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Élites dirigeantes et Inquisition dans les consulats du Midi de la France (première moitié du xiiie siècle)

p. 23-36


Texte intégral

1La mise en place d’une répression à grande échelle de l’hérésie et de la dissidence religieuse dans les régions de la France méridionale est désormais bien connue et a donné lieu, depuis le début du xxe siècle, à un nombre grandissant de travaux1. Les historiens reconnaissent unanimement que, à partir du xiie siècle, la portée spirituelle des nouvelles idées en matière religieuse a conduit l’ancienne société féodale du Midi à rechercher des équilibres inédits, qui ne prenaient plus en compte l’Église comme « instance régulatrice majeure de la société2 ». Dans les milieux urbains, ces aspirations sont particulièrement visibles, car on y assiste, dès les années 1150, à l’augmentation des critiques et des accusations de la part du clergé à l’égard des libertés des communautés dans le champ politique ainsi que dans les questions touchant à l’argent et à l’évolution des métiers liés au commerce3. Les tentatives de consolidation d’un système épiscopal de matrice grégorienne ont produit, de ce fait, une forme, parfois violente, de refus de l’autorité des évêques ou des clercs, notamment dans les grandes villes du Midi. Les résistances des sociétés urbaines à une telle évolution de l’institution ecclésiale sont parallèles en effet aux progrès des idées liées à la réforme du xie siècle. Florian Mazel, en observant l’attitude des milieux aristocratiques vers la mise en place de la réforme en Provence, avait identifié dans les manifestations d’anticléricalisme en Provence dans les années 1235-1250 le moment paroxystique d’une résistance latente et de longue durée aux transformations de la politique seigneuriale des évêques, qui avait commencé à la fin du xie siècle et avait brutalement empiré lors de la croisade albigeoise. Ce changement avait été signalé, avant lui, par Jacques Chiffoleau en considérant les affrontements, très nombreux, que les laïcs ont eu avec les évêques ou les chanoines des villes rhodaniennes à propos des dîmes et des droits paroissiaux4.

2Cependant, c’est l’activité des inquisiteurs qui semble susciter les oppositions les plus violentes au sein des cités ou des villages de la région. Leurs incursions déclenchent des émeutes sanglantes, déjà peu de temps après le début de leur mandat, aussi bien en Languedoc qu’en Provence5. Les plus connues sont celles de Narbonne en 1233, d’Albi en 1234, de Toulouse en 1235, mais également celles, moins documentées, de Montpellier en 1236-1237, d’Arles en 1235-1238 et d’Avignon en 1246-1248. L’opposition des communautés urbaines à la mise en place d’une forme de tribunal souverain délégué directement par le pape ne fait plus aucun doute. À la suite des travaux d’Yves Dossat ou de Jean-Louis Biget, nous savons que la résistance opposée à ce nouveau système judiciaire réside souvent dans la volonté de préserver les coutumes propres à chaque communauté. Les élites urbaines voient dans l’Inquisition une ingérence juridictionnelle incompatible avec le système juridique en vigueur dans les différentes cités6. Cette trame, bien connue, n’est pas propre au Midi et trouve des parallèles en Italie où les communes entravèrent longtemps l’action des tribunaux de la foi et créèrent un climat de tension qui s’entremêla aux prises de position politique en faveur de l’Empereur et à la montée du gibelinisme7.

3Il serait toutefois réducteur de cantonner les épisodes de violences urbaines des années 1230-1250 uniquement à la mise en place de l’Inquisition, même si elle y joue un rôle essentiel. Bien évidemment, le début du xiiie siècle représente une période où les tensions générales de la société médiévale sont amplifiées, en Provence et Languedoc, par la croisade, par la radicalisation de la théocratie pontificale dans le cadre d’un conflit plus général entre le pape et l’Empereur, par l’explosion de dissidences politico-religieuses et par la mise en place de l’Inquisition, ainsi que par l’affirmation et la transformation des pouvoirs princiers et royaux8. Toutefois, ces mêmes années sont également marquées par la manifestation et l’amplification des autonomies municipales. La mise en place de nouveaux instruments de contrôle de la part de l’Église – comme le système inquisitoire, testé dans les régions méridionales proches du Rhône très tôt, dès la fin du xiie siècle – se combine en effet avec la progressive structuration des consulats : cela aboutit à une conception originale de la gestion des cités, élaborée, cette fois-ci, au sein même des communautés urbaines. On pourrait même affirmer que la montée en puissance des consulats s’inscrit dans un mouvement, très général, de refus des autorités seigneuriales traditionnelles et de recherche d’une juridiction spécifique et alternative sur la cité – ou une partie de celle-ci – ainsi que de son territoire proche9. Cet aspect reste en effet encore peu visible dans les études concentrées sur l’hérésie, sur l’action du pouvoir pontifical, royal ou princier dans les terres situées d’un côté et de l’autre du Rhône. Il s’agit, à vrai dire, d’un obstacle qui existe aussi dans d’autres traditions historiographiques, comme celle italienne, intéressée sans doute au développement des communes, mais dans laquelle les questions sur l’inquisition et la répression de l’hérésie ou encore les évolutions, les luttes et les violences du monde communal sont souvent étudiées séparément10.

4Les épisodes de résistances à l’Inquisition dans les cités de la France méridionale peuvent être aussi observés à partir des stratégies mises en place par les élites urbaines et les consulats, et non seulement à travers le prisme des hérétiques ou des croisés ou encore des sources produites par les inquisiteurs. Ce changement de perspective est encouragé par un certain nombre de dossiers qui ne seront, bien évidemment, pas tous cités dans le cadre de cette brève contribution et qui relatent les oppositions, les affrontements et l’utilisation de la violence par les citoyens des villes méridionales contre les évêques, les inquisiteurs ou encore les légats pontificaux11. Certains de ces exemples nous invitent à prendre en compte un Midi élargi, qui inclut aussi bien la Provence que le Languedoc. Avant la paix de Paris de 1229, ces deux régions expriment en effet des similitudes très fortes en ce qui concerne la diffusion des consulats (même avec des différences notables dans la chronologie, dans la composition sociale des élites dirigeantes, dans les évolutions des offices), les formes d’expression politique populaires, comme les sociétés de quartier ou les confréries, et les moyens de lutte contre les pouvoirs traditionnels présents dans les cités12.

Consulats, conflits et violences

5Ce n’est pas l’opposition à l’Inquisition – active avec régularité et sous sa forme pontificale à partir du mois d’avril 123313 – le seul élément qui pousse les sociétés urbaines à mettre en place une résistance, souvent violente et toujours énergique, face aux ingérences ecclésiastiques dans les affaires des communautés. Dès sa constitution durant les années 1130-1150, le consulat s’attire l’hostilité des seigneurs temporels et des évêques, contraires à l’introduction du nouveau régime14. Les revendications d’autonomie judiciaire, la demande d’un système économique affranchi des privilèges fiscaux ainsi que l’aspiration à une indépendance politique sont les questions qui opposent les citoyens aux évêques ou aux autres seigneurs ecclésiastiques ou laïques15. Les résistances furent plus intenses et les heurts plus violents là où les anciens pouvoirs se sentaient moins libres de continuer à disposer de leurs prérogatives. On le voit, par exemple, en Provence orientale, à Nice, où le consulat, dès sa mise en place vers les années 1153-1157, ouvre un long conflit avec le seigneur de la ville, l’évêque Arnaud, au sujet de l’administration de la justice et de la répartition des charges fiscales16. À Tarascon, les premiers consuls sont accusés par les officiers du comte de Provence de porter atteinte aux prérogatives économiques du seigneur sur la remontée et la vente du sel17. À Montpellier, c’est à la suite d’une révolte sanglante qui éclate contre Guilhem VI qu’un consulat est proclamé en 1141. Ici, la constitution de cette organisation municipale est interdite formellement par le pape Innocent II, qui abroge l’autonomie judiciaire que les citoyens s’étaient attribuée18. Il faut se garder, bien évidemment, de penser que les chartes de consulat ou les concessions des libertés municipales aient été systématiquement octroyées après un ou plusieurs épisodes de violence. Cependant, de nombreuses mentions, bien que moins directes, font état d’affrontements et d’hostilités répétés entre les citoyens et les pouvoirs traditionnels. C’est le cas à Toulouse où, à la suite d’une série de règlements et pacifications entre le comte et les habitants à propos de la gestion des ressources urbaines, les sources font état de désordres et de violences perpétrés depuis 1181 et jusqu’au moins en 1189 par des « homines et femine urbis Tholose et suburbii19 ».

6Même si nous ne sommes pas confrontés à un soulèvement général incitant les citoyens à s’opposer aux pouvoirs anciens, le recours à la violence, les contestations et les désordres sont probablement plus fréquents que ce que l’historiographie traditionnelle a souvent suggéré. La nouvelle institution provoque en effet dans les cités des divisions internes, ce qui est l’une des caractéristiques majeures de ce monde municipal méridional20. Dans les régions rhodaniennes, l’irruption dans l’élite dirigeante d’hommes « nouveaux », issus du commerce, de l’artisanat ou encore des professions intellectuelles, et donc étrangers à l’aristocratie ancienne, se fait très souvent de façon brutale et représente une véritable césure avec le passé. Entre la fin du xiie et le début du xiiie siècle, des groupes politiques – des sociétés, des confréries et des factions – organisent la vie des consulats et des communes manifestent des revendications politiques très claires qui aboutissent, dans ces cités, à l’instauration d’un système de gouvernement dominé par la figure du podestat21.

7Ces évolutions coïncident d’une part avec le début de la croisade contre les Albigeois et d’autre part avec l’institutionnalisation de l’Inquisition : deux facteurs qui exacerbent une situation déjà problématique. L’amplification des combats et des tensions, due au contexte géopolitique particulièrement brutal caractérisé par la guerre, mais aussi par l’extension aux marges de l’Empire du conflit entre l’empereur Frédéric II et la papauté, ainsi que par le triomphe de l’autorité royale, sont des éléments révélateurs des déséquilibres internes anciens, qui animaient les milieux urbains depuis le xiie siècle22. Les accusations d’hérésie, la généralisation de l’excommunication, les soupçons de déviance – à cette époque encore très vagues – deviennent au fil des années de plus en plus précises dans l’ensemble des régions méridionales, sous la pression du roi de France en Languedoc ou encore, des empereurs en Provence23 et du pouvoir pontifical, par l’action des légats et des inquisiteurs24. Dès cette période, un peu partout en Occident, nous assistons à une extension des accusations d’hérésie à la sphère plus proprement politique. La bulle Vergentis in senium, promulguée le 25 mars 1199 et adressée au clergé, aux consuls et au peuple de Viterbe, bien que ciblant les protecteurs de l’hérésie dans le Patrimoine de Saint-Pierre, génère des réflexions politiques plus générales qui permettent d’assimiler l’hérésie au crime de lèse-majesté. En effet, la portée de cette bulle, comme il est désormais bien établi, a un impact considérable dans la plupart des royaumes de l’Occident médiéval25.

8En Languedoc et en Provence, le recours de plus en plus fréquent au crime de lèse-majesté et aux accusations d’hérésie se mêle donc à un climat déjà tendu entre citoyens et seigneurs détenteurs, en ville, du pouvoir temporel. La prise en compte de cette violence interne – et presque consubstantielle au monde urbain et municipal – peut, en partie, expliquer l’attitude de forte hostilité vis-à-vis de l’Inquisition.

9Grâce aux travaux de Jean-Louis Biget, nous apprécions à sa juste valeur l’impact qu’ont eu les « brutalités accomplies par l’Inquisition » ainsi que « l’usage de la nouvelle procédure » à l’intérieur des villes de la France méridionale26. Les soulèvements contre les inquisiteurs dans les années 1235-1250 semblent aussi poser directement le problème des rapports entre la nouvelle procédure souveraine des inquisiteurs et les coutumes judiciaires locales, qui garantissaient aux citoyens d’être jugés par des membres de leur communauté. La question touchant les limites juridictionnelles entre institutions est toujours présente dans les affaires les plus documentées. Lors des soulèvements de Toulouse de 1230-1235, relatés par Guillaume Pelhisson27, les sentences des autorités consulaires sont fréquemment renversées par les décisions de l’évêque. Il suffit de citer le cas, très connu, de Bernard del Soler, accusé d’hérésie et condamné au ban par les consuls. Avant l’application de la peine par les magistrats toulousains (un châtiment plutôt faible si l’on en croit Guillaume Pelhisson, qui estime que les hérétiques avaient le contrôle du consulat), le cas est récupéré par l’évêque. Étant une affaire de foi (« quia causa erat fidei »), il ne devait pas concerner les magistrats civils28.

10Souvent, les questions juridictionnelles se superposent à la situation interne, très complexe, des cités. En premier lieu, la mise en place de l’Inquisition se mêle aux conflits politiques déjà anciens, qui opposaient les évêques ou les autres autorités ecclésiastiques aux consuls, aux recteurs et aux citoyens réunis autour des institutions municipales. Et, en second lieu, elle est confrontée à des communautés qui étaient déchirées en leur sein par des conflits politiques majeurs et dans lesquelles régnait un climat d’antagonisme latent.

Élites dirigeantes et Inquisition

11À Arles, les révoltes, bien connues, de 1235 et de 1249 ont toujours été interprétées en tant que soulèvements populaires menés par la confrérie dite des « bayles » et des chefs des métiers contre l’archevêque Jean Baussan29. Sans entrer dans les détails de la révolte urbaine, le groupe d’individus réunis autour de la confrérie avait ordonné l’interdiction absolue à tout citoyen de négocier avec l’archevêque30. Dans ce cas, comme ailleurs, les motivations économiques du tumulte sont évidentes. Les actions les plus spectaculaires sont dirigées vers les granges du prélat et les lieux où se concentrait le plus sa richesse. Les biens de l’église sont distribués entre les membres de la confrérie, le paiement des dettes contractées par quelques citadins avec les institutions ecclésiastiques est suspendu. La confrérie arlésienne met en pratique une véritable exclusion de son pasteur de la société civile. Ce dernier est contraint de se réfugier dans le castrum de Salon et de s’éloigner de tout type d’activité citadine, économique ou sacramentelle. À cette protestation, en effet, s’est jointe une contestation, qui peut être assimilée à une forme très violente d’anticléricalisme. La confrérie arlésienne en effet ne se limite pas à s’insurger contre les décisions de son pasteur. Elle s’attaque également à l’organisation des messes lorsqu’elle interdit la présence de citoyens à l’intérieur des églises durant les célébrations ou quand elle bloque l’accès aux sacrements, comme le mariage ou l’extrême-onction31.

12La révolte est tellement généralisée que l’Inquisition, assurée durant ces années par les frères dominicains en association avec l’évêque, est paralysée. Est-ce que l’activité des inquisiteurs a pu avoir un poids décisif dans le soulèvement arlésien ? Il est intéressant de remarquer que la révolte de la confrérie de 1235 éclate un an après la signature d’un accord essentiel entre l’archevêque d’Arles Jean Baussan et le podestat Bertrand Rolland Rubeus. En 1234, ils s’accordent en effet pour diviser les compétences entre les deux institutions, en scellant une convention qui précise leurs pouvoirs judiciaires, délimite la juridiction sur la communauté juive, prévoit la gestion des biens confisqués aux hérétiques, les droits sur la rédaction des testaments, mais aussi le partage des revenus de la gabelle du sel ou de ceux des autres péages. Un point crucial était représenté justement par les confiscations des biens des hérétiques condamnés. Ici, comme ailleurs, le podestat s’engage à assister l’archevêque dans la lutte contre les hérétiques et les rebelles en contrepartie d’une portion des revenus issus de la vente des biens saisis aux criminels. Sur la base de l’accord, le podestat peut désormais condamner de sa propre initiative (« facere condemnationes ») et récupérer ainsi la moitié des revenus judiciaires32. La même année, le 10 juillet, Jean Baussan interdit formellement les confréries et les conjurations urbaines dans le concile qu’il préside à Arles33. Ces décisions ont dû probablement peser sur la série de violences éclate contre l’évêque, mais aussi contre le groupe politique communal du podestat : le même qui avait conclu l’accord avec le prélat. L’année suivante en effet, nous trouvons des consuls à la tête de la ville, qui seront excommuniés par Jean Baussan avant d’être pardonnés, puis reconfirmés dans leurs charges politiques34. Les confrères et les consuls sont accusés d’avoir usurpé le « regimen », c’est-à-dire d’avoir renversé le gouvernement communal du podestat. Dans l’acte d’accusation, l’archevêque affirme que les violences étaient adressées contre ceux qui « se tenebant cum potestate et cum ecclesie35 ».

13Un deuxième affrontement éclate en 1248-1249. Lors de cette agitation, l’office de l’inquisition est confié aux dominicains. Durant ces troubles, Jean Baussan est de plus en plus isolé. Après une inutile demande de pacification formulée par Innocent IV le 24 février 1249 ainsi qu’une condamnation des « fratriae, societates, conjurationes, et colligationes civitatum36 », les deux conseils de la ville – le conseil général et le celui des chefs de métiers – promulguent une interdiction générale à l’encontre de l’archevêque, l’empêchant de mener toute activité économique au sein de la cité. Les conseillers souhaitent que l’annonce de cette condamnation soit faite à la communauté au nom de l’autorité suprême, le podestat, de nouveau placé à la tête de la ville. Mais ce dernier, Albert de Lavagna, s’oppose à cette mesure en prétextant que « dicta preconisatio non esset idonea ». Toutefois, l’assemblée réunie dans une session plénière (« universum consilium ») rappelle au podestat son obligation d’exécuter les ordres votés à l’unanimité par le conseil37.

14Lors des troubles d’Arles de 1235 et de 1248, l’association des deux pouvoirs urbains, l’Église et le groupe dirigeant, semble se faire contre une partie de la population, davantage liée aux éléments populaires de l’institution municipale et rassemblée autour des chefs des métiers et de la confrérie de bayles. Nous sommes donc en présence de deux factions distinctes, et probablement de deux manières d’interpréter le rôle des pouvoirs publics dans la sphère urbaine. La lutte contre l’hérésie révèle ici des fractures anciennes qui minaient la société arlésienne depuis le début du siècle38.

15La confrontation violente entre les membres du corps municipal et contre l’archevêque est visible également à Narbonne, les mêmes années, à partir de 1235. Si, sur le fond, la question centrale est la mise en place de l’office inquisitorial, qui conduira aux violences, bien connues, contre le couvent des dominicains dans la seconde moitié de l’année 123539, la lecture des textes permet de remarquer que, tout au long de ce conflit qui se poursuit plusieurs années, la question des limites politiques entre les deux consulats, celui de la Cité et celui du Bourg, est intimement liée à celle des compétences judiciaires de l’évêque et des inquisiteurs sur l’ensemble de la ville. Comme l’ont montré les études de Richard Emery et de Jacqueline Caille, à Narbonne, un antagonisme latent divise Cité et Bourg depuis le dédoublement de l’agglomération à la fin du xie siècle. Deux institutions distinctes (chacune avec sa bannière, son sceau, ses archives et sa maison de commune) se sont formées et sont clairement visibles dans les sources depuis le début du xiiie siècle. Elles coexistent, toutefois, en un antagonisme évident40. Dans leurs aires respectives, les consulats contrôlaient la police, les taxes, s’occupaient de la maintenance des routes et des murs, et représentaient les habitants dans la cour de l’archevêque et du vicomte, qui se partageaient la seigneurie de la ville. Il n’y avait pas de cour municipale : la justice était rendue dans la Cité par l’évêque et le vicomte et dans le bourg par le vicomte de l’abbé de Saint-Paul. La conflictualité et la confrontation entre ces juridictions permettaient aux citoyens de faire jouer une sorte de concurrence entre ces instances et d’acquérir d’importants bénéfices, parmi lesquels la possibilité d’être jugé, dans les procès pénaux, par un tribunal composé d’honnêtes hommes, d’avoir le choix de la cour devant laquelle paraître, de ne pas subir des punitions physiques ainsi que d’affranchir les héritiers des criminels de la peine de leurs parents41.

16Depuis l’année 1225, l’archevêque Pierre Amiel avait consolidé sa position en tant que seigneur temporel de la ville42 et, à la différence de ses prédécesseurs, s’était largement investi dans la lutte contre l’hérésie. Ce dernier était parvenu également à un compromis avantageux avec le roi Louis VIII à propos de la gestion des biens des hérétiques condamnés. Le roi, théoriquement, s’attribuait à lui tous les revenus, mais, par exception, il abandonnait à l’archevêque les biens saisis dans les domaines archiépiscopaux43. La même procédure s’appliquait dans les domaines des vicomtes44. L’arrangement était très avantageux pour Pierre Amiel : il avait non seulement éliminé l’éventualité de pertes pécuniaires à cause des confiscations royales, mais il s’était également ouvert un terrain d’exploitation rentable et une liberté judiciaire considérable. En effet, en procédant à des enquêtes contre des prétendus hérétiques, l’archevêque pouvait également se soustraire à la justice municipale45.

17Les premières saisies confirment les avantages du prélat : l’Église de Narbonne se voit attribuer un grand nombre de propriétés et des droits à la suite des confiscations46. Parmi les bénéficiaires de celles-ci, il y a aussi les frères dominicains qui procèdent à des condamnations au nom de l’archevêque47. Depuis au moins l’année 1229 et sous l’autorité de Pierre Amiel48, un couvent de frères Prêcheurs avait été installé en dehors des murs du Bourg, sous la direction du frère Ferrier49. Entre 1233 et 1235, l’archevêque augmente la dotation du couvent des dominicains : cela se fait surtout avec le transfert des biens confisqués aux hérétiques qui permettent l’agrandissement des biens-fonds autour de la maison des frères50.

18En 1233, les premiers désordres éclatent51. Il paraît évident, à la lecture des premiers documents relatant la situation, que les mesures prises par les autorités ecclésiastiques visaient avant tout à limiter la juridiction des consuls du Bourg et l’autonomie grandissante que cette partie de l’agglomération urbaine avait acquise au détriment des seigneurs de la Cité, l’archevêque, le vicomte et les consuls de ce quartier. Le 24 mars 1234, l’archevêque impose un interdit sur le Bourg de Narbonne et excommunie les hommes de ce quartier ainsi que les membres de la confrérie qui y était établie. Les hommes du Bourg s’étaient en effet opposés à l’arrestation d’un habitant du quartier, Raymond d’Argens, accusé par frère Ferrier d’être un hérétique et saisissent, probablement comme une forme de représailles, les biens de l’église et de l’abbaye de Saint-Paul52. Une véritable guerre éclate entre la Cité et le Bourg : les sources évoquent une « immensa discordia orta inter cives narbonenses », c’est-à-dire ceux qui « erant ex parte Civitatis et illos qui erant ex parte Burgi53 ».

19Lorsque, en présence du légat pontifical, du sénéchal de Carcassonne, du chapitre de Saint-Just, et Saint-Paul, et des évêques de Nîmes, Béziers, Elne et Toulouse, Pierre Amiel promulgue des statuts de paix contre les hérétiques que tout le monde était appelé à respecter, les hommes du Bourg refusent de souscrire l’accord proposé. Ils étaient, en effet, accusés d’avoir constitué, contre les traditions anciennes, des confréries (des « confratrias et conspirationes »), d’usurper les dîmes et les leudes ainsi que d’occuper les propriétés de l’archevêque. Si les représentants des consuls de la Cité acceptent les demandes de l’archevêque, les consuls du Bourg formulent des interrogations à propos du texte. Ce qui pose problème est, sans surprise, l’article qui prévoit la suppression des « conjurationes, colligationes, confederationes ». La décision vise ici tout particulièrement la confrérie dite de l’Amistansa, qui avait été constituée dans le Bourg de Narbonne quelques années auparavant54. La formation de cette instance révèle la capacité des citoyens du Bourg de défendre leurs droits contre toute forme d’usurpation seigneuriale. Les consuls du Bourg, afin de montrer le respect dû à l’archevêque, affirment qu’ils auraient bien voulu prêter serment contre les nouvelles associations jurées, mais ils rappellent qu’elles n’existent pas à Narbonne, à part le consulat et les autres instances que les citoyens avaient obtenues depuis longtemps. Ils demandent donc de retirer l’article des statuts et refusent de prêter serment à l’archevêque en tant que seigneur temporel (« jurare dominium »), car s’ils le faisaient, ce dernier absorberait les compétences du roi de France et du vicomte55.

20Cependant, si au tout début du xiiie siècle les consuls pouvaient tirer bénéfice des conflits et des tensions entre les différents pouvoirs en ville – l’archevêque, le vicomte, l’abbé de Saint-Paul ou encore le roi –, après 1229 les équilibres internes ont changé. Les consuls du Bourg semblent désormais politiquement isolés. Cela est encore plus évident à la lecture d’une lettre envoyée au roi de France en juillet 1236 et relatant les désordres : les accusateurs des hommes du Bourg sont l’archevêque, le vicomte, l’abbé de Saint-Paul, mais également les consuls de la Cité56. Les accusations lancées dans cette lettre sont la preuve que la rivalité entre les deux institutions, le consulat de la Cité et celui du Bourg, ainsi que les choix politiques d’une d’entre elles, ont pesé grandement sur le déroulement des violences57.

21L’interprétation qui tendait à circonscrire la révolte narbonnaise à la mise en place de l’office inquisitorial et à l’action du frère dominicain Ferrier limite donc quelque peu la complexité du cadre politique local. Au contraire, ce soulèvement s’inscrit pleinement dans le contexte plus général des conflits pour l’autonomie engagées par les institutions municipales. Cet aspect ressort d’une lettre envoyée par les consuls du Bourg de Narbonne à ceux de Nîmes, afin de présenter la situation des années 1235-1236. Il s’agit d’une missive qui a pour objectif de s’assurer l’aide des consuls de la cité voisine en cas d’élargissement du conflit. Bien évidemment, la question des abus des inquisiteurs est citée comme l’un des moyens mis en œuvre pour affaiblir l’unité du corps municipal. D’après les consuls du Bourg de Narbonne, les procédures des inquisiteurs ont été lancées sans tenir compte du droit civil ou canonique en vigueur en ville et provoquent, sans qu’il y ait des preuves évidentes (« nulla de ipsis suspicio haberetur »), de nombreuses arrestations parmi les hommes et les femmes ainsi que des saisies des biens. Mais au cœur de ces accusations ressort le projet de Pierre Amiel qui vise, en suivant la teneur de la lettre, à détruire l’organisation municipale (« archiepiscopus supradictus consulatum nostrum destruere cupiens ») en excommuniant tous ceux qui opèrent au nom du consulat ou en lançant même l’anathème contre les notaires du bourg qui rédigent les documents (« in cumulum severitatis, tabellionibus nostris qui nostrum publicum gerunt officum, sub pena anatemathis, interdixit58 »).

Affrontements politiques et accusations d’hérésie

22L’association entre tensions politiques internes aux institutions consulaires et répression antihérétique nous apparaît encore plus claire dans l’affaire qui éclate entre 1236 et 1237 à Montpellier lors d’une vague de condamnations qui touche les membres de l’élite dirigeante. Au début du xiiie siècle, une série de lettres pontificales montrent que des soupçons d’hérésie pesaient sur la ville ou que les grandes entreprises lancées à Carcassonne ou à Narbonne nécessitaient une prise de position ouverte de la part des élites urbaines59. Le 26 février 1237, les consuls prêtent serment devant Jean de Bernin et promettent d’aider l’Église dans la lutte contre l’hérésie. On découvre que ces derniers avaient envoyé une délégation au légat pour lui demander que des mesures soient prises afin de tenir l’hérésie sous contrôle, en raison du préjudice moral causé par les soupçons qui pesaient sur la ville. À cette occasion, les consuls font état d’une série d’injustices provoquées par ce climat hostile60. Ils signalent en effet la pratique des fausses accusations utilisées comme des armes afin de nuire les adversaires politiques. Deux années auparavant, en juin 1235, les magistrats avaient déjà publié un décret contre ces dénonciations calomnieuses, visiblement très fréquentes61. Cette mesure favorisait l’application du système accusatoire classique au détriment de la nouvelle procédure inquisitoriale et donc de l’utilisation des dénonciations62. Même si en septembre 1237 Grégoire IX avait rassuré les consuls et l’universitas à propos de la nécessité de limiter les erreurs en condamnant des innocents à cause de faux témoignages63, la question des accusations calomnieuses restait d’actualité, comme le montre l’affaire qui touche un membre de l’élite dirigeante, Guiraud de la Barta64. Guiraud avait en effet été accusé d’hérésie et conduit devant le tribunal des frères Prêcheurs. Nous ne pouvons pas savoir pour quelle raison Guiraud fut accusé, mais sa proximité avec le milieu consulaire et sa présence, en tant que témoin, de l’arrêté des consuls contre les dénonciations calomnieuses pourraient expliquer que les accusateurs voulaient viser ses prises de position politiques65. Après l’intervention du pape et un long interrogatoire, conduit cette fois par les évêques d’Agde et de Béziers ainsi que par les inquisiteurs dominicains, les accusateurs reconnurent avoir produit de faux témoignages, instrumentalisés par leurs intérêts politiques. La diffamation de l’adversaire coûtera la mort aux faux témoins et Guiraud pourra à nouveau être élu au sein du consulat les années suivantes66. L’inquisitio, dans ce cas, abroge toute participation de l’institution urbaine au jugement et aux différentes phases du procès. Cela provoque une fracture à l’intérieur du corps politique, car une telle application du droit pénal porte préjudice à l’utilitas publica, dont les consuls sont les garants67. À Montpellier également, une ville sans évêque, mais sous le contrôle solide de la papauté, les accusations d’hérésie sont liées aux rivalités politiques, qui se jouent à l’intérieur du consulat.

23Il ne s’agit toutefois, en aucun cas, de refuser systématiquement l’application de la procédure inquisitoire, mais de négocier son inclusion à l’intérieur du droit spécifique des cités. À Avignon, durant la révolte des années 1246-1247 qui éclate contre le prélat bolonais Zoën Tencarari, un grand nombre de citoyens avait envahi le palais épiscopal et empêchait le fonctionnement normal de la justice d’exception. Comme on l’apprend dans une bulle d’Innocent IV du 24 mai 1249 qui résume les évènements, les inquisiteurs, c’est-à-dire l’official épiscopal, un certain maître T., et le frère dominicain Guillaume de Valence68, avaient enfermé dans les prisons du palais de l’évêque certains citoyens accusés, peut-être à tort, d’hérésie69. En réponse à cela, les Avignonnais se soulèvent contre le prélat et les institutions religieuses urbaines.

24Pendant l’émeute, les citoyens d’Avignon occupent la maison de l’évêque où étaient détenus des prétendus hérétiques et demandent de pouvoir garder eux-mêmes les accusés70. La lettre de 1249 précise que les membres du gouvernement communal exigeaient de contrôler eux-mêmes les procédures judiciaires. Deux représentants du groupe dirigeant, Bertrand Bremond et Jordanet d’Avignon, indiqués en tant que « milites et curiales », manifestent en effet la volonté d’assister au procès en qualité de juges à côté de l’inquisiteur et de l’official épiscopal : « Volebant esse presentes et eis assidere in inquisitione71. » Bertrand Bremon avait été en 1246 syndic de la commune et Jordanet d’Avignon occupait les charges de syndic puis de trésorier72. Ces deux magistrats souhaitent donc que le procès se déroule en utilisant les lois civiles ou bien en associant les représentants de la commune aux phases de la procédure. À cause de ces difficultés, l’affaire judiciaire est suspendue, les prisonniers sont libérés et, quelques jours plus tard, l’official de l’évêque est à son tour enfermé dans les geôles du palais communal (« in loco ubi latrones et homicide consueverunt includi »). Les actes de violence sont dirigés surtout envers le clergé : le prévôt et les chanoines de Notre-Dame-de-Doms sont expulsés de leurs habitations ; un diacre est saisi par la foule, frappé en public et placé en prison. Le prieur de l’église Saint-Étienne est aussi malmené par les insurgés et jeté dans les eaux du Rhône73.

25Bien que les cas évoqués ne représentent pas la totalité des affaires connues, ils montrent qu’il serait peut-être réducteur de présenter le monde des villes comme un ensemble homogène opposé aux pouvoirs ecclésiastiques ou centraux au moment où éclate dans le Midi une vaste opération de contrôle de l’orthodoxie. Loin d’être un corps unique, l’élite des cités méridionales présente en son sein des déchirures économiques, sociales et politiques qui créent un climat de conflit, souvent latent. Les factions en lutte s’affrontent à propos des questions touchant à la répartition de la richesse, mais également à cause des choix conditionnés par la proximité ou l’antagonisme des citoyens avec les pouvoirs en place74. Cette conflictualité interne ne doit pas être minimisée, car fait intimement partie de la vie urbaine des xiie et xiiie siècles.

26Le projet politique des consulats et des communes était en effet de créer, à l’intérieur d’une conception collective de publicum – sur laquelle les juristes réfléchissent au même moment75 – un espace juridictionnel centré sur la cité, son territoire et sa liberté. Cela finit par déboucher sur un affrontement avec les anciens détenteurs de pouvoirs seigneuriaux, laïcs ou ecclésiastiques, et sur une forte résistance à la mise en place d’une justice souveraine, qui a la faculté de révoquer les libertés et les franchises acquises par les communautés. Nous sommes donc confrontés à une violence intrinsèque au fonctionnement politique des institutions citadines, à laquelle viennent s’ajouter d’autres types de tensions et de frictions avec l’Église, les évêqu—es, les inquisiteurs, les princes ou les rois. Un récit univoque, ignorant la violence sociale et politique qui existe dans les cités, risque sans doute de gommer les tensions et les écarts qui font intimement partie de la construction des pouvoirs de matrice urbaine.

Notes de bas de page

1La bibliographie sur le sujet est énorme, depuis les études classiques de Lea Henry Charles, Histoire de l’Inquisition au Moyen Âge, 3 vol., Grenoble, Jérôme Millon, 1986-1990, et de Maisonneuve Henri, Études sur les origines de l’Inquisition, Paris, Vrin, 1942 ; voir les travaux concernant le Midi de Dossat Yves, Les Crises de l’Inquisition toulousaine au xiiie siècle (1233-1273), Bordeaux, Imprimerie Bière, 1959 et « Les débuts de l’Inquisition à Montpellier et en Provence », Bulletin philologique et historique (jusqu’à 1610) du Comité des travaux historiques et scientifiques, vol. 1, 1961, p. 561-579. Voir aussi Wakefield Walter L., Heresy, Crusade and Inquisition in Southern France 1100-1250, Londres, G. Allen & Unwin, 1974 et les études de Jean-Louis Biget réunies dans Biget Jean-Louis, Hérésie et Inquisition dans le Midi de la France, Paris, Picard, 2007 et dans Église, dissidences et société dans l’Occitanie médiévale, Lyon, Ciham-Éditions, 2020 ; Given James B., Inquisition and Medieval Society. Power, Discipline and Resistance in Languedoc, Ithaca/Londres, Cornell University Press, 1997. Voir aussi Frati minori e inquisizione, Spolète, Fondazione Centro italiano di studi sull’alto Medioevo, 2006. Un bilan sur les études des sources de l’Inquisition est proposé par Albaret Laurent, « L’inquisition et les hérésies dans le Midi de la France au Moyen Âge : essai de bilan historiographique », Hérétiques ou dissidents ? Réflexions sur l’identité de l’hérésie au Moyen Âge, Heresis, no 36-37, 2002, p. 145-159.

2Biget Jean-Louis, « Réflexions sur l’hérésie dans le midi de la France au Moyen Âge », Heresis, no 36-37, 2002, p. 29-74 (puis repris dans id., Hérésie et inquisition, op. cit., p. 106-141. La citation se trouve p. 133).

3Todeschini Giacomo, Les marchands et le temple. La société chrétienne et le cercle vertueux de la richesse du Moyen Âge à l’Époque moderne, Paris, Albin Michel, 2017.

4Voir les travaux de Mazel Florian, « Amitié et rupture de l’amitié. Moines et grands laïcs provençaux au temps de la crise grégorienne (milieu xie-milieu xiie siècle) », Revue historique, no 633, 2005/1, p. 53-95, et id., « L’anticléricalisme aristocratique en Provence (fin xie-début xive siècle) », in L’Anticléricalisme en France méridionale, Cahiers de Fanjeaux, no 38, 2003, p. 201-238. J. Chiffoleau a été le premier à avoir suggéré le lien entre réforme dite grégorienne et hérésie dans ses travaux sur l’économie de l’institution ecclésiale. On peut renvoyer facilement à Chiffoleau Jacques, « Vie et mort de l’hérésie en Provence et dans la vallée du Rhône du début du xiiie au début du xive siècle », in Effacement du catharisme ? (xiiie-xive siècles), Cahiers de Fanjeaux, no 20, 1985, p. 73-94. Dans le même volume, on peut aussi citer la contribution de Zerner Monique, « Note sur l’Église et l’hérésie dans la région du Bas-Rhône », p. 94-97 qui éclaire efficacement le contexte régional.

5Biget Jean-Louis (dir.), Inquisition et société en pays d’Oc : xiiie et xive siècles, Toulouse, Privat, 2014 (Collection d’histoire religieuse du Languedoc au Moyen Âge, no 2).

6Biget Jean-Louis, « L’Inquisition en Languedoc 1229-1329 », in Agostino Borromeo (éd.), L’inquisizione. Atti del Simposio Internazionale (Città del Vaticano, 29-31 ottobre 1998), Cité du Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, 2003, p. 41-94.

7Voir, à la suite de Capitani Ovidio, « Legislazione artiereticale e strumento du costruzione politica nelle decisioni normative di Innocenzo III », Bollettino della società di studi valdesi, no 140, 1935, p. 31-53, les synthèses de Théry Julien, « Les hérésies, du xiie au début du xive siècle », in Marie-Madeleine de Cevins et Jean-Michel Matz (dir.), Structures et dynamiques de la vie religieuse en Occident (1179-1449), Rennes, PUR, 2010, p. 373-386, et Merlo Grado Giovanni, Inquisitori e Inquisizione del Medioevo, Bologne, Il Mulino, 2008, ainsi que Padovani Andrea, « L’inquisizione del podestà. Disposizioni antiereticali negli statuti cittadini dell’Italia centro-settentrionale nel secolo xiii », Clio. A Journal of Literature, History, and the Philosophy of History, no 21, 1985, p. 345-393. Voir aussi, pour le contexte lombard, Benedetti Marina, Inquisitori lombardi del Duecento, Rome, Edizioni di Storia e letteratura, 2009.

8Voir Meschini Marco, « Innocenzo III e il Negotium pacis et fidei », in Linguadoca tra il 1198 e il 1215, Rome, Accademia Nazionale dei Lincei, 2007 et Théry Julien, « Le gouvernement romain de la Chrétienté autour de 1206 : Innocent III et les débuts de la théocratie pontificale », Mémoire dominicaine, no 21, 2007, p. 33-37.

9Comme cela apparaît dans les contributions réunies dans Gilli Patrick et Salvatori Enrica (dir.), Les identités urbaines au Moyen Âge. Regards sur les villes du Midi français, Turnhout, Brepols, 2014.

10Le livre récent de Parmeggiani Riccardo, L’Inquisizione a Firenze nell’età di Dante. Politica, società, economia e cultura, Bologne, Il Mulino, 2018, propose au contraire une lecture nouvelle et convaincante des rapports entre monde communal et Inquisition.

11Voir, pour le Languedoc, Given James B., Inquisition and Medieval Society, op. cit., p. 111-117.

12Cela ressort déjà de l’étude de Gouron André, « Diffusion des consulats méridionaux et expansion du droit romain aux xiie et xiiie siècles », Bibliothèque de l’École des chartes, 1963, no 121, 1963, p. 26-76.

13Pour la datation des premières mentions d’inquisiteurs dans les régions de la France méridionale, voir Dossat Yves, « Les débuts de l’Inquisition à Montpellier et en Provence », Bulletin philologique et historique (jusqu’à 1610) du Comité des travaux historiques et scientifiques, no 1, 1961, p. 561-579, et Biget Jean-Louis, « L’Inquisition et les villes du Languedoc (1229-1329) », in Jacques Chiffoleau, Claude Gauvard et Andrea Zorzi (dir.), Pratiques sociales et politiques judiciaires dans les villes de l’Occident à la fin du Moyen Âge, Rome, École française de Rome, 2007, p. 527-551.

14Cet aspect avait déjà été révélé par Gouron André, « Diffusion des consulats méridionaux », art. cité, notamment p. 50.

15Balossino Simone, « La violence, les villes et l’Église : quelques cas méridionaux (xiie-xiiie siècle) », in L’Église et la violence (xe-xiiie siècle), Cahiers de Fanjeaux, no 54, 2019, p. 63-85.

16La première mention d’un collège de consuls à Nice date de l’année 1144. Venturini Alain, « Naissance et affirmation du consulat de Nice (vers 1144-vers 1195) », Recherches régionales. Alpes-Maritimes et contrées limitrophes, no 48, 2007, p. 5-20.

17de Romefort Jacques, « Aux origines provençales de la gabelle. Le monopole du sel à Tarascon en 1150 », Provence historique, no 6, 1956, p. 59-63 et Fredet-Delebecque Catherine, « Les origines du consulat de Tarascon », Mémoires de l’Institut historique de Provence, vol. 7, 1930, p. 137-148.

18Sur la révolte de Montpellier, voir l’étude classique de Germain Alexandre, Histoire de la commune de Montpellier depuis ses origines jusqu’à son incorporation définitive à la monarchie française, Montpellier, Jean Martel, 1851, t. I, p. 12 et, surtout, Lesné-Ferret Maïté, « Pouvoir municipal et châtiment de villes méridionales aux douzième et treizième siècles », in Patrick Gilli et Jean-Pierre Guilhembet (dir.), Le Châtiment des villes dans les espaces méditerranéens (Antiquité, Moyen Âge, Époque moderne), Turnhout, Brepols, 2012, p. 177-179.

19Devic Claude et Vaissète Joseph, Histoire générale de Languedoc, Toulouse, Privat, 1879, t. 7, p. 222-226.

20Sur ce thème classique de l’historiographie italienne, voir Artifoni Enrico, « Tensioni sociali e istituzioni nel mondo comunale », in Nicola Tranfaglia et Matteo Firpo (dir.), La Storia. I grandi problemi dal Medioevo all’età contemporanea, Turin, UTET, 1986, p. 461-491. Voir aussi Martinez Lauro (dir.), Violence and Civil Desorder in Italian Cities 1200-1500, Berkeley/Los Angeles/Londres, University of California Press, 1972.

21Balossino Simone, « Des consuls aux podestats : notes sur les rapports entre sociétés urbaines et identité politique à Arles et Avignon au début du xiiie siècle », in Patrick Gilli et Enrica Salvatori (dir.), Les identités urbaines au Moyen Âge, op. cit., p. 289-301.

22Ces modifications ont été relevées par Chiffoleau Jacques, « Les gibelins du Royaume d’Arles : notes sur les réalités impériales en Provence dans les deux premiers tiers du xiiie siècle », in Papauté, monachisme et théorie politique. Mélanges Marcel Pacaut, t. 2, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1994, p. 669-695.

23Ces derniers visibles surtout avec la réactivation et l’instrumentalisation des références à l’ancien Royaume d’Arles et de Vienne et le soutien, notamment de Frédéric II, apporté aux comtes de Toulouse. La présence renforcée des comtes de Toulouse sur les terres de la rive gauche du Rhône et le soutien que les élites dirigeantes lui portent pèsent beaucoup dans l’aggravation du climat de tension. Je ne peux pas approfondir ici la question, mais aussi bien en Provence, à Carpentras, à Vaison, à Avignon, à Marseille, qu’en Languedoc, à Toulouse ou à Nîmes (où, au contraire des cas ici rappelés, l’hostilité se dirige surtout contre le comte de Toulouse) le soutien ou l’opposition à la dynastie toulousaine divise la population urbaine comme le montre Macé Laurent, Les comtes de Toulouse et leur entourage (xiie-xiiie siècles). Rivalités, alliances et jeux de pouvoir, Toulouse, Privat, 1999. Pour la Provence, voir l’étude classique de Fournier Paul, Le royaume d’Arles et de Vienne (1138-1378). Étude sur la formation territoriale de la France dans l’Est et le Sud Est, Paris, A. Picard, 1891 et du même auteur Le royaume d’Arles et de Vienne sous le règne de Frédéric II (1214-1250), Grenoble, G. Dupont, 1885.

24Sur l’action des légats, voir par exemple Montaubin Pascal, « Une tentative pontificale de reprise en main du Midi : la légation du cardinal Pietro Beneventano en 1214-1215 », in Innocent III et le Midi, Cahiers de Fanjeaux, no 50, 2015, p. 391-418.

25La bulle est éditée et traduite dans Gilli Patrick et Théry Julien, Le gouvernement pontifical, op. cit., p. 554-559, et étudiée par Chiffoleau Jacques, « Note sur la bulle Vergentis in senium, la lutte contre les hérétiques du Midi et la construction des majestés temporelles », Innocent III et le Midi, op. cit., p. 89-144, et notamment p. 98-99. Voir aussi Chiffoleau Jacques, « Sur le crime de majesté médiéval », in Genèse de l’État moderne en Méditerranée : approches historique et anthropologique des pratiques et des représentations, Rome, École française de Rome, 1993, p. 183-213.

26Biget Jean-Louis, Hérésie et Inquisition, op. cit. Quelques mois seulement après la mise en place de l’Inquisition pontificale, en novembre 1234, Grégoire IX écrit aux archevêques d’Albi, Rodez, Toulouse, Agen et Cahors afin de relater les protestations de Raymond VII contre l’action des inquisiteurs. Le comte de Toulouse avait dénoncé le fait que les inquisiteurs accomplissaient leur travail en suivant le « proprium arbitrium » et non le « judicium rationis » : Auvray Lucien, Les registres de Grégoire IX, Paris, Albert Fontemoing, 1896, no 2218.

27Nous renvoyons à la contribution de Kathrin Utz Tremp dans ce volume.

28Guillaume Pelhisson, Chronique (1229-1244). Suivie du récit des troubles d’Albi (1234), éd. Jean Duvernoy, Sources d’histoire médiévale, Paris, CNRS Éditions, 1994, p. 51.

29Sur la révolte des bayles, voir Stouff Louis, « Manifestations d’anticléricalisme à Arles au milieu du xiiie siècle », in L’Anticléricalisme en France méridionale, Cahiers de Fanjeaux, no 38, 2003, p. 181-200. Voir aussi Engelmann Erika, Zur städtischen Volksbewegung in Südfrankreich. Kommunefreiheit und Gesellschaft. Arles 1200-1250, Berlin, Akademia-Verlag, 1959, qui lie la révolte arlésienne à la présence d’un foyer cathare dont nous n’avons aucune mention.

30Marseille, Archives départementales des Bouches du Rhône (désormais ADBdR), 3G3, c. 203.

31Ibid.

32Arch. dép. des Bouches-du-Rhône, 3 G 16, fo 107-107 vo. Transcription partielle dans Gallia christiana novissima. Histoire des archevêchés, évêchés et abbayes de France, t. 3, Arles, Albanès Joseph Hyacinthe, Chevalier Ulysse, Valence, Imprimerie valentinoise, 1901, no 986, col. 381-382.

33Ibid., no 988, col. 382-385.

34Pour un résumé des faits : Stouff Louis, « Manifestations d’anticléricalisme à Arles… », art. cité, et Balossino Simone, I podestà sulle sponde del Rodano. Arles e Avignone nei secoli xii e xiii, Rome, Viella, 2015, p. 283-300.

35Marseille, ADBdR, 3G3, c. 203.

36Gallia christiana novissima, op. cit., t. III, no 1125, col. 426.

37Ibid., no 1127, col. 427-428. « Verum universum consilium respondit quod consuetum erat quod, postquam consilium in aliquo concordabat, illud debebat compleri et fieri super quo consilio concordabat. »

38Voir Balossino Simone, « Des consuls aux podestats… », art. cité, p. 289-301.

39Voir les mentions des désordres et des dégâts dans la bibliothèque, dans le réfectoire, dans le cellier, dans la cuisine, dans la salle de théologie ainsi que dans les vignes et dans le jardin du couvent évoqués dans la lettre du 31 juillet 1236, envoyée par l’archevêque, le vicomte, l’abbé de Saint-Paul et les consuls de Cité au roi Louis IX, dans Layettes du Trésor des Chartes, II, Paris, Plon, 1866, p. 321-323 et dans la chronique de Guillaume Pelhisson, (Duvernoy Jean, Chronique de Guillaume Pelhisson, Toulouse, Ousset, 1958, p. 52-54). Voir aussi Douais Célestin, « L’albigéisme et les Frères prêcheurs à Narbonne au xiiie siècle », Bulletin de la Commission archéologique de Narbonne, vol. II, 1892-1893, p. 449-445.

40Voir surtout Emery Richard Wilder, Heresy and Inquisition in Narbonne, New York, Columbia University Press, 1941, et Caille Jacqueline, « Narbonne une et plurielle à la fois », in Les identités urbaines au Moyen Âge, op. cit., p. 147-171.

41Mouynès Germain, Ville de Narbonne. Inventaire des archives communales antérieures à 1790, Narbonne, Caillard, 1877, Annexes, p. 23.

42Voir surtout Emery Richard, Heresy and Inquisition in Narbonne, op. cit., p. 67. Voir aussi Biget Jean-Louis, « L’Inquisition et les villes du Languedoc », art. cité, p. 534-536.

43Paris, BnF, ms. lat. 9996 et Archves nationales, J 890, no 32. Édition dans Teulet Alexandre, Layettes du trésor des chartes (de l’année 1224 à l’année 1246), II, Paris, H. Plon, 1866, no 1808.

44En 1232, le Vicomte signe un accord avec l’archevêque et reconnaît son pouvoir temporel à l’intérieur de la ville. Voir Emery Richard, Heresy and Inquisition in Narbonne, op. cit., p. 75.

45Le texte du compromis est transcrit dans Mouynès Germain, Ville de Narbonne, op. cit., p. 23. Voir l’analyse de Emery Richard, Heresy and Inquisition in Narbonne, op. cit., p. 52-53.

46En 1232, une confiscation à Pépieux rapporte 30 sous à l’archevêque Pierre (Rocque Antoine, Inventaire des actes et documents de l’archevêché de Narbonne, 1639, Bibliothèque municipale de Narbonne, ms. 319, vol. IV, fo 525), en 1237, le fief du miles Gaucerand de Capestang, vassal de l’archevêque est aussi confisqué (Rocque Antoine, Inventaire des actes et documents, op. cit., vol. IV, fo 847) ou encore, en 1241, un fief au Capestang est confisqué pour hérésie et concédé par l’archevêque à l’un de ses officiers (Rocque Antoine, Inventaire des actes et documents, op. cit., vol. IV, fo 78 vo).

47Par exemple en 1234, lorsque des biens confisqués à Narbonne sont remis aux dominicains (Paris, BnF, ms. lat. 5211 D, n. 12 et Doat 58, fo 22-23 vo).

48Bien que la présence de Prêcheurs à Narbonne soit attestée depuis 1228, la permission de l’édification d’une « domus conventualis » date de l’année 1231 et est octroyée par l’archevêque Pierre Amiel : Caille Jacqueline, « Les ordres mendiants à Narbonne des origines à la fin du Moyen Âge », in Sophie Cassagnes-Brouquet, Alain Dubreil-Arcin et Michelle Fournié (dir.), Le ciel sur cette terre : dévotions, Église et religion au Moyen Âge. Mélanges en l’honneur de Michelle Fournié, Toulouse, Presses universitaires du Midi, 2008, p. 165-206.

49Sur l’activité de frère Ferrier, voir Wakefield Walter L., « Friar Ferrier, inquisitor », Heresis, no 7, 1986, p. 33-41, et Albaret Laurent, « L’Inquisition de Carcassonne. Ferrer ou Ferrier (1229-1244), la mémoire de Montségur », in id. (dir.), Les Inquisiteurs. Portraits de défenseurs de la foi en Languedoc (xiiie-xixe siècle), Toulouse, Privat, 2001, p. 33-39.

50C’est le cas par exemple des biens de Germain Bastier, accusé d’hérésie, dont les propriétés (une maison et les terres associées) sont concédés à la « maison de la Sainte Prédication de Narbonne » : Rocque Antoine, Inventaire des actes et documents, op. cit., vol. I, fo 635 vo et 292 vo.

51Dès l’année 1233, des bulles de Grégoire IX font état de désordres dans le diocèse de Narbonne. Voir Auvray Lucien (éd.), Les registres de Grégoire IX (1227-1241), Paris, 1890-1955, no 1170.

52Emery Richard, Heresy and Inquisition in Narbonne, op. cit., p. 78.

53Narbonne, Archives municipales, GG 1498, 1-2. La chronique de Saint-Paul de Narbonne résume ainsi les événements des années 1235-1236 : « Anno mccxxxvi fuit magna guerra et mortalis inter civitatem et burgum Narbonae in tantum, quod crediderunt se ad invicem destruere et cum trebuchis et aliis ingeniis acerrime se impugnabant », dans Histoire générale de Languedoc, op. cit., t. VIII, col. 40.

54La tradition indique l’année 1219 comme la date possible de l’établissement d’une confrérie dans le Bourg de Narbonne. Cette date est relatée, en se fondant sur un document aujourd’hui perdu, par Rocque Antoine, Inventaire des actes et documents, op. cit., vol. IV, fo 846 vo : « Item un acte de l’an 1219 contenant promesse réciproque entre les habitants du bourg de Narbonne de défendre envers et contre tous leurs biens et privilèges, sauf les droicts légitimes de l’église, et du sieur archevesque et vicomte » et « à cause des grands torts que l’on a commis contre nous, et contre l’insolence et l’arrogance manifestées dans nos affaires. »

55« quia homines burgi numquam juraverunt archiepiscopo Narbone, nec archiepiscopus habet vel habere debet sacramentum in Narbona, nec tenentur facere sacramentum ratione dominii, justicie vel jurisdictionis alicui homini, nisi domino Aimerico, nec unquam fecerunt sacramentum nisi domino regi Francie et domino Aimerico ; unde si jurarent dicto archiepiscopo, absorberetur jurisdictio domini régis et domini Aimerici », Histoire générale de Languedoc, op. cit., t. VIII, col. 981-984, no 310.

56Teulet Alexandre, Layettes du trésor des chartes, op. cit., t. II, p. 321, no 2456. Une traduction partielle est proposée dans Duvernoy Jean, Chronique de Guillaume Pelhisson, op. cit., p. 52-54.

57Cette situation avait été déjà soulignée par Caille Jacqueline, « Narbonne une et plurielle à la fois », art. cité, p. 159 : « Nous sommes là dans une opposition entre deux identités politique et économique rivales. »

58Ménard Léon, Histoire civile, ecclésiastique et littéraire de la ville de Nismes avec les preuves, Paris, H. D. Chaubert, 1744, preuves no 1744, p. 73-75. Voir la lecture faite par Emery Richard, Heresy and Inquisition in Narbonne, op. cit., p. 83-84.

59Voir par exemple la lettre d’Innocent III du 4 août 1213 contre les habitants de Montpellier accusés d’avoir détruit les fortifications du roi d’Aragon, dans Rouquette Julien et Villemagne Augustin, Bullaire de l’Église de Maguelone, Paris/Montpellier, Picard/Valat, 1911-1914, vol. I, no 195, p. 352-354.

60Auvray Lucien, Registres, op. cit., no 3527 (Cité du Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, Reg. Vat. 18, fo 232 vo, c. 384). Voir aussi Dossat Yves, Les débuts de l’Inquisition, op. cit., p. 569-570.

61Teulet Alexandre, Layettes du trésor des chartes, op. cit., t. II, no 2386, et Germain Alexandre, Histoire de la commune, op. cit., t. I, no VI.

62Ibid. : « Quum per falsos et calumpniosos criminum delatores seu denuntiatores sepe contingit impunitum relinqui facinus, et innocentem indebite condempnari, ideo nos, consules Montispessulani […], utilitati publice cupientes fideliter consulere et utiliter providere, statuimus, potestate qua fungimur statuendi, habito cum nostris consiliariis diligenti consilio et tractatu, quod quicumque de cetero in Montepessulano contra aliquem denuntiator criminis extiterit vel delator, tanquam accusator solempnis se obligare ad talionem, et subscribere teneatur, ut, si probare poterit quod intendit, puniatur reus debita ultione, alioquin denuntiator temerarius penam sue temeritatis expectet, quum calumpniatores ad vindictam poscat similitudo supplicii, secundum legitimas sanctiones. » Une note marginale, probablement tardive, indique « Istud est contra usum patrie et contra jus domini et contra bonum publicum et dat occasione delinquendi. Per hoc omnia maleficia, pro majori parte, remanent impunita. »

63Cité du Vatican, BAV, Reg. Vat. 18, fo 327 ro, c. 244 : « Inquisitionis vero negotium quam, ut dicitur, super vitia heretice pravitatis in villa predicta fieri mandavisti, diligentius prosequaris, ita tamen quod falsitatis vitium per testes aliquos non obrepat, et innocentia sit immunis a pena, et perversorum iniquitas non remaneat impunita. »

64La carrière de Guiraud peut être reconstitué aisément grâce à l’index disponible en ligne des mentions du Thalamus de Montpellier : [http://thalamus.huma-num.fr/index-personnes/lettre-B.html#GdlaBarta] (erreur en 2024) (consulté le 03-02-2023).

65C’est ce que propose également Dossat Yves, Les débuts de l’Inquisition, op. cit., p. 570.

66Auvray Lucien, Registres, op. cit., no 4023 (Cité du Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, Reg. Vat. 18, fo 317 vo, c. 348). Géraud de la Barthe est consul à Montpellier en 1231-1232 et 1236-1237, puis bayle en 1253-1254 ; Sur cette affaire, voir aussi Balossino Simone et Chiffoleau Jacques, « Valdesi e mondo comunale in Provenza nel Duecento », in Marina Benedetti (dir.), Valdesi medievali. Bilanci e prospettive di ricerca, Turin, Claudiana, 2009, p. 61-102.

67La mesure adoptée en 1235 contre les accusations calomnieuses rappelait que les magistrats de la ville étaient en charge de l’utilité publique : « utilitati publice cupientes fideliter consulere et utiliter providere ». Teulet Alexandre, Layettes du trésor des chartes, op. cit., t. II, no 2386.

68Sur l’activité de l’inquisiteur Guillaume de Valence, voir Dossat Yves, Les débuts de l’Inquisition, op. cit., p. 563.

69Sur cet épisode voir Labande Léon-Honoré, Avignon au xiiie siècle. L’évêque Zoen Tencarari et les Avignonnais, Paris, Picard, 1908, p. 125-132 et Balossino Simone, I podestà sulle sponde del Rodano, op. cit., p. 295-296.

70« Avinionenses occupaverunt domum episcopi et voluerunt illam custodire », Labande Léon-Honoré, Avignon au xiiie siècle, op. cit., p. 352-353.

71« Et cum de ipso antequam et de aliis vellent inquisitores facere inquisitionem, ut consueverunt in locis aliis, Bertrandus Bermondus et Jordanetus de Avinione, milites et curiales, presentibus pluribus, dixerunt fratri Guillelmo, de ordine Predicatorum, inquisitori, et magistro T., officiali episcopi Avinionensis, quod volebant esse presentes et eis assidere in inquisitione, propter quod a predictis inquisitio fuit omissa », Labande Léon-Honoré, Avignon au xiiie siècle, op. cit., p. 352-353.

72Leroy Nicolas, Une ville et son droit. Avignon du début du xiie siècle à 1251, Paris, De Boccard, 2008, p. 642-643.

73Labande Léon-Honoré, Avignon au xiiie siècle, op. cit., p. 127-132.

74Sur la situation des villes d’Arles et Avignon, voir Balossino Simone, I podestà sulle sponde del Rodano, op. cit.

75Sur cette question voir, dans une bibliographie abondante, Gouron André, « Lo comun de la vila », Initium. Revista catalana d’historia del dret, no 6, 2001, p. 213-224, puis inséré dans Pionniers du droit occidental au Moyen Âge, Aldershot, Ashgate Variorum, 2006, art. XXI et le plus récent Menzinger Sara, « Mura e identità civica in Italia e in Francia meridionale (secc. xii-xiv) », in Cittadinanze medievali. Dinamiche di appartenenza a un corpo comunitario, Rome, Viella, 2017, p. 65-109.

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