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Élitisme, inaction et déclassement

L’identité combattante à l’épreuve du terrain colonial chez les Français libres du Tchad

p. 37-52


Texte intégral

1Donner une identité combattante cohérente aux Forces françaises libres (FFL) s’avère une entreprise périlleuse, complexe et changeante pour le général de Gaulle entre 1940 et 1944.

2Loin d’être un corpus d’idées homogène et bien défini, l’imaginaire guerrier de celui-ci est en réalité un savant mélange de convictions et d’improvisations. La manière dont il décrit les combats des troupes sous son autorité se heurte en permanence à trois obstacles : le refus des acteurs de la Résistance extérieure d’assumer pleinement leur désobéissance fondatrice, la diversité des expériences combattantes au sein des FFL et le fait que le déploiement de ces dernières dépend des choix stratégiques des Britanniques puis des Américains sur lesquels de Gaulle et son entourage n’ont que peu de prises. Par conséquent, s’impose en la matière un constat semblable à celui que dresse Nicolas Roussellier sur les aspects politico-militaires de l’organisation à Croix de Lorraine : « dans la France Libre, tout se construit en fonction des besoins que fait naître l’action1 ».

3S’il tente dès juin 1940 de définir ce qu’est un Français libre afin d’attirer à lui ceux qui refusent la défaite et pour fonder son organisation2, le général de Gaulle se limite les deux années suivantes à ne qualifier que de manière très impressionniste les militaires qu’il dirige. Ses prises de parole publiques au début de l’année 1942 le voient par exemple délaisser les longs développements sur les causes de la défaite et la légitimité de son organisation pour mieux « dessiner les contours de ce que devra être selon lui la France libérée et l’élite qui la dirigera3 ». Considérant que l’entrée en guerre de l’URSS et des États-Unis donne un avantage décisif et irréversible à ceux qui se battent depuis juin 1940, de Gaulle a besoin non seulement d’apparaître comme un chef crédible mais aussi de montrer que son organisation est composée de civils et de militaires susceptibles d’exercer le pouvoir en France à court terme. L’idée que s’accomplit sous l’autorité de Gaulle non seulement un redressement militaire mais une régénération politique et morale des dirigeants français est particulièrement sensible dans son discours prononcé à la BBC le 28 mars 1942 :

« La guerre est dure. L’épreuve grandit. C’est le moment où, jouant de toutes les sortes de lassitude, s’agitent les démons du doute, du défaitisme, de la désunion. Mais c’est aussi l’heure des plus braves et des plus purs. […] Ainsi, du creuset où bouillonnent les douleurs et les fureurs de la nation française, on voit peu à peu se dégager l’élite nouvelle, l’élite du combat. […] C’est de cette élite audacieuse que dépend, désormais, le destin de notre pays. Non seulement elle a d’ores et déjà pris en charge l’épée, l’honneur, l’espérance de la nation, mais encore elle est le ferment suscité par le génie de la France pour se renouveler jusqu’en ses profondeurs. Au peuple jeté au désastre par l’indignité de ses écoles dirigeantes et livré à l’envahisseur par une régence de défaitistes, de traîtres et de trafiquants, ceux de ses enfants qui renoncent à tout pour eux-mêmes, mais qui ne renoncent à rien pour lui, sont, désormais, ses modèles et ses guides. Patience ! On verra bien qui fera, pour finir, la “révolution nationale”4. »

4Ce statut d’élite hissé au rang d’identité collective des Français libres est révélateur à plus d’un titre. Jean-Pierre Rioux et Julian Jackson rappellent que ce thème n’est pas le produit d’un simple opportunisme mais entre en résonance avec des préoccupations anciennes de De Gaulle :

« Dans ses premiers appels de Londres, à l’été 1940, [ce dernier] s’adresse moins à la masse qu’aux élites – aux militaires, aux ingénieurs et aux experts – et surtout aux dignitaires de l’empire […]. Ce choix est tout à fait logique dans le contexte de 1940, mais il est également dans le droit fil de la pensée gaullienne des années 1930 qui est centrée en partie sur les responsabilités des élites et la nécessité de les renouveler. […] Parmi les premiers ralliés à la France Libre, il n’y a aucun préfet, aucun ambassadeur, aucun chef de service, aucun grand fonctionnaire, peu d’industriels, aucun homme politique de premier plan. […] Face à la défaillance des élites de 1940, la tâche de la France Libre et de la Résistance fut, dans l’esprit du Général, de préparer des élites nouvelles à une France régénérée5. »

5Notre propos est ici d’examiner comment cette rhétorique qui postule une élite cohérente et unie, issue d’un même creuset, entre en collision avec l’environnement militaire et colonial des Français libres du Tchad. Outre l’écart qui existe entre l’idéal des instances gaullistes de Londres et le quotidien de la colonie ralliée au général de Gaulle le 26 août 1940, nous étudierons comment l’inaction et le sentiment de déclassement sont aussi des représentations collectives qui pèsent sur la fabrique d’une identité combattante chez les FFL de l’Afrique française libre (AFL).

L’élitisme à l’épreuve de l’inaction dans un environnement colonial

6Lorsque de Gaulle prononce le discours du 28 mars 1942 cité plus haut, la guerre  et les possibilités de se distinguer qu’elle comporte  semble s’être durablement éloignée de la colonie. Cependant, comme nous venons de le voir, l’homme du 18 juin lie la qualité d’élite à l’action et au combat où se révéleront ceux qui seront jugés les plus dignes de relever la France.

7Le régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad (RTST) combat seulement durant 128 jours entre le 26 août 1940, où la reprise immédiate des hostilités est annoncée à Fort-Lamy, et le 10 mars 1943, date de l’affrontement de Ksar Rhilane en Tunisie où les unités de la colonie rebelle affrontent pour la première fois des soldats allemands. Durant ces 128 journées, ces hommes luttent successivement contre les forces de Vichy dans la forêt gabonaise puis contre les Italiens dans le Sahara libyen. L’environnement est une clef essentielle permettant d’expliquer la difficulté à engager le combat : dans de tels théâtres d’opérations, une unité met plus de temps à se déplacer pour localiser l’ennemi qu’à le combattre réellement. Le climat saharien conditionne de même la planification des opérations militaires : la saison chaude empêche les FFL de partir à l’assaut depuis le nord du Tchad et la saison des pluies coupe tout approvisionnement en ressources et en matériels en raison des crues des fleuves Logone et Chari dans le sud de la colonie6.

8Une autre précision doit être donnée au sujet de ce régiment célébré pour sa volonté farouche de partir à l’assaut de l’ennemi. En 1941-1942, la guerre ne fut l’affaire que d’une petite minorité. Les effectifs déployés par la France Libre à partir du Tchad dans les opérations contre les fascistes italiens de Libye sont, à ce titre, éclairants. Au cours de la période, le RTST compte en moyenne 6 000 hommes. Du 23 janvier au 1er mars 1941, 402 d’entre eux se battent sous l’uniforme à Croix de Lorraine (101 Européens, 295 indigènes, 6 guides locaux) pour prendre le groupe d’oasis de Koufra. Du 28 février au 14 mars 1942, 500 hommes (dont 100 Européens) prennent part aux raids sur le Fezzan, région aride située au sud-ouest du Sahara libyen. Enfin, du 19 décembre 1942 au 25 janvier 1943, ledit Fezzan est conquis par 2 758 soldats colonisés encadrés par 510 Européens qui, à cette occasion, quittent définitivement le Tchad7. Parmi les nombreuses contradictions avec lesquelles ceux-ci se débattent depuis le ralliement de ce territoire au général de Gaulle le 26 août 1940, il en est une qui travaille particulièrement les Européens qui servent sous l’uniforme à Croix de Lorraine au Tchad : la guerre qui se mondialise et s’intensifie semble toutefois ignorer ces hommes qui ont rompu avec leur pays pour continuer le combat. Cette situation est d’autant plus difficile à vivre que les ennemis sont proches ; le Tchad est le seul territoire rallié à la France Libre ayant une frontière commune avec un territoire dominé par Vichy (le Niger) et un autre où opèrent les forces de l’Axe (la Libye).

9Par ailleurs, comme l’a montré Emmanuelle Saada, l’exercice de la domination coloniale passe par une injonction faite aux Européens de se comporter comme une élite vis-à-vis des populations africaines. Elle rappelle que « [le rapport colonial] ne repose pas sur le seul usage de la force, mais sur des influences morales ou pour reprendre un terme très usité à l’époque, une politique du prestige. Cette forme de légitimité est d’autant plus importante que s’éloigne le moment de la conquête8 ». Minorité qui évolue loin de son pays d’origine, les Européens s’astreignent ainsi à la « nécessité de constamment rendre visible le pouvoir des uns sur les autres9 ». Face aux dangers que représentent le « déracinement et [le] déclassement » pour les Blancs dans les colonies, une scrupuleuse gestion « des apparences10 » s’impose dans la vie quotidienne puisque, « à côté du fusil ou de la trique, ce sont l’étiquette et toutes les marques de la déférence et de la différence qui ont été sollicitées pour maintenir la continuité de la domination11 ».

10Cette injonction est d’autant plus présente au Tchad que le ralliement de cette colonie à la France Libre le 26 août 1940 a provoqué un affaiblissement durable de l’encadrement colonial12. Par ailleurs, l’échec de l’opération franco-britannique devant Dakar les 24 et 25 septembre 1940 provoque « une guerre civile non déclarée13 » entre « les élites blanches qui gouvernent l’Empire14 ». Martin Thomas souligne à dessein l’étrangeté impériale dans laquelle s’enfoncent les colonies françaises d’Afrique : « Les élites administratives sont obsédées par les événements en France alors que leurs sujets coloniaux sont préoccupés par l’impact local d’une guerre qu’ils n’ont pas choisie15 ».

11En AÉF, l’échec devant Dakar n’est pas seulement une crise impériale majeure et un choc moral pour de Gaulle et ses hommes. Ceux-ci sont confrontés à un défi majeur concernant l’encadrement et l’emploi des FFL qui auraient dû débarquer à Dakar, qui sont finalement déroutés vers le Cameroun et qui rejoignent le Tchad à partir de décembre 1940. Un clivage structure désormais profondément les rangs des Européens qui servent au Tchad. D’une part, les officiers du RTST et les administrateurs qui se sont ralliés collectivement le 26 août 1940 sont des coloniaux de carrière, utilisent au quotidien tous les répertoires de la violence coloniale pour exercer leur autorité. Ils sont de même sourcilleux sur la « gestion des apparences » qu’Emmanuelle Saada définit comme l’ensemble des pratiques des Européens qui « rend[e]nt manifeste la construction politique qu’il[s] entend[ent] perpétuer : la colonisation repose sur le maintien de la population colonisée dans une situation subordonnée16 ». Cependant, ils n’ont connu la défaite de juin 1940 et ses conséquences que par la radio, et les combats en Europe constituent un horizon lointain. D’autre part, les fantassins et aviateurs qui sont passés par Dakar ont combattu les troupes allemandes durant la bataille de France ou ont vécu de près la défaite de juin 1940 ; leur arrivée dans les rangs gaullistes s’est faite au terme d’un engagement individuel. Il s’agit donc pour eux d’une découverte de l’environnement africain et du système colonial17. Cet étonnement devant le fonctionnement colonial et l’environnement africain poussent certains d’entre eux à en faire de longues descriptions dans leurs journaux intimes et leurs correspondances. C’est la raison pour laquelle leurs mots apparaîtront davantage dans les développements qui suivent que ceux de leurs camarades servant en AÉF avant 1939.

Les Européens du Tchad : un entre-soi élitiste à l’épreuve de la pauvreté

12Les combats impliquant le RTST dans son ensemble étant inexistants et les expériences coloniales étant profondément diverses, l’élitisme gaulliste entre en résonance non pas avec le quotidien des Français libres du Tchad mais avec leurs origines sociales18. Une forte proportion des 3 880 volontaires blancs servant sous l’uniforme du RTST, qu’ils soient coloniaux de carrière ou arrivés au Tchad du fait de la guerre, ont en effet en commun de venir de catégories sociales supérieures et ont en fait besoin d’être rassurés quant à leur appartenance à une élite.

13Comme les Français libres dans leur ensemble, les Européens engagés dans la Colonne Leclerc constituent en effet un groupe qui n’est pas représentatif de la société française métropolitaine. 24 % d’entre eux sont issus de familles paysannes ou ouvrières alors même que ces deux catégories représentent à elles seules 63 % de la population de l’hexagone au regard des chiffres du recensement de 193619. A contrario, 23 % d’entre eux peuvent être comptabilisés dans la catégorie « professions libérales et les cadres supérieurs20 », alors même que ces milieux « rassemblaient moins de 4 % des Français à la veille de la guerre21 ». En ce qui concerne les origines sociales des Français libres du Tchad, il est en outre nécessaire de souligner la prégnance de l’« environnement et de la culture militaires22 » : 16 % d’entre eux sont fils de militaires (13 % sont fils d’officiers et 3 % fils de sous-officiers). « L’écrasante et aberrante surreprésentation des couches supérieures23 » confère une dimension paradoxale au thème de la « faillite des élites » qui est « un poncif du gaullisme de guerre [permettant] de mieux dénoncer à la fois le naufrage de la IIIe République et la trahison de Vichy en réclamant, pour l’après-guerre, une régénération des élites24 ».

14La guerre au Tchad constitue pour ces hommes issus de la bourgeoisie et de l’aristocratie une expérience de la pauvreté. Pour mieux comprendre à quel point le séjour au Tchad est une rupture avec le mode de vie antérieur des Français libres de la Colonne Leclerc, il est nécessaire d’examiner les habitudes quotidiennes auxquelles leur milieu d’origine les a habitués. Dans une étude statistique sur la bourgeoisie entre 1920 et 1939, Marguerite Perrot s’est efforcée de définir les pratiques de consommation des catégories sociales dominantes en France25. C’est précisément avec plusieurs d’entre elles que l’expérience de guerre des Français libres du Tchad est en rupture.

15Un premier phénomène qui distingue les classes dominantes dans l’entre-deux-guerres du reste de la société française est la part de plus en plus en grande accordée aux dépenses de santé (9 % du budget familial). Cela signifie donc que les membres de la bourgeoisie sont moins malades que leurs contemporains et évoluent dans un milieu caractérisé par une grande attention concernant la prévention des maladies à l’aide notamment de « régimes publics et privés de prévoyance26 ». Ces hommes habitués à prendre couramment des médicaments doivent donc davantage composer avec les souffrances quotidiennes liées à la déshydratation qui touchent les combattants dans le désert, ainsi qu’avec la lenteur avec laquelle leurs blessures sont soignées, alors même que l’environnement aride les aggrave. La nouvelle exposition de ces hommes aux problèmes de santé s’accompagne d’une plus grande sensibilité aux questions d’hygiène. Or, les diarrhées et les nausées récurrentes que connaissent tous les combattants en raison de la mauvaise qualité de l’eau conduisent les Blancs du Tchad à porter des habits en permanence salis, voire souillés. Le fait qu’aucun uniforme de rechange ne soit fourni entre 1940 et 1943 – l’une des multiples conséquences de la rupture de la colonie avec la métropole – et que le manque d’eau interdise les lessives fréquentes aggrave encore la situation. Cela augmente d’autant le sentiment de déclassement parmi des FFL, dont beaucoup sont issus de familles où les impératifs sociaux liés au « rang à tenir27 » et certains « facteurs psychologiques28 » (mode, influence de la publicité) conduisent à consacrer 15 % du budget familial total aux dépenses pour les vêtements29. Dans ce contexte de chaleur et de manque d’hygiène, on trouve très logiquement sous la plume des volontaires de la Colonne Leclerc une nostalgie de l’eau courante, « signe exclusif de santé, de vigueur et de fécondité30 » chez les « privilégiés » qui se distinguent des autres catégories sociales par un accès quotidien aux « plaisirs de l’eau31 ». Jean Brisdoux Colonna d’Istria avoue ainsi à Jean de Pange avoir souffert « tant de la soif dans le désert, [qu’]il était obsédé par l’image des robinets d’eau dans la maison de ses parents en France32 ». De même, en août 1941, le capitaine Haussher est bouleversé par le cadeau que lui fait le général Leclerc :

« Il y avait longtemps que je n’avais pas ressenti une joie aussi pure, aussi paisible que celle qui m’a envahi en ouvrant les paquets et les lettres apportés aujourd’hui […]. Celle de me trouver devant une trousse de toilette telle que je la désirais et que je n’espérais plus33. »

16Le manque et la mauvaise qualité de la nourriture constituent un autre aspect important de leur expérience de la pauvreté faite par les Français du Tchad. Ceux qui sont issus des catégories sociales supérieures ont en effet grandi dans un milieu où entre 13 % et 28 % du budget familial moyen sont consacrés à l’alimentation34. Dès leur enfance, ils ont ainsi bénéficié d’une nourriture suffisante en quantité comme en qualité, cuisinée de façon variée à l’aide d’équipements ménagers à la fois nombreux et efficaces35. La composition très sommaire des rations de nourriture destinées aux Européens du Tchad conduit donc les volontaires de la France Libre à prendre la mesure de leur précarité au moment des repas36.

17La correspondance de Raphaël Vinchon, jeune ingénieur agronome qui gagna l’Angleterre avant d’être été affecté comme lieutenant au RTST, permet d’examiner les étonnements et les interrogations engendrées par la guerre et la vie coloniale dans l’esprit d’un jeune bourgeois métropolitain envoyé au Tchad contre son gré. Les très nombreuses lettres qu’il adresse à Lisbeth, sa correspondante anglaise, sont une description des ruptures avec sa vie bourgeoise d’avant-guerre et permettent aussi de suivre l’évolution d’un homme qui, plongé dans un univers qu’il ne comprend pas, voit les repères de sa vie quotidienne complètement bouleversés comme le montre ce passage dans lequel il explique que l’absence de transports et d’entrepôts frigorifiques donne aux produits français les plus courants une valeur inattendue, à l’exemple du saucisson, du beurre et du chocolat37.

18Eu égard à leur milieu d’origine où chaque famille donnait souvent de l’argent à des œuvres pour venir en aide aux plus démunis, on peut penser, par ailleurs, que les Français libres du Tchad issus des catégories sociales supérieures se sentent sans doute encore plus déclassés, voire humiliés, lorsqu’ils deviennent bénéficiaires de la charité de bonnes âmes fortunées. En AFL, des femmes d’administrateurs et de colons se chargent de fournir vivres et argent à « ces braves types descendant du désert [qui] en ont besoin38 ». Une veuve d’officier, Mme Biarnais, tente d’acheminer des colis aux soldats du Tchad à l’occasion de chaque fête religieuse. Les moyens aériens étant uniquement consacrés aux opérations militaires à partir du mois de décembre, la distribution de cadeaux de Noël est donc sacrifiée en raison d’une potentielle offensive39.

19En temps de guerre, un tel phénomène de déclassement n’est acceptable, pour des élites, que s’il est justifié par les bouleversements de la guerre et en quelque sorte sublimé par le fait d’avoir survécu au choc de la violence40. Au Tchad, l’absence de combat rend cet apprentissage de la pauvreté encore plus douloureux.

Domesticité, chasse et équitation : l’obsession du maintien du prestige

20Plus qu’une conformité à un idéal d’« élite nouvelle » défini par le général de Gaulle, les Français libres du Tchad opèrent au printemps 1942 ce que Nicolas Mariot appelle une « régression vers les habitus » : « brutalement et parfois violemment confrontés à la perte de ce qu’ils étaient, […] [ils] tentent à toute force de combler le manque en se repliant sur les manières d’être les plus constitutives de leur identité41 ». « Tenir son rang42 » malgré l’inaction, la précarité et le manque d’argent devient une obsession chez les Blancs des troupes du Tchad issus des catégories sociales supérieures. L’expression prend une double signification dans un tel contexte. Elle signifie tout d’abord que ces hommes cherchent à retrouver les pratiques du milieu dont ils sont issus et donc à correspondre à l’image des élites qu’ils se sont façonnée au fil de leur jeunesse dans leur milieu socio-culturel d’origine. Par ailleurs, bien qu’isolés dans un territoire lointain qu’ils considèrent comme durablement éloigné des combats, ils s’efforcent, précisément pour tenir leur rang, de trouver des occupations à la fois conformes aux valeurs de courage et de dignité chères à leurs yeux et qui leur permettent de compenser « les stigmates du déclassement43 » consubstantiel à leur expérience de guerre dans la colonie rebelle. Dans cette perspective, trois pratiques se répandent chez les officiers à Croix de Lorraine.

21La compensation du déclassement passe tout d’abord par un recours massif et fréquent à une domesticité indigène. Être servi au quotidien par des domestiques africains est une pratique coloniale par excellence. Les usages ancillaires facilitent « le maintien de la “bonne distance” entre colonisateur et colonisé. La domination suppose d’abord une différence. En situation coloniale, celle-ci n’est pas donnée une fois pour toutes, mais continuellement menacée d’érosion par le contact lui-même et donc toujours à reconstruire44 ». Ancrer le fait d’être servi au quotidien permet aussi de contrer le « risque de se “déciviliser”45 » dans la mesure où « l’obligation qui est faite au colonial de tenir son rang n’est jamais aussi forte que dans l’espace privé parce qu’aucune instance ne vient y garantir la différence coloniale. Là doit régner la séparation la plus complète possible46 ». À Fort-Archambault, l’épouse du colonel Ingold prend ainsi un soin tout particulier à fournir aux officiers FFL un « repas à caractère familial » servi sur une table où sont placées « la cristallerie, l’argenterie et les fleurs47 ». Qu’importe si l’on y sirote, faute de vin, un cocktail de fortune composé de sucre, de cannelle et de muscade dilué dans de l’eau et surnommé par dérision le « Punch du Grand Charles48 » ; les apparences sont sauves puisque « trois boys font le service, ils sont en gants blancs, habillés de boubous et de serouals blancs, la taille serrée par une large ceinture rouge, une croix de Lorraine rouge est brodée sur leurs poitrines49 ».

22Les Français libres arrivés tout récemment se coulent parfaitement dans cette politique du prestige. Il s’agit pour eux de retrouver l’atmosphère de leur foyer bourgeois ou aristocratique. Jean de Pange prend un soin tout particulier à recruter la domesticité nécessaire selon lui à trois aviateurs : « Conformément à l’usage, en Afrique comme aux Indes, nous trouvons un nombreux personnel, deux garçons qu’on appelle des “boys” pour le ménage, les lits et servir à table, un cuisinier avec son marmiton, un palefrenier pour s’occuper du cheval50. » Le modeste bungalow de trois pièces s’enorgueillira même des services d’un second « palefrenier » chargé de transporter dans une « outre en peau de bête51 » de l’eau pour remplir le réservoir rouillé relié au lavabo ébréché de la pièce à vivre. Par-delà ce retour à des habitudes qui ont marqué leur quotidien avant-guerre, les jeunes officiers métropolitains comprennent très vite qu’ils évoluent sous le regard des colonisés face auxquels aucun abaissement ne saurait être de mise, surtout lors d’un premier séjour colonial52.

23Cette recherche frénétique de la « dignité » aboutit à une autre manière de compenser le déclassement : la pratique de l’équitation. Le cheval suscite en effet un engouement dans la colonie rebelle. Son importance est notamment liée à la précarité engendrée par la guerre. La grande majorité des véhicules à essence qui traversent la colonie sont réservés aux opérations militaires. Si les chevaux sont de plus en plus nombreux dans les régions centrales et septentrionales de la colonie, les administrateurs civils du Tchad méridional redoutent leur proximité : la présence des équidés attire les mouches tsé-tsé qui transmettent la maladie du sommeil53. Le cheval devient en revanche un attribut de la panoplie des Européens en uniforme. Dans un contexte où l’autorité militaire est mise à mal par le souvenir de la rébellion du 26 août 1940 et par l’inaction, officiers de carrière et fils de bonne famille (qui bien souvent sont les mêmes) trouvent dans l’équitation un moyen de mettre en scène leur fonction de commandement. L’intuition que monter à cheval est un moyen de réaffirmer sa « domination sociale », tout en charriant un imaginaire guerrier, est présente très tôt dans les écrits intimes des Français libres du Tchad. Marqué par les désillusions qui suivent les ralliements d’AÉF et le fiasco de Dakar, François Garbit, ancien commandant du groupe nomade de l’Ennedi placé à la tête de la 2e compagnie du bataillon de marche no 3, écrit une lettre à sa mère le 3 novembre 1940 depuis Fort-Lamy :

« J’ai remarqué depuis longtemps que le cheval est un merveilleux instrument pour le contrôle de l’instruction. D’abord il permet d’aller rapidement et sans fatigue d’une section à l’autre. Ensuite il permet de se distraire. […] Les instructeurs se lassent malgré leur bonne volonté. Aussi est-il indispensable que le commandant de compagnie qui doit animer tout le monde ne soit pas lui-même fatigué et ennuyé. Une heure de travail à cheval lui permet de ne pas l’être54. »

24Dans une période où les hiérarchies traditionnelles sont en crise, François Garbit retrouve le réflexe qui « conduit l’homme [qui monte à cheval] à se forger de lui-même l’image flatteuse d’un être supérieur, à qui, croit-il, rien ni personne ne saurait résister55 ». Si certains gagnent sur une selle une posture de chef de guerre, d’autres y retrouvent les joies du milieu social privilégié dont nombre d’entre eux sont issus. Il n’est donc pas étonnant d’en voir certains renoncer à une bonne partie de leur solde pour retrouver le temps d’un galop une tradition familiale comme le montre l’exemple de Jean de Pange qui savoure la chance de « trouver [pour 800 francs] un jeune cheval, avec son harnachement […] [même si] la bride et les étrivières sont faites de cordelettes qui cassent souvent, la selle est en bois et m’écorche les cuisses56 ».

25Plus encore que l’équitation, la chasse est la troisième pratique de compensation que les Blancs utilisent afin de mettre à distance la précarité dans laquelle le RTST se démène. Dans les postes des confins sahariens, chasser est un moyen d’améliorer l’ordinaire spartiate des popotes mal ravitaillées. Arrivé du Cameroun où les productions agricoles sont abondantes, Raymond Dronne apprend durant son séjour au Borkou en 1942 à préférer le « jambon méhariste57 » à la viande périmée ou altérée des rations militaires : au lever du soleil, une gazelle est abattue et dépecée ; ses cuissots sont ensuite accrochés à la selle d’un chameau pour que le vent du désert assèche la chair fraîche. Qu’ils se soient ralliés sur place ou tout juste arrivés de Londres, les Blancs du Tchad réactualisent ainsi le répertoire colonial qui lie la chasse, la guerre et la domination, car « ces chasses coloniales structurent à la fois le corps combattant, mais également la psyché de ceux qui les mènent, au point de constituer une préparation indirecte à la guerre, voire un simulacre de guerre58 ». Cet imaginaire renforce donc l’utilité sociale évidente de la chasse pour les gaullistes d’AFL : faute de guerre, elle est un moyen simple pour tromper l’ennui des soldats. C’est ainsi avec enthousiasme que Raphaël Vinchon décrit, le 10 avril 1941, sa première battue aux côtés d’autres Européens de la garnison de Fort-Archambault, seul moyen de « [rompre] un peu avec la monotonie de la vie59 ».

26Ce sont autant des sensations fortes que des proies que ces Français libres recherchent dans la traque du gibier. Dans cette optique, elle est d’ailleurs l’occasion d’utiliser le matériel militaire qui prend la poussière à attendre des combats qui ne viennent pas. À partir du printemps 1942, tirer sur le gibier à plumes devient une manière d’apprendre à manier les carabines prises aux garnisons italiennes durant la première campagne du Fezzan60. Le regroupement des engins motorisés dans les casernements de Fort-Lamy fournit par ailleurs aux officiers de la garnison des distractions autrement plus dynamiques, comme le souligne Jean de Pange :

« C’est la chasse aux antilopes sur deux motos anglaises, le tireur étant assis avec son fusil sur le tam-sad. Nous poursuivons ainsi les troupeaux dans les clairières d’épineux et, quand nous arrivons à tuer une antilope, c’est avec un certain regret, car ce sont des bêtes ravissantes. Il nous arrive de tirer des phacochères, une sorte de petit sanglier, des pintades et des vautours. Mais la chasse la plus amusante est celle du crocodile. Assis dans des pirogues, nous nous laissons descendre au fil de l’eau sur le Chari, à quelques mètres de la berge, et nous passons ainsi très près des crocodiles qui dorment sur le sable chaud61. »

27Le gibier que décrit Jean de Pange ne comporte pas d’animaux sauvages dont le prestige est tel que celui qui s’y confronte en tire une reconnaissance après en être venu à bout. Il assiste maintes fois à des scènes où, dans une pratique cynégétique comprise comme l’occasion de mesurer sa valeur guerrière, les indigènes font mieux que les Européens. Alors que beaucoup de coloniaux de carrière verraient dans cette situation une atteinte à leur masculinité et à leur autorité, Jean de Pange décrit sans animosité l’efficacité des Africains à la chasse :

« Le matin, nous voyons passer les chasseurs indigènes avec leurs arcs, leurs flèches et leurs sagaies ; le soir, ils repassent avec le gibier sur le dos. Nous aussi, nous allons chasser avec nos fusils militaires, mais sans aucun résultat62. »

28En abattant ces proies de peu d’importance, les soldats gaullistes stationnés à Fort-Lamy mettent en branle une autre fonction sociale de la chasse que les sociologues ont mise en évidence : « l’appropriation de l’espace63 ». Cette pratique va dans le sens de l’élitisme gaulliste : qu’importe de rentrer bredouille puisque la fonction essentielle de la chasse est de mettre en scène le privilège qu’ont les Européens de pouvoir utiliser un fusil et d’abattre les animaux selon leur bon plaisir. Pour les Français libres du Tchad, la chasse est ainsi porteuse d’une « fonction de consécration sociale64 ». Dans cette perspective, les mots de Leclerc à un autre hobereau picard, Bernard de Gilles, qui a rejoint Londres et les Forces aériennes françaises libres en juillet 1941, témoignent de l’état d’esprit du commandant militaire de l’AFL, où la déception se mêle à l’espérance :

« Parlons maintenant d’Afrique : beaucoup de Français de premier ordre dans notre petite armée, ils manquent de beaucoup de choses, on leur demande des fatigues auxquelles beaucoup ne résisteraient pas, fatigues souvent sans gloire, mais magnifiques. N’hésite pas à le dire à ceux que tu rencontres. Nos expéditions sahariennes ont constitué de belles performances, je te raconterai cela un jour après une battue en plaine, si tu me donnes une place. Mais n’en sommes pas encore là65. »

29À le lire ainsi désabusé, on a l’impression que Leclerc tire davantage de plaisir à être invité à une « battue en plaine » que du succès de ses « expéditions sahariennes ». Dans l’image de retour au pays, où récits de chasse et souvenirs de guerres s’enchevêtrent, on perçoit en filigranes l’idéal social que représentent à la fois le combat et la chasse pour les élites traditionnelles rurales : une « messe sociale appuyée sur la communion des fidèles, mais où une poignée d’élus se reconnaissent entre eux66 ». La chasse représente surtout dans cette lettre un horizon d’attente, un symbole de l’espoir d’un retour dans une métropole libérée où les efforts et les souffrances prendront leur sens.

Conclusion

30L’identité collective des Français libres n’est pas uniquement faite d’enthousiasme et de violence, de combats à mener et de valeurs à défendre. Elle naît aussi des angoisses, des désillusions et des frustrations auxquelles les soldats à Croix de Lorraine font face tout au long du conflit. Ces dernières imprègnent d’autant plus leur quotidien colonial au Tchad que, entre août 1940 et décembre 1942, la confrontation directe avec les forces de l’Axe y apparaît comme un phénomène épisodique et lointain. Cette rareté de la guerre s’avère d’autant plus douloureuse que s’y confrontent des hommes qui ont choisi de continuer le combat coûte que coûte, à l’image des volontaires européens des FFL du Tchad.

31Contrairement aux journaux intimes et aux correspondances écrites sur le vif par ces derniers, les récits relatifs à la colonie rebelle publiés à partir de 1944 et ayant reçu l’imprimatur des autorités gaullistes présentent une tout autre dramaturgie. À force d’écraser la chronologie, les Européens de la colonie rebelle semblent happés dans une farandole militaire : à l’appel du 18 juin 1940 succède la proclamation du ralliement le 26 août 1940, laquelle débouche tout naturellement sur l’arrivée de Leclerc le 25 novembre 1940, d’où découle la prise de Koufra le 2 mars 1941, succès qui ouvre le Fezzan aux Forces françaises libres (FFL) en février-mars 1942 qui vont ensuite le conquérir (décembre 1942-janvier 1943) et ainsi rejoindre l’Afrique du Nord d’où ils embarqueront pour la France qu’ils contribueront à libérer. Un tel enchaînement ne tolère ni les lenteurs ni les incertitudes. C’est la raison pour laquelle les sentiments d’inaction et de déclassement qui culminent chez les volontaires européens au Tchad en 1942 sont, dès 1943, peu à peu recouverts de silence. Comme en témoignent certaines références utilisées dans les développements ci-dessus, il faudra souvent attendre des décennies après la guerre pour qu’ils soient publiés.

32De même, la perspective de combattre sur le territoire métropolitain prenant corps en 1943 avec la création et l’équipement de la future 2e division blindée, il est impressionnant de voir combien Leclerc et les officiers ayant servi à ses côtés dans les confins sahariens sont enfermés dans un imaginaire traditionnel où l’honneur du rang supérieur l’emporte sur les vertus du sacrifice de soi. En effet, les récits auraient pu exalter la marginalité, la solitude et le dénuement comme expérience de dépouillement de soi, y compris de ses propres idéaux, au profit de l’intérêt supérieur que représentent la sauvegarde de l’Empire et la libération de la France. Tel n’est pourtant pas le cas. Car ce dépouillement radical de soi, les Blancs du Tchad l’ont vécu dans les faits comme une humiliation. Humiliation de porter des uniformes dépenaillés. Humiliation d’être traités de rebelles. Humiliation de ne pouvoir combattre avec éclat. On comprend ainsi combien leur quête de reconnaissance après la guerre a pu être viscérale parce que profondément existentielle67.

Notes de bas de page

1Roussellier Nicolas, La force de gouverner. Le pouvoir exécutif en France xixe-xxie siècles, Paris, Gallimard, 2015, p. 378.

2Gaulle Charles de, Discours et messages. Pendant la guerre (juin 1940-janvier 1946), Paris, Plon, 1970, p. 80-85.

3Anceau Éric, Les élites françaises. Des lumières au grand confinement, Paris, Passés Composés, 2020, p. 243.

4Gaulle Charles de, Discours et messages, op. cit., p. 174-175.

5Rioux Jean-Pierre et Jackson Julian, « De l’appel de Londres au discours de Chaillot, 1940-1944 », in Berstein Serge, Birnbaum Pierre et Rioux Jean-Pierre (dir.), De Gaulle et les élites, Paris, La Découverte, 2010, p. 40-43.

6Les variations de température dans le climat aride du Tchad se répartissent globalement ainsi : une période très chaude en avril et en mai, avec des températures pouvant atteindre 50o C, une période humide entre juillet et octobre, et une autre plus fraîche et sèche allant de décembre à mars. Juin et novembre sont en effet des mois de transition.

7Les chiffres concernant les effectifs sont ceux cités dans Vincent Jean-Noël, Les Forces françaises libres en Afrique 1940-1943, Vincennes, Publications du SHD, 1987, p. 249-303.

8Saada Emmanuelle, Les enfants de la colonie. Les métis de l’Empire français entre sujétion et citoyenneté, Paris, La Découverte, 2007, p. 71.

9Ibid., p. 72.

10Ibid., p. 68.

11Ibid., p. 72.

12Thomas Martin, « France and its colonial civil wars 1940-1945 », in Bosworth Richard J. et Maiolo Joseph L. (dir.), History of the Second World War, vol. 2 : Politics and ideology, Cambridge, Cambridge University Press, 2015, p. 582.

13Ibid.

14Ibid.

15Ibid., p. 583.

16Branche Raphaëlle, « La violence coloniale. Enjeux d’une description et choix d’écriture », Tracés. Revue de Sciences humaines, no 19, 2010, p. 33.

17Létang Géraud, « Spectre de la défaite et mirage de la revanche. Conséquences coloniales et aériennes de la bataille de France au Tchad (juin 1940-janvier 1941) », Nacelles, en ligne, Bataille de France, 1940. Repenser les forces aériennes au combat, dossier thématique/La défaite après la défaite : analyser, réorganiser, relater, mis à jour le 20 juin 2021, consulté le 20 juin 2021, [http://revues.univ-tlse2.fr/pum/nacelles/index.php?id=127].

18Muracciole Jean-François, « Colonne Leclerc et Force L : La sociologie des volontaires européens au combat avec Leclerc », in Colloque international « Leclerc et l’Afrique » organisé par le Mémorial du Maréchal Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris-Musée Jean Moulin (MMLHLP-MJM), Paris, 25 novembre 2017.

19Muracciole Jean-François, « Colonne Leclerc et Force L », op. cit.

20Ibid.

21Muracciole Jean-François, Les Français libres. L’autre résistance, Paris, Tallandier, 2009, p. 108.

22Muracciole, « Colonne Leclerc et Force L », op. cit.

23Muracciole Jean-François, Les Français libres, op. cit., p. 108.

24Ibid., p. 107.

25Perrot Marguerite, Le mode de vie des familles bourgeoises, 1873-1953, Paris, Presses de la FNSP, 1982, p. 3.

26Ibid., p. 109.

27Ibid., p. 118.

28Ibid.

29Ibid.

30Goubert Jean-Pierre, Une histoire de l’hygiène. Eau et salubrité dans la France contemporaine, Paris, Pluriel, 2011 (1986), p. 263.

31Ibid., p. 259.

32Pange Jean de, Nous en avons tant vu… (1940-1945). De Koufra au Normandie-Niemen, Metz, Éditions Serpenoise, 1994, p. 184.

33Lettre du capitaine Haussher à Leclerc du 31 août 1941. Chemise no 1, dossier no 1, boîte 7, MMLHLP-MJM (Paris).

34Perrot Marguerite, Le mode de vie des familles bourgeoises, op. cit., p. 122.

35Ibid.

36Muracciole Jean-François, Les Français libres, op. cit., p. 247.

37Lettre de Raphaël Vinchon à Lizbeth datée du 26 mars 1941, in Biard P., La vie quotidienne d’un soldat au Tchad (1940-1946). Lettres du capitaine Vinchon à Lizbeth, Montpellier, Association amicale des anciens élèves du Centre national d’études agronomiques des régions chaudes, 1995, p. 60.

38Lettre de Leclerc à une dame (non nommée) du 14 avril 1942. Chemise no 1, dossier no 1, boîte 8A, MMLHLP-MJM (Paris).

39Lettre de Leclerc à Mme Biarnais du 26 octobre 1942. Chemise no 1, dossier no 1, boîte 8A, MMLHLP-MJM (Paris).

40Mariot Nicolas, Tous unis dans la tranchée ? 1914-1918, les intellectuels rencontrent le peuple, Paris, Seuil, coll. « L’Univers Historique », 2013, p. 87.

41Ibid., p. 167.

42Mension-Rigaud Éric, Singulière noblesse. L’héritage nobiliaire dans la France contemporaine, Paris, Fayard, 2015, p. 215.

43Ibid.

44Saada Emmanuelle, Les enfants de la colonie, op. cit., p. 73.

45Ibid., p. 75.

46Ibid.

47Manuscrit intitulé « On n’attache pas un Français libre » par Gérard Ingold (fils de François Ingold), p. 58. Dossier « François Ingold », Archives de l’Ordre de la Libération (Paris).

48Ibid.

49Ibid.

50Pange Jean de, Nous en avons tant vu…, op. cit., p. 138.

51Ibid.

52Lettre de Raphaël Vinchon à Lizbeth datée du 1er juillet 1941, in Biard P., La vie quotidienne d’un soldat au Tchad (1940-1946), op. cit., p. 71-72.

53« Le ralliement du Tchad à la France Libre (26 août 1940) vue par un broussard du Logone » par François Pierret (1984), dossier « Enquête Legoux-Pleven », Archives de l’Ordre de la Libération (Paris).

54Cité par Piketty Guillaume, Français en Résistance. Carnets de guerre, correspondances, Journaux personnels, Paris, Robert Laffont, 2009, p. 551.

55Digard Jean-Pierre, Une histoire du cheval. Art, techniques, société, Arles, Actes Sud, 2007, p. 11-12.

56Pange Jean de, Nous en avons tant vu…, op. cit., p. 137.

57Dronne Raymond, Carnets de route d’un croisé de la France Libre, Paris, France Empire, 1991, p. 98.

58Arzel Lancelot, « À l’origine des maux. Chasse, guerre et violence dans la conquête coloniale (Royaume-Uni, France, Belgique, 1870-1914) », Centre d’histoire de Sciences Po/Stanford Center for Interdisciplinary Studies, 21 mars 2011, La violence en Europe au xxe siècle, p. 29.

59Lettre de Raphaël Vinchon à Lizbeth datée du 10 avril 1941, in Biard P., op. cit., p. 61.

60Béné Charles, Carnets de route d’un « rat du désert » alsacien de la France Libre, Raon-L’Étape, Fetzer, 1991, p. 287.

61Pange Jean de, Nous en avons tant vu…, op. cit., p. 160.

62Ibid., p. 139.

63Fradkine Héloïse, « Chasse à courre, relations interclasses et domination spatialisée », Genèses, 2015/2, no 99, p. 28.

64Pinçon Michel et Pinçon-Charlot Monique, La chasse à courre. Diversité sociale et culte de la nature, Paris, Payot, 2003, p. 195.

65Lettre de Leclerc à Bernard de Gilles du 2 août 1942. Chemise no 1, dossier no 1, boîte 8A, MMLHLP-MJM (Paris).

66Pinçon Michel et Pinçon-Charlot Monique, La chasse à courre, op. cit., p. 37.

67Merci à la professeure Laurence Van Ypersele pour ces observations.

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