Introduction
p. 7-22
Texte intégral
1La France Libre, créée de presque rien en Grande-Bretagne par le général de Gaulle, fut une véritable « tour de Babel », où se sont côtoyés citoyennes et citoyens français, soldats coloniaux, ainsi que volontaires étrangères et étrangers, aux origines sociales, adhésions spirituelles, politiques et idéologiques les plus diverses, voire les plus antagonistes1. Cette diversité au sein du mouvement coexista toutefois avec un singulier sentiment d’identité modelé par l’expérience de la lutte contre les forces de l’Axe et contre Vichy. Le but de cet ouvrage est d’interroger la singularité de ce sentiment d’appartenance fort à la France Libre et d’inviter à repenser l’unité du mouvement derrière cette multiplicité d’origines et d’engagements2.
2Pour ce faire, ce livre s’inscrit au croisement de deux historiographies en plein renouvellement, celle de l’étude du fait guerrier et celle de l’histoire transnationale des résistances pendant la Seconde Guerre mondiale3. Depuis les années 1990, l’histoire militaire et politique des Français libres s’est progressivement enrichie d’une histoire sociale et culturelle qui s’est portée sur les soutiens à la base de la France Libre, y compris les femmes, les troupes coloniales et les volontaires étrangers4. En 2009, Jean-François Muracciole publie une sociologie de la France Libre, d’où ressort la diversité des parcours et motivations des Françaises et Français libres (patriotisme, antinazisme, logique de carrière, dimension familiale, goût de l’aventure, etc.). Il souligne que de grandes disparités de motivations et d’objectifs existent parmi des individus5. À côté de l’exploration de la diversité socio-économique et culturelle des Françaises et Français libres de la métropole, des travaux de plus en plus nombreux mettent l’accent sur la dimension coloniale du mouvement, la France Libre trouvant dans l’Empire une légitimité, des hommes et des femmes, mais aussi des territoires6. Ce décentrement et cet élargissement du regard dans l’étude de la France Libre mettent en évidence le caractère très composite du mouvement et permettent de mieux comprendre la manière dont le « gaullisme de guerre », aux contours idéologiques assez flous, permit de transcender les clivages politiques, religieux et de classes. Ces travaux insistent également sur la nécessité de décloisonner les études de la résistance intérieure et de la France Libre et posent de plus en plus fréquemment la question du rôle déterminant des civils (acteurs et actrices évoluant dans les domaines administratif, technique, culturel, humanitaire, etc.) pour la construction d’un projet commun aux quatre coins du monde7.
3Cette historiographie est marquée d’un point de vue méthodologique par l’usage de sources du for privé, notamment correspondances, journaux intimes et mémoires, et par l’utilisation de méthodes issues de l’histoire culturelle et des émotions pour traiter ces archives8. L’intérêt d’une telle démarche est d’étendre le propos aux perceptions et aux imaginaires et d’appréhender les silences et tabous de la France Libre. Cette approche a permis de lever un coin du voile sur l’intimité des membres de la France Libre, révélant des fragments de vies assombries par la séparation, le deuil et la découverte de la vie adulte9. Cet intérêt correspond à un tournant dans les études de la Seconde Guerre mondiale qui accordent une place croissante aux « mots » de la Résistance10, à l’intime11 et aux émotions associées à la guerre12, par exemple à l’isolement et à l’ennui, et étudient le mouvement avec le regard nouveau de l’anthropologie historique13. S’inspirant des travaux de l’historienne américaine Barbara Rosenwein14, Guillaume Piketty démontre notamment que la France Libre fut à bien des égards une « communauté émotionnelle », faite d’émotions partagées comme la honte, la solidarité, la fraternité, l’humiliation, la douleur et les souffrances liées à l’exil15.
4Ce renouvellement de l’historiographie nous amène donc à nous interroger sur les imaginaires des Françaises et Français libres et la fabrication collective d’un sentiment d’identité commun. La décision de proposer une réflexion sur l’identité et la pluralité de la France Libre mérite toutefois d’être brièvement examinée16. Le concept d’identité est une catégorie analytique extrêmement difficile à définir, vivement critiquée dans les années 2000 en partie à cause des risques d’essentialisme et de réification17. On craint notamment que la notion réduise à une vision déterministe et naturaliste d’un phénomène et amène à projeter un motif d’unité sur un groupe très divers. Toute la complexité est de saisir l’extraordinaire diversité des expériences et de comprendre comment les Français et Françaises libres ont créé du « sens » dans des temporalités différentes, en s’intéressant à la fois à l’influence du passé sur le présent et au poids des représentations de l’avenir18. Cette tâche est d’autant plus délicate que les reconstructions mémorielles après la guerre ont brouillé la signification que les Français et Françaises libres donnent ou associent à leur engagement sur le moment. S’ajoutent à cela des difficultés propres à l’écriture de l’histoire de la Résistance, notamment de la complexité pour l’historien de saisir la dimension intime de l’expérience de la clandestinité19.
5En tenant compte de ces difficultés, le premier axe de cet ouvrage propose de repenser l’articulation entre espaces et identité, en réfléchissant à la manière dont le projet commun des Françaises et Français libres s’est élaboré dans des univers géographiques variés où perdurent des cultures et dynamiques politiques spécifiques. Depuis une vingtaine d’années, on assiste à un engouement croissant de la communauté universitaire pour l’histoire de l’implantation de la France Libre au Royaume-Uni et, dans une moindre mesure, dans l’Empire colonial20. Capitale des gouvernements européens en exil et haut lieu de sociabilité transnationale, Londres héberge le cœur politique de la France Libre, puis de la France combattante, jusqu’au printemps 194321. Si la capitale britannique rappelle, dans la mémoire nationale, l’émigration huguenote, contre-révolutionnaire, puis communarde et anarchiste22, elle devient le lieu où se construit la dimension légendaire du mouvement, notamment autour de l’élégant immeuble de Carlton Gardens et des studios de la BBC. Mais d’autres espaces en Angleterre sont importants dans la construction d’un idéal commun. Comme le montre le chapitre de Morgane Barey dans cet ouvrage, l’école militaire des Cadets de la France Libre, d’abord située à Malvern puis à Ribbesford, révèle la volonté des élites de la France Libre de forger une identité particulière et de galvaniser des troupes aux parcours très différents. Si l’école et la caserne sont censées transmettre les valeurs de la France Libre et construire une identité collective (militaire, nationale et masculine), la vie de caserne en Angleterre ne contribue pas toujours à l’intériorisation d’idéaux communs. Elle peut, au contraire, favoriser les tensions entre volontaires aux origines sociales et culturelles très différentes. Cela est particulièrement le cas au 42 Hill Street, « maison du Corps féminin » à l’est d’Hyde Park, où à l’inverse des membres des unités masculines, les volontaires féminines françaises ne font pas un travail commun pendant la journée23. Le Corps des volontaires françaises ne fut pas marqué par un puissant esprit de corps : comme l’a écrit Sébastien Albertelli, la grande diversité des volontaires et leur dispersion géographique ont amoindri leur sentiment d’appartenance à cette unité féminine24.
6Sortir du « tropisme londonien » permet également de mettre en lumière la fragilité du gaullisme dans sa dimension coloniale et la proximité de ses pratiques tant avec celles de Vichy qu’avec celles prévalant avant la Seconde Guerre mondiale25. Si Londres abrite le QG de la France Libre, c’est Brazzaville, chef-lieu historique de l’Afrique équatoriale française (AEF), qui devient sa capitale. Dans ce volume, Géraud Létang s’intéresse aux pratiques élitistes et à la vie quotidienne des Français libres dans un autre territoire de l’AEF, le Tchad. Il montre que les Français libres du Tchad se sont souvent sentis en porte-à-faux avec l’idée de désobéissance : l’environnement colonial, la pauvreté, l’ennui et la précarité ont profondément marqué leur recherche d’une identité collective. Pour conjurer le sentiment de déclassement qu’ils ressentaient, ces individus mirent en scène leur supériorité à travers leurs codes vestimentaires, les réceptions mondaines et les pratiques cynégétiques, autant de marqueurs traditionnellement associés à la domination coloniale. Les travaux de Géraud Létang offrent un miroir révélateur sur les hiérarchies coloniales et les formes de masculinités dans la France Libre. Dans l’univers colonial du Tchad, les idéaux masculins qui dominaient l’imaginaire de l’avant-guerre ont été fragilisés par l’expérience de l’ennui et de la précarité.
7Le genre est une catégorie d’analyse indispensable pour qui veut comprendre la fabrication d’une identité commune. Au sein du mouvement, la différenciation des tâches conforte souvent la différence sexuée. La fierté d’être Française ou Français libre et d’appartenir à une élite repose en partie sur l’acceptation du risque, l’expérience du combat et la proximité avec la mort. S’il y a exaltation de la virilité des combattants, les hommes qui ne portent pas les armes (médecins, civils, etc.) peuvent se sentir en porte-à-faux vis-à-vis de leurs camarades26. Étudiant en médecine, le Français libre François Jacob rapporte dans ses mémoires que son affectation au service de santé ne s’accordait pas à sa « résolution de faire la guerre avec autant de violence et de risque que possible27 ». De même, dans son chapitre sur Jean-Louis Crémieux Brilhac, Julien Winock souligne que cet acteur, témoin et historien de la France Libre a regretté de n’avoir pas combattu sous la bannière française libre alors qu’il l’avait fait sur le sol de France au printemps 1940. En 1942, les combattants du désert incarnent un idéal masculin que le Français libre doit sublimer. Si les « héros du désert » sont célébrés par la propagande alliée, l’âpreté des combats et la rigueur de l’environnement imposent d’énormes contraintes sur le psychisme des combattants28. Dans les sources du for privé, les blessures physiques sont plus facilement évoquées que les traumatismes psychologiques. Dans ses travaux sur les liens entre Alliés, France Libre et maquis, Raphaële Balu souligne, à ce propos, qu’il faut repenser les identités combattantes des Français libres et des résistants intérieurs dans des termes moins figés : les missions des Français libres envoyés au maquis ont contribué à forger des identités combattantes particulières, qui les rapprochaient des résistants de l’intérieur davantage que des exilés29.
8Ces clivages entre identités combattantes et exilées suscitent des interrogations sur la manière dont les femmes et les civils se sont approprié une vision de la France Libre forgée autour du national, du masculin et du militaire. Les femmes d’officiers de la France Libre, à l’instar de Madame Catroux ou Madame Sicé, étaient souvent très impliquées dans les comités culturels et les organisations humanitaires qui se sont développés en Afrique, au Moyen-Orient ou en Asie, mais leurs rôles dans l’élaboration d’un projet commun ont été peu étudiés30. D’autres, comme les ambulancières de la France Libre, ces « combattantes sans combattre » pour reprendre l’expression de Claire Miot, ont subi les souffrances physiques et psychologiques du front31. À rebours des assignations sexuées traditionnelles qui réservent le champ de bataille aux hommes, elles ont apporté un soutien essentiel au moral des combattants, assumant à la fois un rôle viril (conduire et faire de la mécanique) et féminin (le transport et le soin des blessés). Elles ont parfois soutenu les combattants dans l’intimité de leurs derniers moments. Comme le rappelait le Général de Division Brosset au médecin chef de l’Ambulance Hadfield Spears en octobre 1944, « nous sommes si profondément attachés [à l’ambulance Spears] que nous ne souhaitons pas mieux, si nous devons un jour consentir le suprême sacrifice, que l’achever à Spears, soigné par nos quakers et assisté de nos chères nurses32 ». Pourtant la contribution des femmes ambulancières et infirmières au façonnement de l’« identité combattante » française libre reste peu connue33.
9L’étude attentive de la présence française hors de France avant la défaite de 1940 pose également la question du rattachement de ces populations à la France Libre et de leur appartenance – consciente ou non – à un autre ensemble, celui des Français de l’étranger. À Brazzaville, les représentants de l’Église catholique, comme Mgr Biéchy, accueillent sans trop de heurts les Français libres34. Dans d’autres espaces, relativement isolés géographiquement, le pluralisme et les divisions l’ont emporté sur la volonté d’unification : cela est le cas au Levant, comme le montre le chapitre de Clotilde de Fouchécour, où la tentative par de Gaulle et Catroux de faire converger le projet gaullien et les dynamiques propres à l’espace levantin n’a que partiellement abouti. À Hong-Kong, où la majorité de la petite communauté française se rallie à la France Libre, des personnalités opposées ont également éprouvé beaucoup de difficultés à s’agglomérer autour de ce projet commun. Dans cet ouvrage, François Drémeaux étudie les différentes formes d’adhésion au mouvement, entre gaullisme et anglophilie. L’étude de ces espaces périphériques amène à s’interroger sur les clivages politiques et idéologiques qui existaient entre les membres de la France Libre derrière leur projet commun pour la rénovation de la France et de sa place dans le monde. En Asie, comme ailleurs dans le monde, les comités de la France Libre ont en effet promu des visions plurielles de la France, souvent marquées par des représentations genrées de la féminité française, qui méritent d’être plus étudiées35.
10Le deuxième axe de cet ouvrage invite à repenser cette spécificité de la France Libre. La « mystique » du mouvement tend à présenter les Françaises et Français libres comme des héros et aventuriers « apolitiques », par opposition à leurs compagnons d’armes de la Résistance intérieure36. Cette image d’un mouvement relativement peu politisé dans la mémoire collective tient en partie à la nature même du gaullisme de guerre, à la jeunesse de nombre des acteurs, à la pluralité des engagements et aux différentes fonctions des FFL dans l’organigramme de la France Libre37. La fierté d’appartenir à un groupe singulier s’explique aussi sans doute par une donnée sociologique, les FFL entretenant un mépris de classe vis-à-vis des conscrits d’Afrique du Nord après 194338. Comme l’ont notamment montré les travaux de Robert Belot, le ralliement ou non à la Croix de Lorraine ne fut pas nécessairement le fruit de réflexions poussées sur l’opportunité de poursuivre le combat hors du sol national ou encore sur la fidélité à de Gaulle39. Les contingences macro-historiques qui pouvaient être le moteur d’engagement chez certains membres de la France Libre n’étaient pas intelligibles de tous et toutes, ou pas nécessairement déterminantes. Trajectoire de carrière, goût de l’aventure ont pu, le moment donné, conduire à l’engagement volontaire.
11Cette représentation de l’aventurier et héros apolitique, forgée a posteriori, a effacé de la mémoire l’engagement de certains volontaires étrangers qui ont combattu pour la Croix de Lorraine. Les travaux de Diego Gaspar Celaya ont notamment montré comment les Espagnols « Français libres » ont abandonné, momentanément, leurs différences de pensée pour se battre sur un front commun dans la résistance antifasciste et la libération de la France (dans leur imaginaire suivi de celle de l’Espagne)40. Dans cet ouvrage, Clotilde de Fouchécour s’intéresse aux réfugiés arméniens de Cilicie, qui apparaissent dans les sources comme natifs de Turquie. Pour une minorité d’Arméniens, la France Libre est garante d’une « francisation ». Au cours des dernières années, un nombre croissant de recherches se sont également intéressées au sort des troupes coloniales dans la France Libre. Se pencher sur les interactions entre combattants de l’empire colonial et Français libres « à ras le sol » est d’autant plus important que leur appartenance coloniale et nationale était alors en pleine mutation41. Dans son chapitre, Eric Jennings propose une prosopographie de dix « tirailleurs » français libres. En retraçant leurs parcours, il interroge la situation de domination, l’organisation militaire et les distinctions qu’elles opèrent sur le terrain en termes de traitements et de soins. Ces problématiques se retrouvent également au centre de l’analyse de Jérôme Maubec sur la 2e division blindée française, créée en août 1943, où cohabitent combattants gaullistes de la première heure, unités « maréchalistes », troupes indigènes, fusiliers marins, mais aussi évadés de France par l’Espagne, républicains espagnols, Corses, Saint-Pierrais et Miquelonnais, Quakers et femmes ambulancières.
12L’identité plurielle de la France Libre permet de fédérer un grand nombre de parcours politiques, religieux et combattants divers. Au cours de la guerre, les membres de la France Libre réimaginèrent constamment leur appartenance au groupe en miroir des Alliés, de la Résistance intérieure et de Vichy. Dans ses travaux sur Leclerc, Christine Levisse-Touzé a par exemple analysé le fléchissement de ce Français libre radical qui eut la charge de former une division réunissant Forces françaises libres (FFL) et soldats de l’armée d’Armistice42. Sur le plan méthodologique, la perspective biographique présente dans certains chapitres permet de nous intéresser à des trajectoires individuelles plus à la marge du mouvement : par exemple, Marie-Thérèse Duffau s’interroge sur la résistance spirituelle et le rôle du facteur religieux comme moyens de dépasser des antagonismes de la France Libre à travers l’itinéraire de René de Naurois. Elle articule l’expérience de ce prêtre catholique, qui fut en contact direct avec le nazisme en Allemagne avant 1939, ses liens avec le clergé allemand et son engagement patriotique pour montrer comment sa trajectoire de résistant en zone libre puis à Londres s’inscrit dans l’histoire de la France Libre. Elle souligne l’influence de la pensée thomiste et de la notion de « guerre juste » sur les prêtres engagés dans la France Libre, qu’ils soient aumôniers ou combattants43.
13Julien Winock choisit également le prisme de la biographie pour étudier le parcours d’un des Français libres les plus célèbres, Jean-Louis Crémieux-Brilhac. Né dans une famille juive progressive et libérale de classe moyenne et éduqué dans un des meilleurs lycées de Paris, Crémieux rejoint de Gaulle à Londres où il travaille au service de propagande. Son profil est, en beaucoup de points, caractéristique des élites dont parle Jean-François Muracciole44, mais son rôle durant la guerre et sa position d’historien de la France Libre dans l’après-guerre n’en restent pas moins extraordinaires. Les contributrices et contributeurs qui ont choisi une méthodologie biographique ne se contentent pas de mettre en lumière l’« identité narrative » dont parlait Paul Ricœur45. Certes, les documents de « récit de soi » produits par leurs sujets d’étude (lettres, journaux, publications, etc.) présentent des sources précieuses pour examiner la France Libre, mais il s’agit pour les historiennes et historiens qui les utilisent de dépasser la façon dont les individus se racontent eux-mêmes afin de considérer la singularité de ces trajectoires dans la pluralité de la France Libre46.
14Pour les théoriciennes et théoriciens postmodernistes comme Judith Butler, l’identité se construit par le langage et la représentation, que celle-ci soit matérielle, visuelle ou symbolique47. Face à la diversité d’expériences et de parcours, les cadres de la France Libre tentent de former un sentiment d’appartenance à une « communauté imaginée » comme homogène48. Proclamer une identité française libre dans l’espace public est effectivement crucial alors que la France Libre, le Comité national français (CNF) et le Comité français de la Libération nationale (CFLN) sont en quête de reconnaissance auprès des alliés et de la résistance intérieure. Ainsi, le troisième axe de l’ouvrage nous invite à penser la façon dont les identités françaises libres sont façonnées et diffusées. En creux cette question apparaît le concept de sphère publique que Victoria Hesford analyse comme « un espace discursif malléable au sein duquel les groupes non seulement peuvent articuler leurs identités, mais aussi faire naître celles-ci par une interaction dialogique avec un public49 ». Nancy Fraser suggère que l’espace public n’est pas seulement une sphère de délibération, mais une arène pour la formation et la mise en place d’identités publiques50. Ainsi, les moyens de communication utilisés par les membres de la France Libre sont cruciaux dans la formation et la diffusion de l’identité française libre dans le monde. Les travaux d’Isabelle Flahault-Domergue, d’Aurélie Luneau, de Jean-Louis Crémieux-Brilhac et d’Eric Jennings ont en effet démontré l’importance des émissions radiophoniques françaises diffusées en Europe, mais aussi à Brazzaville, ainsi que la photographie, qui œuvrent à l’unité identitaire de la France Libre51. De même, les comités de la France Libre, qui existent à travers le monde, publient des journaux et participent ainsi à la diffusion de l’identité résistante au sein des communautés françaises à l’étranger52. Ces médias conduisent les Français et Françaises libres (et leurs soutiens) à se forger une identité en lien avec les décisions de Londres, Brazzaville ou Alger, mais aussi en rapport aux territoires dans lesquels ils et elles vivent qui sont parfois à plusieurs milliers de kilomètres des centres de pouvoir gaulliste.
15Au-delà de ces espaces publics francophones, la France Libre fait aussi la démonstration de sa cohérence et de ses succès auprès des auditoires qu’elle entend convaincre de sa légitimité. Les Alliés sont la première cible de la projection de cette identité française libre et la question du pouvoir gaulliste se joue autant par les échanges diplomatiques que dans les réunions formelles ou discussions à la marge des organisations internationales53. Il s’agit donc de projeter une identité française libre auprès des représentants alliés, des Françaises et Français (en France et à l’étranger) et dans l’espace public mondial. C’est un défi que reprend à son compte le gouvernement britannique : en effet, celui-ci se doit de légitimer auprès de la population sa politique de financement d’une grande partie des dépenses françaises libres, bien que la France Libre n’ait jamais eu, contrairement aux autorités polonaises ou belges dans ce pays, le statut de gouvernement en exil54. Dans cette mission de légitimation, le gouvernement britannique prend les armes culturelles afin de construire l’image de De Gaulle et de son mouvement en organisant des expositions et en finançant des publications littéraires55. En plus des stratégies de propagande culturelle, la période de la guerre consacre une discipline assez récente en 1940 : les relations publiques. Comme le montre Rachel Chin dans cet ouvrage, le gouvernement britannique a recours à des stratégies de communication (en coopérant plus ou moins avec la France Libre) pour bâtir l’image et la légitimité du mouvement gaulliste.
16Enfin, l’opinion publique étrangère reprend également à son compte les symboles de la France Libre, participant à diffuser une image d’un groupe uni. Par exemple, la création de l’Ordre de la Libération par Charles de Gaulle le 16 novembre 1940 à Brazzaville vise à consolider l’identité interne des Français libres alors que son mouvement fait face à la démotivation des troupes après l’échec de Dakar. L’obtention de la Croix de la Libération renforce un sentiment d’appartenance pour les premiers combattants qui ont la conviction de former une petite cohorte de frères d’armes qui se sont opposés à la lutte contre l’Allemagne. Mais l’Ordre pointe aussi les divisions au sein du mouvement, entre l’élite des Compagnons « hors de pair » et les autres Françaises et Français libres56. Dans le même temps, l’établissement de l’Ordre de la Libération a aussi la conséquence de renforcer l’identité de la France Libre dans la sphère publique mondiale. En effet, la presse étrangère n’insiste pas sur les dissensions françaises libres, mais plutôt sur le symbole d’unité que représente cet insigne. En 1941, par exemple, un quotidien local d’Aberdeen en Écosse, publie deux articles illustrés par deux photographies de la médaille : une sur laquelle l’on reconnaît la croix de Lorraine, et l’autre qui se concentre sur l’inscription en latin « patriam Servando victoriam tulit » (en servant la patrie, il a apporté la victoire) que le journaliste traduit en anglais57. Ici, l’identité de la France Libre se construit par les mots et l’image qui font référence à une identité militaire et des valeurs de bravoure masculine, ancrée dans une culture antique.
17Penser l’identité de la France Libre, c’est donc aussi réfléchir à la manière dont les gouvernements et sociétés étrangères perçoivent ce mouvement et contribuent à en façonner l’image. Ainsi, un apport novateur de ce volume est d’appréhender l’identité transnationale des Français et Françaises libres. Cette approche, présente en filigrane dans la plupart des chapitres, fait écho à des publications récentes et des travaux en cours sur l’histoire de la guerre et des résistances, par exemple les recherches sur l’identité transnationale de la communauté juive résistante de Renée Poznanski58, le dossier spécial « la Résistance française dans une perspective transnationale » publié en 2019 dans French Politics, Culture & Society et édité par Valerie Deacon, ainsi que les travaux d’Olivier Wieviorka sur la Résistance transnationale européenne59.
18Le quatrième axe de l’ouvrage appelle l’attention sur les reconstructions et diffusions mémorielles des identités françaises libres par différents actrices et acteurs. Ce processus historique, ne s’arrête pas à la fin de la guerre. En effet, les tensions identitaires au sein de la Résistance française se poursuivent lors de la « sortie de guerre60 » : Guillaume Piketty a démontré le décalage entre identité française libre et identité nationale des Françaises et Français qui ont vécu la guerre sur le sol métropolitain, mais aussi au sein même de la Résistance intérieure61. La Libération provoque une rupture qui amène un grand nombre de Françaises et Français libres à sortir de l’ombre, à réintégrer un domicile abandonné et parfois à faire face au désenchantement lié au retour en France et à la reprise de relations mises en suspens au moment de l’engagement62.
19Alors que certains et certaines choisissent d’étouffer l’identité résistante dans l’espoir de reprendre le cours de leur vie d’avant-guerre, d’autres, au contraire, réaffirment cette identité par l’écrit (notamment la publication de mémoires), mais aussi à travers « la fraternité des anciens de l’ombre63 », qui se traduit par des hiérarchies d’avant-guerre discrètement entretenues après la Libération ou par la participation à des associations. Celles-ci sont au centre du chapitre de Sylvain Cornil-Frerrot qui trace l’influence de l’Association des Français libres dans les débats législatifs destinés à définir les notions d’anciens combattants et de résistants qui se développent après 1945. Valerie Deacon propose quant à elle une étude sur Maurice Duclos, ancien Cagoulard et membre de l’extrême droite qui peina à s’intégrer au sein des Français libres. Néanmoins, il entretint des relations étroites avec le général de Gaulle après le conflit et Deacon montre à quel point l’identité de Duclos fut complexe et évolua dans la guerre et l’après-guerre. Aujourd’hui encore, les anciens combattants, leurs familles, les instances législatives, mais aussi les historiennes et les historiens continuent de débattre du caractère pluriel d’un groupe singulier d’hommes et de femmes, et les colloques annuels de la Fondation de la France Libre, ainsi que les conférences ponctuelles organisées dans les universités françaises et étrangères demeurent des forums dynamiques où débattre de ces questions.
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20Cet ouvrage démontre l’importance de penser la France Libre à travers les concepts a priori contradictoires d’identité (par définition le caractère de ce qui est un, identique et confondu) et de pluralité. En effet, ceux-ci donnent aux historiennes et historiens un outil pour appréhender les différences au sein de la France Libre et mettre en relation identités de guerre et d’après-guerre, genre, convictions politiques et religieuses, ethnicité, mémoire et émotions. Étudier l’identité nous force à nous interroger sur les dynamismes d’exclusion et d’intégration qui ont construit la France Libre et donc à admettre la pluralité du projet gaulliste. Par ailleurs, dans la mesure où l’identité ne se maintient pas dans le temps, celle-ci doit être inscrite dans une perspective historique. Ainsi, il n’y aurait pas une essence française libre, mais des identités françaises libres qui varient selon les lieux, les individus et le temps et qui sont fabriquées par les Français et Françaises libres, mais aussi par des acteurs et actrices françaises ou étrangères qui ne font pas partie du mouvement.
21Les études sur la France Libre demeurent un champ actif d’études et rassemblent des chercheuses et chercheurs de France et du monde entier qui ont œuvré à dénationaliser l’histoire de la Résistance. La popularité de la Résistance, de Charles de Gaulle, de la France Libre parmi les Françaises et les Français se reflète par le succès des récents films diffusés sur ces thèmes, qui ont intégré les questions de la diversité la France Libre dans une échelle globale64. L’on imagine que la communauté historienne de la France Libre va intégrer de nouvelles approches dans ses travaux futurs. On pourrait, à l’image des études sur les guerres du xixe siècle, se pencher sur la culture matérielle de la France Libre, avec comme point d’entrée les uniformes des Français libres par exemple65, ou encore les symboles et le rapport aux traditions, notamment militaires66. Les objets souvenirs peuvent aussi apporter des précisions aux historiens et historiennes sur les liens sociaux et relations personnelles (souvent transnationales) des membres de la Résistance67. Nul doute que les historiennes et historiens de la France Libre aient aussi un rôle à jouer dans les discussions sur la mémorialisation des soldats coloniaux dans le patrimoine métropolitain (statues et noms de rue)68. La culture matérielle échappe certes en partie à l’analyse du discours, mais elle est néanmoins constitutive de l’identité des Français libres et forme donc un champ fructueux à étudier.
Notes de bas de page
1Muracciole Jean-François, Les Français libres. L’autre Résistance, Paris, Tallandier, 2009, p. 60.
2Cet ouvrage s’appuie sur un colloque de la Fondation de la France Libre tenu en novembre 2019 au musée de l’Armée. L’appel à communication fut rédigé par Sylvain Cornil-Frerrot et Philippe Ratte.
3Sur les nouvelles approches du fait guerrier, voir Le Gac Julie, Vaincre sans gloire. Le corps expéditionnaire français en Italie (novembre 1942-juillet 1944), Paris, Les Belles Lettres, 2013 ; Miot Claire La Première Armée Française. De la Provence à l’Allemagne, 1944-1945, Paris, Perrin, 2021. Sur l’histoire transnationale des résistances en Europe, Wieviorka Olivier, Une Histoire de la Résistance en Europe occidentale, Paris, Perrin, 2017 ; Gildea Robert et Tames Ismee (dir.), Fighters across Frontiers. Transnational Resistance in Europe, 1936-1948, Manchester, Manchester University Press, 2020.
4Levisse-Touzé Christine, « Les femmes dans la France Libre », in Levisse-Touzé Christine, Gilzmer Mechtild et Martens Stefan (dir.), Les Femmes dans la Résistance en France, Paris, Tallandier, 2003, p. 165-185 ; « Les femmes dans la France Libre », in Marcot François, Leroux Bruno et Levisse-Touzé Christine (dir.), Dictionnaire historique de la Résistance, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2006, p. 885-888 ; Muracciole Jean-François, Les Français libres, op. cit. ; Gaspar Celaya Diego, « Portrait d’oubliés. L’engagement des Espagnols dans les Forces françaises libres, 1940-1945 », Revue historique des Armées, no 265, 2011, p. 46-55, [https://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rha/7345], mis en ligne le 16 novembre 2011, consulté le 15 juillet 2020 ; Jennings Eric, La France Libre fut africaine, Paris, Perrin, 2014 ; Albertelli Sébastien, Elles ont suivi de Gaulle. Histoire du Corps des Volontaires françaises, Paris, Perrin, 2020. Lacour-Astol Catherine, Le genre de la Résistance. La Résistance féminine dans le Nord de la France, Paris, Les Presses de Sciences Po, 2015.
5Muracciole Jean-François, Les Français libres, op. cit. Voir aussi Broche François, Caïtucoli Georges et Muracciole Jean-François (dir.), Dictionnaire de la France Libre, Paris, Robert Laffont, 2010 ; Bougeard Christian, « Éléments d’une approche de l’histoire de la France Libre » et Le Gall Erwan, « L’engagement des Français libres : une mise en perspective », in Harismendy Patrick et Le Gall Erwan (dir.), Pour une histoire de la France Libre, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012, p. 15-28 et 29-47.
6Fondation Maréchal Leclerc de Hauteclocque, Le général Leclerc et l’Afrique française libre. Actes du colloque international, Paris, Fondation Maréchal Leclerc de Hauteclocque, 1988 ; Ollandet Jérôme, Brazzaville, capitale de la France Libre. Histoire de la résistance française en Afrique, 1940-1944, Paris, L’Harmattan, 2013 (2e édition) ; Jennings Eric, La France Libre fut africaine, op. cit. Voir également Létang Géraud, Mirages d’une rébellion. Être français libre au Tchad (1940-1943), thèse d’histoire, dir. Guillaume Piketty, Institut d’études politiques de Paris, 2019.
7Faucher Charlotte et Humbert Laure, « Beyond de Gaulle and beyond London: the French external resistance and its international networks » in European Review of History/Revue européenne d’histoire, 2018, vol. 25, no 2, p. 195-221.
8Piketty Guillaume, Français en Résistance. Carnets de Guerre, Correspondances, Journaux Personnels, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2009 ; Largeaud Jean-Marc, « Les témoins de Bir-Hakeim », Revue de la France Libre, no 44, juin 2012.
9Albertelli Sébastien, Elles ont suivi de Gaulle, op. cit., p. 223-249.
10Voir par exemple Piketty Guillaume, Résister. Les archives intimes des combattants de l’ombre, Paris, Éditions Textuel, 2011.
11Piketty Guillaume et Cabanes Bruno, Retour à l’intime au sortir de la guerre, Paris, Tallandier, 2009.
12Sur ce sujet, voir Dodman Thomas, « Toutes sortes d’émotions extravagantes », in Cabanes Bruno (dir.), Une histoire de la guerre. Du xixe siècle à nos jours, Paris, Seuil, 2018, p. 457-471.
13Frank Robert, « La Résistance et les Français, un cycle de six colloques, 1993-1996 », Clio, 1-1995, [https://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/clio/526], mis en ligne le 26 mars 2003, consulté le 15 juillet 2020 ; Guillon Jean-Marie et Laborie Pierre, Mémoire et Histoire : la Résistance, Toulouse, Privat, 1995 ; « Anthropologie de la vie résistante », in Marcot François, Leroux Bruno et Levisse-Touzé Christine (dir.), Dictionnaire historique de la Résistance, op. cit., p. 917-993 ; Piketty Guillaume, Français en Résistance, op. cit. ; Piketty Guillaume, « The madonnas of exile: reflections on the emotional life of French external resisters », conférence plénière, université de Manchester, 14 juin 2019.
14Barbara Rosenwein définit les communautés émotionnelles comme des « groupes dans lesquels les gens adhèrent aux mêmes normes d’expression émotionnelle et valorisent ou dévalorisent les mêmes émotions ou constellations d’émotions ». Rosenwein Barbara, Emotional Communities in the Early Middle Ages, Londres/Ithaca, Cornell University Press, 2006, p. 2. Voir aussi Boquet Damien et Lett Didier, « Les émotions à l’épreuve du genre », Clio. Femmes, Genre, Histoire, 2018, p. 7-22.
15Piketty Guillaume, « The madonnas of exile… », op. cit. ; voir également « From the Capitoline Hill to the Tarpeian Rock? Free French Coming out of War », European Review of History. Revue européenne d’histoire, vol. 25, no 2 (2018), p. 354-373 ; Piketty Guillaume, « Conclusion. Pour une histoire sensible des militaires en résistances », in Miot Claire, Piketty Guillaume et Vaisset Thomas (dir.), Militaires en résistances en France et en Europe, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2020, p. 247-66.
16La réflexion sur la singularité de l’identité et du phénomène résistant s’est développée depuis les années 1980. Voir notamment Rousso Henry, Le syndrome de Vichy, Paris, Seuil, 1987 ; Guillon Jean-Marie, « La Résistance dans le Var. Essai d’histoire politique », thèse de doctorat d’État, dir. Émile Témime, université de Provence, 1989 ; Douzou Laurent, La Résistance française : une histoire périlleuse, Paris, Point Seuil, 2005 ; Laborie Pierre, « Qu’est-ce que la Résistance ? », in Marcot François, Leroux Bruno et Levisse-Touzé Christine (dir.), Dictionnaire historique de la Résistance, op. cit., p. 29-38. S’intéressant aux mouvements non communistes de la zone Sud, Cécile Vast a également proposé une analyse conceptuelle rigoureuse pour mieux comprendre comment l’expérience de la Résistance a modelé le sentiment d’une identité singulière, marquée par une dimension légendaire, une éthique de l’action et un sens de la responsabilité. Vast Cécile, L’identité de la Résistance : être résistant de l’occupation à l’après-guerre, Paris, Payot, 2010. Voir enfin Albertelli Sébastien, Blanc Julien et Douzou Laurent, La lutte clandestine en France. Une histoire de la Résistance, 1940-1944, Paris, Seuil, 2019.
17Brubaker Rogers et Cooper Frederick, « Beyond “Identity” », Theory and Society, vol. 29, no 1, 2000, p. 1-47.
18Sur l’utilisation des travaux de Reinhart Koselleck par les historiens de la Résistance, voir notamment « À propos des comportements dans l’Europe occupée : table-ronde », Laborie Pierre et Marcot François, Les comportements collectifs en France et dans l’Europe allemande. Historiographie, normes, prismes 1940-1945, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2015, p. 97-110. Voir également Andrieu Claire, « La Résistance dans le siècle », in Marcot François, Leroux Bruno et Levisse-Touzé Christine (dir.), Dictionnaire historique de la Résistance, op. cit., p. 46-54.
19Douzou Laurent, La Résistance française…, op. cit.
20Atkin Nicholas, The Forgotten French. Exiles in the British Isles, 1940-1944, Manchester, Manchester University Press, 2003 ; Julia Eichenberg, directrice du projet de recherche « The London Moment. Exile Governments, Academics, and Activists in the Capital of Free Europe, 1940-1945 » à Humboldt Universität zu Berlin ; Kelly Debra, « Free French Food: Dining Out with the Free French in Wartime London », conférence plénière, Society for the Study of French History, 13 janvier 2020.
21Piketty Guillaume, « Carlton Gardens », in Broche François, Caïtucoli Georges, Muracciole Jean-François (dir.), Dictionnaire de la France Libre, op. cit., p. 250.
22Kelly Debra et Cornick Martyn (éd.), A History of the French in London: Liberty, Equality, Opportunity, Londres, Institute of Historical Research, 2013.
23Albertelli Sébastien, Elles ont suivi de Gaulle, op. cit., p. 121.
24Ibid., p. 192-193.
25Létang Géraud, « Mirages d’une rébellion », op. cit.
26Sur cette question dans le service de santé, voir Humbert Laure, « Soigner et Résister. Le service de santé de la France Libre dans le monde (1940-1943) », Le Mouvement social, à paraître.
27Jacob François, La statue intérieure, Paris, Seuil, 1987, p. 136.
28Le Gac Julie, « Combattants du désert », in Labanca Nicola, Reynolds David et Wieviorka Olivier (dir.), La guerre du désert, 1940-1943, Paris, Perrin, 2019, p. 131-153.
29Balu Raphaële, « Pour une histoire des liens entre Français libres, maquis de France et Alliés (1943-1944) : acteurs et réseaux d’une coopération oubliée », European Review of History/Revue européenne d’histoire, vol. 25, 2018, p. 330-353 ; Balu Raphaële, Les maquis de France, la France Libre et les Alliés (1943-1945). Retrouver la coopération, thèse d’histoire, dir. Jean Quellien et Olivier Wieviorka, université de Caen Normandie, 2018.
30Desgrandchamps Marie-Luce et Humbert Laure, « From dissident to recognized belligerent? The Free French and the Red Cross Movement, 1940-1943 », French History, vol. 20, 2023, p. 1-21.
31Miot Claire, « Combattantes sans combattre ? Le cas des ambulancières dans la Première armée Française (1944-1945) », Revue historique des Armées, no 272, 2013, p. 25-35. Sur l’histoire des conductrices ambulancières dans la France Libre, voir Humbert Laure, « Caring Under Fire Across Three Continents: The Hadfield Spears Ambulance, 1941-1945 », Social History of Medicine, vol. 36, no 2, 2023, p. 284-315.
32Churchill Archives Centre, Spears 11/2/5, général de division Brosset à médecin chef de l’Ambulance Hadfield Spears, 18 octobre 1944.
33Humbert Laure, « La maison Spears : quand l’hôpital trouble le genre », communication au colloque « Les Françaises Libres. Spécificités d’un engagement hors norme(s) » de la Fondation de la France Libre, musée de l’Armée, 13 novembre 2021.
34Desgrandchamps Marie-Luce, « Un évêque à la Croix-Rouge : missions catholiques, France Libre et œuvres de guerre à Brazzaville (1940-1945) », Revue historique des Armées, vol. 307, no 4, 2022, p. 101-114.
35Faucher Charlotte, « Restoring the Image of France in Britain, 1944-1947 », The Historical Journal, vol. 64, no 5, 2021, p. 1428-1448 ; Vignemont Diane de, « La France Libre et la “bataille de New York”, 1940-1944 », conférence au musée de l’Ordre de la Libération, 18 mars 2021 ; Desgrandchamps et Humbert, « From dissident to recognized belligerent? », art. cité ; travaux de recherche sur l’histoire du soin dans la Résistance à l’université de Manchester financé par le Arts and Humanities Research Council (AH/T006382/1).
36Le Gall Erwan, « L’engagement des Français libres : une mise en perspective », art. cité, p. 30. Sur la spécificité de l’identité militaire de la France Libre, voir également Miot Claire, La Première Armée française, op. cit., p. 42-44.
37Ibid., p. 30.
38Miot Claire, La Première Armée, op. cit., p. 42.
39Belot Robert, « Les non-ralliements au chef de la France Libre en 1940. Motivations et impact », in Fondation de la France Libre et Fondation Charles de Gaulle, La France Libre. Actes du Colloque International tenu à l’Assemblée nationale les 15 et 16 juin 2004, Limoges, Lavauzelle, 2005, p. 41-65. Wieviorka Olivier, « À la recherche de l’engagement (1940-1944) », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, no 60, octobre-décembre 1998, p. 58-70 ; Douzou Laurent, « L’entrée en Résistance », in Prost Antoine (dir.), La Résistance, une histoire sociale, Paris, Éditions de l’Atelier/Éditions ouvrières, 1997, p. 9-20.
40Gaspar Celaya Diego, « Portrait d’oubliés. L’engagement des Espagnols dans les Forces françaises libres, 1940-1945 », Revue historique des Armées, no 265, 2011, p. 46-55 ; Gaspar Celaya Diego, « Spanish exiles, transnational soldiers from the French internment camps to the Free French Forces », Journal of Iberian and Latin American Studies, vol. 27, no 1, 2021, p. 27-40.
41Sur cette question au sein de la Résistance intérieure, voir Broch Ludivine, « Colonial Subjects and Citizens in the French Internal Resistance, 1940-1944 », French Politics, Culture and Society, no 37, 2019, p. 6-31.
42Levisse-Touzé Christine, Philippe Leclerc de Hautecloque (1902-1947). La légende d’un héros, Paris, Tallandier, 2002 ; Levisse-Touzé Christine et Toureille Julien, Leclerc : Patriote et Rebelle, Paris, Ouest-France, 2017.
43Dans son chapitre, Marie-Thérèse Duffau s’appuie sur les travaux de Thomas Vaisset sur l’Amiral d’Argenlieu. L’Amiral d’Argenlieu. Le moine-soldat du gaullisme, Paris, Belin, 2017.
44Muracciole Jean-François, Les Français libres, op. cit.
45Ricœur Paul, « L’Identité narrative », Esprit, no 140/141 (7/8), juillet-août 1988, p. 295-304.
46Sur l’intérêt de la biographie pour l’histoire du phénomène résistant : Piketty Guillaume, « La biographie comme genre historique ? Étude de cas », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 1999/3, no 63, p. 119-126 ; Sur d’autres trajectoires à la marge, Balu Raphaële « Des soignants parachutés en France occupée : la résistance médicale au-delà des frontières », European Review of History, vol. 20, 2023, p. 1-28.
47Butler Judith, « Performative Acts and Gender Constitution: An Essay in Phenomenology and Feminist Theory », Theatre Journal, 40, no 4, 1988, p. 519-531. Bayart Jean-François, L’illusion identitaire, Paris, Fayard, 1996.
48Anderson Benedict, Imagined communities. Reflections on the origin and spread of Nationalism, Londres, Verso, 1983.
49Hesford Victoria, Feeling Women’s Liberation, Durham NC., Duke University Press, 2013, p. 260.
50Fraser Nancy, « Rethinking the Public Sphere: A Contribution to the Critique of Actually Existing Democracy », in Calhoun Craig (dir.), Habermas and the Public Sphere, Cambridge, MA, MIT Press, 1992, p. 125.
51Flahault-Domergue Isabelle, « La France Libre en images : un comparatisme multiforme », Hypothèses, vol. 8, no 1, 2005, p. 249-260, [https://0-www-cairn-info.catalogue.libraries.london.ac.uk/revue-hypotheses-2005-1-page-249.htm], mis en ligne le 1er décembre 2008, consulté le 15 juillet 2020 ; Luneau Aurélie, Radio Londres 1940-1944, Paris, Perrin, coll. « Tempus », 2010 ; Crémieux-Brilhac Jean-Louis (dir.), Les voix de la Liberté. Ici Londres 1940-1944, vol. 1 à 5, Paris, La Documentation française, 1975 ; Crémieux-Brilhac Jean-Louis, « La France Libre et la radio », Mélanges de l’école française de Rome, no 108/1, 1996, p. 73-81, [https://www.persee.fr/doc/mefr_1123-9891_1996_num_108_1_4424], consulté le 15 juillet 2020 ; Jennings Eric, Free French Africa in World War Two, op. cit., p. 53-54 et p. 198-201 ; Wieviorka Olivier, Histoire de la Résistance, Paris, Perrin, 2013, p. 201-207. Voir aussi Pessis Jacques (dir.), Les Français parlent aux Français, vol. 1 et 2, Paris, Omnibus, 2010 et 2011.
52Cornil-Frerrot Sylvain et Oulmont Philippe (dir.), Les Français libres et le monde, Paris, Nouveau Monde Éditions, 2015 ; Desgrandchamps et Humbert, « From dissident to recognized belligerent? », op. cit. ; Sur la presse française et francophone à Londres voir, Stewart Iain, « The French Press in Wartime London, 1940-1944: From the Politics of Exile to Inter-Allied Relations », Journal of Contemporary History, 58(1), 2023, 50– 70 ; Faucher Charlotte, « From Gaullism to Anti-Gaullism: Denis Saurat and the French Cultural Institute in Wartime London », Journal of Contemporary History, 54(1), 2019, 60-81.
53Humbert Laure, « The French in Exile and Post-War International Relief, c. 1941-1945 », The Historical Journal, vol. 61, no 4, décembre 2018, p. 1041-1064.
54Crémieux Brilhac Jean-Louis, La France Libre, Paris, Gallimard, 1996, p. 77 et 100 ; Kersaudy François, Churchill and De Gaulle, Londres, Collins, 1981, p. 25 et p. 76 ; Chin Rachel, War of Words. Britain, France and Discourses of Empire during the Second World War, Cambridge, Cambridge University Press, 2022.
55Faucher Charlotte, « Transnational Cultural Propaganda: French Cultural Policies in Britain during the Second World War », French Politics, Culture & Society, vol. 37, no 1, 2019, p. 48-69 ; Horne Janet, « Global Culture Fronts: The Alliance Française and the Cultural Propaganda of the Free French », European Review of History/Revue européenne d’histoire, vol. 25, no 2, 2018, p. 222-241.
56Trouplin Vladimir, « Ordre de la Libération (1940-1946) », in Broche François, Caïtucoli Georges et Muracciole Jean-François (dir.), Dictionnaire de la France Libre, op. cit., p. 1093-1095.
57« La Croix de la Libération », The Press and Journal (Aberdeen, Écosse), 20 novembre 1941 ; « Patriots Half Way to Capital », The Press and Journal, 6 mars 1941.
58Poznanski Renée, « Jewish, French and/or Transnational? Jews in the fight against Occupation in WWII France », communication au séminaire d’histoire de la France contemporaine, Institut de recherche en histoire de Londres, 21 octobre 2019.
59Deacon Valerie, « Introduction: The French Resistance in Transnational Perspective », French Politics, Culture & Society, vol. 37, no 1, 2009, p. 1-5. Wieviorka Olivier, Une Histoire de la Résistance en Europe occidentale, op. cit.
60Cabanes Bruno et Piketty Guillaume, « Sortir de la guerre : jalons pour une histoire en chantier », Histoire@Politique, no 3, 2007.
61Piketty Guillaume, « From the Capitoline Hill… », op. cit.
62Vast Cécile, L’identité de la Résistance, op. cit.
63Piketty Guillaume, « De l’ombre au grand jour : l’identité résistante en question », in Cabanes Bruno et Piketty Guillaume (dir.), Le Retour à l’intime au sortir de la guerre, Paris, Tallandier, 2009, p. 149-163.
64Moi, général de Gaulle, présenté sur France 2 en mars 2020 ; De Gaulle (réalisé par Gabriel Le Bomin), 2020.
65Roynette Odile, « L’uniforme militaire au xixe siècle : une fabrique du masculin », Clio. Femmes, Genre, Histoire, no 36, 2012, p. 109-28.
66Piketty Guillaume, « Français libres entre traditions et innovation (1940-…) », in Drévillon Hervé et Ebel Édouard (dir.), Symbolique, traditions et identités militaires, Vincennes, Pôle graphique de Paris, 2020, p. 198-213 ; Letang Géraud, « Construire des camions : l’équipement de la Colonne Leclerc au Fezzan (1942) », Revue historique des Armées, vol. 307, no 4 (2022), p. 91-100.
67Smith Andrew, « Resistance by moonlight », 6 avril 2018, [https://awmsmith.wordpress.com/2018/04/06/resistance-by-moonlight/], consulté le 30 juillet 2020.
68Voir Wardleworth Nina, « The documentary as a site of commemoration: Filming the Free French Dissidents from the French Antilles », European Review of History. Revue européenne d’histoire, vol. 25, no 2, p. 374-391 ; « Une liste de combattants africains pour enrichir les noms de rues en France », 1er juillet 2020, [https://www.lefigaro.fr/flash-actu/une-liste-de-combattants-africains-pour-enrichir-les-noms-de-rues-en-france-20200701], consulté le 15 juillet 2020.
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