Jeanne de Balzac
Qui se cache derrière la star de papier ?
p. 63-74
Texte intégral
1Le rôle de la presse est aujourd’hui bien connu dans la mise en avant de personnalités politiques ou artistiques : presse écrite, médias audiovisuels, aujourd’hui réseaux sociaux, s’emploient à porter aux nues des personnalités distinguables ou pas. Mais cette pratique n’est pas une invention des médias contemporains. La presse cinématographique naissante autour de la Première Guerre mondiale met en exergue les acteurs qui portent les films mis en avant pour les exploitants de salles et pour les spectateurs afin qu’ils les promeuvent et s’y attachent. Une dizaine d’années plus tard, la production d’un film emblématique des efforts des sociétés françaises pour rivaliser avec la production cinématographique américaine fournit un exemple passionnant de création d’une star afin de soutenir l’entreprise. Louis Aubert s’associe en 1924 à la Sacha Film autrichienne pour produire Salammbô, réalisé par Pierre Marodon. Cette adaptation de Flaubert rassemble une équipe technique expérimentée dont Léonce-Henri Burel qui a déjà cinématographié les films d’Abel Gance dont La Roue ; à l’écran Rolla-Norman, Victor Vina, Raphaël Liévin, Henri Baudin portent les principaux personnages masculins. Pour incarner la fille d’Hamilcar, c’est une certaine Jeanne de Balzac qui est choisie. On laisse le soin à la presse de la présenter et d’accompagner la préparation et la sortie du film. C’est donc cette jeune actrice que nous allons découvrir, qui outre un nom qui la rattache à une tradition littéraire, a déjà fait ses armes d’actrices aux États-Unis. Elle était donc bien la personne idéale pour soutenir cette arme de guerre cinématographique contre l’hégémonie américaine. Nous la suivrons à travers cette presse spécialisée ou généraliste pour parcourir sa carrière cinématographique des deux côtés de l’Atlantique mais nous chercherons aussi les traces de ses autres activités afin d’ébaucher un personnage qui toujours se dérobe, et ce jusqu’au soir de sa vie.
Une adaptation exemplaire
2Faire vivre des œuvres de la littérature sur l’écran du cinématographe est une ambition d’un grand nombre des premiers opérateurs. Dès les quinze premières années de production cinématographique, on relève dans les listes de vente des sociétés des titres qui renvoient aux auteurs les plus connus de la tradition littéraire comme Gustave Flaubert, Honoré de Balzac, Miguel de Cervantes, etc. Ainsi peut-on noter chez A. Lumière & ses fils, La Tentation de Saint-Antoine (Gaston Velle, 1903) ; dans le catalogue Pathé frères : Les Aventures de Don Quichotte de la Manche (Ferdinand Zecca, Lucien Nonguet, 1903), Aladin ou la lampe merveilleuse (Albert Capellani, 1907), Don Juan, Peau d’âne (Albert Capellani, 1908), Cartouche, roi des voleurs (1909), Faust (Henri Andréani, 1910), dans celui de Léon Gaumont & Cie : Faust et Méphistophélès (Alice Guy, 1903), au Film d’Art, La Grande Bretèche (1909) et Madame de Langeais (1910) et chez Éclair, Eugénie Grandet (Émile Chautard, 1910).
3Outre la Tentation de Saint-Antoine, dont Gaston Velle retient surtout les apparitions des créatures diaboliques que les trucages font naître à l’envi, c’est le roman de Flaubert, Salammbô, qui le premier prend vie à l’écran en 1914 sous la caméra du réalisateur italien Domenico Gaido. Cette Salambo produite par Pasquali et Photo-Drama en Italie est présentée au Gaumont Palace en avril 1916. On reconnaît au film le « mouvement » et la « splendeur grandiose qui domine toute l’œuvre littéraire […] Le prodigieux effort accompli par le metteur en scène dépasse tout ce qui s’est fait jusqu’à ce jour1 ». Mais ce sont là, très probablement, des échos rédigés à partir du dossier de présentation du film, car les retours après visionnement sont de tout autre nature :
« Quel massacre ! Et quelle salade ! De toute évidence le metteur en scène du film Salammbô n’a pas lu le roman de Gustave Flaubert. Il paraît s’en être simplement fait “raconter l’histoire” par quelque secrétaire dyseptique2 [sic] qui, lui-même, s’est renseigné auprès de sa petite amie3. »
4Le comble, en effet, pour les spectateurs avertis de l’époque, est la fin du film, car loin de mourir d’effroi à la vue du cœur palpitant arraché de la poitrine de son amant, Salammbô l’épouse !
« Évidemment, le pessimisme n’est pas de saison. Mais, tout de même, pour marier Salammbô et Mâtho, il faut voir, de parti pris, la vie en rose. […] Je sais bien que le livre de Flaubert ne périra pas. Une affiche actuelle le qualifie “d’immortel”. Immortel, il l’est, et il faut qu’il le soit pour résister à pareille tuerie4. »
5Suite à une plainte de la nièce de Flaubert qui, pourtant, avait cédé ses droits5 pour cette adaptation, les copies du film sont placées sous séquestre et l’œuvre disparaît à tout jamais des écrans français. Aussi, lorsqu’en 1924 Pierre Marodon se met à la préparation d’une nouvelle adaptation du roman, il fait le pèlerinage à la Villa Tanit pour obtenir la bénédiction de la gardienne du temple flaubertien : Caroline Franklin-Groult6. Un an plus tard, alors qu’on prépare la projection du film à l’Opéra de Paris, le réalisateur prévient les critiques qui pourraient lui reprocher son absence de fidélité au texte de Flaubert, brandissant l’ombre protectrice de Madame Franklin-Groult, caution littéraire de l’adaptation : c’est en accord avec elle qu’il a choisi de privilégier la romance entre Mathô et la fille d’Hamilcar, ne voulant pas prendre « parti dans le conflit qui engendra les guerres puniques7 ».
Apparition d’un nom dans la presse
6Comme on le voit, la presse joue un rôle important dans l’accompagnement du public vers la salle et l’acceptation du parti pris du réalisateur. Cette entreprise de légitimation n’est pas la seule mise en place autour de cette nouvelle adaptation cinématographique du roman de Flaubert, elle concerne également une des pièces maîtresses de la production, sa tête d’affiche. Alors que le film sort à la mi-octobre 1925, c’est en juillet 1924 que Cinémagazine présente la future Salammbô : Jeanne de Balzac8. L’article trace avec force détails la biographie de l’actrice appartenant à la descendance de l’auteur de la Comédie humaine.
7On apprend ainsi qu’elle est née à Tours [en 1891]9 dans une atmosphère de provincialisme dont souffrit déjà son illustre ancêtre un siècle plus tôt. En jeune fille moderne, elle vient à Paris « vivre sa vie » et connaître autre chose que la rue Nationale et les abords « dévots » de la cathédrale de Tours.
8Mais les horizons parisiens ne lui suffisent pas, elle part en Amérique. Là, elle fait l’objet de la part des producers et des managers d’un grand intérêt. Son nom est un « énorme » moyen de publicité : « Je fus promenée et montrée un peu partout sans égard à ma modestie. On m’affirmait que ma carrière artistique en dépendait10. » C’est à coups de réclames de ce genre que l’on construit une star outre-Atlantique. On lui demande de jouer dans la nouvelle version de La Peau de chagrin (Slave of Desire), le film plaît, on lui propose ensuite d’être l’interprète d’« un grand film » : La Madone11. Mais le mal du pays est plus fort et elle rentre en France où elle est saisie d’une proposition anglaise cette fois : Une tragédie sur le Danube. Mais la star se blesse au pied et ne peut honorer son engagement. C’est dans une maison de repos qu’elle reçoit l’offre de Pierre Marodon, confirmée par le producteur du film Louis Aubert. Une occasion pour elle de montrer aux Américains ce « que donne une artiste française jouant avec son tempérament propre et sa sensibilité nationale12 ». Elle apporte un grand soin à la préparation de son rôle : elle relit plusieurs fois le roman et se trouve des points communs avec l’héroïne flaubertienne :
« Pour ma part je suis très séduite par le côté plastique et décoratif du rôle […] je me sens un peu parente de la brune fille d’Hamilcar, très près de ses ardeurs hiératiques. […] Me faisant l’âme carthaginoise, je cherche en moi-même les manières d’être et les attitudes appropriées. […] Je partirai avec l’esprit de Carthage et l’âme punique, préparée moralement aux diverses incarnations de mon rôle archaïque pour lequel je donnerai tout mon cœur et toute ma peine13. »
9Le journaliste conclut avec la certitude que la jeune star sait que ce sont les « dispositions intérieures qui font d’une simple mimique cinégraphique un miracle de vie intégrale ».
10Ciné-Miroir enquête à Vienne, en Autriche, dans les studios de la Sacha-Film, coproductrice du film où travaille toute l’équipe14. L’actrice est au centre de l’attention :
« De son côté, la belle Jeanne de Balzac, qui sera une inoubliable Salammbô, nous dit : “Vous n’imaginez pas la joie que j’ai éprouvée à interpréter, sous la direction magistrale de Pierre Marodon, l’héroïne de Flaubert. Ce merveilleux rôle a encore bénéficié d’une réalisation incomparable. Les décors, les costumes, l’ampleur des masses, les éclairages, tout nous promet un film unique et aussi émouvant par le sujet que somptueux par l’exécution […]. J’ai grand plaisir […] à avoir été choisie pour interpréter Salammbô. J’ai d’ailleurs refusé des engagements américains dès qu’on m’a assuré que j’aurais ce rôle. Il n’est cependant pas facile. L’âme de Salammbô est complexe et mystérieuse et je ne cache pas que le rôle est écrasant. Mais j’ai pourtant parfois la joie de sentir, quand je joue, l’âme de Salammbô toute proche, comme si j’allais la saisir et cela paye de tout l’effort. D’autre part le jeu devient, dans ces moments-là, plus facile, il me semble que pour un instant j’entre dans une nature nouvelle, la sienne”15… »
11L’attente est donc à son comble lorsque le rideau de l’Opéra de Paris s’ouvre sur les images de la Carthage de Pierre Marodon, le 15 octobre 1925. La presse, là encore, est une très bonne chambre d’écho des impressions des spectateurs. D’un côté ceux qui louent le décor et les efforts de mise en scène :
« Il faut voir les combats des mercenaires contre l’armée carthaginoise, les mouvements de foules, les remous des groupes, les sentiments qui se reflètent sur de durs visages, les passions à la fois si farouches et si violentes qui divisent ceux-ci et ceux-là, et la grandeur tragique de Salammbô, fidèle au voile de Tanit, et pourtant émue obscurément au fond d’elle-même par l’amour sauvage de Mathô16. »
12De l’autre, certains critiques comme Paul Achard sont beaucoup plus réservés, voire vent debout contre l’entreprise :
« Comment les héritiers de Flaubert ont-ils permis à un metteur en scène de toucher à un pareil chef-d’œuvre avec d’aussi lourdes mains ? Salammbô n’apporte qu’une preuve de plus, éclatante cette fois, contre les adaptations en général. Ce film qui n’est pas pour ajouter au prestige de l’art français, eût pu se passer d’une présentation sur notre première scène, devant le Chef de l’État et le monde officiel17. »
13Sur Jeanne de Balzac, Achard est tout aussi sévère : « Mlle Jeanne de Balzac est très belle, et on nous a donné d’elle, sans le faire exprès, quelques splendides aspects, de temps à autre. Il ne lui manque désormais qu’un animateur18. » En général on loue sa plastique, beaucoup moins son jeu :
« Jeanne de Balzac est une splendide et hiératique créature, violemment jolie. Mais bon dieu, qu’elle est en bois ! En voilà certainement une qui n’a pas lu Flaubert, qui donne même l’impression qu’elle ignore absolument le bouquin […] J’approuve donc fort qu’on ait réduit son rôle au strict minimum19. »
14Après une telle déroute, quel pouvait être le destin cinématographique de Jeanne de Balzac ? Elle apparaît en 1925 au générique d’un film allemand, Die unberührte Frau, de Constantin J. David, tourné à la suite de Salammbô. Elle interprète ensuite, en 1926, la comtesse Mirador dans Titi Ier, roi des gosses de René Leprince puis Madame Tallien, en 1928, dans Madame de Récamier de Gaston Ravel. Elle est une dernière fois au générique d’un court métrage de Jean Petithuguenin, également en 1928, Nadia l’enjôleuse. Jamais elle ne retrouvera le haut de l’affiche après avoir incarné la fille d’Hamilcar. Cette maigre filmographie s’entend à l’aune de sa prestation devant les caméras de Marodon, prestation elle-même expliquée en partie par son absence d’expérience cinématographique. Car, effectivement, c’est en explorant le passé et le parcours artistique de Jeanne de Balzac que l’on trouvera très certainement une partie des réponses aux questions que pose cette carrière très limitée, peu en accord avec la présentation dithyrambique faite dans la presse d’avril 1924 à octobre 1925.
Retour sur une généalogie
15Il faut tout d’abord revenir sur l’arbre généalogique que nous propose le reportage de Cinémagazine. Jeanne nous est présentée comme la petite-nièce ou l’arrière-petite-nièce d’Honoré de Balzac par sa mère. Le romancier décédé sans descendance, c’est du côté de ses sœurs qu’il faut chercher les ancêtres de la jeune femme. Lors de l’inauguration, en 1910, du musée Balzac, installé dans la maison qu’il occupa rue Raynouard dans le 16e arrondissement de Paris, on note la présence de sa petite-nièce, Thérèse Duhamel-Surville (petite fille de Laure Balzac, sœur préférée d’Honoré) et de sa fille Pierrette Carrier-Belleuse. En effet, la descendante de Balzac avait épousé en 1885 le peintre Pierre Carrier-Belleuse, et donné naissance à une fille, en 1893, dans le 17e arrondissement (et non à Tours)20. « Jeanne de Balzac » était-il le pseudonyme de Pierrette, son nom de scène ? Celle-ci épouse en 1912 Georges Bourgier et donne naissance en 1913 à un garçon, Michel Pierre Ernest. Elle meurt en 1974 à Herblay-sur-Seine et rien ne transparaît dans le peu de chose que l’on connaît d’elle, d’une carrière artistique. Cette piste semble donc éteinte, ce que laissaient déjà supposer les contemporains, dans L’Intermédiaire des Chercheurs et Curieux, à propos d’une prétendue sœur de Balzac qui n’a jamais existé :
« Quant à la jeune artiste américaine qui se fait appeler Jeanne de Balzac, il se peut, comme le laisse entendre M. le bibliophile Comtois, qu’elle descende réellement d’Henri de Balzac. La difficulté maintenant est d’établir cette filiation21. »
16Du côté d’Henri (ou Henry) de Balzac, frère d’Honoré, les liens qui pourraient le relier à Jeanne de Balzac se coupent rapidement car il décède à l’Hôpital militaire de Mayotte en 1858 alors que son fils Honoré meurt, quant à lui, à Saint-Denis de la Réunion en 1864. Il avait 29 ans et était célibataire, mais d’aucuns lui attribuent un fils dont on ne trouve aucune trace.
17Une autre piste peut s’ouvrir si l’on revient au nom originel du romancier, Balzac est une transformation du patronyme Balssa par le père d’Honoré, qui lui-même y accole une particule en arrivant à Paris. Ce patronyme nous amène au film Noël de guerre qui ouvre souvent la filmographie de Jeanne de Balzac22. Ce court métrage, sorti en 1916, est interprété entre autres par Marguerite Balza et non Jeanne. Mais l’assimilation de l’une à l’autre est souvent faite. Si nous nous penchons sur la carrière de cette Marguerite, c’est plus vers le théâtre qu’il nous faut enquêter que dans les milieux du cinéma. On la retrouve23 à l’affiche du Théâtre Antoine, dès 1912, dans une pièce de Lucien Népoty, Les Petits, (Jeanne de Balzac avait alors 21 ans), du Théâtre des Célestins à Lyon en 1916 pour une tournée de la pièce d’Alfred Capus, L’Institut de beauté donnée par la troupe du Théâtre de la Porte-Saint-Martin, du Théâtre du Gymnase en 1921 pour Les Amants de Maurice Donnay. C’est seulement trente ans plus tard que nous avons retrouvé son nom associé à un spectacle théâtral avec, en 1951, Phryné d’André Ransan au Palais de Chaillot et la Maison de Bernarda Alba de Federico Garcia Lorca au Théâtre de l'Œuvre. La comédienne est également dans la distribution d’Affaire vous concernant de Jean-Pierre Conty, en 1954, au Théâtre de Paris, puis dans celle de La Réunion de famille, en 1957, au Théâtre de l’Œuvre. Elle apparaît encore sur la scène du Théâtre de l’Atelier, en 1963 et en 1967, dans le rôle de la grand-mère dans la pièce de Françoise Sagan, Château en Suède. Cette longue carrière théâtrale pourrait laisser la place à la participation à quelques films interprétés par Jeanne de Balzac entre 1923 et 1928, si nous soutenons l’hypothèse que Marguerite et Jeanne ne font qu’une. Jeanne aurait été la parenthèse cinématographique de Marguerite, celle-ci revenant au théâtre après les succès très mitigés rencontrés sur l’écran. Nous n’avons pas pu retrouver de photographie de Marguerite Balza24 qui pourrait accréditer cette idée, ni de document probant allant dans ce même sens.
Retour sur une carrière américaine
18En prenant toujours pour guide l’article de Cinémagazine de juillet 1924, revenons sur le passé cinématographique, notamment américain, de Jeanne de Balzac. Sa carrière commence tardivement si nous convenons de 1891 comme date de naissance. Suzanne Grandais (née en 1893), commence sa carrière en 1911, à 18 ans : Fabienne Fabrèges, née en 1890, apparaît pour la première fois à l’écran en 1909, à 19 ans. Les vedettes du music-hall montent sur les planches vers 15 ou 16 ans comme le font Mistinguett, Polaire ou Caroline Otéro qui, dès 13 ans, danse le flamenco dans les tavernes de Galice. Lorsque Jeanne de Balzac entame sa traversée de l’Atlantique pour conquérir l’Amérique, elle est âgée de 32 ans, ce qui n’est plus l’âge des débutantes. C’est donc une femme riche d’expériences qui s’embarque et va essayer de s’imposer. Qui lui donne cette idée ? Que fut sa vie dans les premières années du siècle ? Le mystère, un de plus, est entier. Aux États-Unis (nous ne reviendrons pas sur la façon dont la presse – aux dires de Cinémagazine – s’empare de cette héritière de la littérature française), on lui donne la possibilité de s’exprimer dans une adaptation d’un chef-d’œuvre de la littérature française : La Peau de chagrin. Quoi de plus normal que de faire interpréter à Jeanne de Balzac une œuvre de son grand-oncle. Slave of Desire est mis en scène par George D. Baker avec dans les rôles principaux George Walsh (Raphael de Valentin), Bessie Love (Pauline Gaudin de Witschnau), Carmel Myers (la comtesse Foedora), George Perilot, Wally Van, Eulalie Jansen… de Jeanne de Balzac, point. Et pourtant un entrefilet de L’Intransigeant attestait de sa présence au générique : « Le film La Peau de chagrin, que les Américains ont tiré de l’œuvre de Balzac, a été présenté à New-York. Mlle de Balzac, petite nièce du grand écrivain, assistait à la représentation. Mlle de Balzac interprète un rôle dans ce film25. » De même, Le Petit Journal revient sur cet événement :
« Une jeune artiste française que l’on dit être une arrière-petite-nièce de l’auteur de la Comédie humaine, vient sous le nom de Jeanne de Balzac, de tenir un rôle très important dans l’adaptation de La Peau de chagrin, que la “Goldwyn” vient d’achever, sous le titre, Slave of Desire26. »
19Ces deux journaux français, quoique sceptiques sur la filiation balzacienne de la jeune femme, ne doutent pas de sa présence à l’écran outre-Atlantique. Et pourtant, aujourd’hui son nom n’est jamais associé à ce film.
20Du côté de la carrière britannique de Jeanne de Balzac, avortée par une blessure au pied comme nous le rapporte Cinémagazine, Une tragédie sur le Danube aurait dû être la nouvelle étape de la carrière de la jeune femme. Mais nous n’avons pas retrouvé de traces de ce film dans la production britannique de 1923, 1924 ou 1925. L’apparition de la pseudo descendante de Balzac dans l’adaptation de Salammbô par Pierre Marodon marquerait donc bien son entrée dans la profession cinématographique.
Une autre carrière artistique
21C’est encore la presse qui nous fournit quelques indices pour reconstituer l’activité professionnelle de Jeanne de Balzac. Une page du magazine Paris-Plaisirs27, de 1927, nous renseigne, en effet, sur le devenir de l’actrice après son aventure autrichienne. Le mensuel « esthétique et humoristique » alterne photographies de qualité des artistes des grands music-halls parisiens posant en costume de scène, c’est-à-dire très souvent nues, et textes légers, voire coquins, illustrés de dessins de la même veine. On y trouve également des billets, comme celui de Gaston Derys28, traitant du « Nu au théâtre » qui légitime artistiquement et moralement les numéros des artistes se produisant dénudés sur les scènes parisiennes. Dans le même numéro, Pierre Ulysse livre aussi un aperçu des pièces à l’affiche dans les grands théâtres parisiens comme les théâtres de la Porte Saint-Martin, Marigny, La Cigale ou l’Alhambra. Il loue notamment la prestation de Ludmilla Pitoëff dans la pièce d’Henry Kistemaeckers, L’Amour. Le pied de page propose trois caricatures de Maurice Chevalier, Mistinguett et Harry Pilcer. C’est donc dans un numéro de 1927 de cette revue que paraissent six photos de Jeanne de Balzac ainsi légendées : « Mlle Jeanne de Balzac du Palace, à l’académie impeccable, est une descendante, dit-on, de l’illustre romancier. » Les clichés publiés sont signés « H. Manuel », soit par Henri Manuel, qui fut l’un des grands portraitistes du Paris de l’entre-deux-guerres. Collaborateur d’une trentaine de revues de mode, il promène souvent son appareil sur les scènes théâtrales et dans les salles de spectacles, offrant de nombreux témoignages de cette effervescence artistique. Mistinguett au Casino de Paris, dans un gymnase faisant des barres parallèles ou avec d’extravagants chapeaux, Polaire dans son intérieur, Yvonne Printemps, Mlle Bréval, Gaby Morlay, « Mlle Guibois, nue en chaussures », « Colette Willy, l’épaule nue » mais aussi Aristide Bruant, André Citroën ou la comtesse de Noailles font partie des célébrités approchées par Henri Manuel. Malheureusement Jeanne de Balzac ne figure pas sur les 586 photographies répertoriées par la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, mais c’est oublier que la majeure partie de l’œuvre d’Henri Manuel et de son studio ont été détruits29.
22Léopold Reutlinger, célèbre photographe, dès la fin du xixe siècle, immortalise des actrices populaires, des chanteuses d’opéra et des danseuses et fait également poser Jeanne de Balzac nue, probablement à l’époque où elle se produisait au Palace30. Il recrutait nombre de ses modèles aux Folies-Bergère et au Moulin Rouge et vendait ses images dans les magazines ou à des éditeurs de cartes postales. Il photographia ainsi Mata Hari, Cléo de Mérode, Sarah Bernhardt, Liane de Pougy, Colette… dépassant les codes du portrait usuellement pratiqué par les studios bourgeois pour tendre vers une photographie sensuelle, voire érotique. La présence de Jeanne de Balzac parmi ses modèles n’est pas pour surprendre, d’autant qu’elle se produit sur les scènes de music-halls qu’aimait à fréquenter Reutlinger comme le Palace mais également le Moulin Rouge. Dans le film La Revue des revues de Joe Francis et Alex Nalpas31, on voit l’actrice exécuter la danse des éventails qui était son numéro sur la scène du célèbre cabaret du boulevard de Clichy32.
23Se dessine ainsi l’environnement dans lequel évoluait probablement Jeanne de Balzac, ou la personne se dissimulant sous ce nom. Ajoutons qu’outre être modèle pour les photographes, elle fut aussi celui d’une sculptrice, Geneviève Granger33, incarnant pour elle une Diane chasseresse comme le signalait La Renaissance des arts français et des industries du luxe :
« Madame Geneviève Granger est un des sculpteurs contemporains les plus justement appréciés. Après avoir acquis pour le Luxembourg et le Petit Palais plusieurs médailles, sa célèbre Salomé et sa Méditation, l’État vient de se rendre possesseur de sa Tireuse à l’Arc, pour laquelle une des plus jolies vedettes de l’écran, Mlle Jeanne de B.l.a.c. [sic] aurait posé, dit-on34. »
24Comme beaucoup d’autres actrices du cinéma muet, Jeanne de Balzac est présente sur plusieurs scènes artistiques. Ainsi Mistinguett œuvre-t-elle au music-hall, au théâtre et au cinéma avant de choisir le spectacle « à temps plein » en 1917 : Musidora se partage entre music-hall et cinéma avant de se consacrer pleinement à la réalisation et la production de films. D’autres, comme Suzanne Grandais, commencent une carrière de danseuse, puis de comédienne au théâtre de Cluny avant de connaître le succès sur les écrans de cinéma. Le théâtre resta la passion de Fabienne Fabrèges même si le cinéma fut une parenthèse brillante dans son parcours. Ces actrices, qui furent les figures adulées par le public, font à un moment de leur carrière un choix qui les attache définitivement au cinéma ou les en éloigne. Dix ans plus tard, l’organisation de la profession est tout autre et le partage des activités de Jeanne de Balzac entre salles de spectacles et cinéma n’est pas sans surprendre, d’autant que sa carrière d’artiste de music-hall ne semble pas assumée, la presse de cinéma ne l’évoquant jamais. Pourtant, elle utilise le même nom d’une scène à l’autre. Lors du recensement de 1926, alors qu’elle réside à l’hôtel, au 19-21 rue Pasquier dans le 8e arrondissement, elle se déclare, Jane de Balzac, « artiste de cinéma », née en 1898 à Paris, loin de la légende tourangelle balzacienne35.
La mort de Jeanne de Balzac
25La sortie du film de Gaston Ravel et Tony Lekain, Madame de Récamier, est l’occasion pour le journal L’Auto de s’interroger sur la quasi-disparition des écrans de Jeanne :
« Mlle Marie Bell, de la Comédie-Française, incarne Mme Récamier dans le film de ce nom que M. Gaston Ravel tourne pour la Franco-Film. Réalisateur averti il a voulu que ses artistes soient physiquement les interprètes de leur rôle et il a engagé Mlle Jane [sic] de Balzac pour être Mme Tallien. Aucun choix ne pouvait être meilleur. Mlle de Balzac qui fut une somptueuse Salammbô prêtera donc sa beauté et son talent à l’évocation de la célèbre reine du Directoire. Aussi aurons-nous le plaisir de revoir à l’écran, celle que les metteurs en scène ont un peu négligée. Pourquoi ? Mlle Jane de Balzac est pourtant une bien belle artiste que le public aime et applaudit toujours. Alors pourquoi ce long silence36 ? »
26Cet entrefilet issu de la presse quotidienne, non cinématographique, est le dernier à s’intéresser à l’actrice et à s’étonner de cette carrière irrégulière. Il sera question une dernière fois de l’actrice au printemps 1930, mais pour évoquer son décès, tout aussi mystérieux, au final, que le peu de connaissance sur son existence :
« Depuis quelque temps, Jeanne de Balzac n’avait plus reparu à l’écran et depuis deux mois elle était gravement malade. Après avoir subi trois opérations, l’artiste s’est éteinte dans la souffrance, des suites d’une péritonite, dans une clinique de Paris. Elle a été enterrée il y a huit jours, à Versailles, dans la plus stricte intimité et personne n’en a rien su. Jeanne de Balzac s’est vu mourir. La veille de sa mort, à une amie qui la veillait avec dévouement elle dit : “Il faut s’en aller – Je vais mourir, et ce n’est pas beau une femme qui meurt…”. Suprême coquetterie d’une artiste que le public a aimée et dont la plastique, la réelle beauté, avaient été admirées dans de nombreux films qui connurent le succès37. »
27Plus objectif sur la carrière de l’actrice, L’Œil de Paris, s’attache lui aussi à l’évocation de son physique, et de conclure perfidement38 :
« Jeanne de Balzac n’avait fait sur les écrans français qu’une très courte apparition. C’est, en effet dans Salammbô qu’on la vit la première fois. […] On affirma d’abord qu’elle été une descendante du célèbre romancier, mais rien ne confirma cette parenté. On sut seulement par Salammbô que Jeanne de Balzac était très jolie. »
28En suivant les allégations de Paris-Midi, comme nous avons suivi celles de Cinémagazine, apparaît un nouveau mystère. La date du décès de Jeanne de Balzac devrait se situer autour du 20 avril, dimanche de Pâques cette année-là, ses obsèques se déroulant la semaine suivante. Or, on ne trouve aucune trace de ce décès dans les tables décennales 1923-1932 de l’état-civil des vingt mairies d’arrondissements de la capitale consultées sur le site en ligne des Archives de la Ville de Paris. De même, sur les listes des personnes inhumées dans les cimetières de Versailles, aucune Jane ou Jeanne de Balzac.
⁂
29Plus que « star » du cinéma français, Jeanne de Balzac apparaît plutôt comme une étoile filante, venue de nulle part incarner Salammbô et disparue sans laisser davantage de traces quelques années plus tard. Remarquée pour son physique, beaucoup plus que pour ses talents d’actrice, c’est son corps à la plastique incomparable qui marqua les esprits. Réduite à n’être que lui, elle ne semble pouvoir s’en échapper que par la mort. Et nombre d’hypothèses peuvent alors être formulées. On peut notamment se demander si ce décès tragique à 32 (si l’on s’en tient au recensement de 1926) ou 39 ans (si l’on se reporte à Cinémagazine) n’est pas un moyen pour cette femme assignée à ce corps admiré, de quitter un personnage devenu bien pesant pour commencer une autre vie. Le roman de Jeanne de Balzac s’arrête ainsi au printemps 1930, dans l’allée d’un cimetière versaillais ou, comme il avait commencé, par quelques lignes dans les journaux, laissant ainsi place à une autre histoire.
Notes de bas de page
1« Au Gaumont Palace », 28 avril 1916, fonds Rondel, BnF.
2Probablement mis pour dyspeptique.
3Roujon Jacques, « Le Mariage imprévu », Le Figaro, 4 mai 1916, p. 1.
4Ibid.
5Dans « Une cause célèbre – Salammbô contre Salammbô », le Ciné-Journal du 28 juin 1917 (p. 25-27) retrace le feuilleton juridique et judiciaire de cette adaptation insistant sur le comportement changeant de l’héritière de Flaubert.
6Marodon Pierre, « À propos de Salammbô », Hebdo Films, 19 avril 1925.
7E. D. E., « M. Pierre Marodon, nous parle de Salammbô », Ciné-Cinéa pour tous, no 37, 15 mai 1925.
8J. E. E., « Jeanne de Balzac », Cinémagazine, no 29, 18 juillet 1924, p. 87-88.
9Précision donnée telle que dans l’article de Cinémagazine. Cette nouvelle venue sur les écrans français aurait donc 33 ans à l’heure où le journaliste la rencontre.
10J. E. E., « Jeanne de Balzac », Cinémagazine, art. cité.
11Peut-être s’agit-il de That Certain Thing de Franck Capra qui sort en 1928, parfois titré en français La Madone des sandwiches. Mais cela voudrait dire que le film, tourné en 1924, ne serait sorti que quatre ans plus tard, ce qui semble incompatible avec le fonctionnement de l’industrie cinématographique américaine, d’autant que ce film est le premier tourné par Capra pour Harry Cohn et la Columbia.
12J. E. E., « Jeanne de Balzac », Cinémagazine, art. cité.
13Ibid.
14Voir Pastre Béatrice de, « Les Américains sont battus ! Salammbô de Pierre Marodon : vers un modèle de cinéma européen », in Anne Kerlan, Christophe Gauthier, Dimitri Vezyroglou (dir.), Loin d’Hollywood ? Cinématographies nationales et modèles hollywoodiens – France, Allemagne, URSS, Chine 1925-1935, La Cinémathèque de Toulouse/Nouveau monde Éditions, octobre 2013, p. 135-151.
15« Comment le grand film français Salammbô fut réalisé à Vienne », Ciné-Miroir, no 79, 1er août 1925, p. 240-241.
16Souillac Paul, « Salammbô », Cinéopse, no 75, 1er novembre 1925, p. 762.
17Paul Achard était le secrétaire général du Théâtre des Champs-Élysées mais aussi journaliste à Paris-Midi et à L’Ami du Peuple. On trouve ce compte rendu dans le recueil de coupures de presse sur Salammbô, conservé à la BnF, FRBNF38746037.
18Ibid.
19Reusse André de, « Salammbô », Hebdo Film, 24 octobre 1925, p. 3.
20Actes de décès no 48 de la ville d’Herblay-sur-Seine, 27 mars 1974.
21Comœdia, 13 mai 1924.
22Voir notamment [https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeanne_de_Balzac].
23Ces différentes informations sont présentes sur le site internet Les Archives du spectacle.net [https://www.lesarchivesduspectacle.net/].
24De Marguerite de Balza nous ne connaissons, par ailleurs, aucun élément biographique qui permettrait d’attester, premièrement de son appartenance à la famille de Balzac, deuxièmement que Balza était son véritable patronyme. Ses dates de naissance et de décès nous sont encore inconnues.
25L’Intransigeant, 27 octobre 1923, p. 4.
26Le Petit Journal, 1er janvier 1924, p. 4.
27Paris Plaisirs, no 65, novembre 1927, p. 219. Je remercie Dimitri Vezyroglou de m’avoir signalé cette parution.
28Écrivain, journaliste, auteur de guides touristiques et critique gastronomique. Ses romans légers, parfois grivois, lui valurent d’être classé par l’abbé Louis Bethléem comme un auteur répréhensible dans Romans à lire et romans à proscrire (1904) essai de classification au point de vue moral des principaux romans et romanciers de notre époque (1800-1920) avec notes et indications pratiques, Revue des lectures, 1920.
29Voir Desnoyelle Françoise, La Lumière de Paris, Paris, L’Harmattan, 1997 et la fiche bibliographique de la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine : [http://www2.culture.gouv.fr/public/mistral/autor_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_98=REF&VALUE_98=AW00233].
30Voir le site de vente en ligne ebay : [https://www.ebay.fr/itm/223904927535] (erreur en 2024), consulté le 2 novembre 2022.
31Alex Nalpas, frère du producteur et réalisateur Louis Nalpas, fut également le producteur du Film des élégances parisiennes spécialisé dans le film de mode (série Irma, Ketty, Nicole, Myreille) et le film de danse comme Danse plastique serpent, Danse plastique, l’arabe ou Études cinégraphiques sur trois danses asiatiques de Vanah-Yami (interprétées par Yvonne Thomas).
32Le film, histoire d’une jeune cousette qui rêve de devenir danseuse, est l’occasion de filmer les numéros des scènes les plus réputées de Paris comme le Moulin Rouge, le Palace, les Folies-Bergère. Outre Jeanne de Balzac, Joséphine Baker y présente deux numéros.
33Geneviève Granger, née à Tulle en 1877 et décédée à Paris en 1967, fut une sculptrice, réalisatrice de médailles et céramiste dont les œuvres ont été acquises par plusieurs musées dont celui d’Orsay. Elle fut l’un des fondateurs du Salon d’automne en 1903 et contribua à la promotion des femmes artistes.
34La Renaissance des arts français et des industries du luxe, 1er mai 1927, p. 250. De son côté, Comœdia du 24 mars 1927 note sous une reproduction photographique de la statue à la cire perdue de Geneviève Granger : « On conte qu’une femme, dont l’admirable plastique fut généreusement dévoilée dans l’adaptation cinématographique du chef-d’œuvre d’un maître du romantisme, aurait posé nue pour cette statue. »
35En 1926, outre Jeanne de Balzac, l’hôtel 19-21 rue Pasquier loge entre autres, un représentant de commerce, un médecin, un ingénieur, une caissière, une artiste lyrique, Yvonne Barreau, connue pour son interprétation de Suzanne dans Le Comte de Luxembourg de Franz Lehár. L’immeuble de la rue Pasquier est aujourd’hui l’hôtel Concortel. Je remercie Caroline Patte, chargée d’études documentaires au CNC et généalogiste qui m’a communiqué l’existence de ce document conservé aux Archives de Paris (série D2M8 240).
36L’Auto, « L’Auto au studio », 18 novembre 1927, p. 5.
37G. T., « Jeanne de Balzac est morte », Paris-Midi, 5 mai 1930, p. 5.
38L’Œil de Paris, 14 juin 1930, p. 7.
Le texte seul est utilisable sous licence Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
La fabrication des vedettes dans l’entre-deux-guerres
Ce livre est diffusé en accès ouvert freemium. L’accès à la lecture en ligne est disponible. L’accès aux versions PDF et ePub est réservé aux bibliothèques l’ayant acquis. Vous pouvez vous connecter à votre bibliothèque à l’adresse suivante : https://0-freemium-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/oebooks
Si vous avez des questions, vous pouvez nous écrire à access[at]openedition.org
Référence numérique du chapitre
Format
Référence numérique du livre
Format
1 / 3