Chapitre IV. Jeunes musulmans membres de mouvements catholiques dans les années 1980 : une sociologie à l’image de la jeunesse musulmane de France
p. 81-94
Texte intégral
1Interrogés sur le profil des jeunes musulmans « rejoints » par la JOC-F de Mulhouse sur la période 1975-1990, deux anciens responsables répondent :
« Jean-Marie R. : Du Maghreb, essentiellement, moi je me rappelle pas avoir eu des musulmans de l’Afrique noire, quoi de noirs, quoi. […] À l’époque où nous on y est [1973-1990], je parle bien de cette période-là, c’est lié aussi à la migration industrielle. Peugeot a fait venir ici, pour l’usine, a fait venir des centaines, des centaines, d’abord d’hommes, […] qui après le regroupement familial a fait que les familles sont arrivées quoi. Mais c’était essentiellement donc pour nous des musulmans de ces pères qui sont venus bosser comme ouvriers à Peugeot quoi, beaucoup.
Béatrice W. : On a eu très peu de musulmans turcs. C’était pas encore la période de l’arrivée des populations. […]
Jean-Marie R. : […] donc c’était des Maghrébins, mais eux-mêmes, la religion, ils savaient pas exactement, ils se disaient même pas musulmans à ce moment-là […]1. »
2Le portrait-type des jeunes musulmans membres de l’ACE, de la JOC-F et des Unités Soleil dans les années 1980 est à l’image de celui décrit par les responsables de Mulhouse : un jeune issu de l’immigration maghrébine, venant d’un milieu populaire et peu pratiquant.
Des jeunes majoritairement issus de l’immigration maghrébine
3À partir du milieu des années 1970, comme à Mulhouse, la grande majorité des musulmans membres de la JOC-F, de l’ACE et des Unités Soleil ne sont plus des migrants mais des descendants d’immigrés, qui sont nés en France ou qui y sont arrivés en bas âge. Parmi eux, les descendants d’Algériens nés en France ont d’ailleurs la nationalité française2. Cette évolution s’inscrit dans l’histoire migratoire nationale. Dans un contexte de crise économique, l’immigration de travail est suspendue le 5 juillet 19743. Cette décision ralentit fortement le flux entrant de travailleurs étrangers, qui passe de 130 000 en 1974 à 30 000 en 1976, sans toutefois le tarir car les employeurs continuent d’embaucher des migrants, malgré l’absence de régularisation possible4. Le 9 juillet 1974, c’est au tour de l’immigration familiale d’être officiellement suspendue, à l’exception des familles ressortissantes de la CEE qui bénéficient de la libre-circulation et des familles espagnoles et portugaises qui sont également exemptées de la mesure. En ce qui concerne l’immigration familiale, cette suspension est cependant de courte durée. En effet, les associations de soutien aux étrangers déposent rapidement des recours contre cette décision, en s’appuyant sur des directives européennes – elles-mêmes fondées sur des traités internationaux – qui garantissent le regroupement familial au nom de la protection de la famille. Dès décembre 1974, une circulaire signale la reprise du regroupement familial5. Contraint légalement de rouvrir cette procédure, le gouvernement va néanmoins s’efforcer de la limiter au maximum, particulièrement pour les Algériens. Avec l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, les conditions vont provisoirement s’assouplir – avec par exemple la possibilité offerte aux familles qui ne sont pas rentrées par la procédure officielle du regroupement familial d’être régularisées – avant de se durcir de nouveau à partir de la fin de l’année 1984. En mars 1986, le gouvernement fait finalement le choix de normaliser la procédure de regroupement familiale des Algériens, en la soumettant aux mêmes conditions que les autres nationalités6. Le fort ralentissement du flux des travailleurs migrants du fait de la suspension de 1974, associé au maintien de la possibilité légale du regroupement familial et à la croissance naturelle des familles étrangères installées en France, féminisent et rajeunissent peu à peu la population immigrée française. Entre 1975 et 1982, la proportion de femmes parmi les immigrés passe de 40,1 % à 42,8 %. En 1982, 32 % des Algériens, 36,3 % des Marocains, 34,2 % des Tunisiens et 43,2 % des Turcs ont moins de 15 ans7. À cette date, la majorité des Algériens de 15 à 24 ans sont nés en France8. Ces jeunes issus de l’immigration, nés en France ou arrivés en bas âge, sont donc bien plus nombreux au début des années 1980 que les jeunes travailleurs migrants, qui n’ont plus la possibilité d’entrer ou de résider légalement en France. Pour désigner ces descendants d’immigrés, les responsables de la JOC-F utilisent régulièrement dans leurs comptes rendus l’expression de « deuxième génération ». Cette catégorie, qui n’a aucun fondement juridique et qui inclut à la fois des jeunes étrangers et des jeunes d’origine étrangère qui ont la nationalité française9, est très fréquemment utilisée dans l’espace public et médiatique à partir des années 1980. Elle se constitue progressivement autour de la figure du jeune maghrébin, provenant d’un quartier réputé « sensible », à l’écart d’un certain nombre de pratiques ou de normes et susceptible de rencontrer des difficultés ou de poser problème à la société10. Elle comporte donc une connotation péjorative, dénoncée dès 1983 par la sociologue Catherine Wihtol de Wenden dans un article paru dans Projet11, mais les responsables jocistes qui utilisent cette expression n’ont probablement pas conscience de ces enjeux épistémologiques.
4Les jeunes musulmans membres de la JOC-F, de l’ACE ou des Unités Soleil dans la seconde moitié des années 1970 et dans les années 1980 sont donc très majoritairement des descendants d’immigrés, pour utiliser à la suite d’Emmanuelle Santelli une expression plus claire et moins connotée que celle de « deuxième génération ». Comme lors de la période précédente, et à l’image du groupe de Mulhouse, ils sont majoritairement originaires du Maghreb. Les archives des mouvements mentionnent néanmoins la présence de quelques jeunes originaires de Turquie ou d’Afrique subsaharienne, principalement du Sénégal. L’ACE et les Unités Soleil ont davantage de jeunes musulmans originaires de ces espaces géographiques que la JOC-F. Cette différence s’explique probablement par un décalage de génération, accentué par un léger décalage chronologique dans nos archives. Les jeunes musulmans de la JOC-F ont entre 14 et 25 ans au début des années 1980, au moment où ils sont les plus nombreux dans le mouvement et où nous avons le plus d’archives. Ils sont donc nés ou arrivés en France dans les années 1960 ou au début des années 1970. Or, à cette période, l’immigration turque ou d’Afrique subsaharienne est faible. En 1974, on ne recense en France que 50 000 Turcs12 et environ 100 000 ressortissants d’Afrique subsaharienne13, majoritairement des travailleurs migrants, alors qu’on dénombre plus d’un million de Maghrébins à la même date. Il est donc logique que les jeunes maghrébins, et parmi eux les jeunes algériens, soient bien plus nombreux à la JOC-F à la fin des années 1970 ou au début des années 1980 que les jeunes originaires de Turquie ou d’Afrique subsaharienne.
5À l’ACE, c’est pour la seconde moitié des années 1980 que nous avons le plus d’archives. Les enfants de l’ACE ayant entre 6 et 14 ans en moyenne, les jeunes musulmans de la seconde moitié des années 1980 sont donc nés ou arrivés en France dans la seconde moitié des années 1970 ou au début des années 1980. Pour les Unités Soleil, qui rassemblent des jeunes d’environ 8 ans (les jeannettes) jusqu’au début de l’âge adulte (les chefs et cheftaines), c’est dans les documents d’archives ou les entretiens portant sur la seconde moitié des années 1980 et le début des années 1990 que nous avons le plus de mentions de jeunes d’origine turque ou subsaharienne, pour des jeunes également nés ou arrivés en France dans la seconde moitié des années 1970 ou au début des années 1980. De fait, en 1982, la population originaire de Turquie et d’Afrique subsaharienne et résidant en France a respectivement doublé et triplé par rapport à 1975 et a connu le même phénomène de féminisation et de rajeunissement que celui déjà étudié pour la population d’origine maghrébine14. L’essor du nombre de jeunes turcs – et dans une moindre mesure du nombre de jeunes originaires d’Afrique subsaharienne – à l’ACE et aux Unités Soleil dans les années 1980 s’inscrit donc pleinement dans l’histoire migratoire française.
Des jeunes de milieu populaire
6Tous ces jeunes musulmans, qu’ils soient d’origine maghrébine, turque ou subsaharienne, vivent dans des quartiers populaires, le plus souvent dans des logements HLM. C’est en effet à partir des années 1970 que se fait progressivement l’accès pour les populations issues de l’immigration à ce type de logement. Les HLM, habitats à loyer modéré, prennent la suite en 1950 des HBM, les habitations à bon marché. L’objectif est de mettre le meilleur logement à la disposition du plus grand nombre, avec le soutien de l’État pour la construction et un effort budgétaire des ménages. Les organismes HLM, pour assurer leur bonne santé financière, vont alors rechercher des locataires solvables parmi les classes moyennes plutôt que parmi les familles issues des milieux populaires. En 1955, une enquête « logement » montre ainsi que les cadres moyens supérieurs et les professions libérales sont surreprésentés parmi les locataires. De plus, même si rien dans la législation n’interdit leur accès aux étrangers, les HLM vont dans un premier temps être réservés prioritairement aux Français15. Au milieu des années 1950, il n’y a donc que très peu de familles maghrébines hébergées grâce à ce dispositif et celles qui en bénéficient sont triées sur le volet comme les plus méritantes et « adaptables » à la société française16. Les autres sont écartées à cause de leurs faibles moyens financiers, de leur nombre souvent important d’enfants (très peu de grands logements sont construits) et des préjugés à leur égard. À partir du milieu des années 1950, l’État se met à faire pression pour que les HLM, organismes sociaux subventionnés, deviennent effectivement un recours pour les mal-logés pauvres17. Le nombre de familles maghrébines en HLM augmente alors lentement, notamment grâce à l’action du FAS18, mais elles restent discriminées par rapport aux familles françaises19. Ce n’est finalement que dans les années 1970 que les familles maghrébines accèdent massivement au logement social20. En effet, dès cette période, les HLM ne font plus rêver, même si les statistiques dénoncent encore le trop grand nombre de locataires issus des classes moyennes. Les grands ensembles auxquels leur image est associée sont dévalorisés. Les premiers qui ont été construits vieillissent mal et commencent à être délaissés par les locataires les plus aisés à cause des malfaçons, d’une mauvaise localisation ou de défauts d’équipement21. Pour ne pas laisser de logements vacants, les bailleurs sont contraints d’accueillir davantage de familles étrangères. C’est donc au moment où les grands ensembles de logements HLM connaissent un processus de dégradation et de stigmatisation que les familles étrangères – et parmi elles de nombreuses familles maghrébines ou turques – y accèdent massivement et sont concentrées dans les grands ensembles les plus dégradés22. Cette question de la dégradation des grands ensembles est d’ailleurs un des aspects sur lesquels se mobilisent les enfants en ACE, essayant par exemple d’obtenir la mise en place ou la rénovation de jeux pour enfants.
7Ainsi, les jeunes maghrébins et turcs des trois mouvements étudiés habitent majoritairement dans des logements HLM pour la période allant du milieu des années 1970 à la fin des années 1980. En complément des ces indications sur le logement, les archives de l’ACE – et particulièrement les « monographies » – nous donnent parfois aussi des informations sur le milieu social et les professions des parents des enfants musulmans. Une synthèse réalisée en 1982 par le mouvement indique ainsi que ceux-ci appartiennent « au prolétariat et même au sous-prolétariat23 ». Dans son rapport d’orientations de 1985, l’ACE MR précise que les pères des enfants musulmans sont majoritairement des ouvriers agricoles, plus rarement des « travailleurs manuels24 ». Nous avons un exemple concret de ce constat à travers la « monographie » réalisée pendant l’année 1984-1985 par Jeanine, une religieuse responsable du « club Tonic » qui se réunit à Laragne Monteglin (Hautes-Alpes). Dans sa « monographie », la religieuse précise les professions des parents pour les huit enfants qu’elle accompagne25. Le père de Lila, Hacen et Malika travaille à l’entretien des routes. Il est remarié, suite au décès de sa femme, mais nous ne savons pas si la belle-mère occupe un emploi salarié. Le père de Djemila et Lili est « producteur de fruits », ce qu’il faut très probablement traduire par « ouvrier agricole », la mère est femme de ménage. Le père de Zoubida, Fatima et Zora est ouvrier, la mère « vend des légumes ». À l’ACE MO, on retrouve cette même prédominance des emplois peu qualifiés, associée à l’omniprésence du chômage. En 1987, au « club des étoiles » d’Albertville, Karim a une mère au foyer et un père de « profession inconnue ». Yacine et Oualid ont une mère au chômage et un père qui travaille dans le bâtiment. Sofiene a une mère au foyer et un beau-père au chômage. Abdelaziz a une mère au foyer et un père absent, officiellement « en déplacement ». Abdelraman a une mère au foyer et un père « camionneur26 ». Ces quelques indications sur les professions des parents correspondent de fait aux grandes tendances de l’emploi des personnes immigrées à la fin des années 1970 et dans les années 1980. En 1979, les trois quarts des étrangers en France travaillent dans les secteurs de l’industrie ou du bâtiment. C’est à partir de cette date que les effets de la crise économique se font le plus sentir dans ces deux secteurs, avec une accélération du phénomène de perte d’emploi qui touche plus particulièrement les emplois peu qualifiés. Les étrangers sont donc doublement vulnérables sur le marché de l’emploi, du fait de leur concentration dans des secteurs d’activités en crise et, au sein de ces secteurs, dans les postes les moins qualifiés27. Cette vulnérabilité se traduit en chiffres. Entre 1982 et 1994, le taux de chômage des étrangers originaires du Maghreb passe de 14,3 à 20,6 %. Pour les Turcs, il passe de 16 à 21,5 %. À titre de comparaison, il est de 10 % pour les Français en 199428. Les femmes maghrébines sont encore plus touchées que les hommes par le chômage29 même si, sur la même période, leur taux d’activité augmente fortement, passant de 8 % à 25 % environ entre 1973 et 199030. Ces femmes maghrébines qui travaillent demeurent néanmoins une minorité dans les années 1980 et ce sont davantage des descendantes d’immigrées que des primo-arrivantes venues dans le cadre de l’immigration familiale. Sur les cinq femmes maghrébines ayant des enfants au « club des étoiles » et qui sont très probablement venues dans le cadre de l’immigration familiale, quatre sont « au foyer » et une « au chômage31 ».
8Si seule l’ACE nous donne des indications sur les parents des jeunes issus de l’immigration maghrébine et turque, les archives des trois mouvements contiennent un certain nombre d’informations sur les parcours individuels de ces jeunes et notamment sur leurs parcours scolaires et professionnels. À l’ACE, les responsables de clubs évoquent régulièrement les difficultés scolaires des enfants qu’ils accompagnent, qui se traduisent par exemple par une difficulté à lire les publications du mouvement ou à compléter les enquêtes. Ce constat des responsables de clubs sur les difficultés scolaires des enfants maghrébins en club n’a rien d’étonnant. Une étude menée en 1980 sur un panel d’élèves révèle ainsi que 58,6 % des enfants étrangers nés en France avec des parents ouvriers ont un an ou plus de retard dans leur scolarité à l’entrée en sixième et que le pourcentage monte même à 73,3 % pour les enfants étrangers nés hors de France. Pour les étrangers nés en France, ces difficultés scolaires sont liées avant tout au milieu social puisque 42,5 % des Français qui ont des parents ouvriers ont également un an ou plus de retard à cette étape de leur scolarité32. À la JOC-F, la majorité des jeunes issus de l’immigration maghrébine ou turque pour lesquels nous avons des indications sont scolarisés dans des lycées d’enseignement professionnel (LEP), créés en 1977. Cela s’explique en partie par le fait que le mouvement s’adresse en priorité aux jeunes de l’enseignement professionnel mais cela tient aussi aux grandes tendances de la scolarité des jeunes maghrébins. Les statistiques de l’Éducation nationale pour l’année scolaire 1985-1986 montrent en effet que ceux-ci sont deux fois plus nombreux que la moyenne des jeunes à être orientés en lycée professionnel plutôt qu’en lycée général ou technologique à l’issue de la troisième, ce qui est à mettre en relation avec la surreprésentation des enfants d’ouvriers parmi eux (à CSP égale, on retrouve la même proportion d’orientation dans les sections professionnelles pour les jeunes français)33.
9Parmi ceux qui sont sortis du système scolaire, plus de la moitié des jocistes issus de l’immigration maghrébine ou turque sont confrontés au chômage au début des années 1980. Cette proportion très élevée s’explique en partie par la mise en place par la JOC-F à partir de 1978 des « comités chômeurs », qui deviennent une des principales portes d’entrée des jeunes maghrébins ou turcs dans le mouvement, mais aussi par le taux de chômage très élevé de cette population. À l’échelle nationale, le taux de chômage des jeunes hommes issus de l’immigration algérienne appartenant à la tranche d’âge des 16-29 ans est ainsi de 15 % en 1975, de 38 % en 1982 et de 45 % en 199034. Ce taux extrêmement élevé s’explique alors par un ensemble de facteurs : les difficultés scolaires rencontrées par une proportion importante d’entre eux, largement corrélées à l’origine sociale et au niveau d’éducation des parents ; un plus faible passage par l’apprentissage et par les filières techniques que d’autres catégories d’immigrés comme les Portugais ; la baisse du nombre d’emplois peu qualifiés liée à la désindustrialisation ; la concentration de ces jeunes dans les territoires les plus exposés au chômage, conjuguée à une faible mobilité résidentielle et à une absence de moyens de transport individuels pour tenter de chercher du travail ailleurs ; la discrimination à l’embauche35. Les jocistes maghrébins ou turcs qui ne sont pas au chômage occupent le plus souvent des emplois précaires en intérim ou par le biais des TUC (travaux d’utilité collective) ou des SIVP (stages d’initiation à la vie professionnelle). Ce sont donc les différents visages de la précarité qu’incarnent ces jeunes.
10Aux Unités Soleil, nous avons surtout des indications sociologiques pour les chefs et cheftaines maghrébins ou turcs, grâce à leurs formulaires d’inscription en stage BAFA. Leurs profils sont plus variés que ceux des jocistes : lycéens en section générale, technologique ou professionnelle, étudiants à l’université ou en BTS, chômeurs, employés, professionnels de l’animation, etc. Cette différence assez nette entre le profil des jocistes maghrébins et celui des chefs et cheftaines maghrébins des Unités Soleil s’explique probablement par le fait que devenir chef ou cheftaine représente un aboutissement du parcours proposé aux Guides Soleil. Celles et ceux qui vont jusqu’à cet engagement sont souvent les jeunes qui ont le plus bénéficié d’un point de vue personnel de la dimension d’éducation populaire du mouvement, avec des effets positifs sur leurs trajectoires scolaires et professionnelles. De plus, une partie des chefs et cheftaines des Unités Soleil entrent dans le mouvement pour encadrer bénévolement des jeunes issus de milieux défavorisés. Ces jeunes qui s’engagent aux Unités Soleil comme chefs ou cheftaines sans y avoir été comme jeunes ne sont pas nécessairement issus d’un milieu populaire.
11Les jeunes musulmans membres des mouvements catholiques d’éducation populaire dans les années 1980 ont donc en commun d’être majoritairement issus de l’immigration maghrébine et de venir d’un milieu populaire. D’un point de vue religieux, ils sont majoritairement peu pratiquants.
Des jeunes majoritairement peu pratiquants
12En 1985, une responsable des Unités Soleil, Mama, témoigne du rapport à l’islam des jeunes musulmans de sa génération :
« Ce qui m’a paru évident c’était l’ignorance dans laquelle nous nous trouvions, nous Musulmans, par rapport à la religion de nos parents. Une religion qui se transmet de génération en génération surtout oralement par l’intermédiaire des écoles coraniques où l’on apprend d’abord le Coran (notre Livre sacré) par cœur, puis lorsque l’on connaît les 114 Sourates (Chapitres) par cœur alors et seulement on peut les expliquer ; mais nos parents, nos pères devrais-je dire, ne sont pas restés assez longtemps à l’école pour avoir le temps de tout comprendre. Nous-mêmes sommes incapables de lire le Coran en Arabe, nos parents, “analphabètes-bilingues”, n’en savent pas plus que nous.
Ce que nous connaissons de l’Islam ce sont ses manifestations visibles : les cinq prières par jour, […] le jeûne du Ramadan, […], les interdits alimentaires (vin, porc, viande non égorgée)36. »
13Ce constat de la faible connaissance qu’ont de l’islam la majorité des jeunes musulmans est omniprésent dans les archives des trois mouvements jusqu’au début des années 1990 et émane aussi bien des responsables catholiques que des jeunes maghrébins ou turcs eux-mêmes. Ces jeunes musulmans sont en cela représentatifs de leur génération, comme nous le montre l’enquête menée en 1989 par Jocelyne Cesari auprès de 272 musulmans, qui confirme le peu de connaissances qu’ont les jeunes musulmans de la tradition islamique et des prescriptions rituelles qui en découlent37. En effet, jusque dans les années 1970, l’attitude générale des musulmans vivant en France est une attitude de refoulement de leur appartenance islamique dans l’espace privé38 et il n’existe alors pas véritablement d’écoles coraniques pour les jeunes39. Dans la majorité des cas, la famille n’est pas non plus un espace d’apprentissage approfondi de l’islam car rares sont les parents qui détiennent un savoir scripturaire sur cette religion et qui respectent tous ses préceptes, comme le rappelle Mama dans son témoignage40. La transmission qui a lieu dans ces familles « à faible intégration religieuse41 » est faite de « trous et de silences », pour reprendre l’expression de Leïla Babès, et elle porte surtout sur l’éthique que se doit d’avoir un musulman (honnêteté, partage, etc.) et sur les observances de base de l’islam (interdiction de manger du porc et de boire de l’alcool, célébration des principales fêtes)42.
14À partir du milieu des années 1985, quelques responsables de club ACE évoquent dans leurs comptes rendus l’« école arabe », l’« école marocaine » ou l’« école des turcs » dans laquelle se rendent régulièrement les enfants musulmans et où ils apprennent à lire l’arabe pour pouvoir lire le Coran. Les années 1980 correspondent effectivement à l’essor des écoles coraniques en France. Cet essor est rendu possible par une évolution de la législation concernant les associations : jusqu’en 1981, la création d’une association par des étrangers nécessite une autorisation préalable, souvent refusée. Une loi du 9 octobre 1981 fait entrer les étrangers dans le droit commun des associations, ce qui donne lieu à un foisonnement associatif dans le milieu immigré43. Or ce changement législatif intervient pour les musulmans à un moment où la « demande d’islam » est forte car beaucoup d’immigrés maghrébins comprennent qu’ils sont engagés dans un processus inéluctable de sédentarisation en France, matérialisé notamment par la venue de leur famille pour nombre d’entre eux44. Dans ce contexte d’installation, la mise en œuvre des pratiques cultuelles islamiques va constituer un moyen d’éviter l’aliénation et d’échapper aux modèles allogènes de la société d’accueil. Une « totalisation existentielle » dans et par l’islam s’opère alors, c’est-à-dire un processus d’unification du groupe par les pratiques et le sens conféré au référent islamique45, et de plus en plus de musulmans vont donc refuser de cantonner leur appartenance islamique à la sphère privée46. Ils se constituent alors en associations pour œuvrer à la création de salles de prière islamiques en France, souvent situées dans des locaux loués ou prêtés par les sociétés HLM. C’est dans ces lieux de culte que vont souvent s’organiser des cours à destination des enfants47. Les livres utilisés pour ces cours sont le plus souvent édités par les pays d’origine (Algérie, Maroc, Tunisie, Turquie)48 et l’enseignement qui y est dispensé est très scolaire49. Nadia, membre d’un club Fripounet de Cholet en 1985, se plaint d’ailleurs de la dimension austère des cours d’arabe qu’elle suit à l’« école marocaine » et qui durent trois heures sans récréation avec un professeur qui n’est « pas bien50 ».
15À quelques rares exceptions près, les jeunes musulmans de l’ACE, de la JOC-F et des Unités Soleil n’ont donc que peu de connaissances sur l’islam, même si certains enfants de l’ACE commencent à fréquenter des écoles coraniques à partir de la seconde moitié des années 1980. Cette méconnaissance va de pair avec une faible pratique religieuse, voire avec une absence de pratique religieuse. Pour beaucoup, être musulman semble se traduire essentiellement par le fait de ne pas manger de porc, de vivre le ramadan comme un moment particulier – sans forcément respecter le jeûne – et de célébrer les grandes fêtes de l’islam. Kaltoume O., jociste à Sevran à la fin des années 1980, en témoigne :
« On va dire que j’avais une petite culture [musulmane] avec bon des choses comme le ramadan et tout ça, que je faisais parce que j’étais jeune et que je respectais la maison, quoi […]51. »
16À l’image de Kaltoume O., le ramadan apparaît comme central dans le vécu religieux de ces jeunes musulmans. Avec l’interdiction de manger du porc, le jeûne du ramadan est effectivement la pratique religieuse la plus suivie par les musulmans en France52, même dans les familles à « faible intégration religieuse », du fait de son aspect communautaire et festif53. Le fort respect du jeûne du ramadan peut aussi s’expliquer par le contrôle social important qui s’exerce pendant ce mois et qui fait qu’il est difficile de se détacher de ce qui semble être une norme54. Plusieurs jocistes musulmans témoignent ainsi qu’ils font le ramadan pour faire plaisir à leurs parents ou parce que ces derniers font pression en ce sens.
17À l’image de leur pratique du ramadan, la majorité des jeunes musulmans des mouvements étudiés semble considérer leur religion avant tout comme un héritage familial. Mabrouck, jociste à la fin des années 1970, l’exprime clairement :
« Je suis musulman parce que mes parents y sont. Allah et Dieu, c’est pareil. Ce serait pas bien de ma part vis-à-vis d’eux de ne pas y croire55. »
18En reprenant la typologie proposée par Jocelyne Cesari, ces jeunes musulmans peuvent être qualifiés d’« orthodoxes non pratiquants », qui ont une approche éthique de l’islam qui se manifeste par l’adhésion aux valeurs et à l’humanisme qui sous-tendent la pratique religieuse, sans pour autant se conformer à cette pratique, et pour qui l’adhésion à l’islam passe avant tout par la reconnaissance d’un héritage culturel56. Ils sont en cela représentatifs des jeunes musulmans de leur génération. Ce n’est en effet qu’à partir de la fin des années 1980 que les chercheurs mettent en évidence un phénomène de réappropriation personnelle de l’islam par les jeunes issus de l’immigration maghrébine ou turque57.
19Si la majorité des jeunes musulmans membres de l’ACE, de la JOC-F et des Unités Soleil entrent pleinement dans cette catégorie des « orthodoxes non pratiquants », quelques jeunes femmes entretiennent néanmoins une relation beaucoup plus ambivalente avec la religion de leurs parents. C’est le cas de Jamila, jociste de 18 ans en CET à la fin des années 1970 et de Chadia, jociste à Lyon au début des années 1980 :
« Bien qu’étant musulmane, je ne pratique pas ma religion. Pourquoi ? Tout d’abord, je désapprouve cette religion pleine de contraintes, d’interdits et de coutumes que je méprise et qui me révoltent. Je refuse les coutumes absurdes qui en découlent et que je qualifie comme étant tout à fait insolites et dépassées dans notre monde et notre société actuels58 » (Jamila).
« Le Coran c’est pour les hommes. Les femmes algériennes ne savent que se soumettre, les hommes disent que c’est Allah qui l’a voulu. Les femmes sont trop soumises à leurs Maris, moi je veux vivre ma vie. J’ai déjà refusé un mari en Algérie59 » (Chadia).
20Jamila ne précise pas quels sont les « contraintes », « interdits » et « coutumes » qui la révoltent, mais il est très probable que ce soit, comme Chadia, les injonctions portant spécifiquement sur les jeunes femmes (chasteté avant le mariage, vie confinée à l’intérieur, surveillance des parents et des grands-frères, pressions familiales autour du mariage…)60 et qui sont analysées par Farhad Khosrokhavar comme une manière pour les pères qui « se trouvent rabaissés et soumis à des mesures vexatoires dans la société, […] de conserver l’image mythique d’une homogénéité familiale fictive, dans une situation où la déviance des garçons doit être contrebalancée par le surplus de chasteté et d’irréprochabilité des filles61 ». Pour ces jeunes femmes, l’interprétation du Coran faite par leur entourage est donc vécue comme un instrument d’oppression et la JOC-F est un espace où elles peuvent mettre des mots sur un malaise qui préexistait probablement à leur entrée dans le mouvement. Fahrad Khoskokavar observe en effet ce phénomène de distanciation vis-à-vis de l’islam, ou en tout cas de remise en cause de certaines injonctions tenues au nom de l’islam, chez nombre de jeunes femmes musulmanes scolarisées en France dans les années 199062. Cette distanciation ne débouche néanmoins que rarement sur une rupture complète avec l’islam. Même Jamila, malgré les critiques assez véhémentes qu’elle porte envers l’islam, continue à se définir comme « musulmane ».
21Ainsi, du point de vue de leur origine migratoire, de leur milieu social, de leurs trajectoires scolaires ou professionnelles ou de leur pratique religieuse, les jeunes musulmans membres de la JOC-F ou de l’ACE sont représentatifs des jeunes musulmans de leur génération. À partir des années 1980, avec l’essor de l’immigration familiale, ils sont de plus en plus nombreux dans les mouvements étudiés.
Notes de bas de page
1Entretien avec Jean-Marie R. et Béatrice W. réalisé le 27 février 2014 à Mulhouse.
2Le Code français de la nationalité octroie la nationalité française aux enfants nés en France après le 1er janvier 1963 de parents nés en France ou nés en Algérie avant le 3 juillet 1962. C’est le cas de nombre d’enfants de familles algériennes membres de l’ACE et de la JOC-F des années 1970 aux années 1990. Jacqueline Costa-Lascoux, « L’immigration algérienne en France et la nationalité des enfants d’Algériens », in Larbi Talha et al., Maghrébins en France, émigrés ou immigrés ?, Paris, CNRS Éditions, coll. « Études de l’annuaire de l’Afrique du Nord », 1983, p. 314-316.
3Patrick Weil, La France et ses étrangers, l’aventure d’une politique de l’immigration, 1939-1991, Paris, Gallimard, 2004, p. 113-115.
4Marie-Claude Blanc-Chaléard, Histoire de l’immigration…, op. cit., p. 74.
5Muriel Cohen, Des familles invisibles…, op. cit., p. 457-459.
6Ibid., p. 459-473.
7Georges Abou Sada, « Générations issues de l’immigration : problèmes de définition et aspects démographiques », in Georges Abou Sada et Hélène Milet, Générations issues de l’immigration, Paris, Arcantère Éditions, 1986, p. 31-32.
8Muriel Cohen, Des familles invisibles…, op. cit., p. 481. Parmi ces « Algériens », ceux qui sont nés en France après 1963 sont en fait français mais l’Insee se fie aux déclarations des parents qui ignorent pour beaucoup que leur enfant est français par double droit du sol.
9Catherine Wihtol de Wenden, Citoyenneté, nationalité et immigration, Paris, Arcantère Éditions, 1987, p. 191. Aux États-Unis, l’expression de « deuxième génération » a un fondement juridique puisqu’elle désigne officiellement dans les recensements les Américains dont les parents sont nés à l’étranger. Gérard Noiriel, Le creuset français : histoire de l’immigration, xixe-xxe siècles, Paris, Seuil, 1988, p. 211.
10Emmanuelle Santelli, « De la “deuxième génération” aux descendants d’immigrés maghrébins. Apports, “heurts” et malheurs d’une approche en termes de génération », Temporalités, no 2, 2004, p. 29-43.
11Catherine Wihtol de Wenden, « La seconde génération », Projet, « Ces étrangers qui sont aussi la France », numéro spécial 171-172, 1983, p. 100-112. Catherine Wihtol de Wenden y affirme notamment qu’enfermer les jeunes algériens dans cette catégorie qui les renvoie à l’origine immigrée de leurs parents est une manière de les exclure de la société française, dans un contexte où une partie de la population n’accepte pas la présence et la visibilité sociale de ces jeunes.
12Ralph Schor, Histoire de l’immigration en France de la fin du xixe siècle à nos jours…, op. cit., p. 205.
13David Lessault et Cris Beauchemin, « Les migrations d’Afrique subsaharienne en France : un essor encore limité », Population & Sociétés, no 452, 2009, p. 1.
14Altan Gökalp, « L’immigration turque en Europe occidentale : repères et tendances », Travaux de l’Institut géographique de Reims, no 65-66, 1986, p. 153 ; Mahamet Timera et Julie Garnier, « Les Africains en France, vieillissement et transformation d’une migration », Hommes et migrations, no 1286-1287, 2010, p. 28.
15Marie-Claude Blanc-Chaléard, En finir avec les bidonvilles…, op. cit., p. 153-156.
16Muriel Cohen, Des familles invisibles…, op. cit., p. 117.
17Marie-Claude Blanc-Chaléard, En finir avec les bidonvilles…, op. cit., p. 153-156.
18Muriel Cohen, Des familles invisibles…, op. cit., p. 122-132.
19Ibid., p. 489-492.
20Ibid., p. 492-503.
21Marie-Claude Blanc-Chaléard, En finir avec les bidonvilles…, op. cit., p. 361.
22Patrick Weil, La France et ses étrangers…, op. cit., p. 384-385.
23RC 93, « Apport de l’A.C.E. à la réunion de la commission mixte, avril 1982 ».
24RC 93 2, « Rapport d’orientations de l’Action Catholique des Enfants, 9e Conseil national – mai 1985 ».
258 H 20, « Enfants Musulmans – monographie ».
269 H 8, « Monographie 1986-1987 club des étoiles ».
27Ralph Schor, Histoire de l’immigration en France de la fin du xixe siècle à nos jours…, op. cit., p. 241-243.
28Louis Dirn, Louis Chauvel, Michel Forcé, Henri Mendras et Laurent Mucchielli, « Chronique des tendances de la société française »…, art. cité, p. 94.
29Ralph Schor, Histoire de l’immigration en France de la fin du xixe siècle à nos jours…, op. cit., p. 243.
30Louis Dirn, Louis Chauvel, Michel Forcé, Henri Mendras et Laurent Mucchielli, « Chronique des tendances de la société française »…, art. cité, p. 96.
319 H 8, « Monographie 1986-1987 club des étoiles ».
32Serge Boulot et Danielle Boyzon-Fradet, Les immigrés et l’école : une course d’obstacle, Paris, L’Harmattan/CIEMI, 1988, p. 112.
33Serge Boulot et Danielle Boyzon-Fradet, Les immigrés et l’école…, op. cit., p. 122-124.
34Roxane Silberman, « Les enfants d’immigrés sur le marché du travail : les mécanismes d’une discrimination sélective », in François Héran, Maryse Aoudai et Jean-Luc Richard, Immigration, marché du travail, intégration : rapport du séminaire présidé par François Héran, Paris, La Documentation française, 2002, p. 301.
35Ibid., p. 302-309.
36C.93.22, Cap Soleil, no 9, 1985, p. 2-3.
37Jocelyne Cesari, Être musulman en France…, op. cit., p. 54.
38Ibid., p. 36.
39Ibid., p. 54. Quelques-unes existent déjà néanmoins. Baïda, jociste sur Marseille en 1973, va à l’« école arabe » pour apprendre l’arabe littéraire. Cf. 45 J 331, « Tournée Marseille 27-28 mars 1973 ».
40Cf. aussi par exemple l’entretien avec Jacques Jouham réalisé le 28 mai 2015 à Lyon.
41Omero Marongiu, L’Islam au pluriel, étude du rapport au religieux chez les jeunes musulmans, op. cit., p. 158-160.
42Leïla Babès, L’Islam positif…, op. cit., p. 118.
43Catherine Wihtol de Wenden et Rémy Leveau, La Beurgeoisie…, op. cit., p. 39.
44Gilles Kepel, Les Banlieues de l’islam…, op. cit., p. 10-11.
45Jocelyne Cesari, Être musulman en France…, op. cit., p. 37.
46Ibid., p. 10.
47Gilles Kepel, Les Banlieues de l’islam…, op. cit., p. 163-175.
48Marie-Laure Boursin, Construction de l’identité islamique : l’apprentissage religieux au sein des institutions religieuses et de la famille, thèse de doctorat en anthropologie sous la dir. d’Abderrahmane Moussaoui, université Aix-Marseille I, 2012, p. 183-188.
49Marie-Laure Boursin, Construction de l’identité islamique…, op. cit., p. 204-208.
509 H 8, « A.C.E. Monde ouvrier AI séminaire européen du 28 avril au 4 mai 1986. Monographie 6-12 ans monde ouvrier de Cholet dans le Maine et Loire de septembre 84 à juin 85 ».
51Entretien avec Kaltoume O. réalisé le 2 décembre 2014 au Havre.
52L’enquête menée en 1989 par Jocelyne Cesari le met en évidence. Jocelyne Cesari, Être musulman en France…, op. cit., p. 53.
53Omero Marongiu, L’Islam au pluriel, étude du rapport au religieux chez les jeunes musulmans, op. cit., p. 158.
54Marie-Laure Boursin, Construction de l’identité islamique…, op. cit., p. 325.
5544 J 1523, « Jeunesse Ouvrière Chrétienne, novembre 1980, Document commission immigrés JOC ».
56Jocelyne Cesari, L’Islam à l’épreuve de l’Occident, op. cit., p. 76.
57Cf. par exemple : Gilles Kepel, Les Banlieues de l’islam…, op. cit., chap. viii ; John Richard Bowen, Can Islam Be French?…, op. cit., chap. ii ; Catherine Wihtol de Wenden et Rémy Leveau, La Beurgeoisie…, op. cit., p. 100 ; Farhad Khosrokhavar, L’Islam des jeunes…, op. cit., p. 23-25 ; Leïla Babès, L’Islam positif…, op. cit., p. 118-122 ; Olivier Roy, L’Islam mondialisé…, op. cit., p. 10.
5845 J 191, La Jeunesse ouvrière, no 113, novembre-décembre 1978, p. 15.
5944 J 1461-1465, « Lyon, Philippe, immigrés ».
60Farhad Khosrokhavar, L’Islam des jeunes…, op. cit., p. 118-119.
61Ibid., p. 120-121.
62Ibid., p. 122.

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