Introduction
p. 7-22
Texte intégral
« Jeunesse ouvrière musulmane, nous qui à travers le monde, à travers les difficultés, la souffrance et la détresse, nous luttons hardiment, sans relâche, par des chemins mal éclairés, dans un monde très assombri autour de nous ; nous courons sans crainte courageusement pour dissiper ces immenses brouillards qui cachent notre personnalité et notre valeur humaine. Sans instrument, sans force matérielle, nous cherchons à déterrer la justice et la dignité. Au milieu de ce fort d’eau trouble, nous nous penchons davantage encore et notre regard parfois se perd au fond de ce fleuve. Nous ne rencontrons rien que la haine et le mépris… […]
Mais aujourd’hui, mes frères, regardez une porte toute grande s’ouvre devant nous. Donnons nous la main et tous ensemble allons franchir cette porte qui nous ouvre un nouveau chemin vers un nouveau monde où se construit la justice, l’égalité, la dignité que depuis longtemps nous cherchons. […]
Participer à la JOC c’est bâtir son avenir. Nous aussi, Musulmans, nous avons beaucoup à bâtir ; la JOC, qui a déjà bâti le sien ne fait que nous aider et nous donner l’exemple1. » (Mohamed, 15 mai 1968, Valence)
La présence de musulmans dans des mouvements catholiques : à la croisée de l’histoire sociale, de l’histoire du catholicisme et de l’histoire de l’islam
1Le 15 mai 1968, alors qu’une grève générale paralyse la France, Mohamed, un migrant algérien de 19 ans, prononce un discours exalté où il célèbre les événements en cours et encourage ses camarades à rejoindre le mouvement jociste. À l’image de Mohamed, des travailleurs migrants originaires des pays du Maghreb ou de Turquie, de confession musulmane, militent à la JOC-F (Jeunesse ouvrière chrétienne/Jeunesse ouvrière chrétienne féminine)2 depuis le début des années 1960. Cette expérience d’accueil de jeunes musulmans dans un mouvement catholique s’étend dans les années 1970 à de nouveaux mouvements, notamment l’ACE (Action catholique des enfants) et les Guides de France. Ce phénomène s’inscrit dans une période de croissance en France de la population issue de l’immigration maghrébine puis turque3. Jeunes adultes venus travailler sur les chantiers ou dans les usines, enfants ou adolescents nés en France ou arrivés en bas âge dans le cadre de l’immigration familiale, ils font la connaissance de l’ACE, de la JOC-F ou des Unités Soleil via des camarades d’usine, des voisins ou des amis. Comprendre l’histoire des musulmans membres de mouvements catholiques nécessite donc de retracer les trajectoires migratoires de ces « Maghrébins » ou de ces « Turcs », de nous intéresser à leurs conditions de vie, de travail ou d’étude en France. Pour cela, nous avons pu nous appuyer sur les travaux d’histoire ou de sociologie de l’immigration, particulièrement riches en ce qui concerne l’immigration algérienne et le logement des populations immigrées (bidonvilles, foyers de travailleurs, cités de transit, HLM), deux champs de recherche qui ont connu récemment des renouvellements importants en mettant notamment en exergue l’existence d’une immigration familiale algérienne dès les années 19504. Ces travaux sur l’immigration ne s’intéressent en revanche souvent que peu à la question de « l’islam “immigré”5 », c’est-à-dire aux pratiques religieuses des immigrés maghrébins et turcs. Celles-ci ont été principalement étudiées par les sociologues et politologues spécialistes de l’islam, dont les recherches montrent une tendance à la réappropriation de l’islam comme élément constitutif de leur identité par une partie des jeunes musulmans à partir de la seconde moitié des années 1980, dans un contexte d’institutionnalisation progressive de l’islam en France6. C’est à la lumière de leurs analyses que nous tenterons de rendre compte des trajectoires spirituelles des musulmans membres de l’ACE, de la JOC-F et des Unités Soleil.
2Étudier cette expérience d’accueil de jeunes musulmans dans des mouvements catholiques nécessite également de se plonger dans l’histoire de ces mouvements. Nous avons fait le choix de nous limiter aux mouvements catholiques d’éducation populaire, et, parmi eux, à ceux qui ont accueilli un nombre suffisamment important de jeunes musulmans pour que ce phénomène soit l’objet d’une réflexion menée au niveau national. Pour la période allant des années 1960 aux années 1980, trois mouvements sont concernés : l’ACE et la JOC-F, qui appartiennent tous deux à l’Action catholique spécialisée, et les Guides de France à travers leur proposition des Unités Soleil. Ces trois mouvements ont en commun de s’inscrire dans un catholicisme d’« ouverture », qui veut réconcilier la gauche et le christianisme et qui devient très visible à partir du concile, dont il partage les options les plus novatrices (réforme liturgique, réorganisation de l’Église autour de la participation des laïcs et de la collégialité, œcuménisme et dialogue interreligieux, ouverture à l’autonomie des réalités terrestres…)7. Des trois mouvements, c’est la JOC-F qui a fait l’objet du plus grand nombre de publications, du fait de sa place centrale dans l’Action catholique spécialisée et plus généralement dans l’apostolat des laïcs des années 1920 aux années 19708. La période sur laquelle nous travaillons, qui se situe à un moment de marginalisation progressive du mouvement dans un contexte de perte du mandat épiscopal et de concurrence avec des « mouvements à forte affirmation identitaire, mieux accordés au pontificat de Jean-Paul II9 », n’est cependant pas celle qui a été la plus étudiée. Nous avons pu néanmoins nous appuyer sur le travail d’Anthony Favier, qui propose dans sa thèse une minutieuse reconstitution de l’histoire de la JOC-F jusqu’à la fin des années 198010. L’ACE et les Guides de France n’ont pas connu un intérêt similaire à celui porté par les chercheurs à la JOC-F. Pour les deux mouvements, l’ouvrage de référence a été écrit par des acteurs de ces mouvements : Vincent Feroldi, un prêtre accompagnateur de clubs, pour l’ACE11 et Marie-Thérèse Cheroutre, une ancienne commissaire nationale, pour les Guides de France12. Si ces deux mouvements n’ont donc que très rarement été étudiés pour eux-mêmes, l’ACE est néanmoins régulièrement mentionnée dans les travaux sur l’Action catholique ou sur l’Église en milieu populaire13 et les Guides de France dans les ouvrages sur les Scouts de France, plus nombreux14. À partir du début des années 1990, un nouvel acteur apparaît, les Scouts de France, à travers leur proposition « Plein Vent » destinée aux jeunes de milieu populaire et lancée au moment où se développe la politique de la ville. Cette proposition a été principalement étudiée par Jean-Baptiste Gautier dans un mémoire de DESS écrit en 200315. Ancien animateur au sein de cette proposition, il a complété ses connaissances liées à son expérience personnelle par des entretiens avec quinze responsables « Plein Vent » en poste entre 1991 et 2003. La fusion en 2004 des Scouts de France et des Guides de France donne finalement naissance au dernier acteur associatif de notre thèse, les Scouts et Guides de France. Pour ce mouvement récent, nous n’avons pas connaissance d’étude historique déjà publiée et nous nous sommes donc uniquement appuyée sur les documents d’archives et les entretiens menés.
3Pour comprendre les évolutions dans la manière dont l’ACE, la JOC-F et le scoutisme catholique « de France » appréhendent la présence de jeunes musulmans, il nous faut enfin les remettre dans le contexte des évolutions internes au catholicisme français et plus généralement européen. Notre étude commence dans les années 1960, marquées par le concile Vatican II (1962-1965). Une des déclarations votées lors de la troisième session du concile, Nostra aetate, concerne les « relations de l’Église avec les religions non chrétiennes16 ». Il y est notamment affirmé :
« L’Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu unique, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes. Ils cherchent à se soumettre de toute leur âme aux décrets de Dieu, même s’ils sont cachés, comme s’est soumis à Dieu Abraham, auquel la foi islamique se réfère volontiers. Bien qu’ils ne reconnaissent pas Jésus comme Dieu, ils le vénèrent comme prophète ; ils honorent sa Mère virginale, Marie, et parfois même l’invoquent avec piété. De plus, ils attendent le jour du jugement, où Dieu rétribuera tous les hommes après les avoir ressuscités. Aussi ont-ils en estime la vie morale et rendent-ils un culte à Dieu, surtout par la prière, l’aumône et le jeûne.
Même si, au cours des siècles, de nombreuses dissensions et inimitiés se sont manifestées entre les chrétiens et les musulmans, le saint Concile les exhorte tous à oublier le passé et à s’efforcer sincèrement à la compréhension mutuelle, ainsi qu’à protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté17. »
4Cette déclaration positive sur les musulmans, dont la genèse a été étudiée par Dominique Avon dans son ouvrage sur les Dominicains du Caire18 et par Claire Maligot dans le cadre de sa thèse en cours sur « Vatican II et les non-chrétiens19 », imprègne fortement la réflexion des responsables des mouvements catholiques étudiés, qui la mobilisent pour légitimer leurs actions aux côtés des musulmans. Si l’accueil de musulmans à l’ACE, à la JOC-F et aux Unités Soleil s’inscrit donc dans la réception de cette déclaration, il s’inscrit aussi plus généralement dans le contexte des « années 196820 », qui sont une période d’effervescence pour les catholiques d’ouverture. Ces « années 1968 » ont fait l’objet de deux ouvrages importants parus dans les années 2010, l’ouvrage collectif À la gauche du Christ21, centré sur le cas français, et l’étude de Gerd-Rainer Horn, The Spirit of Vatican II Western European Progressive Catholicism in the Long Sixties, qui se situe dans un cadre européen22, ainsi que plus récemment d’une étude d’Yvon Tranvouez, L’ivresse et le vertige, Vatican II, le moment 68 et la crise catholique (1960-1980)23. Étudier l’accueil de jeunes musulmans dans les mouvements catholiques d’éducation populaire permettra, nous l’espérons, d’apporter un éclairage nouveau sur cette période déjà bien étudiée. Les travaux d’histoire ou de sociologie du catholicisme français portant sur la période postérieure – de la fin des années 1970 aux années 2010 – mettent quant à eux en évidence un basculement progressif de ce catholicisme d’ouverture vers un catholicisme plus identitaire, lorsque la « nouvelle évangélisation » appelée de ses vœux par Jean-Paul II prend peu à peu le pas sur l’« enfouissement »24. C’est à la lumière de ces travaux que nous rendrons compte des évolutions de l’ACE et de la JOC-F, qui tendent alors à mettre davantage l’accent sur leur projet apostolique, non sans conséquences pour leurs membres musulmans.
5Étudier la présence de jeunes musulmans dans des mouvements catholiques sur une période allant des années 1960 aux années 2010 nous inscrit donc à la croisée de l’histoire de l’immigration, de l’histoire du catholicisme et de l’histoire de l’islam en France. Notre perspective est celle d’une histoire sociale du religieux, qui s’appuie sur l’histoire orale pour rendre compte des expériences et des réflexions d’acteurs de terrain majoritairement issus de milieux populaires. Si notre sujet d’étude est peu connu, il a néanmoins été déjà partiellement étudié dans les années 1990 par deux chercheuses, Claire de Galembert et Leïla Babès. Dans sa thèse de doctorat en sciences politiques soutenue en 1995 et consacrée à l’attitude des Églises catholiques française et allemande à l’égard de l’islam, Claire de Galembert évoque la présence de jeunes musulmans à la JOC-F en s’appuyant sur les archives du Comité Maghreb. Elle retrace la tentative de création d’une Jeunesse ouvrière musulmane par des jocistes musulmans de Valence à la fin des années 196025 puis analyse, à partir d’un document produit par la JOC-F en 1990, les conséquences concrètes pour les jeunes musulmans du « recentrage » de la JOC-F sur son identité catholique26. Elle mentionne également la présence d’enfants musulmans à l’ACE27. Dans son ouvrage L’Islam positif paru en 1997, Leïla Babès s’intéresse davantage aux transformations spirituelles vécues par les jeunes musulmans qui ont côtoyé des catholiques, notamment dans le cadre de la JOC-F et des Unités Soleil des Guides de France28. Elle s’appuie pour cela sur une campagne d’entretiens menés en 1992 auprès de jeunes musulmans.
Maghrébins, musulmans ?
6Dans les archives des mouvements et les entretiens menés, les termes de « maghrébin » ou de « musulman » sont le plus souvent utilisés comme des synonymes. L’usage de l’un ou l’autre de ces termes dépend des périodes ou des contextes mais se fait a priori indépendamment de la pratique religieuse des jeunes concernés ou de la manière dont eux-mêmes se définissent. À la JOC-F, c’est le terme « maghrébin » qui est le plus fréquemment utilisé, et ce jusqu’à la fin des années 1980. Lors de nos entretiens avec d’anciens jocistes des années 1970 et du début des années 1980, ceux-ci exprimaient parfois leur gêne lorsque nous parlions des musulmans à la JOC-F et nous précisaient alors qu’ils étaient beaucoup plus considérés comme « Maghrébins » que comme « musulmans », à l’image de François C., responsable fédéral à Lyon entre 1978 et 1983 :
« Par des Maghrébins, enfin ça me gêne de dire musulmans parce qu’ils ne se revendiquaient pas comme tels […], contrairement à aujourd’hui29. »
7Cet usage de « maghrébin » ou de « maghrébine » est significatif du fait que la rencontre entre la JOC-F et ces jeunes issus de l’immigration maghrébine se fait sur le terrain de l’engagement social beaucoup plus que sur celui de la foi. La majorité d’entre eux découvrent le mouvement à travers les actions qui y sont menées, par exemple via les « comités chômeurs ». C’est donc comme « jeunes travailleurs exploités », chômeurs ou victimes du racisme et des expulsions qu’ils participent dans un premier temps aux actions de la JOC-F et ce n’est que dans un deuxième temps que ceux qui font le choix de s’engager davantage dans le mouvement découvrent la spiritualité jociste (révision de vie, célébrations) et sont amenés à se positionner comme musulmans, et à être considérés comme tels en retour par le mouvement. Dans les archives de la JOC-F, jusqu’au début des années 1980, l’usage des termes « maghrébin » et « musulman » dépend donc du contexte : lorsque l’auteur du document évoque de manière générale les activités d’une équipe, d’un « comité chômeurs » ou de jeunes travailleurs en lien avec la JOC-F, il utilise le plus souvent « maghrébin ». Lorsqu’il parle plus spécifiquement des temps de réflexion sur la foi, c’est « musulman » qui est majoritairement utilisé.
8À la fin des années 1980 cependant, l’usage du terme « maghrébin » est de moins en moins fréquent dans les archives de la JOC-F. Cela reflète la raréfaction de ce terme dans la société30 mais aussi une nouvelle approche par le mouvement de ceux qui étaient jusque là considérés sous un angle plus social que religieux. En effet, dans la seconde moitié des années 1980, un débat important a lieu à la JOC-F autour de la prise de responsabilités des musulmans : est-il possible pour un musulman d’avoir des responsabilités dans un mouvement catholique, sans partager une des caractéristiques fondamentales du mouvement ? La teneur de ce débat incite le mouvement à mettre davantage l’accent sur l’altérité religieuse des Maghrébins. Le terme de « musulman » est donc de plus en plus utilisé et il est souvent intégré dans de nouvelles expressions telles que « jeunes d’origine musulmane », « jeunes de culture musulmane » ou « jeunes de tradition religieuse musulmane ». Leur usage montre une réflexion du mouvement sur le choix d’une dénomination suffisamment générale pour respecter la liberté de chaque jeune de définir son appartenance religieuse. En avril 1991, Tonio Silveira, permanent jociste, écrit ainsi au SRI (Secrétariat des relations avec l’islam) pour demander conseil au sujet de cette question de la dénomination, à l’occasion de la publication d’une synthèse sur les musulmans à la JOC-F :
« il nous manque en effet, le titre : “Les jeunes d’origine musulmane en JOC-JOCF”, nous semble erroné. On a essayé de tourner dans tous les sens, “jeunes de culture musulmane”, etc., certains de nos membres ne sont pas musulmans seulement leur famille mais ils ont une histoire… Les jeunes que l’on rejoint ne sont pas tous du Maghreb, certains sont turcs…
Vous serait-il possible de nous aider en nous proposant quelques titres31 ? »
9Michel Serain lui répond en mai en proposant deux titres : « En Équipes J.O.C.-J.O.C.F. Des jeunes d’origine musulmane en recherche » ; « Avec des Jeunes d’origine musulmane en équipes J.O.C.-J.O.C.F. », qu’il assortit du commentaire suivant :
« À la limite il est possible d’employer l’expression “musulmans” au lieu “d’origine musulmane” car être musulman n’est pas seulement croire selon l’Islam mais c’est aussi une appartenance culturelle et communautaire. Selon l’Islam, tout enfant né d’un père musulman est en droit musulman32. »
10C’est finalement l’expression « jeunes de tradition religieuse musulmane » qui est retenue par le mouvement.
11À l’ACE, les enfants musulmans sont le plus souvent définis à travers le prisme de leur confession religieuse plutôt qu’à travers celui de leur origine migratoire : les termes « enfants musulmans » ou « musulmans » sont donc très fréquemment utilisés dans les documents qui les évoquent, beaucoup plus que ceux de « maghrébins », « enfants maghrébins », « turcs » ou « enfants turcs ». L’usage des termes « maghrébins » ou « turcs » se retrouve néanmoins dans certains comptes rendus écrits par des accompagnateurs de clubs et cet accent mis sur l’origine migratoire dans le choix de la dénomination ne signifie a priori pas une moindre importance accordée à la dimension religieuse, qui est souvent présente. Il révèle par contre parfois une attention portée aux spécificités culturelles des enfants turcs ou d’origine turque et des enfants maghrébins ou d’origine du Maghreb, à l’image de cette réflexion de deux responsables de l’ACE à Nantes au milieu des années 1980 :
« Les maghrébins n’ont pas la même manière de voir que nous, pas la même façon de suivre les choses. Si un copain arrive au moment de la réunion c’est le copain qui passe avant. Il nous invite à boire le thé juste au moment où on va chercher les enfants pour la réunion… Alors on ne sait pas on réfléchit… On comprend, c’est comme ça que ça se passe, c’est à nous de nous adapter33. »
12Le terme « maghrébin » est également utilisé par des responsables de l’ACE dans le cadre de réunions avec des responsables de la JOC-F et de l’ACO qui, eux, utilisent fréquemment ce terme jusque dans les années 1980. Si, sur le terrain, l’usage des termes « maghrébin », « turc » ou « musulman » semble donc le plus souvent équivalent, il est néanmoins intéressant de noter que la commission nationale de réflexion sur la présence d’enfants musulmans en ACE MO (Action catholique des enfants en monde ouvrier) souligne à trois reprises, en 1985, en août 1987 puis en octobre 1987 que les responsables doivent être attentifs à distinguer les « enfants musulmans » des « enfants de culture maghrébine ». Cette commission, à laquelle participent plusieurs prêtres spécialistes du dialogue interreligieux (Jean-Pierre Roche, Roger Michel, Michel Serain), est donc le lieu d’une réflexion sur l’emploi du terme « musulman » auquel il est donné un sens strictement religieux et non culturel. Cette réflexion débouche sur l’utilisation d’une nouvelle expression, « enfant de famille musulmane », qui devient la dénomination officielle au sein du mouvement à partir de la diffusion en 1988 d’un document « Points de repère » sur les enfants de familles musulmanes en ACE MO :
« Pour simplifier les choses, nous adopterons désormais le terme d’enfants de familles musulmanes. En effet, leur lien avec l’Islam vient de leur famille. Nous ne pouvons préjuger de leur attachement personnel à la religion musulmane. Ils se situent comme « musulmans » pour des raisons tant culturelles que religieuses34. »
13Aux Unités Soleil, l’accent mis sur la valorisation des dimensions pluriculturelle et plurireligieuse des unités se traduit dans les termes utilisés pour nommer les jeunes. Lorsque leur participation au mouvement est évoquée de manière générale, ils sont le plus souvent désignés par leur nationalité ou la nationalité de leurs parents. Les nationalités algérienne, tunisienne, marocaine, française, sénégalaise et portugaise sont les plus fréquemment évoquées. L’usage de « maghrébin » est donc rare, au profit de dénominations géographiques plus précises qui correspondent au projet du mouvement de valoriser chaque jeune dans sa culture propre. Au contraire, quand les documents s’attachent aux aspects religieux du projet des Unités Soleil, les jeunes sont évoqués à travers leurs confessions religieuses. Ils sont désignés comme musulmans ; catholiques, protestants ou chrétiens ; bouddhistes. À partir du milieu des années 1990, les expressions « jeunes de tradition chrétienne » ou « jeunes de tradition musulmane » apparaissent, en même temps qu’une nouvelle catégorie, les « croyants autrement35 » (agnostiques). Ces nouvelles dénominations, qui s’ajoutent à celles déjà existantes, témoignent d’une réflexion accrue sur le respect du positionnement religieux des jeunes. Aux Scouts de France, on constate une alternance entre l’usage des expressions « maghrébin », « jeune d’origine maghrébine », « jeune d’origine musulmane » et « musulman », manifestement utilisées comme des synonymes. C’est cependant le terme de « musulman » qui est le plus souvent utilisé. Après la fusion en 2004 des Guides de France et des Scouts de France, seul le terme de « musulman » continue à être utilisé.
14Devant ce constat d’un usage des termes de « musulman », de « maghrébin » ou de « turc » davantage lié au contexte qu’à la manière dont les jeunes eux-mêmes se définissent, nous avons fait le choix d’utiliser dans ce travail toutes les sources évoquant des jeunes « maghrébins », « turcs » ou « musulmans ». Dans ces documents, certains de ces jeunes se présentent comme musulmans, d’autres évoquent indirectement leur confession musulmane à travers le respect de l’interdiction de manger du porc ou la fête du ramadan, d’autres enfin n’ont pas l’occasion de s’exprimer sur ce sujet. Parmi ces derniers, il est possible que certains ne se définissent pas comme musulmans36 mais les études sociologiques menées en France depuis les années 1980 nous montrent que la très grande majorité des jeunes issus de l’immigration maghrébine et turque se définissent comme musulmans, quel que soit leur degré de pratique religieuse37.
Entre archives et histoire orale
15Pour étudier cette présence de jeunes musulmans à l’ACE, à la JOC-F et au scoutisme catholique « de France », nous avons eu accès aux archives de ces mouvements38. Pour l’ACE, celles-ci étaient encore majoritairement conservées au siège du mouvement, à Montrouge, au moment où nous les avons consultées. Elles ont été depuis intégralement transférées au Centre national des archives de l’Église de France (CNAEF). Dans ce fonds, plusieurs cartons sont explicitement consacrés à la présence d’enfants musulmans en clubs – par exemple les cartons 8 H 20 (enfants musulmans en milieu rural) et 9 H 8 (enfants musulmans en monde ouvrier) – ce qui nous a facilité le travail de dépouillement. C’est pour la seconde moitié des années 1980 que ce fonds s’est avéré le plus riche. Cela correspond de fait à la période où la réflexion sur la présence d’enfants musulmans en clubs a été la plus active, ainsi qu’à un moment où la permanente en charge de cette thématique, Catherine Bony, était manifestement très sensible à la problématique de la conservation des archives39. Après son départ, en juillet 1989, la quantité de documents archivés baisse sensiblement mais nous en avons encore jusqu’au début des années 2000. En complément de l’analyse de ce fonds, nous nous sommes rendue au CNAEF pour y consulter des dossiers qui y avait déjà été déposés, concernant notamment l’ACE MI (Monde indépendant). Nous avons également dépouillé les dossiers « ACE » conservés au Secrétariat des relations avec l’islam (SRI), alors situé 71 rue de Grenelle dans le 7e arrondissement parisien. Le SRI, qui a joué un rôle de référent sur l’islam pour les mouvements étudiés, a en effet archivé tous les documents en sa possession traitant de la présence de jeunes musulmans dans ces mouvements (correspondance avec les responsables des mouvements, publications des mouvements, articles de La Croix, comptes rendus d’événements où le SRI était invité…). Pour la JOC-F, nous nous sommes rendue aux archives départementales des Hauts-de-Seine, où les archives du mouvement ont été versées pour la période allant de sa fondation jusqu’en 1985. Contrairement à l’ACE, les musulmans n’ont pas fait l’objet de dossiers spécifiques : ils sont englobés dans la catégorie « immigrés ». Pour la période postérieure à 1985, nous n’avons pas eu l’autorisation de consulter les archives conservées au siège du mouvement, à Courbevoie, car celles-ci n’étaient pas classées. Nous avons cependant pu accéder à un certain nombre de documents sur cette période via les archives de l’ACE, des SGDF (Scouts et Guides de France), du SRI et de la Mission ouvrière de Lyon. Nous avons également pu consulter le fonds de la fédération jociste de Roubaix-Tourcoing, fonds qui a été déposé aux Archives nationales du monde du travail (Roubaix) au début des années 2000 et qui couvre la période 1931-1995. Du fait du nombre élevé de jocistes musulmans dans cette fédération et de l’importance de la réflexion qui y a été menée, ce fonds s’est avéré très riche pour notre sujet et d’un intérêt qui dépasse amplement la seule histoire locale. Pour le scoutisme catholique « de France », les archives étaient conservées au siège des SGDF, alors situé rue de la Glacière à Paris. Nous avons pu lire l’intégralité des dossiers concernant les Unités Soleil et le scoutisme « Plein vent ». Nous avons également eu le droit d’accéder aux dossiers concernant la proposition « scoutisme en quartiers » des SGDF, qui n’avaient pas encore été archivés. Comme pour l’ACE et la JOC-F, nous avons complété notre dépouillement par la lecture des dossiers « scoutisme » des archives du SRI.
16Les documents conservés dans ces fonds d’archives étaient de nature variée : beaucoup de comptes rendus de réunions ou de temps forts ; des documents officiels (amendements, rapports moral ou d’orientation votés lors des conseils nationaux, dossiers de demande de subventions par exemple) ; des témoignages de jeunes musulmans ; des correspondances entre responsables ou avec des spécialistes de l’islam ou du dialogue interreligieux (et même des courriels imprimés pour la période la plus récente) ; des synthèses ou enquêtes réalisées par les mouvements sur la présence de jeunes musulmans ; des extraits de publications ou de bulletins internes aux mouvements ; des articles parus dans la presse ; des ressources sur l’islam ou le dialogue interreligieux utilisées par les responsables ; des « monographies » écrites par des responsables locaux sur la vie de leur équipe ou de leur club, etc. Ces documents, très majoritairement manuscrits ou dactylographiés, n’étaient pas toujours identifiables ou complets : absence de date, présence d’un simple prénom pour désigner le rédacteur ou le destinataire, pages manquantes, passages illisibles du fait de la mauvaise qualité du papier ou de la graphie, rangement dans un carton non coté ou à l’extérieur des cartons ont été les principales difficultés auxquelles nous avons été confrontées. L’orthographe et la syntaxe de ces documents étaient parfois très fautives, notamment lorsqu’ils émanaient de personnes dont le français n’était pas la langue maternelle. Dans nos citations, nous avons fait le choix de restituer ces erreurs sans les indiquer par [sic], pour ne pas alourdir la lecture.
17Au vu de l’extrême contemporanéité de notre sujet, nous avons aussi procédé à plus de cinquante entretiens (individuels ou collectifs) semi-directifs avec les acteurs de notre sujet40. Ces entretiens ont été enregistrés avec un dictaphone puis retranscrits avec le parti pris de la plus grande fidélité possible à la syntaxe de nos interlocuteurs. Pour retrouver les personnes concernées, nous sommes partie des noms trouvés dans les documents d’archives, en cherchant des coordonnées sur Internet. Une fois les premiers acteurs contactés, ils nous ont souvent recommandée auprès d’autres acteurs. Il nous a été relativement facile de retrouver les anciens aumôniers et responsables laïcs des mouvements, grâce à leur bonne visibilité sur Internet (sites des diocèses, des paroisses ou des associations dans lesquelles ils ont généralement continué à s’investir) et au système de recommandation. Pour les anciennes responsables, nous nous sommes parfois heurtée à la difficulté du changement de nom d’usage. C’est cependant les jeunes musulmans eux-mêmes que nous avons eu le plus de difficulté à retrouver, parce que nous n’avions souvent qu’un prénom (parfois accompagné de l’initiale du nom de famille) et parce qu’ils avaient globalement laissé moins de traces sur Internet. Nous avons néanmoins réussi à entrer en contact avec certains d’entre eux grâce aux Pages jaunes ou par recommandation. Une fois les acteurs retrouvés, nous n’avons été que très rarement confrontée à des refus de témoigner, ce qui est sans doute à mettre en lien avec le regard souvent très positif qu’ils posaient sur leur expérience au sein des mouvements. N’ayant pas formellement demandé l’autorisation à ces acteurs de mentionner leur identité dans notre travail de thèse, nous avons décidé d’anonymiser partiellement celle-ci en ne mentionnant que leur prénom et l’initiale de leur nom. Nous avons fait une exception pour les prêtres, religieux et religieuses, personnalités publiques.
18Malgré nos efforts importants pour retrouver les musulmans ayant fait partie des mouvements étudiés, la majorité des entretiens réalisés l’ont été auprès d’anciens aumôniers ou responsables catholiques de ces mouvements. Ce déséquilibre vient amplifier un déséquilibre déjà présent dans les documents d’archives, qui émanent le plus souvent des responsables des mouvements, même si on y trouve également des témoignages de jeunes musulmans. C’est donc avec un point de vue qui est majoritairement celui des responsables catholiques que nous nous proposons d’étudier la présence des jeunes musulmans dans ces mouvements. Ce point de vue n’est pas sans conséquences : les informations que nous avons sur les jeunes musulmans sont souvent imprécises, à commencer par leur rapport à leur identité confessionnelle.
Du tiers-mondisme au dialogue interreligieux
19En nous appuyant sur ces matériaux, nous verrons comment une rencontre entre des jeunes travailleurs maghrébins et des mouvements catholiques d’éducation populaire, initiée dans les années 1960 sur le terrain du militantisme politique, a été peu à peu analysée et théorisée en termes de dialogue interreligieux, en lien avec l’émergence de cette thématique dans la société française et dans l’Église.
20Pour cela, notre étude débute dans les années 1960, qui correspondent à la prise de conscience par les responsables de la JOC-F de la présence de jeunes « maghrébins » dans le mouvement. Le rassemblement national de « Paris 67 », au cours duquel un « temps musulman » est organisé, est de ce point de vue une date charnière. Cette rencontre entre des jeunes maghrébins, migrants ou issus de l’immigration, et la JOC-F puis l’ACE se fait grâce à la mobilisation de militants jocistes ou de responsables de l’ACE sur les lieux de travail ou de vie de ces jeunes maghrébins (chapitre i). Dans le double contexte intellectuel et religieux du tiers-mondisme et de l’enfouissement, l’accent est avant tout mis par les responsables des mouvements sur l’appartenance de ces jeunes maghrébins à la classe ouvrière et sur la nécessité absolue de respecter leur altérité religieuse (chapitre ii). Ce deuxième point se traduit notamment par une réflexion sur la meilleure manière pour les mouvements de s’adapter d’un point de vue institutionnel à ces jeunes musulmans (chapitre iii).
21De la fin des années 1970 à la fin des années 1980, période traitée dans une seconde partie, le nombre de jeunes musulmans membres de l’ACE et de la JOC-F augmente. Leur sociologie est à l’image de la jeunesse musulmane de France : des jeunes de milieu populaire, majoritairement issus de l’immigration familiale en provenance du Maghreb et peu pratiquants (chapitre iv). Ils se concentrent dans certaines fédérations, notamment celles de l’agglomération lilloise, et les plus investis militent en interne pour une évolution des mouvements vers une organisation pluriconfessionnelle (chapitre v). Cette augmentation du nombre de jeunes musulmans à la JOC-F et à l’ACE, la reconfessionnalisation des deux mouvements d’Action catholique spécialisée dans le contexte de la « Nouvelle Évangélisation » mais aussi l’émergence de la question de l’islam au sein de l’Église catholique et dans le débat public français ont comme conséquence une intensification de la réflexion des responsables de la JOC-F et de l’ACE sur les implications religieuses de la présence de ces jeunes musulmans : comment concilier projet apostolique et ouverture à tous ? Cette réflexion aboutit à la définition de limites mises à l’accueil des jeunes musulmans, notamment au sujet de leur prise de responsabilités. Ces limites vont à l’encontre des pratiques des fédérations qui concentrent les jeunes musulmans, ce qui engendre des tensions au sein des deux mouvements (chapitre vi). Elles contrastent également avec les orientations des Unités Soleil, fondées dans la seconde moitié des années 1970, qui font le choix de se définir officiellement comme pluriconfessionnelles et commencent à utiliser l’expression de « dialogue islamo-chrétien » (chapitre vii). Malgré leurs divergences de positionnement, les trois mouvements ont néanmoins en commun d’être pour leurs membres musulmans des espaces de réappropriation de leur identité confessionnelle musulmane, dans un cadre propice aux questionnements spirituels. Cet approfondissement de leur foi musulmane dans un contexte catholique n’est cependant pas exempt de conséquences sur leur manière d’appréhender cette foi et engendre des phénomènes de « mimétisme spirituel41 » (chapitre viii).
22Le tournant du xxie siècle, analysé dans une troisième partie, est le moment d’une double évolution. Le nombre de jeunes musulmans membres de l’ACE et de la JOC-F diminue, dans un contexte où ces deux mouvements connaissent un déclin général du nombre de leurs adhérents et où ils continuent par ailleurs à réaffirmer leur projet apostolique (chapitre ix). Au même moment, au contraire, les jeunes musulmans se font plus nombreux aux Scouts de France puis aux Scouts et Guides de France, principalement dans le cadre de leurs propositions spécifiques pour les jeunes de milieu populaire (chapitre x). À ce passage de relais entre mouvements s’ajoute une évolution dans leur manière de rendre compte de cette expérience d’accueil de jeunes musulmans. Dans un contexte où les initiatives interreligieuses se multiplient et sont de plus en plus valorisées par l’Église, c’est désormais au prisme du « dialogue interreligieux » et du vivre-ensemble que les mouvements analysent et médiatisent ce qui se vit au sein de leurs propositions éducatives (chapitre xi).
Notes de bas de page
144 J 227, « JOC Valence. Mai 1968. Immigrés Mohammed 19 ans ».
2Le sigle JOC-F désigne l’entité composée de la JOC et de la JOCF.
3Ralph Schor, Histoire de l’immigration en France de la fin du xixe siècle à nos jours, Paris, Armand Colin, coll. « U », no 263, 1996, p. 212.
4Muriel Cohen, Des familles invisibles : politiques publiques et trajectoires résidentielles de l’immigration algérienne (1945-1985), thèse de doctorat en histoire sous la dir. d’Annie Fourcaut, université Paris I, 2013 ; Marc Bernardot, Loger les immigrés. La Sonacotra 1956-2006, Vulaines-sur-Seine, Les Éditions du Croquant, 2008 ; Marie-Claude Blanc-Chaléard, En finir avec les bidonvilles. Immigration et politique du logement dans la France des Trente Glorieuses, Paris, Publications de la Sorbonne, 2016 ; Emmanuel Blanchard, Histoire de l’immigration algérienne en France, Paris, La Découverte, 2018.
5Abdelmalek Sayad, « L’islam “immigré” », in Carmel Camilleri, Abdelmalek Sayad et Isabelle Taboada-Leonetti (dir.), L’immigration en France, le choc des cultures. Actes du colloque « Problèmes de culture posés en France par le phénomène des migrations récentes », mai 1984, La Tourette, Centre Thomas More, 1987, p. 109-129.
6Par exemple : Jocelyne Cesari, Être musulman en France. Associations, militants et mosquées, Paris/Aix-en-Provence, Karthala/IREMAM, 1994 ; Gilles Kepel, Les Banlieues de l’islam : naissance d’une religion en France, Paris, Seuil, 1987 ; Olivier Roy, L’Islam mondialisé, Paris, Seuil, 2002 ; Farhad Khosrokhavar, L’Islam des jeunes, Paris, Flammarion, 1997 ; Leïla Babès, L’Islam positif : la religion des jeunes musulmans de France, Paris, Les Éditions de l’Atelier, 1997 ; Catherine Wihtol de Wenden et Rémy Leveau, La Beurgeoisie : les trois âges de la vie associative issue de l’immigration, Paris, CNRS Éditions, 2007 ; Bruno Étienne, La France et l’islam, Paris, Hachette, 1989 ; Jonathan Laurence, Justin Vaïsse et Olivier Roy, Intégrer l’Islam : la France et ses musulmans, enjeux et réussites, traduit par Jean-Marc Dreyfus, Paris, Odile Jacob, 2007 ; Jocelyne Cesari, L’Islam à l’épreuve de l’Occident, Paris, La Découverte, 2004 ; John Richard Bowen, Can Islam Be French ? Pluralism and Pragmatism in a Secularist Qtate, Princeton, Princeton University Press, 2010 ; Franck Frégosi, L’islam dans la laïcité, Paris, Fayard, 2011 ; Florence Bergeaud-Blackler, Le marché halal ou l’invention d’une tradition, Paris, Seuil, 2017.
7Céline Béraud, Denis Pelletier et Philippe Portier, « Portrait du catholicisme en France », in Alfonso Perez-Agote (dir.), Portraits du catholicisme, une comparaison européenne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012, p. 154-158.
8Cf. par exemple : Jean Suzanne, La JOC dans le Midi toulousain, thèse de doctorat en histoire sous la dir. de Rolande Trempé, université Toulouse II, 1980 ; Joseph Debès et Émile Poulat, L’appel de la J.O.C. (1926-1928), Paris, Éditions du Cerf, coll. « Histoire », 1986 ; Pierre Pierrard, Michel Launay et Rolande Trempé, La J.O.C. : regards d’historiens, Paris, Éditions ouvrières, 1984 ; Françoise Richou, La J.O.C.F. dans l’Ouest, thèse de doctorat en sociologie sous la dir. de Michel Verret, université de Nantes, 1986 ; Jean-Pierre Coco et Joseph Debès, 1937, l’élan jociste, le dixième anniversaire de la JOC, Paris, Éditions ouvrières, 1989 ; Gérard Cholvy, « Aux origines de la JOC (1927-1943) », in Collectif, La JOC a-t-elle fait son temps ? Actes du colloque de l’Institut catholique de Paris, 16 octobre 1998, Cahiers de l’Atelier, no 484, Paris, Les Éditions de l’Atelier, 1999, p. 8-24 ; Denis Pelletier, « L’identité jociste à l’épreuve des Trente Glorieuses », in Collectif, La JOC a-t-elle fait son temps ?, op. cit., p. 25-40 ; Anthony Favier, Égalité, mixité, sexualité : le genre et l’intime chez de jeunes catholiques du mouvement de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC-F), dans les années 68 et au-delà (1954-1987), thèse de doctorat en histoire sous la dir. de Claude Prudhomme, université Lumière Lyon II, 2015.
9Yvon Tranvouez, Catholicisme et société dans la France du xxe siècle. Apostolat, progressisme et tradition, Paris, Karthala, 2011, p. 60-61.
10Anthony Favier, Égalité, mixité, sexualité…, op. cit.
11Vincent Feroldi, La force des enfants. Des Cœurs vaillants à l’ACE, Paris, Éditions ouvrières, 1987.
12Marie-Thérèse Chéroutre, Le scoutisme au féminin. Les Guides de France, 1923-1998, Paris, Éditions du Cerf, 2002.
13Cf. par exemple : Pierre Pierrard, L’Église et les ouvriers en France, 1940-1990, Paris, Hachette, 1991 ; Ludovic Laloux, Passion, tourment ou espérance ? Histoire de l’Apostolat des laïcs, en France, depuis Vatican II, Paris, F. X. de Guibert, 2002 ; Denis Pelletier, La crise catholique : religion, société, politique en France (1965-1978), Paris, Payot, 2002.
14Cf. par exemple : Philippe Laneyrie, Les Scouts de France : l’évolution du mouvement des origines aux années quatre-vingt, Paris, Éditions du Cerf, 1985 ; Gérard Cholvy et Marie-Thérèse Cheroutre (dir.), Le scoutisme, quel type d’hommes, quel type de femmes, quel type de chrétiens ?, Paris, Éditions du Cerf, 1994 ; Christian Guérin, L’Utopie Scouts de France, Paris, Fayard, 1997 ; Jean-Jacques Gauthé, Le scoutisme en France. Inventaire de la bibliographie et des sources, Montpellier, université Paul Valéry, 1997 ; Lionel Christien et Jean-Jacques Gauthé, « Paris-Alger. Les Scouts de France et la guerre d’Algérie », in Nicolas Bancel, Daniel Denis et Youssef Fates, De l’Indochine à l’Algérie, la jeunesse en mouvements des deux côtés du miroir colonial (1940-1962), Paris, La Découverte, 2003, p. 262-272 ; Gérard Cholvy (dir.), Le scoutisme, un mouvement d’éducation au xxe siècle, dimensions internationales, Montpellier, Presses universitaires de la Méditerranée, 2003.
15Jean-Baptiste Gautier, Scouts de France et politique de la ville. Le projet Plein Vent, un scoutisme pour tous ?, mémoire de DESS sous la dir. de Jean Bourrieau, université Paris VIII, 2003.
16Giuseppe Alberigo et Étienne Fouilloux, Histoire du Concile Vatican II, 1959-1965, t. V : Concile de transition, Paris/Louvain, Éditions du Cerf/Peeters, 2005, p. 275-286.
17[http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_decl_19651028_nostra-aetate_fr.html], consulté le 27 janvier 2019.
18Dominique Avon, Les frères prêcheurs en Orient. Les Dominicains du Caire (années 1910-années 1960), Paris, Éditions du Cerf, 2005, p. 777-807.
19Claire Maligot, Vatican II et les non-chrétiens. Débuts d’une diplomatie interreligieuse (1945-1968), thèse d’histoire en cours sous la dir. de Denis Pelletier, EPHE.
20Gerd-Rainer Horn et Yvon Tranvouez, « L’esprit de Vatican II : catholiques de gauche en Europe occidentale dans les années 68. Introduction », Histoire@politique, no 30, décembre 2016, [https://www.histoire-politique.fr/index.php?numero=30&rub=dossier&item=277], consulté le 15 septembre 2022.
21Denis Pelletier et Jean-Louis Schlegel (dir.), À la gauche du Christ, les chrétiens de gauche en France de 1945 à nos jours, Paris, Seuil, 2012.
22Gerd-Rainer Horn, The Spirit of Vatican II Western European Progressive Catholicism in the Long Sixties, Oxford, Oxford University Press, 2015.
23Yvon Tranvouez, L’ivresse et le vertige, Vatican II, le moment 68 et la crise catholique (1960-1980), Paris, Desclée de Brouwer, 2021.
24Céline Béraud, Denis Pelletier et Philippe Portier, « Portrait du catholicisme en France », art. cité, p. 154-158. Cf. aussi : Ludovic Laloux, Passion, tourment ou espérance ?…, op. cit. ; Gérard Cholvy et Yves-Marie Hilaire, Le Fait religieux aujourd’hui en France : les trente dernières années (1974-2004), Paris, Éditions du Cerf, 2005 ; Jean-Louis Schlegel, « Vers la fin d’une parenthèse », in Denis Pelletier et Jean-Louis Schlegel, À la gauche du Christ, les chrétiens de gauche en France de 1945 à nos jours, Paris, Seuil, 2012, p. 541-576 ; Yann Raison du Cleuziou, Qui sont les cathos aujourd’hui ? Sociologie d’un monde divisé, Paris, Desclée de Brouwer, 2014.
25Claire de Galembert, L’Attitude de l’Église catholique à l’égard des musulmans en France et en Allemagne ou le pari sur l’islam de l’Église de France, thèse de doctorat en sciences politiques sous la dir. de Rémy Leveau, IEP de Paris, 1995, p. 236-242.
26Ibid., p. 349-352 et 371-372.
27Ibid., p. 242 et 370-371.
28Leïla Babès, L’Islam positif…, op. cit., p. 67-93.
29Entretien avec François C. réalisé le 24 mai 2014 à Lyon.
30À partir des années 1980, les immigrés maghrébins sont de plus en plus souvent désignés comme des « musulmans ». Yvan Gastaut, L’immigration et l’opinion en France sous la Ve République, Paris, Seuil, 2000, p. 492-518.
31RC 93, « Lettre de Tonio Silveira (secrétaire aux relations internationales) au SRI, datée du 26 avril 1991 ».
32RC 93, « Lettre de Michel Serain à la J.O.C., datée du 8 mai 1991 ».
336 D 6, « Rencontre de Marie-Laure Goude et Yvette Rannou reprise d’une session sur l’islam de juillet 85 feuille Jo MOULET ».
349 H 8, « Points de repère, enfants de familles musulmanes. Monde ouvrier – 1988-1989 ».
35Sur la genèse de cette formule, cf. Robert Pousseur, En quête d’identité. Des jeunes ensemble : chrétiens, musulmans et « croyants-autrement », Paris, Les Éditions de l’Atelier, 1997, p. 60.
36Sayad Adbelmalek critique vivement l’équivalence faite souvent entre origine ethnique et confession musulmane : Sayad Abdelmalek, Histoire et recherche identitaire, Saint-Denis, Éditions Bouchène, 2002, p. 100.
37Jocelyne Cesari, Être musulman en France…, op. cit., p. 53 ; Omero Marongiu, L’islam au pluriel, étude du rapport au religieux chez les jeunes musulmans, thèse de doctorat en sociologie sous la dir. de Gabriel Gosselin, université Lille 1, 2002, p. 47-48 ; John Richard Bowen, Can Islam Be French ?…, op. cit., p. 1.
38Dans le cadre de cette publication, nous avons fait le choix de ne mentionner les références des documents d’archives et des entretiens que lorsque nous en citions un extrait. Le lecteur intéressé trouvera les références plus exhaustives dans notre manuscrit de thèse.
39Cf. par exemple : 9 H 8, « Recherches enfants de familles musulmanes – Synthèse effectuée pour tuilage avec Catherine Bony (juillet 89) ».
40Sur l’usage des sources orales en histoire : Florence Descamps, François Monnier et Dominique Schnapper, L’Historien, l’archiviste et le magnétophone : de la constitution de la source orale à son exploitation, Paris, ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2001.
41Leïla Babès, L’Islam positif…, op. cit., p. 93.

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