Jean-Louis Crémieux-Brilhac, acteur, témoin et historien de la France Libre
p. 97-110
Texte intégral
1L’engagement de Jean-Louis Crémieux-Brilhac dans les rangs de la France Libre a décidé du reste de son existence1. Celui qui s’est dépeint avec humilité dans ses mémoires comme un « petit soldat » de la France Libre n’a jamais cherché à mettre en avant des fonctions qui, à Londres, n’avaient pourtant rien de subalterne2. Par la suite, au sortir de la guerre, Crémieux-Brilhac a été un haut fonctionnaire atypique. Cofondateur puis directeur de la Documentation française, il a bâti et développé cette institution très originale dont l’enjeu était d’apporter aux dirigeants français, puis au grand public, les moyens de s’informer au mieux sur les grandes questions politiques, économiques et sociales, mais aussi de la réalité souvent mal connue des pays étrangers. Enfin, l’ancien membre de la France Libre est devenu à la fin de sa vie un historien reconnu comme l’un des siens par le monde universitaire. Son œuvre la plus connue, La France Libre. De l’appel du 18 juin à la Libération3, est à ce jour l’ouvrage de référence sur la grande œuvre gaullienne durant la Seconde Guerre mondiale.
2Le parcours de Jean-Louis Crémieux-Brilhac est, à bien des égards, tout à fait singulier. Avec Daniel Cordier, il peut se targuer en effet d’avoir été à la fois un témoin et un acteur de la France Libre tout en s’en faisant des années plus tard l’un des historiens. Son engagement, comme nous le verrons, doit être mis autant sur le compte d’une ferme résolution, dans la continuité d’un patriotisme ardent et d’un refus de la défaite de juin 1940. Mais il y entre aussi une part de hasard. C’est en effet à l’issue d’une étrange double captivité, d’abord dans les camps de prisonniers allemands puis dans les geôles soviétiques, que le jeune officier, au côté de 185 autres Français partageant sa condition, a décidé en septembre 1941 de rejoindre la France Libre. Nous verrons donc les raisons pour lesquelles ce ralliement prend sa source dans un engagement politique précoce mais également en quoi les circonstances exceptionnelles de cette double captivité l’ont conduit à abandonner ses premières illusions sur la nature du régime de Vichy et la capacité du maréchal Pétain à être ce « recours » dans lequel ont cru tant de Français à l’issue de la défaite de juin 1940.
3Cette singularité du profil de Jean-Louis Crémieux-Brilhac est emblématique de la diversité des profils des membres de la France Libre. Elle ne saurait effacer ce qu’avait en partage le jeune officier avec les hommes et les femmes ayant fait le choix de rallier le général de Gaulle à Londres. Chaque membre a beau avoir sa propre histoire et sa propre personnalité, il importe de comprendre de quelle façon l’engagement au sein de la France Libre a permis de transcender les particularismes des uns et des autres en réunissant autour d’un même combat des valeurs et des convictions qui en ont fait le moteur de son succès. Pour atypique qu’il fut, Jean-Louis Crémieux-Brilhac n’en a pas moins été, en effet, un acteur à part entière d’une aventure collective, celle initiée et animée le général de Gaulle durant plus de quatre années dans le seul but de relever la nation défaite et de la hisser au rang des pays vainqueurs4.
4Si l’on étudie la genèse de ce parcours, on ne peut qu’être frappé par la prégnance de l’éducation républicaine qu’il a reçue, une éducation tout autant baignée de culture que de politique. Jean-Louis Crémieux est né en janvier 1917 dans l’une des plus vieilles familles juives de France. Les registres attestent de leur présence dans le Comtat Venaissin dès le xve siècle. Le souvenir de la Grande Guerre a marqué son enfance ; son père, sans verser dans l’esprit cocardier, était un patriote sincère et ardent, profondément attaché à l’héritage de la Révolution française et donc à la République. Le jeune Jean-Louis, alors qu’il n’a que sept ans, est emmené en famille aux funérailles d’Anatole France et assiste « d’une fenêtre du boulevard Saint-Germain » au transfert des cendres de Jean Jaurès5. En dehors de son père et de sa mère, deux personnages ont joué un rôle important dans son éducation.
5D’une part, Louis Lagasse, son grand-oncle par alliance. Avocat, il a été le défenseur de l’anarchiste Ravachol et du fameux tueur en série Landru. Il était très souvent convié à la table familiale et les conversations entre Louis Lagasse et son père, Fernand Crémieux, ont contribué à forger sa conscience républicaine.
6D’autre part, Benjamin Crémieux, son oncle, un écrivain ami du Tout-Paris littéraire, en même temps qu’un formidable découvreur de talents. On lui doit d’avoir fait connaître et traduit le théâtre de Pirandello et les romans d’Alberto Moravia. Le jeune Jean-Louis a pu rencontrer grâce à lui des personnalités aussi illustres que Paul Éluard, André Malraux ou Stefan Zweig6.
7Les premiers engagements de Jean-Louis Crémieux sont précoces. L’élément déclencheur est la crise du 6 février 1934. Avec l’un de ses amis, il se rend en spectateur non loin de la Chambre des députés et assiste à l’émeute : « Malgré les supplications de ma mère, j’étais venu en curieux place de la Concorde et tenais – pour voir ! – au coin de la rue Royale7… » C’est un tournant : il devient à 17 ans le plus jeune des 3 500membres du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes créé le mois suivant8. Fervent soutien du Front populaire, il prend part à la liesse des rassemblements des 14 juillet 1935 et 1936. « Le 14 juillet 1936 est pour moi une journée inoubliable, digne de rester dans les annales de la République, journée d’exultation, moment d’un état de grâce », écrit-il ainsi9. Heureux des réformes sociales, le jeune homme déplore en revanche le manque de soutien du gouvernement Blum aux républicains espagnols : « Je me suis indigné de l’abandon du gouvernement de l’Espagne républicaine par les démocraties française et anglaise face à un soulèvement qui allait livrer pour trente ans l’Espagne à la dictature de Franco, indigné de voir en France la majorité de la presse et un si large secteur des bourgeoisies bien pensantes approuver les insurger par peur du communisme10. » Ses études d’histoire se poursuivent, il rate cependant son oral d’agrégation d’histoire. Il aurait pu la repasser, mais la guerre allait en décider autrement.
Une entrée en guerre sans une préparation à la hauteur
8Lorsque le conflit éclate le 3 septembre 1940, Jean-Louis Crémieux est appelé à suivre quatre mois de formation accélérée à Saint-Cyr en qualité d’élève officier de réserve, au lieu des six mois prévus en temps de paix. Durant les deux années précédentes, il avait suivi avec succès les cours de la préparation militaire spéciale. Son instruction ainsi parachevée devait lui permettre d’être promu au grade d’aspirant pour six mois avant de prendre le grade de sous-lieutenant. À Saint-Cyr, il reçoit une instruction qu’il juge tout à la fois excellente et totalement obsolète : « Nos instructeurs, jeunes lieutenants et capitaines d’active sortis de Saint-Cyr et soigneusement sélectionnés, étaient ouverts, entraînants, désireux d’en découdre et nous dispensèrent un enseignement qui nous parut excellent. Il fallut l’épreuve du feu pour que nous comprenions à quel point cet enseignement était périmé. On nous avait entraînés à être de bons officiers de 1918, formés à une guerre immobile11. » Envoyé à Rennes au sein du 47e régiment d’infanterie, Crémieux dirige une section de « ruraux d’Ille-et-Vilaine ». En mars 1940, il se marie avec Monique Schmoll, étudiante en droit rencontrée un an plus tôt, et, quand l’offensive allemande du 10 mai est lancée, son régiment est appelé en renfort sur le front Nord-Est. Sa compagnie reçoit l’ordre d’empêcher les Allemands de traverser la Marne, mais ses moyens sont dérisoires. Bientôt devant le déluge de feu, la section des mitrailleuses quitte le champ de bataille. En apprenant la nouvelle, le commandant du bataillon a lui-même pris la poudre d’escampette avec le médecin auxiliaire12. Encerclé, Crémieux ne peut tenir sa position et, le 11 juin, il est fait prisonnier.
Une double captivité : allemande puis soviétique
9Il est envoyé d’abord dans un Oflag, en Poméranie. Là, il découvre chez ses camarades ce qu’il considère comme le lâche soulagement de l’armistice : « J’entends les officiers autour de moi pousser un “Ah !” de soulagement. » L’annonce fait l’effet pour lui d’un coup de massue et la réaction de ses camarades le navre : « J’ai éprouvé, pour la première fois de ma vie d’homme, la honte des miens13. » À ce moment-là, Jean-Louis Crémieux veut croire que Pétain est encore en mesure de sauver la France : « L’avènement du maréchal Pétain rassurait, le vainqueur de Verdun serait à coup sûr le premier à résister aux exigences allemandes14. » Simple aspirant, il n’est pas considéré comme un véritable officier, on le transfère donc dans un simple Stalag où le traitement des prisonniers est bien plus dur. À l’automne 1940, il comprend qu’avec la bataille d’Angleterre, qui n’est pas gagnée par les Allemands, la guerre va durer : « Quand la deuxième quinzaine de septembre s’avança, je pensai qu’il n’y aurait plus de débarquement en Angleterre dans l’année : la guerre allait durer, la captivité aussi. Si Hitler finissait par l’emporter, je n’aurais de choix que l’exil, avec ma toute jeune femme15. » D’où son envie irrésistible de s’évader. Avec l’un de ses codétenus, Pierre Joriot, résolu comme lui à fuir cette captivité, il s’évade le 4 janvier 1941, après avoir minutieusement préparé son coup durant deux mois. Mais en optant par une cavale par l’est, jugée moins risquée, lui et son compagnon ne savent pas que la Lituanie a été annexée par l’URSS en juin 1940. Les deux fugitifs sont alors arrêtés le 6 janvier par les Soviétiques puis envoyés à Kaunas. Les deux hommes étant dénués de passeport, le fonctionnaire du NKVD qui les interroge les accuse de passage illégal de la frontière de l’Union soviétique et d’espionnage16.
10Les camps allemands sont presque une partie de plaisir comparés à leurs homologues soviétiques qui ressemblent à des antichambres du Goulag : « l’abomination des cachots collectifs engorgés, l’indignité des traitements, le mépris humain reviennent comme une litanie17 ». Heureusement, au bout de trois ou quatre transferts, il se retrouve dans un ermitage, à Kozielsk, avec d’autres prisonniers français évadés des camps allemands, comme lui. Progressivement, ils forment une petite communauté de plus de 200 Français qui bénéficient d’une certaine autonomie. Parmi eux se trouve Alain de Boissieu18, le futur gendre du général de Gaulle, et le capitaine Billotte19, qui prend le leadership. Début 1941, Pétain est encore perçu par le groupe comme le grand homme qui résiste devant l’occupant. On ne comprend pas cependant pourquoi cette captivité se prolonge indéfiniment. Pourquoi garder ces hommes prisonniers et donner ainsi des gages à l’Allemagne nazie ? Il s’avère qu’en vertu du pacte germano-soviétique, la libération de ces prisonniers qui ont fui les geôles allemandes aurait risqué de compromettre la position de neutralité de l’URSS.
11Tout change le 22 juin 1941 avec l’opération Barbarossa, c’est-à-dire le début des offensives de l’Allemagne contre l’URSS. Plus rien ne peut en théorie s’opposer à la délivrance des 218 prisonniers français. Et la rupture des relations diplomatiques entre la France et l’URSS à l’initiative de Vichy, le 30 juin, montre que le régime du maréchal Pétain est assujetti au régime hitlérien, ce qui achève de déciller les yeux de ceux qui ont cru dans l’esprit de résistance de Vichy. Cette rupture eut, selon Crémieux, « un effet radical : une cinquantaine de nos camarades avaient hésité jusque-là à rallier de Gaulle. Les uns s’étaient accrochés à l’espoir de retrouver la France et leur foyer, ou n’étaient “pas chauds” à l’idée de se battre ; d’autres étaient des “compagnons de route”. À la mi-juillet, sur les 175 évadés français de notre enclos, environ 125 avaient opté pour la France Libre. À la fin du mois, après le départ des quatorze communistes, la plupart des dix-huit derniers réticents s’étaient eux-mêmes ravisés et avaient fait connaître leur ralliement20 ». Le capitaine Billotte prend alors l’initiative d’écrire à Staline et Molotov une demande collective de ralliement à la France Libre21. Pour autant, les hommes ne sont pas libérés dans l’immédiat. Le camp est évacué : « Le 29 juin à l’aube nous est enfin communiqué l’ordre de Moscou d’évacuer le camp22. » Les hommes sont entassés dans des wagons à bestiaux pour rejoindre un autre camp, à Griazoviets, près de Vologda, situé à 450 km au nord de Moscou. La libération promise tarde pourtant à se concrétiser car, avec la progression fulgurante de la Wehrmacht, le sort de ces prisonniers passe au dernier plan : « Nous stagnerons trois semaines dans ce zoo, puis dans un autre moins exigu, désœuvrés, écrasés par l’été russe, assis ou accroupies, demi-nus sur la terre nue23. » Il faut attendre finalement le 30 août pour que, sur les 218 prisonniers français, 186 partent à Londres à bord d’un paquebot canadien, l’Empress of Canada, réquisitionné pour le transport de troupes. Les autres, trente-deux prisonniers du groupe, presque tous communistes, choisissent de rester en URSS pour combattre au sein de l’Armée rouge.
Le ralliement à la France Libre
12Comme les autres « Russes de la France Libre24 », Jean-Louis Crémieux signe à son arrivée à Londres, en septembre 1941, son acte d’engagement dans la France Libre. Il devient alors Jean Brilhac, prenant le nom de la rue où il a habité quelques mois avec sa femme, Monique, qui le rejoindra un an plus tard en octobre 1942.
13De nombreux Français de Londres sont curieux de rencontrer ces hommes auxquels il a été fait un accueil enthousiaste à leur arrivée à la gare londonienne d’Euston, au matin du 9 septembre 1941. Le premier soir, Crémieux fait la connaissance de Raymond Aron qui l’invite à le rejoindre dans un restaurant français au côté du chef de la section française de la BBC, Jacques Duchesne et du peintre Jean Oberlé. Aron lui donne un véritable cours sur la nature du régime de Vichy25. « C’est un grand déniaisement », comme il le dira. Car le jeune Crémieux était encore empreint à son arrivée à Londres d’un « pétaino-gaullisme26. » Sa longue captivité, en l’éloignant de toute forme d’information fiable, ne lui a pas permis de comprendre la véritable nature du gouvernement dirigé par le maréchal Pétain. Huit jours après son arrivée, « la condamnation à mort, à Paris, par un tribunal français, et l’exécution à la guillotine de trois patriotes, dont le député communiste Catelas, [l]’emplissent d’horreur, puis les fusillades d’otages qui se succèdent sans que le Maréchal élève la voix27 ». C’est à partir de là qu’il devient, selon ses mots, « un anti maréchaliste furieux28 ».
14Affecté au Commissariat à l’intérieur, que dirige alors André Philip29, Jean Brilhac va avoir plusieurs missions d’une importance décisive qui ne le cantonnent pas à un simple rôle de « petit soldat parmi les décideurs », comme il s’est lui-même dépeint dans ses mémoires30. En quelques mois, il occupe des fonctions importantes dans le renseignement, la propagande et la liaison entre la France Libre et les réseaux de la Résistance. Il s’agit d’abord pour lui de collecter des informations sur ce qui se passe en France, en particulier la zone occupée. À partir de juin 1942, le service de Brilhac reçoit de Rex, Jean Moulin, la demande de lui faire parvenir une documentation expliquant le rôle de la France Libre aux réseaux de la Résistance. Le jeune Crémieux, promu sous-lieutenant à son arrivée à Londres, dirige ainsi le service de la diffusion clandestine : chaque mois une synthèse est rédigée accompagnée de 100 à 150 pages de documents. Le but est d’informer Jean Moulin de la situation de la France Libre, mais aussi de celle des pays alliés. L’ensemble de cette documentation est destiné à être parachuté clandestinement les soirs de pleine lune à destination de la délégation clandestine et des journaux résistants.
15Brilhac est en même temps dans une situation d’observateur privilégié. Il assiste aux premiers ralliements des mouvements de Résistance à la France Libre par l’intermédiaire de voyages de délégués qui viennent à Londres par vols clandestins les nuits de pleine lune : Christian Pineau, le fondateur du mouvement Libération Nord, mais aussi Pierre Brossolette qui arrive à Londres fin avril 1942. Une autre mission lui est confiée, celle de mettre en place un service d’écoutes de Radio Vichy et Radio Paris. Dans la guerre des ondes, où Vichy cherche à maintenir l’opinion dans un esprit de soumission et de défiance à l’égard des Alliés, l’enjeu est de répliquer en ayant connaissance des messages et allocutions diffusés31. Les responsables de la France Libre ont besoin pour cela d’un service continu d’écoute en mesure de capter les émissions et de les retranscrire. Or, les écoutes effectuées par la BBC, traduites en anglais et auxquelles les Français libres ont accès, ne sont pas toujours satisfaisantes. Il y a des lacunes, des approximations, voire des contresens. De Gaulle demande alors, au printemps 1942, de créer un service d’écoute radiophonique français.
16L’opération est aux mains d’un personnage original et pittoresque, Angélina Hérincx, femme d’un officier-médecin, Charles Robet, alias Kerguelen. Cette Belge de 30 ans, trilingue, fort débrouillarde, à qui l’on doit notamment d’avoir organisé avec son mari le rapatriement des quelque 1 400 blessés de Dunkerque qui ont choisi de regagner la mère patrie après avoir gagné l’Angleterre, n’est pas jugée digne d’une confiance absolue depuis son arrestation au côté de l’amiral Muselier le 2 janvier 194132. Elle se retrouve donc chaperonnée par le jeune Brilhac qui, en trois mois, fait acheter, sur les conseils de la dame, tout le matériel nécessaire aux écoutes : récepteurs radio, enregistreurs sur rouleaux de cire, casques d’écoute, machine à écrire… Une petite équipe est recrutée en parallèle pour assurer le service, comprenant un rédacteur en chef chargé d’éditer les bulletins et plusieurs dactylos. Un dortoir est même aménagé pour organiser ces trois-huit de l’écoute radio. Dans les deux à trois bulletins quotidiens, figurent ainsi les textes des émissions venant de Paris, de Vichy, d’Alger, de Brazzaville et de Moscou pour Radio-France. Le service est opérationnel en juin 1942 et démontre son efficacité à l’occasion de la fameuse allocution radiodiffusée de Pierre Laval du 22 juin 1942, lors de laquelle il déclare souhaiter « la victoire de l’Allemagne parce que, sans elle, le bolchevisme, demain, s’installerait partout ». Le porte-parole du général de Gaulle, Maurice Schumann, ayant pris connaissance de cette allocution, est en mesure de répliquer dès 21 h 15 sur les ondes de la BBC que, pour avoir exprimé ce vœu d’une victoire de l’Allemagne, Laval s’était mis hors de la nation tout en se condamnant à mort33.
17Brilhac devient le secrétaire du Comité exécutif de propagande (CEP) de la France Libre, créé de manière expérimentale en janvier 1942 avant d’être officialisé en avril34. Cet organe est l’instance de pilotage de la propagande de la France Libre. Il faut en effet composer avec la BBC qui ne prête pas ses ondes à n’importe quelle condition. Elle ne souhaite en effet pas que les Français libres livrent des attaques trop frontales contre Pétain, de peur de se mettre à dos une bonne partie de l’opinion publique française qui reste attachée, pense-t-on, à la figure du Maréchal : « Les Anglais n’ont aucune complaisance pour le vichysme, mais estiment que la popularité du Maréchal impose de ne pas s’en prendre ouvertement à lui35. »
18Le rôle de la propagande est essentiel : de plus en plus de Français écoutent les programmes français de la BBC. La radio a un rôle stratégique. Lors des premières manifestations de résistance, c’est par son intermédiaire que Jacques Duchesne lance le 22 mars 1941 la campagne invitant les Français à dessiner à la craie, au fusain ou à la peinture le V de la victoire sur les murs, les trottoirs ou encore les automobiles allemandes36. Plus tard, les ondes ont également une influence pour inciter les jeunes Français à refuser de partir au STO. Et dans l’ensemble de la population française, le temps d’antenne accordé à la France Libre permet de faire connaître les faits de résistance et de dénoncer les consignes données aux Français au moment du débarquement et pendant la Libération. Le rôle des antennes de la BBC fut enfin déterminant pour lancer les directives appelant les Français à la mobilisation, avant de prendre part à l’insurrection nationale qui suivit le débarquement des Alliés en Normandie37.
Le profil de Jean-Louis Crémieux-Brilhac est-il singulier ?
19Jean-Louis Crémieux-Brilhac est-il représentatif des profils les plus couramment engagés dans la France Libre ? En posant cette question, nous sommes amenés bien entendu à interroger le parcours de Jean-Louis Crémieux-Brilhac dans le cadre d’une analyse sociale de l’ensemble des Français libres. Cependant, la position dans la société de l’avant-guerre ne saurait à elle seule expliquer ce qui peut déterminer le choix d’un engagement aussi important et lourd de conséquence comme a pu l’être celui du choix de rallier Londres. Comme l’a bien montré Jean-François Muracciole dans l’étude qui fait aujourd’hui autorité sur les Français libres, « la prédisposition à l’engagement n’est pas uniquement déterminée par le positionnement social ou par les convictions personnelles, mais aussi par l’appartenance à des réseaux politiques, syndicaux, associatifs avant la guerre38 ». Cela étant, ces mêmes travaux de Jean-François Muracciole montrent que la France Libre comptait une surreprésentation de personnes issues des élites, de la bourgeoisie : 29,4 % étaient en effet fils de hauts fonctionnaires, d’industriels, de cadres supérieurs, de professions libérales, de propriétaires fonciers ou de rentiers. La proportion monte à 41,1 % si l’on y ajoute les fils d’officier. Or ces milieux représentaient moins de 4 % des Français à la veille de la guerre39. Le jeune Jean-Louis Crémieux ne dépareille pas sur ce plan, même si son père, fonctionnaire au ministère des Travaux publics occupait une place qui le mettait à mi-chemin entre les classes moyennes et les classes dites supérieures.
20Âgé de 24 ans lorsqu’il s’engage, Jean-Louis Crémieux est également tout à fait représentatif de l’écrasante domination des classes d’âge les plus jeunes parmi les adultes. Selon les périodes, l’âge moyen des Français libres varie entre 22 et 27 ans et que 77,6 % d’entre eux avaient moins de 30 ans au moment de leur engagement. D’ascendance juive, Crémieux-Brilhac faisait partie des 4,4 % de Français d’origine juive engagés dans la France Libre, soit un pourcentage nettement plus élevé que la part des Français juifs dans la communauté nationale de l’époque : 1 % environ en totalisant les juifs de la métropole (quelque 300 000, dont la moitié d’étrangers).
21Jean-Louis Crémieux-Brilhac se distingue, en revanche, de la grande masse des étudiants ou diplômés de l’enseignement, dans la mesure où il était un littéraire. Étudiant en histoire, il venait d’échouer à l’oral de l’agrégation de 1938. Or, les littéraires étaient plutôt rares dans les rangs de la France Libre, ne représentant que 8,5 % de l’ensemble des Français libres bacheliers, et 9,9 % des étudiants au moment de l’engagement au côté du général de Gaulle. Les militaires, les scientifiques et les juristes représentaient en effet un total de 82,6 % des Français libres bacheliers.
22Par certains aspects de son profil, Jean-Louis Crémieux avait donc des caractéristiques assez similaires avec celles de la partie dominante des effectifs des ralliés de la France Libre, si l’on prend en compte son âge, son niveau de diplôme et son origine sociale. Il n’en reste pas moins un Français libre atypique par bon nombre d’aspects, à commencer par les circonstances de son ralliement. Contrairement à ses camarades déjà présents dans les FFL lorsqu’il arrive à Londres, le jeune homme a bénéficié d’une circonstance tout à fait exceptionnelle, celle de sa captivité au côté d’un groupe de près de 200 hommes ayant comme lui échappé aux prisons allemandes avant de vivre une captivité soviétique. L’occasion s’est offerte à lui comme aux autres de rejoindre Londres ; ce n’est donc pas le fruit d’une décision strictement individuelle, sans être pour autant une décision forcée. Le ralliement à la France Libre s’est imposé à ses yeux, et à ceux de la très grande majorité de ses camarades, comme étant la seule option envisageable à l’issue de leur captivité pour reprendre le combat au service de la France et la lutte contre l’ennemi. Son engagement, plus tardif que celles des premiers ralliés de l’été et de l’automne 1940, s’explique, comme nous l’avons vu, par l’état de cécité prolongé dans lequel il a été tenu en tant que prisonnier, n’ayant comme seule source d’information que la propagande officielle allemande puis la Pravda, imparfaitement traduite lorsqu’il était dans les geôles soviétiques. Sa ferveur gaulliste n’en est pas moins ardente, particulièrement après que la véritable nature du régime de Vichy lui est révélée, d’abord lorsque la France rompt ses relations diplomatiques avec l’URSS au lendemain de l’opération Barbarossa, ensuite à son arrivée à Londres, une fois les enseignements reçus de Raymond Aron à ce sujet. Invité à dîner en tête à tête par le général de Gaulle en juin 1942 pour lui rendre compte de ses observations sur les tensions présentes à cette époque entre le commissariat à l’Intérieur et le BCRA, le jeune responsable de la diffusion clandestine a par ailleurs été impressionné par l’exposé que lui a fait ce soir-là le général sur la raison d’être et les ambitions de la France Libre. Il découvre en effet que dès l’origine de Gaulle avait un plan politique, celui de reconstruire une France de l’extérieur, capable d’affirmer sa souveraineté et de traiter un jour d’égal à égal avec les Alliés40.
23Il faut également signaler une autre singularité dans le profil de Jean-Louis Crémieux, celui de son engagement politique qui a précédé la guerre. Crémieux a milité activement à gauche, en soutenant avec enthousiasme l’expérience du Front populaire. Il s’agit là d’une rareté pour une double raison. D’une part, parce que l’orientation droitière était prédominante chez les pères des Français libres : Jean-François Muracciole estime en effet que « l’addition des sympathisants socialistes et communistes n’atteint même pas la barre des 14 % quand près de 43 % des Français votèrent pour les candidats de ces deux partis en avril 193641 ». L’autre raison de cette singularité de Crémieux, quant à son engagement politique précoce et motivé avant la guerre, tient tout simplement au fait que les Français libres étaient, à l’inverse, pour la plupart très faiblement politisés avant la guerre : « plus de 60 % des volontaires déclarent n’avoir eu aucune inclination politique marquée avant leur engagement. Et le niveau d’étude ne change rien à l’affaire : plus de la moitié des Français libres étudiants déclarent une indifférence politique avant leur engagement42 ».
24S’il y a bien des traits dominants dans la composition des effectifs des Français libre, le cas de Jean-Louis Crémieux vient donc rappeler qu’il ne saurait y avoir de profil type. L’appartenance politique, religieuse ou sociale ne saurait expliquer à elles seules ce qui a pu déclencher la décision d’un engagement dans les rangs de la France Libre. Le refus de la défaite, la force du sentiment patriotique ont bien sûr été au cœur de la motivation de Crémieux comme de ses camarades des FFL mais, comme le montre Jean-François Muracciole, il semble cependant hasardeux d’expliquer de façon pleinement rationnelle une telle décision :
« On ne s’engage pas à 20 ans dans la France Libre, dans le contexte apocalyptique de juin 1940, comme on choisit un placement financier. La spontanéité, le hasard, le poids des émotions, l’influence d’une éducation, autant de données pratiquement insaisissables pour l’historien, comptent sûrement plus que la froide pesée de la situation. Ces constatations n’enlèvent rien à la flamme patriotique du plus grand nombre des Français libres. Elles montrent simplement que l’engagement dans une cause militaire au péril de sa vie au sortir de l’adolescence relève d’une alchimie complexe, faite de convictions, d’émotions et d’aléas autant que de raison43. »
25Dans le cas de Crémieux, la conviction a sans nul doute autant de place que l’aléa (celui de cette double captivité). Rien ne nous permet de dire ce que Crémieux aurait décidé de faire sans cette issue insolite qu’il a vécu au côté des autres « prisonniers de la liberté ».
Les 186 « Russes de la France Libre », un groupe atypique dans les ralliés à la France Libre
26Cette part d’aléa explique également le fait que le groupe d’hommes dont faisait partie Jean-Louis Crémieux-Brilhac se distingue très nettement des profils types des Français qui ont choisi de rejoindre le général de Gaulle à Londres. Rappelons qu’ils ont vécu une double captivité, allemande puis soviétique, et qu’ils ont formé ensemble une petite communauté de Français ayant bénéficié d’une certaine autonomie parmi l’ensemble des prisonniers des geôles soviétiques. Sur les 218, 186 ont choisi de se rallier à la France Libre au terme de leur captivité. Les 32 autres, dont les convictions communistes n’ont pas été ébranlées par la rudesse de leur captivité soviétique, ont choisi de rester en URSS. Le capitaine Billotte fut chargé de faire le recensement de ces volontaires après avoir été autorisé à contacter de Gaulle pour faire une demande collective de ralliement. Contrairement à la très nette domination des hommes et femmes issus de la bourgeoisie et diplômés, les « Russes de la France Libre » étaient très majoritairement issus de milieux populaires, comme en atteste le relevé précieux que nous a fourni Jean-Louis Crémieux-Brilhac dans son ouvrage Prisonniers de la liberté qui retrace l’étonnante épopée de ces prisonniers allemands puis soviétiques44. Sur les 186 hommes qui ont gagné Londres, on ne compte en effet que dix militaires de carrière (non des moindres, il est vrai, puisque parmi eux figurent le capitaine Billotte et le lieutenant de Boissieu) ; 11 entrepreneurs, cadres supérieurs ou ingénieurs, 11 étudiants, 20 commerçants, 21 employés, 40 paysans ou ouvriers agricoles et 49 ouvriers. S’ajoutent quelques artistes et autres profils atypiques pour l’époque, comme Marius Gaud, né en 1911 et ayant comme particularité d’être professeur de golf. Mais tous ces hommes, quel que soit leur profil, ont vécu cette maturation d’une conviction favorable au ralliement de la France Libre dans le contexte bien particulier de leur double captivité. Pour Crémieux comme pour les autres ralliés à la France Libre, l’homme du 18 juin a fait figure de « boussole » en leur permettant de sortir de la confusion des esprits dans laquelle ils ont baigné durant dix-huit mois. Cette « conversion » n’a pas été immédiate, tant le désir de rentrer en France était grand dans un premier temps. Mais l’entrée en guerre de l’Allemagne contre l’URSS en juin 1941 a galvanisé cette petite troupe ; le conflit devenant mondial, le sens du combat de la France Libre n’en devenait que plus évident. L’impression de cohérence et de vérité dans les motivations du combat gaullien a ainsi fini par s’imposer, y compris pour certains fervents pétainistes, comme l’était au départ le capitaine Billotte. De surcroît, le maintien en captivité de ces Français dans le camp éprouvant de Griazoviets, alors que l’Allemagne venait d’entrer en guerre contre l’URSS, n’a fait que renforcer leur exaspération et nourrir une ferveur patriotique qui allait se cristalliser autour de de Gaulle et de la France Libre.
Conclusion
27Acteur et témoin de la France Libre, Jean Louis Crémieux-Brilhac choisit de devenir, 50 ans après la Libération, l’historien de cette aventure collective hors norme. Nous lui devons cette somme qu’est La France Libre dans laquelle il a méthodiquement étudié un certain nombre des aspects de la grande aventure gaullienne45. En « fouineur invétéré d’archives » comme il aimait à se décrire46, il s’est appuyé sur de nombreux fonds français, mais aussi étrangers, ce qui était une première, sans oublier les innombrables thèses universitaires et mémoires d’anciens des FFL. Crémieux-Brilhac a livré une étude des plus fouillées sur la grande œuvre gaullienne, mettant en lumière bien des aspects peu ou mal connus : son fonctionnement interne, les microsociétés qui cohabitaient les unes avec les autres, l’action coloniale et diplomatique, le rôle de la propagande, les relations avec la Résistance intérieure, sans oublier tout le travail de réflexion et de construction de la nouvelle organisation des pouvoirs qui allait prendre place à la Libération. Ce travail en profondeur dépasse le niveau de la synthèse à laquelle s’est consacré en son temps Henri Michel47. L’ouvrage, en outre, ne se contente pas des simples témoignages sur lesquels se sont appuyés pour l’essentiel Michèle et Jean-Paul Cointet dans leurs travaux sur la France Libre48. L’historien n’a pas cherché ici à prendre le contrepied de la légende gaullienne, mais à exposer de la façon la plus honnête possible la réalité de la France Libre sous toutes ses coutures. Ajoutons pour terminer qu’à titre personnel ce grand témoin et historien de la France Libre a toujours gardé au fond de lui le regret de ne pas avoir été fait Compagnon de la Libération49, quand bien même il fut fait, à la Libération, chevalier de la Légion d’honneur et reçut la croix de guerre 1939-1945 ainsi que la médaille de la Résistance française. La raison en est simple. Désireux de prendre part au combat au moment du Débarquement, il avait émis le vœu d’être parachuté sur le maquis de l’Ain dirigé par Henri Romans-Petit. Son souhait fut satisfait, mais lorsque le soir est venu de monter dans l’avion, l’un de ses deux compagnons ne s’est pas présenté et la mission fut annulée. Faute d’avoir pu vivre entièrement, comme il l’aurait souhaité, son engagement dans la guerre, l’ancien lieutenant Brilhac ne s’est-il pas donné l’ambition d’en être l’un des grands historiens de l’aventure qui a marqué sa vie pour toujours ? Peut-être fut-ce cela aussi son « étrange victoire », pour reprendre le titre qu’a donné Pierre Nora à ses mémoires inachevées, publiées à titre posthume en 201650.
Notes de bas de page
1Winock Julien, Jean-Louis Crémieux-Brilhac. Servir la France, servir l’État, Paris, La Documentation française, 2019.
2Voir chapitre ix : « Petit soldat parmi les décideurs », in Crémieux-Brilhac Jean-Louis, L’étrange victoire. De la défense de la République à la libération de la France, Gallimard, 2016.
3Crémieux-Brilhac Jean-Louis, La France Libre. De l’appel du 18 juin à la Libération, Paris, Gallimard, 1996 : édition revue et augmentée, Gallimard, coll. « Folio histoire », 2014.
4Sur les enjeux de la biographie dans le contexte de la Résistance, voir Piketty Guillaume, « La biographie comme genre historique ? Étude de cas », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 1999, no 63, p. 119-126, [https://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_1999_num_63_1_3859], consulté le 5 mai 2021. Parmi les biographies de Français libres et de résistants, citons notamment Piketty Guillaume, Pierre Brossolette : un héros de la Résistance, Paris, Odile Jacob, 1998 ; Turpin Frédéric, André Diethelm (1896-1954) : de Georges Mandel à Charles de Gaulle, Paris, Les Indes savantes, 2004 ; Douzou Laurent, Lucie Aubrac, Paris, Perrin, 2009 ; Crémieux-Brilhac Jean-Louis, Georges Boris : Trente ans d’influence : Blum, de Gaulle, Mendès France, Paris, Gallimard, 2010 ; Prost Antoine et Winter Jay, René Cassin, Paris, Fayard, 2011 ; Oulmont Philippe, Pierre Denis : Français libre et citoyen du monde, Paris, Nouveau Monde Éditions, 2012 ; Capdepuy Arlette, Félix Éboué : de Cayenne au Panthéon, 1884-1944, Paris, Karthala, 2015 ; Vaisset Thomas, L’Amiral d’Argenlieu : le moine-soldat du gaullisme, Paris, Belin, 2017 ; Turpin Frédéric, Pierre Messmer : Le dernier gaulliste, Paris, Perrin, 2020.
5Crémieux-Brilhac Jean-Louis, L’étrange victoire, op. cit., p. 24.
6Ibid., p. 27.
7Ibid., p. 36.
8« Sans jamais militer dans un parti politique, je fus le plus jeune adhérent au Comité de vigilance des intellectuels antifascistes créé dès mars 1934 sous la présidence du philosophe Alain, de l’ethnographe Paul Rivet et de l’illustre physicien Paul Langevin » (ibid., p. 36-37).
9Ibid., p. 37.
10Ibid., p. 38.
11Ibid., p. 44.
12Ibid., p. 52.
13Ibid., p. 56.
14Ibid., p. 57.
15Crémieux-Brilhac Jean-Louis, Prisonniers de la liberté. L’odyssée des 218 évadés par l’URSS. 1940-1941, Paris, Gallimard, 2004, p. 65.
16Ibid., p. 80.
17Ibid., p. 92.
18Martel André, « Boissieu Déan de Luigné, Alain de (1914-2006) », in Broche François, Caïtucoli Georges et Muracciole Jean-François (dir.), Dictionnaire de la France Libre, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins, 2010, p. 171-172.
19Trouplin Vladimir, « Billotte Pierre (1907-1978) », in Broche François, Caïtucoli Georges et Muracciole Jean-François (dir.), Dictionnaire de la France Libre, op. cit., p. 154-155.
20Crémieux-Brilhac Jean-Louis, Prisonniers de la liberté, op. cit., p. 202-203.
21Ibid., p. 182.
22Crémieux-Brilhac Jean-Louis, L’étrange victoire, op. cit., p. 93.
23Crémieux-Brilhac Jean-Louis, Prisonniers de la liberté, op. cit., p. 199.
24L’expression désigne, dans les journaux, conférences de presse ou émissions de radio, ces 186 hommes ayant rallié Londres et le général de Gaulle au terme d’une double captivité en Allemagne puis en URSS.
25Sur les réseaux de sociabilité à Londres, Davieau-Pousset Sophie, « Français libres à Londres », et Piketty Guillaume, « Londres », in Broche François, Caïtucoli Georges et Muracciole Jean-François (dir.), Dictionnaire de la France Libre, op. cit., p. 622-624 et 896-899.
26Crémieux-Brilhac Jean-Louis, L’étrange victoire, op. cit., p. 102.
27Ibid., p. 103.
28Ibid.
29Poujol Jacques, « André Philip. Les années de guerre 1939-1945 », Bulletin de la Société de l’histoire du protestantisme français (1903-2015), vol. 138, avril-mai-juin 1992, p. 181-241.
30Titre du chapitre ix de L’étrange victoire, op. cit., p. 121-135.
31Voir en particulier l’ouvrage de Luneau Aurélie, Radio Londres. Les voix de la liberté, 1940-1944, Perrin, 2005 (réédition 2010 dans la collection Tempus), ainsi que Beck Hélène (dir.), La guerre des ondes. Histoire des radios de langue française pendant la Deuxième guerre mondiale, Paris, Communauté des radios publiques de langue française, Armand Colin, 1985. On se reportera également à la somme rassemblée et éditée par Crémieux-Brilhac Jean-Louis : Ici Londres. Les voix de la liberté, cinq tomes, Paris, La Documentation française, 1975-1977.
32Dénoncé par lettre auprès du MI 5 comme voulant livrer à l’amiral Darlan le sous-marin Surcouf et des plans d’opérations militaires (il est accusé d’avoir livré ceux de l’opération de Dakar), l’amiral Muselier fut arrêté par les Britanniques en janvier 1941. On sait aujourd’hui qu’il s’agit d’une calomnie due à des luttes d’influences et des jalousies au sein des FFL. Sa détention durera jusqu’au 10 janvier 1941. Mais Angélina Hérincx, nommée par Muselier enseigne de vaisseau de 2e classe et attachée à son cabinet, se retrouvera mise en cause avec lui.
33Allocution radiodiffusée de Pierre Laval du 22 juin 1942 à 20 h 00 sur les radios françaises au cours de laquelle il déclara : « Je souhaite la victoire de l’Allemagne, parce que, sans elle, le bolchévisme, demain, s’installerait partout. »
34Luneau Aurélie, Radio Londres…, op. cit., p. 188.
35Voir Crémieux-Brilhac Jean-Louis, La France Libre, rééd. Folio, 2012, t. I, p. 289-290.
36Crémieux-Brilhac Jean-Louis (dir.), Les voix de la liberté. Ici Londres. 1940-1944, t. I : Dans la nuit, La Documentation française, 1975, p. 205.
37Voir l’analyse détaillée de l’utilisation des antennes de la BBC dans la diffusion des consignes aux réseaux résistants (avec les fameux messages codés de « les sanglots longs des violons de l’automne ») et les consignes destinées à l’ensemble de la population dans Radio Londres…, op. cit., p. 325-356.
38Muracciole Jean-François, Les Français libres. L’autre résistance, Paris, Tallandier, 2009, p. 98.
39Ibid., p. 108-109.
40Crémieux-Brilhac Jean-Louis, L’étrange victoire, op. cit., p. 117-118.
41Ibid., p. 174.
42Ibid., p. 175.
43Ibid., p. 208.
44Crémieux-Brilhac Jean-Louis, Prisonniers de la liberté : l’odyssée des 218 évadés par l’URSS, op. cit.
45Crémieux-Brilhac Jean-Louis, La France Libre. De l’appel du 18 juin à la Libération, Paris, Gallimard, 1996, rééd. Folio Histoire, 2014.
46À Voix nue, entretien d’Aurélie Luneau avec Jean-Louis Crémieux-Brilhac, 5 volets, 5 : « Du devoir d’histoire au travail de mémoire », France Culture, octobre 2010.
47Michel Henri, Histoire de la France Libre, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1963.
48Voir notamment Cointet Jean-Paul, La France Libre, Paris, PUF, 1975 et Cointet Michèle et Jean-Paul, La France à Londres. Renaissance d’un État (1940-1943), Bruxelles, Éditions Complexe, 1990.
49Témoignage de ses enfants, Michel et Claude Crémieux, à l’auteur.
50Crémieux-Brilhac Jean-Louis, L’étrange victoire, op. cit.
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Françaises et Français libres
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