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Qui sont les vaudois de la couronne d’Aragon ?

p. 71-82


Texte intégral

1Dans cet article, nous allons nous demander si le mouvement des vaudois de la Couronne d’Aragon a constitué un véritable groupe de résistance ou d’opposition à l’inquisition durant la première moitié du xiiie siècle. Nous disposons en effet d’une documentation inquisitoriale et juridique qui mentionne des vaudois et semble indiquer que ceux-ci avaient une certaine importance sur ce territoire. Mais que savons-nous d’eux ? Que ces vaudois soient mentionnés par ces sources implique-t-il qu’ils aient formé un groupe organisé de contestation de l’Église ? Est-ce possible par ailleurs que ces références aux vaudois renvoient en fait à d’autres dissidences chrétiennes ? Les sources documentaires de l’époque indiquent qu’il y avait bien dans la Couronne d’Aragon un mouvement hérétique de résistance et d’opposition à l’inquisition qui était lié avec les vaudois. Cependant, l’analyse détaillée de cette question met en évidence que si le terme de « vaudois » apparaît à plusieurs reprises dans ces sources, ainsi que dans la documentation postérieure qui formèrent la mémoire de ces événements, tout porte à croire que les vaudois ne constituaient pas pour autant un mouvement fort d’opposition à l’Église. De plus, certains des individus mentionnés dans les sources appartiennent en fait à d’autres groupes dissidents, comme les dénommés Cathares. L’historiographie sur le catharisme n’a pas consacré beaucoup d’attention à la question de la nomenclature qui apparaît dans les documents de la Couronne d’Aragon. Nous constatons ainsi que le terme de « vaudois » a pu être utilisé pour désigner indistinctement les responsables d’épisodes liés à l’hérésie et à l’opposition aux pratiques inquisitoriales, phénomènes existant dans toute l’Europe. Nous analyserons donc ici l’impact que le mouvement vaudois a eu sur la Couronne d’Aragon, pour déterminer si les épisodes de résistance et d’opposition aux pratiques inquisitoriales qui eurent lieu sur ce territoire peuvent lui être attribués.

2En novembre 1184 a lieu le Concile de Vérone, convoqué par le pape Lucius III, qui confirme l’expulsion et l’excommunication des vaudois de Lyon qui avaient prêché sans autorisation de l’Église. Parmi eux, se trouvaient aussi des laïcs, avec leurs épouses, qui échappaient au contrôle du clergé. À la fin du siècle, des prêches similaires sont entendus dans le sud de la France. Nous savons qu’autour de 1190, un débat public à Narbonne oppose la hiérarchie de l’Église et des hérétiques, qui sont nommés « vaudois » par Bernard de Fontcaude dans son livre Contra Vallenses et contra Arrianos1. D’autres documents de la même époque mentionnent la présence de l’hérésie dans la province de Narbonne, mais sans préciser de quel type d’hérésie il s’agit, de vaudois, de cathares ou bien d’autres dissidences religieuses.

3Les premiers documents mentionnant la présence de vaudois dans la Couronne d’Aragon datent de la fin du xiie siècle. En octobre 1194, le roi d’Aragon et comte de Barcelone, Alphonse II d’Aragon, publie un décret contre les vaudois, qui sont aussi connus sous le nom de « valdenses videlicet sive sabbatatos, qui et alio nomine se vocant pauperes de Lugduno, et omnes alios haereticos2 ». Ce décret, porté par Gregorio de Sant’Angelo, légat du pape Célestin III, interdit aux citoyens de la couronne d’Aragon de venir en aide ou de dissimuler des hérétiques. Les citoyens avaient jusqu’au 1er novembre pour les expulser librement du territoire et s’ils ne l’avaient pas fait à cette date, les hérétiques étaient emprisonnés et leurs terres confisquées. Un peu après, en février 1198, le roi Pierre le Catholique publie un autre décret sur la base du précédent mais avec quelques modifications. Ce décret condamne les « valdenses, videlicet qui vulgariter dicuntur çabatati qui et alio nomine se vocant pauperes de Lugduno, et omnes alios hereticos3 ».

4En parallèle, une lettre du pape Innocent III, envoyée à l’archevêque de Tarragone en avril, ainsi qu’à l’archevêque de Narbonne, fait référence à la présence des vaudois sur le territoire. Le pape demande l’aide des évêques et des princes, des barons, comtes et de tous les habitants du royaume, pour aider les légats pontificaux Raniero da Ponza et Guidone dans leur lutte contre l’hérésie :

« Inter quos in provincia vestra quosdam, qui Valdenses, Catari et Paterini dicuntur, et alios quoslibet quibuscumque nominibus appellatos, in tantum iam accepimus pullulasse, ut innumeros populos sui herroris laqueis irretierint et fermento corruperint falsitatis4. »

5C’est dans ce contexte d’hostilité qu’on trouve le premier témoignage faisant explicitement référence aux vaudois : en juillet 1200, le prêtre Arnau de Puigverd jure sa loyauté et obéissance envers l’évêque du diocèse d’Urgell, Bernard Vilamur, et lui promet de ne pas aider les hérétiques ni les insabattati, par la parole ou par les actes : « Quod vestras sentencias observabo nec sustinebo ereticos sive inçabatatos verbo vel facto5. »

6Cela signifie-t-il que les vaudois n’ont été présents dans la couronne d’Aragon qu’à la fin du xiie siècle ? Les documents législatifs ne nous disent rien sur les hypothétiques communautés vaudoises qu’on peut trouver dans la Couronne d’Aragon. Les pouvoirs légifèrent de la même façon qu’on a légiféré dans le sud de la France, en Allemagne ou au nord de l’Italie. L’unique témoignage dont nous disposons est la confession du clerc Arnau de Puigverd. Celui-ci mentionne des vaudois mais aussi des hérétiques, ce qui peut désigner des cathares ou bien d’autres dissidences religieuses. On ne doit pas oublier que son témoignage s’inscrit dans le contexte particulier des guerres féodales entre le comte de Foix avec le vicomte Arnau de Castellbò et l’évêque d’Urgell, un contexte où les cathares ont trouvé un cadre plus favorable que les vaudois, car ils sont sous la protection du comte de Castellbò puis celle du comte de Foix.

7Cela fait apparaître une autre question, celle de la possible prépondérance du terme « vaudois » malgré la présence d’autres hérésies. Est-il possible que certaines mentions des « vaudois » fassent en fait référence aux cathares ? On peut le constater en février 1204 lorsque le roi Pierre le Catholique publie sa condamnation des hérétiques, après un colloque entre catholiques et hérétiques qui s’est tenu à Carcassonne6. Face aux moines cisterciens, parmi lesquels Peire de Castelnau et Radolf de Fontfroide, se trouve l’évêque Bernard de Simorra, que le document assimile aux hérétiques vaudois. Mais on sait que Bernard de Simorra était un évêque cathare de Carcassonne qui professait les croyances cathares, doctrine que le document expose comme vaudoise.

8En dehors de ce cas, on peut trouver dans cette période une possible communauté vaudoise autour de la communauté des Pauvres Catholiques et de son prieur, Durand de Huesca, ancien vaudois qui s’était converti au catholicisme à la fin de l’année 12087. À partir de cette conversion, les Pauvres Catholiques s’installent dans le sud de la France et dans la couronne d’Aragon, bien que nous ne connaissions pas les sites exacts. Nous avons connaissance de lettres que le pape a envoyées aux archevêques de Narbonne et de Tarragone. Nous savons également qu’en juillet 1209, le pape Innocent III écrivit à l’archevêque Berenguer de Narbonne à propos de la réconciliation de Duran de Huesca et de ses compagnons. Ceux-ci avaient été dénoncés par l’archevêque de Narbonne (et les évêques de Béziers, Uzès, Nîmes et Carcassonne) et accusés de ne pas observer les disciplines canoniques, d’avoir été corrompus par leurs liens avec les vaudois et d’avoir protégé des membres du clergé qui s’étaient enfuis des monastères8. Bien que cette plainte vise spécifiquement la communauté de la province de Narbonne, le pape envoie la même lettre à l’archevêque de Tarragone, et l’existence de liens entre les Pauvres Catholiques (anciens vaudois) et des vaudois est avérée dans d’autres régions, par exemple Marseille ou Milan. Le pape a insisté sur ce point dans plusieurs autres missives, comme celle de juillet 1209, dans laquelle il écrit à Durand de Huesca et ses collègues et leur ordonne d’éviter tout contact avec les hérétiques9.

9Nous ne connaissons pas l’endroit exact où cette communauté était établie dans la Couronne d’Aragon. Aucune des lettres qui sont adressées à l’archevêque de Tarragone, à Durand lui-même ou au roi ne précisent la localisation des Pauvres Catholiques. On connait seulement la communauté d’Elne, établie en mai 121210. Devrions-nous donc supposer des liens avec des vaudois ? Cette hypothèse est possible parce qu’en plus de la plainte de Narbonne, en avril 1209, le pape Innocent III a envoyé une lettre à l’archevêque de Milan concernant Durand de Huesca et ses compagnons, annonçant la réconciliation de Durand avec l’Église et son intention de créer des écoles d’étude. Le pape était heureux de constater que, depuis leur fondation, les Pauvres Catholiques avaient converti plus d’une centaine de vaudois au catholicisme11. Cependant, il recommandait à l’archevêque de mener ce travail avec prudence, car un risque de corruption existait.

10En effet, en mai 1212, le pape Innocent III ordonna à Durand de Huesca et Durand de Najac de dénoncer à l’évêque diocésain les excès de certains réconciliés avec l’Église, bien que nous ne sachions pas s’il parle de l’archevêque de Narbonne ou de Tarragone. Et en mai 1212, le pape Innocent III écrit à l’évêque de Marseille pour lui demander d’admettre Durand de Huesca et ses compagnons, qui ont été reconvertis de l’hérésie vaudoise12. La même lettre fut envoyée à l’évêque de Barcelone (et à Huesca), ce qui est très important car la présence des pauvres catholiques à Barcelone peut indiquer aussi la nécessité de convertir certains vaudois à Barcelone.

11Un autre document postérieur va dans le sens de cette hypothèse : c’est un document qu’on doit situer entre 1218 et 1227 sur la réconciliation d’un couple d’hérétiques vaudois à Barcelone par l’évêque de Barcelone, Berenguer de Palou. Ce document est conservé dans une édition manuscrite du xiiie ou xive siècle de la Somme de pénitence de Raymond de Penyafort et contient la formule de rétractation du couple accusé d’hérésie13. C’est un des premiers témoignages connus en Catalogne sur la réconciliation des hérétiques un peu avant la création de l’Inquisition. Les questions du document mentionnent qu’aucun prêtre se trouvant dans le péché n’a la légitimité pour donner le corps du Christ sur l’autel, qu’aucun homme non ordonné ne peut célébrer la messe, ou encore que les autorités laïques ne sont pas autorisées à utiliser la violence contre les voleurs, meurtriers et hérétiques ; pour ces raisons le couple d’hérétiques demeurait sous le péché mortel sans possibilité de salut jusqu’à ce qu’ils aient fait pénitence. Dans ce cas, bien que le texte utilise seulement le terme d’« hérésie » et pas le terme « vaudois » (qui a été écrit par un copiste postérieur en marge du document), les éléments doctrinaux mentionnés dans la réconciliation peuvent être attribués aux vaudois. Et plus précisément aux questions discutées par Durand de Huesca dans le livre qu’on lui attribue : le Liber antiheresis, écrit autour de 1190, quand il était encore un vaudois.

12Pouvons-nous établir un lien entre cette hérésie vaudois et la présence de la communauté de Durand de Huesca ? Pouvons-nous, qui plus est, affirmer qu’il s’agissait d’un mouvement hérétique si important qu’il aurait suscité une contre-offensive de la part de la hiérarchie ecclésiastique ? N’oublions pas qu’en mai 1212, le pape Innocent III avait écrit à l’évêque de Barcelone à propos de la reconversion de Durand de Huesca et ses compagnons, pour lui demander de les traiter avec bienveillance et de ne pas déranger la communauté. Cela nous indique-t-il qu’en 1212 une communauté des Pauvres Catholiques se trouvait à Barcelone ? Et la présence hypothétique de cette communauté s’expliquait-elle par la présence de vaudois à convertir ? Les Pauvres Catholiques ont toujours été liés avec les vaudois, dans différentes régions. Et cela peut expliquer le témoignage du mariage entre des vaudois à Barcelone, qui n’étaient pas des cathares.

13N’oublions pas qu’en novembre 1219, le pape avait écrit à tous les évêques d’Hispania pour recommander l’instauration des Dominicains dans leurs cités pour prêcher, en réponse à la pétition de l’évêque de Barcelone, Berenguer de Palou14. Quelques mois plus tard, le 6 mai 1220, le pape avait recommandé l’ordre des Prêcheurs à l’archevêque de Tarragone Aspàreg de la Barca pour prêcher contre l’hérésie15. Et le 7 décembre, le pape avait écrit à l’évêque de Barcelone, Berenguer de Palou, sur la question des frères Prêcheurs à Barcelone16. Dans ce contexte, si le support de l’évêque de Barcelone aux Pauvres Catholiques en 1212 et aux frères Prêcheurs en 1219 peut témoigner de la nécessité de prêcher contre l’hérésie et de convertir certains vaudois à Barcelone, il n’implique pas pour autant que ces derniers aient constitué un groupe dissident d’une taille telle qu’ils auraient pu s’opposer aux pouvoirs en place. Pour cette raison, nous pouvons conclure que si les sources parlent de vaudois dans la Couronne d’Aragon, il devait néanmoins s’agir d’une communauté aux proportions réduites, peut-être située à Barcelone, incapable en tout cas de constituer un mouvement d’opposition à l’Église.

14À partir des années 1230, la situation change radicalement. On en trouve dans des écrits de Raymond de Penyafort, le juriste dominicain qui est l’auteur non seulement d’une importante production législative sur l’hérésie mais aussi de conseils à destination des évêques catalans, pour les guider dans les réconciliations des hérétiques. Le 30 avril, le pape Grégoire IX écrit à l’archevêque de Tarragone, Guillem de Montgrí, pour lui confirmer l’inquisition dirigée par des frères Prêcheurs et lui demande d’emprisonner les hérétiques qui persistent dans leur erreur. Cette lettre était accompagnée d’une autre écrite par Raymond de Penyafort, dans laquelle celui-ci expose plusieurs questions sur la réconciliation des hérétiques de la province ecclésiastique de Tarragone17. C’est la première fois qu’il mentionne des vaudois, alors qu’il se trouve à Rome, et il établit un lien entre eux et les hérétiques emprisonnés à Tarragone.

15Cette même façon de qualifier de « vaudois » des hérétiques au sens plus large se retrouve chez Raymond de Penyafort en 1241, quand il écrit un guide inquisitorial ou manuel pour faciliter la réconciliation des « Insabbatatis, Valdensium, Pauperibus de Lugduno, vel hereticis cuiuscumque generis sint18 ». Ce texte, destiné aux évêques, constitue le premier manuel paru dans ce domaine en Europe. Il revêt une grande importance car c’est la première fois qu’une distinction est établie entre différentes catégories de responsabilité, définies en fonction de la part prise à l’hérésie. Raymond de Penyafort établit également une nouvelle définition de l’hérésie : l’hérétique est celui qui persiste avec obstination dans son erreur, à l’instar des insabattati qui soutiennent qu’ils ne doivent jamais jurer, obéir aux pouvoirs ecclésiastiques ou laïques, ni se soumettre à aucune punition corporelle. Comme c’était le cas en 1235, nous trouvons ici l’amalgame des termes « hérétiques » et « vaudois », alors que la description de leurs erreurs est applicable aux autres hérésies.

16Selon ce témoignage, il semblerait qu’entre 1235 et 1241, l’hérésie des vaudois puisse correspondre à l’hérésie qui est dénoncée par ces religieux non seulement à Tarragone mais aussi à Urgell, Prades, Barcelone ou Lleida, régions où la présence d’hérésies est attestée dans cette période. Mais qui sont ces hérétiques ? Sont-ils véritablement des vaudois comme l’affirme Raymond de Penyafort ? Ou bien peut-il s’agir de cathares malgré la dénomination de « vaudois » ? Est-il possible que certaines mentions des « vaudois » fassent en fait référence aux cathares ou bien à d’autres dissidences religieuses ?

17Nous savons aussi que la rédaction du manuel de Raymond de Penyafort correspond à la volonté de l’archevêque de Tarragone de poursuivre une enquête inquisitoriale qui avait été initiée par l’évêque de Barcelone Berenguer de Palou mais qui était demeurée inachevé à cause de son décès. Nous avons eu récemment connaissance, grâce à Damian Smith et Stefano Cingolani, d’un petit livret contenant les comptes économiques du veguer de Barcelone, Pere Ferrer, qui a consigné les dépenses et les revenus d’une inquisition faite à Barcelone entre novembre 1240 et juillet 124119. C’est un témoignage précieux et unique. Il nous apprend que l’inquisition a été partagée entre le représentant de l’évêque de Barcelone, Pere de Trilers, les dominicains et les officiers du roi. Cette inquisition a commencé avec la capture de l’hérétique Arnau de Cardona et Joan, ce dernier ayant probablement été blessé lors de sa capture. En février, Domenech de Llobregat a été arrêté pour complicité d’hérésie et pour avoir consenti à ces croyances. Les dominicains et officiers ont également organisé des excursions à Tortosa, Sant Pere de Ribes et Vilafranca du Penedès, où certains hérétiques furent dénoncés. Dans la même période, Pere Ferrer a arrêté d’autres accusés autour de Barcelone.

18Que peut-on dire de ces croyances ? Le document ne mentionne aucun élément doctrinal car il rapporte seulement le rapport économique de l’enquête. L’accusation d’hérésie ne précise pas de quel type d’hérésie il s’agit. Mais que peut-on dire de la région de l’inquisition de Barcelone et des villes de Barcelone, Sant Pere de Ribes et Vilafranca du Penedès ? Devons-nous supposer alors qu’il s’agissait de vaudois ou bien de cathares ? Dans ce cas, on ne peut pas répondre à cette question car nous n’avons pas d’informations pour attester ou non la présence de vaudois dans cette région. Tout ce qu’on peut dire, c’est que dans la région de Tarragone, on trouve des témoignages de la présence de cathares malgré la mention de vaudois par Raymond de Penyafort. Les déclarations d’Arnau Bretós de Berga ou de Ramon Joan d’Albi, conservées au fond Doat de la Bibliothèque nationale de France, signalent la présence de croyants cathares dans la région de Tarragone et le Priorat à cette période précise.

19Ramon Joan d’Albi rapporte qu’entre 1229 et 1236 des cathares voyagent à Carol et Josa, puis à Cervera, Berga et dans les montagnes de Siurana, une région proche de Tarragone20. De là, ils partirent à Lleida pour rendre visite à plusieurs personnes dont ils obtinrent des ressources abondantes. De plus, Arnau Bretós nous dit dans sa déclaration qu’en 1240 environ, il a entrepris un voyage de trois ans dans plusieurs villes catalanes : Vallporrera, Tarragone, Castellverdú et dans les montagnes de Siurana, où il est resté chez lui en compagnie de plusieurs prédicateurs cathares21. Ces deux témoignages délimitent une région précise pour la présence des cathares dans la province de Tarragone, où, semble-t-il, ce mouvement a eu beaucoup plus d’impact que les vaudois. Cela nous indique que, au-delà de cette question géographique, le mot vaudois était largement utilisé pour désigner l’hérésie de Catalogne, indépendamment des différences doctrinales. Plusieurs autres exemples soulignent ce problème22.

20En décembre 1220, alors que des vaudois sont présents à Barcelone, l’archevêque de Tarragone, Aspàreg de la Barca, fit une donation à Randulf qui était le prieur de l’Escala Dei, dans la région de Tarragone, en récompense de ses efforts pour expulser l’hérésie de son diocèse23. Comme d’habitude, nous n’avons pas plus d’information pour déterminer le type d’hérésie car le document ne le spécifie pas. Traditionnellement, cette hérésie est rattachée aux cathares, car nous savons que ceux-ci étaient présents à cet endroit peu après, notamment à Prades, Montsant et Siurana. Cependant, en 1684, lorsque le chanoine de Tarragone, Josep Blanc, décrit les événements de la région de Prades et Escala Dei, il attribue les faits aux vaudois ou Pauvres de Lyon. Mais il fait cette même association avec des témoignages d’hérésie que l’on trouve à Lleida et Urgell malgré la présence des cathares24.

21En 1237, on rencontre une situation similaire. En mai, une inquisition très importante a lieu à Castellbò. Nous connaissons les faits grâce à une lettre de Guillem de Montgrí, archevêque de Tarragone, où il certifie que le vicomte de Castellbò, Roger IV de Foix (avec le consentement de son père, Roger Bernard II de Foix), a autorisé l’entrée des inquisiteurs à Castellbò. Cette inquisition a débouché sur soixante-dix-huit accusations : il y eut quarante-cinq détenus, dix-huit condamnations à mort et quinze condamnations par contumace25. En bref, il s’agit de la première grande inquisition catalane à notre connaissance.

22Cette période offre un des premiers exemples de résistance aux actions inquisitoriales, d’opposition des pouvoirs séculiers à l’activité des inquisiteurs. L’inquisition faisait alors suite à la mort d’un inquisiteur Ponç de Planès, assassiné dans le comté de Castellbò, dans le nord de la Catalogne, comté qui avait, avec la ville de Josa, protégé des dissidents cathares bénéficiant du soutien des seigneurs féodaux de la région. Cela explique qu’au moins trois attaques contre des inquisiteurs aient eu lieu dans cette région, alors qu’on ne rencontre pas de cas similaires dans le reste du territoire de la Couronne d’Aragon. L’assassinat de l’inquisiteur Ponç de Planès fut la première de ces attaques, qui déclencha l’une des premières inquisitions dans le territoire et aboutit à différentes arrestations.

23Cette inquisition était liée aux cathares, dont la présence est largement documentée pour la région de Castellbò autour de 1224, avec la présence d’un diacre cathare, Guillaume Clergue. Les vaudois ne sont en revanche jamais mentionnés dans ce village. Cette inquisition eut une grande importance dans la mémoire des dominicains car elle était apparemment motivée par l’assassinat de l’inquisiteur Ponç de Planés à Castellbò. Cela explique que l’inquisition de Castellbò ait été rappelée par plusieurs chroniques dominicaines. Cependant, quand elles relatent ces faits, ces chroniques assimilent les hérétiques à des vaudois.

24La première chronique rappelant ces faits date du xive siècle et est l’œuvre de Pere Marsili, chroniqueur de l’ordre des Prêcheurs de Barcelone. Marsili raconte cette inquisition dans sa traduction latine libre du Livre des faits du roi Jacques Ier, où il explique qu’à cette époque, la ville de Castellbò était connue pour être un nid d’hérétiques, qui furent soit expulsés, soit condamnés à la prison à perpétuité ou encore condamnés au bûcher (ce qu’on ne peut pas confirmer à partir des documents de l’époque). Marsili est très général dans sa description : il parle d’hérétiques et non de vaudois, et parle de Castellbò comme d’un nid d’hérétiques, une idée qui fut reprise dans la mémoire de l’histoire de la ville26.

25Cependant, en 1601, à l’occasion de la canonisation de Raymond de Penyafort, une série de livres est publiée, dont une biographie, qui rappelle des éléments de son action vis-à-vis de l’hérésie et relate l’inquisition de Castellbò. Ce sont là deux choses différentes, comme nous l’avons vu antérieurement, mais les chroniqueurs et les théologiens en ont fait une seule et même chose. Dans cette fusion, les vaudois ont pris une place très importante, car ils sont considérés comme étant les hérétiques de Castellbò, et comme représentant l’hérésie la plus importante de Catalogne.

26Par exemple, le chroniqueur dominicain Francisco Diago (très important parce qu’il a écrit la première chronique de l’ordre des Prêcheurs de la Couronne d’Aragon) publie le fragment de Marsili dans son Historia del Beato Cathalan barcelonés S. Raymundo de Peñafort et réaffirme l’identité des hérétiques de Castellbò comme des vaudois : « Por una parte que en Castellbo cerca de la Seo de Urgel, auia tantos de los hereges Valdenses o pobres de Leon, que con otro nombre se llamauan Ençapatados, que por esso se le daua comunmente titulo de nido dellos27. » Ce n’est pas une nouveauté dans cette période car un autre théologien, Francisco Peña, qui était l’éditeur du manuel de l’inquisiteur Nicolau Eimeric, dans sa Vita S. Raymundi de Peniafort a établi la même comparaison en commentant les événements de Castellbò de 1237, en affirmant que les hérétiques de Castellbò n’étaient autres que les vaudois qui avaient été expulsés par l’archevêque Guillem de Montgrí : « Quod autem Haereticorum id Castrum [bonum] esset tunc receptaculum, non expressit auctor, caeterum ex Historiarum relatione constat, eos fuisse Valdenses, sive pauperes de Lugduno, quos alio etiam nomine vocari Inzabatatos28. »

27Ces deux religieux ont eu une importante influence dans l’assimilation des hérétiques de Castellbò avec les vaudois au début du xviie siècle, à partir des textes de Raymond de Penyafort de son époque, qui utilise le terme vaudois. Cela n’est pas sans importance, car la mémoire de l’hérésie dans la Couronne d’Aragon qui se construit alors va mettre l’accent sur les vaudois (et non sur les cathares) comme groupe d’opposition et de résistance à l’inquisition. La réalité est que la population de la région dans son ensemble ne voyait pas favorablement les pratiques inquisitoriales, dans un espace où les conflits sociaux étaient très présents29. Cela a conduit à une réaction contre la mise en œuvre de ces pratiques qui ne trouve pas d’équivalent dans le reste du territoire. Cette réaction explique le meurtre de l’inquisiteur Ponç de Planès puis celui, quelques années plus tard, de l’inquisiteur Bernat de Travesseres, qui avait également officié vers 1260 à La Seu d’Urgell. Ces deux religieux furent célébrés en martyrs, leurs restes vénérés dans la cathédrale de La Seu d’Urgell, jusqu’à la fondation du couvent de Sant Domenech en 1273. Les choses ne s’améliorèrent pas avec le temps pour les inquisiteurs dominicains de la région, puisqu’un troisième, Pere de Cadireta, fut également tué vers 1277.

28Ces éléments mettent en évidence l’opposition auxquelles les actions inquisitoriales se sont heurtées dans cette région. Cette opposition, qui s’explique par la situation politique de Castellbò, domaine des vicomtes de Castellbò et plus tard du comte de Foix, était directement liée au mouvement cathare, ce dont on ne trouve pas d’autres exemples dans d’autres régions de la Couronne d’Aragon. Cependant, ces événements ont traditionnellement été rattachés aux vaudois, générant ainsi une image déformée de ce mouvement hérétique, qui s’est ainsi vu attribuer un impact sur l’inquisition plus important que celui qu’il eut en réalité.

29À partir de là, presque toutes les chroniques religieuses publiées par les dominicains admettent que la présence de l’hérésie en Catalogne se trouvait ainsi assimilée à une présence de vaudois. Cela a permis de créer une mémoire, qui a accentué la présence des vaudois en Catalogne. Cette construction de la mémoire de l’hérésie a conféré aux vaudois une dimension plus grande et plus importante que celle qu’ils avaient réellement, comme on a déjà vu. Or, les témoignages ponctuels suggèrent seulement la présence de petites communautés vaudoises dans les premières années du xiiie siècle, probablement à Barcelone (très proche de la possible communauté des Pauvres Catholiques) et à Urgell (si nous considérons le cas de Puigverd comme une présence vaudoise).

30Leur présence n’était toutefois en aucun cas remarquable au point où nous le disent les chroniques postérieures. Les inquisitions postérieures contre l’hérésie en Catalogue, qui était très importante autour des années 1235, 1237, 1241 ou 1250, sont en réalité peu liées aux communautés vaudoises. Par exemple, les événements de Berga sont consignés dans un document écrit en catalan autour de 1250, qui mentionne explicitement les « bons hommes », c’est-à-dire les cathares. Dans ce cas, l’enquête de l’inquisiteur Guillem Clergue pour découvrir les hérétiques d’un village du Gòsol a été menée sur la base du témoignage de plusieurs personnes, principalement Maria Pocha30.

31Cette dernière explique comment ces hérétiques appelés « bons hommes » ont prié Dieu les mains couvertes et à genoux. Elle raconte aussi que Guillem Clergue s’est rendu à la maison de Ferrer Draper de Balaguer, duquel il apprit que quatre d’entre eux étaient venus depuis Montsià parce qu’un dénommé Soler était malade, et que certains de ces bons hommes se trouvaient à Josa, Solsona, Agramunt, Lleida, Sanahuja et dans les montagnes de Prades. Maria Pocha ajoute également que rares étaient les maisons à Gòsol qui n’abritaient pas d’hérétiques. Si nous prêtons attention à ces propos, nous nous trouvons devant une carte très détaillée des communautés cathares réparties dans toute la Catalogne autour de 1250.

32Le rapport de l’enquête de Guillem Clergue eut des conséquences pour ces hérétiques. On sait en effet qu’entre 1250 et 1256, une nouvelle inquisition eut lieu à Gòsol, qui aboutit à l’arrestation de plusieurs personnes. Parmi elles se trouvaient treize hérétiques qui furent cédés par l’archevêque de Tarragone, le 8 mai 1256, à Galceran de Pinòs, le seigneur de la ville de Gavâ, qui promit de les restituer si l’archevêque les réclamait. Certains des noms qui apparaissent dans ce document de cession correspondent aux personnes mentionnées par le rapport de Clergue : Ramen de Serres, chez qui des hérétiques se rassemblèrent pour écouter des sermons, Ferrer Draper, Guillem Josa, Bernat de Paratge et son épouse Guillema, Bernat Torner et une femme du nom de Barcelone.

33Tous étaient directement liés au catharisme, plutôt qu’aux vaudois. Nous ne connaissons pas directement le profil social de ces hérétiques mais pouvons déduire qu’il s’agit d’humbles citoyens sans grandes ressources économiques (ils n’ont pas pu faire face aux impositions), qui n’ont pas le soutien de leur seigneur féodal (dans ce cas, Galceran de Pinòs). Pourtant, dans l’historiographie religieuse qui a décrit ces événements au xviie siècle, ces cathares sont présentés comme des vaudois : « Valdenses e Enzapatados, Pobres de Lyon, a quienes inquirió el hermano Pere de Atenas de la Orden de Predicadores y Ponç de Vilamur, obispo de Urgell, por las villas de Puigcerdà y Berga y las Baronías de Josa y de Pinos31. » Nous trouvons la même association entre les hérétiques de Catalogne et les vaudois chez Josep Mercader dans la seconde moitié du xviiie siècle32.

34Nous ne pouvons pas non plus considérer les témoignages de l’hérésie vaudoise en Catalogne comme un mouvement fort et articulé d’opposition et de résistance à l’Église, ainsi que le présentent certaines chroniques. En revanche, dans la mémoire des chroniques dominicaines qui ont poursuivi l’hérésie, les vaudois sont devenus un mouvement important, si important qu’il a été considéré comme une hérésie de premier niveau, qui aurait eu un impact considérable sur les villages catalans, tels que Penedès, Prades, Urgell, Castellbò ou Lleida, autant de villages qui sont en fait en lien avec les cathares.

Notes de bas de page

1« Subito extulerunt caput novi haeretici, qui quodam praesagio futurorum sortiti vocabulum, dicti sunt Valdenses; nimirum a Valle densa; eo quod profundis et densis errorum tenebris involvantur » (Despont Philippe [éd.], Marguerin de La Bigne, Maxima bibliotheca veterum patrum et antiquorum scriptorum ecclesiasticorum, t. 24, Lyon, Anisson, 1677, col. 1585b-1602b).

2Arxiu Episcopal de Girona, parchemin original, armoire III du cloître, étagère a, B. Gonnet Giovanni (éd.), Enchiridion Fontium Valdensium. Recueil critique des sources concernant les vaudois au Moyen Âge. Du IIIe Concile de Latran au Synode de Chanforan (1179-1532), t. 1, Turin, Claudiana, 1958, p. 91-93 ; Marqués Jaime, « Alfonso el Casto y la seo de Gerona », VII Congreso de Historia de la Corona de Aragón, t. II, Barcelone, 1964, p. 218-219, doc. 5 ; Sánchez Casabón Ana Isabel, Alfonso II Rey de Aragón, Conde de Barcelona y Marqués de Provenza. Documentos (1162-1196), Saragosse, Institución Fernando el Católico, 1995, p. 797-798, doc. 621 ; Baraut Cebrià, « Els inicis de la inquisició a Catalunya i les seves actuacions al bisbat d´Urgell (segles xii-xiii) », Urgellia, no 13, 1996-1997, p. 419-420, doc. 1 ; Grau Sergi, Berga Eduard et Cingolani Stefano, L’herètica pravitat a la Corona d’Aragó. Documents sobre càtars, valdesos i altres heretges (1155-1324), t. 1, Barcelone, Fundació Noguera, 2015, p. 73-75, doc. 10.

3Arxiu Capitular de Girona, parchemin no 536 ; De Marca Pèire (éd.), Marca hispanica ; sive, Limes hispanicvs, Paris, Franciscum Muguet regis, 1688, col. 1384-1385, doc. 487 ; Baraut Cebrià, « Els inicis de la inquisició », art. cité, p. 420-422, doc. 2 ; Marquès i Planagumà Josep Mª, El Cartoral de rúbriques vermelles de Pere de Rocabertí, bisbe de Girona (1318-1324), Jaume de Puig Oliver et Albert Serrat Torrent (éd.), Barcelone, Fundació Noguera, 2009, p. 143-147, doc. 13 (64) ; Alvira Martín, Pedro el Católico, Rey de Aragón y Conde de Barcelona (1196-1213). Documentos, testimonios y memoria histórica, Zaragoza, Institución Fernando el Católico, 2010, t. 1, p. 265-268, doc. 128 ; Grau Sergi et al., op. cit., t. 1, p. 76-79, doc. 12.

4Cité du Vatican, Archivio Apostolico Vaticano [désormais cité AAV], Reg. Vat. 4, fo 23 ro-vo, no 94 ; Baluze Étienne (éd.), Epistolarum Innocentii III, Romani pontificis libri undecim. Accedeunt gesta eiusdem Innocentii et prima collectio decretalium, Paris, Franciscus Muguet, 1682, t. 1, p. 50-52, doc. 94 ; Migne Jacques Paul (éd.), Patrologiae Latinae, Paris, 1844-1855 (rééd. Turnhout, Brepols, 1970), t. 214, col. 81-83, doc. 94 ; Bouquet Martin et al. (éd.), Recueil des Historiens des Gaules et de la France, Paris, Académie des inscriptions et belles-lettres, 1880, t. 19, p. 350-352 ; Mansilla Demetrio, La documentación pontificia hasta Inocencio III (965-1216), Rome, Instituto Español de Historia Eclesiástica, 1955, p. 172-174, doc. 141 ; Hageneder Othmar et al. (éd.), Die Register Innocenz’ III, Viena, Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, 1964-2010, t. 1, p. 135-138, doc. 94 ; Alvira Martín, op. cit., t. 1, p. 293-294, doc. 147 ; Grau Sergi et al., L’herètica pravitat a la Corona d’Aragó, op. cit., t. 1, p. 82-85, doc. 15.

5Arxiu de la Catedral d’Urgell, « Liber dotaliorum Ecclesiae Urgellensis », I, fo 269 vo, doc. 939 ; Baraut Cebrià (éd.), « Els documents, dels anys 1191-1200, de l’Arxiu Capitular de la Seu d’Urgell », Urgellia, no 11, 1992, p. 69, doc. 1904 ; Grau Sergi et al., L’herètica pravitat a la Corona d’Aragó, op. cit., t. 1, p. 92, doc. 21.

6Benoist Jean (éd.), Histoire des Albigeois et des Vaudois ou Barbets, t. 1, Paris, Jacques Le Febvre, 1691, p. 269-271.

7AAV, Reg. Vat. 7A, fo 81 vo-82 ro, no 196 ; Baluze Étienne (éd.), Epistolarum Innocentii III, op. cit., t. 2, p. 238-240, doc. 196 ; Mansilla Demetrio, La documentación pontificia hasta Inocencio III (965-1216), op. cit., t. 1, p. 410-414, doc. 394 ; Gonnet Giovanni, Enchiridion Fontium Valdensium, op. cit., t. 1, p. 129-136 ; Grau Sergi et al., L’herètica pravitat a la Corona d’Aragó, op. cit., t. 1, p. 130-134, doc. 44.

8AAV, Reg. Vat. 7A, fo 117 vo-118 ro, no 67 et 68 ; Baluze Étienne (éd.), Epistolarum Innocentii III, op. cit., t. 2, p. 336-337, doc. 67 (dirigé à l’archevêque de Narbonne) et doc. 68 (dirigé à l’archevêque de Tarragone) ; Mansilla Demetrio, La documentación pontificia hasta Inocencio III (965-1216), op. cit., p. 420-421, doc. 404 ; Hageneder Othmar (éd.), Die Register Innocenz’ III, op. cit., t. 12, p. 117-119, doc. 67 ; Grau Sergi et al., L’herètica pravitat a la Corona d’Aragó, op. cit., p. 136-138, doc. 48.

9AAV, Reg. Vat. 7A, fo 118 ro-vo, no 69 ; Baluze Étienne (éd.), Epistolarum Innocentii III, op. cit., t. 2, p. 337-339, doc. 69 ; Migne Jacques Paul, Patrologiae Latinae, op. cit., t. 216, col. 75-77, doc. 69 ; Mansilla Demetrio, La documentación pontificia hasta Inocencio III (965-1216), op. cit., p. 421-424, doc. 405 ; Hageneder Othmar, Die Register Innocenz’ III, op. cit., t. 12, p. 119-123, doc. 69 ; Grau Sergi et al., L’herètica pravitat a la Corona d’Aragó, op. cit., p. 139-142, doc. 49.

10AAV, Reg. Vat. 8, fo 95 ro, no 82 ; Bosquet François (éd.), Innocentii III Epistolarum libri quatuor, regestorum XIII. XIV. XV. XVI. ex ms. bibliothecae collegii Fuxensis Tolosae, livre 3, Toulouse, 1635, p. 358-359, doc. 80 ; Baluze Étienne (éd.), Epistolarum Innocentii III, op. cit., t. 2, p. 630-631, doc. 82 ; Migne Jacques Paul, Patrologiae Latinae, op. cit., t. 216, col. 601-602, doc. 82 ; Mansilla Demetrio, La documentación pontificia hasta Inocencio III (965-1216), op. cit., p. 504-506, doc. 474 ; Grau Sergi et al., L’herètica pravitat a la Corona d’Aragó, op. cit., t. 1, p. 153-154, doc. 56.

11AAV, Reg. Vat. 7A, fo 107 ro, no 17 ; Hageneder Othmar (éd.), Die Register Innocenz’ III, op. cit., t. 12, p. 34-36, doc. 17 ; Grau Sergi et al., L’herètica pravitat a la Corona d’Aragó, op. cit., t. 2, p. 877-878, doc. 285.

12AAV, Reg. Vat. 8, fo 96 ro, no 90 ; Bosquet François (éd.), Innocentii III Epistolarum libri quatuor, op. cit., lib. III, regest. xv, p. 363, doc. 88 ; Baluze Étienne (éd.), Epistolarum Innocentii III, op. cit., t. 2, p. 633, doc. 90 ; Migne Jacques Paul, Patrologiae Latinae, op. cit., t. 216, col. 607, doc. 90 ; Mansilla Demetrio, La documentación pontificia hasta Inocencio III (965-1216), op. cit., p. 508-509, doc. 480 ; Grau Sergi et al., L’herètica pravitat a la Corona d’Aragó, op. cit., t. 1, p. 157-158, doc. 61.

13Rome, Biblioteca Nazionale, Sessoriano 15, fo 68a-b. Inc. : « Quociens cordis oculus nube erroris obductus […] Exp.: […] presentibus b. barchinonensi episcopo et populus, etc. Auctoris Ignoti [¿Sancti Raimundi de Penyafort?], Abiuratio doctrinae valdensium » ; Perarnau Josep (éd.), « Fòrmula d’abjuració d’un matrimoni de valdesos barcelonins », Arxiu de Textos Catalans Antics, no 11, 1992, p. 331-346.

14Diago Francisco, Historia de la provincia de Aragón de la Orden de Predicadores: desde su origen y principio hasta el año de mil y seyscientos, Barcelone, S. de Cormellas, 1599, p. 104 ro.

15Ripoll Tomàs et Brémond Antonin, Bullarium Ordinis Fratrum Praedicatorum, Rome, H. Mainardi, 1729, t. 1, doc. 15, p. 10.

16Ibid., t. 1, doc. 27, p. 14.

17Diago Francisco, Historia de la provincia de Aragón, op. cit., p. 118 ro-119 ro ; Balme François et al. (éd.), Raymundiana seu documenta quae pertinent ad S. Raymundi de Pennaforti vitam et scripta. t. VI, « Monumenta Ordinis Fratrum Praedicatorum historica », Rome/Stuttgart, In Domo Generalitia et Apud Jos. Roth, 1898-1901, t. 2, p. 41-45, doc. 21 ; Rius José (éd.), San Raimundo de Penyafort. Diplomatario Documentos, Cartas de San Raimundo de Penyafort, de Gregorio IX y de varios autores. Vida antigua, Crónicas, Procesos antiguos, Barcelone, université de Barcelone, 1954, p. 29-32, doc. 20 ; Baraut Cebrià, « Els inicis de la inquisició a Catalunya i les seves actuacions al bisbat d´Urgell (segles xii-xiii) », Urgellia, no 13, 1996-1997, p. 426-428, doc. 6.

18Grau Sergi, Cingolani Stefano et Álvarez Robert, « El directori inquisitorial de Pere d’Albalat i Ramon de Penyafort: estudi, edició i traducció », Magnificat Cultura i Literatura Medievals, no 9, 2022, p. 1-40.

19Smith Damian et Cingolani Stefano, « The 1240-1 Accounts of the Vicar Pere Ferrer and a heretic hunt around Barcelona », Mitteilungen des Instituts für Österreichische Geschichtsforschung, no 124, 2016, p. 26-52.

20Paris, BnF, Doat, t. 23, fo 260 ro-273 vo ; Grau Sergi et al. (éd.), L’herètica pravitat a la Corona d’Aragó, op. cit., t. 1, p. 243-247, doc. 119.

21Paris, BnF, Doat, t. 24, fo 181 vo-186 vo ; Ventura Jordi (éd.), « Catarisme i valdesia als Països Catalans », VII Congreso de Historia de la Corona de Aragón, t. 3, Barcelone, 1964, p. 130-131 ; Delcor Mathias, « La société cathare en Cerdagne : nobles et bergers du xiie au xive siècle », Bulletin de littérature ecclésiastique, no 81, 1980, p. 42-49 ; Baraut Cebrià, « Presència i repressió del catarisme al bisbat d’Urgell (segles xii-xiii) », Urgellia, no 12, 1994-1995, p. 510-511, doc. 8 ; Grau Sergi et al., L’herètica pravitat a la Corona d’Aragó, op. cit., t. 1, p. 308-314, doc. 152.

22Ces exemples dans la Couronne d’Aragon sont compilés dans Smith Damian J., Crusade, Heresy and Inquisition in the Lands of the Crown of Aragon (c. 1167-1276), Leyde, Brill, 2010 ; Smith Damian J., « Cruzada, herejía e inquisición en las tierras de la Corona de Aragón (siglos xii-xiii) », Hispania Sacra no 65/1, 2013, p. 29-48.

23Villanueva Jaime, Viage literario a las iglesias de España, Madrid, Imprenta de la Real Academia de la Historia, 1851, t. 19, p. 310-311, doc. 42 ; Gort Ezequiel, Occitans i càtars a Montsant i muntanyes de Prades (segles XII-XIV), Albarca, Migdia Serveis Culturals, 2006, p. 51-53.

24Barcelone, Biblioteca de Catalunya Ms. 312, Blanc Josep, Arxiepiscopologi de la santa iglésia metropolitana de Tarragona, any de 1684, fo 64 ro, 69 ro-vo.

25Paris, BnF, Doat, t. 170, fo 75 ro-76 vo ; Devic Claude et Vaissète Jean-Joseph (éd.) Histoire générale du Languedoc avec les notes et pièces justificatives, Toulouse/Paris, Privat et Claude Tchou, 31872-1904, t. 8, col. 1010-1011, doc. 319 (ccxxiii) ; Baraut Cebrià, « Presència i repressió del catarisme », art. cité, p. 502-503, doc. 1 ; Grau Sergi et al., L’herètica pravitat a la Corona d’Aragó, op. cit., t. 1, p. 232-233, doc. 111.

26« Item castrum Bonum in finibus Cataloniae situm quod nidus haereticorum tunc temporis dicebatur, ubi quendam Fratre, Praedicatorem Inquisitorem Haereticorum, veneno Heretici occiderunt capies, quamvis intus esset Haereticorum, et credentium eis maxima multitudo, deduxit eos viriliter, et potenter: quorum quidam ad perpetuum carcerem, quidam vero sunt propter haeresis perfidiam, ad incendium condemnati » (Peña Francisco, Vita S. Raymundi de Peniafort, a vetusto scriptore olim breuiter collecta, Rome, apud haeredes Nicolai Mutij, 1601, p. 29-30).

27Diago Francisco, Historia del B. cathalan barcelones S. Raymundo de Peñafort… de la Orden de Predicadores, Barcelona, Sebastián de Cormellas, 1601, p. 48 ro-vo.

28Peña Francisco, Vita S. Raymundi de Peniafort, op. cit., p. 31.

29Gascón Carles, La disidencia cátara y sus bases sociales en la Cataluña de los siglos xii-xiv, thèse de doctorat dirigée par J. M. López Villalba (dir.), P. Jiménez Sánchez (codir.), UNED, Universidad Nacional de Educación a Distancia, 2016. Disponible à [ ] (erreur en 2024) (consulté le 03-02-2023).

30Grau Sergi et al., L’herètica pravitat a la Corona d’Aragó, op. cit., t. 1, p. 332-335, doc. 171.

31Agustí Prats Sebastià, Papeles manuscritos e impresos, la mayor parte, al convento de Santa Catalina, virgen martir O.P., de Barcelona, Ms. 241 Bibliothèque universitaire de Barcelone, fo 325.

32Mercader Josep, Disertación primera del error o herejía de los enzapatados ms. dans Disertaciones historico-eclesiasticas, Ms. 837 Bibliothèque universitaire de Barcelone, fo 21 ro-26 vo ; sur ce manuscrit, voir Grau Torras Sergi, « Una breve disertación sobre los valdenses de Josep Mercader (1764) », Hispania Sacra, no 64/129, 2012, p. 279-307.

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