La 2e DB, une division de Français libres ?
Étude sur la diversité et l’amalgame des combattants (1943-1945)
p. 145-162
Texte intégral
1Au matin du mercredi 21 juin 1944, le général Leclerc réunit, à Dalton Hall, dans le Yorkshire, tous les officiers de la 2e division blindée (2e DB). L’objet de cette réunion est de faire le point sur la situation de la division avant son engagement prochain pour la libération de la France. Le général ouvre son discours par ces mots : « Lorsque au moment de la mise sur pied de la 2e DB le général de Gaulle me demanda si j’estimais possible de créer une unité solide avec des éléments venant d’origines aussi diverses, je lui répondis oui, lui précisant que notre but depuis quatre ans a toujours été de voir le maximum de Français rentrer dans la lutte derrière lui1. » Au terme de son discours, le général Leclerc distribue à l’ensemble des officiers l’insigne de la division : une croix de Lorraine sur une carte de France. Ce geste n’est pas anodin dans un tel contexte. Effectivement, face à lui se dressent des hommes qui l’ont suivi depuis ses premiers combats auprès du général de Gaulle en 1940, des Français libres de la première heure. Mais d’autres l’ont rejoint après avoir passé l’essentiel de la guerre dans les rangs de l’armée d’armistice. Voici toute la complexité de la 2e DB : une « mosaïque de peuples de races, de religions, de convictions politiques […] », comme le dit le très gaulliste général Alain de Boissieu2.
2La 2e DB, tout comme la 1re division française libre (1re DFL) ou le régiment Normandie-Niemen, fait partie des unités symboles de la France Libre, notamment en raison de la personnalité qui la commande, le général Leclerc. La 2e DB est d’ailleurs souvent appelée la « Division Leclerc ». Ce soldat est en effet parmi les premiers à avoir rallié le général de Gaulle en juillet 19403. Autre élément qui joue dans l’aura qui entoure la 2e DB, son insigne qui a été créé durant le premier semestre de l’année 1944. Pourtant, un paradoxe existe : au sein de la 2e DB, les Français libres étaient largement minoritaires, de l’ordre d’un tiers des effectifs4. Il faut rappeler le fait qu’un Français libre est un homme ou une femme engagé(e) au sein des Forces françaises libres avant le 31 juillet 1943, exception faite des évadés de France, surtout par l’Espagne, qui ont rejoint une unité ex-FFL même après cette date d’échéance, car « la date d’engagement retenue est celle de la première tentative d’évasion de France ou d’un territoire contrôlé par Vichy5 ».
3Au cours de la période qui va de la création de la 2e DB, à l’été 1943, jusqu’à l’engagement de la division sur le sol français au cours des années 1944 et 1945, nous nous intéresserons, dans ce chapitre, aux différentes étapes faisant de la 2e DB une unité très hétéroclite en termes d’engagements, mais aussi aux processus d’amalgame qui se mettent en place au fil de sa formation. Enfin, il conviendra d’analyser les Français libres dans la 2e DB face à l’arrivée, tout au long de la guerre, de nouveaux éléments venus d’horizons divers. Ainsi cette étude de la 2e DB met en lumière les tensions entre une identité affirmée de Français libre au sein de la division et la pluralité des membres qui la composent.
Une diversité des engagements à la veille de la Libération
4La 2e DB est créée officiellement le 24 août 1943. Elle naît dans un contexte de renaissance de l’armée française. En coopération avec les Alliés, le général Giraud, alors « commandant en chef civil et militaire6 », a négocié, via le « plan d’Anfa » (janvier 1943), l’armement de huit divisions d’infanterie motorisée et trois divisions blindées7. Parmi ces nouvelles divisions blindées, se trouve la future 2e DB. Pour la constituer, une unité déjà existante est utilisée : la 2e division française libre (2e DFL), ex-Force L, qui a combattu auprès des Alliés pendant la campagne de Tunisie. Fin mai 1943, la 2e DFL compte 6 347 hommes8, ce qui est bien loin des standards d’une division blindée américaine dont les effectifs regroupent environ 16 000 hommes. À partir du printemps 1943, l’objectif de Leclerc est donc d’étoffer ses troupes. Pour cela, il profite d’un phénomène en plein essor, à savoir les différents mouvements de ralliements, de désertions ou de « changements spontanés d’affectation », selon les termes d’Edgard de Larminat9, de soldats de l’armée d’Afrique vers des unités gaullistes. Mal considérés par le général Giraud, ces ralliements alimentent les tensions existantes depuis quelques mois entre de Gaulle et Giraud. Ce dernier prend des mesures, dès le 28 avril 1943, afin de les faire cesser : une note de service prescrit que « tous les militaires quittant leur unité, pour quelque motif que ce soit, même celui de combattre dans les rangs d’une autre unité, doivent être poursuivis devant le tribunal militaire pour désertion10 ». Leclerc continue tout de même d’encourager les engagements vers la 2e DFL ; action encouragée par le général de Gaulle qui lui envoie, le 9 mai 1943, un télégramme lui rappelant qu’il faut « recruter tous les volontaires quelle que soit leur origine11 ».
5La multiplication des racolages fixe la décision du commandement américain, alors responsable supérieur de l’ordre militaire en Afrique du Nord, de transférer la 2e DFL (ainsi que la 1re DFL) en Tripolitaine, loin des zones de recrutements tunisiens. Malgré cet exil forcé, le général Leclerc arrive à recruter 1 033 hommes entre le 31 mai et le 24 juin 1943, portant à 7 380 hommes les effectifs de l’unité qu’il commande12.
6Le 27 juillet 1943, le général Touzet du Vigier, alors à la tête de la 1re division blindée, et qui connaît très bien Leclerc pour avoir été son professeur à l’École de cavalerie de Saumur, lui rappelle qu’il ne peut refuser de prendre avec lui ceux qu’il a coutume d’appeler des « vichystes, des pétainistes, voire des traîtres13 ». Leclerc obtempère et enrôle tout homme « dès lors qu’il sent chez son interlocuteur la volonté de se battre pour arracher la libération de son pays14 ». Au cours des mois de juillet et d’août 1943, il parvient à développer le processus et à recruter de nombreuses unités, dont le 501e régiment de chars15 (501e RCC) du colonel Cantarel, où le capitaine de Witasse connaît une intégration quelque peu difficile. Nommé à la tête de la 2e compagnie, ce dernier, alors lieutenant, avait été fait prisonnier lors de la campagne de France de mai-juin 1940 et envoyé en Pologne. Quelques mois plus tard, il arrive à s’évader et à rejoindre la France. Pendant neuf mois, il intègre l’armée d’armistice à Annecy et, à sa dissolution, décide de s’évader de France. Arrivé à Alger en mai 1943, il se présente au général Leclerc le 29 juin. Lors de leur entretien, Leclerc lui reproche sa trop longue attente pour rejoindre les FFL et ajoute : « Naturellement, vous collaboriez16 ! » Malgré cette remontrance, de Witasse reçoit le lendemain une note de l’état-major lui annonçant qu’il prend le commandement de la 2e compagnie du 501e RCC. Cette nomination ne va sans remous. Pour les hommes de Leclerc, la plupart des FFL de longue date, l’arrivée d’un « nouveau » ne plaît guère, d’autant que le général n’aide pas l’intégration. Il « n’était nullement décidé à faciliter les choses, voulant, vraisemblablement, mettre à l’épreuve ce rallié si tardif et vérifier s’il était ou non capable de se débrouiller au milieu des difficultés17 ». La plupart des nouveaux arrivants s’insèrent difficilement dans un milieu qui est donc a priori fermé. Maurice Darne évoque ces tensions :
« Il y a de la grogne dans l’air. Il règne une certaine effervescence, et arrive fort mal. Le nouveau Capitaine, un grand gaillard évadé d’Allemagne, décide, afin de nous distraire, de nous faire repiquer au jeu du jeune bleu : Classes à pied et maniements d’armes. Tout le monde au Régiment se marre… sauf nous ! Parmi les rescapés de l’époque, quelques-uns l’ont très difficilement oublié18. »
7Selon de Witasse, qui n’adopte pas ici le point de vue d’un Français libre, Leclerc et les anciens FFL se considéraient comme ayant été les seuls à avoir maintenu l’honneur de la France durant trois ans19.
8Hormis le 501e RCC, d’autres unités viennent compléter les effectifs de la 2e DFL : les unités d’artillerie des commandants Mirambeau et Tranié complètent les effectifs du groupe Fieschi ; le 13e bataillon du génie du commandant Delage ; un service de santé autour du commandant Monfort et du capitaine Chauliac… Mais aussi trois bataillons du Corps franc d’Afrique (CFA). Créé en novembre 1942 et véritable « carrefour des réprouvés » selon Jean-François Muracciole20, le CFA n’est pas une unité FFL, mais l’orientation y est très favorable à de Gaulle. Il comprend des républicains espagnols, des réfugiés antifascistes, des juifs, des communistes, des gaullistes d’Afrique française du Nord… ainsi qu’un régiment de l’ex-armée d’Afrique, le 12e régiment de chasseurs d’Afrique (12e RCA) du colonel de Langlade stationné à El Malah (anciennement Rio Salado) au sud-ouest d’Oran. Ce dernier comprend 1 684 hommes, constituant ainsi un apport important pour le général Leclerc. En septembre 1943, face à l’importance du nombre d’engagés dans cette unité, un « 12e RCA bis » est constitué sous le nom de 12e Cuirs à Hammam Bou Hadjar (sud-ouest d’Oran)21. Sous le terme unifiant de 2e DB, se cache un regroupement d’unités hétéroclites, venues d’horizons divers, possédant des traditions variées et ayant connu des expériences différentes de la guerre alors en cours.
9Théoriquement, à la fin du mois d’août 1943, au moment même où la 2e DB est officiellement créée, Leclerc est à la tête de 15 559 hommes22, dont voici la composition selon les origines des engagés : 8 343 Européens, 2 470 Nord-Africains, 398 Syriens et 4 348 « Sénégalais23 ». Ces derniers posent un problème aux Américains car, pour eux, une division blindée est une arme technique par excellence et ne peut comporter de soldats de couleur24. Pour le général de Gaulle, qui négocie le transfert de la 2e DB vers la Grande-Bretagne en vue de la libération de la France, la question du « blanchiment25 » de la division se pose. Ce sujet est récurrent lors des discussions entre les états-majors alliés et le Comité français de la Libération nationale (CFLN). Ainsi, à partir de l’été 1943, au grand regret de certains officiers comme Jacques Massu, ancien de la Coloniale, ou Guy Chauliac, médecin-capitaine au 13e bataillon médical, la division doit subir un blanchiment de ses troupes. Les tirailleurs noirs du régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad (RTST) sont renvoyés au Tchad ou incorporés à la 1re DFL. Il existe une exception du nom de Claude Mademba Sy, qui est le seul soldat noir à rester au sein de la 2e DB tout au long de la guerre. Tirailleur sénégalais, petit-fils du roi du Soudan, pupille de la nation26, sa présence au sein de la division s’explique par son statut de citoyen français et non de sujet de l’Empire. En tout, Leclerc se voit retirer 4 000 hommes.
10Le 30 décembre, face à Eisenhower, le général de Gaulle avance le fait que les « divisions d’infanterie [françaises] comprennent de nombreux indigènes et [que] les Anglais feraient opposition à leur présence. Au contraire, [les] divisions blindées sont composées essentiellement d’éléments français27 ». Des officiers américains et britanniques ont aussi relevé l’importance de la question du blanchiment. Le 15 janvier 1944, le général américain Bull, chef d’état-major adjoint au SHAEF28 ajoute : « Toute autre chose que des troupes de France métropolitaine cantonnées au Royaume-Uni serait accepté avec réticence29. » On trouve des remarques similaires de la part d’officiers britanniques, par exemple le chef du COSSAC30, le lieutenant-general Morgan : « Je suis convaincu qu’il est de la plus grande importance que parmi les premières troupes entrant dans Paris se trouvent des Français. Plus les dimensions de ce contingent français seront importantes, mieux cela sera31. » La question du blanchiment a un lien avec un autre point important : la libération de Paris. La 2e DB étant susceptible de participer à la libération de Paris, « il est inconcevable qu’elle soit formée, même partiellement, de soldats noirs32 ».
11Même si les Américains et les Anglais sont assez réticents à voir des hommes de couleur dans des unités de combat de première ligne, la réalité du blanchiment des troupes est bien différente. L’objectif des états-majors alliés, qui était d’avoir un blanchiment à 100 % de la 2e DB, est loin d’être atteint. Effectivement, environ le quart des hommes composant la 2e DB sont indigènes, ce qui représente 3 603 hommes sur 14 493. Dans certaines unités, ils sont plus nombreux que les troupes européennes. C’est le cas, par exemple, de la 197e compagnie de transport, où ils représentent plus de la moitié des effectifs, tout comme dans la 297e compagnie de transport personnel (69,9 %), au 13e bataillon médical (54 %) et au 13e groupe d’exploitation (50,9 %). Mais ces unités ne sont pas destinées à combattre en première ligne. Il faut enfin souligner la présence de seulement trois officiers indigènes dans les unités de choc. Ces hommes sont affectés aux 1er RMSM, 501e RCC et 12e Cuirs33.
12À partir de l’automne 1943, alors que la division vient de s’installer sur le littoral marocain, dans la région de Témara, de nouvelles recrues intègrent la 2e DB. La proximité du port de Casablanca permet ainsi l’intégration de 2 500 évadés de France par l’Espagne. En dépit du processus officiel de fusion lancé à l’été 1943 afin de reconstituer l’armée française, des tensions existent toujours entre gaullistes et giraudistes. Les représentants des deux partis font la « publicité » de leurs unités pour compléter les effectifs. Gilbert Lévy-Haussmann raconte son arrivée à Casablanca :
« Après dix mois de détention, dont sept en prison cellulaire, cela faisait du bien de refouler un sol français ! Impatient d’agir, de m’engager comme je le souhaitais dans l’aviation, je débarquais au milieu de diverses personnes de toutes armes venues nous accueillir. J’ai été rapidement abordé par un homme jeune d’allure, en simple tenue américaine kaki au grade de capitaine, qui me parla de la Division Blindée en formation commandée par un général “dit” Leclerc. Je retrouvais un ami de captivité pensant me voir arriver, qui m’espérait. […] Il me conseilla donc d’opter vers une des divisions blindées en formation, la trois, la cinq ou la deux. Et sur le conseil d’amis de captivité rencontrés, c’est celle-ci que je choisis, suivant les indications du capitaine qui m’avait débauché et optant pour son unité le 4e escadron du 12e cuirassier34. »
13Parmi les évadés de France, on dénombre des réfractaires du Service du travail obligatoire (STO), mais aussi des juifs fuyant les persécutions nazies et vichystes35.
14La diversité géographique de l’origine des recrues de la division est impressionnante. Outre ceux-ci, la 2e DB est témoin de l’arrivée d’hommes venus de Corse, dont l’île vient tout juste d’être libérée (septembre-octobre 1943). La plupart sont intégrés dans la 3e compagnie du régiment de marche du Tchad (RMT) puisque le chef de la compagnie n’est autre que Marcel Samarcelli, un Corse, et l’un des chefs de section est Jean Lucchesi, lui aussi originaire de l’île de Beauté…Venus d’Outre-Atlantique, 42 Saint-Pierrais et Miquelonnais ont rejoint l’Afrique du Nord et ont été versés dans les 197e et 297e compagnies de transport, 397e compagnie de circulation routière, 497e compagnie des services, 13e bataillon médical, 97/84e compagnie des transmissions et dans le régiment blindé de fusiliers marins (RBFM)36.
15L’hétérogénéité des engagements est également illustrée par la 9e compagnie du 3e bataillon du RMT, qui a pour surnom la Nueve. La raison de cette dénomination réside dans le fait que cette compagnie est constituée essentiellement « d’anciens de l’armée républicaine et des milices populaires ayant combattu les troupes du général Franco lors de la guerre civile qui a déchiré l’Espagne entre 1936 et 193937 ». Derrière ce terme de la Nueve se trouvent 146 hommes venant d’horizons bien différents : des vétérans de l’armée républicaine ; des Espagnols de la Légion étrangère française, engagés en 1939-1940, puis internés dans les camps de concentration de l’AFN38 ; des Espagnols vivant en Afrique du Nord depuis plusieurs générations ; des survivants des Brigades internationales ; mais aussi des Argentins, des Vénézuéliens39… Seule la langue espagnole reste le point commun de tous ces hommes. Evelyn Mesquida, dans son ouvrage consacré à la Nueve, estime que « plus de 17 % des soldats [espagnols] de l’armée française aux ordres de Giraud désertèrent pour s’engager dans les troupes de Leclerc40 ». Ces Espagnols abandonnent, momentanément, leurs différences de pensée pour se battre sur un front commun pour la libération de la France.
16Le 13e bataillon médical connaît aussi une certaine diversité des engagements, notamment avec la présence de femmes. Si la majorité des demandes d’engagement au sein de la 2e DB viennent d’hommes, il ne faut pas omettre les candidatures féminines. Quelques femmes, souvent originaires de métropole et réfugiées au Maroc durant la guerre, écrivent des lettres au général Leclerc afin de s’engager mais leurs tentatives d’engagement restent sans réponses positives de la part du général Leclerc. À l’automne 1943, arrive des États-Unis un groupe d’ambulancières mené par Florence Conrad et portant le nom de Rochambeau. Leclerc est tout d’abord opposé à leur intégration dans la 2e DB, mais la présence d’une dizaine d’ambulances le fait changer d’avis. En manque de matériel, il accepte finalement d’engager le groupe. Les « Rochambelles » (surnom donné aux femmes qui composent le groupe) sont 14 lorsqu’elles arrivent au Maroc, et 22 à la veille de quitter l’Afrique du Nord pour l’Angleterre. À partir du printemps 1944, les « Rochambelles » engagent 17 nouvelles ambulancières41. La présence féminine au sein du 13e bataillon médical n’est pas une exception. Souvent oubliées dans l’historiographie de la 2e DB, 9 « Marinettes » menées par Jacqueline Carsignol et Cécile de Jerphanion, sont aussi engagées dans le RBFM en tant qu’ambulancières.
17Auprès des Rochambelles, il ne faut pas omettre de citer la présence de membres de la Friends Ambulance Unit (FAU) créée en Grande-Bretagne en 1939, tous objecteurs de conscience et pour la plupart Quakers. À l’annonce de la création d’une division blindée au Maroc, la FAU propose ses services et, le 24 septembre 1943, le général Kœnig annonce que le projet d’intégrer des Quakers dans la 2e DB est accepté42. À partir de novembre 1943, 30 Quakers rejoignent ainsi le 13e bataillon médical. Finalement, au mois d’avril 1944, à la veille de son transfert vers l’Angleterre, la 2e DB est composée de 14 493 hommes et femmes, ce qui constitue une base d’effectifs solide pour un engagement prochain sur le théâtre européen.
18En Angleterre, les effectifs de la division sont complétés par de nouveaux renforts venus d’Afrique du Nord, ainsi que par des engagements locaux. C’est le cas par exemple de quatre nouvelles « Rochambelles43 », ou bien encore de 44 Cadets de la France Libre, dont 33 aspirants44.
19À la veille de son engagement pour la libération de la France, la 2e DB est donc composée d’hommes et de femmes de multiples origines. Christine Levisse-Touzé et Julien Toureille ont dénombré pas moins de 22 nationalités au sein de la division45. Dans le simple régiment de marche du Tchad, 102 étrangers, en majorité slaves, ont été identifiés, et plus de 500 volontaires belges, russes, italiens, autrichiens, suisses, allemands, polonais, et portugais46. En d’autres termes, les anciens de la 2e DFL ne sont pas majoritaires dans la 2e DB. Cette hétérogénéité invite à s’intéresser à la manière dont, au sein de la nouvelle division, les Français libres, les ex-soldats de l’armée d’Afrique et les nouveaux engagés, qui ont des expériences de guerre diverses, des divergences politiques, idéologiques et religieuses, s’amalgament entre eux. Et surtout, comment les Français libres, en premier lieu le général Leclerc, ont imposé l’identité Free French dans la 2e DB.
« Faire tomber progressivement les barrières » au sein de la 2e DB
20Le travail d’amalgame à l’intérieur de la 2e DB débute par des actions simples. Au Maroc, dans les campements où stationne la division, les différentes unités sont mélangées afin que les hommes, qui proviennent d’horizons différents, puissent se côtoyer au quotidien. Si, sur le papier l’idée est bonne, dans la réalité, la situation est tout autre. Comme le souligne Nir Arielli : « Commander et diriger des troupes par temps de guerre suscite toujours des frictions. Quand ces troupes proviennent de milieux culturellement, nationalement et parfois ethniquement, religieusement et linguistiquement différents, les chances grandissent de voir se multiplier ces frictions47. » La 2e DB ne fait pas exception à cette règle. Des tensions peuvent être observées entre le 501e RCC et le 12e RCA, ce dernier étant surnommé le « 12e Nazi » par les hommes du 501e RCC. Les tensions entre ces deux régiments s’expliquent par leurs passés divergents. Le 501e RCC est composé d’hommes ayant combattu auprès des Forces françaises libres et des Alliés, alors que le 12e RCA est issu de l’armée d’Afrique. Pour Olivier Wieviorka, ces tensions s’expliquent par le fait que « les hommes à la croix de Lorraine reprochaient à leurs compagnons d’armes leur attentisme, leur compromission avec le pétainisme ainsi qu’un conformisme doctrinal qui avait tout droit conduit à l’abîme48 ». En 1993, 50 ans après les faits, Jacques Massu observe ces événements avec le recul que lui a offert le passage du temps. Il se montre assez compréhensif sur le choix de ses camarades de l’armée d’Afrique : « La fierté d’être FFL inspirait à certains d’entre nous des sentiments pas très charitables à l’égard de ceux qui, finalement, avaient fait de bonne foi leur métier et étaient restés fidèles aux autorités sous les ordres desquels ils servaient49. »
21Avec l’arrivée de nouveaux engagés, à partir de l’automne 1943, des heurts sont craints, mais finalement les frictions entre les anciens et les nouveaux engagés « ne se sont produits que sur une échelle pratiquement négligeable », note un rapport sur le moral en février 194450. Le 22 septembre 1943, dans une lettre adressée au général de Gaulle, Leclerc annonce que l’essentiel est de faire « tomber progressivement les barrières51 » et de réaliser ainsi l’unité entre tous les soldats de la 2e DB. Il compte également que l’amalgame s’achèvera sur le champ de bataille, notamment par le biais des groupements tactiques qui mélangent les différentes unités. Mais en attendant l’heure du combat, il entend poursuivre et favoriser le processus de fusion. Il organise par exemple des déjeuners et dîners avec les officiers des différentes unités, aussi bien durant la période marocaine que durant les mois anglais (avril-juillet 1944), afin qu’il puisse les connaître, mais aussi que ces hommes, venant d’horizons et d’armes différents, se côtoient. Paul de Langlade, rallié auprès de Leclerc depuis l’été 1943 et déjà convaincu par la personnalité du général, note : « C’est en ces occasions que j’ai pu toucher au plus près la pensée profonde de ce chef au cœur débordant d’une foi qui l’aveuglait52 […]. »
22Au niveau de l’état-major de la division, le général Leclerc fait en sorte de s’entourer d’hommes de confiance, souvent des Français libres de la première heure. Le chef d’état-major est le colonel Bernard, qui occupait déjà ces fonctions à Brazzaville ; le sous-chef d’état-major est le commandant de Guillebon, un fidèle du Général depuis le serment de Koufra. À la tête du 1er Bureau se trouve Robert Quilichini, un proche du patron de la DB depuis le Cameroun (août 1940)53. Le 2e Bureau est dirigé par Paul Repiton-Préneuf qui a rejoint la France Libre en 194054, et les 3e et 4e Bureaux sont respectivement sous le commandement des capitaines André Gribius et Roger Lantenois.
23Pour Leclerc, l’esprit Free French qui s’est développé depuis 1940 doit se retrouver dans la nouvelle armée française tout juste réunifiée à l’été 1943, et en premier lieu dans la 2e DB. Le 15 août 1943, il se confie à son aide de camp Christian Girard sur cette question en précisant qu’« il faut conserver intact l’esprit de la France combattante, car il a fait ses preuves et représente l’esprit de la France elle-même55 ». Leclerc expose régulièrement à ses cadres la signification du combat des FFL et insiste pour que la figure du général de Gaulle soit le plus souvent possible mise en avant. En juillet 1944, quelques jours avant l’embarquement de la division pour la Normandie, il ordonne aux chefs de corps de rédiger un ordre du jour qui sera lu devant les différents régiments où doit être précisée « la foi dans le chef de la France Résistante et la confiance dans le gouvernement provisoire de la République56 », c’est-à-dire le général de Gaulle et le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF).
24Leclerc sait aussi sanctionner le comportement d’anciens Français libres ou l’emploi de symboles du gaullisme qui iraient à l’encontre du bon brassage de la division. On peut prendre l’exemple des tensions qui existent avec le colonel Malaguti, alors à la tête d’un groupement tactique. Ce dernier est écarté de la 2e DB en juillet 1944 après des différends avec Leclerc sur l’emploi des chars.
25En novembre 1943, dans le domaine de la presse, Leclerc avait aussi interdit la vente du journal Combat, pourtant pro-gaulliste, dans les camps de stationnement de la 2e DB au Maroc. Dans la région de Témara, le journal est distribué par la librairie Hachette. Dans un télégramme, daté du 11 novembre 1943, le directeur de l’Agence générale pour le Maroc de la librairie Hachette se plaint de ne pouvoir accéder aux camps de Témara :
« Notre centre de Rabat nous signale que les vendeurs qu’il envoie à Témara pour la criée de cet hebdomadaire se sont vu refuser dernièrement l’accès dans les camps. Pour assurer une meilleure diffusion de cet organe, nous vous demandons de vouloir bien nous accorder l’autorisation de laisser pénétrer notre vendeur57. »
26À cette demande, le général Leclerc note sur ce télégramme avec son crayon rouge et épais : NON. Il n’est pas dupe et sait que les soldats pourront y avoir accès lors de leurs permissions en ville. Mais en refusant l’accès de ce journal, dont il partage pourtant les opinions gaullistes, il veut mettre de côté toute propagande politique dans les camps, qu’elle soit gaulliste ou maréchaliste, car il estime que ces sujets de débats sont aussi des sujets de querelles qui nuisent à l’unité de la division. Évidemment, cette décision ne signifie pas que la division n’ait aucune tendance politique. Depuis sa création, la 2e DB a une étiquette de « division gaulliste ». Les rapports sur la censure du courrier de la 2e DB apportent des preuves sur ce fait et sur la persistance de cette tendance. Un rapport provenant du 1er régiment de marche de spahis marocains (1er RMSM), datant du mois de novembre 1943, note :
« Personne ne parle plus du Maréchal ni de Laval. On peut même se demander s’ils existent encore. Très peu parlent du régime de Vichy et uniquement pour regretter qu’on n’ait pas balayé complètement ce qu’ils appellent le régime de Vichy. Il en est de même en ce qui concerne le général Giraud et ses satellites.
Pour ceux qui en parlent, le Général de Gaulle a pris la valeur d’un symbole :
– National : la résistance à l’oppresseur et la libération.
– Politique : le balayage du régime de Vichy et la constitution d’un ordre nouveau58. »
27Les tensions sont observables aussi lorsque les marins du RBFM, vus comme vichystes, intègrent la 2e DB au mois d’avril 194459. Leclerc est furieux de cette décision et fait savoir qu’ils ne sont pas les bienvenus. Le 14 avril, lors de la présentation des officiers du RBFM, il s’exclame : « Vous êtes fiers d’être marins et vous vous glorifiez probablement d’être affectés à la 2e DB. Je ne voulais pas de vous. Je vous ai acceptés parce que le général de Gaulle vous a imposés à moi60. » Il leur interdit de porter la fourragère rouge, marque de la Légion d’honneur, gagnée en 1914, et attend d’eux des preuves au combat61. Les relations entre marins et Français libres sont assez nuancées : certains marins comme Robert Mady, tireur du Tank-Destroyer Simoun, sont heureux d’intégrer la division62, mais, de l’autre côté, Philippe de Gaulle, seul Français libre affecté au RBFM, subit une « quasi-quarantaine63 », en juin 1944, de la part de ses camarades du RBFM.
28La symbolique est également convoquée afin de contribuer à l’amalgame. Cette croix de Lorraine, « symbole identitaire par excellence, patriotique et combattant64 », est, « à partir de 1942, le symbole de l’unification résistante sous l’égide de De Gaulle65 ». Leclerc justifie ainsi son adoption :
« Laïus à leur faire avant le départ : j’impose la Croix de Lorraine à tous. Pourquoi ? Ce n’est pas avec une idée de passé, mais d’avenir. Il faut toujours regarder en avant, vivre dans l’avenir. Or quel est le problème de demain pour la France : qu’elle ne se dissocie pas, son empire et même elle. Un seul signe peut l’empêcher de se dissocier demain c’est la ☨. La reconnaissance que j’ai à de Gaulle en 40, c’est d’avoir sauvé l’honneur de l’armée, mais la reconnaissance que je lui devrai en 43, 44, etc… c’est de sauver l’unité française66. »
29Il confirme que sa division est un « outil politique » autant qu’un « outil militaire ». L’annonce de la future adoption d’un nouvel insigne, le 19 mars 194467, est faite de façon positive. Les réactions émanant des soldats sont plutôt favorables et une coopération est même demandée aux unités afin de concevoir ledit insigne68. Dans une lettre du 8 mars 1944, le colonel de Langlade confirme que « le port de la Croix de Lorraine sur le matériel de combat et les véhicules ne trouvera pas de réticence au 12e RCA69 », unité non française libre. Conçu au Maroc, l’insigne est officiellement distribué aux officiers de la 2e DB le 21 juin 1944. Le reste de l’unité le reçoit le 3 juillet lors d’une grande cérémonie, en même temps que les différents drapeaux et étendards. En ce 3 juillet 1944, cet insigne est « avant tout le symbole commun à des hommes qui n’étaient pas destinés à combattre dans la même unité70 ». De plus, Leclerc a voulu la création d’un insigne et non d’un carré d’étoffe cousu sur la manche des soldats. Cette dernière solution n’est pas à son goût, car il pense qu’avec « ce système l’insigne devient une partie de la tenue et disparaît le jour où la division est dissoute, ou lorsque le militaire la quitte. [L’]insigne doit avoir un caractère personnel que chacun conservera et pourra porter plus tard comme souvenir71 ».
Des engagements qui se poursuivent à la Libération
30Après le débarquement de la 2e DB en Normandie, à partir du 1er août 1944, la question de la diversité des engagements et de l’amalgame se pose toujours, mais dans de nouvelles perspectives, notamment avec l’engagement des volontaires métropolitains, ex-FFI ou non. Dans une perspective militaire, ces nouveaux engagés viennent renforcer les effectifs qui varient suivant les pertes et les mutations. À cela, nous pouvons ajouter la seconde vague de blanchiment qui touche les « Grandes Unités coloniales, ou à large participation coloniale72 », durant l’automne et l’hiver 1944. Avec l’engagement de métropolitains dans la 2e DB, le blanchiment est considéré comme terminé au mois de janvier 194573. Ces engagements ont également une dimension politique. Pour de Gaulle, ce point est tout à fait important, car « plus massive sera l’armée française et plus importante sera sa participation aux derniers combats, plus forte sera la position de la France dans les négociations finales et les traités de paix74 ». Dans cette optique d’une armée de la libération, l’objectif est d’avoir une « armée de la nation tout entière75 ». Ainsi, « dès le 28 août 1944, de Gaulle a ordonné la dissolution des unités FFI et leur versement à l’armée régulière76 ».
31À l’inverse de la 1re Armée française, il n’y a pas eu de nombreuses incorporations d’unités FFI dans la 2e DB. Hormis quatre compagnies de FFI, l’essentiel des engagements se fait de manière individuelle et au goutte-à-goutte tout au long de la Libération, souvent de manière plus ou moins formelle77. Les bureaux de recrutement, s’installant à l’intérieur des cafés, au bord des routes…, « recherchent principalement des jeunes, paraissant patriotes, motivés et de bonne aptitude physique78 ». Mais les bureaux de recrutement ne connaissent pas de grande vague d’engagements. Pierre de Chevigné, qui supervisa dans la partie septentrionale de la France la dimension militaire de l’installation des pouvoirs publics au fur et à mesure de la progression des armées alliées79, évoqua cette période par ces mots :
« Quand j’étais venu de Bayeux à Paris, j’avais avec moi un camion sur lequel j’avais mis “Office de recrutement”. On m’acclamait. Ah ça, pour être acclamé, j’ai été acclamé… Mais [rires] le pauvre officier que j’avais mis pour enregistrer les engagements, il n’a pas eu beaucoup de travail. Les maquis voulaient rester groupés. Les communistes voulaient surtout les garder en main. Et puis les autres disaient : “On retourne chez Bobonne”80. »
32Parmi les nouvelles recrues, peuvent être remarqués des membres de la famille de Hauteclocque, et en premier lieu deux des fils du général, Henri et Hubert, engagés respectivement au régiment de marche du Tchad (RMT) et au 12e chasseurs81 ; Wallerrand, le fils de son cousin germain François de Hauteclocque82, ainsi que des neveux. Des artistes s’engagent aussi de façon individuelle dans les rangs de la 2e DB : Jean Moncorgé, dit Jean Gabin (RBFM), Jean Marais (501e RCC), Jean-Claude Villeminot (1er RMSM), connu plus tard sous le nom de Jean-Claude Pascal…
33Après sa libération, la ville de Paris aurait pu être un vivier important de nouvelles recrues, mais il n’en a pas été ainsi. Si l’on estime à 10 % la proportion des FFI parisiens dans l’ensemble des engagements FFI au fil des combats libérateurs, la libération de la capitale n’a pas été suivie par des engagements massifs dans la 2e DB83, excepté les 150 FFI de l’escadron de Vaugirard84. Ce résultat s’explique par le fait qu’un nombre important de formations FFI aient donné naissance à de nouvelles unités ; intégrées ensuite à l’armée régulière mais pas forcément dans la 2e DB. C’est par exemple le cas du « bataillon de Paris du colonel Fabien formé de jeunes lycéens parisiens, d’ouvriers FTP de Billancourt et d’un groupe de mineurs venus de Decazeville85 » qui devient le 151e régiment d’infanterie de la coloniale et intégré dans la Première Armée française.
34Il est difficile de donner un nombre exact des engagements au sein de la 2e DB. Selon Claire Miot, à la mi-octobre 1944, la 2e DB aurait amalgamé quelque 3 000 FFI sur un total de 431 000 à 534 000 unités FFI officiellement amalgamées à l’armée régulière86. Si nous ramenons ce chiffre à l’ensemble des unités FFI amalgamées, cela représente moins de 0,7 % des engagements, mais, ramené à l’échelle d’une division blindée, le résultat peut être estimé entre 15 et 20 % des effectifs.
35À la Libération, les bureaux de recrutement ne semblent pas pouvoir vérifier les différentes identités et le passé de chaque individu se présentant. À partir de la fin du mois d’août 1944, des ex-miliciens, des agents du service de renseignement allemand, des membres du parti nazi, de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF) ou du Parti populaire français (PPF) réussissent à s’engager au sein de la 2e DB afin de laver leur conscience ou de cacher les traces de comportement douteux pendant l’Occupation. Ainsi, durant l’automne-hiver 1944, une véritable chasse aux collaborateurs doit se mettre en place au cœur de la 2e DB. Les archives de la Sécurité militaire de la 2e DB87 que nous avons pu exploiter mettent en avant plus d’une vingtaine de cas avérés, ce qui reste tout de même un phénomène minime en comparaison du nombre d’engagements.
36Outre ces cas particuliers d’engagement, qu’en est-il de l’amalgame entre les nouvelles recrues et les « vétérans » ? Il faut tout d’abord noter qu’il n’est pas si aisé que cela d’intégrer une unité où des hommes se côtoient quotidiennement depuis la formation de la division en Afrique et en Angleterre, et qui, peut-être plus encore, ont connu le feu ensemble. Ainsi, quelques divergences se manifestent. Les résistants de l’intérieur doivent passer d’un mode de combat irrégulier à une guerre régulière, mécanisée, au sein d’une grande division blindée, et leur manque de savoir-faire leur est souvent reproché88. Raphaële Balu note à ce sujet que, durant la guerre, « le développement de pratiques militaires au sein des maquis était […] progressif, mais réel ; il n’impliquait pas la transformation des maquisards en soldats réguliers89 ». De plus, ajoute-t-elle, « la qualité militaire des FFI souleva des objections tout au long de la période chez bien des officiers de carrière90 ». Force est de constater que ce phénomène se produit au sein de la 2e DB. Des hommes de la division ne supportent pas, par exemple, de voir certains jeunes officiers avoir des grades sans rapport avec leur faible expérience militaire comparativement à ce qu’eux-mêmes ont vécu au Levant ou en Afrique. Paul Oddo (1er RMSM) évoque cette période par ces mots :
« Au moment de la Libération, une unité d’anciens FFI s’était rassemblée – ils n’avaient pas fait grand-chose, à part une barricade à Boulogne… Ils étaient contents. Ces types-là étaient rassemblés sous les ordres d’un capitaine nul, avec des officiers gentils, mais nuls. […] Ils ont fait ce qu’ils ont pu. [Mais] on a eu des pertes trop lourdes avec des gens qui n’étaient pas instruits91. »
37De l’autre côté, certains FFI ont une véritable méfiance envers l’armée régulière dans laquelle ils se voient engagés, considérant « l’armée régulière comme celle qui ne s’était pas battue en 1940 et qui n’avait pas résisté en 194292 ».
38L’avancée de la division sur le sol français au cours de la Libération entraîne des conséquences sur l’identité Free French prônée par Leclerc depuis 1943. Pour Claire Miot, « l’amalgame de nouvelles unités, l’arrivée d’engagés volontaires et les nombreuses pertes de l’hiver 1944-1945 ont sans doute aussi entraîné un raidissement de l’identité française libre, à la 2e DB comme à la 1re DFL, où les volontaires de la première heure deviennent partout minoritaires93 ». Entre le 30 octobre et le 24 décembre 1944, qui correspond à la période où la division est engagée dans la libération de l’Alsace, les pertes94 de la 2e DB s’élèvent à 1 771 soldats95. Afin de combler le manque d’effectif, la division reçoit en renfort 1 959 soldats96. Il est intéressant de se focaliser sur ces renforts car, parmi ces derniers, 1 317 sont de nouvelles recrues, soit 67,2 % des renforts, alors que 642 reviennent de guérison (32,8 %)97. Au fur et à mesure de l’avancée de la 2e DB, les troupes initiales sont, petit à petit, remplacées par de nouvelles. Ainsi, les vétérans du Tchad, en mai 1945, dans la 2e DB, ne représentent sans doute pas plus de 30 % des effectifs totaux98. Néanmoins, les tensions relevées au cours des premières semaines s’estompent au fur et à mesure de la campagne de Libération. Les combats, les périodes d’instruction, menées « à l’occasion de tous les temps de repos ou d’inaction opérationnelle99 » (notamment au mois d’octobre 1944 et en mars 1945), permettent d’accélérer l’amalgame des nouveaux éléments venus dans la division.
Conclusion
39La 2e DB fait partie de l’histoire de la France Libre, alors même que le nombre de Français libres y était minoritaire. Le travail d’amalgame, d’inclusion ou d’exclusion de la part du général Leclerc au sein de la division, mais aussi la cohésion des soldats qui s’est faite au « ras du sol », au quotidien, dans les moments où la division était au repos ou en plein combat, a fait que les rivalités de 1943 se sont estompées au fil des mois pour donner une division assez homogène et efficace dans les combats des années 1944 et 1945.
40L’histoire de l’amalgame au sein de la 2e DB aurait pu connaître un point culminant au mois de juin 1945, lorsque le général Leclerc quitte le commandement de sa division. Le général de Langlade, ex-officier de l’armée d’Afrique, avait l’approbation de Leclerc afin qu’il lui succède à la tête de la 2e DB, mais « le général de Gaulle a estimé qu’en raison des traditions de cette division issue des Forces françaises libres, et pour maintenir la tradition symbolique, il était nécessaire que ce commandement soit remis entre les mains d’un de nos premiers compagnons. L’unanimité s’est faite autour du colonel Dio100 », rapporte le général Leclerc. Par ce geste, le général de Gaulle a consolidé la dimension française libre de la 2e DB et, pourtant, a rendu moins visible dans l’historiographie les troupes non issues de la France Libre stricto sensu qui, pourtant, ont largement contribué à forger sur le champ de bataille l’histoire de la division.
Notes de bas de page
1Vézinet Adolphe, Le général Leclerc de Hauteclocque, maréchal de France, Paris, Presses de la cité, 1974, p. 125.
2Boissieu Alain de, Pour combattre avec de Gaulle, Paris, Plon, 1981, p. 212.
3Pour approfondir sur l’histoire de Philippe Leclerc de Hauteclocque (1902-1947), nous pouvons nous référer aux ouvrages suivants : Levisse-Touzé Christine (dir.), Du capitaine de Hauteclocque au général Leclerc, Bruxelles, Éditions Complexe, 2000, 478 p. ; Levisse-Touzé Christine et Toureille Julien, Leclerc. Patriote et rebelle, Rennes, Éditions Ouest-France, 2017, 199 p. ; Martel André, Leclerc. Le soldat et le politique, Paris, Albin Michel, 1998, 571 p. ; Notin Jean-Christophe, Leclerc, Paris, Perrin, 2005, 624 p. Pour une analyse de la mémoire et de la sacralisation de Leclerc après sa mort, voir Toureille Julien, Philippe Leclerc de Hauteclocque dans la mémoire et dans l’histoire (1947-2007), thèse d’histoire, Christine Levisse-Touzé, université Paul-Valéry Montpellier 3, 2010.
4Muracciole Jean-François, « Esprit de résistance et défense nationale », in Deleplace Marc (dir.), De la patrie en danger aux nouvelles menaces 1792-2003. La défense nationale en question(s), Actes du colloque, Reims, 26-27 mai 2004, IUFM de Champagne-Ardenne, 2005, p. 145.
5Muracciole Jean-François, Les Français libres. L’autre Résistance, Paris, Tallandier, 2009, p. 27.
6Barasz Johanna, « Henri Honoré Giraud », Dictionnaire de la France Libre, Paris, Robert Laffont, 2010, p. 695.
7Broche François, Caïtucoli Georges et Muracciole Jean-François (dir.), La France au combat de l’appel du 18 juin à la victoire, Paris, Perrin, 2007, p. 325.
8« Situation d’effectif par grade et par race à la date du 31 mai 1943 », datée du 19 juin 1943. Service historique de la Défense de Vincennes (désormais SHD), 11 P 21.
9Cité par Muracciole Jean-François, Les Français libres. L’autre Résistance, op. cit., p. 157.
10Crémieux-Brilhac Jean-Louis, La France Libre, t. I, Paris, Gallimard, coll. « Folio histoire », 2013, p. 636.
11Notin Jean-Christophe, Leclerc, Paris, Perrin, Tempus, 2010, p. 259.
12Maubec Jérôme, « La 2e division blindée française au Maroc (août 1943 – mai 1944). Créer, organiser et régler le devenir d’un outil politique et militaire », mémoire de master, dir. Jean.-François Muracciole, université Paul-Valéry Montpellier 3 2015, p. 44.
13Cité par Compagnon Jean, Leclerc. Maréchal de France, Paris, Flammarion, 1994, p. 323.
14Cité Perrier Guy, Leclerc, Paris, Pygmalion, 2008, p. 106.
15La 1re compagnie autonome de chars de combat des Forces françaises libres a été créée en juillet 1940. Après l’échec du ralliement de Dakar en septembre 1940, elle participe au ralliement du Gabon, puis, en 1941, participe à la campagne de Syrie face aux forces vichystes. Début 1942, la compagnie s’installe à Beyrouth puis est équipée de chars anglais Crusader. Auprès de la 8e armée britannique, elle prend part à la bataille d’El Alamein en octobre et novembre 1942. En février 1943, elle entre en Tunisie et participe aux combats de Médenine en mars de la même année. La compagnie termine la campagne de Tunisie auprès de la Force L à laquelle elle a été rattachée. Voir [http://www.ordredelaliberation.fr/fr/armee-de-terre], consulté le 14 juin 2021.
16Witasse Jacques de, L’Odyssée de la 2e Compagnie de chars de la France Libre 1940-1945, Lyon, Éditions lyonnaises d’Art et d’Histoire, 1990, p. 40.
17Ibid, p. 42.
18Darne Maurice, 2e Cie 501e RCC, s. l., 1988, p. 50. Maurice Darne note que ces tensions, entre le capitaine et les anciens FFL, perdureront jusqu’en août 1944 lors des premiers combats en France.
19Witasse Jacques de, L’Odyssée de la 2e Compagnie…, op. cit., p. 43.
20Muracciole Jean-François, « Corps franc d’Afrique », in Broche François, Caïtucoli Georges et Muracciole Jean-François (dir.), Dictionnaire de la France Libre, op. cit., p. 374.
21Journal de marches et opérations du 12e régiment de Cuirassiers, musée de la Libération de Paris – musée général Leclerc – musée Jean-Moulin (désormais MLLM), boîte M1, dossier no 1, chemise no 1.
22Situation des effectifs de la 2e DB au 27 août 1943. SHD, 11 P 219.
23Ce terme de Sénégalais est à mettre entre guillemets car nous faisons référence ici aux tirailleurs noirs du régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad (RTST) qui, malgré l’appellation, ne sont presque jamais natifs du Sénégal. Pour approfondir cette question, voir Guyon Anthony, Les Tirailleurs sénégalais. De l’indigène au soldat de 1857 à nos jours, Paris, Perrin, 2022, 384 p.
24Muracciole Jean-François, La libération de Paris 19-26 août 1944, Paris, Tallandier, 2013, p. 73.
25La question du « blanchiment » a aussi été analysée pour la Première Armée française par l’historienne Claire Miot. Voir Miot Claire, « Le retrait des tirailleurs sénégalais de la Première Armée française en 1944. Hérésie stratégique, bricolage politique ou conservatisme colonial ? », Vingtième Siècle. Revue d’histoire 2015/1 (no 125), p. 77-89.
26Levisse-Touzé Christine et Toureille Julien, Leclerc. Patriote et rebelle, Rennes, Éditions Ouest-France, 2017, p. 76.
27Gaulle Charles de, Mémoires de guerre. L’unité : 1942-1944, t. II, Paris, Plon, 2010, p. 465.
28SHAEF : Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force. État-major interallié chargé de la préparation puis de la conduite de l’opération Overlord.
29Wieviorka Olivier, Histoire du débarquement en Normandie. Des origines à la libération de Paris 1941-1944, Paris, Seuil, 2010, p. 364.
30COSSAC : Chief of Staff to the Supreme Allied Commander.
31Wieviorka Olivier, Histoire du débarquement en Normandie, op. cit., p. 365.
32Loc. cit.
33Effectifs théoriques de la 2e DB au 1er avril 1944. SHD, 11 P 219.
34Lévy-Haussmann Gilbert, La 2e DB vue par un 2e classe, autoédition, 2006, p. 74-75.
35Nous pouvons prendre l’exemple de Paul-Samuel Auszenkier et de Laurent Goldberg, nés tous les deux en Pologne en 1923. Réfugiés en France dans l’entre-deux-guerres, ils fuient la France via l’Espagne à partir de 1942 et rejoignent l’Afrique du Nord en 1943 pour s’engager dans l’armée française. Voir le témoignage de Auszenkier Paul Samuel, Faire mémoire, Paris, Éditions du Cerf, 2009, 144 p., et « Hommage à Laurent Goldberg », 27 mai 2019, [ressources.memorialdelashoah.org], consulté le 31 octobre 2019.
36Catalogue d’exposition « Avec Leclerc et De Lattre. Saint-Pierrais et Miquelonnais dans la Première Armée et la 2e DB », 1996. MLLM, boîte F2.
37Broche François, Caïtucoli Georges et Muracciole Jean-François (dir.), La France au combat…, op. cit., p. 587.
38Gaspar Celaya Diego, « Portrait d’oubliés. L’engagement des Espagnols dans les Forces françaises libres, 1940-1945 », Revue historique des armées, en ligne, no 265, 2011, [http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rha/7345], mis en ligne le 16 novembre 2011, consulté le 20 avril 2019.
39« Les Espagnols dans la 2e DB », Anciens de la Division Leclerc, Amicale du III/RMT. MLLM, boîte L2, dossier no 3, chemise no 1015.
40Mesquida Evelyn, La Nueve, 24 août 1944. Ces républicains espagnols qui ont libéré Paris, Paris, Cherche midi, 2011, p. 110.
41Hampton Ellen, Women of valor. The Rochambelles on the WWII Front, New York, Palgrave Macmillan, 2006, p. xi-xv. Jauneau Élodie, « Des femmes dans la 2e division blindée du général Leclerc. Le Groupe Rochambeau : un exemple de féminisation de l’Armée française », Travail, Genre et Sociétés, 1, 25 (2011), p. 99-123.
42Télégramme du général Kœnig, daté du 24 septembre 1943. SHD, 7 P 51, dossier no 1.
43Hampton Ellen, Women of valor., op. cit., p. xiv.
44Association du Souvenir des Cadets de la France Libre, « Les Cadets dans la bataille de Normandie », Lettre éditoriale, no 15, juillet 2019, [http://cadetfrancelibre.fr/wp-content/uploads/2019/07/ASCFL_190701_LT15b.pdf], consulté le 29 juillet 2020.
45Levisse-Touzé Christine et Toureille Julien, « Philippe Leclerc de Hauteclocque, patriote et rebelle », Fondation de la France Libre, no 69, septembre 2018, p. 5.
46Levisse-Touzé C. et Toureille J., Leclerc. Patriote et rebelle, op. cit., p. 79.
47Arielli Nir, « Une guerre non européenne : les troupes des colonies et des dominions », in Labanca Nicola, Reynolds David et Wieviorka Olivier (dir.), La Guerre du désert 1940-1943, Paris, Perrin, 2019, p. 174.
48Wieviorka Olivier, « Démobilisation, effondrement, renaissance. 1918-1945 », in Drévillon Hervé et Wieviorka Olivier (dir.), Histoire militaire de la France, t. II : De 1870 à nos jours, Paris, Perrin, 2018, p. 437.
49Minella Alain-Gilles, Entretiens avec le général Massu. Le soldat méconnu, Paris, Mame, 1993, p. 117-118.
50« Rapport Moral de décembre 1943 et janvier 1944 », daté du 3 février 1944. SHD, 11 P 231, dossier no 1.
51Lettre du général Leclerc au général de Gaulle, datée du 22 septembre 1943. MLLM, boîte no 2, dossier no 2, chemise no 4 GL 43019.
52Langlade Paul de, En Suivant Leclerc. D’Alger à Berchtesgaden, Paris, Robert Laffont, 1964, p. 104.
53Levisse-Touzé Christine, « Quilichini, Robert (1912-1979) », in Broche François, Caïtucoli Georges et Muracciole Jean-François (dir.), Dictionnaire de la France Libre, op. cit., p. 1212.
54Lormier Dominique, « Repiton-Préneuf, Paul (1904-1962) », Dictionnaire de la France Libre, op. cit., p. 1246.
55Girard Christian, Journal de Guerre 1939-1945, Paris, L’Harmattan, 2000, p. 93.
56Langlade Paul de, En Suivant Leclerc, op. cit., p. 118.
57Télégramme de M. Plantier au général Leclerc, daté du 11 novembre 1943. MLLM, boîte no 10, dossier no 1, chemise no 3.
58Rapport de censure, première quinzaine de novembre, 1er RMSM. SHD, 11 P 232.
59Depuis le mois de septembre 1943 et le retrait du 7e régiment de chasseurs d’Afrique pour le front italien, la 2e DB était dépourvue de régiment de chasseurs de chars.
60Martel André, Leclerc. Le soldat et le politique, Paris, Albin Michel, 1998, p. 248.
61Il faut attendre le 16 septembre 1944 pour que le général Leclerc autorise de nouveau les hommes du RBFM à porter la fourragère rouge.
62Journal de Robert Mady. MLLM, boîte N, dossier no 1, chemise no 6.
63Gaulle Philippe de, Mémoires accessoires 1921-1946, Paris, Plon, 1997, p. 301.
64Crémieux-Brilhac Jean-Louis, De Gaulle, la République et la France Libre 1940-1945, Paris, Perrin, Tempus, 2014, p. 223.
65Ibid., p. 224.
66Notes manuscrites du général Leclerc (juillet 1943 à juillet 1944). MLLM, boîte no 10, dossier no 1, chemise no 3008.
67Ordre général no 15, 4e Bureau, 2e DB, daté du 19 mars 1944. MLLM, boîte no 29, dossier no 3, chemise no 2 15.
68Note de service no 353/3, 3e Bureau, datée du 15 mars 1944. SHD, 11 P 221, Chrono mars 1944.
69Lettre du colonel de Langlade au général Leclerc, datée du 8 mars 1944. MLLM, boîte Z2, dossier no 12.
70Létang Géraud, Identité et mémoire de la Deuxième Division Blindée (1944-1964), mémoire de master, dir. Guillaume Piketty, Institut d’études politiques de Paris, 2009, p. 23.
71Girard Christian, Journal de Guerre 1939-1945, op. cit., p. 162.
72Miot Claire, Sortir l’armée des ombres. Soldats de l’Empire, combattants de la Libération, Armée de la Nation : la Première Armée française du débarquement en Provence à la capitulation allemande (1944-1945), thèse d’histoire, dir. Olivier Wieviorka, Paris Saclay, 2016, p. 319.
73Loc cit.
74Muracciole Jean-François, « Esprit de résistance et défense nationale », in Deleplace Marc (dir.), De la patrie en danger aux nouvelles menaces 1792-2003. La défense nationale en question(s), op. cit., p. 147.
75Broche François, Caïtucoli Georges et Muracciole Jean-François (dir.), La France au combat…, op. cit., p. 564.
76Ibid., p. 565.
77Miot Claire, « L’armée de l’Empire ou l’armée de la Nation ? Front et arrières pendant la seconde campagne de France (1944-1945) », Guerres mondiales et conflits contemporains, 2015/3, no 259, p. 50-51.
78Compagnon Jean, Leclerc. Maréchal de France, op. cit., p. 419.
79Piketty Guillaume, « Pierre de Chevigné », in Broche François, Caïtucoli Georges et Muracciole Jean-François (dir.), Dictionnaire de la France Libre, op. cit., p. 281.
80Notin Jean-Christophe, Ils étaient 1038, Paris, Tallandier, 2019, p. 295.
81Notin Jean-Christophe, Leclerc, op. cit., p. 362.
82Ibid., p. 318.
83Muracciole Jean-François, « Esprit de résistance et défense nationale », in Deleplace Marc (dir.), De la patrie en danger…, op. cit., p. 148.
84Levisse-Touzé Christine et Toureille Julien, Leclerc. Patriote et rebelle, op. cit., p. 103.
85Broche François, Caïtucoli Georges et Muracciole Jean-François (dir.), La France au combat…, op. cit., p. 567.
86Miot Claire, « Sortir l’armée des ombres… », op. cit., p. 278.
87Dossiers d’enquêtes (septembre 1944 – janvier 1946). SHD, 11 P 231.
88Feldmann Daniel, Ils ont conduit les Alliés à la victoire. Patton, de Lattre et leurs pairs, Paris, Perrin, 2019, p. 83.
89Balu Raphaële, « Militaires en résistance et maquisards de France : les identités combattantes à l’épreuve de la Seconde Guerre mondiale », in Miot Claire, Piketty Guillaume et Vaisset Thomas (dir.), Militaires en résistances en France et en Europe, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2020, p. 139.
90Ibid., p. 140.
91Notin Jean-Christophe, Ils étaient 1038, op. cit., p. 294.
92Gildea Robert, Comment sont-ils devenus résistants ? Une nouvelle histoire de la Résistance (1940-1945), Paris, Les Arènes, Tempus, 2017, p. 496.
93Miot Claire, « Sortir l’armée des ombres… », op. cit., p. 469.
94Sont pris en compte ici les tués, blessés, disparus et malades.
95Résultat émanant du dépouillement des différentes situations hebdomadaires des pertes et gains de la 2e DB. SHD 7 P 81.
96Loc. cit.
97Loc. cit.
98Muracciole Jean-François, Les Français libres. L’autre Résistance, op. cit., p. 283.
99Compagnon Jean, Leclerc. Maréchal de France, op. cit., p. 420.
100Martel André, Leclerc. Le soldat et le politique, op. cit., p. 336.
Auteur
Université Paul Valéry-Montpellier 3 (ED58 LLCC, laboratoire CRISES).
Jérôme Maubec est doctorant à l’université Paul Valéry-Montpellier 3 (ED58 LLCC, laboratoire CRISES). Sa thèse, intitulée La 2e division blindée française. Étude d’un outil militaire et politique fait suite à un mémoire de master 2 (La 2e DB au Maroc (août 1943-mai 1944). Créer, organiser et régler le devenir d’un outil militaire et politique) qui a reçu le Prix d’histoire militaire décerné par le ministère des Armées.Il est actuellement responsable des recherches historiques à la Fondation de la France Libre.
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