La mise en cause de l’Inquisition dans la controverse hussite
p. 103-114
Remerciements
Cet article a été mené à bien grâce au soutien de l’Agence tchèque de la recherche (GA ČR) dans le cadre du projet no 19-28415X « De la performativité à l’institutionnalisation. La solution des conflits au Moyen Âge tardif (stratégies, acteurs, communication) », réalisé à l’Institut de philosophie de l’Académie tchèque des sciences.
Texte intégral
1Pour l’Inquisition médiévale, les hussites constituèrent un trop gros morceau. Elle a raté les débuts du mouvement et il était déjà trop tard lorsque l’Église parvint à achever le procès de Jean Hus par son élimination physique au concile de Constance en 1415. Le roi de Bohême ne fit alors aucun effort pour intervenir et l’archevêque de Prague se trouvait sous l’influence de ce dernier. Cela a permis un tel essor du mouvement de réforme – déjà hétérodoxe à ce moment-là – qu’il n’était plus possible de lui faire face à l’aide des moyens ordinaires de la répression. Au xve siècle, il n’y avait pratiquement pas d’Inquisition en Bohême. Ainsi, même quand le pape nomma des inquisiteurs, ceux-ci ne purent pas exercer leur activité habituelle sur le territoire tchèque et morave. C’est bien pour cette raison que nous manquons aujourd’hui de sources sur la persécution des hérétiques en Bohême au xve siècle. Pour le siècle précédent, il existe en revanche deux sources de première importance : le manuel des inquisiteurs d’une part et des protocoles d’Inquisition (dont on conserve des fragments) d’autre part. Ces derniers ont permis à leur éditeur, Alexander Patschovsky, d’appréhender les débuts de l’Inquisition tchèque1. Pour le xve siècle, nous disposons d’interrogatoires provenant de deux procès contre des hussites menés en Allemagne. Ces documents ont été édités par Hermann Heimpel2. Pour les pays voisins de la Bohême, l’étude de la persécution des hussites par l’Inquisition est donc possible – Paweł Kras, par exemple, s’en est chargé pour la Pologne3.
2L’absence d’Inquisition dans la Bohême hussite était une conséquence de la négligence initiale du contrôle ecclésiastique, et non de la résistance, politique ou physique, des hussites. La mise en cause de la répression par les hérétiques eux-mêmes sur les plans théorique et théologico-canonique peut toutefois être considérée comme de la résistance – ce qui est une nouveauté du siècle hussite. En effet, nous ne connaissons pas de telle réflexion de la part des vaudois par exemple. Il est vrai que le xive siècle a connu des querelles à propos de la juridiction et de la légitimité même des acteurs de la répression dans le cadre de l’Inquisition contre les vaudois4, mais ce fut seulement au siècle suivant que celles-ci eurent une ampleur internationale, une profondeur théorique, et des conséquences fondamentales.
L’Inquisition en Bohême aux xive-xve siècles
3L’Inquisition en Bohême subit plusieurs tournants importants dans son organisation au cours du bas Moyen Âge. En 1318, l’Inquisition pontificale s’installa de manière permanente dans le royaume. Elle y exerça une activité intense jusqu’au milieu du xive siècle, poursuivant les vaudois et les personnes désobéissant à l’Église. La répression ecclésiastique s’affirma alors par le nombre important d’hérétiques brûlés et même par une croisade locale en 1340. Mais le pays connut également une résistance qui se manifesta par une série d’attaques contre les inquisiteurs5. Au milieu du xive siècle, la base institutionnelle de l’Inquisition subit une transformation importante. Le premier métropolite de la nouvelle province ecclésiastique de Prague (établie en 1344), l’archevêque Ernest de Pardubice, revint au système des inquisiteurs nommés au niveau du diocèse. Ses successeurs ont encore davantage lié la poursuite des hérétiques à l’administration ecclésiastique locale, concrètement aux tribunaux diocésains. Vers la fin du xive siècle, ce sont surtout les évêques suffragants qui exerçaient l’activité d’inquisiteur. Peu après l’intervention conséquente qui élimina les vaudois de Bohême, s’opère le changement de « clientèle » de l’Inquisition : elle se tourne désormais vers les protagonistes de la réforme à Prague, contaminée par le wicléfisme. Au début du xve siècle, les officiers ecclésiastiques sont remplacés par des savants, peut-être en vue de pouvoir faire face au mouvement hussite naissant. Jean Hus lui-même fut plusieurs fois interrogé. S’il y a bien eu résistance, ce fut par le biais de l’argumentation savante contre la démarche du tribunal dans des cas concrets. En 1414, après une longue absence, un inquisiteur du pape nommé Nicolas arrive sur le territoire tchèque. Il s’agissait fort probablement pour l’Église d’une autre tentative de réaction contre la montée du hussitisme, mais là aussi cette tentative fut peu énergique et trop tardive. Nicolas finit par procurer à Jean Hus avant son départ à Constance la confirmation de son innocence et lui-même fut pour cette raison arrêté par le concile6.
4C’est d’ailleurs à Constance que s’ouvre un autre chapitre de l’Inquisition anti-hussite. Non seulement le concile envoya Jean Hus et Jérôme de Prague au bûcher, mais il déclara également l’interdiction doctrinale de la communion sous les deux espèces. Par cela, l’utraquisme, qui représentait le principal trait liturgique et dogmatique distinctif du mouvement, se vit confiné en dehors des limites de l’orthodoxie. Le 22 février 1418, le pape Martin V confirma, toujours à Constance, tous les décrets précédents contre l’hérésie de Wyclif, Hus et Jérôme. Par la bulle Inter cunctas, il ordonna en outre à tous les inquisiteurs pontificaux en Europe de l’est ou du centre-est et en Angleterre de lutter contre lesdites erreurs. La bulle comprenait aussi un interrogatorium détaillé qui devait aider à découvrir les wicléfites7. En pratique, l’Inquisition anti-hussite était en action seulement en dehors du territoire tchèque. Dans les années vingt, on brûla par exemple des hussites de langue allemande à Regensburg, Spire et ailleurs dans l’Empire8. En Bohême, l’interrogatorium ne servit jamais d’instrument pratique pour l’enquête, mais il fit l’objet d’une réponse polémique9. Par la suite, on fit appel au bras séculier afin de pacifier le royaume rebelle, comme l’anticipait déjà la bulle Inter cunctas. En mars 1420, on proclama la première croisade, suivie par plusieurs autres jusqu’en 1431, mais aucune ne fut couronnée de succès. Finalement, le concile de Bâle changea d’attitude, en proposant des négociations aux hussites. En 1436, l’accord dit des Compactata fut conclu, par lequel le retour des hussites au sein de l’Église fut accepté.
5La papauté cependant regardait les Compactata avec soupçon et en 1462, Pie II annula leur validité. Même avant cela, un inquisiteur du pape s’était rendu sur le territoire de Bohême après des années d’absence. Il s’agissait de Jean de Capistran. Au cours de sa mission, dans les années 1450, il fit plusieurs séjours en Moravie et dans les régions près de la frontière tchèque. Il ne visita cependant pas les territoires habités par les utraquistes et son activité anti-hérétique ne put donc pas prendre la forme de procès d’inquisition. Outre la prédication, Jean de Capistran se voua à la composition de vastes polémiques qu’il échangeait par correspondance avec les théologiens hussites10. Si nous pouvons capter, chez les utraquistes, des manifestations directes de résistance, c’est surtout dans la propagande par les images, critiquée par Jean de Capistran. Il s’agissait très probablement de caricatures grand format et mobiles, moyen traditionnel que les hussites utilisaient déjà au début du xve siècle. Le franciscain mentionne de plus l’arrestation de quarante pèlerins qui voulaient assister à sa prédication11. Le frère franciscain qui accompagnait Capistran dans son tour de l’Europe centrale, Gabriel Rangoni, fut nommé lui aussi inquisiteur du pape contre les hussites et les wicléfites dans les années 1460. Lorsque Paul II prolongea son mandat en 1467, il l’exhorta à collaborer avec le bras séculier en vue de leur élimination12. Le moment y était propice car le pape avait déclaré en même temps la croisade contre le roi utraquiste de Bohême, Georges de Poděbrady, aboutissement du procès canonique mené contre celui-ci depuis plusieurs années. Après la mort de Georges, au cours du règne de Vladislas Jagellon, se poursuivent aussi bien la coexistence que la confrontation entre utraquistes et catholiques dans les pays tchèques. Toutefois, les inquisiteurs du pape qui y résidaient ne firent alors preuve d’aucune activité. À la fin du xve siècle, Henri Institoris fut nommé inquisiteur pour l’Allemagne et la Bohême, mais surtout pour la Moravie. Sa tâche était de se concentrer sur l’extermination de l’Unité des frères, Église qui avait enrichi le paysage religieux du royaume de Bohême mais qui, n’étant pas incluse dans les Compactata, gênait les catholiques aussi bien que les utraquistes. De même que Rangoni, Institoris tenta de convaincre les hérétiques à travers des disputationes et des polémiques. Pour lui aussi, ce fut sans résultat probant. Il n’était pas en mesure d’établir une cour d’inquisition régulière13.
6La résistance concrète à l’Inquisition en Bohême n’était donc pas nécessaire. Néanmoins, les hussites faisaient face à l’Inquisition sur le plan théorique. Ne se concentrant pas uniquement sur leur cas personnel, les hérétiques pourchassés prenaient une position polémique qui mettait en doute la légitimité de la peine capitale contre les hérétiques de façon générale ainsi que la légitimité même de la cour d’inquisition en tant qu’institution.
La critique hussite de l’Inquisition
7En lien avec leurs propres expéditions militaires à l’étranger, les hussites lancèrent à la veille du concile de Bâle une campagne massive de propagande. Parmi les manifestes diffusés surtout dans l’Empire, c’est celui des chefs militaires de Tábor, écrit au cours de la première moitié de 1430, qui connut le plus de retentissement. Grâce aux traductions latines de l’original allemand, il se répandit bien au-delà des destinations envisagées par ses auteurs. Au moins dix théologiens de différentes parties de l’Europe ont composé des réponses polémiques. En novembre de l’année suivante, le texte fut retravaillé et de nouveau mis en circulation. Les taborites radicaux transformèrent les termes du programme hussite central incorporé dans les Quatre articles de Prague. Ainsi, ils créèrent un compromis, qui pouvait être envoyé « au nom de tout le pays de Bohême14 ». Aux seize articles originels qui critiquaient le clergé, ils en ajoutèrent encore quatre dont le dernier était consacré à l’Inquisition et à la persécution de l’hérésie. Les taborites y reprochaient aux religieux leur haine. Il semble de prime abord que la motivation de leur critique était personnelle :
« Plus on s’efforce de croire en ce que croyaient les saints apôtres de Notre Seigneur Jésus Christ et en l’enseignement de la chrétienté originelle, et plus on veut imiter leurs actes et leurs mœurs, plus on sera appelé hérétique et puni, que ce soit par la prison ou par des tortures impitoyables par eux qui agissent comme des diables sans pitié15. »
8Très vite cependant, il s’avéra que c’étaient les pratiques de l’Inquisition en général qui les révoltaient :
« Et quand un homme simple, intimidé par la torture et par les punitions qu’ils lui infligent, confesse quelque chose sur lui ou contre lui, alors même qu’il est innocent devant Dieu, ou bien quand un tel homme, innocent, mais terrifié, ne sait pas quoi dire, il arrive souvent qu’ils le déclarent hérétique convaincu et le brûlent ou bien l’emprisonnent pour le reste de sa vie, ou encore qu’ils le chargent de la croix en signe de la pénitence, le chassant en procession autour de l’église. Et quand il veut leur répondre et se défendre par la Sainte Écriture, ils soutiennent aussitôt qu’il est un insolant et un hérétique obstiné qui refuse de se laisser instruire. »
9C’est ainsi que les inquisiteurs de l’ordre dominicain, appelés magistri haereticorum, devraient plutôt se faire appeler factores haereticorum – les faiseurs d’hérétiques16.
10Le manifeste continue par la défense théologique approfondie de la résistance à l’Inquisition : « Il n’est jamais arrivé que les saints apôtres de Notre Seigneur Jésus Christ aient tué des hérétiques et des gens dans l’erreur, comme eux le font17. » Les taborites suivaient au pied de la lettre le modèle de l’Église apostolique. Ils admettaient que selon le Lévitique, à l’époque de l’Ancien Testament, on tuait les hérétiques, et c’est pour cette raison que les pharisiens avaient accusé Jésus. Mais les hussites insistaient sur le fait que « dans le Nouveau Testament, nous ne lisons point que les hérétiques doivent être détruits en justice par les chrétiens ». De plus, il semble qu’ils créent une hiérarchie d’autorités au sein du Nouveau Testament : le miracle par lequel Dieu a tué Ananie et Saphire, selon les Actes des apôtres 5,1-11, revêt une moindre importance que l’interdiction explicite de Jésus de ne pas tuer les infidèles, comme on le lit dans l’Évangile selon Luc 9, 56 : « Car le Fils de l’homme n’est pas venu pour faire périr les hommes, mais pour les sauver. » Selon les Évangiles et les lettres de saint Paul, les hérétiques devraient être punis par l’isolement : ce précepte comprenait le refus de les fréquenter après le deuxième avertissement (Tt 3, 10). « Mais le faiseur d’hérétiques les brûle tout de suite après la première réprimande, et cela a contrario du conseil et l’enseignement de saint Paul », protestent les taborites. Ainsi, le pape et ceux qui l’assistent suivent-ils une fausse direction et au lieu de prendre exemple sur l’Église originelle, ils se laissent guider par ses adversaires18.
La question de la peine capitale pour les hérétiques
11František Michálek Bartoš supposait que l’auteur de ces passages était le wicléfite anglais réfugié en Bohême, Peter Payne. Jiří Kejř y voyait pour sa part l’influence du senior de l’Église taborite, Nicolas de Pelhřimov, dit Biskupec19. Déjà dans le traité De homicidio, attribué à Biskupec et daté d’avant l’éclatement de la révolution hussite, donc d’avant 1419, on peut lire un refus de la punition des hérétiques par la mort. L’auteur demande un changement de la pratique judiciaire de façon à ce qu’elle corresponde au Nouveau Testament, qui est une loi de charité, et non aux lois païennes ou juives. Selon ce traité, les actes criminels perturbant le bon fonctionnement de la vie sociale devraient appeler des peines plus légères que celles en usage à l’époque, mais les actes criminels commis contre Dieu devraient au contraire être punis plus sévèrement. « Qu’ils [les princes et juges] répriment et corrigent les frères en foi de manière moins sévère pour les torts humains et personnels ou ceux commis contre les biens, mais qu’ils répriment et vengent plus rigoureusement les torts contre la Loi évangélique, qui sont par principe les torts directs contre Dieu et son Évangile. Que les vols et les choses pareilles soient donc punis plus légèrement, mais que le blasphème, la simonie, l’hérésie, l’adultère et les choses semblables soient punis plus rigoureusement20. » Toutefois, même ces peines plus sévères ne devaient pas comprendre la peine capitale : « Si, selon Chrysostome, il est interdit de tuer les hérétiques, ô combien plus cela vaut pour les autres, chargés de fautes moins grandes », déclare le traité21. Appuyé sur la même référence à Chrysostome (et utilisant ce même traité De homicidio), le théologien le plus influent du courant hussite modéré, Jacobellus de Stříbro, refusait lui aussi la peine capitale pour les hérétiques. Dans son exposition homilétique sur les Dix commandements, il renvoie à la pratique des Grecs orthodoxes, qui ne tuent ni les hérétiques, ni les voleurs22.
12La punition par la mort est, selon les clercs hussites, acceptable uniquement lorsqu’elle est infligée en accord avec la Loi de l’Évangile, et il faut y recourir le moins possible. Il s’agissait de l’opinion majoritaire parmi les principaux groupes hussites, du moins telle qu’elle se manifeste dans les synodes et assemblés du clergé utraquiste au cours des années 1420 et au début des années 143023. La pratique cependant était souvent différente. L’un des « quatre articles », qui représentaient le programme commun des différentes tendances du hussitisme, exigeait la punition des péchés publics. Certaines de ces versions se référaient au verdict de saint Paul (Rm 1, 32) « déclarant dignes de mort les auteurs de tels actes24 ». La liste indicative de ces fautes se concentrait sur la morale des laïcs et sur les pratiques du clergé visant son enrichissement. Même si cet article considérait la simonie comme une hérésie, il ne formulait cependant pas explicitement de menace de mise à mort pour les écarts vis-à-vis de l’orthodoxie. Cependant, lorsque les chiliastes hussites lancèrent en 1420 une vague de violence apocalyptique en vue d’assurer la purification finale du monde, leurs actions se dirigèrent vers tous « les adversaires de la Loi du Christ (adversarii legis Christi) », quelle que soit leur faute – déviation doctrinale ou autre25. Très tôt, au sein même du camp des taborites radicaux ont surgi certaines opinions, que ceux-ci refusèrent de tolérer. Ainsi, la diffusion de l’hérésie eucharistique des « picarts » s’est-elle terminée par le massacre de cette secte taborite. Même à Prague, des bûchers furent allumés en 1421 à cause du mépris envers le Saint-Sacrement. Pendant la dictature du prêtre Jean de Želiv à Prague dans les années 1421-1422, entra en vigueur un arrêté qui ordonnait la peine capitale et la confiscation des biens pour celui qui soutiendrait une autre doctrine religieuse que la doctrine officielle. On choisit alors une cinquantaine d’hommes, probablement des laïcs, qui devaient « chercher de manière assidue les picarts et ceux qui auraient adhéré à cette erreur ou à une autre ». Ceux-ci devaient être mis en détention. Si donc quelqu’un tenait des opinions qui divergeaient « de la Loi de Dieu », il faisait face à l’exil, ou bien, en cas d’obstination, à la mort26.
13Ces mesures policières rappellent très fortement l’attitude de l’Inquisition, sauf qu’elles sont exécutées sous le contrôle du pouvoir séculier, et non sous celui de l’appareil ecclésiastique. Sur le plan théorique néanmoins, les hussites continuent de refuser non seulement l’Inquisition, mais souvent aussi la peine capitale pour les hérétiques. Une fois la vague du chiliasme étouffée, Nicolas Biskupec adopta d’ailleurs une position qui devait selon lui assurer la survie et la stabilité à la communauté de Tábor27. Alors que la guerre contre les ennemis de la Loi de Dieu se poursuivait, Biskupec tenta d’harmoniser la lutte contre les péchés avec le commandement néotestamentaire de l’amour : la punition par la mort ne devait être infligée que dans les cas où cela correspondait aux commandements du Christ et à la pratique de l’Église originelle. Ceux qui se rendaient coupables d’hérésie « seulement », c’est-à-dire d’une position religieuse divergente, ne devaient pas perdre la vie. La persécution des hérétiques avait pour but leur retour dans le droit chemin – mais celui qui est mort ne peut nullement se corriger. Pendant la disputatio du concile de Bâle en 1433, Nicolas Biskupec de Pelhřimov fut chargé de défendre contre Gilles Carlier le quatrième article sur la punition des péchés. Dans ses deux discours, Biskupec s’appuya sur la même citation de Chrysostome, qu’il avait déjà utilisée dans son traité De homicidio28. Ce passage de la 46e homélie de Chrysostome sur Matthieu mettait en garde contre l’exécution des hérétiques qui aurait pour conséquence l’éclatement d’une lutte féroce dans le monde. Au moment où l’on lèverait les armes contre les hérétiques, de nombreux saints devraient alors mourir29. Biskupec savait bien à quel point la chasse aux hérétiques pouvait être destructrice pour une communauté religieuse. Sa position cependant n’était pas circonstancielle, il s’agissait bien d’une position de principe. Son adversaire Carlier essayait pour sa part d’accorder sa défense de la peine capitale à l’autorité de Chrysostome, affirmant que cette citation s’applique uniquement aux cas où l’exécution de l’hérétique causerait un schisme ou bien endommagerait l’Église. Et Biskupec d’opposer : il n’est pas question de l’ordre public (« temporalis policia »), mais de la vie des innocents30.
L’Église de Dieu de Jean Hus aux taborites
14Chrysostome, et Nicolas Biskupec avec lui, définit les moyens légitimes de la lutte contre les hérétiques : les détenir, empêcher la diffusion publique de leur doctrine, disperser leurs réunions. En l’absence de tribunal d’Inquisition se posait la question de qui devait découvrir et identifier les hérétiques comme tels. Le manifeste taborite de 1431 propose sa propre recette :
« Ils devraient être jugés par l’Église de Dieu et selon l’Écriture, que tous les croyants doivent connaître. Ce précepte et cette manière de punir les hérétiques étaient suffisants pour les fidèles de l’Église originelle et ils devraient suffire encore aujourd’hui à tous ceux qui vivent sur la terre31. »
15Le terme « Église de Dieu » ne désigne évidemment pas la hiérarchie ecclésiastique. Au contraire, toutes les institutions chrétiennes post-bibliques étaient exclues de la prise de décision quant à l’hérésie. La seule norme à suivre était l’Écriture sainte. Sa connaissance était obligatoire ; elle préservait non seulement les croyants de l’erreur, mais elle les légitimait en plus, semble-t-il, dans le rôle du tribunal. En effet, la conception utopiste et anarchisante des taborites ne connaissait pas d’autre instance judiciaire que la communauté des orthodoxes.
16Afin de comprendre la généalogie de cette attitude, retournons aux débuts du hussitisme. Pendant l’interrogatoire du 8 juin 1415, Jean Hus dut réagir à l’accusation suivante : il était d’avis qu’« aucun hérétique, après avoir reçu la punition ecclésiastique, ne doit être livré à la justice séculière pour être puni de mort physique ». Et l’accusé de répondre :
« Je tiens que l’hérétique devrait être d’abord doucement, aimablement et humblement instruit des Saintes Écritures et des arguments qui en découlent, de même que saint Augustin et d’autres l’ont fait lorsqu’ils ont discuté avec des hérétiques. Et si cet homme, après un tel enseignement, ne voulait point renoncer à ses erreurs, je ne dis pas qu’il ne doive pas être puni physiquement, mais je déclare encore que cette punition doit être précédée par l’éclaircissement biblique. »
17Selon un témoin oculaire, cette déclaration de Hus a suscité au concile « murmure et tumulte ». Cependant, quelques passages choisis du livre de Hus De ecclesia furent ensuite lus, et se révélèrent bien plus radicaux que la réponse prudente du maître devant le tribunal32.
18Les affirmations de Hus dans son traité De ecclesia sont à relier au conflit qui s’est déroulé à Prague en 1412. Les protestations violentes contre la distribution des indulgences avaient déclenché une discussion sur les compétences de la hiérarchie ecclésiastique. Dans cette atmosphère tendue, l’ancien ami et désormais adversaire de Hus, le porte-parole des docteurs en théologie Étienne Páleč, cita les mots du Deutéronome 9, 12 : « Celui qui, par orgueil, agira sans écouter le prêtre qui se tient là pour servir Dieu, ou sans écouter le juge, sera puni de mort. » Et Hus de réagir dans son traité De ecclesia :
« En ce qui concerne la conclusion principale des docteurs selon laquelle le pape doit être juge en toutes choses et celui qui lui désobéira devra mourir par la mort corporelle, les docteurs devraient avoir honte de leur ressemblance simiesque et effrayante avec les pharisiens, surtout en face du fait que le Christ, le Seigneur et le grand prêtre des deux Lois, ne voulait ni juger à la manière des profanes ni condamner le désobéissant à la mort corporelle33. »
19Hus se justifie par les mots de Jésus à la femme adultère (Jean 8, 11), et surtout par ses paroles dans Matthieu 18, 17 : « S’il ne les écoute pas, dis-le à l’Église ; et s’il n’écoute pas même l’Église, qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain. » Ceux qui veulent livrer les hérétiques à la mort sont selon Hus de pires meurtriers que Pilate à qui Jésus avait dit : « Celui qui m’a livré à toi a un plus grand péché » (Jean 19, 11). À son avis, appliquer les principes de l’Ancien Testament à la punition des hérétiques est « un argument erroné basé sur des similitudes » (argucia similitudinis). Les disciples mêmes ont succombé à cette tentation mais Jésus leur a dit : « Le Fils de l’homme n’est pas venu pour faire périr les hommes34. »
20Il s’agit là du passage de l’Évangile de Luc (9,56) également cité par le manifeste taborite. Mais la parenté idéologique de ces deux documents ne s’arrête pas là. À la lumière de l’exposition de Jean Hus, la demande des taborites, que le seul juge soit l’Église de Dieu, pourrait être interprétée ainsi : l’hérésie mérite uniquement une punition ecclésiastique, pas celle du bras séculier35. Je pense toutefois que cette lecture ne serait pas tout à fait correcte. Déjà chez Hus, nous trouvons une méfiance vis-à-vis des punitions infligées par les institutions ecclésiastiques. Comme le manifeste taborite, l’exposé de Hus se situe dans le contexte d’une querelle – celle du caractère obligé et normatif de la Loi de Dieu. « Nos docteurs condamnent dans leurs affirmations, comme si c’était quelque chose d’incongru, le fait que notre partie veuille avoir la Loi pour juge. Ce juge rend la justice sans défaut et la justice qu’il rend ne diffère pas de celle de Dieu », écrit Hus36. Et il confie l’interprétation de la Loi de Dieu à chacun des fidèles et non à une autorité institutionnelle : « Si les papes ou les cardinaux ordonnent ou enseignent autre chose que la vérité, et même si toute la curie romaine était de leur côté, le croyant qui a connu la vérité ne devrait pas leur obéir », dit Hus dans le même chapitre du De ecclesia37. Cette pensée caractéristique de Hus s’observe aussi dans les racines de la conception taborite de l’autorité doctrinale. Celle-ci appartient certes à l’Église, sauf que l’Église n’est pas représentée par la hiérarchie, la papauté ou les tribunaux d’Inquisition, ou même par l’épiscopat, mais bien par la communauté des croyants individuels, instruits dans la connaissance de l’Écriture.
Convaincre les hérétiques ?
21Du côté de la coalition anti-hussite, nous ne trouvons évidemment pas une telle mise en cause de l’Inquisition. On observait surtout des résistances et des doutes au sujet de savoir à qui appartenait la juridiction sur les hérétiques et qui était compétent pour trouver la solution à ce problème. Les différents représentants du « bras séculier » employaient la lutte contre l’hérésie comme un atout dans leur lutte politique. La défense de la foi était une obligation de prestige. Combattre l’hérésie permettait d’exiger d’autres pouvoirs. En revanche, si quelqu’un ne montrait pas suffisamment d’enthousiasme, on pouvait utiliser cet argument contre lui38. La décision de renoncer à la lutte contre les hérétiques pouvait être motivée non seulement par la négligence, mais aussi par des réflexions tactiques. Depuis le début des années 1420, les souverains, les princes et leurs diplomates considéraient les négociations comme une des possibilités pour résoudre la question tchèque.
22Mais trouver une justification théologique à ces négociations était bien plus difficile. Cette entreprise aurait en effet mis en cause la démarche appliquée jusqu’alors : l’Inquisition et les croisades. L’élimination des hussites était perçue comme la seule possibilité légitime – et l’alternative mettait du temps à naître. En 1425, Nicolas Magni, professeur à Heidelberg, écrit la question Utrum heretici revertentes aliquociens ab heresi sint ab ecclesia tociens recipiendi. Nicolas fut l’un des juges au procès d’inquisition qui eut lieu la même année et qui finit par la mort du hussite allemand Johannes Drändorf au bûcher. Dans sa questio cependant, Nicolas a très prudemment acquiescé à la possibilité de convaincre les hérétiques, au lieu de les tuer. Les hérétiques dangereux, qui menacent d’infecter les croyants, doivent être exécutés. Mais on pourrait – et non devrait – laisser en vie ceux qui ne représentent pas un danger d’infection. En même temps, les personnes expérimentées peuvent tenter de les convaincre39. Dans les réponses au manifeste hussite de 1430, la plupart des auteurs catholiques refusèrent la disputatio que les hussites avaient requise. Pourtant, certains avaient déjà fait remarquer les avantages que des pourparlers pourraient apporter. En octobre 1431, après la défaite de la cinquième croisade, le concile de Bâle proposa officiellement aux hussites de débattre des questions de foi.
23À ce pas sans précédent, le pape Eugène IV réagit par la dissolution du concile. Dans la bulle du 18 décembre 1431, il avança l’argument selon lequel l’invitation des hérétiques « endommage l’autorité apostolique et les saints conciles, elle s’oppose aux décrets des saints pères et aux lois de l’Empire qui interdisent explicitement une telle audience40 ». L’argument fort consistait dans le rappel du fait que par leur action, les membres du concile de Bâle violaient la juridiction du concile de Constance, alors même qu’ils fondaient leur légitimité sur le décret Frequens, adopté justement à Constance. L’argument selon lequel des négociations avec les hussites annuleraient leur condamnation à Constance avait été employé tout au long des années 1420 contre les princes séculiers qui voulaient conclure une trêve avec les hussites ou initier des échanges diplomatiques avec eux. Mais désormais, l’invitation des hussites à ces négociations avait été formulée par l’institution représentant l’Église et possédant la même autorité que celle qui avait auparavant désigné les hussites comme hérétiques. Le président du concile de Bâle, le cardinal Giuliano Cesarini, se rebiffa contre ces reproches dans ses lettres adressées au pape et plus tard dans le traité De iustificatione vocationis Bohemorum. Il soulignait que les hérétiques avaient été invités « ad instruccionem et informacionem », c’est-à-dire pour être instruits et en vue d’accepter la vraie foi. Les hussites avaient été condamnés, mais non convertis. Selon Cesarini, les négociations ne se tournaient pas contre le concile de Constance, au contraire, elles se fixaient pour but de finalement amener les hussites à accepter ses résolutions41. Il s’agissait évidemment d’une illusion, du même acabit que celle des hussites, convaincus de leur côté de la victoire automatique de leur vérité, que leurs adversaires ne manqueraient pas d’accepter après l’avoir entendue. Cesarini, pour sa part, croyait au succès de l’opération, parce qu’il était convaincu que le concile représentait l’Église universelle, qu’il était inspiré par l’Esprit saint et qu’il ne pouvait pas tomber dans l’erreur. Pourtant, une bonne dose de compromis fut nécessaire pour que les négociations puissent avoir lieu et continuer ensuite. Des deux côtés, c’était sans doute l’expression d’une résistance à l’Inquisition de facto.
24La répression du hussitisme fut au cours du xve siècle mise en cause non seulement par les hussites, ce qui est naturel, mais dans certaines situations également par les représentants du côté catholique. Dans son analyse du traité De iustificatione vocationis, Olivier Marin a montré que l’invitation des hussites au concile ne fut pas seulement le résultat de circonstances particulièrement favorables ; elle eut pour condition des évolutions préalables dans le milieu intellectuel et institutionnel42. D’un côté comme de l’autre, il n’est certainement pas possible de parler de tolérance religieuse. Le refus de l’Inquisition par les hussites prenait sa source dans un certain pacifisme, mais plus encore dans le rejet des moyens de répression utilisés par l’appareil administratif de l’Église médiévale. Ils ne rejetaient toutefois pas le concept d’hérésie en tant que tel, tout comme les pères réunis à Bâle. Les membres du concile, eux, ne cherchaient pas à laisser vivre les hérétiques, mais à les convaincre. Leur attitude pourtant révèle une résistance implicite à l’Inquisition qui refusait d’instruire les hérétiques obstinés. Il n’est pas tout à fait étonnant que nous trouvions, derrière l’attitude des deux parties vis-à-vis de l’Inquisition, des convictions ecclésiologiques : le conciliarisme d’un côté, et l’idée d’une Église décentralisée et régie par la Loi de Dieu de l’autre côté. La répression des hérétiques était du ressort de la « sécurité interne » de l’Église. Pour cette raison, son caractère dépendait de la conception d’ensemble que chacun avait de celle-ci. L’émergence de modèles alternatifs au fonctionnement de l’Église et à ses relations à l’hérésie générèrent le besoin d’une nouvelle légitimité.
Notes de bas de page
1Patschovsky Alexander, Die Anfänge einer ständigen Inquisition in Böhmen. Ein Prager Inquisitoren-Handbuch aus der ersten Hälfte des 14. Jahrhunderts, Berlin/New York, Walter De Gruyter, 1975 ; id., Quellen zur böhmischen Inquisition im 14. Jahrhundert, Weimar, Hermann Böhlaus Nachfolger, 1979.
2Heimpel Hermann (éd.), Zwei Wormser Inquisitionen aus den Jahren 1421 und 1422, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1969 ; id. (éd.), Drei Inquisitions-Verfahren aus dem Jahre 1425. Akten der Prozesse gegen die deutschen Hussiten Johannes Drändorf und Peter Turnau sowie gegen Drändorfs Diener Martin Borchard, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1969.
3Kras Paweł, Husyci w piętnastowiecznej Polsce, Lublin, Towarzystwo Naukowe KUL, 1998.
4Patschovsky Alexander, « Über die politische Bedeutung von Häresie und Häresieverfolgung im mittelalterlichen Böhmen », in Peter Segl (dir.), Die Anfänge der Inquisition im Mittelalter, Cologne/Weimar/Vienne, Böhlau, 1993, p. 235-251.
5Soukup Pavel, « Die Waldenser in Böhmen und Mähren im 14. Jahrhundert », in Albert de Lange et Kathrin Utz Tremp (dir.), Friedrich Reiser und die »waldensisch-hussitische Internationale«, Heidelberg/Ubstadt-Weiher/Bâle, Verlag Regionalkultur, 2006, p. 131-160, ici p. 138.
6Soukup Pavel, « Inkvizitoři v Čechách v letech 1315-1415 », in Paweł Kras (dir.), Inkwizycja Papieska w Europie Środkowo-Wschodniej, Cracovie, Wydawnictwo Esprit, 2010, p. 147-172.
7Eršil Jaroslav (éd.), Monumenta Vaticana res gestas Bohemicas illustrantia, t. VII/1, Prague, Academia, 1996, p. 98-108, no 218.
8Machilek Franz, « Deutsche Hussiten », in Ferdinand Seibt (dir.), Jan Hus. Zwischen Zeiten, Völkern, Konfessionen, Münich, R. Oldenbourg, 1997, p. 267-282.
9Coufal Dušan, « Interrogatorium kostnického koncilu proti wyclifitům. Analýza a edice textu », Časopis Matice moravské, no 134, 2015, p. 3-28.
10Soukup Pavel, « The Polemical Letters of John of Capistrano against the Hussites: Remarks on Their Transmission and Context », in Paweł Kras et James D. Mixson (dir.), The Grand Tour of John of Capistrano in Central and Eastern Europe (1451-1456). Transfer of Ideas and Strategies of Communication in the Late Middle Ages, Warszawa/Lublin, Instytut Historii PAN/Wydawnictwo KUL, 2018, p. 259-273.
11Voir la lettre de Jean de Capistran aux hussites à Kroměříž dans Valouch František, Životopis svatého Jana Kapistrána, Brno, Nitsch a Groß, 1858, p. 695.
12Hlaváček Petr, Die böhmischen Franziskaner im ausgehenden Mittelalter. Studien zur Kirchen- und Kulturgeschichte Ostmitteleuropas, Stuttgart, Franz Steiner, 2011, p. 135-151.
13Hlaváček Petr, « Heinrich Institoris (d. 1505): The Papal Inquisition versus the Bohemian Reformation », in Zdeněk V. David et David R. Holeton (dir.), The Bohemian Reformation and Religious Practice, vol. 11, Prague, Filosofia, 2018, p. 98-110 ; Kreuz Petr, « Heinrich Kramer/Institoris and the Czech Lands. With a Special Focus on the Activities of Institoris in Olomouc in 1499-1505 », in e-Rhizome, vol. 1, 2019, p. 23-59.
14Le manifeste a été publié avec le journal de Jean de Raguse dans Palacký František et Birk Ernst (éd.), Monumenta conciliorum generalium seculi decimi quinti. Concilium Basileense. Scriptores, t. I, Vienne, K. k. Hof- und Staatsdruckerei, 1857, p. 153-170. Pour les manifestes et les réactions à ceux-ci, voir Petrášek Jiří, »Meide die Häretiker«. Die antihussitische Reaktion des Heidelberger Professors Nikolaus von Jauer (1355-1435) auf das taboritische Manifest aus dem Jahr 1430, Münster, Aschendorff, 2018, p. 18-36.
15Palacký František et Birk Ernst (éd.), Monumenta conciliorum, t. 1, p. 167.
16Ibid.
17Ibid., p. 168.
18Ibid.
19Bartoš František Michálek, Husitství a cizina, Prague, Čin, 1931, s. 231 ; Kejř Jiří, « The Death Penalty during the Bohemian Wars of Religion », in Zdeněk V. David et David R. Holeton (dir.), The Bohemian Reformation and Religious Practice, vol. 6, Prague, Základní knihovna AV ČR, 2007, p. 143-163, ici p. 158.
20Édition partielle dans Âstrebov Nikolaj Vladimirovič, Ètûdy o Petrě Heľčickom i ego vremeni. Iz istorìi gusitskoj mysli, t. 1, Saint-Pétersbourg, Tipografìâ ministerstva putej soobŝenìâ, 1908, p. 110-115, ici p. 113.
21Ibid., p. 115.
22Bartoš František Michálek, « Příspěvky k dějinám Václava iv. », Věstník České akademie věd a umění, vol. 51, 1942, p. 67-104, ici p. 94-95.
23Kejř Jiří, « The Death Penalty », p. 151-152 et 156.
24Palacký František, Archiv český, t. 3, Prague, Kronberger i Řivnáč, 1844, p. 216 ; Bartoš František Michálek, « Manifesty města Prahy z doby husitské », Sborník příspěvků k dějinám hlavního města Prahy, vol. 7, 1933, p. 253-309, ici p. 277.
25Emler Josef, Gebauer Jan, Goll Jaroslav, Fontes rerum Bohemicarum, t. 5, Prague, Nadání Františka Palackého, 1893, p. 454 ; Cermanová Pavlína, « The Apocalyptic Background of Hussite Radicalism », in Michael Van Dussen et Pavel Soukup (dir.), A Companion to the Hussites, Leyde/Boston, Brill, 2019, p. 187-218.
26Palacký František, Archiv český, t. 1, Prague, Kronberger i Řivnáč, 1840, p. 205 et 211 ; Kejř Jiří, « The Death Penalty », p. 153-154.
27Molnár Amedeo, « Réformation et Révolution. Le cas du Senior taborite Nicolas Biskupec de Pelhřimov », Communio viatorum, no 13, 1970, p. 137-153 ; Kaminsky Howard, « Nicholas of Pelhřimov’s Tabor: an Adventure into the Eschaton », in Alexander Patschovsky et František Šmahel (dir.), Eschatologie und Hussitismus, Prague, Historický ústav AV ČR, 1996, p. 139-167 ; Fudge Thomas A., « Crime, Punishment and Pacifism in the Thought of Bishop Mikuláš of Pelhrimov, 1420-1452 », in Zdeněk V. David et David R. Holeton (dir.), The Bohemian Reformation and Religious Practice, vol. 3, Prague, Základní knihovna AV ČR, 2000, p. 69-103.
28Migne Jacques-Paul (éd.), Patrologiae cursus completus. Series Graeca, t. 58, Paris, 1862, col. 477.
29L’autorité de Chrysostome est utilisée à trois reprises : Bartoš František Michálek, Orationes, quibus Nicolaus de Pelhřimov, Taboritarum episcopus, et Ulricus de Znojmo, Orphanorum sacerdos, articulos de peccatis publicis puniendis et libertate verbi Dei in concilio Basiliensi anno 1433 ineunte defenderunt, Tábor, Jihočeská společnost 1935, p. 5, 47 et 53.
30Ibid., p. 54 ; Mansi Giovanni Domenico (éd.), Sacrorum conciliorum nova et amplissima collectio, t. 29, Venezia, Antonio Zatta, 1788, col. 933. Pour la discussion à Bâle sur la punition des péchés, voir De Vooght Paul, « La Confrontation des thèses hussites et romaines au concile de Bâle (Janvier-Avril 1433) », Recherches de théologie ancienne et médiévale, no 37, 1970, p. 97-137 et 254-291, qui la désigne comme « un dialogue de sourds » (p. 125).
31Palacký František, Birk Ernst (éd.), Monumenta conciliorum, t. 1, p. 168.
32Novotný Václav (éd.), Fontes rerum Bohemicarum, t. 8, Prague, Nadání Františka Palackého, 1932, p. 90-91. Le refus de la punition physique et de l’interdit pour l’hérésie se trouve déjà parmi les articles erratiques que Jean Gerson a copié en septembre 1414 du traité de Hus De ecclesia : Palacký František (éd.), Documenta Mag. Joannis Hus vitam, doctrinam, causam in Constantiensi concilio actam et controversias de religione in Bohemia annis 1403-1418 motas illustrantia, Prague, Friedrich Tempsky, 1869, p. 186.
33Hus Jan, Tractatus de ecclesia, éd. Samuel Harrison Thomson, Prague, Komenského evangelická fakulta bohoslovecká, 1958, p. 138.
34Ibid., p. 139. Pour plus de détails sur la conception qu’avait Jean Hus de l’hérésie, voir Fudge Thomas A., « “The Other Sheep”: Reflections on Heresy by a Suspected Heretic », in id., Jan Hus between Time and Eternity. Reconsidering a medieval heretic, Lanham, Lexington Books, 2016, p. 141-163.
35Kejř Jiří, « The Death Penalty », art. cité, p. 146.
36Hus Jan, Tractatus de ecclesia, op. cit., p. 137.
37Ibid., p. 136-137.
38Novotný Robert, Soukup Pavel, « La défense de la foi à l’époque hussite : l’engagement des noblesses tchèque et allemande », in Arianne Boltanski et Franck Mercier (dir.), Le Salut par les armes. Noblesse et défense de l’orthodoxie (xiiie-xviie siècle), Rennes, PUR, 2011, p. 93-108.
39Franz Adolph, Der Magister Nikolaus Magni de Jawor. Ein Beitrag zur Literatur- und Gelehrtengeschichte des 14. und 15. Jahrhunderts, Fribourg-en-Brisgau, Herder, 1898, p. 221-223 ; Heimpel Hermann (éd.), Drei Inquisitions-Verfahren, op. cit., p. 148.
40Birk Ernst (éd.), Monumenta conciliorum generalium seculi decimi quinti. Concilium Basileense. Scriptores, t. II/1, Vienne, K. k. Hof- und Staatsdruckerei, 1873, p. 74.
41Neumann Augustin, « Francouzská hussitica. Řada druhá », Studie a texty k náboženským dějinám českým, no 3-4, vol. 4, 1925, p. 1-172, ici p. 49-60.
42Marin Olivier, « Pourquoi débattre avec les hussites : le tournant stratégique bâlois à la lumière du Tractatus de iustificatione vocationis Bohemorum (1432) », in Catherine Maurer et Catherine Vincent (dir.), La coexistence confessionnelle en France et en Europe germanique et orientale, Lyon, LARHRA, 2015, p. 107-129.
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Contester l’Inquisition (xiiie-xve siècle)
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