Le recrutement des musiciens pour les fêtes à l’époque hellénistique : le cas messénien*
p. 279-306
Texte intégral
1« Aucune activité humaine ne pouvait se passer de musique » rappelle
2A. Bélis en introduction à son livre sur les musiciens dans l’Antiquité1. Les actes constitutifs du culte ne faisaient pas exception à cette « règle ». La musique figurait en bonne place dans les relations qu’entretenaient les Grecs anciens avec leurs dieux. La plupart des fêtes avaient leur couleur musicale, c’est au son de l’aulos que s’ébranlait le cortège pour se rendre à l’autel2 et les sacrifices étaient bien souvent accompagnés d’hymnes rituels3, parce que la musique constituait un adjuvant efficace, sinon indispensable. Ce n’était pas une réjouissance de plus ajoutée aux divertissements de la fête ; par le rythme qu’elle imprimait aux chants notamment, la musique participait du sacré, elle contribuait à l’efficacité des rites4.
3L’objet de cette communication n’est cependant pas de me livrer à un examen des conceptions religieuses des Grecs concernant la musique, mais de m’intéresser à une question plus institutionnelle, celle du recrutement des musiciens pour les fêtes. Le thème peut sembler éculé. On sait en effet depuis bien longtemps qu’à l’époque hellénistique les cités faisaient appel à des musiciens professionnels, groupés au sein d’associations de Technites dionysiaques (σύνοδοι νs κοινὰ τῶν περὶ τῶν Διονυσιακῶν τεχνιτῶν)5 animer tout ou partie de leurs fêtes6. Toutefois, bien des détails de la procédure de recrutement de ces musiciens – qu’ils soient d’ailleurs groupés au sein d’associations ou non – nous échappent encore. Ce qui tient moins, je crois, à l’indigence des sources, qu’à l’orientation générale de la recherche en la matière et à l’appétence des chercheurs pour l’étude du métier de musicien7. Preuve en est la récente allusion d’Andrea Scheithauer à « l’adjudication des tâches artistiques », dans un article consacré aux aulètes dans le théâtre grec à l’époque hellénistique8. Cette assertion a d’autant plus piqué ma curiosité que je n’ai pas trouvé confirmation, dans les sources, d’un tel « procédé d’élection ». En outre, il m’a semblé que le problème se posait avec encore plus d’acuité pour les musiciens que je qualifierais de « musiciens de culte », c’est-à-dire des musiciens spécialement recrutés pour satisfaire au service du culte. Il n’est certes pas toujours facile de les identifier puisque les musiciens antiques, capables tout à la fois de venir concourir, d’offrir des auditions ou de jouer à l’occasion des sacrifices, ne se laissent pas facilement enfermer dans des catégories. Participer aux actes constitutifs du culte ne constitue bien qu’un aspect du métier de musicien. En outre, on sait qu’à l’époque hellénistique les fêtes déclinent la plupart du temps leur programme en sacrifices et concours, de sorte qu’il n’est pas toujours facile de dire si tel ou tel musicien est venu pour participer à un agôn ou pour prêter son concours à l’accomplissement des sacrifices. Cela étant, un texte permet cependant d’apporter des éléments de réponse à cette importante question du recrutement des musiciens pour les fêtes, tout en faisant fi des concours : l’inscription messénienne relative aux Mystères d’Andanie9. Un texte remarquable à différents égards, par le luxe de détails qu’il livre sur la procédure mise en place bien évidemment – un luxe certes relatif, mais à ma connaissance sans équivalent, sinon à considérer le règlement eubéen relatif au recrutement de technites pour les Dionysies et les Démétrieia10 – mais également, comme on va voir, par la terminologie utilisée par les rédacteurs du règlement cultuel. Je m’en tiendrai donc ici, pour l’essentiel, au recrutement des musiciens pour les sacrifices et les Mystères d’Andanie.
Des « liturges » pour les sacrifices et les Mystères
4Rappelons rapidement, pour commencer, l’objet de ce règlement. Il s’agit, pour Messène, d’édicter un certain nombre de règles concernant l’organisation de sacrifices et de Mystères, à la faveur d’une réforme cultuelle intervenue en 92 av. J.-C. à l’initiative d’un certain Mnasistratos11. Cette réforme a, semble-t-il, consisté en l’adjonction de mystères au programme de la fête12.
5Aussi les rédacteurs du diagramma se sont-ils souciés de requérir un personnel nombreux, afin que les « participants », οἱ τελούµενοι τὰ µυστήρια (§3 l. 14 et § 4 l. 15), candidats à l’initiation13, puissent « accomplir les sacrifices et les Mystères » (§9 l. 39 : αἱ θυσίαι καὶ τὰ µυστήρια συντελεῖται14) dans de bonnes conditions. Des « magistrats » ad hoc tout d’abord : les Dix, les Cinq et les fameux hiéroi et hiérai, c’est-à-dire des magistratures collégiales créées de toute pièce en 92 av. J.-C15. Des magistrats « ordinaires » ensuite, comme le gynéconome de la cité et l’agoranome, ainsi que des « techniciens » au nombre desquels on compte des musiciens spécialement recrutés pour l’occasion. S’il n’est rien dit du mode de désignation du gynéconome, de l’agoranome, de l’arguroskopos16, du héraut, du devin et autre architecte de la cité, un paragraphe intéresse, lui, 17 précisément le mode de recrutement des musicien17.
6§13, l. 73-75
Τεχνιτᾶν εἰς τὰς χοριτείας. Οἱ ἱεροὶ προγραϕóντω κατ҆ ἐνιαυτờν τοὐς λειτουρήσοντας ἔν τε ταῖς θυσίαις καὶ κιθαριστάς, ὅσους κα εὑρίσκωντι εὐθέτους ὑπάρχοντας, καὶ οἱ προγραϕέντς λειτουργούντω τοῖς θεοῖς.
« Des artistes pour les performances chorales. Les hiéroi inscriront chaque année les aulètes et citharistes qui officieront (tous leitourgèsontas) dans les sacrifices et les Mystères, autant qu’ils en trouveront de capables ; que ceux qui auront été inscrits officient pour les dieux (leitourgountô tois theois). »
7Les hiéroi, c’est-à-dire des « magistrats » à double qualification, politique et religieuse, sont donc à Messène en charge du recrutement des artistes, τεχνῖται, « pour les performances chorales », εἰς τὰς χοριτείας. Précisons d’emblée que le terme choriteias figure bien sur la pierre et qu’il n’est pas nécessaire de l’imputer, comme le fit Sauppe (1860), à une erreur du lapicide, par contamination avec le technitan qui précède18. Outre le fait qu’il est toujours déplaisant d’avoir à corriger un texte pour le comprendre, Hiller von Gaertringen (1922) a montré qu’il devait s’agir d’une forme locale du mot, de la même manière qu’à Lykosoura on retrouve l’expression καὶ ἱερατείαις καὶ τέκνων Κορειτήαις 19. Il est par conséquent fondé à en faire un synonyme de choreia, puisqu’au § 19 (voir infra) la liste des participants au repas sacré précise que ne sont conviés que « ceux des artistes qui auront pris part aux chœurs » (καὶ τῶν τεχνιτᾶν τοὺς λει[το]υ[ργή]σαντας [ἐν τα]ῖς χορείαις). Ce génitif partitif indique nécessairement que seuls les technites qui ont officié en tais choreiais (§19) participent au repas sacré. Il ne peut à l’évidence s’agir que des musiciens, aulètes et citharistes, inscrits eis tas choriteias (§13). Nous y reviendrons. Quoiqu’il en soit, les artistes qui nous intéressent ont bien des musiciens recrutés pour être accompagnés par les chœurs de la cité. Cela participe de l’évolution générale de la musique chantée et du primat de l’instrumentiste sur le chœur20. D’ailleurs, on sait par un contrat d’apprentissage publié par D.
8Delattre et A. Bélis que l’accompagnement constituait un volet important de la formation musicale du jeune Narcisse21. Rien là que de bien original donc.
9Un autre trait de vocabulaire va, lui, nous retenir un peu plus longuement. Il s’agit de l’utilisation du verbe leitourgeô, au participe futur ou aoriste, pour décrire la participation de ces musiciens, c’est-à-dire le fait de réaliser une prestation musicale. L’utilisation de leitourgeô pour qualifier l’activité de musiciens est en effet suffisamment rare pour que l’on s’y arrête. Dès lors, la question qui se pose est de savoir quelle logique peut prévaloir dans le choix, par les rédacteurs du règlement, de ce terme plutôt qu’un autre ? De savoir ce qui, chez ces musiciens – dont, soit dit en passant, rien ne permet de dire qu’ils appartiennent à une association de Technites dionysiaques22 – invite à les qualifier de « liturges » ? C’est à cette question que je vais, dans un premier temps, tenter de répondre.
10Certes, le spectre sémantique couvert par leitourgeô est suffisamment vaste pour pouvoir qualifier tout à la fois le fait, pour le citoyen fortuné, d’apporter sa contribution financière pour le bien commun23 et de procréer, aux dires d’Aristote, des enfants légitimes24. Ici même, les musiciens ne sont pas seuls qualifiés de leitourgoi. L’arguroskopos doit apporter sa contribution dans les mêmes termes25, tout comme Mnasistratos26, le héraut, le devin et l’architecte27. Le terme désigne avant tout un « service », ainsi que l’indiquent les lexicographes qui, pour une entrée « λειτουργóς », renvoient à ὑπηρέτης28, et plus précisément un « service public », comme le suggère son étymologie (λήϊτον, ἒργον)29. Ces musiciens leitourgoi accomplissent donc un service commun, à l’occasion d’une fête qualifiée, qui plus est, de panègyrie, c’est-à-dire de fête commune (§ 21l. 103 et § 23 l. 112). Toutefois, ces quelques considérations étymologiques s’avèrent insuffisantes pour rendre pleinement compte de l’utilisation de ce terme. Il nous faut venir au contexte.
11Associé, comme c’est ici le cas, à tois theois, leitourgeô implique une participation aux actes constitutifs du culte, pour ne pas dire une participation active à la célébration du culte. À côté de l’institution athénienne de l’époque classique, il n’est pas rare en effet que le verbe λειτουργεῖν et ses dérivés s’appliquent au « service du culte », ainsi que le traduit Aubonnet dans un passage des Politiques d’Aristote30 ; voire au fait d’exercer une prêtrise, comme il ressort des attendus d’un décret thasien pour une nommée Épié, au Ier siècle av. J.-C.31. Les exemples ne manquent pas. En Thessalie, M. Lejeune a attiré l’attention sur l’existence d’un verbe λειτορεύω, « exercer une prêtrise32 » À Rhamnonte, des « magistrats » (portant respectivement les titres de ὑποστάτης, ἐπιτίθηνος, ἀγκωνοϕóρος, ἀδαμμα) sont qualifiés de λιτουργοί du culte d’Agdistis33. Dans le même décret de Rhamnonte, le verbe litourgein est également utilisé pour décrire le droit accordé par le Conseil à un certain Zénon d’Antioche d’assumer une fonction dans le culte des dieux de Rhamnonte : ἐξεῖναι Σήνωνι (Σήνωνος) ’Aντιοχεῖ λιτουργεῖν τοῖς θεοῖς τοῖς ἐν ‘Pαμνοῦντι (l. 16-17). À Lébadée, encore, le jeune affranchi Andrikos consacré à Zeus Basileus et à Trophonios assurera dorénavant un service liturgique lors des sacrifices offerts à ces divinités (IG VII, 3083, l. 23-26 : Ἀνδρικòν δὲ λειτωργῖµεν ἐν τῆς θοσιης τῶν θιῶ[ν] οὕτων)34. Athénée a, quant à lui, recours au substantif leitourgia pour désigner le rôle des hérauts lors des sacrifices et à l’occasion des prestations de serment35. Enfin, et la liste n’est pas exhaustive, dans le décret relatif au culte de Zeus Sosipolis de Magnésie du Méandre daté de 197-196 av. J.-C., le participe lètourgountos qualifie la participation rituelle du stéphanéphore, du héraut sacré et du sacrificateur, en compagnie du prêtre et de la prêtresse d’Artémis Leukophryénè36. Il n’est guère besoin d’insister davantage.
12C’est ainsi qu’il convient précisément, je crois, de comprendre le sens de leitourgeô dans l’inscription des Mystères. Certes, rien dans la sémantique de leitourgeô ne conduit a priori à attribuer à ce mot une signification religieuse ou cultuelle. Accomplir un service public, tel est le sens obvie du mot, cependant qu’ici le contexte implique qu’il s’agit d’un service cultuel. Ces musiciens qui leitourgousi font bien figure de « musiciens de culte37 » dont l’activité ne peut être confondue avec celle des musiciens de concours, ou agônistai, venus éprouver leur virtuosité ou donner des auditions38. La terminologie utilisée est alors bien différente et traduit, il me semble, un rapport différent au sacré. À côté du simple agônizomai pour désigner le fait de prendre part à un agôn, ou de épitélein ce pour quoi le musicien a été engagé, d’autres expressions s’appliquent plus particulièrement à de simples auditions39. Il s’agit de épidexeis poièisthai ou d’aparchestai.
13Ainsi, une trentaine de « textes choragiques » déliens connus sous le nom de Tabulae Archontum, c’est-à-dire des listes dressées par l’archonte annuel de Délos, et répartis entre les années 284 et 170 a.C., ont-elles conservé, année après année, les noms des musiciens s’étant produit dans l’île40. Ces listes sont introduites par l’expression oἵδε ἐπεδείξαντο τῶι θεῶι dans les textes les plus anciens, et par oἵδε τῶι θεῶι ἠγωνίσαντο à partir de 236 (IG XI, 120). Toutefois, précise L. Robert, ces listes n’ont rien à voir avec les catalogues agonistiques, quand bien même les rédacteurs ont eu recours à ἀγωνίξεσθαι41. C’est à l’occasion de leur venue pour les concours que ces musiciens en ont profité pour offrir « au dieu », c’est-à-dire à Apollon, une audition : ἐπιδείξεις ἐποιήσαντο τῷ θεῷ42 .
14L’idée d’offrande ressortit également à l’utilisation du verbe ἀπάρχεσθαι, c’est-à-dire offrir les prémices (ἀπαρχή) de son art, offrir la démonstration de sa technè, le simple ἀπάρχεσθαι étant devenu, dit L. Robert, synonyme de ἐπιδείξεις ποιεἳσθαι43. C’est ainsi que la joueuse de harpe Polygnota de Thèbes, dont on discute encore pour savoir si elle était venue prendre part aux concours pythiques ou non, profita de sa venue à Delphes en 86 av. J.C. pour « donner des auditions » (ἀπάρξατο l. 6) en tant que choropsaltria44. Quant aux musiciens qui se sont produits au théâtre d’Iasos à l’occasion de la fête annuelle des Dionysies au IIe siècle av. J.-C., dont une soixantaine d’inscriptions nous ont conservé le nom45, ils se sont contentés d’une simple « prestation », parodos, à l’occasion d’un « spectacle », théa. Ce dont témoigne la double formule καὶ ἡ πάροδος εὖρεν δραχμήν, ἡ δὲ θέα ἐγένετο δωρεάν qui suit et le nom du généreux donateur et le nom de l’artiste avec sa spécialité, c’est-à-dire « la prestation [de l’artiste] a rapporté une drachme, le spectacle eut lieu gratuitement », comme le traduit Migeotte.
15Certes, comme le note L. Robert au sujet des fêtes (ἡ πανήγυρις l. 19) de Dionysos Kadmeios à Thèbes dites triétérides (αἱ τριετηρίδες l. 7, 14 et 35) comprenant un sacrifice (ἡ θήσία l. 11 ; ἡ θυσία τῶν τριετηρίδων l. 18 et 33) et des concours (ἀγῶνες l. 12, 33 et 37)46, lorsque les technites étaient conviés à venir participer à une fête comprenant un concours, ces derniers pouvaient également être amenés à participer aux sacrifices47. Il ne semblait d’ailleurs pas en aller autrement à Messène. En outre, les musiciens se devaient d’être polyvalents comme le confirme le contrat d’apprentissage du jeune Narcisse qui, soit dit en passant, mentionne au nombre des airs à apprendre par le futur instrumentiste cinq λειτουργίαι, que l’on traduira par « liturgies » ou « offices48 ». De sorte que la catégorie de musiciens de culte que nous avons définie peut sembler bien artificielle. Toutefois, il n’en demeure pas moins que le choix des termes utilisés pour qualifier la performance des musiciens reste signifiant et que l’utilisation de leitourgeô implique un rapport particulier à la sphère du sacré. Ici encore, le vocabulaire s’avère être un bon guide pour classer et comprendre.
16Il existe bien une distribution différencielle des termes leitourgeô, agonizomai, épideixeis poieô ou aparchestai, et la logique qui préside à cette distribution, tout en permettant de faire le départ entre participation aux concours, participation au culte et simples auditions ou spectacles musicaux, traduit bien un rapport différent au sacré et participe de la dialectique du commun et du particulier, du koinon et de l’idion49. En effet, comme nous l’avons relevé dès l’introduction, ces musiciens liturges ne sont pas là pour relever l’éclat de la fête mais pour contribuer au bon déroulement des actes constitutifs du culte, à leur efficacité. Ils sont littéralement investis d’une charge par la cité, ce qui en fait des musiciens de culte. Il n’est alors question ni de participation à un concours ni d’acte de dévotion individuel. À Messène, comme ailleurs, la célébration de la fête devait favoriser la venue de musiciens dans des circonstances sur lesquelles nous reviendrons, cependant que tous n’étaient pas recrutés pour jouer lors des sacrifices et des Mystères. Seuls étaient tenus de leitourgein tois théois les musiciens que les hiéroi avaient sélectionnés ès qualité.
17Par ailleurs, si le règlement relatif aux Artémisia d’Érétrie (LSCG, 92, Ive siècle av. J.C.) entend que tous les concurrents du concours musical « prennent part à » la procession de manière à ce que sacrifice et pompè revêtent le plus d’éclat possible (l. 38-40 : συµποµπευóντων δὲ καὶ οἱ τῆς µουσικῆς ἀγωνισταὶ πάντες, ὅπως ἂν ὡς καλλίστη ἡ ποµπὴ και ἡ θυσια γένηται), cette participation, c’est-à-dire le fait de sumpompeuein, n’implique pas qu’ils aient dû jouer à cette occasion50. Au contraire, l’utilisation de leitourgeô dans l’inscription des Mystères dénote, ainsi que le terme est passé en français, en anglais, en italien et en allemand, un rapport étroit au sacré. Cette notion, sans être consubstantielle à leitourgeô, lui est liée. Qui plus est, dans le célèbre décret des Amphictions (vers 278 av. J.-C.), dont on a retrouvé un exemplaire au théâtre de Dionysos à Athènes et un second à Delphes, ces derniers se prévalent justement du fait que les Technites d’Athènes sont impliqués dans l’accomplissement du rituel pour leur concéder un certain nombre de privilèges. Asylie, atéleia, asphaleia, exemption d’eisphora et de service militaire leur sont en effet accordés ὅπως τοῖς θεοῖς αἱ τιµαὶ καὶ θυ[σίαι ἐ]ϕ҆ ὅς εἰσι τεταγµένοι οἱ τεχνῖται, συντελῶνται ἐν τοῖς καθήκουσιν χρóνοις, ὅντων αὐτω[ν ἀπολυπραγ]µονήτων καὶ ἱερῶν πρòς τῶν θεῶ[ν λειτοήργί]αις « afin que les honneurs et les sacrifices dûs aux dieux soient accomplis dans les temps voulus par les technites qui y sont préposés en étant eux-mêmes à l’abri des peines et dans de bonnes conditions pour satisfaire aux services des dieux51 ».
18Enfin, je trouve confirmation de cette lecture dans le fait que ces mêmes musiciens liturges participent ensuite au repas sacrificiel en compagnie des hiéroi, des hiérai, de Mnasistratos, ainsi que du prêtre et de la prêtresse des dieux dont on célèbre les Mystères et de la prêtresse du Karneios.
Des technites à l’autel
§ 19, l. 95-99
‘Ιεροῦ δείπνου. Οἱ ἱεροὶ ἀτò τῶν θυμάτων τῶν ἀγομένων ἐν τᾶι τομται ἀφελóντες ἀϕ ἑκάστου τὰ νóμι[μα] τοῖς θεοῖς [τὰ λοι]πὰ κρέα καταχρησάσθωσαν εἰς τò ιερòν δεῖπνον μετὰ τᾶν ὶερᾶν καὶ παρθένων, καὶ παραλαβόντω τόν τε ἱερῆ [καὶ τὰ]ν ἱέρεαν τοῦ Καρνείου καὶ Mνασὶστρατον καὶ τὰν γυναῖκά τε καὶ τὰς γενεὰς αὐτοῦ καὶ τῶν τƐχνιτᾶν τοὺς λει[το]υ[ργή]σαντας [ἐν τα]ῖς χορƐίαις καὶ τᾶν ὑπηρƐσιᾶν τoὐς λƐιτoνργῦντας αὐτοῖς· καὶ εἰς τὰ λοιπὰ δαπανάματα μὴ πλεῖον ἀνάλωμα [π]οιοῦντες δραχμᾶν vacat.
« Du repas sacré. Les hiéroi, après avoir prélevé sur chacune des victimes conduites dans la pompè les parts d’usage pour les dieux, emploieront entièrement le reste des viandes pour le repas sacré, en présence des hiérai et des parthénoi, auquel ils recevront le prêtre et la prêtresse [sous-entendu « des dieux dont on célèbre les Mystères »], la prêtresse du Karneios, Mnasistratos avec sa femme et ses enfants, ceux des artistes qui auront officié (tous leitourgèsantas) dans les chœurs, ainsi que les assistants qui auront officié en leur compagnie, sans que cela ne procure une dépense supérieure à… (vacat) drachmes52. »
19Ce repas n’entre pas dans le cadre de ce que Pauline Schmitt Pantel appelle les « repas communautaires ou publics ». Ce n’est pas la cité qui banquète ici, le repas est « sacré », hiéros, et est réservé à un cercle restreint de personnes. On sait combien nos catégories du sacré et du profane s’avèrent inopérantes en Grèce ancienne, de sorte que l’on a peine à rendre l’adjectif hiéros par une traduction française appropriée. Aussi, quand bien même tout repas participe en Grèce ancienne du « religieux », ce repas est-il à considérer comme plus sacré que les autres53. Ce repas est hiéros, et la liste même des participants dit leur implication cultuelle54. Ces technites, c’est-à-dire les aulètes et citharistes sélectionnés pour les chœurs, n’y participent qu’en raison de leur implication cultuelle, de leur rôle dans l’accomplissement des sacrifices et des Mystères55. Toutefois, cette participation appelle quelques remarques.
20Tout d’abord, ces musiciens viennent accompagnés d’hupèrésiai. Hupèrésia désigne d’ordinaire le matelot ou le rameur, le manoeuvre ou l’artisan, bref des gens de service56. Ici, il faut évidemment comprendre qu’il s’agit d’assistants.
21L’expression ne fait pas difficulté, même s’il est généralement fait état, non pas d’hupèrésiai, mais des musiciens et de leurs ἀκóλουθοι ou de leurs συνεργαζóµενοι, ainsi que l’indiquent deux décrets amphictioniques relatifs, l’un aux
22Ptôa d’Akraiphia57, l’autre aux fêtes de Dionysos Kadmeios de Thèbes58.
23L’expression n’est cependant pas sans parallèle. Joint à technitai, hupèrésia figure également dans un décret des technites en vue de la célébration des concours des Dionysies iasiennes59. Malgré les difficultés financières de la cité, il est en effet prévu que le koinon des Technites d’Ionie et de l’Hellespont dépêche un certain nombre de musiciens accompagnés de leurs assistants (σὺν ταῖς ὑπηρεσίαις)60. Ils font partie de ce personnel subalterne jamais nommé (cf.
24I.v. Iasos, 152, l. 37sv. l’expression οἵδε ἐνεµήθησαν σὺν ταῖς ὑπηρεσίαις « voici ceux qui ont été désignés avec leurs assistants » est effectivement suivie de la liste des musiciens61, mais les noms des hupèrésiai ne figurent pas sur la pierre).
25En revanche, il n’est pas rare qu’ils bénéficient, comme ici, des privilèges accordés aux musiciens qu’ils assistent62.
26Musiciens et assistants recevaient régulièrement, outre leur salaire (misthos), une indemnité en nature (sitèrésion), ainsi que nous l’apprennent un certain nombre de textes épigraphiques63, mais aussi quelques contrats d’engagement de musiciens inscrits sur papyrus. Reste cependant à savoir si ces lettres-contrats peuvent avantageusement se substituer aux contrats qui nous font défaut en Grèce propre ? On sait combien la mise en série de documents papyrologiques et épigraphiques s’avère souvent illusoire, quand elle ne relève pas du champ de la comparaison anthropologique. L’étude de Jean Winand sur les hiérothytes a bien montré qu’il ne fallait pas être abusé par les ressemblances de forme et qu’un décalage important pouvait exister entre ces deux aires géographiques64. Quoi qu’il en soit, nous éviterons d’y traduire indifféremment leitourgein par « donner des auditions » ou « représentations », ainsi que le fit P. Collart65. Il se trouve en effet que quand la participation des artistes ne s’y énonce pas sous la forme sunpanègurizein ou suneortazein66, c’est le verbe leitourgein qui revient avec une fréquence remarquable pour y qualifier l’activité des musiciens67. Dans un contrat passé entre un certain Philosarapis et un aulète de métier ([αὐ]λητῇ τὴν ἐργασίαν l. 1-2) du nom d’Onnôphris, des musiciens accomplis sont engagés pour « faire leur office », λειτο[υργ]ήσαντας, pendant six jours à l’occasion des festivités du village de Tebtunis (l. 4-5 ἑορτῆς οὔσης ἐν κώµῃ Τεπτύνι) ainsi pour un banquet ( ?) (l. 8)68. Quand les cinq présidents du village de Souïs (prostatai kômès) passent contrat avec Copreus, leader d’une harmonie d’aulètes et de musiciens (ho proestôs sumphônias aulètôn kai mousikôn), c’est pour que ces derniers officient (leitourgèsontas) pour les gens du village pendant les cinq jours de fête (eph’ hèmeras heortôn pente)69. L’expression s’applique également à l’activité de danseuses, de gymnastes ou d’aulètrides70. Tout cela semble donc cohérent. Leitourgeô semble le verbe approprié pour désigner l’activité des musiciens de culte. On notera cependant qu’aucun contrat ne fait état de la présence des musiciens à un éventuel repas sacré. Ce qui m’amène à aborder la question des avantages qui leur sont consentis.
27On considère généralement que les musiciens étaient intéressés au partage sacrificiel. Pourtant, nonobstant les récentes remarques de Nordquist71 (1993, p. 92), cet usage semble bien moins établi qu’il n’y paraît. On connaît en effet la réputation d’écornifleur qu’Aristophane fit à Chairis. Dans La Paix, 950-955, au moment de sacrifier, tout le monde semble craindre la venue de cet aulète parasite et, qui plus est, médiocre72 ; et le chœur d’entonner :
Οὔκουν ἁμιλλήσεσθον ; ὡς
ἢν Χᾶιρις ὑμᾶς ἲδῃ,
πρύσεισιν αὐλήσων ἄκλη-
τος, κᾆτα τοῦτ҆ εὖ οἷδ҆ ὅτι
ϕυσῶντι καὶ πονουμένῳ
προσδώσετε δήπου.
« Mais rivalisez donc d’empressement. Car si Chairis vient à vous voir, il s’approchera pour flûter sans être invité ; et alors je suis sûr qu’en le voyant souffler et peiner, vous lui donnerez, naturellement » (trad. Van Daele).
28Mais cette allusion ne doit pas faire illusion, d’autant que l’activité de Chairis confine à la bômolochia, ainsi que la définissent grammairiens et lexicographes73. Chairis, eu égard à ses talents de musicien, en est réduit à mendier à l’autel, selon une conduite que le scholiaste, avide de considérations étymologiques 74 et imbu de culture livresque, qualifiera de bômolochia75. Mais cette conduite ne constitue pas à proprement parler un acte rituel ou ritualisé76, il s’agit pour le bômolochos, ici un pauvre hère, là un chenapan, de profiter de la tenue d’un sacrifice pour jouer les piques-assiette77. On voit que cela n’a rien à voir avec le fait d’octroyer réglementairement une part sacrificielle à tel ou tel musicien.
29Quant aux pièces épigraphiques du dossier rassemblé par Norquist, force est de reconnaître qu’elles se prêtent difficilement à une mise en série. Des quatre textes cités, seuls deux s’avèrent en effet comparables78 : le règlement des Mystères d’Andanie (p. 92-93), dont on a vu qu’il ne prévoyait la présence que des seuls musiciens ayant joué pour les chœurs, et le décret relatif au culte de Zeus Sosipolis de Magnésie du Méandre daté de 197-196 av. J.-C.79 (p. 93). En revanche, le règlement cultuel d’Andros daté du ve siècle av. J.-C. concernant l’envoi d’une théorie à Delphes (où l’inscription a été mise au jour)80 ne peut pas faire office de texte parallèle. Cette théorie comprend trois archithéores ; le devin ; l’archonte, le héraut, l’aulète ; le pilote, le kéleustès et le prôrétès ; des prêtres et, éventuellement, le basileus ; enfin cinq personnages choisis par la Boulè parmi les Andriens préposés aux théories, ainsi qu’un nombre indéterminé de personnes accompagnant la théorie à titre privé. Et l. 11-14 il est précisé : Δέ[ρ]|µα δὲ ϕερέτο κῆρυ[ξ], αὑλε|τής, κελευστης ἕκαστος|τῶν δηµοσίον (ίερείων) « Pourront emporter chacun une peau des victimes publiques : le héraut, l’aulète, le kéleuste (chef des rameurs)81 ». Mais comme le dit G. Daux, la mention des deux techniciens que sont le héraut et l’aulète après l’archonte rappelle un passage sur les salaires (µισθοϕοροῦσι) de l’Athènaiôn politeia où Aristote précise qu’à Athènes les neuf archontes reçoivent chacun 4 oboles par jour, de manière à pourvoir à la nourriture d’un κῆρυξ, et d’un αὐλητής82. En conséquence, si l’on devait rapprocher ce joueur d’aulos d’un autre musicien, ce serait de l’aulète mentionné au § 24 de l’inscription des Mystères.
§24, l. 115
Καὶ ἐν τoῖς μυστηρίοις συνλειτουργούντω τoῖς ἱεροῖς καὶ ὁ κᾶρυξ καὶ αὐλητὰς καὶ μάντις καὶ ἀρχιτέκτων.
« Que dans les Mystères, le héraut, (l’)aulète, (le) devin et (l’)architecte officient de concert (sunleitourgountô) avec les hiéroi. »
30Les hiéroi sont flanqués d’un architecte, d’un devin, d’un héraut et d’un aulète. Mais cet aulète n’a absolument rien de commun avec les musiciens recrutés pour les performances chorales. Son voisinage avec le héraut, le devin et l’architecte témoigne, à l’évidence, de son statut de musicien « d’État ». Le qualifiera-t-on de dêmotélês, comme on connaît des prêtres dêmotéleis à Antimacheia de Cos ou un hiérophante dêmotélês à Éphèse83 ? Toujours est-il qu’il fait partie de ce personnel technique affecté au service des magistrats de la cité, comme d’autres peuvent être attachés à un sanctuaire en particulier84. C’est la raison pour laquelle, du reste, le diagramma reste muet sur le mode de recrutement de cet unique aulète, comme il ne dit mot du recrutement du gynéconome, de l’agoranome, du héraut, du devin, de l’arguroskopos ou de l’architecte qui ne sont pas spécialement recrutés pour l’occasion. On connaît de multiples exemples de musiciens comparables. Ainsi, à Délos, les comptes des hiéropes nous apprennent qu’une aulètris était affectée au chœur des Déliades85. Elle recevait pour ce faire un traitement annuel86, comme les néocores, le héraut, le secrétaire et l’architecte. Et Homolle de commenter : « ce n’est pas une artiste donnant des représentations, c’est une femme à gages chargée d’accompagner le chœur des femmes87 ».
31De la même manière, dans un compte des démiurges de Cyrène (SEG, IX, 13), une série de dépenses (ἐξιóν) intéresse l’habillement et l’entretien de trois hérauts (κάρυξι τρισὶ ἐς ἡμάτια καὶ ἐς τροϕάν), ainsi que celui d’un joueur d’aulos (αὐλητᾶι), d’un secrétaire (γροφεῖ), d’un trésorier (ταµίαι) et d’un boucher-sacrificateur (µαγίρωι)88. Et c’est évidemment la caisse des démiurges de Cyrène, donc Apollon, qui prenait en charge tout ce personnel technique du sanctuaire. On notera également que hérauts, aulète et cuisiniers figurent, dans cet ordre, dans un passage d’Hérodote indiquant qu’à Sparte ces fonctions ou métiers se transmettaient de père en fils : Hdt, VI, 60 :οἱ κήρυκες αὐτῶν (sc. Λακεδαιμονίων) καὶ αὐληταὶ καὶ μἀγειροι έκδέκονται τἀς πατρωίας τέχνας89. C’est enfin un musicien de cette catégorie qui figure dans le dernier texte allégué par Nordquist (n. 103 p. 93). Il s’agit d’un règlement cultuel éphésien daté du IIIe siècle apr. J.-C. précisant les honoraires des principaux prestataires cultuels : un hiérophante, un hiérokérux, un aulète, un salpiktès, un hiérophante en second, un hiéroskope et un hebdomokourès90. Là encore, c’est précisément le voisinage de cet aulète qui commande cette interprétation.
32Tout cela tend à montrer que les droits des musiciens aux parts du sacrifice tiennent bien plus aux circonstances qu’à une sorte d’usage faisant office de règle. Ainsi la participation de technites dionysiaques91 au repas commun avec des magistrats de la cité de Téos dont il est fait état dans le décret concernant les honneurs rendus à Antiochos III le Grand et à la reine Laodikè dans les années 203 av. J.-C.92 tient-elle, pour sa part, probablement au statut particulier du koinon d’Ionie et de l’Hellespont à cette date.
33Ces quelques jalons posés, venons-en à la procédure mise en place pour sélectionner les musiciens de culte.
Des hiéroi mélomanes
34Il incombe aux hiéroi de s’assurer du bon déroulement de la fête et c’est sur eux que compte notamment la cité pour procéder à l’adjudication des victimes sacrificielles et sélectionner des musiciens. Ces deux attributions appartiennent à l’évidence à un même chapitre de compétence, ce n’est pas un hasard en effet si les rédacteurs du diagramma ont rédigés ces deux paragraphes l’un après l’autre. Mais il ne faudrait pas en conclure pour autant que les hiéroi procédaient à une mise en adjudication des tâches musicales. Ils se contentent en effet d’inscrire sur un registre le nom des joueurs d’aulos et de cithare qu’ils auront jugé dignes de se produire, ou plus exactement qu’ils auront jugé aptes à officier dans les sacrifices et les Mystères. Il leur appartient de juger de la compétence des musiciens. L’expression utilisée § 13 l. 74 en témoigne : ὃσοής κα εὑρίσκωντι εὐθέτους ὑπάρχοντας. Les hiéroi inscriront chaque année autant (hosous) d’aulètes et de citharistes qu’ils trouveront de convenables (euthétous hyparchontas). Procédure que l’on retrouve au § 25, puisque les Dix doivent inscrire sur un registre le nom des futurs rhabdophores et mystagogues, c’est-à-dire des fonctions nécessitant une compétence particulière : l. 145-159 : Προγραϕόντω δὲ ἐκ τῶν ἱερῶν καὶ ῥαβδοϕόρους τοὺς εὐθετωτάτους, ὁµοίως δὲ καὶ µνσταγωγούς.Τοὺς δὲ συνλειτουργήσοντας µετὰ Μνασιστρά[τ]ου προγραϕóντω, ἄν[τ]ινας Ɛὑρίσκωντι εὐθέτους ὑπάρχοντας καὶ τῶν µὴ ὄντων ὶƐρῶν· καὶ οἱ προγραϕέντες πειθαρχούντω καὶ ἐπιτελούντω. « Qu’ils [les Dix] inscrivent également, parmi les hiéroi, des rhabdophores, ainsi que des mystagogues, qui soient capables. Qu’ils inscrivent ceux qui officieront de concert avec Mnasistratos (tous sunleitourgèsontas) si ceux qu’on a sous la main sont capables et qu’ils ne sont pas des hiéroi ; que ceux qui auront été inscrits obéissent et accomplissent [ce pour quoi ils ont été désignés]. »
35Si des technites de toute nature étaient présents à l’occasion de la fête, seuls quelques uns, triés sur le volet comme on voit, étaient qualifiés pour officier dans les sacrifices et les Mystères. Et ce sont les hiéroi qui avaient autorité en la matière, sans avoir semble-t-il à se soucier du nombre de musiciens, donc du coût de l’opération puisque la question des salaires n’est pas abordée dans le texte93. La cité s’en remettait à leur diligence pour sélectionner les musiciens94. Elle s’en remettait à ces derniers comme d’autres cités s’en remettaient à la compétence de koina ou synodoi de Technites dionysiaques pour satisfaire à l’organisation de concours. La situation est, me semble-t-il, comparable.
36Quand une cité s’accorde avec une association pour faire venir des musiciens qualifiés, c’est aux autorités de l’association qu’il revient de « désigner » (καταλέγειν) les musiciens qui devront concourir. L. Robert a fait le point là-dessus. Ainsi, le décret rendu par les Technites dionysiaques d’Athènes en l’honneur du roi de Cappadoce Arianathe V prévoit que chaque année un concours sera célébré par les Technites en l’honneur du roi et que chaque mois les Technites donneront des auditions à l’occasion d’une fête sans concours ni prix95. À cette fin, l’épimélète devra « désigner d’office » (καταλέγειν) ceux qui devront y prendre part. Quand, pour célébrer les fêtes de Dionysos Kadmeios, les Thébains s’associent aux Technites de l’Isthme et de Némée96, il revient pareillement aux Technites de désigner les aulètes, choreutes et autres artistes nécessaires, comme en témoigne ce décret relatif aux éventuelles défections :
δεδóχ[θαι τοῖς ἀμφικτι]óνεσσι· αἴ τις κα τῶν αὐλητᾶν ἢ τῶν χο|ρευτᾶν ἢ τῶν τραγωιδῶν ἢ τῶν κω[μωιδῶν τῶν] νεμηθέντων εἰς τὰς τριετηρίδας ὑπò τῶν τε|χνιτᾶν μὴ ἀγωνίζηται [τ]ὰς τριετηρίδα[ς καὶ τοὺς ἀγῶ]νας κατὰ τòν νόμον τᾶς πóλιος τῶν Θηβαίων, |ἀλλὰ ὑγιαίνων λίπη[ι τòν] ἀγῶνα, μὴ ε[ἶμεν αὐτῶι ἀσϕ]άλειαν μηδὲ τοῖς συνεργαζομένοις αὐτῶι μή|τε πολέμου μήτε είρά[να]ς· αἴ κα μὴ ἀγ[ωνίζηται, καἴ] κα ζαμιωθῇ ὑπò τοῦ ἀγωνοθέτα, καὶ ἀγώγιμος ἔ|στω πανταχóθεν.
« Plaise aux amphictions si quelqu’un des aulètes ou des choreutes ou des tragédiens ou des comédiens attribués aux triétérides par les Technites ne concourt pas aux triétérides et aux concours selon la loi des Thébains, mais, alors qu’il est en bonne santé, fait défaut, que ne lui soit pas acquise la sécurité non plus qu’à ses auxiliaires, ni en guerre ni en paix. S’il ne concourt pas et qu’il soit mis à l’amende par l’agonothète qu’il puisse être arrêté en tout lieu97. »
37Mais à Messène la cité n’a pas passé accord avec une telle association.
38Si dans certains cas les musiciens sont « attribués » (τῶν νεµηθέντων) à la fête par une association de Technites qui les désigne d’office, à Messène, ce sont en revanche les hiéroi qui décident d’affecter tel ou tel musicien aux sacrifices et aux Mystères. Cela ne constitue d’ailleurs pas un cas isolé. S’il est un texte à rapprocher de l’inscription des Mystères, c’est bien l’accord (diagraphè) conclu entre quatre cités eubéennes en vue de satisfaire à la célébration des Dionysies et des Démétrieia en l’honneur de Déméter98. Édité dans le corpus des Inscriptiones Graecae (XII 9, 207), ce texte demeure d’une lecture difficile, quand bien même l’édition en a récemment été améliorée par les soins de Stéphanis99. Il fournit notamment une précieuse série de
39renseignements sur les conditions de recrutement des musiciens dans les années 294-287 av. J.-C. À l’image des hiéroi messéniens, une commission comprenant des délégués de chacune des quatre cités eubéennes (Carystos, Érétrie, Chalcis et Histiée/Ôréos) est en charge du recrutement des artistes.
40Désignés par l’expression οἱ αἱρεθέντες, i.e. « les désignés », ces délégués devaient se rendre « à Chalcis afin de répartir les tâches entre les technites » (l. 4 : εἰ]ς Χαλκίδα διαδώσοντες τὰ ἔργα τοῖς τεχνίτα[ις]) et engager « les meilleurs des artistes dont c’est la profession » (l. 6 : [... τῶν τε]χνιτῶν τῶν ἐπανγελλοµένων τοῖς ἀρίστους)100. Cependant, il convient ici de prendre garde à ne pas travestir les termes utilisés par les rédacteurs de la diagraphè par une traduction inappropriée. En effet, à suivre P. Ghiron-Bistagne101, il semblerait que les musiciens aient été recrutés après « appel d’offre » et « adjudication ». Cependant, rien n’autorise pareille interprétation. En effet, introduire l’idée qu’il y ait eu adjudication des tâches musicales c’est supposer que les artistes retenus étaient les « meilleurs offrants », alors que le texte ne dit rien de tout cela. D’une part, le montant des salaires des différents intervenants est fixé de manière réglementaire, chacune des quatre cités d’Eubée devant payer 600 dr. à chaque aulète, 400 dr. à chaque protagoniste de comédie, 300 dr. au costumier (ἱματιομίσθης), 100 dr. Par concours à chaque didaskalos, ainsi qu’une indemnité quotidienne de nourriture (sitèrésion) à chacun, y compris aux instructeurs des chœurs (διδάσκαοι) et aux membres des chœurs cycliques (une lacune ne permet pas de connaître la somme due à chaque protagoniste de tragédie). Les hairéthentes se contentent de répartir les besognes entre les meilleurs (τοῖς ἀρίστους) d’entre eux102. Mais rien ne permet d’en conclure qu’il y ait eu appel d’offres. Les conseillers (probouloi) ainsi que les stratèges (stratègoi) de Chalcis envoient quelqu’un auprès des technites pour un simple appel à candidature (l. 59-60 : τοὺς δέ προβού[λου]ς καὶ στρατηγοὺς τοὺς Χαλκιδέων ἀποστεῖλαι τινα πρòς τοὺς τεχνίτας, ἐπανγε[λοῦν<τα> τὰς] ἐργολαβίας). Un document de Corcyre concernant la donation d’un certain
41Aristomène et de sa femme Psylla au iie siècle av. J.-C. nous confirme, sinon la diffusion, du moins l’existence par ailleurs d’une telle procédure103 : en application de la loi sur l’agonothète (κατὰ τòν τοῦ ἀγωνοθέτα νόµον), des magistrats sont « envoyés (ἀποστέλλω) par la cité auprès de technites104 », « afin d’engager des artistes » (εἰς τὰν τῶν τεχνιτᾶν µίσθωσιν)105 pour le concours des Dionysies. Ainsi prévenus, les technites désireux de concourir aux Dionysies et aux Démétrieia pouvaient être présents le jour de la distribution des tâches (l. 60-61 : καὶ ὅπως ἂν παρῶσιν οἱ βουλόµενοι ἐργολαβεῖν τοῦ [Ἀπατ]ουριῶνος µηνòς ὡς Χαλκιδεῖς ἄγουσιν π[ρò εἰκάδων τ]ῶν κατὰ θεόν), soit personnellement, soit en se faisant représenter par un « chef de troupe » ou ergolabos 106106. Les technites, en venant à Chalcis pour le 20 Apatouriôn, se portent candidat à un travail (l. 62 : ἐργολαβεῖν τò Εὐβοικòν ἔργον), le détail des tâches leur étant annoncé par voix de héraut (l. 13). Quant aux hairéthentes, ils ne passent pas des marchés, mais « confient un travail » (l. 52-53 : τῶν διδóντων τὰ ἔργα107) à des technites en les désignant108 aptes à telle ou telle tâche. Les technites ainsi reconnus aptes à prendre à tâche telle ou telle besogne (l. 53 : τῶν τεχνιτῶν τῶν λαβóντων τὰ ἔργα λαμβάνω τὰ ἔργα) s’en acquitent ensuite contre rémunération109.
42Il ne semble pas en être autrement à Messène. S’il n’est pas fait mention d’un appel à candidature, on sait en revanche que, comme les hairéthentes en Eubée, les hiéroi procèdent en quelque sorte à la distribution des rôles. Comme on l’a vu, ils choisissent, au sein des technites, des joueurs d’aulos et de cithare pour les sacrifices et les Mystères en ne qualifiant, autant que faire ce peut, que les plus compétents. Il n’était d’ailleurs pas nécessairement dans l’intention des cités de faire venir des virtuoses. Les hiéroi devaient avant tout s’assurer de l’aptitude des musiciens présents, tout comme les hairéthentes eubéens devaient répartir les tâches musicales entre les « meilleurs » (aristoi) des artistes qui avaient fait le déplacement à Chalcis. Nous n’avons malheureusement pas suffisamment d’éléments pour pouvoir dire si les hiéroi procédaient à des auditions préalables, à une sorte de casting, après avoir pris contact avec des musiciens de métier ? D’autant que la présence d’ἐργóλαβοι à Chalcis, comme celle de προεστώσες ou de προνοηταί dans les contrats d’engagement, donc des gens qui « représentent » des musiciens, invite à rattacher la tenue « d’épreuves » ou d’examens préliminaires à l’absence de renommée des candidats ( ?).
43Toujours est-il que cette inscription des Mystères témoigne bien du fait que ce mode de recrutement en vigueur en Eubée au tout début du Iiie siècle av. J.-C. a survécu à la mise en place des associations de Technites dionysiaques.
44Quant à savoir comment les musiciens étaient rémunérés, nous sommes également réduits à livrer des conjectures. On sait par Aristote que les dépenses liées au culte (τὰ πρòς τοὺς θεοὺς δαπανήματα κοινὰ) représentaient une charge commune suffisamment importante pour qu’il proposât d’affecter les revenus du territoire de la cité pour partie à ce chapitre de dépenses, c’est-à-dire « aux frais des services du culte » (τῆς μὲν κοινῆς τò μὲν ἕτερον μέρος εἰς τὰς τρòς τοὺς θεοὺς λειτουργίας) [on retrouve le terme leitourgia], et pour partie au financement des repas communs (τò δὲ ἕτερον εἰς τὴν τῶν συσσιτίων δαπάνην)110. Selon Sifakis, à l’époque hellénistique, les musiciens des fêtes étaient rétribués, non plus par des chorèges, mais sur un fonds que l’organisateur tenait à disposition pour la paie des artistes (τò ἀποτεταγμένον τοῖς τεχνίταις)111. Il est d’ailleurs bien attesté que des communautés pouvaient prendre en charge le salaire des musiciens112.
45Cependant, dans le cas qui nous retient ici, il est bien difficile d’en décider. Rien, en effet, dans le texte des Mystères, ne permet de dire comment sont rémunérés ces musiciens, que ce soit dans ce paragraphe 13 ou dans le 11 concernant le financement de la fête (l. 45 : περὶ τῶν διαϕóρων). À moins que ces salaires ne soient compris dans les expressions du type « ce qui a été dépensé » (§11 l. 50 : καὶ τὴν γεγενηµέναν ἔξοδον). Auquel cas, ce serait sur les revenus de la fête, constitués pour l’essentiel de la quotepart des candidats à l’initiation (l. 50 : ἀπò τῶν πρωτομυστᾶν τò ὑποστατικòν), que les musiciens seraient engagés. Pour l’année 92 av. J.-C., le trésorier de la cité doit en effet faire l’avance des dépenses qui seront faites « en faveur des Mystères » (§11 l. 55 : δαπανούµενα χάριν τῶν µυστηρίων). Au reste, tout, dans le texte, indique que la fête doit s’autofinancer, voire constituer une opération financièrement rentable pour la cité puisque, une fois réglées les dépenses liées à l’organisation de la fête, les éventuels bénéfices doivent être affectés aux dépenses de la cité. Tout cela est donc compatible avec ce que l’on connaît ailleurs.
46Toutefois, on sait aussi que les cités s’en remettaient volontiers à la générosité de ses citoyens pour payer, à l’occasion, qui les fournitures, qui les services du culte113. L’on sait combien certaines fonctions à caractère sacerdotal étaient coûteuses pour celui qui en acceptait la charge. Bien des règlements de prêtrises évoquent non seulement ce que recevra le prêtre (λήγεται), mais également ce qu’il devra fournir (παρέξει, παρέξεται). Que l’on pense aux décrets votés pour Épié, fille de Dionysios, à Thasos114 : le rédacteur du dernier décret insiste sur les frais que comporte la néocorie d’Athéna et, en conséquence, la répugnance qu’éprouvaient les Thasiennes à engager de telles dépenses dans l’exercice de cette « vraie liturgie115 ». À Messène même, les Cinq ne sont-ils pas tenus de gratifier Mnasistratos de 6 000 dr., somme correspondant au montant de la couronne qu’il s’est vu offrir par la cité116 ? On voit qu’il ne serait pas non plus choquant de constater que la fonction de hiéros à Messène impliquât une « contribution obligatoire » pour reprendre les termes utilisés par L. Migeotte (1993) pour qualifier le rôle des « notables » à basse époque hellénistique à propos des donateurs iasiens. À charge ensuite pour la cité de reconnaître par décret la générosité de ses citoyens117. On notera enfin que si à Iasos le spectacle a pu être donné gratuitement du fait de la libéralité de quelques citoyens, c’est qu’habituellement les musiciens étaient payés par les « entrées ». Il ne devait pas être autrement à Messène, car les hiéroi sont uniquement tenus d’inscrire les musiciens qualifiés sur un registre.
47Il va de soi que l’étude d’un cas particulier ne nous autorise guère à tirer des enseignements sur le mode de recrutement des musiciens de culte dans l’ensemble du monde grec. Mais cas particulier n’est pas nécessairement cas singulier. Aussi les bénéfices d’une telle étude ne sont-ils pas négligeables pour autant. Il est banal de souligner qu’en raison même de la conception que l’on se faisait du langage musical on considérait que les musiciens antiques jouissaient d’un contact privilégié avec la sphère du sacré. Mais, comme on l’a vu, selon leur degré d’implication dans le culte, l’intimité de leur connivence avec le sacré peut être conçue de différentes manières. C’est la raison pour laquelle des hiéroi sont chargés de les sélectionner. La fête nécessitait la venue de musiciens occasionnels, engagés pour une liturgie, mais, la plupart du temps, ces musiciens participaient aux côtés de musiciens « politiques » ou attachés à un sanctuaire. Enfin, et surtout, ce texte témoigne du fait qu’au Ier siècle av. J.C. encore, les cités ne passaient pas nécessairement accord avec une association de Technites dionysiaques pour satisfaire au programme musical de leurs fêtes puisque la procédure décrite est comparable à ce que l’on connaît en Eubée au IIIe siècle av. J.-C. ou à Corcyre au IIe siècle av. J.-C. Tels sont les enseignements majeurs que je crois pouvoir tirer de cette importante inscription sur le recrutement des musiciens que bon nombre d’indices m’ont conduit à qualifier de musiciens de culte.
48Résumé
49Dans les relations qu’entretenaient les Grecs anciens avec la sphère du divin, la musique était partie prenante. Elle participait du sacré, contribuait à l’efficacité des rites. C’est au son de l’aulos que s’ébranlait le cortège pour se rendre à l’autel et les sacrifices étaient bien souvent accompagnés d’hymnes rituels. Mais en dehors des concours, force est de reconnaître que la question de savoir comment les musiciens étaient recrutés pour « animer » tout ou partie des fêtes à l’époque hellénistique n’a guère, jusqu’à présent, été évoquée. Procédait-on à une mise en adjudication, comme dans le cas de la fourniture des victimes sacrificielles ? Un personnel ad hoc était-il chargé du recrutement ? À qui revenait-il de rétribuer lesdits musiciens ? Voilà un terrain sur lequel les historiens se sont peu aventurés. Du fait de l’indigence des sources, certes, mais aussi et surtout de part l’orientation générale de la recherche en la matière et de l’appétence des chercheurs pour l’étude du statut des acteurs de la vie musicale des cités et royaumes hellénistiques, c’est-à-dire pour l’étude du métier de musicien. Pourtant, l’inscription messénienne dite des Mystères d’Andanie (IG V 1, 1390) permet, je crois, de renouveler notre approche en portant le débat sur un terrain plus institutionnel. Là, les hiéroi, c’est-à-dire un personnel à double qualification, politique et religieuse, sont en charge du recrutement des musiciens. Aussi l’étude de ce texte doit-elle nous permettre, sinon d’arriver à des conclusions fermes et définitives sur le sujet, du moins d’arriver à dissiper quelques zones d’ombre concernant le rapport des cités aux musiciens.
50Abstract
51The presence of music was very important in the relationship between the ancient Greeks and the divine sphere. It was part of the sacred and contributed to the efficiency of the rites. It is by the sound of the aulos that processions went off to the altar and sacrifices were most often accompanied by ritual hymns.
52 But apart from agones, it must be admitted that the question how cult musicians were recruited to liven up all or some of the feasts at the Hellenistic era was not really, up till now, mentioned. Did one proceed by adjudication, as with the supplying of sacrificial victims ? Was ad hoc personnel in charge of the recruitment ? To who was it up to pay the said musicians ? There is a ground were historians little ventured. Due to the poverty of sources, certainly, but also and above all because of the general orientation of research on the matter and the researchers’ appetency for the study of the status of actors in musical life of the Hellenistic cities and kingdoms, i.e. for the study of the profession of musician.
53 Yet, the Messenian inscription so-called the Andanian Mysteries (IG V 1, 1390) allows, I believe, the renewal of our approach by taking the debate to a more institutional ground. There, the hieroi, i.e. personnel with a double political and religious qualification, are in charge of the recruitment of the musicians. Also the study of this text must allow us, if not come to firm and definitive conclusions on the subject, at the least come to clear away some obscure zones concerning the relationship between the cities and their musicians.
Notes de bas de page
* Pierre Brulé, Brigitte Le Guen, Jacques Oulhen et Francis Prost ont bien voulu relire ce texte et me faire part de leurs remarques. Je leur en suis sincèrement reconnaissant.
1 A. Bélis, Les musiciens dans l’Antiquité, Hachette, Paris, 1999, p. 9.
2 Le chant processionnel, le prosodion, était connu des Anciens comme un chant lyrique particulier auquel Pindare comme Bacchylide ont apporté leur contribution (cf. M. L. West, Ancient Greek Music, 1992, p. 14). Et ce qui pourrait bien être le plus ancien fragment qui nous soit parvenu d’un tel chant processionnel fut, semble-t-il, composé pour un contingent de Messéniens allant sacrifier à Délos, soit aux alentours de 735 av. J.-C., soit au temps de la révolte messénienne, vers 660 av. J.-C. (cf. Poetae Melici Graeci, D.L. Page éd., Oxford, 1962, n° 696 et West, op. cit., 1992, n. 8 p. 15). Il est généralement attribué à Eumelos (cf. Paus. IV, 4, 1 ; 33, 2 ; 19, 10 et le commentaire de H. Gallet de Santerre, Délos primitive et archaïque, Paris, 1956, p. 242).
3 On rappellera l’étonnement d’un Hérodote (I, 132) devant l’absence d’aulètes lors des sacrifices perses. De la même manière, Lucien (De Saltat., 16) insiste sur l’importance de la musique dans le rituel des Dionysia ou Apollonia : « A Délos non plus les sacrifices ne se faisaient pas sans danse, mais avec elle et avec la musique ; des chœurs de garçons se réunissaient ; au son de l’aulos et de la cithare, les uns dansaient et ceux qui, parmi eux, avaient été jugés les meilleurs exécutaient des pantomimes ».
4 Cf. S. Quasten, Musik und Gesang in den Kultender heidnischen Antike und christlichen Frühzeit2, Münster, 1973 (1re éd. 1930), sur la signification rituelle de la musique, tout à la fois expiatoire et propitiatoire ; J. A. Haldane sur les rapports entre musique et pratique cultuelle (« Musical instruments in Greek worship », G&R 13, 1966, 98-107) ; ainsi que les remarques de D. Aubriot-Sévin sur les prières rythmées que constituent les hymnes (Prière et conceptions religieuses en Grèce ancienne, Lyon, 1992, p. 172-193).
5 D’une abondante bibliographie, on retiendra sur les Technites dionysiaques : P. Foucart, s.v. Dionysiaci artifices, DAGR, 1891 ; F. Poland, RE V A 2, 1934, Nachträge, s.v. Technitai, col. 2473-2558 ; G.M. Sifakis, « Organisation of Festivals and the Dionysiac Guilds », CQ 15, 2, 1965, 206-214 (repris dans Studies in the history of Hellenistic drama, Univ. of London Classical Studies 4, Londres, 1967, p. 136-146) ; J.A. Kemp, « Professionnal Musicians in Ancient Greece », G&R 13 (1966), 213-222 ; A. W. Pickard-Cambridge, Dramatic festivals of Athens, Oxford, 1953, 2nd éd. revue par J. Gould et D. M. Lewis, Oxford, Clarendon Press, 1988, p. 279-305 ; L. Robert, « Les fêtes de Dionysos à Thèbes et l’amphictionie », AE, 1977, 195-210 (repris dans OMS VII, 1990, n° 179 p. 765-780) ; P. Roesch, Études béotiennes, Paris, De Boccard, 1982, p. 186-202 ; A. Bélis, Les musiciens dans l’Antiquité, 1999,
p. 211-215 ; ainsi que l’ouvrage attendu de Br. Le Guen sur le sujet.
6 Le fonctionnement des associations de Technites dionysiaques est bien illustré par les inscriptions enregistrant leur participation aux Sôtèria amphictioniques fondées à Delphes en l’honneur d’Apollon pour commémorer la victoire sur les Galates (cf. Sifakis, op. cit., 1965 ; G. Nachtergael, Les Galates en Grèce et les Sôtéria de Delphes, Bruxelles, 1977).
7 Voir en dernier lieu l’ouvrage de synthèse d’A. Bélis [cité supra n. 1], mais aussi et surtout l’étude de G. Nordquist sur le statut des acteurs de la vie musicale des cités et royaumes hellénistiques (« Some notes on musicians in Greek cult », Ancient Greek Cult Practice from the Epigraphical Evidence.
R. Hägg (éd.), 1994, 81-93).
8 « Les aulètes dans le théâtre grec à l’époque hellénistique », De la scène au gradin (éd. B. Le Guen), Pallas 47, 1997, p. 112. Constatant la faible proportion d’aulètes athéniens exerçant leur art dans leur ville natale et la participation active d’étrangers aux représentations dramatiques d’Athènes, l’auteur précise : « Vu que les Athéniens ne favorisèrent pas leurs propres technites lors de l’adjudication des tâches artistiques à accomplir pour les fêtes civiques, organisées au cœur de la polis, on peut supposer soit que les autorités partageaient avec leurs concitoyens les réserves émises, dans les écrits philosophiques, sur la pratique de l’aulos, soit plutôt qu’elles renonçaient sciemment à réglementer les procédés d’élections, pour garder ouvert le cercle des participants et encourager du même coup la concurrence » (c’est moi qui souligne).
9 Éditions : St. KOUMANOUDIS, Φιλóπατρις, 29 novembre 1858. Édition en minuscules des l. 1-59 et 75-100, d’après copie d’A. Vlastos. (= E. Gerhard, Archäologischer Anzeiger 120, 1858, 251-258, avec quelques notes de Meineke) ; Φιλóπατρις janvier et 28 mars 1859. Première édition complète, d’après copie et estampage d’A. Vlastos. (H. Sauppe, « Die Mysterieninschrift aus Andania », Abhandlungen der königlichen Gesellschaft der Wissenschaften zu Göttingen VIII, 1860, 217-274. Édition commentée sans traduction [commentaire repris dans ses Ausgewählte Schriften, Berlin, 1896, pp. 261-307, accompagnée de l’édition de Dittenberger pour la Sylloge]). P. FOUCART, IGL, 1876, 326a, p. 161-176. Édition revue (directement pour les l. 1-116 et d’après la copie de Vlastos pour les l. 117-194 gravées sur la tranche des deux blocs) assortie d’une copie en majuscule (p. 521-527), traduction française et commentaire. (P. Cauer, Delect1. 13, Delect2. 47 ; W. Dittenberger, Syll., 388, Syll.2, 653 ; Fr. Hiller von Gaertringen, Syll.3, 736 ; L. Ziehen, LGS II, 58 [avec commentaire] ; R. Meister, SGDI, 4689 ; Ch. Michel, RIG, 694 ; Schwyzer [ed.], Dialectorum…, 1923, 74). W. KOLBE, IG V 1, 1390. Édition revue d’après estampage des l. 1-116 réalisé par Fr. Hiller von Gaertringen. (= P. K. Georgountzos, « Τὰ μυστήρια τῆς Ἀνδανίας », Platon 31, 1979, p. 3-43 : édition, traduction en grec moderne, commentaire historique et lexicologique ; Fr. Sokolowski, LSCG, 1969, 65 : édition avec apparat critique qui fait connaître des restitutions nouvelles d’après G. Daux, « Note sur le règlement des mystères d’Andanie », RPh 16 (1942), 58-62) ; M. L. Zunino, Hiera Messeniaka. La storia religiosa della Messenia dell’ età micenea all’ età ellenistica, Forum, Udine, 1997, p. 304-315 : édition avec traduction et commentaire historique). Traductions : française chez P. Foucart (« Andanie. 326 a », dans Ph. Le Bas et P. Foucart, Explication des inscriptions grecques et latines recueillies en Grèce et en Asie Mineure. Deuxième partie : Mégaride et Péloponnèse, 1876, p. 169-176) ; anglaise chez M. W. Meyer (The Ancient Mysteries, a Sourcebook. Sacred Texts of the Mystery Religions of the Ancient Mediterranean World, Harper & Row, San Francisco, 1987, p. 51-59) ; grecque moderne chez P. K. Georgountzos (« Τὰ μυστήρια τῆς Ἀνδανίας », Platôn 31, 1979, p. 13-24) ; et italienne chez M. L. Zunino (Hiera Messeniaka, [1997], p. 305-315). N. Deshours m’a par ailleurs informé de l’imminente parution d’une édition avec traduction et commentaire.
10 IG xii 9, 207, voir infra.
11 Il est établi je crois maintenant que les Mystères d’Andanie se déroulent bien dans un sanctuaire de la localité appelée Andanie d’après Pausanias, mais que c’est la cité de Messène qui en assume toute l’organisation. Les rédacteurs de ce texte sont donc vraisemblablement les synèdres messéniens, le décret ayant ensuite reçu l’aval de l’assemblée. Pour un état de la question, on pourra se reporter à mon étude « Pausanias et les Mystères d’Andanie. Histoire d’une aporie », Le Péloponnèse. Archéologie et histoire, J. Renard (éd.), Presses universitaires de Rennes, 1999, p. 195-228.
12 L’hypothèse « arcadienne » de N. Deshours (« Les Messéniens, le règlement des mystères et la consultation de l’oracle d’Apollon à Argos », REG 112, 1999, 463-484) soulève quelques interrogations. S’il est effectivement possible que les Mystères aient eu une certaine ancienneté, reste à savoir sous quelle autorité ils s’étaient auparavant déroulés, car l’oracle argien et le règlement messénien insistent sur le fait qu’il s’agit d’une nouvelle célébration. Par ailleurs, si les Messéniens n’avaient pas pu, comme le soutient N. Deshours, célébrer les Mystères du fait d’une éventuelle captation arcadienne du sanctuaire du Karneios, comment expliquer qu’ils aient, dans le même temps, continué à y sacrifier aux Grands Dieux, ainsi que l’oracle le précise ?
13 Au nombre de ces « participants », on compte bien évidemment les protomystes (§3 l. 14 : τῶν δέ τελουµένων οι πρωτοµύσται), qui doivent notamment s’acquitter de leur quote-part avant de subir l’initiation (cf. § 11 l. 50 : καὶ ἀπò τῶν πρωτοµυστᾶν τò ὑποστατικòν).
14 Le préverbe σνν- indique bien qu’il s’agit, pour plusieurs personnes, d’accomplir ensemble sacrifices et Mystères. Cf. P. Roesch, Études béotiennes, 1982, p. 208-210 sur l’expression θυσίαν συντελεῖν.
15 Les Dix président les Mystères (§10 l. 41-42 : τοῖς ἐπιτελούντοις τὰ µυστήρια) et ont la haute main sur tout ce qui concerne sacrifices et Mystères (§25 l. 137-145) ; les Cinq doivent en assurer la gestion financière (cf. § 11) ; les hiéroi et les hiérai sont des hommes et des femmes « de terrain ». Les hiérai « accomplissent des tâches » pour les sacrifices (§1 l. 9 : ἐπιτελεῖν τὰ κατὰ τὰς θυσίας) et « participent aux Mystères » (§1 l. 9-10 : µετ[έ]χειν τῶν µυστηρίων), tout comme les hiéroi rhabdophores (§10 l. 45 : µετεχέτω τῶν µυστηρίων).
16 C’est-à-dire un technicien au service de la cité chargé de vérifier les monnaies au moment où les Cinq procéderont à l’encaissement des contributions des participants aux Mystères (§11 : Τὰ δὲ πίπτοντα διάϕορα ἐκ τῶν µυστηρίων ἐγλεγóντω οἱ κατασταθέντες ὑπò τοῦ δάµου πέντε.
(...) Τοῖς δὲ ἐγλογευóντοις τὰ διάϕορα λειτουργείτω ὁ ἀργυροσκóπος.). Sur l’arguroskopos, qui d’après Pollux (7, 108) avait fait l’objet d’une comédie de Phrynichos, voir R. Bogaert, Banques et banquiers dans les cités grecques, Leyde, 1968, p. 45.
17 L’inscription se subdivise en effet en 26 paragraphes respectivement identifiés par un titre séparé du corps du texte par un vacat d’une à deux lettres.
18 Il en voulait pour preuve la présence d’un tais choreiais ligne 98, concernant la présence au repas sacré des musiciens ayant accompagné les chœurs (voir infra).
19 Fr. Hiller von Gaertringen, « χοριτεία = χορεία », Zeitschrift für Vergleichende Sprachforschung auf dem Gebiete der indo-germanischen Sprachen, 1922, p. 295. Il se réfère à IG V 2, 516, l. 11, Koreitèais étant assimilé à un nom de fête en rapport avec Korè.
20 Dans ses Études épigraphiques et philologiques (1938), L. Robert a en effet montré comment, dans les concours de chœurs avec aulos et en dehors des concours, l’aulète a pris le pas sur le chœur au point de recevoir seul bientôt les honneurs au titre d’αὐλητὴς μετὰ χοροῦ. Du chœur soutenu par le jeu d’un aulète on est passé au chœur accompagnant de ses chants l’aulète ou chorolète. Il rappelle en outre (p. 34-35) la présence de l’expression τραγῳδοῖς κεχορήγηκέ ποθ’ οὗτος, ἐγὼ δὲ αὐληταῖς ἀνδράσιν « Il a été chorège pour la tragédie, moi pour les aulètes des chœurs d’adultes », dans la Midienne de Démosthène (C. Midias, 156).
21 Comme le dénotent les termes en ὑπο- utilisés (ὑποαυλισµοί l. 3 et 4 ; ὑποήργέσιαι l. 4). Voir A. Bélis et D. Delattre, « À propos d’un contrat d’apprentissage d’aulète (Alexandrie ; an 17 d’Auguste = 13a) », Papiri documentari greci, M. Capasso (éd.) [Papyrologica Lupiensia, 2], 1993, p. 103162, ainsi que D. Delattre, « Contrat d’apprentissage d’un joueur d’aulos », Instruments, musiques et musiciens de l’Antiquité classique, A. Muller (éd.), Ateliers [Cahiers de la Maison de la Recherche, Université Charles-de-Gaulle, Lille III] 4 (1995), p. 55-70.
22 Il convient, en la matière, de rester circonspect, à l’instar de A. W. Pickard-Cambridge (Dramatic festivals of Athens, 1988, p. 295) : « there are records which may imply the use of the services of the guilds, but do not actually mention them. Such are the well-known inscription of 9291 B.C. regulating the mysteries of Andania in Messenia… ». Même si l’on sait par ailleurs que les Technites faisaient, à l’occasion, le déplacement en Messénie. Ainsi Plutarque rapporte-t-il l’anecdote selon laquelle le roi Cléomène engagea sur-le-champ une troupe d’artistes dionysiaques qui revenait de Messène (Agis et Cléomène, XI, 33).
23 On pense ici, bien évidemment, aux liturgies athéniennes : gymnasiarchie, lampadarchie, chorégie, triérarchie… Sur leur nombre, voir J. K. Davies, « Demosthenes on liturgies : a note », JHS 87 (1967), 33-40. Voir également A. Martin, s.v. Leitourgia, DAGR, t. III, p. 1095 sv.
24 Politiques, VII, 16, 16, 1335 b 38 : καὶ πóσον χρóνον λειτουργεῖν άρμóττει πρòς τεκνοποιι҆αν ὡρίσθὡ » Que soit déterminé aussi combien de temps il convient de servir la cité en procréant des enfants » (trad. J. Aubonnet). Voir N. Lewis, « Leitourgia and related terms », GRBS 3 (1960), 175-184.
25 l. 47-48 : τοῖς δὲ ἐγλογενóτοις τὰ διάφορα λειτουργείτω ὁ ἀτργυροδκóπος. « Que l’arguroskopos fasse son office à l’occasion de la perception des revenus ». [Voir supra n. 16].
26 Six mois avant que ne commence la célébration des Mystères, les Dix doivent désigner, parmi les hiéroi, les rhabdophores, les mystagogues et « ceux qui assureront avec Mnasistratos le service du culte » (l. 150-153 : τοὺς δὲ συνλειτουργήσοντας μετὰ Mνασιστρά[τ]ου προγραϕóντω).
27 § 24 l. 115 : καὶ ἐν τοῖς μυστηρίοις συνλειτουργοὑντω τοῖς ἰεροῖς καὶ ὁ κᾶρυξ καὶ αὑλητὰς καὶ μάντις καὶ άρχιτέκτων. « Que dans les Mystères, le héraut, (l’) aulète, (le) devin et (l’) architecte prêtent assistance (sunleitourgountô) aux hiéroi ». L’architecte est là pour construire, dans l’année 92-91 av. J.-C., « deux trésors en pierre fermant à clé » (§ 18 l. 90-91 : ὅπως κατασκευασ[θ]ῆντι θησαυροὶ λίθινοι δύο κλαικτοί), l’un dans le temple des Mégaloi Théoi, l’autre près de la source Hagna (cf. § 18). Le héraut intervient, lui, lors de la mise en adjudication des victimes pour les sacrifices et les Mystères (§12).
28 Suidas, s.v. λειτουργίς· ὑπηρεσἰας ; Hésychios, s.v. λειτουργóς· ὑπηρέτης ; Etym. Magn., s.v. λειτουργóς· ὁ τοῖς διοικηταῖς ὑπουργῶν καὶ διαπονῶν· τò γὰρ πρυτανεῖον, ἢ γοῦν τò δημóσιον, λήϊτον ἐκαλεῖτο, καὶ τò λειτουργεῖν τò ὑπηρετεῖν.
29 Voir P. Chantraine, Dictionnaire étymologique de la langue grecque2, 1999, s.v. λαóς. À noter l’existence des expressions λιτουργòς τοῦ δηµου vs. τῆς πóλεως à Didyme (I. Didyma, 312, l. 10 ; 346, l.9 et 353, l. 9 ; 360, l. 3).
30 VII, 10, 11 1330 a 13 : πρòς τοὐς θεοὐς λειτουργίας. Voir également Diodore, 1, 21.
31 Cf. Fr. Salviat, « Décrets pour Épié fille de Dionysios : déesses et sanctuaires thasiens », BCH 83
(1959), 362-397. La charge s’avère dispendieuse. On peut en effet y lire, l. 42-51 : « Il a plu au conseil et au peuple : à l’unanimité : attendu qu’Épié fille de Dionysios, par piété envers les dieux et par bienveillance envers le peuple, a rempli volontiers toutes les fonctions de néocore, que dans toutes elle a montré un zèle digne d’elle, envers les dieux et envers le peuple, et pour la troisième fois maintenant elle est néocore d’Athéna ; alors que, cette liturgie étant dispendieuse, les femmes consentent avec difficulté à être néocores (διὰ δὲ τò δαπανηρὰν εἷναι ταὐτην τὴν λειτουργίαν δυσκóλως βούλονται νεωκορήσειν αί γυναῖκες), Épié accepte par bienveillance envers le peuple, lorsqu’il n’y a pas de néocore, d’assurer cette charge… ». De sorte que la fonction de néocore s’apparente ici à une liturgie.
32 « Notes d’épigraphie thessalienne VI. Sur la construction des verbes λειτορεύω, ἱερητεύω », REG 54 (1941), 182-191 et BCH 92 (1968), p. 100 ; RPh 35 (1963), p. 217. De même, une glose d’Hésychios renvoie, pour une entrée en λειτουργικάς, à ἱƐρατικάς, et pour une entrée en λείτορες à ἱέρειαι. Voir également P. Chantraine, Dictionnaire étymologique de la langue grecque2, 1999, s.v. λήτωρ.
33 Cf. J. Pouilloux, Rhamnonte, p. 140, n° 24 (83-82 av. J.-C.) et P. Roesch, Études béotiennes, 1982, p. 149-152.
34 Sur les hiéroi affranchis par consécration, dont cet Andrikos, voir L. Darmezin, « Quelques problèmes relatifs à l’affranchissement en Béotie », La Béotie antique, CNRS, Paris, 1985, p. 325-331 et Les affranchissements par consécration, Nancy, 1999.
35 XIV, 660c : Οὐ παρέγως δὲ παρὰ τῷ ‘Οµήρῳ καὶ τἀ ὅρκια καὶ τἀ ἱερόθυτα κήρυκες κοµίζουσιν, ώς παλαιᾶς οὔσης καὶ προσηκούσης αὐτοῖς τῆς λειτουργία. « Ce n’est pas d’une manière occasionnelle chez Homère que les hérauts s’occupent des serments et des sacrifices, car c’est là une charge (leitourgias) qui leur incombe de toute antiquité ». (trad. J. Winand, Les
Hiérothytes. Recherche institutionnelle, Bruxelles, 1990, p. 24).
36 O. Kern, Inschr. von Magnesia, n° 98 ; Syll.3, 589 ; LSA, 32. l. 16-18 : τοῦ στεϕανηϕóρου καὶ τοῦ ἱεροκήρυκος καὶ τοῦ λητουργοῦντος θύτου τῆι πóλει.
37 Étant entendu que seul le contexte de performance autorise pareille qualification. Les musiciens sont en effet réputés être polyvalents (ce que confirme le contrat d’apprentissage du jeune Narcisse, cf. A. Bélis et D. Delattre [art. cité supra n. 21] et D. Delattre [art. cité supra n. 21].
38 Voir L. Robert, ΑΡΧΑΙΟΛΟΓΟSΣ», REG 49, 1936, 234254, où l’auteur précise (p. 244) : « dans toute cité grecque, à côté des ἀγῶνες officiels sur lesquels nous renseignent les catalogues agonistiques il y a des ἐπιδείξεις, c’est-à-dire des auditions. Voir également C. van Liefferinge, « Auditions et conférences à Delphes », AC 69, 2000, 149-164.
39 Ce sont d’ailleurs ces auditions offertes qui donnent lieu, bien souvent, à des concessions telles que l’asylie, l’asphaleia, la chrusophoria… à titre individuel. Sur ces privilèges, cf. Poland, RE, 1934, col. 2491 sv. ; Pickard-Cambridge, Dramatic festivals of Athens, 1988, p. 279-305. et V. Chandowski, N. Massar et D. Viviers, « Renommée de l’artisan, prestige de la cité », TOPOI 8, 2, 1998, 554-555.
40 IG XI, 105-133. Voir également A.-M. Hauvette-Besnault, « Fouilles de Délos », BCH 7, 1883, p. 103-125.
41 L. Robert, « Décrets de Delphes », BCH 53, 1929, 38-39, suivi par Ph. Bruneau, Recherches sur les cultes de Délos à l’époque hellénistique et à l’époque impériale, Paris, 1970, p. 73-75.
42 Il existe des parallèles delphiens de ces expressions, e.g. Syll.3, 660 ; 703. Cf. G. M. Sifakis, Studies in the history of Hellenistic drama, 1967, p. 20.
43 Études épigraphiques et philologiques, p. 38-45, spécialement p. 42. Voir Syll.3,795 A, 71 ; SEG 2, 1928, 184.
44 On lira le texte dans BCH 57, 1929, « Décret de Delphes », p. 3441 et non dans la Syll.3, 738. La célébration du concours des Pythia avait, cette année-là, été ajournée du fait de la guerre mithridatique.
45 Le dossier épigraphique, constitué d’une soixantaine de textes, a d’abord été réuni par Ph. Le Bas au siècle dernier (dans W. H. Waddington, Inscriptions grecques et latines recueillies en Asie Mineure, 1870, vol. I, p. 74-97 et II, p. 87-96, n° 252-299). On les trouve maintenant réunis sous le titre de « Choregie-Texte » dans le recueil des inscriptions d’Iasos de W. Blümel (I.v.Iasos, n° 160-167 et 170-218) que l’on consultera avec les commentaires de Ph. Gauthier (BE 101, 1987, 18) et de L. Migeotte (« De la liturgie à la contribution obligatoire : le financement des Dionysies et des travaux du théâtre à Iasos au IIe siècle avant J.-C. », Chiron 23, 1993, 267-295).
46 Pour fêter ces triétérides, les Thébains s’étaient associés aux Technites de l’Isthme et de Némée et obtinrent des amphictions la reconnaissance de l’asylie du sanctuaire de Dionysos. La fête sera ensuite connue sous le nom d’Agriônia. Voir en dernier lieu K. J. Rigsby, Asylia. Territorial Inviolability in the Hellenistic World, 1996, n° 4 p. 70-75 (après E. Bourguet, FD, III, 1, 351 ; M. Feyel, Contribution à l’épigraphie béotienne, 1942, p. 143-146 ; J. Bousquet, « Les technites de l’Isthme et de Némée », BCH 85, 1961, 78-85 [SEG 19, 1963, 379] ; L. Robert, « Les fêtes de Dionysos à Thèbes et l’amphictionie », AE, 1977, 195-210 [SEG 28, 1978, 487] ; A. W. Pickard-Cambridge, Dramatic festivals of Athens, 1988, p. 309310. Voir également BE 66, 1953, 173 p. 165 ; BE 71, 1958, 261 p. 252-253).
47 L. Robert, « Les fêtes de Dionysos à Thèbes et l’amphictionie », AE, 1977, p. 206 : « le concours est distingué de la triétéride et les Technites participaient à la seconde comme au premier. Il me semble que la triétéride au sens étroit entraînait dans l’ensemble dionysiaque la participation de catégories particulières de Technites. Les cérémonies du sacrifice et de ses accompagnements devaient là s’orner de la participation des aulètes et des choreutes, jouant et chantant normalement des hymnes et des dithyrambes avec chœurs » [texte repris dans OMS VII, 1990, n° 179 p. 765780]. De la même manière, comme on l’a vu, ils pouvaient profiter de leur venue à un concour pour offrir des auditions.
48 L. 3 du contrat : Συριστηρι ]δίων καὶ τερείτην λειτουργίας πέντε καὶ τὰ ἐπιθέµατα,ὑποαή[λισµοὺς δύο. « Sur l’aulos systéridien et tétite, cinq offices, et ce qui s’y ajoute, (soit) deux accompagnements » (trad. Delattre, p. 59). Cf. A. Bélis et D. Delattre [art. cité supra n. 21], p. 154. Comme l’admit D. Delattre, le « contenu concret » du terme nous échappe. Mais on n’aura pas de mal à supposer qu’il qualifie vraisemblablement un air rituel joué à l’occasion des fêtes publiques. Sur les contrats d’apprentissage, διδασκαλικαί on consultera : H. Perdicoyianni-Paleologou, « Les contrats d’apprentissage en provenance d’Oxyrhynchos », AC 68, 1999, 149-169 ; A. Zambon, « Διδασκαλικαί », Aegyptus 15, 1935, 38-66 ; W. L. Westermann, « Apprentice contracts and the apprentice system in Roman Egypt », CPh 9, 1914, 295-315.
49 Sur les rapports entre idion et koinon, voir les actes du colloque Public et privé en Grèce ancienne : lieux, conduites, pratiques publiés par Fr. de Polignac et P. Schmitt Pantel dans Ktèma 23, 1998.
50 D’autant qu’à la ligne 13 du même texte il est indiqué que les musiciens devaient passer un concours avant d’être admis à jouer le prosodion le jour de la fête. Sur le prosodion, voir R. Muth, RE 23 (1957), col. 856863. Les musiciens de concours semblent au contraire conviés à conduire la pompè à l’occasion des fêtes eubéennes, si toutefois on peut se fier à la restitution proposée par Stéphanis [art. cité infra n. 99] des lignes 29-30 du texte IG xii 9, 207 : ἄρχειν δὲ τοὺς αὐλητὰς α[ὐλοῦντας τῆς ποµπῆς], « Que les aulètes conduisent la procession en jouant »).
51 Voir IG II2, 1132 et FD III 2, 68 ainsi que le texte édité par G. Colin dans le BCH 24 (1900), 83123, l. 72-75 et par W. Dittenberger dans la Syll.3, 399, l. 12-15. Deux textes épigraphiques qualifient par ailleurs l’activité de Technites dionysiaques de leitourgein. Le premier est un décret de l’association des Technites d’Athènes Syll.3, 698, l. 33-34 faisant état de : τοὺς ἐπιδεδαµηκότας καὶ λελειτουργηκóτας τῶν τεχνιτᾶν. Le second est un décret delphien honorant les Technites dionysiaques d’Athènes Syll.3, 711, L, l. 50-51 :τῶν τεχνιτᾶν τοὐς ἐπιδεδαμηκóτας καὶ λελειτουργηκóτας. En l’espèce, il est clair que les Technites envoyaient des musiciens afin de réhausser l’éclat des fêtes, c’est-à-dire participer à des concours et se produire dans des concerts (cf. Syll.3, 698, l. 20 : ἀκροάματα τὰ συναυξήσοντα τὰς τοῦ θεοῦ ἁμέρας), mais d’après ce que l’on vient de voir on peut supposer que ces musiciens ne sont pas simplement venus à Delphes pour se livrer à des auditions mais qu’à l’occasion de leur épidamia ils ont accompli des « services publics », c’est-à-dire participé à la célébration du culte (du moins une partie d’entre eux).
52 La somme en question n’a pas été gravée.
53 Sur le caractère sacré de tout banquet grec, voir P. Schmitt Pantel, La cité au banquet, 1992, p. 6-11.
54 Comme dans le règlement des petites Panathénées, à Athènes (IG II2, 334 ; Ziehen, LGS II, 29 ; Syll.3, 271), les Athéniens qui ont pris part à la procession (l. 14 : καὶ τοῖς ποµπεῦσιν τοῖς Ἀθηναίοι) sont distingués des autres Athéniens et n’ont pas droit aux mêmes parts sacrificielles. Voir le commentaire de P. Brulé, « La cité en ses composantes : remarques sur les sacrifices et la procession des Panathénées », Kernos 9 (1996), 37-63.
55 Ils s’y rendent pour banqueter, non pour jouer. Sur l’engagement de musiciens pour jouer lors des banquets, voir W. L. Westermann, « The castanet dancers of Arsinoe », JEA 10, 1924, 134-144 et « Entertainment in villages of Graeco-Roman Egypt », JEA 19, 1932, 16-27, ainsi que L. Robert, « Notes et discussions. Voyages épigraphiques en Asie Mineure », RPh 17, 1943, 189-191.
56 Plat. Lois, 956e ; 961a ; Lettres, 350a. Il peut être joint à douleia : Aristophane, Guêpes, 602 ; Aristote,
Pol., I, 13, 2. C’est un composé de ἐρέτης « rameur » et du préverbe ὑπò ; soulignant son obéissance au kéleustès, cf. P. Chantraine, Dictionnaire étymologique de la langue grecque2, 1999, s.v. ὑπηρέτης.
57 Syll.3, 635, l. 3 : où ces auxiliaires sont appelés oἱ ἀκόλουθοι. Voir également IG xii 8, 178 : une certaine Eirénè est ἀκóλουθος d’une κιθαριστρία. Cf. BE 71, 1958, 261 p. 253.
58 Le texte en question se compose en fait de trois décrets (voir l’édition qu’en a donnée L. Robert dans AE, 1977 (= OMS, VII, n° 179) et en dernier lieu K. J. Rigsby, Asylia., 1996, n° 4 p. 70-75).
Il y est question de συνεργαζóµενοι αὐτοῖς. (l. 37), expression que l’on peut, avec Bourguet et Robert [réf. supra n. 46], restituer également de manière certaine à la l. 20 du même document (κ[αὶ τοῖς συνεργαζομένοις αὐτοῖς]).
59 I.v.Iasos, 152. Voir l. 12 :εἰς τοὺς συντελουμένους παρ’α<ὐ>τοῖς τῶι Διονύσωι ἀγῶνας et l. 17-18 :τοὺς δὲ νεμηθέντας πάντας ἐπιτελέσαι τοὺς τῶν Διονυσὶων ἀγῶνας.
60 l. 16-17 : προσνεῖµαι δὲ τούτων καὶ τὰς ὑπηρεσίας ; l . 37: οἴδε ἐνεµήθησαν σὺν ταῖς ὑπηρεσίαις. Sur ce texte, voir en dernier lieu L. Migeotte, « De la liturgie à la contribution obligatoire: le financement des Dionysies et des travaux du théâtre à Iasos au iie siècle avant J.-C. », Chiron 23, 1993, 267-295. Voir également BE 64, 1951, 55 p. 144.
61 Deux aulètes, deux tragédiens, deux comédiens, un citharôde, un cithariste.
62 Cf. L. Robert, [op. cit. n. 47], p. 201. Ainsi, dans le décret II pour les fêtes de Dionysos Kadmeios (réf. ci-dessus n. 46), on peut lire l. 17-20 : « qu’il y ait sécurité des personnes et des biens pour tous les Technites attribués à la célébration de la fête des triétérides (πᾶσι τοῖς τεχνίταις το[ῖς νεµηθεῖσιν εἰς τὰν θυσία]ν τῶν τριετηρίδων) pendant 5 jours à l’aller et autant au retour et pendant la durée de la panégyrie, et pour eux et pour leurs auxiliaires (καὶ αὐτοῖς κ[αὶ τοῖς συνεργαζοµένοις αὐτοῖς]) en tout lieu » (trad. L. Robert).
63 Au nombre desquelles on compte la célèbre inscription eubéenne IG xii 9, 207 (voir infra).
64 « La ressemblance entre les hiérothytes de Grèce et ceux d’Égypte se limite à une appellation commune » précise J. Winand (« Le rôle des hiérothytes en Égypte », CE 60 (1985), p. 398. Voir également son ouvrage Les Hiérothytes. Recherche institutionnelle, Bruxelles, 1990).
65 Dans un article pour la Revue de Philologie de 1944 intitulé « Réjouissances, divertissements et artistes de province dans l’Égypte romaine ». Sur les fêtes d’Égypte, voir la synthèse récente de F. Perpillou-Thomas, Fêtes d’Égypte ptolémaïque et romaine d’après la documentation papyrologique grecque, Louvain, 1993.
66 P. Oxy., VII, 1025 p. 156-157 = Wilcken, 493 (fin Iiie siècle apr. J.-C.) : Αὐρήλιοι ῎Αγαθος γυ(µνσιάρχης) | ἔναρχος πρύτανις καὶ | Ἑρµανοβάµµων ἐξηγ(ητἠς) | καὶ Δίδυµος ἀρχιερεὺς | καὶ Κοπρίας κοσµητὴς | πόλεως Εὐεργέτιδος | Αὐρηλίοις Εὐριπᾷ βιολό|γῳ καὶ Σαραπᾷ όµηριστῇ | χαίρειν. | ἐξαυτῆς ἥκετε, καθὼ[ς] | ἔθος ὑµῖν ἐστιν συνπα|νηγυρίζειν, συνεορτάσον|τες ἐν τῇ παστώᾳ ᾑ[µῶν] | έορτῇ γενεθλίῳ τοῦ Κρόνου | θεοῦ µεγίστου ἀναν…[.] | τῶν θεωριῶν ἅµ’ αὔ[ρ]ιον | ἥτις ἐστὶν ι | ἀγοµ[έν]ων | ἐπὶ τὰς ἐξ ἔθους ἡµ[έρ]ας, | λαµβάνοντες το[ὺς] µισ|θοὺς καὶ τὰ τείµια. σεσηµ(ειώµεθα). | Ἑρµανοβάµµων ἐξηγ(ητὴς) | ἐρρῶσθαι ὑµᾶς εὔχοµ(αι). | Δίδυµος ἀρχιερ(εὺς) ἐρρώσθ(αι) ὑµᾶς εὔχοµ(αι). | Κοπρίας ἐρρῶσθαι ὑµᾶς | εὔχοµαι. « Aurélios Agathos, gymnasiarque, prytane en charge, Aurélios Hermanobammon, exégète, Aurélios Didymos, grand prêtre et Aurélios Coprias, cosmète, de la cité d’Évergétide, à Aurélios Euripas, comédien, et à Sarapas, homériste, salut. Venez immédiatement, suivant votre habitude de célébrer avec nous la panégyrie, pour participer à notre fête traditionnelle, la nativité de Cronos, dieu très grand… Les spectacles doivent commencer demain, qui est le 10, pendant le nombre de jours habituel. Vous recevrez vos rétributions (misthoi) et vos honoraires (timèmai). Visa : Hermanobammon, exégète, je souhaite que vous vous portiez bien. Didymos, grand prêtre, je souhaite que vous vous portiez bien. Coprias, je souhaite que vous vous portiez bien. » (trad. P. Collart, « Réjouissances, divertissements et artistes de province dans l’Égypte romaine », RPh 18, 1944, 132-155, ici p. 142-143 légèrement amendée).
67 P. Lond., II, 331 p. 154-155 = Wilcken, 495 p. 574-575 (165 apr. J.-C.) ; P. Grenf., II, 67 = Wilcken,
497 p. 575-576 (237 apr. J.-C.) ; P. Oxy., X, 1275 p. 213-214 (Iiie siècle apr. J.-C.) ; P. Lond. Inv.
1917 (194 apr. J.-C.) republié par H. I. Bell, « A musician contract », JEA 10, 1924, 145-146. Voir également P. Oxy., IV, 731 p. 223-224 (8-9 apr. J.-C.) qui concerne probablement l’engagement d’un artiste, ainsi que P. Oxy., III, 475 p. 159-160 = Wilcken, 494 p. 573-574 (182 apr. J.-C.) qui est une lettre demandant l’envoi d’hypérètes pour procéder à la toilette funèbre rituelle et à la sépulture d’un enfant de 8 ans. Ce dernier est en effet tombé par la fenêtre et s’est tué alors qu’il voulait voir les danseuses (κροταλιστρίδῶν l. 17-18) qui, à l’occasion d’une fête (ἑορτή l. 17) à Sénepta, donnaient une représentation (λειτουργουσῶνl. 18), comme d’habitude près de la maison de Ploution (κατὰ τò ἔθος πρòς οἰκίᾳ Πλουτίωνος l. 18-19).
68 Papyrus de Tebtunis P. Lond. Inv. 1917 (194 apr. J.-C.) republié par H.I. Bell, « A musician contract »,
JEA, 10, 1924, 145-146, l. 8-11 : βούλοµαί σαι [π]αραλαβ[εῖν] σὺν ἑτέροις τρισὶ τελε[ίο]ις λιτο[υργ]ήσαντας ἐπὶ ἡµέρας ἓξ « Je souhaite t’engager, toi et trois autres musiciens confirmés, pour officier pendant six jours ».
69 P. Oxy., X, 1275 p. 213-214 (IIIe siècle apr. J.-C.) : [Ὁ]µολογοῦσιν ἀ[λλήλοις Αὐ]ρήλιοι Ὀν|νοϕρις Ἀµµω[νίου] µητρòς | [Θα]ϊσοῦτος καὶ Ἀϕῦγχ[ις Ἡ]ρα[κ]λᾶτος µητ(ρòς) | Τ[α]υσείριος καὶ Ἑρµ[ογ]ένης Διονυσὶου | µητ(ρòς) Ἡρακ[λο]ῦτος καὶ [……]σις Φ[ι]λώτου | µητρ[ò]ς Ἀριστοῦτος κ[αὶ……] Ἀµµ[ω]νίου, | οἱ πἐντε π[ρο]στάται κώµης Σούεως, | καὶ Kοπρεὺς Σαραπάµµων[ος] ὁ προεσ|τὼς συµϕωνίας αὐλητῶν καὶ µoνσικῶν, | οἱ μέν περὶ τòν Ὀννῶϕριν παρειλη|ϕἐναι τòν Κοπρέα µετὰ τῆς ἐαήτοῦ | σνµϕωνίας λειτουργήσοντας τοῖς | ἀπò τῆς προκιµἐνης κώµης ἐϕ᾿ ἡµέ |ρας έορτῶν πέντε ἀπò δεκάτης Φαµε|νὼθ τοῦ ἐνεστῶτ(ος) β (ἔτους) µισθοῦ ἡµε|ρησὶως δραχµῶν ἑκατòν τεσσαράκοντα | καὶ ἄρτων ζεήγῶν τεσσαράκοντα | ἐλαὶου ῥαϕανὶνου κοτυλῶν ὀκτὼ καὶ | ὅλων τῶν ήµερῶν οἲνον κεραµίου ἐνòς | ὄξους κεραµίου ἑνός, ἐνδεῦθεν δὲ | ὁµολογῖο ὁ Κοπρεὺς ἐσχηκέναι εἰς λό|[γο]ν ἀρ<ρ>αβῶν[ος] δραχµὰς εἴκοσι. παρα λήµψ[ον]ται δὲ οἱ περὶ τòν Ὀννῶϕριν | [τ]òν Κ[οπρ]έα µετὰ τῆς ἐαήτοῦ σήµϕωνίας | ἀπò τοῦ Ὀ[ξ]υρυγχείτου διὰ ὄνων δέκα ἀπο | κα[ταστήσ]ουσι εἰς τὴν προκιµένην κώµην... « Aurélios Onnophris, fils d’Ammonios et de Thaïsous, Aurélios Aphynchis, fils d’Héraklès et de Taurisis, Aurélios Hermogène, fils de Dionysios et d’Héraclous et …sis, fils de Philotas et d’Aristous et …, fils d’Ammonios, tous les cinq présidents du village de Souïs, d’une part, et, d’autre part, Copreus, fils de Sarapammon, leader d’une harmonie d’aulètes et de musiciens, conviennent entre eux de ce qui suit. Onnophris et consorts engageront Copreus et sa compagnie pour officier (leitourgèsontas) pour les gens du village susdit pendant les cinq jours de fête, à partir du dix Phuménoth de la deuxième année courante, moyennant une rétribution quotidienne de cent quarante drachmes, quarante paires de pains, huit cotyles d’huile de graines de chou et, pour la durée du séjour, une jarre de vin et une jarre de piquette. Par le présent accord, Copreus convient qu’il a reçu vingt drachmes à titre d’arrhes. Onnophris et consorts prendront Copreus et sa compagnie avec dix ânes pour venir d’Oxyrhynchite et les amèneront au village susdit… » (trad. P. Collart, op. cit. 1944, p. 142 légèrement amendée).
70 P. Lond., II, 331 p. 154-155 = Wilcken, 495 p. 574-575 (165 apr. J.-C.) : Κóσµῳ πρω(νοη)τ(ῇ) αὐλη(τρὶδων) | παρὰ Σατύρου Σατύρου | ἀπò τῆς Νήσου. Βούλοµαι | παραλαβῖν σε σὺν ἐπιστη (i) | γυ<μ>νασταῖς τρισῖ καὶ κορασὶ|οις τέσσαρσι λιτουργῆ|σαι ἐν τῇ προκιµένῃ κώ|µῃ ἐϕ᾿ ἡµέρας ἔξ ἀπò τῆς|ιη τοῦ ἐνεστῶτος µηνòς | Φαῶϕι, λαµβάνοντóς σου | καθ᾿ ἡµέραν έκἀστην ἀρ(γυρίου) (δραχµὰς) | τεσσαράκοντα καὶ παραδώσω | µεν ὅσα ἐὰν παραλάβοµν | καὶ ποιησóµεθα τὴν ἐπιµλ| [ιαν καὶ] ϕρονίδα καὶ | δώσ[ο]µεν | ἔτι καταβαίνοντι ὄνους τέσ|σαρας καὶ ἀναβαίνοντι τοὺς|ἴσους. | (Ἔτους) ς Ἀντωνίν(ου) καὶ Οὐήρου | τῶν κυρίων Σεβαστῶν | Φα<ῶ>ϕι | δ.
« À Cosmos, impresario de joueuses d’aulos, de la part de Satyros, fils de Satyros, de (Soknopaiu)nesos. Je souhaite t’engager (paralabîn), toi, avec trois habiles gymnastes ( ?) et quatre jeunes filles, pour officier (litourgèsai) dans le village susdit pendant six jours, à partir du 18 du mois courant de Phaôphi. Tu recevras par jour quarante drachmes d’argent et nous te rendrons tout ce que nous aurons reçu de toi en dépôt. Nous prendrons soin et souci de vous et nous vous donnerons en outre quatre ânes pour descendre (d’Arsinoé) et autant pour y remonter. An 6 d’Antonin et Vérus, nos maîtres Augustes, 4 Phaöphi. » (trad. P. Collart, 1944, p. 141 légèrement amendée). P. Grenf., II, 67 = Wilcken, 497
p. 575-576 (237 apr. J.-C.) : [Αὐρ]ηλ(ίῳ) Θέωνι πρωνοη(τῇ) αὐλ(ητρίδων) | [πα]ρὰ Αὐρηλίου Ἀσκλᾶ Φιλαδέλ|[ϕου] ἡγουμένου συνóδου κώ[μη]ς. Βακχιάδος. Βούλομαι | [ἐ]κλαβεῖν παρὰ σου Τ[.]σᾶιν [ὀρ]χήστριαν σὺν ἑτέρᾳ μιᾷ λι|[τουργ]ήσιν ἡμῖν έν τῇ προ[κε]ι | [μέ]νῃ κώμῃ ἐπὶ ήμέρας ι [ἀ]πò τῆς ιγ Φαῶϕι μηνòς |[κατ]ὰ ἀρχαὶους, λαμβάνότωτ |[αὐ]τῶν ὐπὲρ μισθοῦ ήμερη | [σι]ως (δραχμὰς) λς καὶ ὑπὲρ τιμήμα|[τος] πασῶν τῶν ἡμερῶν|.[.]. ου ἀρτάβας γ καὶ ψωμὶων | ξε[ύ]γη ιε, ὑπὲρ καταβάσεως καὶ ἀναβάσεως ὄνους γ. Ἐντεῦ|θε[ν] δὲ ἐσχή(κασι) ὑπὲρ ἀραβῶνος |[τῇ τ]ιμῇ έλλογουέν[ο]υ σ[ο]ι | (δραχμὰς) [.]β. (Ἔτους) γ Αὐτοκράτορος (καί)σαρος Γαίου... « À Aurélios Théon, impresario (prônoètès) de joueuses d’aulos, de la part d’Aurelios Asclas, fils de Philadelphos, président de l’association du village de Bacchias. Je souhaite engager (eklabein) chez toi la danseuse T(.)saïs avec une autre pour nous “servir” (litourgèsin) dans le susdit village pendant 10 jours à partir du 13 du mois de Phaôphi, vieux style. Elles recevront une rétribution quotidienne de 36 drachmes et, comme honoraires, pour tout le séjour, 3 artabes de blé et 15 paires de pains ; pour la venue et le retour trois ânes. Par le présent acte elles ont reçu à titre d’arrhes incluses avec toi dans les honoraires [.] deux drachmes. Année 3 de l’empereur César Gaius Julius Verus Maximin Pieux Heureux Auguste Très… » (trad. P. Collart, op. cit. 1944, p. 142 légèrement amendée). Voir également P. Oxy., III, 475 p. 159-160 = Wilcken, 494 p. 573-574 (182 apr. J.-C.) cité précédemment.
71 « Some notes on musicians in Greek cult », Ancient Greek Cult Practice from the Epigraphical Evidence. R. Hägg (ed.), 1994, p. 92.
72 Cf. Archarniens, 15-16 ; 865-866 et Oiseaux, 858, avec le commentaire de P. Roesch, « L’aulos et les aulètes en Béotie », H. Beister et J. Buckler (ed.), Boiotika, Vorträge vom 5. Internationalen Böotien-Kolloqium zu Ehren von Professor Dr. Siegfried Lauffer, Munich, 1989, p. 203213, spécialement p. 208. Voir également M. Okal, « Aristophane et les musiciens », Charisteria Francesco Novotny octogenario oblata, Prague, 1962, 29-42.
73 Harpocration, s.v. βωµολοχεύεσθαι (= Souda, s.v. ; Et. Gudianum, s.v. βωµολοχίαις; Et. Genuinum et Symeonis, s.v.βωµολóχος) : βωµολóχοι κυρίως ἐλέγοντο οἱ ἐπὶ τῶν θυσίων ὑπò τοὑς βωµοὺς καθίζοντες καὶ µετὰ κολακείας προσαιτοῦντες « on appelait principalement bômolochoi les gens assis au pied des autels au moment des sacrifices, qui mendiaient avec force de flatteries » (trad. J. Ducat). Voir également Et. Magn. s.v. βωµολόχοι, avec les remarques de Fr. Frontisi-Ducroux, « La bomolochia : autour de l’embuscade à l’autel », Recherches sur les cultes grecs et l’Occident 2, Cahiers du Centre Jean Bérard 9, 1984, p. 29-50 et de J. Ducat, « Un rituel samien », BCH 119, 1995, p. 359-363.
74 Bômolochia est formé à partir de βωµός, « autel », et de λόχος, « embuscade ».
75 Trois scholiastes d’Aristophane définissent pareillement le bômolochos : scholie de Thomas Triclinus aux Nuées 910 b (éd. W. J. W. Koster, 1974) : οἱ ἐν τοῖς βωμοῖς ἐϕεδρεύοντες καὶ τὰς θυομένας θυσίας άρπάξοντές τε καὶ κατεσθὶοντες βωμολóχοι ἐκαλοῦντο « ceux qui se tenaient aux aguets auprès des autels et ravissaient pour les manger les victimes sacrifiées étaient appelés bômolochoi » ; scholie anonyme au même vers (éd. D. Holwerda, 1977) : ὁ ἐν τοῖς βωμοῖς ἐνεδρεύων καὶ ἐκ τῶν προσαγομένων ἐν αὐτοῖς θυμάτων κλέπτων ἐλέγετο βωμολόχος « celui qui était aux aguets auprès des autels et qui volait des morceaux des victimes qui y étaient conduites, c’est ce qu’on appelait au sens propre un bômolochos » ; scholie aux Cavaliers 901 b (éd. D. M. Jones et N. G. Wilson, 1969) βωµολόχοι δέ εἰσι οἱ περὶ τοὐς βωµοὺς λοχῶντες ἐπὶ τῷ ἁρπάζειν « les bômolochoi sont ceux qui sont en embuscade autour des autels afin d’y ravir quelque chose ». Voir encore la scholie de Tzetzes aux Nuées 910 a (éd. D. Holwerda, 1960) : βωµολóχοι· λάλος, ϕλύαρος· ἀπò τῶν παίδων τῶν τοῖς βωµοῖς ἐκ τῶν σχολῶν δραπετευóντων, ἵνα ἐκ τῶν θήσιῶν τι λαµβάνοντες τρέϕοιντο « bômolochos : bavard, beau parleur ; se dit des enfants qui font l’école buissonnière et fréquentent les autels, afin de se nourrir de ce qu’ils y prennent » (les traductions citées sont de J. Ducat).
76 Comme en conviennent J. Ducat (op. cit, 1995, p. 363) et Fr. Frontisi-Ducroux (op. cit., 1984, p. 32).
77 Un peu à l’image des serpents « domestiques » que Harald Sjövall qualifiait volontiers de ‘Schmarotzer’ (Zeus um altgriechischen Hauskult, Lund, 1931).
78 Il est inutile de revenir sur l’argument a silentio de la chercheuse suédoise : certes, il est rarement fait mention de la présence de musiciens au repas sacrificiel, mais il se peut qu’ils soient compris lorsqu’il est simplement fait état de la présence au repas sacré des « participants » sans autre précision. Toutefois, comme on l’a vu, le fait de « participer » peut s’entendre de différentes manières. Ici on aura metechein, là leitourgein, ailleurs pompeuein… L’argument est plus que fragile.
79 O. Kern, Inschr. von Magnesia, n° 98 ; Syll.3, 589 ; LSA, 32 (l. 54).
80 G. Daux, « Un règlement cultuel d’Andros (Ve siècle av. J.-C.) », Hesperia 18, 1949, p. 58-72 et pl. I, et BCH 73, 1949, p. 293 ; J. et L. Robert, BE 63, 1950, n° 120 p. 161 ; Fr. Sokolowski, LSS,
38 ; et en dernier lieu G. Rougemont, Corpus des inscriptions de Delphes, I, 1977, n° 7 p. 19-23 et du même « Les théores d’Andros à Delphes », Études delphiques (Suppl. au BCH, 4), Paris, 1977, p. 37-47.
81 Trad. G. Daux, Hesperia 18, 1949, p. 60, commentaire p. 69-70.
82 Aristote, AP, 62, 2 : ἔπειτ᾿ εἰς σίτησιν λαμβάνουσιν ἐννέ᾿ ἂρχοντες τἐτταρας ὀβολοὺς ἕκαστος καὶ παρατρέϕουσι κήρυκα καὶ αὐλητήν « Les neuf archontes reçoivent chacun quatre oboles pour frais de nourriture, et se chargent de nourrir leur héraut et leur joueur d’aulos ».
83 W. R. Paton et E.L. Hicks, The inscriptions of Cos, Oxford, 1981, n° 383 l. 16 ; LSCG Suppl., 121
l. 11. Voir les remarques de St. Georgoudi, « Sacrifices dans le monde grec : de la cité aux particuliers.
Quelques remarques », Ktèma 23, 1998, 325-334 [Actes du coll. Public et privé en Grèce ancienne : lieux, conduites, pratiques] et de L. Robert, Nouvelles inscriptions de Sardes, Paris, 1964, p. 14-15.
84 Cf. G. Nordquist, op. cit., 1993.
85 Voir notamment Th. Homolle, « Comptes et inventaires des temples déliens en l’année 279 », BCH 14, 1890, 389-511 et BCH 15, 1891, 113-168 ; F. Durrbach et E. Schulhof, BCH 34, 1910, 152-153 et BCH 35, 1911, p. 85 ; P. Roussel, Délos colonie athénienne, De Boccard, Paris, 1916, p. 187 ; J. Tréheux, BCH 76, 1952, 588-589 ; Ph. Bruneau, Recherches sur les cultes de Délos à l’époque hellénistique et à l’époque impériale, Paris, De Boccard, 1970. On connaît le nom de trois de ces aulètrides, cf. Bruneau, 1970, p. 37-38
86 Réf. chez Ph. Bruneau, op. cit., 1970, p. 37 : IG XI, 158 A, l. 51 ; 159, A, l. 62 : αὐλητρὶς τοῦ ἱεροῦ χοροῦ IG XI, 161, A, l. 85 ; 162, A, l. 47 ; 199, C, l. 56-57 : αὐλητρὶς ἡ αὐλοῦσα τῶι χορῶι τῶν γυναικῶν ; IG XI, 203, A, l. 61 : αὐλητρὶς τοῦ χοροῦ; IG XI, 287, A, l. 85 ; ID 290, l. 107 ; 316, l. 116 ; 372, A, l. 98 ; 442, A, l. 197 ; 444, A, l. 28 : αὐλητρίς + nom (Βροµίας, Καλλιóπη, Φιλουµένη). Salaire de l’aulètride dans le Compte de 279 (l. 83-85) : τῆι αὐλητρίδιτῆι αὐλούσηι τῶι χορῶι τῶγ γυναικῶν µισθòς -ΗΔΔ-.
87 « Comptes et inventaires des temples déliens en l’année 279 », BCH 14, 1890, p. 487.
88 Voir F. Chamoux, « Les comptes des démiurges à Cyrène », Comptes et inventaires dans la cité grecque. Actes du coll. int. d’épigraphie (Neuchâtel, 23-26 septembre 1986) en l’honneur de Jacques Tréheux, D. Knoepfler (éd.), Neuchâtel/Genève, 1988, p. 143-154, spécialement p. 153 ; C. Dobias-Lalou, « Les dépenses engagées par les démiurges de Cyrène pour les cultes », REG 106, 1993, 2438.
89 En VII, 134, Hérodote nous apprend que les missions de héraut étaient confiées à la famille des Talthybiades, c’était pour elle un privilège, un gevra". Pour un commentaire de ce passage, on consultera l’étude de G. Berthiaume, « Citoyens spécialistes à Sparte. Réponse à R.T. Ridley », Mnemosyne 29, 4, 1976, 360-364 (je n’ai pas pu consulter P. Cartledge, « Did Spartan citizens ever practice a manual tekhne ? », LCM 1, 1976, 115-119), qui propose de joindre à cette liste le répartiteur des viandes (κρεοδαίτης) ainsi que le devin et le médecin. Elle est en effet similaire à la liste des démiurges homériques (Odyssée, XVII, 382-386 ; XIX, 134135) comprenant héraut, devin, médecin, charpentier et aède (cf. K. Murakawa, « Demiurgos », Historia 6, 1957, 405).
90 Fr. Sokolowski, LSS, 121, l. 22-25. Voir également BE 73, 1960, n° 346 p. 194. l. 18-25 : ἄλλο μέρος· | διδóναι δὲ γέρα τòν πρύτανιν τῷ ἱεροϕάν | τῃ παντòς ιερειου τοῦ τυθέντος τοῖς θε|οῖς κεϕαλὴν καὶ γλῶσσςαν καὶ τò δέρμα διὰ τὴν | ἐνπειρίαν καὶ μέγεθος αὐτοῦ τῆς ὑπαιρεσί|ας· τῷ δὲ ἱεροκήρυκι καὶ αὐλητῇ καὶ σαλπικτῇ | καὶ ἱεροϕάντῃ δευτέρῳ καὶ τῷ ἱεροσκόπῷ | καὶ ἑβδομοκούρητι σπυρίδας κατὰ προέλευ|σιν. Dans ce même règlement, il est question de chants et de prières faits en l’honneur du Sénat et du peuple de Rome, ainsi qu’en l’honneur de celui d’Éphèse, les péans devant être chantés pendant les sacrifices, les processions et les cérémonies nocturnes (l. 12-15 : τοὺς παιᾶνας ᾄδειν ἐν ταῖς θυσίαις καὶ ἐν ταῖς ποµπαῖς καὶ ἐν ταῖς παννυχίσιν αἷς δεῖ γενέσθαι κατὰ τὰ πάτρια).
91 La restitution est assurée par καὶ τοὺς περὶ précise L. Robert, BE 90, 1977, 405 p. 390-391 (voir l. 16-17 et 49 du premier décret).
92 P. Hermann, « Antiochos der Grosse und Teos », Anadolu 9, 1965, 29-159 avec les amendements de J. et L. Robert, BE 90, 1977, 405, l. 7-8 : κα]ὶ συνεῖναι ἐν τῇ ἡμἐ[ρᾳ ταύτῃ πάντας τοὺς τῆς πόλεως ἄρχο]ντας καὶ τοὺς περὶ [τòν Διóνυσον τεχνίτας] « en ce jour tous les magistrats de la cité et les technites dionysiaques banquèteront ensemble ». Voir également P. Schmitt Pantel, La cité au banquet, 1992, p. 281-283 (suneinai) et 326 ; K. J. Rigsby, Asylia, 1996, p. 80 sv. ; J. Ma, Antiochos III and the cities of Western Asia Minor, 1999.
93 À moins de considérer que les technites étaient de toute façon présents et que, sélectionnés ou non pour jouer lors des sacrifices et des Mystères, ils ne touchaient pas de rémunération supplémentaire ( ?).
94 Ce qui en dit long sur le degré commun de culture musicale si l’on considère que ces hiéroi étaient, à l’aune des Dix, élus par l’assemblée du peuple (cf. § 25 l. 116-179).
95 OGI, 352 ; IG II2, 1330. Cf. BCH 50, 1926, 497-498 ; L. Robert, Études anatoliennes, p. 449 ;
A. Wilhelm, Jahreshefte 24, 1929, 184-186 ; L. Robert, Études épigraphiques et philologiques, Paris, 1938, p. 38-45
96 Voir en dernier lieu L. Robert, op. cit., 1977, après notamment E. Bourguet, FD, III, 1, 351 ;
M. Feyel, Contribution à l’épigraphie béotienne, 1942, p. 143-146 et J. Bousquet, « Les technites de l’Isthme et de Némée », BCH 85, 1961, 78-85.
97 l. 34-39 (trad. L. Robert, op. cit., 1977, p. 205). Et les sanctions peuvent tomber comme en témoigne l’inscription d’Épidaure IG IV 2, 99 datée des premiers temps de l’Empire romain :
Ἐπὶ ἀγωνοθέτα τῶν Ἀσκλαπιείων καὶ Ἀπολλωνίων Σωστράπου τoῦ [πατρο]κλείδα. κατάδικοι οί γενόµενοι τῶν τεχνιτᾶν | διὰ τò µὴ ἀγωνίξασθαι κεκοµισµένοι τòν µισθόν· | [deux lignes martelées] -- κωµ<ω>ιδòς Διονύσιος Διονυσίου Ῥóδιος µνᾶν | τεσσάρων. | [deux noms effacés] « Sostratos fils de Patrodeidas étant agonothète des Asclépieia et des Apollonia. Ont été condamnés pour n’avoir pas pris part au concours, après avoir touché leur salaire, les artistes suivants : […] l’acteur comique Dionysios fils de Dionysios, de Rhodes, à 4 mines… » (cf. Pickard-Cambridge, op. cit., 1988, p. 300 ; R. Dareste, B. Haussoulier et S. Reinach, RIJG, tome I, p. 495-496).
98 D. Knoepfler a en effet montré de manière tout à fait convaincante que les Démétrieia sont bien célébrées en l’honneur de Déméter, et non de Démétrios Poliorcète comme on l’a longtemps supposé (« Le calendrier des Chalcidiens de Thrace. Essai de mise au point sur la liste et l’ordre des mois eubéens », JS, 1989, 23-59, spécialement p. 49-53).
99 « Ὁ Εὐβοϊπòς νόµος γία τὴ µίσθωση τῶν Διονυσιακῶν τεχνιτῶν (IG xii 9, 207) », EEThess 22, 1984, 499-564, cf. SEG, 34, 1984, 896. Je dois à Br. Le Guen d’avoir pu prendre connaissance de cet article. Je la remercie d’autant plus qu’elle m’a en outre fait part de ses propres remarques en me communiquant l’édition traduite et commentée encore inédite qu’elle en a elle-même produit.
Voir par ailleurs Wilamowitz, IG xii 9, 207 et addenda p. 176 ; F. Hiller von Gaertringen, IG xii
Suppl., p. 178 ; A.Wilhelm, « Griechische Inschriften rechtlichen Inhalts », PAA 17, 1, 1951, 79-83 ; P. Ghiron-Bistagne, Recherches sur les acteurs dans la Grèce antique, 1976, p. 181-184 (édition et traduction partielle accompagnée d’un rapide commentaire) ; A.W. Pickard-
Cambridge, Dramatic festivals of Athens2, 1988, p. 306-308 ; E. Csapo et W. J. Slater, The Context of Ancient Drama, 1995, section III, texte n° 162 p. 196-200 (traduction du texte figurant dans
les IG) ; ainsi que le bref commentaire de I.C. Ringwood, « Local festivals of Euboea, Chiefly from
inscriptional evidence », AJA 33, 1929, 385-392 et les remarques de D. Knoepfler [cité supra n. 98].
100 Voir également l. 57-59 : ὅπως ἂν γίνωνται <αί ἐργολαβὶαι>, τὰς πόλεις ἑλοµένας τοὺς ἄνδρας κατὰ τὴν διαγρα[ϕὴν πέµψαι] εἰς Χαλκίδα πρò τῆς εἰκάδος τοῦ Ἀπατουριῶνος µηνóς, ὡς Χαλκιδεῖς ἄγοήσιν, ὅπως ἂν ἐγδῶσιν τὰ ἔ[ργα τοῖς τεχ]νίτας « afin que (les contrats) soient passés, que les cités [dépêchent] les hommes qu’elles auront désignés conformément à l’accord, à Chalcis, avant le 20 du mois d’Apatouriôn du calendrier de Chalcis, de sorte qu’ils attribuent leurs tâches aux technites ».
101 Recherches sur les acteurs dans la Grèce antique, 1976, p.181-184.
102 Comme à Messène, du reste, en cas de défection les hairéthentes « recruteront, à la place de ceux qui auront failli à leurs engagements, des technites de n’importe où, à condition (toutefois) qu’ils aient les capacités requises » (l. 66 : µισθῶσαί ποθεν τεχνίτας ἀντὶ τῶν λειπóντων, ἐὰν ὦσι δυνατοί).
103 IG IX, 1, 694, voir R. Dareste, B. Haussoullier et Th. Reinach, RIJG, I, p. 118-129 pour l’édition
et la traduction, et 137-144 pour le commentaire.
104 l. 26 : ἀποστείληι ἁ πóλις ἐπὶ τοὺς τεχνίτας ; l. 15 : ἀποστειλάτω ἁ πóλις ; l. 79-78: ἀποστειλάντω.
105 Voir l. 3-4 ; 16 ; 20 ; 29 ; 32-33 etc.
106 Je me range ici à l’avis de Br. Le Guen qui, instruite des analyses de Stéphanis, se résoud à ne pas rendre ἐργóλαβος par « impresario », « intermédiaire » ou « entrepreneur de spectacle ». En effet, rien dans le texte ne permet de dire qu’ἐργóλαβοι et technites forment deux catégories distinctes. La diagraphè stipule simplement que les contractants peuvent être soit les artistes, individuellement, soit les directeurs de compagnie, eux-mêmes artistes. De la même manière, les contrats d’engagement mettent généralement aux prises un musicien ou le leader, ὁ προεστώς, d’une formation (P. Oxy., X, 1275, l. 8-9) avec un ou des particuliers, et pas nécessairement son impresario, προνοητής (i.e. celui « qui prend soin de », de προνοέω, « prévoir, penser d’avance, pourvoir » cf. P. Lond., II, 331, l. 1 ; P. Grenf., II, 67, l. 1).
107 Voir également l. 42 : ἐὰν δὲ τινες τῶν τεχνιτῶν λίπωσι τῶν ἔργων τι τῶν ἐγδοθέντων ; l. 70 : τοὺς δὲ διδόντας τὰ ἔργα ; l. 71-72 : τοὺς ἡιρηµένους πρòς τὰς ἐργολαβίας.
108 l. 14 : νε]µóντων, si l’on se fie à la restitution qu’en propose Stéphanis.
109 Voir l. 21-25. On retrouve le verbe παραλαµβάνω, c’est-à-dire « se charger, contre rémunération, de », dans les contrats d’engagement rédigés sur papyrus. L’engagé reçoit (λαµβάνω) un salaire, µισθóς (P. Oxy., IV, 731, l. 8) qui peut être journalier (P. Grenf., II, 67, l. 11 ; P. Oxy., X, 1275,
l. 15 ; P. Oxy., VII, 1025, l. 19-20) et/ou des honoraires, τίµηµαι (P. Grenf., II, 67, l. 12-13 ;
P. Oxy., VII, 1025, l. 20), ou une indemnité, ὀψώνιον (P. Oxy., IV, 731, l. 10).
110 Politiques, VII, 10, 10-11, 1330 a 8-14. Voir également Diodore 1, 21, 7 : Isis τò τρίτον µέρος τῆς χώρας αὐτοῖς εἰς προσóδους δοῦναι πρòς τὰς τῶν θεῶν θεραπείας τε καὶ λειτουργίας « alloua le tiers du pays comme source de revenus pour pourvoir aux frais du culte et du service divin » (trad. CUF).
111 G.M. Sifakis, 1967, p. 34 sq. et 38 sq. Il est notamment suivi par A. Scheithauer (1997, p. 115).
112 Voir e.g. le décret des Insulaires instituant la fête des Démétrieia en 306 a.C. (= Fr. Durrbach,
Choix, 13), fête dont le programme comprend un sacrifice, des concours et une assemblée (l. 6 : θυσίαν καὶ ἀγῶνας καὶ σύνοδον). Dans ce texte, il est prévu que « (la confédération des insulaires) défraiera les sacrifices, les concours, ainsi que les salaires des artistes et le montant des prix aux Démétrieia sur les fonds communs » (l. 8-10 : τήν τε παρασκευὴν τῶν θυµάτων καὶ τῶν ἀγώνων ποιεῖσθαι καὶ τὴν µίσθωσιν τῶν τεχνιτῶν).
113 Ainsi A. Jacquemin a-t-elle été frappée, à la lecture des comptes des hiéropes, du nombre relativement faible de victimes sacrificielles achetées par la cité. Ce qui donne l’impression, dit-elle, de laisser aux particuliers le soin d’acheter la plupart d’entre elles (« Remarques sur le budget sacrificiel d’une cité : Délos indépendante », L’Espace sacrificiel dans les civilisations méditerranéennes de l’Antiquité, Actes du Colloque tenu à la Maison de l’Orient, Lyon, 4-7 juin 1988, R. Étienne et M.-Th. Le Dinahet (éds.), De Boccard, Paris, 1991, p. 93-98).
114 Le texte est édité, traduit et commenté par Fr. Salviat, « Décrets pour Épié fille de Dionysios : déesses et sanctuaires thasiens », BCH 83, 1959, 362397.
115 Cf. l. 48-49 (l’extrait en question est cité supra n. 31). La néocorie s’apparente ici, comme nous l’avons précisé plus haut, à une liturgie ainsi qu’on l’entend de l’institution athénienne de l’époque classique. C’est la raison pour laquelle je la qualifie ici de « vraie liturgie ».
116 Il s’avère toutefois difficile de dire s’il s’agit d’une simple avance ou d’une contribution obligatoire, l. 52-53 : οἱ δ҆ ἐν τῶι πέμπτωι καὶ πεντηκοστῶι ἔτει κατεσταμένοι ἐξοδιασάντω καὶ Mνα[σισ]τράτωι τò διδóμενο[ν αὐτῶι] διάϕορον εἰς τòν στέϕανον ὑπò τῆς [πό]λεος, δραχμὰς ἑξακισχιλίας, « Les (Cinq) institués dans la cinquante-cinquième année débourseront six milles drachmes, somme offerte par la cité à Mnasistratos lui-même pour sa couronne ».
117 Ainsi à Claros au IIe siècle apr. J.-C. Polémaios s’était-il illustré pour avoir, entre autres choses, fourni au peuple des acroamata : décret pour Polémaios, col. IV, l. 12-16 : ἒν τε ταῖς λοιπαῖς χορηγίαις ἐπίσηµον ἔσχηκεν τὴν πρòς τὴν πατρίδα γιλοτειμίαν, ἐπιδιδοὺς μὲν ἀκροάματα κατὰ τὴν ἰδίαν ὑπò τοῦ δήµο[υ] παράκλησιν « et dans les autres prestations il a mis en évidence sa générosité envers sa patrie : il a d’une part fourni à ses frais des artistes conformément à la demande que lui avait faite personnellement le peuple ». Voir L. et J. Robert, Claros I. Décrets hellénistiques. Fasc. 1, Paris, 1989. Ce qui laisse à penser que le système chorégique n’est pas, au IIe siècle apr. J.-C., complètement hors de saison.
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