Chapitre XIV. Sortir du cloître
L’action des communautés hors institution et l’accueil de nouveaux publics
p. 291-300
Texte intégral
1Les recherches lancées en 1969 prévoient une autre forme de présence des religieuses. Trait commun aux expériences envisagées et réalisées : « sortir » de la « maison internat ». Première option : dissocier vie communautaire et lieu de travail, soit en créant des communautés externes d’où l’on viendrait travailler au centre éducatif, soit en envisageant que des religieuses vivent dans la maison-communauté, mais travaillent hors de l’institution du Bon-Pasteur dans une tâche proche de la fonction éducative qu’elles remplissaient jusque-là, ou dans des activités complètement différentes. Deuxième option : créer de petites communautés nouvelles de religieuses aux activités diverses.
Créer de petites communautés
2Cette diversité des activités s’inscrit-elle dans le « charisme » de la congrégation ? Ces communautés seront-elles constituées de religieuses se regroupant par affinités personnelles, ou bien missionnées par la congrégation ? De quoi vivront-elles ? Se pose dès lors la question du salariat (et de ses rapports avec la situation de religieuse), du syndicalisme1. Dans cette démarche, les choix individuels jouent un rôle important2. Ces communautés ne sont-elles pas, pour des religieuses mal à l’aise dans la congrégation, la possibilité de retrouver un rôle qui les satisfasse, à moins qu’on y voie le regroupement des tempéraments difficiles3 ! Et si les personnalités sont fortes, ces communautés peuvent-elles durer, se renouveler ? Les religieuses du Bon-Pasteur découvrent qu’elles peuvent jouer un rôle dans les diocèses où elles sont implantées (et avec lesquels elles avaient jusque-là des rapports assez formels et distants)4 : en 1978, le chapitre provincial de Strasbourg relève un intérêt dans toutes les communautés pour les églises locales, « dimension relativement nouvelle pour nous5 ». Au fil des années, la clôture disparue, des religieuses valides découvrent également le rôle du bénévolat social ou ecclésial6. Ces multiples questions se retrouvent alors dans toutes les congrégations, comme le décrit l’enquête du père Luchini en 19737.
3Des religieuses font individuellement le choix d’une activité extérieure salariée8. Dès février 1970, le Conseil interprovincial de France (CIF) accepte deux demandes pour un travail salarié auprès de jeunes, hors Bon-Pasteur : « ceci sera fait à titre d’expérience et de recherche et présenté comme tel aux intéressées ». En juin 1971, la question est reposée à l’initiative de la provinciale de Strasbourg qui aimerait faire faire à une religieuse une expérience de travail salarié. Le CIF estime qu’« il faudrait procéder par étapes en insérant dans le monde du travail quelques sœurs rattachées cependant à une communauté traditionnelle du Bon Pasteur ». La supérieure générale donne son avis début 1972 : « si ce travail va dans le sens de notre œuvre apostolique, les provinciales doivent simplement en informer le conseil, pour tout autre travail, soumettre le projet à l’assistante générale chargée de la France ». Ce n’est pas sans susciter des questions : en septembre 1974, au conseil provincial de Lyon, « une sœur fait remarquer qu’il est difficile d’accepter que les forces vives travaillent en ville9 ». L’apparition des petites communautés offrait de nouvelles perspectives sur le travail salarié.
Se tourner vers les marginaux
4La réflexion sur ces petites communautés (on parlera plutôt de « fraternités » à partir de 197610) se fait dans deux structures de réflexion : la commission interprovinciale d’étude, qui y réfléchit en mars 1971, et parallèlement, au Comité apostolique, qui rassemble les récits sur une vingtaine d’expériences de communautés de ce type dans d’autres congrégations. En octobre 1971, le CIF « prend conscience de l’attente des Jeunes pour une “création de communauté sans œuvre” » et accepte cette formule. La démarche se met en route lentement : nouveaux questionnaires aux communautés et aux religieuses (1972), ébauche d’un projet précis à partir d’octobre 1972 qui se porte sur une action auprès des femmes prostituées, autorisation du conseil général en janvier 1973, et enfin, installation d’un groupe de cinq religieuses rue Pigalle à Paris11. L’expérience est présentée au chapitre général de 1973 :
« Nous essayons d’être une présence à celles qui sont méprisées et rejetées parce que prostituées et la présence eucharistique dans l’Oratoire de la Fraternité est le signe privilégié de cette volonté de présence rédemptrice. La communauté veut aussi vivre le partage en adoptant les conditions de vie de tous par notre travail dans le quartier même, en étant accueillante aux rencontres quotidiennes […]. Nous ne souhaitons pas être rattachées spécifiquement à une vie paroissiale et nous tenons à être libre de tout engagement qui nous lierait à des organes judiciaires12. »
5Ces nouvelles orientations, présentées comme en lien avec la mission apostolique de la congrégation, sont pourtant source de dissensions. Dans la province du Nord-Est, quatre communautés citent des publics nouveaux, mais sans que des projets aient été lancés, et la séparation entre vie communautaire et action apostolique reste objet d’« options fondamentalement différentes », un euphémisme qui signale un profond désaccord. D’ailleurs, la provinciale d’Angers, mère Luc Buschinger, qui avait soutenu le projet de Pigalle, n’est pas réélue pour cette raison13. Elle explique que cette nouveauté, encouragée par la supérieure générale, ne s’est pas faite sans souffrance : « on se sentait mise hors congrégation14 ». Sœur Odile Laugier commente : c’était un acte courageux, « on décapitait quatre maisons pour envoyer quatre sœurs vivre en appartement15 ». Une des protagonistes, sœur Magdalena Franciscus, évoque une expérience dure mais extraordinaire : « il y avait quelque chose de la première communauté chrétienne qui se vivait en ce moment-là16 ».
6Malgré cette réticence dans la province d’Angers, un autre projet apparaît à Bordeaux en octobre 1973, à la demande d’un éducateur de rue de garçons qui souhaite aussi une action auprès des filles17 : cinq religieuses, logées en HLM, cité du Parc, mènent un travail auprès de jeunes, de personnes droguées, de « Gitans ». L’évêque demande ensuite une participation à la catéchèse en collège. À peu près à la même date, dans la province de Strasbourg, apparaît près de Reims la communauté de Saint-Thierry, « renouvellement d’une implantation ancienne » : neuf religieuses, dont sept salariées, dans le secteur social. Cinq le sont dans l’ancien établissement du Bon-Pasteur18. Une fraternité est constituée en 1975 à l’Ousse-des-Bois (Pau), dans un quartier pauvre de Portugais immigrés, à la demande du vicaire général. Au même moment, est mise en place la fraternité d’Orléans, à la suite de la fermeture de l’établissement et à la demande de l’évêque, dont des membres s’occupent des hommes sortant de prison. En 1974, on signale aussi une fraternité à Arras, là aussi, après la fermeture de la maison. L’idée d’une rencontre nationale entre ces diverses communautés19 est écartée par la provinciale d’Angers en février 1974, jugée prématurée. La province de Lyon est plus réticente : une proposition (septembre 1973) d’une fraternité intégrant des religieuses du Bon-Pasteur mais aussi d’autres congrégations, auprès de personnes handicapées suscite de multiples débats, des hésitations, et de vives oppositions (projet de Cluzel)20. Dans cette province plus âgée, et où les centres éducatifs sont encore nombreux, le premier projet de fraternité n’apparaît qu’en décembre 1976 et commence à fonctionner en 1977 à Villeurbanne21.
7Le mouvement s’étend en se diversifiant. Au départ, les religieuses éducatrices sont très présentes, mais vite rejointes par d’autres, qui y trouvent une place comme « maîtresse de maison » ou dans l’action sociale vers des types divers d’exclusion, notamment les populations immigrées. La demande des diocèses est également insistante, et ne peut être toujours satisfaite22. Mais à Angoulême, Strasbourg, dans des diocèses où elle était présente depuis longtemps, la congrégation accepte des implantations pastorales et sociales. Sans qu’une césure soit nettement marquée, on note que dans les premières implantations les religieuses salariées sont nombreuses et fréquent l’engagement vers des groupes défavorisés, et que dans les suivantes, les engagements sont plus divers, tournés vers les personnes âgées, les jeunes, le voisinage, les paroisses.
Tableau 12. – Communautés hors Bon-Pasteur : lieux d’implantation, date d’activités, type d’action, variations du nombre de religieuses.
Lieu | Ouverture | Fermeture | Type d’activité | Nombre de religieuses |
Paris, rue Pigalle puis rue Saint-Denis (1986) | 1972 | 1998 | Présence quartier prostitution | 5 |
Bordeaux | 1973 nov. | 1983 | Présence quartier populaire | 5, 2 |
Saint-Thierry | 1973 sept. | 1985 | Salariées secteur éducatif | 9-6, 3 |
Ousse-des-Bois | 1975 janv. | 1989 | Présence quartier défavorisé | 3, 2, 3, 4 |
Orléans | 1975 | 1994 | Travail social salarié | 5, 3 |
Villeurbanne | 1977 | Quartier populaire et gens du voyage | 4 | |
Perpignan | 1976 mars | 1982 mars | Pastorale | 3 |
Arras | 1975 | 1978 | Salariées | 4 |
Paris, rue Curial | 1979 | Social et paroisse | 3, 5 | |
Grenoble, quartier Saint-Maurice | 1987 sept. | 1998 | Pastorale | 4, 5, 3 |
Bischeim (Strasbourg) | 1991 | HLM, activités diverses | 4 | |
Angoulême | 1989 | Pastorale et sociale | 5 | |
Marseille, quartier Saint-Joseph | 1984 | 1988 | Pastorale | 4 |
Cholet, quartier Bonnevay | 1984 | 2005 | Responsables d’un hébergement, vivant en HLM | 5 |
Agnos (Pau) | 1987 | Pastorale | ||
Angers, cathédrale | 1987 | Pastorale | 3 |
8Les responsables de la congrégation sont partagées. On souhaite « interroger les communautés [hors institution] sur leur projet, en vue de les obliger à se définir23 ». Devant la « diversité des situations vécues », on pose la question : « Quel est le point commun qui nous rassemble24 ? » Des inquiétudes se font jour qui invitent à une position conservatrice, à travers les mots de la provinciale d’Angers : « Si quelques points apostoliques en plein monde sont indispensables aujourd’hui à la vie d’une congrégation comme la nôtre, il n’en reste pas moins que nous avons une question de proportion à respecter si nous ne voulons pas perdre la cohésion du corps religieux que nous constituons. Il est des Congrégations (ne sommes-nous pas de celles-là ?) où l’Institution est tellement liée à l’intuition spirituelle du Fondateur, qu’on ne peut pas toucher à l’Institution sans, du même coup, porter atteinte au charisme. Dans la Province, nous avons, vraisemblablement, atteint la proportion possible25. » Du côté de Rome, on s’inquiète un peu lors d’une rencontre des provinciales francophones en 197626. Les formes nouvelles d’apostolat sont « recommandables », mais les « formes traditionnelles [sont] loin d’être éliminées27 ». Cependant, le nombre de religieuses concernées est limité : en 1984, elles sont 28 (dont 17 de moins de 60 ans), alors qu’il y en a 99 dans les communautés responsables d’une institution28.
9D’un autre côté, tout en réaffirmant que le choix d’un envoi dans ces fraternités revient à la congrégation et non à une décision individuelle, on sait bien que certaines religieuses ne peuvent trouver leur place qu’au sein de ces projets29, comme le constate le conseil provincial à Orléans en 1988 : en maintenant « un espace de liberté pour que la communauté soit viable. […] cette communauté permet à des personnalités particulières de vivre au mieux30 ». Pour certaines, la communauté est une « recherche », mais aussi parfois une étape avant une sortie des ordres. La création de ces communautés s’accompagnait du travail salarié d’une majorité des participantes, mais le vieillissement des religieuses (et le développement du chômage) évacue progressivement le salariat, au profit d’un bénévolat à plein-temps. Préparant le chapitre de 1981, la Fraternité de Bordeaux s’interroge : « Les fraternités hors-institutions ont-elles été créées ad experimentum ? Si oui, quel bilan fait-on, quel avenir leur donne-t-on, compte tenu de leur moyenne d’âge31 ? » Comme l’écrit la provinciale en présentant la communauté d’Agnos, c’est « un signe d’espérance apostolique pour des sœurs d’un certain âge32 ».
Retour vers l’accueil des femmes
10Lors de la fermeture de la maison de Lourdes, en 1969, les religieuses de l’établissement envisagent un projet d’accueil de majeures en difficulté, ou un foyer de dépannage pour mères célibataires. Serait-ce pris en charge par la DDASS33 ? Cela n’a pas de suite, mais on maintient à Lourdes un petit groupe de religieuses qui, quelques années plus tard, accueillent des jeunes filles en situation de handicap travaillant dans le centre d’aide par le travail (CAT) installé dans les locaux du Bon-Pasteur : c’est le foyer Hautacam (1976). Dans les projets de la synthèse de mai 1970, il y a des « services de dépannage » s’adressant à « nos anciennes » mais aussi « à toutes jeunes filles et jeunes femmes en difficulté momentanée34 ». En octobre 1974, la provinciale d’Angers évoque un projet du ministère de la Justice concernant la prise en charge de foyers de majeures pénales35. La même provinciale (sœur Andrée Maisonnave), au chapitre de 1975, signale des propositions de religieuses pour « des foyers d’accueil, de dépannage pour les marginaux de plus en plus nombreux dans notre société, femmes et enfants chassés de leur foyer, étrangers, sortants de prison, accueil de ceux et celles qui ne trouvent plus de sens à leur vie par suite de dépression, de drogue ou de découragement dans la solitude ». Ces personnes viendraient librement (à la différence des filles), toutes les religieuses valides pourraient y participer. La question du financement est évoquée, pouvant être résolue par le travail rémunéré de certaines religieuses. La provinciale trouve même dans le « Règlement administratif du ministère de l’Action sociale » de novembre 1974 une ouverture vers ce type d’action, pouvant être prise en charge par un prix de journée ou des subventions municipales. Elle estime que ce projet est « en concordance étroite avec l’intuition première du Bon-Pasteur ». On apprend, au cours du chapitre que « nos sœurs [de Cholet] sont en train de mettre en place un petit dépannage en collaboration avec la mairie ». Ce type d’activité permettait de réaliser les objectifs apostoliques de la congrégation (accueil des plus pauvres), d’employer les religieuses de toute formation et de tout âge, et d’utiliser les locaux en train de se vider. Cet accueil permet aussi, après l’élargissement au nom du pluralisme, des objectifs de la congrégation, de préparer un recentrage vers les femmes, qui s’effectuera au chapitre de 1984 : « Notre apostolat s’adresse en priorité aux jeunes filles et femmes atteintes dans leur dignité. » Le chapitre de France s’explique sur son ajout : « En priorité pour bien redéfinir notre apostolat spécifique sans le fermer à d’autres appels36. »
11L’hébergement de femmes et d’enfants à Annonay s’était greffé sur la maison, à partir de 1972, mais n’avait pas été très soutenu par la provinciale. C’est en réponse à une demande extérieure que nait l’hébergement de Bastia. La demande de la DDASS, dès 1976, d’un foyer d’hébergement post-pénal est acceptée par la congrégation en 197737 (avec femmes et enfants en 1981), mais disparaît en 1984.
12Les chapitres de 1978 reviennent sur ces projets. À Angers, on se félicite de ces créations qui « nous ont permis de vivre les jours heureux des origines où tout est attendu de la Providence ; elle n’a jamais manqué38 ». À Lyon on manifeste plus d’inquiétude. D’une part, la provinciale témoigne de son empathie avec le projet : « L’une d’entre nous a-t-elle rêvé en proposant de tout recommencer par nous-mêmes à une petite échelle, de poursuivre notre mission avec des moyens pauvres, délivrées enfin de l’appareil administratif et financier qui nous écrase. » D’autre part, elle explique que, légalement, il est impossible d’avoir un hébergement sans autorisation, de se tirer d’affaire sans prix de journée. « Angers et Cholet ont débuté empiriquement leur hébergement et ont dû se soucier ensuite de se faire agréer par le Département39. » C’est finalement dans la province d’Angers que les hébergements sont créés, c’est-à-dire dans la province la plus jeune (relativement) où des religieuses sont encore disponibles et actives : en 1985, la moyenne d’âge des responsables d’hébergement est de 59 ans. Dans les autres provinces, on a surtout le souci d’héberger les religieuses âgées. À Valognes, on héberge des femmes handicapées mentales. À Angers-Nazareth, au sein de la communauté de Ruhama, vivent en commun (travail, prière) des religieuses et des « compagnes », des femmes en situation difficile.
⁂
13En 1990, le chapitre provincial est l’occasion de faire un bilan40. La provinciale souligne « la diversité des engagements apostoliques de la Province ». Réelle si l’on compare à la situation vingt ans plus tôt, mais vue de l’extérieur, cette diversité n’est que relative, et s’organise autour de deux pôles. L’un est plutôt spécifique, l’accueil des femmes en difficulté, gardant occupés quelques-uns des vastes bâtiments hérités. L’autre est commun à toutes les congrégations apostoliques vieillissantes : l’accompagnement au quotidien des activités pastorales et sociales grâce aux petites communautés dispersées, et l’accompagnement du vieillissement des religieuses dans des maisons adaptées. Chaque engagement, poursuit-elle, est « particulier et complémentaire » : une nouvelle formule pour évoquer le « pluralisme » si débattu ?
14Il est sûr que l’inéluctabilité du vieillissement explique la difficulté à faire vivre les nouveautés imaginées en 1970. On peut aussi se demander si les réticences à renoncer à la rééducation des filles n’ont pas retardé des recherches plus audacieuses. Jusqu’où pouvait-on, sans avoir l’impression de trahir, réinterpréter l’héritage des fondateur-fondatrice ?
Notes de bas de page
1Des réunions de religieuses salariées sont organisées, le Comité d’études et recherche aborde la question. La doctrine sociale de l’Église hautement affirmée alors lie salariat et syndicalisation.
2En janvier 1972, à propos d’une religieuse au travail, le conseil provincial de Lyon estime que « ce n’est pas une avancée apostolique, mais une expérience pour essayer de résoudre un cas personnel ». Archives de la province de France de la congrégation du Bon-Pasteur d’Angers (ensuite APBP), 2 B 3/2, 9 janvier 1972.
3En septembre 1974, le CIF évoque « des sœurs vivant difficilement dans les structures communautaires actuelles et l’on s’est posé la question s’il ne valait pas mieux « soulager certaines communautés » de ces sœurs en leur permettant de vivre avec un statut spécial » (APBP, 3 B 3/4).
4L’enquête de la CIPE en 1970 posait des questions sur les rapports des 32 maisons avec le clergé et les mouvements catholiques : si toutes les maisons ont des rapports avec des prêtres, les rapports sont plus rares avec le clergé en général (9 cas), et la participation à des réunions diocésaines est mentionnée 18 fois, à des réunions de zone (terme en usage alors pour la « pastorale » réunissant clercs, religieuses, mouvements d’action catholique), 11 fois, à des réunions paroissiales 10 fois (APBP, 2 B 6/3).
5APBP, 2 B 1/13, synthèse des chapitres locaux.
6Des listes impressionnantes d’activités sont présentées dans les chapitres locaux.
7Luchini Albin, Les Religieuses de France en 1973, op. cit, p. 32 et suiv.
8APBP, 2 B 3 /4, Conseil interprovincial de France, 20 février 1970, 23 juin 1971, 24 janvier 1972.
9APBP, 2 B 3/2. Deux ans plus tard, les « sœurs aînées » du Cabot (Marseille) écrivent : « Comment se fait-il que des sœurs éducatrices délaissent nos jeunes et s’en vont faire de l’apostolat ailleurs ? », « sondage » rapporté au conseil provincial, juin 1976.
10APBP, 2 B 3/4, comité de coordination, 1re réunion, janvier 1976, « vocabulaire commun aux trois provinces ».
11Les étapes sont rapportées dans un dossier du chapitre provincial d’Angers en 1973, « Sources de la communauté hors institution » (APBP, 2 B 1/7), et dans une note des religieuses engagées datée de 1972 conservée dans le dossier du chapitre général aux APBP (1 A 4). L’action auprès des femmes prostituées avait été mentionnée dans la « synthèse » de la CIPE de mai 1970, p. 4.
12APBP, 1 A 4, chapitre général de 1973. Le texte cité est le document présentant l’apostolat en France.
13APBP, 1 AV 8, sœur Luc Buschinger, née en 1923, entretien en 2011 ; témoignage qui nous fut confirmé oralement en 2014 par sœur Magdalena Franciscus. Dès le premier vote, les suffrages se partagent nettement. Au 2e et au 3e vote, la situation n’évolue pas (une voix d’écart) ; à partir du 4e vote, la majorité des ⅔ n’est plus requise, et les deux religieuses concernées ne votent plus. La nouvelle provinciale est élue par 22 voix, la provinciale sortante en a 21. Le détail des votes n’est pas rapporté dans le compte rendu envoyé dans les maisons (APBP, 2 B 1/7). C’est pour éviter ces votes clivants que la supérieure générale demandera pour les élections suivantes aux conseils provinciaux de France de choisir entre l’élection ou la nomination par le conseil général. Les conseils provinciaux choisiront la nomination. Élection comme nomination se font sur une liste constituée à partir des noms envoyés par les religieuses de la province, dont certains peuvent être rayés et d’autres ajoutés par le conseil général.
14APBP, 1 AV 8, sœur Luc Buschinger, née en 1923, entretien en 2011.
15APBP, 1 AV 57, sœur Odile Laugier, née en 1936, entretien en 2011.
16APBP, 1 AV 55, sœur Magdalena Franciscus, née en 1938, entretien en 2011.
17Archives de centre spirituel (ACS) ; HD 8, Fraternité du Bon-Pasteur de Bordeaux.
18APBP, 2 B 6/4, CERF, rapport de janvier 1974 sur les débuts.
19Elles sont 4 en janvier 1975, pour la France, selon un document préparatoire aux chapitres de 1975 (APBP, 2 B 1/11, rapport sur la France).
20Voir conseil provincial de Lyon, et chapitre de Lyon, 1978, texte 6. Le refus vient de la présence de religieuses de plusieurs congrégations : refus en 1979 pour une implantation inter-congrégations à Saint-Étienne. Un autre projet regroupant des religieuses de plusieurs congrégations est également écarté dans la province d’Angers en 1980. En revanche, dans les années suivantes, l’idée de collaborer avec d’autres congrégations n’est pas refusée (pour Saint-Thierry et l’Ousse-des-Bois).
21Description des débuts de cette fraternité au chapitre provincial de 1978, rapport de la provinciale, p. 7.
22À Perpignan, l’évêque avait demandé en 1975 un groupe de religieuses essentiellement au service de l’évêché. Trois s’installent en mars 1976, mais très vite (1978), le conseil provincial s’interroge. En mars 1982, après la démission de l’évêque, on supprime cette communauté. D’autres demandes d’évêques (présence dans des quartiers, ou fonctions pastorales) sont refusées à Nîmes, Autun, Avignon, etc.
23APBP, 2 B 3/1, conseil provincial d’Angers, juillet 1977.
24APBP, 2 B 3/2, conseil provincial de Lyon, mai 1979.
25APBP, 2 B 1/14, chapitre provincial d’Angers, 1978, rapport de la provinciale, sœur Andrée Maisonnave. La question avait été posée par des chapitres locaux de la province.
26APBP, 2 B 3/1, Angers, conseil provincial de juillet 1976.
27APBP, 2 B 1/13, intervention de l’assistante pour la France au chapitre provincial de Strasbourg, 1978.
28APBP, 2 B 1/16, chapitre de 1984, rapport thématique et statistiques.
29Sinon, la religieuse peut demander un « congé apostolique » quand son apostolat ne lui permet pas de vivre en communauté (conseil provincial d’Angers, mai 1978).
30APBP, 2 B 3/5, conseil provincial de France, juin 1988.
31ACS, HD 8.
32APBP, 2 B 2/16, demande de création à la supérieure générale, 28 avril 1987.
33APBP, 2 B 3/4, CIF, 4-5 décembre 1970.
34APBP, 2 B 6/1, synthèse des suggestions, p. 3.
35APBP, 2 B 3/1, conseil provincial d’Angers.
36APBP, 2 B 1/16.
37APBP, conseil provincial et chapitre de 1978.
38APBP, 2 B 1/14, rapport de la provinciale. Cependant, ces foyers sont ensuite habilités et reçoivent un prix de journée.
39APBP, 2 B 1/12, rapport de la provinciale, p. 17.
40APBP, 2 B 1/17.
Auteur
Université d’Angers.
Jean-Luc Marais est enseignant-chercheur honoraire de l’université d’Angers, chercheur associé à l’UMR Temos 9016 CNRS. Il est spécialiste d’histoire religieuse et auteur d’une Histoire du don en France de 1800 à 1939, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1999.
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