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L’identité francaise libre au prisme du réseau Saint-Jacques

p. 163-176

Note de l’auteur

Texte traduit et relu par Cadenza Academic Translations.


Texte intégral

1Selon Antoine Prost, le travail de mémoire après la Seconde Guerre mondiale en France « a été fait de mensonges, des mensonges pieux, des mensonges bien intentionnés, mais des mensonges tout de même1 ». Prost cite l’exemple de la stèle de Jean Zay, sur laquelle on peut lire « Assassiné par les ennemis de la France », pour illustrer comment un simple énoncé comme celui-ci occulte le fait que ces « ennemis » étaient en fait Français. Il ne s’agissait pas d’ennemis extérieurs, ils ne venaient pas de loin, contrairement à ce que l’inscription sur la stèle pourrait laisser penser. S’il est sans doute facile de trouver des déformations explicites, il est beaucoup plus intéressant d’examiner les récits où la frontière entre la vérité et la fiction est beaucoup plus difficile à appréhender, des écrits en apparence factuels qui sont utilisés pour déformer des vérités de plus grande envergure sur la guerre. Dans le cas de Jean Zay, l’affirmation est vraie, en ce sens que les miliciens qui l’ont assassiné étaient bien les ennemis d’une France, d’une version de la France. Toutefois, dans le contexte de l’immédiat après-guerre, l’histoire de ce conflit interne à la France n’est pas rappelée. Il est alors plus sensé de laisser les visiteurs de la tombe de Jean Zay supposer que les « ennemis » en question étaient allemands.

2L’on trouve aisément ce type de récits complexes dans les écrits des résistants affiliés à l’extrême droite. Les résistants de droite se servent autant des mémoires composites de l’expérience de la guerre qu’ils s’y opposent, car ils tentent de revendiquer leur place dans le panthéon de la Résistance tout en cherchant à démonter les récits dominants de celle-ci, qui les en excluent naturellement. Ces mémoires composites constituent le lieu où l’on situe généralement la « mémoire collective » ; un espace où « l’on commémore les guerres, les soldats et les victimes de la guerre dans des cérémonies, des rituels, des pierres tombales, des films, des poèmes2 ». Toutefois, la place qu’occupent dans cette mémoire collective les personnes dont l’identité est complexe, du fait d’affinités ou d’affiliations en apparence opposées, est, au mieux, fragile. Si d’après Jay Winter, la plupart des personnes impliquées dans le travail de mémoire n’essaient pas de « produire des scripts sociaux3 », c’est au contraire ce que font les résistants de droite et leur entourage lorsqu’ils parlent de leurs expériences de la guerre d’une manière particulière. Les témoignages et les écrits de certains résistants de droite constituent un effort conscient visant à créer de nouveaux mythes sur la guerre et ces récits peuvent nous en apprendre beaucoup sur les limites de l’identité de groupe dans le cas des organisations de la résistance, en particulier des Français libres.

3Ces tentatives apparaissent de manière assez claire dans les écrits et témoignages d’après-guerre de trois membres du réseau Saint-Jacques, créé par Maurice Duclos. Les historiens de la résistance extérieure connaissent bien Maurice Duclos, en raison notamment de l’importance de son rôle au sein du Bureau central de renseignements et d’action (BCRA)4. Ses états de service en temps de guerre sont impressionnants et ses actes de résistance, petits et grands, ont été célébrés à maintes reprises. Une plaque commémorative a été érigée à l’endroit où se tenait sa société avant la guerre et sur la plage où il a débarqué lors de sa première mission pour de Gaulle. Son réseau de résistance, Saint-Jacques, a été salué pour avoir permis d’établir le premier contact radio entre la France et Londres après la défaite française. Une carte postale commémorative à son effigie a été imprimée par les éditions de Castelet en 1993. La liste de ses éloges et distinctions en temps de guerre est longue et il fait partie de l’élite que sont les membres de l’ordre de la Libération. Mais Maurice Duclos est un homme complexe et il convient de nuancer la place qu’il occupait dans les rangs de la résistance gaulliste. En fait, son parcours même, depuis l’extrême droite à Paris jusqu’à Londres et l’Argentine, suggère un mélange composite d’identités multiples qui ne s’accordent pas toujours bien les unes avec les autres. De plus, la manière dont il voyait la France Libre en tant qu’entité et ses compagnons au sein de cette entité, nous montre les limites de son identification en tant que membre de la France Libre ou, en fait, en tant que gaulliste. Le réseau lui-même était d’un genre hybride, ni tout à fait extérieur ni tout à fait intérieur, et ses membres ne vivaient pas la guerre de la même manière. Néanmoins, à travers leurs écrits, nous pouvons commencer à comprendre comment ils se situaient au sein du paysage compliqué de la culture mémorielle de l’après-guerre.

4Nous nous intéresserons ici à la façon dont trois individus, Maurice Duclos, Geneviève Duclos-Rostand (la sœur de Maurice Duclos) et Guy Vérines (le fils de Jean Vérines, l’une des premières recrues du réseau Saint-Jacques) ont évoqué, à l’écrit et à l’oral, leurs relations avec de Gaulle et les Français libres ; au type d’activités de résistance qu’ils ont abordé ou occulté dans leurs récits ; ainsi qu’à la dimension politique de leurs témoignages. Chaque auteur a mené ses réflexions sur le réseau à des moments différents de la période d’après-guerre, de l’immédiat après-guerre aux années 1990, ce qui signifie que chacun d’eux était influencé par une configuration mémorielle et commémorative différente. Les motivations à l’origine de leurs écrits sur le réseau Saint-Jacques ne sont donc pas les mêmes, mais ces récits aident à mieux comprendre les limites d’une identification à la Résistance au sens large, au sein de laquelle ils ont mené des actions pendant la guerre.

5Parfois considéré comme le premier réseau de la résistance établi en France par les Français libres, le réseau Saint-Jacques a été à la fois célébré et négligé depuis la fin de la guerre. Le réseau a été créé par Maurice Duclos, un homme de droite impénitent, qui a été très impliqué dans l’organisation politique et militaire clandestine de la Cagoule dans les années 1930. Duclos est né en 1906 et a eu une brève carrière militaire au sein de l’artillerie coloniale à Madagascar. Lorsqu’il est libéré de ses obligations en 1928, il est placé sous le statut de réserviste et rejoint la société de son père au 8, place Vendôme à Paris. Sa fonction réelle n’est pas très claire, mais il semble que l’entreprise faisait commerce dans l’import-export de produits non spécifiés5. Au milieu des années 1930, Duclos rejoint la Cagoule, une organisation secrète déterminée à déstabiliser la IIIe République par des actes de terreur. Il n’est pas seulement un membre ordinaire, mais central puisqu’il fait partie de l’« état-major » du groupe. Lorsque la police commence à enquêter sur les cagoulards, les nombreuses propriétés de Duclos sont perquisitionnées, la police étant convaincue que Duclos est un financeur important de l’organisation et que les armes accumulées par le groupe sont dissimulées dans ses propriétés6. Bien que les policiers ne trouvent rien lors de ces fouilles, Duclos est finalement arrêté et emprisonné pour sa participation à la Cagoule, avec le reste de ses comparses. Duclos passe alors plusieurs mois à la prison de la Santé7.

6Comme de nombreux cagoulards, il est libéré et mobilisé au début de la guerre, et il rejoint son régiment. Son sentiment sur ses états de service à cette période n’est pas particulièrement charitable :

« Duclos a jugé très sévèrement l’armée d’active, composée de fonctionnaires réguliers, d’exécutants qui suivent les consignes. Ils ont l’habitude d’obéir à l’autorité qui les paie […]. Pour tous, ce qui compte, ce n’est pas l’honneur, mais la retraite. L’armée de la IIIe République était décadente par le manque d’idéal8 […]. »

7Il est l’un des premiers Français à rejoindre Londres, où il arrive le 23 juin et intègre la France Libre le 1er juillet9. À son arrivée, de Gaulle le reçoit en privé. Duclos se présente comme fraîchement sorti de prison à cause de ses liens avec la Cagoule, mais désireux de répondre à son appel. Bien que de Gaulle l’accueille, Duclos est heurté par le ton sur lequel le Général lui demande ce qu’il en est des autres cagoulards – un ton dont Duclos se souviendra très bien même après la guerre. Blessé et déçu, il répond : « Je suis certain que ceux que je connais se battront pour la France contre le[s] Allemands10. » Duclos intègre très rapidement le cercle intime de de Gaulle et se retrouve à travailler pour le BCRA, au sein duquel il prendra la tête de la section « Action, études et coordination ». Duclos est ainsi l’un des premiers agents à se voir confier une mission dans la France occupée, le 4 août 1940.

8Duclos a pu faire marcher ses nombreuses relations familiales et commerciales pour se rendre à Paris, où il est chargé de poser les bases de ce qui allait devenir le réseau Saint-Jacques. Ses premières recrues sont André Visseaux, Lucien Feltesse, Charles Duguy et Jean Vérines, qui commande le 3e bataillon d’infanterie de la Garde républicaine à Paris. Ces hommes établiront par la suite des sous-réseaux, principalement dans le nord de la France et le long de la frontière belge. Duclos retourne à Londres le jour de Noël 1940. Son voyage suivant, en février 1941, se révèle périlleux du début à la fin. Après un parachutage à l’aveugle, des blessures qui nécessitent plusieurs semaines d’hospitalisation et une dénonciation à la police locale, il découvre que l’opérateur radio qui a été parachuté avec lui travaille pour les Allemands. Cela entraîne une vague d’arrestations qui décime le réseau d’origine, ainsi que les différents sous-réseaux. Tous les hommes que Duclos avait initialement recrutés sont arrêtés et la plupart sont tués. Une nouvelle infiltration donne lieu à une nouvelle vague d’arrestations plus tard dans l’année, mais étonnamment, le sous-réseau dirigé par Vérines réussit à se réorganiser et à survivre. Duclos parvient à retourner en Angleterre, mais uniquement grâce à ses liens avec d’autres sympathisants de droite restés au service de l’État français. Il reçoit l’aide directe de Gabriel Jeantet, un ancien compagnon de route cagoulard qui travaille à Vichy comme responsable de l’Amicale de France11.

9Quoi qu’il en soit, il ne fait aucun doute que Duclos appartient à la France Libre, quelle qu’en soit la définition utilisée par les historiens. Son engagement précoce dans la résistance hors de France le positionne indiscutablement dans la résistance extérieure. Et sa présence dans ces rangs confirme de nombreuses conclusions déjà tirées par d’autres historiens quant à la sociologie des Français libres : il est issu de la classe supérieure, n’a pas de famille proche, a une formation militaire12… De plus, en tant qu’organisation, la France Libre est hétérogène à bien des égards, notamment sur le plan des tendances politiques. Le fait que Duclos intègre la résistance en arrivant de l’extrême droite n’est pas de nature à choquer qui que ce soit. Cependant, ses convictions politiques personnelles sont suffisamment fortes pour l’empêcher de s’identifier à la France Libre dans son ensemble, compte tenu de la diversité des positionnements politiques de ses membres. Ainsi, le parcours de Duclos peut aider à penser la tension entre l’identité des personnes et celle de l’organisation, la fluidité de ces identités selon le contexte, et peut-être, de mettre en évidence certaines limites de la réflexion sur une identité française libre en général.

10Il est pour cela nécessaire de rappeler quelques éléments permettant de comprendre la position de Duclos à l’égard de la France Libre. S’il s’est engagé en faveur de la cause gaulliste, il ne cherche aucunement à cacher ses liens avec la Cagoule et n’a jamais fait mystère de ses orientations politiques. Passy, qui ne se souciait guère des rumeurs qui prétendaient que le BCRA sous son commandement était « un repaire de cagoulards impénitents, complotant à l’envi contre la République », ne s’inquiète pas vraiment des liens réels que ses compagnons entretenaient avec la Cagoule. Il décrit Duclos comme « le géant cagoulard, sympathique et jovial, gros mangeur, gros buveur, coureur de filles, courageux comme un lion et dont jamais on ne comprendra les raisons qui le poussèrent un jour à conspirer, car il est né pour le commerce et déteste la politique13 […] ». D’autres membres de la France Libre ont également évoqué les tendances politiques de Duclos dans des écrits d’après-guerre, mais aucun ne semble les trouver problématiques14.

11Lorsque Duclos quitte la France après la guerre et s’installe pour raisons professionnelles à Buenos Aires, où il réside jusqu’à sa mort en 1981, il part avec de nombreuses décorations, dont la croix militaire britannique, le grade d’Officier de l’Ordre de l’Empire britannique et la croix de guerre française, et il est fait Compagnon de la Libération. En dépit de ces récompenses, il est toujours considéré comme un criminel en fuite lorsque le tribunal commence à rassembler les éléments nécessaires à la reprise du procès des cagoulards en 1945. Plusieurs années plus tard, alors que le procès a débuté, Duclos revient en effet à Paris et est arrêté. Il est déclaré non coupable, alors même qu’il admet sans détour qu’il recommencerait s’il le fallait, et il retourne en Argentine sans plus de cérémonie. Même en 1949, lorsqu’il témoigne devant le Comité d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, Duclos insiste sur l’intégrité des autres cagoulards, y compris Eugène Deloncle, faisant remarquer que la plupart d’entre eux ont joué un double jeu face aux Allemands15.

12Après la guerre, Duclos maintient ses liens avec de Gaulle. Lorsque ce dernier est élu en 1958, Duclos lui envoie un radiogramme personnel qui laisse transparaître une véritable joie face à la tournure des événements politiques : « Félicitant la France qui pour la deuxième fois et pour ses plus grandes destinées a su choisir notre chef respecté de tous je vous souhaite ainsi qu’à notre charmante présidente et votre famille qui est la nôtre un joyeux Noël vraiment français et vœux de prospère et heureuse présidence stop votre fidèle compagnon Duclos – Saint-Jacques16. » Il ne s’agit pas juste de félicitations professionnelles, ni d’un simple message d’un ancien combattant à un autre. Le ton est intime et suggère que Duclos et de Gaulle sont relativement proches. Les archives privées de Duclos regorgent d’invitations du Général à des événements et des réceptions, aussi bien à l’ambassade de France en Argentine qu’au palais de l’Élysée à Paris. De toute évidence il ne s’est pas rendu à ceux de Paris, puisque nous savons qu’il n’est retourné qu’une seule fois en France, mais il a vraisemblablement assisté à ceux d’Argentine, soit à titre individuel, soit en qualité de président de l’Union française des anciens combattants d’Argentine.

13C’est également au prisme de sa relation avec de Gaulle que Duclos se souvient de ses activités en temps de guerre. Ses écrits et témoignages d’après-guerre dépeignent essentiellement l’histoire d’une allégeance à de Gaulle. Il raconte que son entrée dans la résistance était motivée par des facteurs courants – le patriotisme et l’opposition à l’occupation de la France – mais c’est au discours prononcé par de Gaulle qu’il attribue le mérite de l’avoir galvanisé (lui et d’autres) et poussé à l’action, parce qu’il partageait avec de Gaulle le sentiment du « devoir et du sacrifice17 ». Il évoque le fait que le petit cercle autour du Général a dû « faire quelque chose à partir de rien », ainsi que les difficultés de mener une guerre sans avoir de troupes. Un autre élément significatif dans le récit de Duclos est le fait qu’il parle davantage d’activités de résistance de grande envergure que d’actes de résistance quotidiens ou civiques, alors même que son réseau en effectuait aussi. Comme de Gaulle, Duclos met l’accent sur les aspects militaires de sa résistance, en particulier sur divers plans mis en place à l’approche de 1944 pour préparer le débarquement.

14L’importance de ces aspects dans les écrits de Duclos à la fin des années 1940 fait plus largement écho aux efforts déployés par de Gaulle pour revendiquer un héritage unique de la résistance. Dans un discours prononcé à Strasbourg en avril 1947, le Général expose clairement sa vision des années de guerre, dans laquelle le destin de la France se trouve entièrement entre les mains des Français libres18. En outre, l’accent mis sur les actions militaires, en particulier sur le sabotage, correspond parfaitement à la définition militariste de la résistance avancée par de Gaulle à cette période. La toute première décision concernant les droits des volontaires de la résistance mettait en avant le fait que, bien qu’ils n’aient pas appartenu à l’armée régulière, ils avaient néanmoins agi de manière à préserver l’intégrité de la nation. Par ailleurs, l’appartenance à une unité organisée de la résistance constituait un élément décisif pour pouvoir être reconnu comme résistant19. Le témoignage de Duclos est ainsi venu renforcer le récit que d’autres gaullistes promouvaient au lendemain de la guerre. Toutefois, comme nous allons le voir, Duclos a rompu avec cette tradition lorsqu’il a mis en évidence les divisions au sein de la France Libre.

15Malgré sa relation avec de Gaulle, on ne peut pas considérer que les activités de Duclos en Argentine après la guerre reflètent une allégeance sans équivoque à de Gaulle et à la France Libre. Duclos maintient des liens étroits avec l’extrême droite, se montre véhément envers d’autres membres de la France Libre, et sa relation même avec de Gaulle se distend quelque peu. Tel qu’il a été décrit, le rôle de Duclos en tant que président des Anciens combattants en Argentine est d’assurer un équilibre parmi « les autres membres du bureau, anciens Vichystes ou OAS20 », ce qui nous donne une idée de son positionnement politique dans l’après-guerre. Il n’hésite manifestement pas à s’impliquer dans des affaires de nature politique. En 1945, il écrit une lettre au préfet de Paris pour le compte du beau-père d’un ami qui fait l’objet d’une enquête par l’une des commissions d’épuration. Il demande à ce que le tribunal accélère son enquête en raison du trouble qu’elle cause à cet homme, soulignant qu’il est très « affecté » par cette association présumée avec des collaborationnistes21. Bien que Duclos ne demande pas à ce que l’affaire soit classée, le fait qu’il soit disposé à intercéder en faveur d’une personne qui risque d’être épurée pour collaboration semble avoir encouragé d’autres personnes à s’adresser à lui pour des questions similaires.

16En 1966, Duclos reçoit une lettre d’un certain Jean-Marie Pruvost, qu’il n’a jamais rencontré : « [J]’ai seulement entendu parler de vous en 1947-1948, à Buenos Aires, par des personnes qui, ayant dû abandonner la France en raison d’idées contraires à celles de “l’Épuration”, ont alors rencontré chez vous une intelligence dégagée de toute partisanerie et une aide dont elles vous ont gardé une vive reconnaissance. Officier français qui a fait les deux guerres, je ne pouvais être un partisan. Je me suis toujours placé – et j’y suis resté – sur le plan exclusivement national. Non sans de très graves conséquences pour moi : j’ai dû, in extremis, prendre également le chemin de l’exil22. » Cette lettre suggère que Duclos est bien connu dans certains milieux qui, sans avoir été favorables à la collaboration pendant la guerre, s’opposent fermement aux événements survenus en France pendant et après la Libération. L’on peut raisonnablement supposer que Pruvost s’attendait à une certaine sympathie de la part de Duclos, après avoir entendu l’histoire de son exil forcé en raison de ses penchants « nationalistes ». Nous ne savons pas si Duclos lui a répondu positivement ou non. Mais la lettre suggère qu’il entretient avec la Résistance un rapport bien plus complexe que ce que l’on pourrait imaginer.

17Par ailleurs, certains membres de la France Libre sont la cible des critiques de Duclos, en dépit de son admiration pour de Gaulle. Dans son témoignage d’après-guerre, Duclos confirme que Passy n’a certainement pas été un cagoulard. Il évoque au contraire qu’il a été séduit par la politique lorsque le commissariat à l’Intérieur a été créé et qu’il a été trop influencé par la SFIO. Cette influence, d’après Duclos, a été néfaste, notamment parce que les socialistes n’acceptaient pas que la France soit libérée par le seul usage de la force et non par une reprise du jeu politique, et Passy a commencé à se ranger à leur avis. Duclos déclare à son interlocutrice que Passy « se trouve pris dans les griffes de ces bougres-là, qui arrivent à le persuader qu’il ne faut pas compter sur la libération de la France par les armes, il faut s’accrocher à un parti politique pour rentrer en souplesse. Toute la politique est orientée par ces socialistes vers un “retour en souplesse” ils n’ont pas cru que la France se libérerait en force23 ». Bien que Duclos ait tenté de les persuader du contraire, il a globalement eu le sentiment d’être ignoré.

18Lors de cette discussion sur l’influence socialiste, Duclos cite tous les hommes qui, selon lui, ont donné trop d’importance à la voie politique : Passy, Vallon, Manuel, Brossolette, Boris, Bingen, Brilhac, Bloch. La plupart de ceux-ci sont toutefois épargnés par les critiques les plus sévères de Duclos. Il les réserve à certains comme Manuel, qu’il qualifie de « socialiste impénitent et [de] type dégueulasse24 ». Pierre Brossolette, introduit au BCRA par Rémy, est, selon les termes de Duclos, « un petit monsieur de rien du tout, qui, lorsqu’il n’eut plus son haut-parleur, fut obligé de vendre des crayons devant le lycée » et qui n’aurait fourni aucune information utile au BCRA pendant la guerre25. Concernant Emmanuel d’Astier de la Vigerie, Duclos déclare qu’« il fit un mal fou » et qu’il était déjà communiste, sans toutefois l’admettre26. Duclos met en regard l’intérêt que ces hommes ont manifesté pour leurs maîtresses avec celui dont ils ont fait preuve envers des agents de valeur sur le terrain. Au lieu d’aider les agents à retourner en Angleterre, ces hommes avaient fait venir leurs épouses et leurs maîtresses par avion, les poches pleines d’or, dégoulinantes de bijoux et chargées de fourrures. Manifestement, le respect que Duclos a pour de Gaulle ne s’applique pas à de nombreux agents avec lesquels il a œuvré pendant la guerre, ce qui semble démontrer que son sentiment d’appartenance à la France Libre, en termes d’auto-identification, a toujours été partiel. Tant que la Libération de la France a été la raison d’être de la France Libre, Duclos s’est considéré comme l’un de ses agents et a été disposé à mettre de côté les inimitiés politiques. Mais une fois la guerre terminée, Duclos est libre de forger un récit de son expérience qui correspond à ses besoins du moment. Cet exemple incite à poursuivre les réflexions sur les fluctuations de l’unité de la France Libre. Il permet de mieux comprendre les facteurs politiques, sociaux ou nationaux qui ont pu limiter cette unité et il met en évidence l’importance de contextualiser et d’historiciser les souvenirs de la guerre.

19Duclos n’a pas été le seul à élaborer un récit après la guerre sur le réseau Saint-Jacques et sur son rapport à de Gaulle et aux Français libres. Deux ouvrages, rédigés après la guerre par des personnes liées au réseau, montrent également que Duclos et le réseau s’intégraient parfois mal dans l’univers des Français libres. Si ces livres ne nous apprennent pas grand-chose sur Duclos en particulier ou sur sa reconstruction identitaire après la guerre, ils traduisent en revanche le caractère nébuleux du paysage mémoriel de la France Libre. Si l’unité du réseau, et par extension, de la Résistance active à Londres, s’affirme dans l’ouvrage de Guy Vérines, c’est uniquement par omission. Dans son livre, Geneviève Duclos-Rostand adopte quant à elle une perspective explicitement révisionniste vis-à-vis de Pétain et du régime de Vichy qui, tout en célébrant son frère, nie les liens entre le réseau et la France Libre. Guy Vérines était adolescent pendant la guerre ; il a rejoint les FFL officiellement en 1942, mais l’on ne sait pas exactement ce qu’il a fait pendant les premières années de l’occupation27. Son père, Jean Vérines, a été l’une des premières recrues du réseau Saint-Jacques, qu’il a rejoint en août 1940 lors de la première mission de Duclos en France. Jean Vérines est un ancien combattant de la Première Guerre mondiale. Il a été gravement blessé en 1917 et a perdu un œil. Ses activités de résistant pendant la Seconde Guerre mondiale consistaient principalement à fournir des renseignements, et lorsque le réseau Saint-Jacques a subi la première vague d’arrestations, il a été arrêté et condamné à mort. Jean Vérines a été fusillé en octobre 1943 à Cologne. En 1983, son fils Guy décide de « raviver » l’histoire du réseau Saint-Jacques, car il a le sentiment qu’elle a été totalement oubliée. En fait, il tente de reconstituer l’histoire du réseau à partir d’éléments glanés dans les mémoires d’autres personnes, ainsi que d’entretiens et de documents d’archives.

20De Gaulle et la résistance à Londres n’occupent pas une place très importante dans le livre de Vérines. Ce dernier ne parle pas explicitement de politique, alors même que Duclos et d’autres figures majeures étaient très politisés. Après avoir introduit la résistance en la centrant autour de l’Appel du général de Gaulle, le reste du livre porte principalement sur le sacrifice du réseau. Vérines ne parle pas vraiment des activités des résistants, il souhaite davantage exprimer ce que ces activités leur ont coûté. Il écrit assez longuement sur les pertes essuyées par le réseau et leur impact sur les familles, ce qui a du sens au regard de sa propre histoire. L’ouvrage insiste sur la bravoure et la camaraderie sans failles ; ainsi, il ne fait mention ni des liens que le réseau entretenait avec Londres ni des divisions politiques, ce qui pourrait laisser penser qu’il n’était pas nécessaire de s’identifier explicitement à la France Libre pour s’identifier au réseau et à son activité.

21On peut toutefois lire entre les lignes si l’on connaît un peu cette histoire. En parlant de Duclos, Rémy (Gilbert Renault) et Pierre Fourcaud, Vérines écrit : « parfaits camarades et solidaires dans les actions qui se révélèrent aussi valeureuses que les combats de cape et d’épée du xviie siècle, nos trois compagnons ressemblent beaucoup, par leur courage, leur intrépidité et leur générosité aux trois Mousquetaires28 ». Il ne précise pas la raison de cette unité, mais les trois hommes sont de droite. En effet, Rémy a été au centre d’une polémique publique lorsqu’il publie en 1950 un article dans lequel il affirme que la France a eu autant besoin de de Gaulle que de Pétain. Dans cet article, il cite de Gaulle en lui attribuant la déclaration suivante : « La France avait deux cordes à son arc. En juin 1940, elle avait autant besoin de la corde Pétain que de la corde de Gaulle29. » L’anticommunisme de Rémy le rend particulièrement enclin à défendre une autre vision de la résistance et Guy Vérines ne pouvait ignorer cette prise de position d’après-guerre. Par ailleurs, si Duclos n’a jamais été explicitement pétainiste, il dénigre ses compagnons de la résistance issus de la gauche, comme l’illustre son témoignage d’après-guerre dans lequel il critique tous les résistants socialistes qui ont agi aux côtés de De Gaulle. Ce que Duclos reproche le plus, c’est l’importance qu’ils accordaient à la politique et aux partis politiques, mais, comme nous l’avons vu, il les accuse également de s’être souciés davantage de leur fortune personnelle et de leurs maîtresses que de la libération de la France30. Vérines ne parle pas de ce conflit au niveau londonien, son approche locale lui permettant au contraire de mettre en avant les relations positives.

22Geneviève Duclos-Rostand, la sœur de Maurice Duclos, a elle aussi écrit ses mémoires, publiés en 1995, après qu’elle ait lu le livre de Guy Vérines. Elle reconnaît que le récit de Vérines lui a permis de combler les lacunes de sa propre mémoire et elle s’appuie largement sur cet ouvrage, et sur quelques autres mémoires publiés, pour compléter ses anecdotes. Duclos-Rostand n’a pas joué un rôle de premier plan au sein du réseau Saint-Jacques, bien qu’elle ait tout de même caché un certain temps l’un des postes radio du réseau. Néanmoins, le sous-titre de son livre, « une famille française dans la Résistance », suggère qu’elle considère leur activité comme une affaire de famille. Cette image d’une famille naturellement encline à la résistance est renforcée par le fait qu’elle dédicace son livre à son père, un franc-tireur de la guerre franco-prussienne qui a transmis à ses enfants un certain patriotisme, de pensée et d’action31. Elle qualifie son père de véritable « revanchard » et il est clair que la honte de la défaite qu’il a ressentie est la même que celle qui semble avoir motivé les activités de ses enfants pendant la Seconde Guerre mondiale.

23Élément intéressant, Duclos-Rostand est la seule des trois auteurs à recourir abondamment aux thèmes de l’ascendance et de la patrie pour parler de la résistance et de la vie après la guerre. Elle cite la maxime de Jeanne d’Arc selon laquelle Dieu est le premier servi et la fait suivre de sa propre maxime : la France est servie juste après. Elle évoque beaucoup l’absence dans son livre, en particulier le fait de s’absenter de la France. Elle a eu l’occasion de quitter l’Hexagone à plusieurs reprises mais a refusé à chaque fois, déclarant qu’elle ne voulait pas « abandonner » la France et qu’elle souhaitait être présente à la Libération32. À la fin du livre, lorsqu’elle évoque la mort de son frère, elle insiste sur le fait qu’il voulait être enterré en France et que, malgré ce vœu, elle n’a pas pu rapatrier son corps. Il est clair que le fait d’être présente en France avait pour elle une signification que son frère ne partageait pas nécessairement.

24Cette grammaire de l’exil, de la France éternelle et de la détermination à rester sur place est peut-être plus marquée dans le livre de Duclos-Rostand parce qu’elle reprend une partie du langage employé par les partisans de Vichy. En fait, son livre, qui date de 1995, défend encore la thèse de l’épée et du bouclier lorsqu’elle écrit que l’Appel du général de Gaulle était un cri d’espoir, qui a aidé les Français à retrouver leur dignité, mais que Pétain s’est montré « excessivement courageux » en assumant la charge du combat intérieur33. Même lorsqu’elle évoque ses doutes à l’égard de certaines de ses décisions, Duclos-Rostand affirme que Pétain a été mal conseillé par son entourage et qu’il n’était pas en position de refuser les exigences des Allemands34.

25Il n’est ainsi pas surprenant que Duclos-Rostand n’entre pas dans les détails lorsqu’elle parle de la résistance. Elle relate certains des exploits les plus audacieux de son frère pendant la guerre, mais ses mémoires traitent de la vie quotidienne sous l’occupation plus que de toute autre chose. Elle évoque abondamment les pénuries alimentaires, les maisons réquisitionnées par les Allemands, les difficultés à se déplacer et les dangers auxquels les membres de sa famille ont dû faire face en tant que résistants.

26Globalement, que nous disent ces trois ensembles mémoriels ? Le témoignage de Duclos, comme tant d’autres, doit être lu en partie comme un produit du début de la guerre froide35, mais aussi comme le fruit de la tentative du général de Gaulle de forger le récit de la résistance. Compte tenu de ses liens personnels avec de Gaulle et de la nature de ses activités pendant la guerre, Duclos n’a aucune raison de présenter un récit qui irait à l’encontre de la perspective gaulliste. En revanche, Vérines et Duclos-Rostand ont écrit leurs livres plus tard, à un moment où certains aspects de la mémoire collective de la résistance sont remis en question. Vérines commence l’écriture de son livre en 1983, l’année où Klaus Barbie est extradé de Bolivie. Cette année-là, Jacques Vergès, l’avocat de Barbie, publie son propre livre, qui rouvre les clivages au sein de la Résistance en mettant en évidence les importantes divisions qui ont existé entre les différents groupes36. L’attention qui se focalise sur la trahison de Jean Moulin dans le cadre du procès Barbie accentue ces divisions et, en 1984, celui que l’on tient le plus souvent pour responsable de l’arrestation de Jean Moulin, René Hardy, écrit son propre livre, dans lequel il désigne plusieurs autres résistants37. Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que Vérines ait cherché à mettre en avant l’unité du réseau Saint-Jacques et à minimiser l’importance des éléments de la résistance basés à Londres.

27Entre 1983 et 1995, période à laquelle Duclos-Rostand écrit son livre, les dynamiques mémorielles concernant la Résistance et Vichy ont à nouveau changé. Son livre peut être considéré comme l’un des premiers exemples de ce qui deviendra finalement « des affirmations révisionnistes douteuses sur les années sombres » et des tentatives plus récentes de réhabiliter Pétain38. Sa date de parution se situe entre les procès Touvier et Papon, ce qui signifie que les crimes de Vichy sont à nouveau sous le feu des projecteurs lorsque Duclos-Rostand prépare son livre. Sa tentative de ressusciter le débat sur l’épée et le bouclier pourrait être interprétée comme une réponse à ces événements.

28Si le récit de vie de chaque auteur est différent, ce qui met en évidence des espaces de lutte mémorielle dans la France de l’après-guerre, tous, me semble-t-il, ont en commun une sorte de « stratégie de réparation par la biographie39 ». Si leur statut de membre des FFL (à l’exception de Duclos-Rostand) n’a jamais été contesté, le statut global de la résistance extérieure dans la mémoire collective n’a jamais été univoque et l’existence d’un réseau composé d’hommes et de femmes d’extrême droite au sein des FFL n’a jamais été sans poser problème. Les trois auteurs réagissent à ces moments spécifiques d’incertitude en livrant des témoignages qui mettent en avant ou minimisent certains éléments de leur expérience de résistant.

29Concernant les limites de l’identification à de Gaulle et à la France Libre, nous pouvons revenir à Duclos, dont les actions ne semblent pas avoir été affectées par l’aversion qu’il portait à ses compagnons de route. Il n’était toutefois pas très désireux d’être identifié à des hommes pour lesquels il n’avait que peu de respect. Si l’on met en parallèle sa défense constante de ses anciens comparses de la Cagoule avec son rejet de ses compatriotes de la France Libre, l’on voit aisément que, lorsque Duclos se remémore les années de guerre, son auto-identification politique compte davantage que celle qui prévalait en temps de guerre. Toute tentative de catégorisation de l’identité peut verser dans ce que Kevin Passmore a appelé une « erreur de raisonnement classificatoire », qui consiste à « élever certaines caractéristiques d’une organisation donnée au rang de définition40 ». Il encourage au contraire les historiens à se rappeler qu’un objet est dépourvu de toute qualité essentielle tant que les chercheurs n’entreprennent pas de l’étudier. En d’autres termes, nous définissons les paramètres de nos objets d’étude en même temps que nous examinons minutieusement leurs motivations à participer à divers mouvements et les interprétations divergentes de ce que ces mouvements représentaient41. Dans le cas de Maurice Duclos, sa conception de l’appartenance à la France Libre s’articulait autour de trois éléments : les succès militaires ; la libération finale de la France par la force ; et la certitude que de Gaulle représentait le meilleur moyen d’atteindre ces deux objectifs. Cependant, une fois ces buts atteints, il a semblé redonner la priorité à son identité politique de membre de l’extrême droite, tout en prenant ses distances avec les hommes aux côtés desquels il avait opéré au BCRA.

Notes de bas de page

1Prost Antoine, « The Algerian War in French Collective Memory », in Winter Jay Murray et Sivan Emmanuel (dir.), War and Remembrance in the Twentieth Century, Cambridge, Cambridge University Press, 1999, p. 174. N.D.T. : Notre traduction. Sauf mention contraire, toutes les traductions des textes en langue étrangère cités dans cet article sont les nôtres.

2Winter Jay Murray et Sivan Emmanuel, « Setting the Framework », in Winter Jay Murray et Sivan Emmanuel (dir.), War and Remembrance in the Twentieth Century, op. cit., p. 9.

3Ibid., p. 18.

4Pour une histoire détaillée du BCRA, voir Albertelli Sébastien, Les services secrets du général de Gaulle. Le BCRA (1940-1944), Paris, Perrin, 2009.

5Voir divers rapports de police, etc., issus principalement des Archives nationales (désormais AN), F7 14673, Armes 1920-1939.

6Deacon Valerie, The Extreme Right in the French Resistance, Baton Rouge, LSU Press, 2016, p. 147.

7De fait, un papier sur lequel il a compté ses jours en prison se trouve dans ses documents personnels aux archives de l’ordre de la Libération.

8AN, 72 AJ 231, Résistance hors de France et organes centraux de la Résistance, « Témoignage de Maurice Duclos, recueilli par Mlle Gouineau 1949 ».

9Voir les rapports de service, documentation privée au musée de l’Ordre de la Libération (désormais MOL).

10AN, 72 AJ 231, Résistance hors de France et organes centraux de la Résistance, « Témoignage de Maurice Duclos, recueilli par Mlle Gouineau 1949 ».

11Vergez-Chaignon Bénédicte, Les vichysto-résistants, Paris, Perrin, 2016, p. 74.

12Voir Muracciole Jean-François, Les Français libres, l’autre résistance, Paris, Tallandier, 2009.

13Colonel Passy (Dewavrin André), Souvenirs : 2e Bureau Londres, t. I, Monte-Carlo, Raoul Solar, 1947, p. 52-53.

14Voir, par exemple, Thyraud de Vosjoli Philippe L., Lamia, Boston, Little, 1970.

15AN, 72 AJ 231, Résistance hors de France et organes centraux de la Résistance, « Témoignage de Maurice Duclos, recueilli par Mlle Gouineau 1949.

16MOL, Archives privées de Duclos, radiogramme envoyé d’Argentine au général de Gaulle, 23 décembre 1958.

17MOL, Archives privées de Duclos, témoignage, rédigé en vue de ce qui semble être une prise de parole publique, date inconnue.

18Tel que cité dans Footitt Hilary, « Women and (Cold) War: The Cold War Creation of the Myth of ‘La Française résistante’ », French Cultural Studies, vol. 8, no 22, 1er février 1997, p. 48.

19Wieviorka Olivier, « Les avatars du statut de résistant en France (1945-1992) », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 1996, p. 57.

20MOL, Archives privées de Duclos, lettre de l’ambassadeur d’Uruguay à Hettier de Boislambert, Montevideo, 3 novembre 1967.

21MOL, Archives privées de Duclos, lettre de Saint-Jacques à M. le Préfet, Paris, 22 juin 1945.

22MOL, Archives privées de Duclos, lettre de Jean-Marie Pruvost à Duclos, 10 janvier 1966.

23ANF, 72 AJ/231, Résistance hors de France et organes centraux de la Résistance ; MOL, Archives privées de Duclos, « Témoignage de Maurice Duclos 1949 ».

24Ibid.

25Ibid.

26Ibid.

27Une lettre envoyée par Jean Vérines à Guy Vérines est reproduite sur le site de la Garde républicaine. Elle laisse supposer qu’ils avaient été séparés. Voir « Le chef-d’escadron Jean Vérines », [https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/garde-republicaine/decouverte/les-grands-personnages-de-la-garde/le-chef-d-escadron-jean-verines], consulté le 26 février 2024.

28Vérines Guy, Mes souvenirs du réseau Saint-Jacques, Lavauzelle, 1990. Version numérique de l’ouvrage, numéros de page impossibles à déterminer.

29Cité dans Rousso Henry, The Vichy Syndrome: History and Memory in France since 1944, trad. A. Goldhammer, Cambridge, Harvard University Press, 1991, p. 34.

30Témoignage conservé dans AN, 72 AJ 231.

31Duclos-Rostand Geneviève, À l’ombre de Saint-Jacques : une famille française dans la résistance, Luçon, Hécate, 1995, p. 5.

32Ibid., p. 80.

33Ibid., p. 25.

34Ibid., p. 34.

35Voir Douzou Laurent, La Résistance française : une histoire périlleuse, Paris, Seuil, 2005.

36Vergès Jacques, Pour en finir avec Ponce Pilate, Paris, Le Pré aux Clercs, 1983.

37Hardy René, Derniers Mots, Paris, Fayard, 1984.

38Golsan Richard J., The Vichy Past in France Today: Corruptions of Memory, Lanham, Lexington Books, 2017, p. xvi.

39Krimmer Elisabeth, German women’s life writing and the Holocaust: Complicity and gender in the Second World War, Cambridge, Cambridge University Press, 2018, p. 14.

40Passmore Kevin, The Right in France from the Third Republic to Vichy, Oxford, Oxford University Press, 2012, p. 12.

41Ibid., p. 13.

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