Psychologie des foules et eugénique en Italie : une certaine idée du progrès social à la fin du xixe siècle
p. 133-146
Texte intégral
Naissance d’une science sociale
1La fin du xixe siècle a vu naître, en Italie et en France, une nouvelle science de la société. À l’occasion de la parution de la première édition de sa Psychologie des foules (1895), Gustave Le Bon s’en proclama implicitement l’inventeur, écrivant à la fin de l’introduction, « d’autres creuseront davantage le sillon. Nous ne faisons aujourd’hui que le tracer sur un terrain bien vierge encore1 ». Mais, à vrai dire, plus que dans un champ à défricher, il se situait dans un terrain déjà bien balisé.
2La psychologie des foules avait été formalisée dès la décennie précédente en Italie. En 1881, le juriste Enrico Ferri avait souhaité la naissance de la « psychologie collective ». Il considérait qu’entre la psychologie, qui étudie l’individu, et la sociologie, qui étudie la société dans son ensemble, la « psychologie collective » aurait focalisé son champ d’observation sur les rassemblements « plus ou moins provisoires : les voies publiques, les marchés, les bourses, les théâtres, les comices, les assemblées2 ». Dix ans plus tard, son élève Scipio Sighele3 donnait la première définition de la « psychologie des foules », conçue comme une branche de la « psychologie collective ». À ses yeux les foules portent au paroxysme ce caractère provisoire et accidentel d’une réunion d’êtres humains et sont régies par des lois propres, qui doivent faire l’objet d’études au sein d’une nouvelle science. Pour ces deux juristes, représentants de l’école positive de criminologie issue de l’anthropologie criminelle lombrosienne, l’urgence d’une telle discipline était dictée par une nécessité impérieuse (que Gramsci dans ses Cahiers de prison n’hésitera pas à définir comme une « obsession4 ») : contenir, comprendre, maîtriser, « les violences collectives de la plèbe5 ». Ainsi, malgré le titre quelque peu trompeur, en 1891 Sighele avait consacré sa Folla delinquente aux lois psychologiques qui gouvernent les foules, et pas seulement les foules criminelles. En outre, à la différence de Le Bon, il se déclarait redevable des recherches menées auparavant par Taine, Tarde et Lombroso, parmi d’autres.
3Indiscutablement, en Italie la psychologie des foules a été nourrie par le débat autour de l’eugénique6, commencé au sein des milieux positivistes, avant même que le néologisme eugenics ne fût inventé par Francis Galton, en 1883. Elle a fait siennes un certain nombre de propositions issues de ce débat et elle en a partagé, du moins en partie, l’idéologie sous-jacente. Ainsi, figures essentielles pour comprendre la naissance et la formalisation de la psychologie des foules en Italie dans la partie finale du xixe siècle, les deux juristes et sociologues Enrico Ferri et Scipio Sighele ont également, et l’on pourrait presque dire tout naturellement, pris part au débat qui a accompagné la diffusion de l’eugénique. Certes, les arguments qui en ont caractérisé la diffusion en Italie n’étaient pas les mêmes que ceux avancés par Galton dans Inquiries into Human Faculty and Its Developement7. Ce dernier évoquait une nouvelle science ayant pour but, « en particulier dans le cas de l’homme », de prendre en compte toutes les « influences qui tendent à donner […] la possibilité aux races et aux lignées les plus adaptées, de prédominer plus rapidement qu’elles ne l’auraient pu autrement sur les moins adaptées8 », en rattachant ainsi explicitement le terme eugenics à l’idée d’une « cultivation of race9 ». Alors que, pour les criminologues positivistes italiens, l’objectif mis en avant n’était pas principalement celui de faire prédominer une race, ou une lignée, sur une autre. Il s’agissait plutôt d’« améliorer » la société dans son ensemble, en excluant, pour la défendre, les êtres humains les plus dangereux qui la menaçaient : dans leur projet, défense de la société et progrès social apparaissaient ainsi indissolublement scellés. La notion de « criminel né », forgée par Lombroso, permettait justement de classer dans une catégorie anthropologique à part ces êtres humains porteurs d’un certain nombre de caractères physiques et psychiques déterminant leurs instincts « antisociaux », violents, criminels, innés et transmissibles héréditairement10. Mais, par-delà ces différences, et bien que le terme d’« eugénique » n’apparaisse que très rarement dans les écrits de la fin du xixe siècle en Italie, c’était bien l’élimination, et l’exclusion opérée « artificiellement » de la chaîne reproductive, des individus considérés comme incorrigiblement dangereux, qui étaient au cœur d’un certain nombre de propositions avancées. On peut dire ainsi qu’avant de devenir une discipline scientifique, l’eugénique a été, en Italie, en tout cas au sein de l’école positive de criminologie, une sensibilité, ou mieux, une manière de vouloir répondre à des préoccupations, ou à des obsessions, sociales. On retrouve notamment cette sensibilité eugénique dans la psychologie des foules, le plus souvent accompagnée des meilleures intentions : la défense sociale certes, mais aussi une volonté de valoriser politiquement les révoltes collectives d’ouvriers ou de paysans, et une plus grande équité dans les jugements des crimes commis lors de ces manifestations.
La psychologie des foules : une science eugénique, en théorie
La matrice socialiste de la psychologie des foules
4La psychologie des foules, telle qu’elle s’est constituée en Italie, ne peut pas être comprise sans prendre en compte sa matrice socialiste.
5Ferri, par ailleurs profondément influencé par la philosophie de Spencer, fut l’une des personnalités les plus importantes du mouvement socialiste italien de la fin du xixe siècle, pour lequel (en tout cas pour la grande partie de ses membres) le concept biologique d’évolution, transféré à l’histoire humaine économique et sociale, était central11. Dans Socialismo e scienza positiva (1894)12, il se revendique « Darwinien et Spencérien convaincu13 », s’érige contre le « socialisme utopiste », confus, romantique, sentimental, en un mot irréalisable, en faveur d’un socialisme « marxiste », « le seul qui ait une méthode et une valeur scientifiquement positives14 ». Pourtant, s’il évoque les concepts de « capitalisme », de « prolétariat » et de « révolution sociale », sa foi dans la pensée évolutionniste l’emportera. Il penchera toujours en faveur d’un socialisme (dont seules pourront jouir les générations futures) qui s’imposera en suivant la trajectoire lente, mais naturelle et inéluctable, de l’évolution humaine, celle « d’une prépondérance continue, progressive des intérêts et de l’utilité de l’espèce sur les intérêts et l’utilité de l’individu15 », au détriment de la stratégie de la « lutte de classes », qu’il validera en théorie, mais pas en pratique, car trop axée sur l’idée d’un changement violent et soudain, irréalisable et contre-nature à ses yeux. Bien que se revendiquant marxiste, son objectif était plutôt de démontrer que Marx « a complété, dans le domaine social, la révolution scientifique commencée par Darwin et par Spencer16 ». Ainsi, sans y voir de contradiction, tout en considérant d’un côté les différences physiques et intellectuelles entre les êtres humains comme innées, il dénonce, de l’autre, les injustices dont souffre une grande partie de la population, causées par le « monopole individuel de la richesse accumulable par transmission héréditaire » ou par la « fraude17 ». Quant au rapport de Sighele au socialisme, il en va autrement : si ses maîtres, Lombroso et Ferri, s’inscrivirent dès 1893 au PSI et s’y engagèrent activement, lui n’y adhérera jamais. Il fut pourtant profondément influencé par ce courant pendant sa période de formation, et les applications juridiques auxquelles aboutirent ses analyses des foules sont toujours restées cohérentes avec les principes du socialisme qui les avaient inspirées18.
Psychologie des foules et eugénique
6Mais, si les deux juristes ont indiscutablement perçu les aspects potentiellement progressistes, révolutionnaires19, des manifestations collectives de protestation, le présupposé à la base de la psychologie des foules révèle le danger que ces dernières représentaient, à leurs yeux, pour la société. La foule, étrange espace social caractérisé par la vacance de normes, tout en agissant, d’un côté, sur l’individu « honnête » en lui donnant une nouvelle force, mais aussi en faisant ressurgir les instincts ataviques foncièrement violents inhibés par le travail de polissage de la civilisation, attire fatalement, de l’autre, tous ces individus inassimilés et inassimilables, potentiellement dangereux, qui se servent des manifestations de foule comme d’un exutoire pour assouvir leurs instincts violents : les criminels et les « criminels nés » pour lesquels, selon les préceptes énoncés par Lombroso, le crime est une fatalité, un destin biologiquement hérité et transmissible par voie héréditaire. Faire de la foule un objet de science pour mieux la saisir et la comprendre avait alors un double objectif : contenir la violence inhérente aux manifestations collectives, et affranchir du joug de l’exploitation les classes inférieures, que l’on commençait à nommer, non plus seulement « peuple » ou « plèbe », mais aussi « prolétariat20 ». La foule en révolte constituait la partie la plus visible et inquiétante de ce « peuple », de ce « prolétariat », mais aussi la plus dense de potentiel politique puisqu’elle pouvait dévoiler au grand jour les injustices et les contradictions sociales. En 1892, Sighele, conscient que la violence de la foule en révolte était un cri de désespoir qu’il fallait traduire en langage rationnel, écrivait : « Il semble qu’elle veuille de temps en temps soulager, par un crime, tous les ressentiments que les douleurs et les injustices souffertes ont accumulés en elle21. »
7C’était donc afin d’éviter une répression aveugle des manifestations collectives de protestation que les deux juristes voulaient distinguer, avant de les séparer définitivement, deux catégories d’individus. Ceux qui avaient commis des crimes en foule sous l’effet aliénant du nombre, et ceux, la minorité, fatalement portés à commettre le mal. Afin de donner un rôle politique à cette « plèbe » souffrante qui réclamait justice, afin de transformer ses manifestations collectives, encore violentes et instinctives, en revendications rationnelles et politiquement intelligibles, ils jugeaient essentiel de neutraliser la minorité des êtres inassimilables et dangereux qui s’y infiltraient. C’est la raison pour laquelle, telle est l’hypothèse que nous suivons ici, les propositions relevant d’une « eugénique négative » venant de ces deux juristes formalisateurs de la psychologie des foules, ainsi que leurs résistances à les assumer pleinement, doivent être lues à la lumière de leur projet politique et social22. Ce projet est parfaitement cohérent avec un certain socialisme italien de la fin du xixe siècle, scientiste et paternaliste, dans lequel les foules, une fois éduquées, une fois leur violence contenue et, surtout, une fois délivrées des éléments dangereux, jouent un rôle essentiel, en tant que nouvel acteur politique.
Le difficile passage de la théorie à la pratique
Ferri : la morale contre l’argument scientifique
8Dans les écrits des deux dernières décennies du xixe siècle, Ferri a pris position à plusieurs reprises en faveur de certaines peines conçues comme des mesures sélectives à visée eugénique. Dans un article de 1883 déjà, « Educazione, ambiente e criminalità23 », il envisageait, pour les êtres humains « foncièrement mauvais, indisciplinés, incorrigibles, éternels récidivistes24 », l’exclusion définitive de la société, et de la chaîne reproductive, en les enfermant « dans un pénitencier ou un asile d’aliénés criminels25 », afin que ne se « propage pas leur malheureuse descendance26 ». Cette conception sélective de la peine, par ailleurs très répandue au sein de l’école positive de criminologie, est présente dans plusieurs de ses autres textes. Dans Sociologia criminale27 (1892) notamment, pour les « criminels nés », outre la « réclusion indéterminée28 », il envisage la déportation « avec des chances infimes de retour29 », comme le « meilleur moyen pour libérer la société des éléments les plus délétères sans obligation de les maintenir […] dans des pénitenciers cellulaires [sic]30 ».
9Pourtant, s’il est totalement favorable au principe sélectif des peines, il se montre, non pas opposé, mais réticent envers la « forme » que peuvent prendre certaines peines. Celles qui impliquent l’exclusion (par la stérilisation ou par l’interruption de la vie) de la chaîne reproductive et de la société en portant atteinte à l’intégrité du corps, à la chair des individus concernés. Si, théoriquement, il en accepte pleinement le principe, des freins, qui ne sont pas de nature théorique ou scientifique, l’empêchent encore de franchir le cap. Ainsi dans « Les anormaux. Ce que nous leur devons31 » (1899), il salue, tout en exprimant ses réserves, le projet de loi présenté (mais non ratifié) en 1897 dans l’État du Michigan sur l’« asexualisation des criminels32 » « condamnés pour la troisième fois » et des « personnes renfermées dans les asiles comme aliénés ou épileptiques », afin d’éliminer leur « aptitude à procréer33 ». Comme il l’écrit : « Tout en faisant mes réserves pour la forme de la mesure proposée, le principe n’est cependant que trop exact34. » Ce qu’il est intéressant de constater, c’est que Ferri n’explicite pas la nature de ses réserves. Il est plus exhaustif en revanche en ce qui concerne celles sur la peine de mort, qui avait été abolie en Italie dès 1890 avec le code Zanardelli35. En théorie, le principe sélectif qu’il défend, et qui opère également au cœur de ses analyses de la psychologie des foules, consiste effectivement à exclure, et à empêcher la reproduction, d’une minorité d’individus, pour le bien du plus grand nombre. Si, dans La Sociologie criminelle, il reconnaît que les causes de la criminalité, multiples et complexes, sont à rechercher principalement dans les disparités et les privilèges sociaux, que la « simplicité monosyllabique36 » de la peine de mort ne peut certes pas résoudre, il la prend néanmoins en considération comme une « mesure extrême et exceptionnelle37 » de « défense sociale38 ». Mais à la condition qu’elle soit réservée aux seuls « criminels nés » et non pas, précise-t-il, à tous ces « individus mal nés ou frappés de maladies incurables, ou antisociaux par leur idiotie, aliénation mentale, etc.39 ». Les « criminels nés » constituent, plus encore qu’un poids ou une charge, « un danger permanent pour la société, par eux-mêmes et par la transmission à leurs enfants de leurs instincts anti-sociaux40 ». Si cette proposition s’inspire bien du principe de la sélection naturelle qui s’opère « par la mort des individus moins aptes à la lutte pour l’existence41 », Ferri laisse néanmoins transparaître une hésitation, une réticence, ou une prise de distance, vis-à-vis de la peine capitale comme mesure de « sélection artificielle ». « Quoique vraie42 », cette loi sélective, constate-t-il, si elle était « portée dans le champ sociologique sans réserves43 », servirait « la prédominance exclusive de la race sur l’individu », et « des intérêts matériels sur les intérêts moraux44 ». Il est intéressant de remarquer que, si le fond de la position de Ferri ne change pas, l’expression « interessi morali » présente dans l’édition italienne, disparaît dans l’édition française. Peut-être le public italien était-il plus sensible à l’argument de la « morale » que le public français, qui se contentait de celui d’un « équilibre nécessaire entre les intérêts et droits de la collectivité et ceux de l’individu45 » ?
10Exclue du droit pénal par les représentants de l’école positive de criminologie en tant que notion métaphysique et remplacée par l’analyse du milieu, de la personnalité et de la psychologie du criminel « vivant et palpitant46 », la morale revient donc paradoxalement en force en tant que contre-argument au principe sélectif de la peine de mort. En effet, tel est le constat de Ferri, si l’on appliquait de façon inconditionnelle le principe de la « sélection artificielle », on rendrait nécessaire le meurtre de tous ces êtres humains faibles ou souffrant de maux incurables, mais non dangereux, ce qui serait moralement inacceptable. Et, même en acceptant l’idée que la seule efficacité de la peine de mort est d’arrêter la reproduction de la « race criminelle47 », écrit-il, « en Italie il faudrait exécuter au moins 1 000 individus chaque année48 », et donc mettre en place des « exterminations médiévales49 », ce qui est, « heureusement50 » ajoute-t-il dans l’édition italienne, « une véritable impossibilité morale en l’état actuel des opinions populaires51 ». Le mot « heureusement » révèle pleinement la contradiction dans laquelle Ferri se trouve, entre la validité théorique qu’il attribue au principe sélectif de la peine de mort et l’impossibilité de l’assumer, guidée par la « morale », notion que Ferri semble subir à défaut de l’analyser. Il est également intéressant de remarquer que ces deux dernières citations ne se retrouvent pas dans l’édition française. L’utilisation du terme « heureusement » (« per fortuna »), qui laisse transparaître le soulagement de Ferri, a disparu dans sa traduction française, tout comme l’évocation d’une « impossibilità morale ». Qu’il s’agisse d’une captatio benevolentiae à l’intention des lecteurs français, ou d’une certaine condescendance envers les lecteurs italiens, il en vient explicitement, dans les deux éditions, à se prononcer contre la peine de mort. Comme il l’écrit, « et puisque ce n’est pas moi certainement qui aurai le courage de demander le rétablissement de ces exterminations médiévales, ainsi je suis encore, par des considérations pratiques, un abolitionniste convaincu, surtout pour ces pays, comme l’Italie, où un courant plus ou moins artificiel et superficiel de l’opinion publique est vivement contraire à la peine capitale52 ».
Sighele : pris au piège de la métaphysique
11Si Scipio Sighele, face à la proposition de certaines mesures relevant de l’eugénique « négative », exprime moins de résistances que son maître, il ne peut néanmoins éluder un obstacle, justifié toujours par l’argument de la morale.
12À propos de la peine de mort, il se prononce en 1893, dans La Coppia criminale53, au terme d’un long raisonnement qui le conduit à approuver, théoriquement, la nécessité de celle-ci pour certaines catégories de criminels. Publié trois ans après La folla delinquente, ce nouvel ouvrage en conserve la thèse de fond. Le phénomène de l’imitation est déterminant pour comprendre la nature des crimes collectifs. Profondément inspiré par les théories de Gabriel Tarde, Sighele considère que ce phénomène, enclenché par une suggestion subie, est amplifié dans les foules, lorsque la proximité physique est extrême, rendant presque instantané l’échange des impressions et la contagion des émotions. Selon l’hypothèse avancée par Sighele, la suggestion et l’imitation constituent des éléments fondamentaux pour comprendre non seulement certains comportements violents des foules mais aussi le « crime à deux ». Sighele constate que les positivistes considèrent l’individu accomplissant des actes criminels « spontanément54 », en initiateur donc, plus dangereux que celui qui y prend part sous suggestion, mais la question qu’il soulève est la suivante : ce dernier « en est-il pour cela moins redoutable55 ? » La notion de « redoutabilité » (temibilità) est ici au cœur de son raisonnement. Cette notion, forgée par l’école positiviste de criminologie, permet en effet d’établir, à partir des facteurs anthropologiques, psychologiques, physiques et sociaux, la dangerosité d’un individu et la réaction que la société doit adopter à son endroit. Dangerosité non seulement, pour ainsi dire, objective, réelle et établie sur la base d’actes commis, mais aussi « virtuelle », « potentielle56 ». Si les positivistes considèrent (de façon erronée selon Sighele) le « criminel né », l’initiateur du crime, comme plus dangereux que son complice, qui l’a suivi, c’est parce que, tel est son argument, ils identifient la notion positiviste de « redoutabilité » avec celle, qui relève de la sphère morale, de « perversité57 ». Les deux concepts sont en vérité inconciliables. Le premier nie toute idée de libre arbitre et toute dimension morale, puisque c’est le milieu social dans lequel un individu a évolué et ce sont les « stigmates pathologiques58 » dont il est porteur, à son insu et contre son gré, qui font de lui un criminel. Le second, au contraire, qualifie chez un être humain son goût pour le mal, il est donc associé à l’idée de « méchanceté59 », notion morale s’il en est, puisqu’elle présuppose l’idée qu’un individu choisisse délibérément de faire le mal. La conclusion à laquelle parvient Sighele est que l’identification de la « redoutabilité » et de la « perversité » témoigne encore d’une conception morale, ou métaphysique, de la peine, selon laquelle on ne se défend pas d’un individu dangereux, mais on châtie un être humain que l’on considère comme « moralement méprisable60 ».
13À la fin de ce raisonnement, Sighele affirme que si l’on se libère de cette idée de « perversion », implicitement liée à celle de « méchanceté », et si l’on s’en tient froidement à la notion de « redoutabilité », alors le « fou criminel61 », pouvant se révéler dans certaines circonstances tout aussi dangereux que le « criminel né », doit lui aussi être puni par la peine capitale, même si on ne lui reconnaît pas de « perversité voulue62 ». On le voit, en disciple fidèle et plein de zèle63, Sighele veut aller plus loin que les positivistes, dont il fait partie, plus loin que son maître et professeur Ferri, qui est (entre autres) implicitement évoqué et critiqué dans le passage qui suit : « Pour un fou criminel […], aucun positiviste n’a eu le courage de proposer la peine de mort, que quelques-uns pourtant proposent pour les criminels nés64. » C’est bien Ferri qui dans Sociologia criminale a prôné la ségrégation à durée indéterminée pour les « criminels aliénés65 », mais n’a pas envisagé pour ces derniers la peine de mort.
14Cette réflexion conduirait donc Sighele, logiquement, à élargir la peine de mort aux « fous criminels ». Et, s’il va plus loin que les autres positivistes dans la théorie, il avoue, dans la pratique, « être le premier coupable de cette contradiction66 » car, écrit-il, non sans une certaine ironie : « Il faudrait être fou pour soutenir qu’il faut infliger aux fous le suprême châtiment67. » Tout en ouvrant théoriquement la voie à un élargissement de la peine de mort à d’autres catégories d’indésirables que les « criminels nés », Sighele s’avoue pris au piège d’une conception abstraite, métaphysique, morale, du crime, dont il souhaite pourtant libérer le droit pénal. Comme Ferri, il n’aura pas le « courage » de tirer les conclusions des théories qu’il défend quand elles s’opposent à des principes relevant de la sphère de la morale.
15Dans un texte postérieur, de 1911, Sighele se confronte à la question de la stérilisation, qu’il conçoit désormais, sans difficulté, comme une mesure de sélection artificielle indépendante de la peine, qui pourrait être élargie en tant que forme de « prévention sociale » à des individus souffrant de graves maladies transmissibles. Cette solution est mentionnée dans La crisi dell’infanzia e la delinquenza dei minorenni68, où il reproduit sa relation en tant que membre de la Commissione Reale per lo studio della delinquenza dei minorenni69 dont faisaient partie, entre autres, les féministes Ersilia Majno et Lucy Bartlett. L’objectif de la Commissione Reale, qui se voulait laïque et progressiste, était non seulement d’élaborer les réformes législatives nécessaires pour endiguer la délinquance des mineurs, mais aussi « de chercher et d’examiner les causes du phénomène pour ajouter au remède toujours tardif et souvent stérile de la répression70 » celui « plus prompt et plus fécond, de la prévention71 ».
16Bien que s’autodéclarant « adepte de l’école italienne d’anthropologie criminelle72 », Sighele est persuadé que les cas de « fatale tendance congénitale au crime73 », qui résisteraient à toute éducation et influence du milieu, sont « très rares74 ». Dès lors, les causes du comportement criminel d’un enfant relèvent, à ses yeux, dans la presque totalité des cas, d’une « faute sociale75 ». Persuadé qu’un enfant qui vole ne doit pas être puni, persuadé aussi que chercher les moyens pour le corriger est secondaire, c’est vers les adultes qu’il se tourne. Le centre de son argumentation réside dans l’idée que « tout enfant criminel n’est que la victime d’un délit que d’autres, avant, ont commis envers lui76 ». Mais, si la responsabilité de la criminalité infantile incombe donc tout d’abord à l’éducation donnée par les parents, ou, le cas échéant, à la société, des causes d’une autre nature existent aussi, celles « liées à l’hérédité physiologique77 ». Ce sont tout d’abord les « vices » et les maladies : « alcoolisme, syphilis, tuberculose, etc. – qui se transmettent par voie héréditaire […] et qui donnent naissance à des enfants faibles ou dégénérés78 ».
17Non sans émettre des réserves, Ferri avait salué en 1899 le projet de loi sur la stérilisation des criminels, ainsi que des aliénés et des épileptiques enfermés dans des asiles, présenté, mais pas adopté, dans le Michigan en mars 1897. Sighele lui fait écho, en 1911, lorsqu’il loue à son tour la première loi au monde adoptée dans l’Indiana, en mars 1907, sur la stérilisation contrainte « pour les criminels incorrigibles, les idiots et les fous, après l’avis d’un conseil de médecins79 ». Mais, s’il considère la castration comme le « remède sûr et héroïque80 », de même que son maître, il n’assume pas sa prise de position jusqu’au bout. En effet, aussitôt cette loi évoquée, il fait un pas en arrière. S’il n’exprime pas explicitement de réserves, il trébuche aussitôt sur l’obstacle, se reprend, éprouvant le besoin de préciser qu’il ne fait que la mentionner, qu’elle ne vient pas de lui, qu’il ne citera pas « les noms de ceux qui la soutiennent81 », et surtout qu’il ne donnera pas son avis (ce que précisément il vient de faire) : « Ce n’est pas mon devoir de discuter ces idées, ni d’exposer mon opinion sur ce sujet82. »
18Reste à comprendre d’où viennent les freins, pour Ferri, à assumer pleinement l’élimination ou l’exclusion de la chaîne reproductive opérée artificiellement lorsqu’elle porte atteinte à l’intégrité du corps. Réticences dont son disciple, qui appartient déjà à une nouvelle génération, ne peut encore totalement s’affranchir. En tout état de cause, si les deux juristes italiens ne peuvent les justifier théoriquement, ils en appellent étrangement à la dimension morale, qui devait être exclue selon eux du droit pénal. S’agit-il d’une contradiction personnelle, d’une tension entre la volonté sincère de proposer certaines peines sélectives relevant d’une eugénique « négative » et d’un attachement à des « vieux préjugés » métaphysiques ou religieux, encore trop difficiles à surmonter ? Ou alors, cet embarras ne serait-il qu’extérieur, ne viendrait-il que de la peur de troubler les lecteurs, italiens en particulier, que l’emprise de la religion rendrait incapables d’accepter de telles mesures – fussent-elles nécessaires au progrès social – en cet inquiet tournant du siècle ?
Notes de bas de page
1Le Bon Gustave, Psychologie des foules, Paris, Alcan, 1895, p. 10, [https://fr.wikisource.org/wiki/Psychologie_des_foules].
2Ferri Enrico, I nuovi orizzonti del diritto e della procedura penale, Bologne, Zanichelli, 1884 (1881), p. 351, no 1 (pour la citation nous avons suivi la seconde édition, mais la même phrase se retrouve dans l’édition de 1881).
3Ferri (1856-1929) fut le professeur de Sighele (1868-1913) à la faculté de droit à Rome, c’est sous sa direction que ce dernier, en 1890, obtint son diplôme de fin d’études avec une tesi di Laurea sur le rôle de la complicité dans les crimes.
4Commentant le livre de Sighele Scipio, Morale privata e morale politica (1913) Gramsci écrivait, « le livre peut servir d’élément pour comprendre les rapports qui ont existé dans la décennie 1890-1900 entre les intellectuels socialistes et les positivistes de l’école lombrosienne, obsédés par le problème de la criminalité ». Gramsci Antonio, Quaderni del carcere, vol. 1, cahier 3, Turin, Einaudi, 2007 (1975), p. 327 (je souligne).
5Sighele Scipio, La folla delinquente, Turin, Bocca, 1891, fut publié en français l’année suivante : La foule criminelle. Essai de psychologie collective, trad. Paul Vigny, Paris, Alcan, 1892, p. v (pour les citations nous suivons l’édition française).
6Dans le sillage des travaux de Claudia Mantovani et de Francesco Cassata, nous privilégierons le terme d’« eugénique » plutôt que celui d’« eugénisme ». Comme l’écrit ce dernier, « le mot anglais est traduit en italien par “eugenica” ou “eugenetica”. Historiquement, la première acception est la plus correcte, puisqu’elle traduit de façon littérale l’anglais eugenics et est sans doute plus utilisée par les sources, du moins jusqu’aux années soixante ». Cassata Francesco, Molti, sani e forti. L’eugenetica in Italia, Turin, Bollati Boringhieri, 2006, no 2, p. 9 (sauf indication contraire, les traductions sont de nous).
7Galton Francis, Inquiries into Human Faculty and Its Developement, Londres, Macmillan, 1892 (1883), p. 17, no 1 [http://galton.org/books/human-faculty/text/human-faculty.pdf].
8« Especially in the case of man, takes cognisance of all influences that tend in however remote a degree to give to the more suitable races or strains of blood a better chance of prevailing speedily over the less suitable than they otherwise would have had », ibid., no 1, p. 17.
9Ibid.
10La célèbre catégorie de « criminel né » (delinquente nato) a été forgée par Lombroso à partir de sa propre interprétation de l’hypothèse biologique de l’« atavisme », élaborée par Darwin dès L’origine des espèces. Pour ce dernier l’atavisme indiquait une « variation » (et non pas un phénomène de dégénérescence comme le prétendait Lombroso) se manifestant, chez certaines races d’animaux, sous forme de réapparition d’un caractère anatomo-physiologique très ancien et désormais perdu, qui se trouvait jusque-là à l’état latent. Or, Lombroso, en élargissant la signification de l’hypothèse biologique de l’« atavisme » à la psychologie et à la morale, considérait que certains caractères – anatomiques, biologiques et psychiques – présents chez les ancêtres de l’homme, et naturellement associés à de manifestations violentes et criminelles, réapparaissaient parfois chez certains êtres humains, et étaient la cause de leur comportement violent et criminel. Pour une reconstruction et analyse de la catégorie lombrosienne de « criminel né » voir, entre autres, Montaldo Silvano, « Le début de la pensée raciste de Lombroso (1860-1871) » et Tabet Xavier, « “Costrutto diversamente dagli altri” : criminalité, atavisme et race chez Lombroso », in Aurélien Aramini et Elena Bovo (dir.), La pensée de la race en Italie. Du romantisme au Fascisme, Besançon, PUFC, 2018, p. 87-119.
11Sur l’influence du positivisme scientiste dans le socialisme italien de la fin du xixe siècle voir Bosc Olivier, « Eugénisme et socialisme en Italie autour de 1900. Robert Michels et l’“éducation sentimentale des masses” », Mil neuf cent, no 18, 2000, p. 81, [http://www.persee.fr/doc/mcm_1146-1225_2000_num_18_1_1221]. Pour une analyse de l’influence de la pensée de Spencer en Italie à la fin du xixe siècle, et dans le « socialisme scientifique » de Ferri en particulier, voir Beck Naomi, « Enrico Ferri’s Scientific Socialism: A Marxist Interpretation of Herbert Spencer’s Organic Analogy », Journal of the History of Biology, été 2005, vol. 38, no 2, p. 301-325, [https://0-www-jstor-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/stable/4331946].
12Ferri Enrico, Socialismo e scienza positiva (Darwin-Spencer-Marx), Rome, Casa editrice italiana, 1894, p. 9. Le livre fut traduit en français dès 1896, Socialisme et science positive (Darwin-Spencer-Marx), Paris, V. Giard et E. Brière (pour les citations nous suivons l’édition française).
13Ibid., p. 9.
14Ibid.
15Ibid., p. 122.
16Ibid., p. 89.
17Ibid., p. 22.
18Rappelons d’ailleurs que si, au début du xxe siècle, Sighele fut l’un des représentants du mouvement nationaliste italien, il démissionna du rôle de membre du Comité Central à cause de la tournure anti-démocratique, réactionnaire et antisémite que le mouvement prenait à ses yeux. Cf. Sighele Scipio, « Il partito dei reduci », La Tribuna, 13 avril 1912.
19Ferri et Sighele avaient une conception pour le moins abstraite et idéalisée de la « révolution », qui était totalement cohérente avec leur idée de l’« évolution ». Pour la comprendre, il faut se référer à la distinction que Ferri a établie entre la « révolte » et la « révolution ». Si la « révolution » constitue l’accomplissement d’un processus naturel, « la période critique et décisive, plus ou moins prolongée, d’une évolution arrivée à son terme » (Socialisme et science positive, op. cit., p. 128), la « révolte » est caractérisée par un accès de violence collective, et toujours le symptôme d’une « pathologie sociale » (ibid., p. 129). Cette distinction avait déjà été ébauchée par Lombroso et Laschi, Il delitto politico e le rivoluzioni, Turin, Bocca, 1890, p. 31-38.
20Sighele Scipio, La foule criminelle, op. cit., p. 86 ; Ferri Enrico, Socialisme et science positive, op. cit., p. 53.
21Ibid., p. vi.
22Paul-André Rosental critique un modèle interprétatif, défendu entre autres par Marius Turda et Aaron Gillette, qui oppose un « eugénisme négatif » à un « eugénisme positif ». Le premier – qui aurait pour but d’éliminer de la chaîne reproductive certaines catégories de personnes considérées comme inadaptables à la société – serait plutôt propre aux États-Unis, aux pays germaniques et anglo-saxons. Le second, se serait développé dans les pays latins, notamment en Europe méridionale et en Amérique du Sud. Il serait caractérisé par des mesures d’hygiène sociale, des initiatives éducatives et assistancielles, compatibles avec les principes de l’Église catholique, dans le but d’améliorer la qualité de la population. Paul-André Rosental constate que « l’historiographie, surtout lorsqu’elle s’intéresse aux pratiques, suggère les limites d’une dichotomie entre un monde latin préventif et environnemental et un monde nordique héréditariste et punitif » (Rosental Paul-André, Destins de l’eugénisme, Paris, Seuil, 2016, p. 31). Les propositions relevant d’une eugénique « négative », avancées par Ferri et Sighele entre la fin du xixe siècle et la première décennie du xxe, montrent combien cette dichotomie est en effet « idéelle ». Sur les raisons d’une prise de distance par rapport à une conception dichotomique qui oppose une eugénique germanique-anglosaxonne « négative » à une eugénique latine « positive », voir aussi Montaldo Silvano, « Eugenica “latina”? Criminologia e sterilizzazioni femminili in Italia a fine ’800 », Presente. Rivista di storia contemporanea, no 104, mai-août 2018, p. 19-22.
23Ferri Enrico, « Educazione, ambiente e criminalità », Archivio di Psichiatria, 4, 1883, p. 26-43.
24Ibid., p. 31.
25Ibid.
26Ibid.
27Ferri Enrico, Sociologia criminale, terza edizione completamente rifatta dei Nuovi orizzonti del diritto e della procedura penale (1881), Turin, Bocca, 1892, [https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/bpt6k69539s/f46.item]. Le texte fut traduit en français dès l’année suivante par Ferri lui-même : La Sociologie criminelle, Paris, Rousseau, 1893, [http://classiques.uqac.ca/classiques/ferri_enrico/sociologie_criminelle/socio_criminelle.html]. Pour les citations de ce texte, nous suivons l’édition française, quand elle est identique à l’italienne. Dans le cas contraire, afin de mettre en lumière certaines différences significatives entre les deux éditions, nous faisons référence à l’édition italienne.
28Ferri Enrico, La Sociologie criminelle, op. cit., p. 536.
29Ibid., p. 537.
30Ibid.
31Ferri Enrico, « Les anormaux. Ce que nous leur devons », Revue des revues, 15 février 1899, p. 369-377.
32Ibid., no 1, p. 377.
33Ibid.
34Ibid.
35Le code Zanardelli entra en vigueur le premier janvier 1890. Rappelons qu’avec ce code la peine de mort n’était pas totalement éliminée en Italie, elle était encore prévue dans le code pénal militaire, auquel le gouvernement eut recours dans des cas exceptionnels, notamment la révolte des Fasci de 1894 ou les Moti di Milano de 1898. Sur ce point voir Caravale Mario, « Pena senza morte », dans Questione giustizia, 2008, p. 61, [https://scritticaravale.weebly.com/uploads/5/9/4/8/5948821/10_caravale_scritti.pdf].
36Ferri Enrico, La Sociologie criminelle, op. cit., p. 530.
37Ibid., p. 529.
38Ibid., p. 527.
39Ibid., p. 529.
40Ferri Enrico, Sociologia criminale, op. cit., p. 723, je souligne. Cette phrase n’est pas présente dans la traduction française.
41Ferri Enrico, La Sociologie criminelle, op. cit., p. 528.
42Ibid., p. 529.
43Ibid.
44Ferri Enrico, Sociologia criminale, op. cit., p. 724.
45Ferri Enrico, La Sociologie criminelle, op. cit., p. 529.
46Ibid., p. 569.
47Ibid., p. 534.
48Ibid., p. 531.
49Ibid., p. 534.
50Ferri Enrico, Sociologia criminale, op. cit., p. 729, je souligne.
51Ibid., je souligne.
52Ferri Enrico, La Sociologie criminelle, op. cit., p. 534, je souligne. Cette phrase est présente, quasi à l’identique dans l’édition originale italienne, Sociologia criminale, op. cit., p. 731.
53Sighele Scipio, Coppia criminale. Studio di psicologia morbosa, Turin, Bocca, 1893. Traduit en français la même année : Le crime à deux. Essai de psychologie morbide, trad. Vincent Palmet, Lyon/Paris, Storck/Masson, 1893 (pour les citations nous suivons l’édition française).
54Ibid., p. 157.
55Ibid., p. 156.
56Sur l’introduction et la conception de la notion de temibilità dans l’école italienne, voir Gridelli Velicogna Nella, « Scipio Sighele e la scuola positiva » in Emilio R. Papa (dir.), Il positivismo e la cultura italiana, Milan, Franco Angeli, 1985, p. 427-415.
57Sighele Scipio, Le crime à deux. Essai de psychologie morbide, op. cit., p. 156.
58L’expression est de Foucault Michel, « L’évolution de la notion d’“individu dangereux” dans la psychiatrie légale », in Déviance et société, Genève, vol. 5, no 4, 1981, p. 413, [https://www.persee.fr/doc/ds_0378-7931_1981_num_5_4_1098].
59Sighele Scipio, Le crime à deux. Essai de psychologie morbide, op. cit., no 1, p. 156. Le mot utilisé par Sighele dans l’édition italienne est « malvagità ».
60Ibid.
61Ibid. Dans son raisonnement, Sighele conçoit le « fou criminel » (« pazzo delinquente ») comme le complice dans un crime à deux, il agit sous l’influence de son partenaire.
62Ibid., c’est Sighele qui souligne.
63Quand il publie La coppia criminale, Sighele n’a que 25 ans.
64Sighele Scipio, Le crime à deux. Essai de psychologie morbide, op. cit., no 1, p. 156, je souligne.
65Ferri Enrico, La sociologie criminelle, op. cit., p. 524.
66Sighele Scipio, Le crime à deux. Essai de psychologie morbide, op. cit., no 1, p. 156.
67Ibid., je souligne.
68Sighele Scipio, La crisi dell’infanzia e la delinquenza dei minorenni, Florence, La Rinascita del Libro/Quattrini, 1911.
69Cette commission avait été instituée, sous proposition du ministre Orlando en 1909, par Victor-Emmanuel III avec l’objectif d’étudier les causes de l’augmentation de la criminalité juvénile et de proposer des reformes législatives afin d’y remédier. Enrico Ferri et Scipio Sighele en faisaient partie.
70Sighele Scipio, La crisi dell’infanzia e la delinquenza dei minorenni, op. cit., p. 21.
71Ibid.
72Ibid., p. 24.
73Ibid.
74Ibid.
75Ibid.
76Ibid., p. 84, c’est Sighele qui souligne.
77Ibid., p. 78.
78Ibid.
79Ibid., p. 87.
80Ibid.
81Ibid.
82Ibid., p. 88.
Auteur
Université de Franche-Comté, Besançon.
Elena Bovo est maître de conférences HDR à l’université de Franche-Comté, Besançon. Son dernier livre : Pensée de la foule, pensée de l’inconscient. Généalogie de la psychologie des foules (1875-1895), Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2021.
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