Le cas Lily Damita
p. 159-176
Texte intégral
1Qui, de nos jours, connaît encore Lily Damita ? Actrice, elle n’a pas joué dans des films notables, même si elle a souvent tenu le premier rôle de nombre de productions. Elle n’a pas marqué l’histoire du cinéma, et n’est pas de ces stars inoubliables d’Hollywood – aucun livre ne lui est consacré en propre. Pour beaucoup, et même les plus cinéphiles, Lily Damita n’est sans doute plus que l’épouse d’Errol Flynn – elle le fut entre 1935 et 1942. Damita semble donc devoir être cantonnée à la chronique scandaleuse hollywoodienne, plutôt côté Kenneth Anger que Richard Dyer1, et ce d’autant que les plus cinéphiles des cinéphiles (ou les lecteurs et lectrices les plus assidus de la presse du cœur) noteront qu’elle a été brièvement en Autriche la compagne de Michael Kertész, futur Michael Curtiz. Toutefois, celles et ceux qui s’intéressent à la presse savent qu’elle est la mère de Sean Flynn, journaliste américain disparu pendant la guerre du Vietnam, dont on a retrouvé très tardivement le corps2.
2Mère de… Femme de… Lily Damita serait donc condamnée à être invisibilisée au profit des hommes qui appartenaient à son cercle familial. Pour elles comme pour d’autres actrices, il conviendrait donc de procéder à un « de-coupling3 » ou à un « de-mothering » qui restituerait à Damita son identité propre. De fait, pareil procédé n’aurait rien de gratuit et permettrait de revenir à une certaine vérité sur la comédienne : à l’époque de son mariage avec Flynn, Damita était une vedette, ce qu’il n’était pas, lui – la postérité a inversé les conditions4. Damita, en effet, était déjà une star en Europe. En mai 1928, elle a, à ce titre, fait partie de ces stars européennes débauchées par Hollywood, et embarquées, comme Maurice Chevalier ou Greta Garbo, sur des paquebots transatlantiques, précédées par une campagne de presse intense. Le but de ces campagnes était de présenter au public américain ces imports exotiques, souvent à grand renfort de « petits arrangements avec la biographie » : les inventions devaient soit obéir à des clichés, soit, au contraire, s’en démarquer. Ces « arrangements » relevaient en tout cas d’une vision de la vedette européenne qui a peu à voir avec la géographie, mais tout avec l’imaginaire – la vedette européenne devant pouvoir être facilement digérée dans l’horizon d’attente du public américain.
3Vedette européenne ? L’adjectif est d’ailleurs vague. Lily Damita est née en France, ce que son pseudonyme n’indique pas. La précieuse thèse de Myriam Juan, pour l’instant inédite5, examine, au détour d’un chapitre très fouillé, la « francité » de Lily Damita, telle qu’elle se laisse lire au détour d’articles de la presse française. Le présent article se veut un prolongement de ces recherches, se fondant sur un corpus fourni désormais par Numapresse, mais aussi Retronews et Lantern, non pas tant pour se pencher sur la francité de Lily Damita que sur la « mise en récit » de sa vie – sa biographie donc, étymologiquement. Il nous semble, en effet, que dans le cas « Damita », la construction de la biographie de l’actrice est exemplaire : à force de « petits » ou plutôt de « gros » arrangements avec le biographique, l’actrice-qui-a-pour-nom-Lily-Damita semble tout droit sortie d’un roman – qu’elle-même se prête de bon cœur, semble-t-il, à l’élaboration de cette persona de star romanesque est évidemment un intérêt supplémentaire. Le travail mené ici ne se placera pas sous le signe de l’histoire : il ne s’agira pas de confronter cette mise en récit à des éléments référentiels, à un contexte sociopolitique, ni de se livrer à une taxinomie selon la presse concernée. L’approche sera résolument textualiste, s’intéressant à la bio-graphie, l’écriture d’une vie, singulièrement d’une actrice. Le fait, précisément, que cette biographie circule parfois verbatim sur des supports éclectiques, vient corroborer notre thèse : ce récit de vie est une fiction qui emprunte ses éléments au roman ou au romanesque. En un sens, il s’agit bien ici de pratiquer à rebours les leçons du « new historicism » : jeter sur des textes de presse un œil à nouveau littéraire, pour (ré)insérer la presse dans le champ littéraire. Il s’agit ainsi d’examiner en quoi ces « papiers » biographiques et journalistiques croisent les « petits faits vrais » qui font le roman moderne en littérature.
Repères biographiques (?)
4Myriam Juan l’a démontré : on serait bien en peine de confronter la « vie » de Lily Damita à sa mise en récit. Peu de vrais renseignements surgissent : elle n’a pas laissé de souvenirs, son seul fils est mort. Tout juste la croise-t-on dans les souvenirs ou mémoires de celles et ceux qui l’ont fréquentée, Françoise Rosay6 ou Errol Flynn7 – dans ce dernier cas, les renseignements sont évidemment sujets à caution. La comparaison des fiches Wikipédia qui sont consacrées à Damita, avec les réserves qu’elles appellent, est assez éloquente : si la fiche française8 demeure elliptique sur la biographie, la fiche en anglais est plus fournie9, et la fait naître fille d’officier, éduquée dans des couvents, fréquentant les écoles de ballet en Europe, pour finir engagée comme danseuse de l’Opéra de Paris à l’âge de 14 ans. Dans la fiche en anglais, sont cités à l’appui de ces allégations un renvoi vers un reportage de France 310, que ne mentionne pas, curieusement, la fiche française, et un autre à un ouvrage de Don Tyler, Hit songs, 1900-1955: Popular music in the Pre-rock era, paru chez MacFarland en 2007, qui attesterait du passage à l’Opéra de Paris de Damita. Le reportage de France 3 indiqué dans cette fiche date de 2019, et fait l’objet d’un papier, à défaut d’être encore visible11. Est mentionné le fait que « la jeune fille de Blaye » avait épousé un « acteur mythique » (Errol Flynn, ce qu’il n’était donc pas au temps de leur mariage). Le papier poursuit : « la vie de Lili12 Damita est digne d’un roman d’aventures avec l’ascension aux États-Unis d’une jeune fille partie de rien et adulée. Comme toute aventure romanesque, elle a sa part tragique » – la mort de son fils. Il est d’ailleurs intéressant de remarquer que ce reportage de France 3, au vu de ce papier, reste très évasif : « nous avons peu d’éléments » ; « certains sites de cinéma prétendent » ; « il eût été intéressant de comprendre comment et pourquoi… » Le journaliste de France 3, sans doute lassé par le manque de sources, finit d’ailleurs par un « Quoi qu’il en soit » un peu fataliste.
5La fiche en anglais n’est, en effet, pas mieux renseignée : elle renvoie à des sites (Allmovies), aux biographies de Curtiz par Alan Rode, ou de Flynn par Thomas McNulty, et à quelques « dead links » comme autant de pistes qui ne mènent nulle part. Cette même fiche en anglais mentionne un article plus récent sur Damita, intitulé « Tragic, Tempestuous Life of Palm Beach’s forgotten star », lien mort dont on devine sans peine le narratif, et à l’avis de décès de Damita dans le Los Angeles Times, qui la fait naître à Paris13. Il mentionne aussi deux sources, Stars of the screen 1931 et Stars of the Photoplay, de la même période, sources peu scientifiques s’il en est.
6Pour le coup, la fiche française, même si elle se présente comme une traduction des fiches en anglais de Damita et de Flynn, semble plus documentée, ou en tout cas plus sourcée, puisqu’elle indique un acte de naissance, le « 39/1904 », qui atteste que Damita est née à Blaye le 10 juillet 1904, sous le nom de Liliane Marie Madeleine Carré. La fiche en français renvoie également à un avis de décès publié dans Variety du 24 mars 1994 : la mort est datée du 21 mars 1994, à Palm Beach14. La nécrologie montre que la date de naissance de la comédienne comporte une part de doute, puisque des encyclopédies de cinéma la font naître en 1902, mais que son certificat de décès indique qu’elle a 85 ans, ce qui reporte sa naissance à 1909. Le même article indique des mariages avec Flynn (1935-1942), mais aussi avec Allen Loomis, épousé en 1962 après la mort de Flynn, mariage qui s’achève par un divorce, nous dit l’article, « dans les années 80 » – la date exacte est 1983. On apprend que Damita est enterrée à Fort Dodge dans l’Iowa. Curtiz n’est pas mentionné : il semble, d’après un article de David Thomson, publié le 20 décembre 2018 dans The New York Review of Books, indiqué en note dans la fiche française, que Curtiz ne l’ait pas épousée, mais qu’il ait entretenu une longue liaison avec elle, entre deux mariages15.
7La fiche française, ainsi, est plus prudente du point de vue de la biographie et renvoie, par exemple, à la section « bio » du site « gens du cinéma » qui passe totalement sous silence l’ascendance fantasmée, ou à tout le moins inconnue, de l’actrice16. Le Wikipédia allemand17, en revanche, fait la part belle à la dimension privée de la vie de la comédienne et, en particulier, à sa liaison avec le prince Louis-Ferdinand de Prusse (1907-1994), d’ailleurs mentionnée dans le livre de souvenirs du Prince, Im Strom der Geschichte, paru en 1952 et réédité en 1985. À travers ces trois fiches se dessine une double tendance dans le cas de Damita : un certain flou sur les sources, mais un amour pour les petits faits vrais, ou plutôt les anecdotes.
8Une vérité biographique semble au moins se faire jour sur la comédienne : c’est une vedette et une actrice cosmopolite, sinon polyglotte, aux talents variés. En croisant les diverses sources précédemment convoquées, on semble deviner qu’elle a débuté en France comme danseuse de music-hall (et non à l’« opéra », petit arrangement qui la classe dans un genre plus « légitime »), qu’elle s’est, à ce titre, produite à Vienne et Berlin, avant de devenir actrice de cinéma, pour être consacrée vedette, après avoir tourné avec Curtiz, Pabst, Wiene. Après sa carrière allemande, elle a effectué la traversée vers Hollywood, où elle a été employée dans des films purement américains ou dans les versions françaises de films en versions multiples. Damita joue souvent la Française : elle en incarne une dans Mlle Colette, danseuse, film allemand de Michael Kertész/Curtiz, comme nous l’apprend Pour Vous du 13 mars 1930, ou dans Sons o’ Gun, musical de Broadway, en 192918. Elle est parfois également l’Européenne ou encore la Latina, comme dans The Cock-eyed World (Têtes brûlées) ou The Bridge of San Luis Rey (Le Pont du Roi Saint-Louis). Un reportage de Pour Vous, en date du 12 septembre 1929, nous montre trois photos de Damita dans ce film, l’une en danseuse de flamenco, les deux autres en séductrice offerte, jambes et cou découverts19. Damita est censée y interpréter « La Périchole », ce qu’elle fait avec « vie », à défaut de le faire avec « sobriété » et « justesse », comme le note le journaliste20. Cette « hispanité » qui se superpose à sa francité est peut-être permise par le choix du pseudonyme de « Lily Damita » : le nom est peu situable et peut se lire entre l’Europe centrale et l’Espagne21, et le prénom est international. Les talents de danseuse de Damita y contribuent également, la « Latina » hollywoodienne étant vue comme une femme sensuelle. Comme nous l’avons déjà dit, Damita ne joue pas dans des films majeurs et, surtout, elle se retire relativement précocement des écrans. Cette retraite n’est pas due au passage du muet au parlant, qu’elle semble avoir négocié, mais plus vraisemblablement à des raisons personnelles, comme son mariage avec Flynn, ou professionnelles, dont la fin de son contrat ou l’échec patent de sa carrière américaine, dès 1933. Chose intéressante, pendant son séjour à Hollywood, Damita s’est aussi produite à Broadway22, Goldwyn voulant peut-être la tester pour des films musicaux, ou tentant de la faire réussir ailleurs, au théâtre, pour mieux la « vendre » ensuite à l’écran. À la fin de son contrat avec Goldwyn, Damita revient en Europe tourner un film en France, dans lequel elle interprète… une Américaine (L’Escadrille de la chance).
9Cette carrière, peut-être décevante, ressemble à celle de dizaines d’autres actrices. Ce qui est toutefois remarquable dans le cas de Damita, c’est le nombre de pseudonymes, ou de persona, qu’elle a pu adopter : Liliane Marie Madeleine Carré, Damita del Maillo Rojo, Lily Seslys ou Deslys, et enfin Lili ou Lily Damita23, son nom s’écrivant parfois avec un i, parfois avec un y – on trouve aussi Liliane Damita sur certaines affiches. Le trajet biographique de Damita se laisse donc voir dans le « bruit » des documents de presse, divers et disséminés : il se reconstruit même par et sur eux, exclusivement, ce qui en fait un cas d’études parfait pour les « petits arrangements avec la biographie ». Le « roman » de Damita se construit dans la traque des traces laissées par la survie des archives de presse, conservées en papier ou ressuscitées par la numérisation.
Une vie en coupures de presse
10Une des premières apparitions de Damita dans la presse date du début des années 1920. Liliane, ou Lily, ou « Damita del Maillo Rojo » (nom pour le moins curieux), remporte le prix de beauté de Cinémagazine, en 192124, après avoir été remarquée sur une plage à Biarritz par l’organisateur du concours, Maurice Chaillot, qui s’y promenait par hasard25… Ce prix de beauté aurait donné à Damita un ticket vers le cinéma, et le droit de débuter devant les caméras et, ensuite, de pouvoir jouer dans un de ses premiers films, Maman Pierre. Damita rappelle cette anecdote dans Pour Vous du 2 avril 1931, en trafiquant un peu au passage sa date de naissance (elle se fait naître en 1907), et en commençant à déployer divers mythèmes de sa biographie : l’école de danse à 5 ans, les nombreux voyages, l’enfance polyglotte, la gouvernante anglaise, la pratique assidue de la natation et de l’équitation. Damita, reconnaissant le coup de chance, tient toutefois à dire comment elle en est arrivée là : « Je peux franchement dire que c’est par mon effort personnel et après un travail considérable. » Il semble que la chance ne puisse se concevoir qu’avec un caractère méritocratique, ce qui est souvent mentionné dans le cas de Damita, avec une insistance d’ailleurs assez étrange. Un même narratif se lit dans Le Petit Journal du 26 décembre 1932 qui revient sur la victoire au concours de beauté : « Mais pour l’avoir emporté sur ses rivales, Lily Damita n’était pas brusquement devenue une vedette : c’aurait été un véritable miracle. Elle dut beaucoup travailler, même en dehors du cinéma » – ce travail consistant surtout, nous dit le journaliste sans ironie, à attendre le réalisateur qui « pensât à l’utiliser de façon intéressante ».
11La carrière de Damita en Amérique aurait débuté sous de semblables auspices « romanesques ». Au printemps 1928, Lily Damita aurait été remarquée dans un restaurant parisien par Samuel Goldwyn et sa femme, qui y déjeunaient par hasard : c’est en tout cas ce que raconte Photoplay – dans un article intitulé « Imported Love Birds26 » – Mme Goldwyn aurait remarqué la très gaie jeune Française. On pense à l’anecdote de la femme de Howard Hawks découvrant Lauren Bacall sur la couverture d’un magazine – ode à l’intuition féminine, et aux femmes de l’ombre, industrieuses. À moins qu’il ne s’agisse d’auréoler de probité les producteurs, hommes dévoués à la cause du cinéma, dotés de femmes respectables qui attirent leur attention, en tout bien tout honneur, sur de futures vedettes…
12Myriam Juan, à la suite d’Émilie Charpentier27, a bien montré que la victoire de Damita au concours de beauté avait sans doute été organisée par le réalisateur du film, Maurice Chaillot, et une société de production qui cherchait une vedette pour un film, et voulait en assurer le lancement28 : il s’agissait donc d’une opération de publicité, d’un petit arrangement sinon biographique, du moins avec le règlement du concours qui, d’ailleurs, n’a pas eu les résultats escomptés, Damita ne triomphant en Allemagne qu’en 192529. On imagine qu’il en va de même pour la fable de la rencontre de hasard avec Goldwyn, et que Goldwyn, ou ses talent scouts, étaient en mission en Europe pour trouver des produits « exotiques », ou, à tout le moins, pour trouver une partenaire à Ronald Colman, comme nous l’indique Le Petit Provençal du 6 avril 1928 (il s’agit du film The Rescue, Le Forban). Le hasard du concours de beauté remporté, « après avoir été remarquée sur une plage », ou du contrat signé, « après avoir été remarquée dans un restaurant », font évidemment partie des mythèmes les plus répandus du narratif de l’ascension-type « Mademoiselle, vous devriez faire du cinéma », narratif hollywoodien fameux, qui a donné son titre aux mémoires de Gene Tierney. Quand un article30 nous indique que Damita a débuté dans un film signé René Bizet et Jean Barreyre (Maman Pierre), on retrouve une interview de Damita menée par… René Bizet dans Pour Vous du 1er août 192931 : l’arrangement biographique est savamment travaillé par un certain nombre d’agents ; ici le scénariste est aussi le journaliste-biographe.
13L’examen d’un certain nombre d’articles consacrés à Damita illustre la présence d’autres mythèmes, pour ne pas dire d’autres mythologies. Ainsi, la « francité » de Damita, comme a pu le montrer Myriam Juan, est abondamment mise en évidence dans la presse. Elle est double, car on fait souvent naître, à tort, Damita à Paris32. Damita n’est pas seulement française, elle est parisienne, comble du chic33. Par ailleurs, l’adjectif « français » est souvent utilisé, de façon absolument artificielle, dans des articles sur Damita, comme pour labelliser une « appellation d’origine contrôlée » qui insiste sur une patrie, voire une petite patrie, à la localisation variable, ainsi de cet article paru dans Ciné-Miroir, le 23 décembre 1927, qui la fait naître « en région » et la décrit éclatant « d’un rire jeune, frais, capiteux comme le Sauternes de son pays, car elle est née à Bordeaux et elle s’en vante34 ». La francité de Damita, exacerbée, se met parfois au service d’une certaine nostalgie, perceptible à la lecture du Petit Provençal du 6 avril 1928 qui use de la métaphore de l’étoile filante/« étoile qui file » pour déplorer la perte de ce produit français vers les terres américaines35. La transition par l’Allemagne et l’Autriche est ici savamment escamotée, alors que Damita y a gagné ses galons de vedette, en 1926, avec un film justement intitulé Poupée de Montmartre (ou Poupée de Paris). Goldwyn avait d’ailleurs préparé l’arrivée de sa star française en faisant projeter à New York les films allemands de Damita36, comme le rappelle également l’article du Chicago Tribune and the Daily Vews, New York, European Edition, du 27 avril 1928. Le même article précise d’ailleurs que l’actrice française a encore un « halting English » (anglais hésitant), qu’elle compense en caressant ses boucles blondes et en riant gaiement – le journaliste s’amuse à retranscrire ces « is eet nice? », « but cet ees tres deefeecult ». On notera qu’un mois plus tard, dans le même journal37, elle garde cet « halting English », si on en croit sa prononciation retranscrite (« Holleewood ») – à moins que le journaliste ne soit adepte du comique de répétition, ou qu’il soit important que la Française garde son si charmant accent – la publication, en anglais, est à destination d’un public européen. Comme dans le précédent article, on mentionne (ou prétend ?) que Damita insiste sur son amour pour la France et son désir d’y revenir. La transformation de Damita en actrice presque américaine, qui perd son accent, sera attestée dans Pêle-Mêle du 22 décembre 1929, l’actrice dévoilant son secret pour acquérir un bon accent : le chewing-gum38 ! D’un cliché à l’autre, de la francité à l’américité… Encore plus tardivement, la maîtrise de l’anglais par Damita donnera lieu à un article un peu acide dans Pour Vous, le 11 mai 1933, dans lequel Damita est qualifiée d’« ex-Parigote39 ». Robert de Thomasson, le journaliste, semble vouloir relever l’arrogance de Damita, alors qu’elle n’est sans doute pas « diplômée », et se moque de son « mo-â » : « elle ne pouvait plus s’exprimer dans sa langue maternelle sans un terrible accent yankee40 ».
14Les articles sur Damita sont parfois l’occasion pour les journalistes français de déplorer l’incapacité de la France à fournir de bons véhicules à ses vedettes. C’est le cas dans les Cahiers du Sud du 1er octobre 1926, qui indique que Damita possède un talent de danseuse acrobatique, et que le cinéma est un « art plastique41 », ou dans La Patrie du 26 mai 1928, qui évoque « celle que le cinéma français a méconnue et que les Allemands ont élevée au rang d’étoile » (alors qu’elle est déjà partie pour Hollywood42). On comprend que l’anecdote n’a rien de neutre en lisant dans Le Siècle du 9 décembre 1927 : « la charmante vedette française qu’est Lily Damita est accaparée par les producteurs allemands43 »… Le terme « accaparé44 » se retrouve d’ailleurs dans Comœdia du 16 novembre 1932, cette fois appliqué aux producteurs d’Hollywood – on en devine quand même la portée, même ironique, dans les années 1930. L’article du Siècle souligne que Damita revient dans un film français et indique qu’elle a fait des « progrès foudroyants » depuis Poupée de Montmartre, où elle n’était qu’un « physique de petite Parisienne mince, potelée, élégante et souple45 ». Elle réussit, nous dit-on, à avoir « un corps charmant », une « émotion » et une « ardeur », mais aussi un « jeu ». Le devenir-actrice de Damita n’est toutefois pas chose aisée : Le Petit Marseillais du 22 décembre 1927 évoque son « corps d’une si parfaite harmonie, d’une si voluptueuse souplesse46 ». À côté toutefois de ces appréciations superficielles existent également d’autres articles qui parlent du « travail » de Damita, de sa détermination, à acquérir en particulier un bon accent en américain. Danseuse sensuelle ou comédienne méritante, les arrangements biographiques laissent parfois voir deux persona, comme mises en concurrence ou parallèlement essayées.
15Force est toutefois de constater que dans le cas de Damita, une persona domine : Myriam Juan a déjà montré que la presse américaine, et en retour la presse française, présentaient Damita comme une actrice sensuelle et érotique47. L’article de Pour Vous du 31 juillet 1930 la qualifie ainsi de « changeante et sportive48 », sans qu’on voie bien le lien entre les deux adjectifs. Les photos accompagnant l’article la montrent dans diverses poses et divers accoutrements : diva mystérieuse, corps tout en sourire et en jambes, façon « déjeuner sur l’herbe », star en bateau ou en robe de soirée, star en maillot de bain, mettant sa plastique en valeur, ou au contraire dans une improbable tenue sportswear, bras le long du corps et mains dans les poches. L’auteur fait d’ailleurs un clin d’œil à son public cultivé en légendant « six images de l’ondoyante et diverse Lily Damita » – l’intertextualité joueuse convoque Montaigne… Cette pulsion scopique bien connue qui prend pour objet le corps fragmenté de l’actrice, typique du « male gaze » hollywoodien selon Laura Mulvey, trouve d’ailleurs une forme de légitimation artistique dans le cas de Damita : le peintre Kees Van Dongen, en 1926, a peint un portrait de l’actrice qui met en valeur ses jambes – qu’elle aurait par ailleurs assurées pour une grosse somme, comme nombre d’autres actrices. On ne s’étonne pas de retrouver ce détail dans la presse : ainsi, comme le rappelle Myriam Juan, cet article de 1928 de Cinémonde qui parle de « ces jambes spirituelles », semblant parler à sa place49. Comœdia, dans sa critique de The Cock-Eyed World, le 19 mars 1930, insiste par deux fois sur le jeu de Damita – son jeu de jambes, toutefois50. À ce titre, la critique parue dans L’Ami du peuple du soir du 22 avril 1931 constitue peut-être un hapax : à propos de Soyons gais, Damita reçoit des compliments sur son talent comique et sa capacité à jouer le rôle d’une « mère de famille qui porte des papillotes et des pince-nez et qui ne se maquille pas51 ».
16Les retours de Damita en France valent des articles de presse proches des mythologies barthiennes : c’est la star en vacances dans Ciné-Comœdia du 21 juin 193152, la star qui voyage dans le train présidentiel, avant de se tromper de train53 dans L’Intransigeant du 7 mai 1933, la star avec sa mère, « maman Damita54 », dans Paris-soir du 5 juillet 1933, la star en croisière en Suède55 dans Paris-soir du 9 mai 1933, la star aux Champs-Élysées56 dans Le Matin du 27 juin 1930, la star qui donne un mot manuscrit au même journal en juillet 1931… Ciné-Comœdia, le 15 novembre 1933, rapporte que la star a accueilli un fan accompagné d’un « superbe léopard », fait transformer par la titraille en « Le léopard de Lily Damita57 », joli arrangement typographique, à défaut d’être biographique. La quête des petits faits croustillants fait que Le Figaro, le 20 avril 1937, remonte au 9 octobre 1925, dans la biographie de Damita, alors « Lilyane Carré » : la vedette avait alors renversé un piéton qui, précise le journal, « ne s’en porte pas plus mal58 ». Condamnée à l’époque à une amende de 100 francs, la star dut se montrer négligente, la dette s’élevant désormais à 100 000 francs : la multiplication semble aussi fabuleuse que l’anecdote, et le journaliste éprouve le besoin de donner le nom de la victime, « le sieur Orain ». « Jean Orain », précise de façon plus factuelle Paris-soir le même jour, ajoutant que l’affaire se juge devant la 11e chambre correctionnelle de la Seine. La comparaison des deux articles est un cas d’étude de « l’arrangement », le premier filant de façon badine l’histoire de la star folle du volant, qu’un triste « sieur » veut faire cracher au bassinet, l’autre surjouant le journalisme sérieux et posant en conclusion du reportage au tribunal la morale condamnation de l’évaporée – la somme de 100 000 francs « environ, y compris les intérêts accumulés depuis 1925 » devant être acquittée par la star. Le 22 avril 1937, avec un retard de deux jours, Le Libertaire59 cite un article de L’Intransigeant (l’affaire a décidément fait les choux gras de la presse, preuve d’une circulation médiatique dans des journaux à la couleur politique très différente), ajoutant que la voiture avait été empruntée à un « M. Sausot de La Vaux » et que le désormais fameux Jean Orain, non nommé ici, mais résumé à sa profession60, avait été « assez grièvement blessé, puisqu’il en est infirme pour le restant de ses jours ». Il est précisé que le receveur a déjà obtenu le versement de 41 000 francs, ce qui est peu sans doute aux yeux du journaliste, qui précise que Damita est mariée à Errol Flynn, « artiste multimillionnaire et prédestiné aux films patriotards et bien-pensants ». Déjà coupable d’une « conduite assez ignoble », Lily Damita, semble sous-entendre Le Libertaire, est repartie pour les USA « sans payer le pauvre prolétaire qu’elle a condamné à l’infirmité perpétuelle61 ». Une autre conduite scandaleuse serait celle d’une amnésie supposée (ou réelle ?) qui aurait amené la fin de sa carrière, ainsi que le relate La France de Bordeaux et du Sud-Ouest du 25 juin 1937 : sur le tournage de L’Escadrille, son dernier film, Damita, ainsi, aurait perdu la mémoire – stratégie de fuite ou vrai souci de santé, il est difficile d’en juger ; Jean-Michel Renaitour, « député-maire d’Auxerre, président de la Commission de l’Air de la Chambre, dont un scénario a servi de trame au film62 », a d’ailleurs beau jeu de déclarer que le seul incident qu’il a pu relever était une très légère blessure subie par la doublure de Damita lors du tournage de la scène de l’accident d’avion… – incident qui a l’air moins important que l’amnésie de la vedette.
17On le voit en tout cas, quand il s’agit de Damita, l’anecdotique, le « petit fait vrai », à plus forte raison pittoresque, l’emporte toujours sur les realia biographiques. Rien d’étonnant donc à ce que l’on évoque, au sujet de Damita, ses amours plus que ses films. L’opération est courante, encore plus quand il s’agit d’actrices françaises63 ; Damita, toutefois, semble ne pas avoir rechigné à la publicité et avoir manié la presse à son avantage. Le fait qu’elle ait été chassée d’une table de baccara car elle faisait très jeune, moins de 16 ans, figure dans un article de Paris-soir, le 6 août 1930, qui vante par ailleurs son charme, mais aussi sa foi dans le travail et son courage – à nouveau64. Une autre anecdote scandaleuse est relatée dans Comœdia du 5 février 1933 : à Cuba, la vedette aurait « malmené une rivale trop entreprenante65 ». Une photographie occupe davantage d’espace que l’article, comme si l’image se substituait au texte et suffisait à tout dire – Damita apparaît les cheveux flous, regardant de côté, le sourire éclatant de la femme triomphante – la légende de la photo indique surtout qu’elle a « joué un rôle aussi actif que… victorieux » dans la « grave bagarre » – comme pour donner l’illusion que la photo a été prise à l’issue de la joute. L’anecdote, avec le même choix d’illustration, est par ailleurs reprise dans L’Œuvre, datée du même jour puis, quelques jours plus tard, dans Marianne – sans photo, mais en précisant toujours que la jeune femme est « restée maîtresse du champ de bataille66 ».
18Les journaux s’intéressent évidemment beaucoup à l’aventure supposée, précédemment citée, avec le Prince de Prusse. La presse francophone s’en fait l’écho, comme L’Excelsior dans son numéro du 28 juin 1929. Le démenti, prétendument envoyé par Damita elle-même, est d’ailleurs intéressant et dépasse la critique mondaine : Damita affirme, en effet, n’avoir été que l’amie du prince allemand et surtout avoir joué un rôle d’ambassadrice en Allemagne – le terme « ambassadrice », nous rappelle Myriam Juan67, est aussi employé pour Damita aux États-Unis. Ce que nous appellerions de nos jours le « soft power » de Damita est également souligné dans Comœdia du 17 août 1936, qui parle de la jeune femme comme du « véritable triomphe de la diplomatie française68 », tout en mentionnant une nouvelle fois ses jambes. En dépit de ce prétendu rôle diplomatique, Damita s’attire les foudres de « Titaÿna69 » dans Pour Vous, le 17 décembre 1931 : la journaliste s’en prend à cette femme « vulgaire » qui donne une mauvaise réputation de la Française – la photo de Damita, jambe dénudée très haut, redouble la légende qui l’identifie comme la personnification « très spéciale » de la femme française70.
19Au risque de l’anachronisme, on pourrait également qualifier Damita de première influenceuse ou, à l’époque, de « lanceuse », si l’on veut en croire L’Intransigeant du 13 mai 1933, car elle semble vouloir lancer le smoking au féminin71. Un autre hapax de communication se trouve peut-être dans Comœdia du 16 novembre 1934, qui souligne son « regard dur, au vrai, comme nous l’avions toujours connu en dehors des communiqués officiels » et mentionne qu’elle est flanquée de son « inséparable gardienne72 », parfois identifiée à sa mère… ces « arrangements » sont-ils le fait de la vedette elle-même, qui a compris l’importance du « buzz73 » ? Ou la phrase fielleuse est-elle le fait d’un journaliste déçu ?
Le roman de Lily, Lili, Liliane, ad lib
20D’autres « petits arrangements avec la biographie » paraissent dessiner une ligne cohérente. S’élabore un « roman de Lily Damita » qui laisse songeur : il s’agit véritablement d’une construction qu’il convient d’étudier en soi d’un point de vue stylistique. Mon film, le 19 juin 1931, n’hésite d’ailleurs pas à titrer sur « le roman de Lily Damita74 ».
21Le Phare de la Loire, le 10 juin 1929, présente ainsi une biographie de Lily Damita qui ne laisse pas de surprendre. L’article est d’ailleurs intitulé « la carrière de Lily Damita, artiste française aux États-Unis75 » mais ne parle que de la vie de la jeune femme. Damita, selon le journaliste, est une charmante et blonde artiste née à Paris. Elle serait la fille unique d’un attaché commercial, grand voyageur76. La généalogie fantasmée de Damita la dote également d’un grand-père ingénieur, qui aurait travaillé en Espagne et au Portugal, lui assurant sans doute sa légitimité de « Latina ». Cet aïeul aurait également fréquenté Ferdinand de Lesseps à Panama – la famille était donc cosmopolite. Damita serait partie faire ses études dans un couvent à Lisbonne et aurait ainsi hérité d’un saint intellectualisme latin. Enfin, ses nombreux voyages et son apprentissage de diverses langues étrangères confèreraient à l’actrice l’image non pas d’une petite danseuse courant les cachets en Europe, mais d’une variante féminine des aristocrates du « Grand Tour » ou des jeunes filles de très bonne famille de l’époque. Le père de Damita est même « tué en 1915 dans les combats du Chemin des Dames, après avoir participé aux opérations sous Verdun » : voici la jeune vedette devenue pupille de la nation, fille d’un père « mort pour la France », doublement sanctifié par sa participation à rien moins que deux grandes batailles mémorielles. Damita fait, selon l’article, ses débuts « à cinq ans » : voici revivifié le mythe de l’enfant prodige, au génie précoce, une petite Mozartette aux grandes jambes. Ses enfances se jouent au ballet de l’Opéra, avant de bifurquer, sans explication, vers le Casino de Paris, « aux côtés de Mistinguett et Chevalier ». Entrepreneuse, Damita semble fonder « sa propre troupe », les « Midnight Follies » – son agency est souligné. La « success story » de Damita passe ensuite par une série de « stations » savamment négociées : la proposition d’une « maison de cinéma » de Vienne qu’elle « décline », mais avec laquelle elle fait quand même quelques films à Berlin – avec rien moins que Curtiz, Cutts, Wiene et Pabst, dont on rappelle obligeamment les noms, puis l’engagement par Goldwyn et le départ pour les États-Unis. L’accès au vedettariat est donc marqué par une succession de déménagements et la signature d’une série de contrats, supposés toujours plus prestigieux – hasard ou chance des rencontres, sans mention de formation ou de travail, précisément.
22Un autre narratif se trouve dans L’Action française du 28 mars 1930. L’article prend le prétexte d’une enquête : il s’agit de « rechercher » les « raisons du succès » des « actrices étrangères » à Hollywood77. En dépit de ses prémisses scientifiques, l’article continue en vantant les « jolies jambes » de Damita et le « type » de la « femme de Paris » telle que se la représentent les Yankees naïfs dans leurs rêves. La biographie de Damita qui est ensuite déroulée reprend les éléments vus dans l’article précédent, en y adjoignant toutefois des explications et des développements : ce qui était sous-entendu dans Le Phare de la Loire est explicité, ainsi le côté « polyglotte » de Damita, venu de ses voyages, qui lui est désormais « d’une grande utilité ». La « maison de cinéma » évoquée précédemment est ici nommée : la « Sascha Film Company ». Sans doute en raison de la couleur du journal, un avis critique est émis sur les films européens de la future star : ils sont « médiocres, comme toute la production allemande actuelle, à quelques exceptions près ». Le journaliste souligne que ces films ne mettent en valeur que sa plastique, et ses « jambes irréprochables », aussi croquées par Van Dongen. L’article évoque habilement les « quelques petits scandales publicitaires » qui « achevèrent de la faire connaître » – en n’omettant évidemment pas de les rappeler, ajoutant le prince George d’Angleterre à la liste de ses amours royales supposées. La fin de l’article est une ode scopique, saluant Damita dans The Cock-Eyed World (1929) : « elle ondule, elle danse, elle rit, elle attire de tous ses yeux, de toute sa bouche, de tout son corps, de toutes ses jambes ». Il s’agit bien pour le public de prendre plaisir à la « voir vivre », ce que le cinéma européen avait échoué à faire – se lit ici en filigrane une véritable réflexion esthétique sur la place du corps dans le cinéma américain, par rapport au cinéma français78. Le corps de Damita n’est plus seulement un prétexte érotique mais une parfaite illustration, un peu anecdotique, de la pulsion scopique. Il devient un corps de cinéma, un corps fait pour le cinéma, que la liberté – supposée ou fantasmée – des studios américains permet de montrer, là où le cinéma européen resterait prude et convenu. La cinégénie du corps de Damita est un invariant que l’on retrouve dans nombre d’articles, qui déplorent cette sous-exploitation de la comédienne. Si Damita, en dépit d’un accent qu’elle n’a jamais perdu, n’a jamais « percé », est-ce parce qu’elle n’a pas, à la différence de Dietrich ou de Garbo, rencontré un réalisateur qui a su en faire sa muse de cinéma ?
23Une autre approche biographique, arrangée, repose sur la connivence, comme dans un article de Comœdia. Le narratif ici adopté ne reprend que quelques mythèmes. « Lisbonne », deux fois mentionné, agit comme un lieu fétiche, enfantin et fleuri, digne d’un « conte de fées », où « Lily Carré » peut évoluer comme une « jolie poupée de soie », réminiscence probable de Poupée de Paris, film dans lequel elle a triomphé. Un nouveau mythème est ajouté, l’entrée dans « notre conservatoire dramatique ». L’intérêt de l’article repose toutefois sur la posture du journaliste, qui affirme « l’avoir très bien connue » au « Palace Club » (on est loin du Conservatoire) alors qu’il était « jeune élève de la Faculté de Droit » (l’étudiant en droit amoureux des actrices est un autre mythème romanesque). Plus encore, le journaliste, Antonio Ferro, revendique l’accaparement, voire l’arrangement biographique, affirmant avoir rédigé un article qui « fit alors un certain bruit » et qui, au Palace Club, circula « parmi toutes les tables comme un oiseau qui sautait et chantait sur toutes les branches de l’arbre… » – le biographe devient objet de la biographie. Damita semble clairement être une construction fantasmatique et médiatique : « elle tombait dans nos âmes comme une rime et dans nos yeux comme une photo de magazine en beau “papier couché” », tandis que la fin de l’article en revient à des points bien connus – la francité de Damita, alors même qu’elle « n’est pas encore allée à Paris », et ses jambes. Ferrero se livre d’ailleurs à une sorte d’ekphrasis de la photo qui illustrait son article (et que le lecteur ne voit pas), photo statique d’une femme qui danse un « fox-trot », un « one-step », une « valse » (la femme s’anime au fantasme de l’homme, au gré de danses qu’il s’invente) : jambes, « petits seins » qui « disent tantôt oui, tantôt non » ; « les gestes de Lily étaient des affiches de son corps ». Ce jeu entre l’image mobile (de la danseuse) et l’image fixe de sa reproduction mécanique opère une fragmentation du corps de l’actrice, la photo devenant un succédané érotique que le journaliste aimerait « arracher de l’album » et « emporter chez [lui] ». L’auteur se confond ici avec le fan(atique) ou le collectionneur psychopathe.
24Gringoire, sous la plume de René Guetta, choisit un autre angle. Le journaliste évoque ici un autre mythème, celui de la redoutable mère d’actrice : il imagine la terrible Mme Damita (qui ne peut donc s’appeler ainsi) débarquer au Théâtre Daunou en 1919. De façon également assez attendue (la hargne de la mère remplaçant le talent de la fille), le journaliste insiste curieusement sur l’absence de qualités de la jeune femme, qui ne danse ni ne chante très bien, mais a un protecteur… Et le journaliste de glisser perfidement que Damita « fut une bonne amie79 »…
25Il serait intéressant de confronter les arrangements biographiques de Damita en France et aux États-Unis. À titre d’exemple, « Consider the Lilies » dans Broadway and Hollywood Movies80 reprend un certain nombre de mythèmes (la naissance à Paris, le couvent à Lisbonne, l’école de danse, l’Opéra de Paris, les tournées en Europe, le don pour les langues, le Casino de Paris et Mistinguett) en en ajoutant d’autres : la mère de Damita serait une actrice, la jeune « Lily » aurait connu la naissance de sa vocation en dansant devant des Poilus (ce qui lui donne envie de triompher à Broadway, saut audacieux) ; elle aurait chanté des « American jazz songs »… : est ajouté ici ce qui peut plaire au public américain. Le hasard a toutefois peu sa place dans ces arrangements : Damita venait de se produire à Broadway dans Sons O’ Guns, elle y interprétait une Française, et l’action se déroulait en 1918, au sein des troupes américaines : la biographie fantasque se mettait au service de la promotion de spectacles. Le journaliste prend également le temps de dire qu’en Europe, il n’est pas possible à une jeune femme de devenir une star du jour au lendemain, antienne reprise dans nombre de journaux français, mais sans doute destinée ici à « expliquer » la longue carrière pré-Hollywood de Damita. La biographie de Damita se poursuit en montrant qu’elle a le désir « d’épouser un Américain »… – Damita saura se conformer à cet attendu. Il en va des biographies de Damita la Latina comme des rhums : il faut les « arranger » au gré des palais qu’elle va servir.
⁂
26Préfaçant l’ouvrage de Claudette Joannis consacré à l’acteur Édouard De Max, Georges Banu souligne que la quête des traces d’un acteur est « une entreprise désespérée » : pareil travail défie le « présentisme » du temps, et exige une ardeur « généalogiste81 ». Didier Blonde fait de même, partant en quête d’actrices mortes et muettes, dans une démarche digne de l’hantologie82. La « vie » de Damita, prodige de cinégénie, souvent mise en exergue dans les critiques de l’époque, s’est arrêtée sans remède un jour de 1994. Restent ses films, quelque part, vestiges d’une présence. Subsiste une série d’articles de presse, désireux de retracer, ou plutôt de créer une « vie » romanesque à « Lily Damita », série riche d’images diverses, kaléidoscope d’une vie à réarranger pour y donner sens. De ce que fut la vie non rêvée de Liliane Carré, « la jeune fille de Blaye », on ne saura pas grand-chose – c’est le « grand arrangement » biographique de ce « cas Damita ».
Notes de bas de page
1Nous voyons ici deux façons opposées d’évoquer la vie des stars, celle de Kenneth Anger se fondant sur la chronique scandaleuse, fortement « arrangée », faisant d’Hollywood une nouvelle Babylone, et celle de Richard Dyer approchant les acteurs et actrices de façon « scientifique », leur restituant une place dans le star-système. Un autre exemple de cela se trouve sur cette page : [https://roijoyeux.wordpress.com/2022/07/10/joyeux-lili-damita-3/], consulté le 23 septembre 2022. On y mentionne l’homosexualité supposée de Damita, d’après un témoignage non sourcé de Jean Negulesco, qualifié d’« historien du cinéma ».
2On pourra lire sur ce point Lombard Philippe, Sean Flynn, l’instinct de l’aventure, Monaco, Éditions du Rocher, 2011. Jean Lartéguy lui a aussi consacré un roman, Enquête sur un crucifié, en 1973.
3Nous empruntons ce terme à Kate Dorney, qui l’applique à son travail sur Vivien Leigh (Dorney Kate et Gale Maggie B. (dir.), Vivien Leigh: actress and icon, Manchester, Manchester University Press, 2018). Dorney emprunte le terme à Gwyneth Paltrow. Pour la chercheuse, il s’agit bien de considérer Vivien Leigh hors du couple qu’elle formait avec Laurence Olivier.
4Comme l’indique un article de L’Intransigeant du 22 février 1936 à la rubrique « Cinéma », p. 12. Le titre est explicite : « Errol Flynn, “capitaine Blood” et mari de Lily Damita ». Le premier paragraphe est éclairant : « Errol Flynn […] nous était connu depuis quelques mois en tant que mari de Lily Damita ». S’ensuit d’ailleurs une biographie un peu fantasque, car, dit le journaliste, « le rapide dessin de sa vie nous paraît susceptible d’intéresser chacun ». Le film est de Michael Curtiz. Dans Paris-soir du 18 octobre 1936, p. 7, en revanche, Lily Damita semble faire part de son désir d’abandonner le cinéma, son mari Errol Flynn gagnant « seul assez d’argent » (le journaliste reproduit des propos tenus à des confrères américains). Déçue par sa carrière aux États-Unis, Damita annonce vouloir « se consacrer aux soins de [sa] maison et aux délassements sportifs qu’Errol affectionne particulièrement ». Le journaliste ne semble guère accorder de crédit à ce joli discours d’ange du foyer. Dans Cinémonde, le 8 avril 1937 (p. 342-343), Damita est désormais « Mme Errol Flynn ». Le mariage de Damita et Flynn prend fin en 1942, année au cours de laquelle l’acteur affronte des accusations de statutory rape. Par commodité, les corpus étant désormais disponibles en numérique, nous renvoyons aux numéros des journaux, sans indiquer de lien hypertexte qui alourdirait l’ensemble.
5Juan, Myriam, « Aurons-nous un jour des stars ? » Une histoire culturelle du vedettariat cinématographique en France (1919-1940), thèse d’histoire, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2014.
6Rosay Françoise, La Traversée d’une vie ; souvenirs recueillis par Colette Mars, préface de Jean Anouilh, Paris, Robert Laffont, 1974. Rosay et Damita ont tourné ensemble en 1930 dans Soyons gais d’Artur Robinson et en 1932 dans Quand on est belle, du même Robinson – il s’agit d’une version française, tournée à Hollywood, de The Easiest Way de Jack Conway. Robinson était un réalisateur allemand brièvement exilé à Hollywood. Rosay (p. 154) se contente de glisser que l’actrice n’est en rien polyglotte, comme le prétendront nombre d’articles (voir infra).
7Les mémoires d’Errol Flynn, intitulés en anglais My Wicked, Wicked Ways, et parus en 1959, ont été édités en français en 1977 sous le titre Mémoires, chez Olivier Orban, puis en 2020, chez Séguier, et traduits par France-Marie Watkins et Solange Metzger. Ils sont disponibles en poche (Paris, Perrin, coll. « Tempus », 2022). Flynn parle fréquemment de « Lili » Damita, « charmante ex-femme » déterminée à lui arracher ce qu’elle peut de son divorce (p. 16). Racontant leur rencontre sur un paquebot, il n’a de mots que pour son « arrogance » (p. 260). Démentant les propos tenus par Damita dans la presse française (voir supra, note 4), il s’amuse à souligner ses faiblesses sportives (p. 267).
8[https://fr.wikipedia.org/wiki/Lili_Damita], consulté le 23 septembre 2022.
9[https://en.wikipedia.org/wiki/Lili_Damita], consulté le 23 septembre 2022.
10[https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/gironde/bordeaux/jeune-fille-blaye-devenue-star-1691516.html], consulté le 23 septembre 2022.
11On peut supposer que ce papier constitue le verbatim du reportage.
12Sic.
13[https://www.latimes.com/archives/la-xpm-1994-03-26-mn-38526-story.html], consulté le 23 septembre 2022 (Los Angeles Times. 26 mars 1994).
14[https://variety.com/1994/scene/people-news/lili-damita-119554/], consulté le 23 septembre 2022.
15La note de la fiche Wikipédia française est la suivante : David Thomson, « No Mistakes » [archive] [« Pas d’erreurs »], The New York Review of Books, 20 décembre 2018, consulté le 4 janvier 2021 : « (Curtiz) married one actress, Lucy Doraine, and had a lengthy affair with another, Lili Damita, before he married Bess Meredyth » (« [Curtis] épousa une actrice, Lucy Doraine, et eut une longue relation avec une autre, Lili Damita, avant d’épouser Bess Meredyth »), consulté le 23 septembre 2023.
16[http://www.lesgensducinema.com/biographie/DAMITA%20Lili.htm], consulté le 23 septembre 2022.
17[https://de.wikipedia.org/wiki/Lili_Damita], consulté le 23 septembre 2022.
18Juan Myriam, « Aurons-nous un jour des stars ? » Une histoire culturelle du vedettariat cinématographique en France (1919-1940), thèse citée, p. 439. L’information est confirmée dans le New York Times du 15 avril 1930.
19De façon d’ailleurs assez étrange, la photo de droite ressemble à une autre photo de Lily Damita (même pose, même costume), tirée d’un autre film avec Françoise Rosay, Quand on est belle (1932). Elle est disponible ici : [https://www.imago-images.com/st/0097711897], consulté le 23 septembre 2022. C’est bien la circulation d’un « corps » qui intéresse dans le cas de Damita : on la reconnaît à ses jambes, ou à son costume blanc de danseuse, comme dans Poupée de Paris.
20Delaprée L., « Lily Damita dans Le Pont du roi Saint-Louis », Pour Vous, no 43, 12 septembre 1929, p. 7. Notre approche étant, comme nous l’avons dit, textualiste, nous choisissons ici de ne rien dire sur la « couleur » des journaux, cela constituant une approche très certainement pertinente, mais autre que celle que nous avons choisie.
21C’est ce que dit le reportage de Séduction du 16 juin 1934 : on peut la croire « étrangère », ou « Brésilienne », à cause de son nom et de ses « yeux noirs » (Faure Jacques, « Lily Damita », Séduction, 16 juin 1934, no 33, p. 5).
22[https://www.ibdb.com/broadway-cast-staff/lili-damita-37217], consulté le 23 septembre 2022.
23Juan Myriam, « Aurons-nous un jour des stars ? » Une histoire culturelle du vedettariat cinématographique en France (1919-1940), thèse citée, p. 438.
24Voir Cinémagazine, no 35, 16 septembre 1921, p. 28 et no 44, 4 novembre 1927, p. 220.
25Voir sur ce point Juan Myriam, « Aurons-nous un jour des stars ? » Une histoire culturelle de vedettariat cinématographique en France (1919-1940), thèse citée, p. 251, note 154, qui mentionne un numéro non sourcé de Mon Ciné.
26« Imported Love Birds », Photoplay, juillet 1928, vol. 34, no 2, p. 46.
27Charpentier Émilie, Spectateurs, vous avez la parole. Le courrier des lecteurs dans Cinémagazine et Mon Ciné, mémoire de maîtrise, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2003, p. 159-160.
28Juan Myriam, « Aurons-nous un jour des stars ? » Une histoire culturelle du vedettariat cinématographique en France (1919-1940), thèse citée, p. 251 et p. 253 : le film destiné à départager les candidates est tourné par Maurice Chaillot, sous les auspices de la société de production de Maman Pierre.
29Ibid.
30Séduction, art. cité.
31Bizet René, « Lily Damita, Parisienne de Los Angeles », Pour Vous, no 37, 1er août 1929, p. 7.
32Comme indiqué précédemment, l’actrice est née à Blaye en Gironde.
33Bizet René, « Lily Damita, Parisienne de Los Angeles », art. cité.
34Myriam Juan montre que l’article, rédigé alors que Damita tourne à Berlin et s’apprête peut-être à rallier Hollywood, dénote une vraie inquiétude de « perdre » une star française, en même temps qu’une certaine fierté à voir ce produit d’exportation être apprécié à sa juste valeur (comme le Sauternes…) [ibid., p. 142].
35« Lily Damita en Amérique ? », Le Petit Provençal, 6 avril 1928, p. 5.
36Ibid., p. 440 ; voir aussi Cinémagazine de juin 1928.
37« Lily Damita Off To Star In American Movie », Chicago Tribune and the Daily News, New York, European Edition, 6 mai 1928, p. 3.
38Le journal est un titre délibérément satirique, ce qui peut expliquer cette « chute ». Le précédent journal, qui se moque de son accent, est toutefois a priori sérieux.
39Thomasson Robert de, « M. Herriot, M. Paderewski et l’ex-Parigote Miss Damita », Pour Vous, no 234, 11 mai 1933, p. 2.
40Dans la presse américaine, Lily Damita est interviewée par Russel Crouse, qui s’amuse à l’interviewer en « Française » [sic] (The New Movie Magazine, octobre 1930, vol. 2, no 4, p. 57). Myriam Juan rappelle toutefois que Damita interprète souvent des étrangères sans doute en raison de la persistance de son accent (Juan Myriam, « Aurons-nous un jour des stars ? » Une histoire culturelle du vedettariat cinématographique en France [1919-1940], thèse citée, p. 443).
41Roque Jules, « Cinéma », Les Cahiers du Sud, 1er octobre 1926, no 33, p. 247. La mention des Cahiers du Sud le prouve bien : Damita occupe les pages de l’ensemble de la presse de l’époque, de la plus « légitime » à la moins sérieuse. Roque mentionne la cinégénie du corps de Damita, en faisant une étude plus intellectuelle, là où de « petits » organes de presse se contentent de petits faits juste biographiques.
42Fronval George, « les Films d’aujourd’hui, “Au Paramount”, Papillon d’or », La Patrie, 26 mai 1928, p. 5.
43Thierry Gaston, « La danseuse passionnée », Le Siècle, 9 décembre 1927, p. 6.
44« Lily Damita est à New-York », Comœdia, 16 novembre 1932, p. 6.
45Thierry Gaston, « La danseuse passionnée », art. cité.
46« La Danseuse passionnée », Le Petit Marseillais, 22 décembre 1928, « la page du cinéma », s. p.
47Juan Myriam, op. cit., p. 441. Elle note la même tendance à souligner le « travail » de la comédienne.
48Bré. R. E., « Avec la changeante et sportive Lily Damita », Pour Vous, no 89, 31 juillet 1930, p. 4.
49Juan Myriam, « Aurons-nous un jour des stars ? » Une histoire culturelle de vedettariat cinématographique en France (1919-1940), thèse citée, p. 441.
50Coutisson Jean-Paul, « Tête brûlée, magistrale réalisation de Raoul Walsh », Comœdia, 19 mars 1930, p. 6.
51« Le cinéma : Lily Damita dans Soyons gais », L’Ami du Peuple du soir, 22 avril 1931, p. 4.
52Coutisson Jean-Paul, « Le Retour de l’enfant prodigue : Lily Damita est arrivée hier matin à Paris venant de New York », Ciné-Comœdia, 21 juin 1931, s. p.
53Thomasson R. de, « Le retour de M. Herriot. De l’Île-de-France à la gare Saint-Lazare », L’Intransigeant, 7 mai 1933, p. 5.
54« En causant avec Lily Damita », Le Matin, 27 juin 1930, « la page du cinéma », p. 4.
55G. K., « Lily Damita, qui joue à la ville les Greta Garbo, va faire une croisière en Suède et en Norvège », Paris-soir, 9 mai 1933, p. 3.
56« En causant avec Lily Damita », Le Matin, 27 juin 1930, p. 4.
57« Le Léopard de Lily Damita », Ciné-Comœdia, 25 novembre 1933, p. 1.
58« Lily Damita doit payer », Le Figaro, 20 avril 1937, p. 4.
59« Grandes vedettes », Le Libertaire, 22 avril 1937, p. 2.
60« Receveur de la T. C. R. P. » (la régie des tramways).
61« Grandes vedettes », Le Libertaire, 22 avril 1937, art. cité.
62« L’Amnésie », La France de Bordeaux et du Sud-Ouest, 25 juin 1937, p. 8.
63Au hasard du feuilletage de la presse américaine, on trouve des articles aux titres édifiants : « Lily Damita tells how to attract men » (article de Marie Forgeron, Broadway and Hollywood Movies, septembre 1932, vol. 3, no 5, p. 17). Pareil montage n’épargne pas les actrices du théâtre légitime, plus âgées, comme Georgette Leblanc, lorsqu’elles tentent l’aventure américaine : la femme française est forcément séductrice.
64J. P., « Les enfants de moins de seize ans ne sont pas admis dans les salles de jeu… Et à sa grande joie on expulse Lily Damita de la salle de baccara ! », Paris-soir, 6 août 1930, p. 2.
65« Nouvelles : Notre compatriote, la star Lily Damita est arrêtée à Cuba, pour une bagarre », Comœdia, 5 février 1933, p. 6.
66« Lily Damita arrêtée », Marianne, 8 février 1933, p. 6.
67Juan Myriam, « Aurons-nous un jour des stars ? » Une histoire culturelle du vedettariat cinématographique en France (1919-1940), thèse citée, p. 444, qui indique que le terme revient souvent dans la presse de l’époque. Damita pose à côté du consul Henri Didot dans Cinémagazine, le 15 juin 1928.
68Laspeyres Pierre J., « Quel est l’ennemi public no 1 du cinéma ? Lily Damita », Comœdia, 17 août 1936, p. 2.
69Sur cette journaliste, voir Juan Myriam, ibid., p. 445 et Heimermann Benoît, Titaÿna : l’aventurière des Années Folles, Paris, Arthaud, 2011.
70Titayna, « Les acteurs français ont-ils le droit d’interpréter des films antifrançais ? », Pour Vous, no 161, p. 3.
71« Hollywood essaie de lancer la mode », L’Intransigeant, 13 mai 1933, p. 1.
72M. J. C., « Soirée d’adieux : Mayol, Lily et l’Otarie », Comœdia, 16 novembre 1934, p. 2.
73Françoise Rosay évoque dans ses mémoires une crise de nerfs feinte de l’actrice (La Traversée d’une vie, op. cit., p. 158), cité par Juan Myriam, ibid., p. 443.
74« Le Roman de Lily Damita », Mon Film, no 185, 19 juin 1931, p. 16. Cité par Juan Myriam, « Aurons-nous un jour des stars ? » Une histoire culturelle du vedettariat cinématographique en France (1919-1940), thèse citée, p. 438.
75« La carrière de Lily Damita, artiste française aux États-Unis », Le Phare de la Loire, 10 juin 1929, p. 8.
76Rien ne semble connu du père de Damita.
77« Lily Damita », L’Action française, 28 mars 1930, p. 4.
78Myriam Juan souligne que Damita est parfois « utilisée » pour montrer la différence de système entre le cinéma français et le cinéma allemand, le cinéma allemand ayant des studios d’une grande efficacité (Juan Myriam, « Aurons-nous un jour des stars ? » Une histoire culturelle du vedettariat cinématographique en France [1919-1940], thèse citée, p. 117).
79Guetta René, « Lily Damita », Gringoire, 14 août 1931, p. 9.
80« Consider the Lilies », Broadway and Hollywood Movies, juillet 1931, vol. 2, no 3, p. 25.
81Banu Georges, « De Max, une star est de retour », in Joannis Claudette, Édouard de Max, Gloire et décadence d’un prince de la scène française, Paris, coll. « Saint-Germain-des-Prés inédit », 2020, p. 11.
82Blonde Didier, Les Fantômes du muet, Paris, Gallimard, 2007, ou Autoportrait aux fantômes, Paris, Gallimard, 2022.
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La fabrication des vedettes dans l’entre-deux-guerres
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