles mémorielles dans la société sud-coréenne.
25À travers ses cinq années d’enquêtes, la Commission vérité et réconciliation n’a pas pu régler tous les problèmes causés par les massacres de civils, mais elle a néanmoins sensibilisé les Coréens à de possibles violations des droits de l’homme par l’État pendant la guerre de Corée. De même, malgré les querelles mémorielles qui existent aujourd’hui encore, la Commission a contribué à l’apaisement du ressentiment des familles de victimes. Néanmoins, les enquêteurs de la Commission eux-mêmes estiment que leurs travaux nécessiteraient d’être plus approfondis. Les enquêtes de la Commission n’ont pas été complètes et même si certaines familles de victimes ont obtenu des réparations financières et honorifiques, leur passé a été stigmatisé et terni par le regard méprisant de la société sud-coréenne. Cette souffrance et cette humiliation ont conduit certaines familles à se taire aujourd’hui encore et à ne pas réclamer la réparation qui leur est due. Elles attendent aujourd’hui que la nouvelle Commission vérité et réconciliation (réouverte le 10 décembre 2020) puisse achever le travail et résoudre les problèmes de ce passé douloureux.
Notes de bas de page
1Commission vérité et réconciliation, République de Corée, « Loi-cadre relative à la vérité et la réconciliation », Séoul, 31 mai 2005.
2Commission vérité et réconciliation, République de Corée, « Truth and reconciliation: activities of the past three years (Vérité et réconciliation : activités des trois dernières années) », Séoul, mars 2009.
3Commission vérité et réconciliation, République de Corée, Comprehensive Report (Rapport complet), vol. 1, Séoul, 2010, p. 45.
4Ibid.
5Commission vérité et réconciliation, République de Corée, « Gukmin Bodo yeonmaeng sageon (Incidents concernant l’association nationale Bodo) », Rapports d’enquêtes de la Commission vérité et réconciliation, vol. 7, Séoul, décembre 2009, p. 550.
6Ibid., p. 309-318.
7Ibid., p. 536-543.
8Ibid., p. 546.
9Commission vérité et réconciliation, République de Corée, « Eumseonggun Daesomyeon buyeok hyeomuija huisaeng sageon (Massacres de civils présumés collaborateurs à Daesomyeon dans le canton d’Eumseong) », Rapports d’enquêtes de la Commission vérité et réconciliation, vol. 4, Séoul, juillet 2009, p. 802.
10Commission vérité et réconciliation, République de Corée, « Hwasun Naju jiyeok gungyeonge uihan minganin huisaeng sageon (Massacres de civils par l’armée et la police sud-coréennes dans les cantons de Hwasun et de Naju) », Rapports d’enquêtes de la Commission vérité et réconciliation, vol. 3, Séoul, juin 2010, p. 190-193.
11Ibid., p. 206-208.
12Choe Sang-hun, Hanley Charles J. et Mendoza Martha, « War’s hidden chapter : Ex-GIs tell of killing Korean refugees (Chapitre caché de la guerre : parole des ex-GIs sur les massacres de réfugiés coréens) », Associated Press, 28 septembre 1999.
13« Clinton “regrets”, doesn’t apologize for, No Gun Ri (Clinton regrette mais ne s’excuse pas pour Nogunri) », Los Angeles Times, 12 janvier 2001.
14Commission vérité et réconciliation, République de Corée, « Communiqués de presse » du 22 novembre 2007 et du 25 septembre 2009 (version coréenne).
15Ibid.
16Commission vérité et réconciliation, République de Corée, Comprehensive Report (Rapport complet), op. cit.
17Commission vérité et réconciliation, République de Corée, « Jwaige uihan Seocheon deunggiso changgo jipdan hisaeng sageon (Massacres de civils par les partisans de gauche aux archives de Seocheon) », Rapports d’enquêtes de la Commission vérité et réconciliation, vol. 1, Séoul, août 2008, p. 229-232.
18Commission vérité et réconciliation, République de Corée, « Daejeon jiyeok jeokdae seryeok sageon (Massacres de civils par les partisans de gauche à Daejeon) », Rapports d’enquêtes de la Commission vérité et réconciliation, vol. 1, Séoul, décembre 2008, p. 599.
19Tribunal du district central de Séoul, République de Corée, « Verdict sur les indemnités » pour les victimes de l’incident de l’association Bodo à Cheongju et à Cheongwon, 30 septembre 2011 (version coréenne).
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