Résumés
p. 201-204
Texte intégral
Anne Bléger, « L’interview : un dispositif artificiel au service de la starification »
1L’interview est une des formes rédactionnelles au service des journalistes pour immerger les lecteurs et lectrices dans l’intimité de la vie d’une vedette. Le décor, le mobilier, l’apparence physique et la personnalité de l’icône sont décrits dans les moindres détails par l’auteur de l’article. Le journaliste est le médiateur entre la star inaccessible et le public, curieux de connaître la vie de l’être vénéré à l’écran. La mise en scène de la rencontre entre l’interviewer et la vedette constitue ainsi un petit arrangement formel au service de la starification.
Myriam Juan, « Joue avec les stars. Connaissance des vedettes et pratique ludique de la cinéphilie (années 1920-début des années 1930) »
2Cet article explore la manière dont l’engouement pour les vedettes a nourri celui pour le cinéma – et réciproquement – aux premiers temps de la cinéphilie en France. Il se penche, pour ce faire, sur l’étude des nombreux jeux et concours parus alors dans la presse spécialisée, qui travaillent l’image des stars et mobilisent tant le goût que les connaissances des spectateurs à leur sujet. Ainsi entreprend-il de montrer comment les vedettes ont pu non seulement être l’objet mais aussi le vecteur d’une érudition, d’un regard et, in fine, d’un plaisir partagé constitutifs de la passion du cinéma qui se fait jour à cette époque, et à laquelle la presse offre un prolongement essentiel hors des salles obscures.
Béatrice de Pastre, « Jeanne de Balzac. Qui se cache derrière la star de papier ? »
3Le 15 octobre 1925, un écran est dressé sur la scène de l’Opéra Garnier pour la projection d’une des premières coproductions européennes de l’histoire du cinéma : Salammbô, de Pierre Marodon. Le public est préparé à cet événement depuis près d’un an grâce à une mobilisation sans précédent de la presse spécialisée, comme Mon Ciné ou Cinémagazine, qui publie des récits et reportages largement illustrés sur la préparation du film, notamment son tournage en Autriche. Les journalistes se focalisent particulièrement sur l’actrice qui tient le rôle-titre, Jeanne de Balzac. Nièce de l’auteur de la Comédie humaine, présentée comme ayant une belle carrière américaine derrière elle, tout est en place pour que naisse, grâce à la fille d’Hamilcar, une véritable star européenne. Il n’en fut rien, le « produit » Jeanne de Balzac et le film dans lequel elle devait briller ne remportèrent pas le succès escompté. Notre étude tente de décrypter cette biographie fictive et de déceler qui était vraiment cette jeune femme égarée dans cette production, à l’époque, hors-norme.
Anne Bléger, « Que reste-t-il de Lise Laurent dans les portraits de Claude Mérelle ? »
4La vedette Claude Mérelle, la terrible Milady du film d’Henri Diamant-Berger qui a multiplié les rôles de méchantes tout au long de sa carrière, est aussi Lise Laurent, au cœur d’une affaire de tentative de meurtre. Les articles de presse dissocient nettement ces deux noms, qui appartiennent pourtant à une seule et même personne. Le nom de scène aide à faire oublier le passé criminel associé au patronyme d’état civil. Pourtant, les personnages de garces incarnés semblent parfois faire ressurgir l’ancienne identité de cette artiste dans les pages des journaux.
Paola Palma, « Seulement une vedette de cinéma ? Le statut et l’image d’Ève Francis dans la presse cinématographique française des années 1920 »
5Actrice de théâtre très appréciée, Ève Francis (1886-1980) accède au statut de vedette cinématographique en France, mise en exergue par la presse cinématographique, dans les années 1910-1920, quand elle commence à jouer dans des films réalisés par Germaine Dulac et, plus tard, par Louis Delluc, qui deviendra son mari. L’article étudie les stratégies médiatiques (qui utilisent tant la parole que l’image) mises en œuvre dans les années 1920 pour traiter la popularité d’une figure complexe et stratifiée : actrice aux choix avant-gardistes, vedette, intellectuelle, écrivaine, auteure de plusieurs articles sur le cinéma. Ce texte montre à quel point le discours promotionnel autour de cette vedette du cinéma muet français se limite ou, au contraire, arrive à dépasser le cliché d’Ève Francis muse de Paul Claudel au théâtre et égérie de Louis Delluc au cinéma.
Adrien Valgalier, « Naissance, construction et mise en scène d’une vedette. Fernandel dans la presse généraliste française des années 1930 »
6Cet article analyse les discours portés sur Fernandel dans la presse généraliste française des années 1930. Dans cette décennie qui voit passer la vedette comique du statut de jeune débutant à celui de gloire cinématographique, les publications nationales et régionales accompagnent la montée en puissance de l’acteur. Par la récurrence de certaines formulations, le retour régulier sur des épisodes précis de sa vie, l’insistance sur quelques traits typiques du comédien – qu’il exploite dans son jeu et les retours fréquents sur ses origines méridionales –, elles composent un portrait médiatique homogène de Fernandel. Les personnages qu’il interprète semblent en continuité avec cette nature débonnaire et joviale que la presse se plaît à décrire. Dans cette correspondance entre le jeu, les personnages et l’homme tel qu’il apparaît dans les pages des journaux, les textes font de l’acteur une star à part entière. Ils le rendent à la fois plus désirable et singulier, mais aussi plus accessible et intelligible, en construisant un sentiment de familiarité avec lui et en résolvant notamment les contradictions qui peuvent apparaître entre ses rôles comiques et ses emplois plus tragiques. Ainsi, à travers le traitement particulier du cas de Fernandel, cette étude examine-t-elle plus largement la façon dont la presse peut s’assimiler à une fabrique du sens par sa propension à aiguiller la réception des formes culturelles.
Solène Monnier, « Dita Parlo, avec ou sans accent, l’anti-star entre muet et parlant »
7À la fin des années 1920, l’arrivée de la voix à l’écran vient bouleverser les techniques, les genres et l’industrie cinématographiques. La presse s’empare du phénomène et les débats se multiplient dans les pages cinéma des journaux de l’époque. Si la voix et l’accent de la jeune actrice Dita Parlo semblent être peu mentionnés au début de sa carrière, ils deviennent pourtant les éléments décisifs qui l’empêchent de poursuivre son aventure à Hollywood dès 1929. Rentrée en France, Dita Parlo trouve un réconfort dans le cinéma muet et tourne Au Bonheur des Dames, de Julien Duvivier, alors que les premiers films parlants sont déjà acclamés par la foule. Dès lors, les interviews et les descriptions qu’offre la presse de la jeune actrice, révèlent un attachement à un art cinématographique héritier de l’art muet qui valorise le cinéma plutôt que l’acteur.
Myriam Tsikounas, « Ivan Mosjoukine : petits arrangements biographiques au péril d’une carrière »
8Cet article confronte le parcours de l’acteur et réalisateur russe Ivan Mosjoukine avant son arrivée en France à la biographie que la presse française a colporté sur lui entre novembre 1920, date à laquelle le nom de la vedette commence à être cité dans les journaux et magazines, et décembre 1926, moment de son départ pour Los Angeles. Il examine la façon dont la star, qui a tenu aux journalistes des propos fantaisistes sur sa vie et sa carrière en Russie, s’est prise à son propre piège dès que « les petits arrangements avec la biographie » ont été découverts. En moins de six ans, au portrait de l’artiste total, qui scénarise, réalise et joue dans les studios Albatros en émerveillant la critique, se substitue l’image du simple Russe blanc, rejeté dans un passé essentialisé, membre d’une communauté qui ne peut s’intégrer.
Corinne François-Denève, « Le cas Lily Damita »
9Lily Damita, vedette désormais oubliée, semble se prêter particulièrement bien à une étude des « petits arrangements avec la biographie ». Épouse d’Errol Flynn, star européenne importée à Hollywood par Samuel Goldwyn, elle n’a pas laissé de mémoires ni de souvenirs, et n’a pas été le sujet d’une « vraie » biographie. Elle a, en revanche, été un objet médiatique extrêmement présent, sa biographie, souvent délirante, s’écrivant au gré d’articles de la presse française et américaine. Nous entreprenons dans cet article de retracer le « roman de l’actrice Damita », porteur de nombre de mythèmes romanesques, qui se donnent à voir dans les articles en français.
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La fabrication des vedettes dans l’entre-deux-guerres
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