Ksour sahariens. Une société de l’éphémère réinvestit son patrimoine
p. 413-428
Texte intégral
1Le patrimoine existe s’il est intégré dans la société actuelle, mais esclaves de notre expérience et de notre culture, nous ne pouvons prétendre connaître les biens patrimoniaux.
2Ceci étant posé en préalable, je tente de répondre à la problématique de l’Université européenne d’été « Habiter le Patrimoine, sens, vécu, imaginaire » à travers l’étude d’un site saharien du patrimoine mondial : les Ksour anciens de Ouadane, Chinguetti, Tichit et Oualata en Mauritanie (fig. 1). Je m’intéresse notamment aux rapports étroits entre les hommes et les lieux, aux différents sens qui s’articulent autour de la notion d’habiter, aux regards croisés entre la dynamique de patrimonialisation des lieux et leur mise en tourisme.
3Pour certains, le déclin des ksour, voire même leur agonie, est inéluctable ; pour d’autres de nouvelles dynamiques se mettent en place, signes d’une réappropriation patrimoniale. Certes, les sécheresses et chaleurs excessives, la violence des vents, la rareté de l’eau et de la végétation, les sols à nu... constituent des facteurs-limites à la mise en valeur de ces milieux difficiles. Pourtant de multiples ressources existent : un riche patrimoine culturel, matériel et immatériel, l’ensoleillement, des paysages grandioses. Mais est-ce seulement à destination des étrangers ? Après avoir déserté ces « périphéries » (Frérot, 1997), vu les conditions économiques, politiques et d’environnement, le classement au patrimoine mondial de l’humanité, la mise en tourisme, la création de Plans de Développement Urbain redonnent vie à ces villes anciennes qui acquièrent de nouvelles fonctions restituant du sens à l’acte d’habiter. Le regain d’intérêt, même à visée économique et pragmatique, pour la réhabilitation et la sauvegarde de ce qui est désormais considéré comme « patrimoine » semble traduire la volonté de réinvestir les lieux patrimoniaux en conciliant tradition et modernité. Qu’en est-il exactement ? Y a-t-il réappropriation ? Si oui, quelles en sont les modalités ? De quelle manière ce patrimoine devient-il une notion partagée ? Quels sont les différents sens qui s’articulent autour de la notion d’habiter pour une société de l’éphémère ?
GENÈSE ET SPÉCIFICITÉS DU PATRIMOINE
Le modèle du ksar saharien
4Le Sahara n’est, en réalité, jamais une barrière infranchissable et, pendant plus de deux mille ans, le commerce y est plus ou moins florissant. Espace-relais méridien, c’est un sahel (rivage) sud ou nord. Les cités y surgissent, subsistent ou disparaissent ; d’autres les remplacent. Bâties avec les matériaux locaux sur le modèle du ksar (pl. ksour, village saharien souvent fortifié et/ou aggloméré à fonction caravanière), ces villes créent une unité pré- et saharienne : ksour de Libye – ex. Ghadamès –, ksour du Tafilalet, du Draa, du pays d’Errachidia – ex. Goulmima, Tinejdad – au Maroc ; ksour de l’Atlas saharien algérien – Monts des Ksour, Touat, Tidikelt, M’Zab – et du Sud tunisien (variante de greniers fortifiés). Les cités soudaniennes, de la rive sud du Sahara, sont apparentées à ce type architectural (Tombouctou, Djenné, cités de l’Aïr, du Ténéré, du Kanem Bornou). Elles constituent un riche et divers patrimoine architectural attractif et certaines, dont les quatre villes anciennes de Mauritanie, sont inscrites sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité1.
5Ce sont avant tout des témoins des échanges méridiens d’autrefois. Leur histoire commence réellement lorsque le Sahara se ferme à la vie facile, lorsque l’on ne tente plus sa traversée sans maîtriser l’espace, contrôler les points d’eau, les pâturages, les salines et les oasis. La route caravanière de l’Ouest saharien s’ouvre il y a mille ans entre l’Atlas maghrébin et le « Pays des Noirs » (Soudan, aujourd’hui Mali) ; elle traverse l’actuelle Mauritanie. Les voyageurs arabes, Al-Ya qûbi, Al-Fazarî, Al-Bakrî... attestent de l’activité de cette voie « sillonnée de marchands ». L’essor des échanges correspond au développement des émirats fatimide, omeyyade, puis almoravide (Égypte, Maghreb, Espagne) sur la rive nord et coïncide avec l’apogée du Ghana qui contrôle au sud les mines d’or.
6Spécialisés dans l’élevage camelin, les nomades sahariens sont d’abord convoyeurs, guides et protecteurs des marchands. Peu à peu, leur position se renforce, en particulier par leur mainmise sur les salines (Idjil, Awlil, Teghaza, Taoudenni). Après l’or, les esclaves noirs achetés ou razziés sont « le produit » le plus apprécié au nord ; au sud, c’est le sel « en échange duquel les rois donnent plus d’or que pour toute autre marchandise ». C’est ainsi que les oasis deviennent de véritables cités, relais du commerce transsaharien, lieux de production et d’ancrage territorial, points de rupture de charge, « ports » sahariens vers lesquels convergent toutes les autres activités.
7Vraies villes, fortifiées ou non, avec mosquée, rues, quartiers, l’architecture y est massive ; les habitations sont densément blotties autour des mosquées aux minarets carrés tout aussi sobres et austères que les maisons, même si les pierres y sont mieux ajustées. Aucune recherche architecturale, aucune fantaisie n’a présidé à la construction de ces ksour qui exhalent le dépouillement et l’ascétisme de l’islam saharien. L’utilisation des seuls matériaux disponibles sur place (la pierre – grès primaires blancs, gris, verts ou rouges –, l’argile des bas-fonds ou carrières utilisé comme torchis, pisé ou banco) concourt à une continuité visuelle : profondément ancrées dans le sol dont elles émergent, les villes se confondent avec leur environnement ; l’intervention humaine y demeure minimaliste ; la symbiose est totale.
8À Oualata, les maisons à étage de style soudanien, articulées autour de cours intérieures dissimulées derrière des chicanes, sont en pierre sèche, entièrement enrobées d’un crépi épais d’argile rouge ou ocre que les femmes décorent d’arabesques peintes au doigt autour des portes intérieures (fig. 2) – ou de façade – somptueuses ornées de clous et de heurtoirs ouvragés. Ces motifs participent au renom de la ville, mais seuls les initiés connaissent leur langage secret (Frérot-Tolba, Siebert, 1999). La patrimonialisation des quatre ksour anciens est justifiée en quelques lignes par l’Unesco : « Préserver un tissu élaboré entre le xiie et le xvie siècles avec maisons à patio se serrant en ruelles étroites autour d’une mosquée à minaret carré. Ils témoignent d’un mode de vie traditionnel, centré sur la culture nomade, des populations du Sahara occidental » (whc. unesco. org/sites).
Le modèle de la bibliothèque saharienne et le pouvoir des tolba
9À partir de la conversion à l’islam des souverains du Tekrour il y a environ mille ans suivie de celle des chefs Sanhaja, le Sahara de l’ouest devient et demeure pendant des siècles un axe de circulation non seulement de marchandises diverses, mais de connaissances et d’idées véhiculées par les livres, les lettres, les opuscules ; le commerce n’est que l’aspect saillant d’un transfert de valeurs, en particulier musulmanes, qui enrichissent le patrimoine de références mystiques et terminologiques. Malgré les périodes d’instabilité et de régression commerciale, malgré le mouvement migratoire hillalien, le soulèvement peul animiste de Koli Tengella dans la vallée du fleuve Sénégal, même après la suprématie, en apparence du moins, des Hassan guerriers au xviiie siècle, « la route de l’Ouest » garde son rôle dans la diffusion profonde et durable de l’islam : les chefs religieux y maintiennent leur prestige dans la mesure où ils assurent la transmission d’ouvrages soigneusement calligraphiés dans les villes caravanières et inlassablement recopiés lors des haltes par des chameliers lettrés. Ainsi, cet itinéraire saharien devient une « route des manuscrits » (Frérot-Tolba, Siebert, 1999). Les quatre villes anciennes de Mauritanie font donc partie du territoire de l’islam, fait qui sera renforcé par les mouvements confrériques soufis qui s’épanouissent à l’époque moderne et contemporaine2. Chinguetti est même considérée comme l’une des sept villes saintes : son image est assimilée à la dowle (État musulman) au point que tous les pèlerins s’y rassemblent pour former une grande caravane vers La Mecque rejoignant Fès, le Tafilalet ou le Touat où ont lieu d’autres rassemblements, puis se joignent, soit à ceux qui font le saint voyage par mer, soit à la grande caravane qui gagne l’Égypte par le Sahara (Frérot, 1993). Cette importance religieuse est attestée par la tradition orale et par les ouvrages3 de ces « bibliothèques du désert » aujourd’hui largement médiatisées4. Certes, Chinguetti est mise en exergue comme pôle religieux actif, mais ces spécificités se retrouvent dans les trois autres villes où les enseignants (tolba) et leurs mehadr (sing. mahadra, école) sont également réputés : professeurs de théologie, rhétorique, histoire, grammaire, poésie, mathématiques, astronomie..., ils s’entourent d’élèves jeunes ou plus âgés, souvent venus de loin (fig. 2). Ils sont aussi éditeurs : les scribes recopient inlassablement des ouvrages rapportés du pèlerinage (achetés au Caire, à Damas, Fès, Tlemcen...) ; ces copies, ajoutées aux écrits locaux, sont dispersés sur l’ensemble du territoire mauritanien. Seules certaines familles ont constitué des bibliothèques, mais en réalité, même dans les villes anciennes, on ne retrouve rien qui ressemblât aux grandes bibliothèques de Fès ou Tombouctou conformes à la tradition islamique. En effet, les cités caravanières ne sont que des points d’un territoire en mouvement ; la plupart des tribus savantes sont elles-mêmes en très grande partie nomades5 ; les livres sont transportés dans des coffres, à dos de chameau ; dans les cités caravanières, les luttes intestines entre tribus rivales ou au sein d’une même tribu conduisent à l’instabilité de la population (ex. lorsque la tribu des Idawali éclate à Chinguetti et que ceux-ci se dispersent, chacun emporte son patrimoine de livres).
Pratiques et perceptions : une identité bédouine
10La tradition des villes attestée par les écrits locaux l’est en particulier dans les chroniques transmises de génération en génération, récitées à partir de la plus ancienne année connue et riches en enseignements sur les conflits tribaux, les hauts faits, les ancêtres célèbres, l’environnement et les aléas (sécheresses, pluies, bonnes ou mauvaises récoltes, état des pâturages, disettes, maladies...). L’année de référence est lunaire et reçoit le nom de l’événement le plus marquant (Frérot, 1993 et 1999) qui diffère selon les villes et les tribus d’une même ville. Ce corpus livre l’histoire des villes et retrace les usages, pratiques et représentations de leurs habitants très intimement liées à celle du désert. Les citadins-nomades, ou « gens des murs » (Ehl dechrà) comme ils se désignent, ont une territorialité mouvante en référence à un ensemble de lieux et d’itinéraires répondant à des nécessités matérielles et immatérielles (élevage extensif, agriculture de bas-fonds, commerce, enseignement religieux, médecine des corps, des âmes et des bêtes). Le territoire est le témoin, l’assise et l’objet d’influences temporelles auxquelles il est plus ou moins réceptif, mais l’écriture du palimpseste n’est pas effacée dans la mémoire collective. Même aujourd’hui, alors que le territoire mauritanien s’inscrit pour des raisons historiques dans des frontières coloniales héritées, il n’y a pas de véritable rupture dans les représentations ; la société des ksour se prolonge à travers le temps par des lieux à valeur immortelle, des hauts lieux de référence commune, lieux de mémoire essentiels comme horizon collectif et individuel de (re)connaissance. Les habitants entretiennent avec leur ville une relation allant de la revendication tribale à la simple affectivité et débouchant sur la notion de Ehl, « les gens de (Oualata, Tichit, etc.) » où interviennent des rapports de clientèle fondés sur l’inégalité politique, sociale et foncière, d’alliance ou de parenté. L’identité véhiculée est celle des beidanes (« les blancs ») ainsi que se désignent les Maures, celle des « gens du Trâb el-Hajra », « pays de la pierre », ensemble de plateaux gréseux aux rebords majestueux appelés dhar (dos) considéré comme le cœur de la Mauritanie. Identité maure et au-delà mauritanienne des bilâd shinqît (« les pays de Chinguetti ») auxquels tout Mauritanien accorde un statut de « mère de la Mauritanie » : le toponyme Chinguetti (Sin Nguégé ou le puits aux chevaux) serait d’origine soninké ou bambara ; de même, à Ouadane, les représentations de cases entre des mains, symbole fréquent en pays soninké, atteste du métissage culturel.
Dépossession
11Lorsque les Français découvrent les ksour de Mauritanie, leur activité est déjà ralentie et la colonisation renforce ce mouvement (réorientation des circuits d’échange au profit de la voie maritime, concurrence de produits de remplacement comme le sel marin, réquisition d’animaux et produits, taxes, contrôle des caravanes, etc.). À cette infortune historique s’ajoutent la sécheresse, le tarissement des points d’eau et la famine. Les populations sont de plus en plus attirées par les villes « modernes » où elles trouvent un emploi, un salaire régulier, des écoles pour leurs enfants, des dispensaires et hôpitaux pour leurs malades. À l’indépendance, le mouvement de retournement de l’espace s’accélère. Nouakchott la capitale politique, Nouadhibou la capitale économique, Zouérate et Akjoujt les villes minières, Néma ou Tidjikja les capitales régionales..., mirages de bien-être, concurrencent les villes anciennes qui se dépeuplent6, s’ensablent et s’écroulent.
12La capitale (Nouakchott) et le littoral atlantique sont désormais les entités spatiales dynamiques ; les ksour, intégrés dans un schéma d’aménagement du territoire et de développement programmés par « le centre », perdent leur identité. Leur statut de ville8 n’est même plus reconnu. D’un espace concentrique irradiant, l’espace vécu des « gens des villes » devient un univers clos aspiré par un centre qui concentre les forces vives de la nation (capitaux, investissements, aide internationale, élites, pouvoirs de décision, etc.) et des relais administratifs de décisions plaquées. La nostalgie, thème essentiel de la pensée islamique, s’installe dans une société dépossédée à l’instar de celle de l’amoureux, et par extension, Al bukâ’alal atlâl, (pleurer les vestiges des demeures désertées, pleurer la splendeur d’antan...). Inscrits dans un temps et un espace communs, attachés à leurs origines, « récitant leurs généalogies » selon le précepte du Coran, les Mauritaniens sont devenus sensibles à leur héritage, mémoire vivante collective.
LA CONSTRUCTION PATRIMONIALE
Ordre juridique et institutionnel
13Dans les années 1970, la Mauritanie, jeune État en quête de légitimité, revendique son identité et se soucie de protéger son patrimoine culturel et historique dont les villes anciennes. L’essentiel de cette protection se fonde sur la loi 72160 du 31 juillet 1972 (J.O. du 3 août 72) et le décret 74423 du 31 décembre 1974 créant l’Institut Mauritanien de la Recherche Scientifique (IMRS). À la même période, une imprimerie nationale voit le jour. L’IMRS se spécialise dans les fouilles archéologiques (Aoudaghost, Koumbi Saleh, Oualata, Tichit, Azugui) et la collecte des manuscrits9.
14La protection juridique de la loi de 1972 est ambitieuse puisqu’elle concerne tout objet mobilier ou immobilier, tout site (espace bâti ou non et sous-sol y afférent), tout moment de l’histoire nationale, inclut un régime de protection des fouilles et un dispositif pénal relatif à tout objet protégé garantissant sa découverte, son classement, son expropriation et sa non exportation. Néanmoins, depuis trente ans, son application est loin d’être effective10.
15Parallèlement à la mise en place de cette politique culturelle nationale, des actions de sensibilisation et de mobilisation sont menées pour associer les populations locales à l’œuvre de réhabilitation ; des « comités de sauvegarde » sont créés dans chacune des quatre villes. En 1978, décision est prise d’entreprendre des études techniques « pour la protection, la préservation, la restauration et la mise en valeur des villes, et de définir les modalités d’une campagne internationale ».
16Cette campagne est lancée en 1981 sous l’égide de l’Unesco et se concrétise par la réalisation d’une exposition à Paris en 1988 ; le but est de créer un mouvement d’opinion en faveur des « Villes anciennes de Mauritanie » pour une inscription sur la liste du patrimoine mondial. Le dossier aboutit en 1996. Entre temps, l’État mauritanien, toujours soutenu par l’Unesco, relance le programme de sauvegarde : en 1993, par le décret 93 051 du 6 avril 1993 portant création d’un établissement public à caractère administratif dénommé Fondation Nationale pour la Sauvegarde des Villes Anciennes (FNSVA), placée sous tutelle du Secrétariat Général du gouvernement ; en 1995, par le dépôt d’un dossier de demande d’inscription. La contrepartie à l’aide financière apportée par cette inscription est la définition d’un périmètre de protection dans les villes, le renforcement de la protection juridique, la création d’un organe gouvernemental chargé de faire appliquer et respecter la loi. L’action de la FNSVA associe au plan local les délégations régionales des services concernés, les municipalités (1986), l’Association culturelle de Ouadane (1984), l’Association pour la sauvegarde et le développement de Chinguetti (1990), l’Association culturelle et sociale pour la promotion de Tichit, l’Association d’entraide et de secours de Oualata (1990). L’optique est différente de celle des décennies soixante-dix et quatre-vingt. En effet, il ne s’agit plus seulement de sauvegarde mais « d’actions multisectorielles générant le développement économique et social local » (les villes et leur région) dans le « respect d’un juste équilibre entre les innovations et le respect des traditions ». La FNSVA doit mener une politique de sensibilisation pour le respect du patrimoine, pour la promotion des ressources locales (matériaux, savoir-faire, artisanat...) ; elle doit coordonner les actions de développement avec les services de santé, d’éducation, de promotion féminine et du tourisme. L’ensemble des actions doit s’inscrire dans une planification à moyen et long terme concrétisée par l’élaboration de PDU (Plans de Développement Urbain actuellement en cours d’élaboration).
17Dernier élément de la construction patrimoniale : à la fin des années 1990, la Banque mondiale n’ayant pas bonne presse décide de s’intéresser à la culture. Elle finance en Mauritanie un colloque international (1999) ayant pour objectifs « un inventaire global du patrimoine (mahadras, bibliothèques, poésie, musique, archéologie, architecture, traditions populaires, artisanat...), un inventaire des actions déjà menées ou en cours par le gouvernement en vue de promouvoir le patrimoine, une étude des conditions institutionnelles et financières pouvant garantir la pérennité des initiatives, l’élaboration de bases de concertation avec les bailleurs de fonds ». Ce colloque débouche sur un « Projet de Sauvegarde et Valorisation du Patrimoine Culturel Mauritanien » financé pour trois ans par la Banque au sein duquel travaillent actuellement des consultants pour l’élaboration des PDU des ksour.
18Selon l’Unesco, « la campagne internationale de sauvegarde a été particulière en Mauritanie en ce sens qu’il s’agit de sauvegarde et développement ; l’esprit étant de préserver le tissu historique de ces quatre villes comme témoignage du passé pour qu’elles puissent disposer d’un héritage et d’une identité qui seront indispensables pour fonder l’avenir. Il s’agit de sauver ces villes de la pauvreté, de les protéger autant comme patrimoine culturel que contre l’ensablement et l’oubli. Nous avons tenté d’agir sur les facteurs qui poussent les populations à l’exode... Qu’est-ce qu’une ville sans ses habitants, son environnement ? » (Mounira Bacar, 1999). Cette politique actuelle de développement intégré (ex. les PDU) remet en cause les modèles antérieurs conduisant à privilégier le rôle de l’État en tant que vecteur des processus de « modernisation », le corollaire en étant que cette « modernisation » passe par l’élimination de la tradition et par un processus capable de « stimuler un esprit positif et rationnel » conduisant les populations à un comportement de type « universaliste ». Une ère nouvelle s’amorce reconnaissant aux sociétés locales des facultés de réinterprétation et d’adaptation. Il s’agit enfin (peut-être ?) de rendre aux populations leurs lieux et de concilier « tradition et modernité », ce qui pose la question des valeurs patrimoniales.
Valeurs patrimoniales
19Plusieurs constats :
Il n’y a pas de conscience patrimoniale a priori. De nombreux chercheurs, étrangers ou nationaux, ont souligné ce fait lors du colloque de 1999 : « Un constat s’impose, c’est le peu d’engouement populaire pour les choses ayant un intérêt historique lointain (objets mobiliers et immeubles) faute pour le commun des mortels d’en saisir la signification profonde au-delà de leur expression physique... Seules les villes anciennes ou symboles d’une période qui marque encore l’imaginaire collectif peuvent intéresser l’opinion publique » (Dahi et Sidi Abdoullah, 1999) ; « L’inconscience culturelle est caractérisée par le fait que les pouvoirs publics, dans leur programme, font figurer un alléchant volet culturel sans intention ni volonté réelle d’application » (pas d’organisation des professionnels du secteur, pas de formation). Ajoutons à cela « l’inconscience des populations qui n’hésitent pas à piller les sites... ou l’intervention des élites et notables avec des intentions purement mercantiles » (Fall Diagne, 1999).
Au début des années 1990, les ksour survivent, mais continuent à se dégrader ; les efforts et l’énergie déployés pour attirer l’attention sur les dangers encourus restent sans effets ; de nombreux habitants m’ont dit qu’ » ils sont las des experts qui passent et ne proposent jamais rien de concret ». Face à la fragilité écologique accrue et surtout à l’absence de ressources, l’exode se poursuit malgré quelques tentatives de développement local. Il est vrai qu’à l’époque, la Mauritanie adopte pour ces quatre ksour une « stratégie de défense » en oubliant de leur redonner un statut de villes (cf. supra).
L’intérêt extérieur pour les questions patrimoniales est un facteur incitatif et compensateur ; il déclenche les choix et la sélection initiale des quatre ksour, leur élévation au niveau de symboles, leur consécration et mise en exposition.
Les initiatives des élites locales héritières de la tradition complètent ou concurrencent les interventions de l’État. Ces groupes sont légitimés par un capital culturel (formation, compétences...), économique (argent, patrimoine...), social (famille, tribu, parenté, alliances, socialisation dans la coutume, ancrage local...) et un capital symbolique (prestige, influence, autorité, chefferie confrérique...). Le cadre des villes caravanières est particulièrement favorable à l’existence d’élites alliées sur le plan économique, foncier, religieux et politique : les tribus fondatrices maraboutiques et caravanières (zouaïa : Kounta, Laghlâl, Id-aou-Ali, Chorfa, Ideylba, Mahjîb, Id-aou-El Hadj...) associent un important rayonnement culturel et religieux (cf. infra) à une emprise économique d’envergure (propriétaires de palmeraies, de troupeaux, de bas-fonds, de mobilier et immobilier). -Les données historiques, géographiques et anthropologiques expliquent sans doute le fort sentiment d’appartenance aux ksour, mais celui-ci est, sans conteste, renforcé par les ambitions politiques et financières actuelles. Le pouvoir a intérêt à ce que les villes anciennes deviennent des symboles de l’unité nationale ; les élites locales y trouvent le moyen de se promouvoir au niveau central (Frérot, 1998).
20Ces constats doivent être nuancés :
Le cas mauritanien n’a rien d’exceptionnel dans sa construction patrimoniale, même si celle-ci est impulsée de l’extérieur.
« Si la notion de patrimoine apparaît dans les sociétés de la modernité, c’est parce que cette transmission et la mémoire qu’elle suppose du passé opèrent à travers une série de ruptures susceptibles, à la limite, de les remettre en question » (Bonté, 1999 : 83). Or, en fin de compte, les ruptures ne sont pas encore entamées dans la société mauritanienne avant les années quatre-vingt-dix : les liens familiaux restent solides, les comportements et valeurs étrangers n’ont pas gommé le nomadisme, la tribu, l’islam profondément ancrés dans les représentations (Frérot, 1993). Le patrimoine mauritanien existe par les représentations communes de l’inscription dans le temps et l’espace.
Les mots pour le dire
21En hassanyya (dialecte arabe de Mauritanie), le terme employé pour patrimoine est le terme arabe tourath (radical irth, waratha, hériter). Les Mauritaniens retiennent donc le sens d’héritage (cf. anglais) et de transmission de génération en génération de biens matériels et immatériels ne venant pas uniquement du père (sens latin de patrimoine, de patrimonium –pater –) même si la filiation par le père prédomine. La représentation peut être complétée par l’expression Mi fat mat, « ce qui est passé est mort » issue de la révolution intellectuelle et mystique que connaît l’islam au xixe face à l’immobilisme du très fort attachement aux ancêtres. L’initié dit « je suis » et non plus « je suis le fils d’un tel » ; il ne se glorifie pas de son nom car les ancêtres sont inégalables ; il vit tourné vers l’avenir. L’aspect positif est de se détacher des biens matériels, de son « patrimoine » ; l’aspect négatif est l’abandon de ses racines et la non transmission de la lignée. Pour les Mauritaniens, tourath est la synthèse de ces deux aspects avec réappropriation moderne du terme héritage : le passé est recréé avec une importance nouvelle dans une société de l’éphémère préoccupée par le présent, l’immédiat et la survie où seul le spirituel compte. Auparavant si des lieux ne sont pas habités ou désertés, c’est qu’ils ne sont pas ou plus habitables11 (ce que nous qualifions de fatalisme) ; les sauver comme témoins du passé est une conception récente qui suppose la projection dans le passé par peur du présent et de l’avenir. On comprend dès lors que la patrimonialisation des villes anciennes ne pouvait pas fonctionner tant que la société locale n’avait pas intégré dans son présent et son avenir la nécessité d’occuper, de se réapproprier les espaces en leur accordant de nouvelles fonctions.
RÉVEILLER LES LIEUX
22Patrimonialiser un site ne suffit donc pas à le faire vivre et ne permet pas aux habitants d’en vivre. Certes, depuis peu, il faut payer pour visiter les bibliothèques, les petits musées ou certaines maisons restaurées. Certes les habitants aménagent des boutiques dans les vestibules où ils exposent des objets artisanaux vendus à prix élevés, etc., mais ce n’est pas parce que les sites sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité (sûrement pas d’ailleurs car cela se fait aux dépens des normes que tente d’imposer l’Unesco) ; c’est simplement parce la même année que celle de l’inscription (1996) se produit la mise en tourisme des sites chargés de signification et enjeux de pratiques valorisées par le regard des « Autres ».
Informer, séduire et mettre en scène
23Ce patrimoine est valorisé par son environnement : le désert, objet de représentations magiques, exotiques, mystiques... pour des sociétés européennes engluées dans l’accumulation, la consommation, le matérialisme, le gaspillage, etc. Il faut partir, quitter trop de stress, trop de technologie... et se retirer, se retrouver face à soi-même. Quel meilleur endroit que le désert ? Les voyagistes jouent à fond la carte du retour à la nature, de l’authentique, de la nostalgie des origines, de « l’appel émouvant des terres ocres du désert ». Ils vendent les villes en tant que paysage « grandiose », « infini », « majestueux » surtout sableux :
« Chinguetti, ville sainte à la lisière de l’erg Ouarane... Après la sieste vous partez visiter la ville, une bibliothèque recélant quelques manuscrits ou... les premières dunes de l’immense erg » (Catalogue Point-Afrique, 2003-2004).
24J’ai moi-même mis en scène ces quatre « Villes de sables » dans un texte lyrique illustrant les magnifiques images du photographe Serge Siebert :
« Chinguetti, Ouadane, Oualata, Tichit, noms magiques évocateurs d’un glorieux passé saharien, patrimoine mondial de l’humanité, quels sont vos secrets jalousement gardés par les sables ? La vie entre vos murs plus ou moins ruinés, abandonnés n’est jamais qu’un frémissement discret, une fragile parenthèse entre deux dunes, deux tempêtes de sable... Chinguetti tu es toute de grès pâle, à patine beige... Noyée de soleil tu as des tons de cuivre rose, de vieille poterie recuite s’harmonisant à s’y fondre avec les sables d’Ouaran où tu t’adosses. Ouadane et Oualata, vous êtes taillées à même la montagne qui vous porte accrochées à son flanc, et parmi tous ces éboulements de roches... couleur de bronze, d’ardoise ou de cuivre, on ne sait ce qui appartient à la nature et ce qui appartient aux hommes. Oualata à toi seule tu résumes toute la personnalité de tes sœurs avec tes banquettes où se rencontrent les passants à l’ombre de tes hautes façades. Tichit, tes pierres plates, blanches, grises, bleues ou rouges, assemblées avec soin, dessinent des mosaïques en chevrons simulant de longues palmes... » (extrait de Frérot-Tolba, Siebert, 1999 : 11).
Mise en tourisme : une nouvelle dynamique ?
25Le tourisme est un phénomène récent dans les ksour et en général en Mauritanie. Par exemple, en 1970, ces villes n’ont aucune structure d’hébergement ; il est prévu deux hôtels de trente chambres à Chinguetti avec une annexe à Ouadane. Dans les années 1980, quelques gîtes d’étape très sommaires voient le jour. Or, aujourd’hui, il existe à Chinguetti plus d’une quinzaine d’auberges et hôtels. La Mauritanie a bénéficié de la conjoncture internationale (fermeture du Sahara algérien, nigérien, tchadien, etc.).
26Toutefois ce tourisme reste confidentiel : on compte au plus 20 000 touristes tous types confondus.
27Les acteurs du tourisme sont publics et privés, internationaux, nationaux, régionaux et locaux.
28Il s’agit, pour la mise en place d’un charter entre la France et Atar, de la SOMASERT12 (filiale de la SNIM) en partenariat avec la coopérative Point-Afrique créée en 1996 dont la première des actions est le « désenclavement par la création de liaisons aériennes économiques générant des flux nouveaux et ceci essentiellement dans le domaine touristique » ; la coopérative est propriétaire de Point-Afrique Voyages et partenaire de tours opérateurs. La détermination des produits touristiques offerts a pour principale consigne d’imaginer ceux qui ont le plus de retombées sur les populations et la plus forte connotation désert pour « enraciner le label ». Les nouvelles fonctions de l’espace sont donc celles des logiques de l’activité touristique, mais saisonnière (nouveaux métiers – chauffeurs, cuisiniers, aubergistes... avec pluriactivité ex. chameliers, éleveurs, guides). Dans un discours adapté à l’imaginaire des touristes, les guides transmettent la tradition et la culture locales, mais « force est de constater que l’homme occidental est plus une valeur marchande qu’autre chose » (Roullier, 2000).
29Les touristes en Mauritanie sont encore des voyageurs, ceux qui font du voyage un enrichissement personnel et une rencontre avec autrui. Mais les touristes ne font que passer à Chinguetti et Ouadane, étapes incontournables des circuits proposés par les différents voyagistes, et se rendent peu à Tichit et Oualata trop éloignées et isolées. Cela devrait changer : « Destination Néma. L’autre rivage de cette immense étendue... au sud-est, près de la frontière du Mali, là où vivent les nomades les plus isolés et où un sérieux coup de frein à la désertification humaine va pouvoir commencer... De plus à 80 km de l’aéroport... Oualata (traduction : Rivages de l’éternité). Cette ville ancienne, dernière étape de la route des caravanes, au passé prestigieux, ne disparaîtra pas définitivement... Tichit n’est pas loin non plus... Ces villes anciennes et majestueuses, jadis, sombrent peu à peu dans l’oubli et souffrent de l’exode des populations vers la capitale. Ainsi un programme spécial avec des circuits de Néma vers Atar en passant par les incontournables Tichit et Oualata, mais également vers Tombouctou et Gao sont en cours d’élaboration. » (Point-Afrique, catalogue 2003-2004 : 5). L’activité est très distributive de revenus et « rend vie aux villes anciennes... servant ainsi de soutien économique et humain à leur sauvetage qui n’est plus une opération isolée » (Ould Heyine, 1999). N’est-ce qu’une évolution temporaire ? Le développement est-il durable ? Le nombre de voyageurs a diminué en 2002-2003 du fait de la concurrence (d’autres espaces, d’autres voyagistes...). Le tourisme de toute façon reste diffus.
30À ce tourisme s’ajoute la politique actuelle de l’État, très volontaire en matière de décentralisation et déconcentration. Permettra-t-elle un nouveau retournement de l’espace mauritanien ? Il est trop tôt pour se prononcer, mais j’observe actuellement une spéculation foncière, un engouement pour la restauration, l’achat de maisons en ruines dans les quartiers anciens « classés »13. Les infrastructures se développent (électricité, téléphone, adduction d’eau, g Les lieux se réveillent. Ce ne serait pourtant vraiment pas l’effet de la patrimonialisation.
Bibliographie
Actes du Colloque international de Nouakchott, 1999, Le patrimoine culturel mauritanien, Nouakchott (29, 30 novembre et 1er décembre 1999), publication en français et en arabe, 373 p.
Bonte P., 1999, « Structures sociales et patrimoine », in Le patrimoine culturel mauritanien, Actes du Colloque international, Nouakchott 29, 30 novembre et 1er décembre 1999, p. 83-88.
Fall Diagne, 1999, « Vers une sincère conscience culturelle pour un meilleur usage de notre patrimoine », in Le patrimoine culturel mauritanien, Actes du Colloque international, Nouakchott 29, 30 novembre et 1er décembre 1999, p. 272-274.
Frerot-Tolba A.-M., Siebert S., 1999, Villes de sables. Les cités bibliothèques du désert mauritanien. Paris, Hazan, réédition 2001, 2002.
Frerot A.-M., 1997, « Territoires nomades réinventés ? Le cas mauritanien », BAGF, Paris, n° 1, p. 111-126.
Frerot A.-M., 1999, « Pour une définition du patrimoine à valoriser en Mauritanie : géographie et cultures, un atout majeur », in Le patrimoine culturel mauritanien, Actes du Colloque international, Nouakchott, 29, 30 novembre et 1er décembre 1999, p. 245-252.
Frerot A.-M., 1993, Perception de l’espace en Mauritanie, Thèse de doctorat d’État, Université de Provence.
Frerot A.-M., 1991, Découverte de l’espace mauritanien, CCF Nouakchott, ministère de la Coopération, 150 p.
Ould Dahi M. L., Ould Sidi Abdoullah B., 1999, « Étude sur la loi relative à la protection du patrimoine culturel et historique », in Le patrimoine culturel mauritanien, Actes du Colloque international, Nouakchott 29, 30 novembre et 1er décembre 1999, p. 295-301.
Ould Heyine M. S., 1999, « Patrimoine culturel et développement économique » in Le patrimoine culturel mauritanien, Actes du Colloque international, Nouakchott 29, 30 novembre et 1er décembre 1999, p. 68-75.
Roullier L., 2000, Tourisme saharien : regards croisés. L’exemple de la Mauritanie, Mémoire de Maîtrise de Géographie de l’Université de Tours, Frerot A.-M. (dir.), 165 p.
Notes de bas de page
1 Ont été classés cinq ksour fortifiés de la vallée du M’Zab en 1982 ; la vieille ville de Ghadamès en 1986 ; le Ksar d’Ait Ben-Haddou (Maroc) en 1987 ; Djenné et Tombouctou en 1988 ; les ksour anciens de Mauritanie en 1996.
2 Voir à ce sujet Ould Tolba, « Les confréries religieuses en Mauritanie : du spirituel au temporel », FIG Saint Dié 2002, Géographie et religion.
3 Ouvrages inédits d’auteurs connus dans le monde arabo-musulman ou productions locales contribuant à la pensée, au savoir ou à la littérature universels, documents d’archives qui éclairent l’histoire régionale (récits de voyage, chroniques, correspondances, manuels techniques...), recueil de hadiths, nawazils et fatwa...
4 Ex. opération « Bibliothèques du désert » soutenue par la fondation Rhône Poulenc et l’Unesco ayant donné lieu à l’exposition d’avril 1999 au forum de la FNAC Étoile à Paris. Cf. aussi reportages télévisés en parallèle au rallye Paris-Dakar.
5 Tout un chacun peut être tour à tour citadin, commerçant caravanier, berger transhumant, cultivateur sédentaire. Les référents pâturage, puits, palmier, chameau, bovins, maison se confondent intimement dans une représentation spatiale tellurique. En témoigne par exemple l’importance du référentiel élevage dans les toponymes de quartiers (« la corde à bœufs », « l’entrave de chameaux », etc.). De génération en génération se transmet la tradition nomade, même à ceux qui n’ont jamais quitté le ksar (Frérot, 1993).
6 Même si ces localités n’ont jamais été très peuplées (4 000 à 5 000 h au plus) vu leur rôle de point d’attache temporaire et de magasins pour des groupes nomades, il est indéniable qu’elles se sont dépeuplées au cours de la seconde moitié du vingtième siècle (tableau 1). On imagine aisément les conséquences, néfastes pour tous les secteurs d’activité et les savoir-faire anciens, de l’affaiblissement démographique : exode, taux d’occupation de l’habitat urbain estimé à 60 % par l’Unesco en 1995, dégradation des noyaux anciens soit naturellement soit par prélèvement de matériaux de construction pour un habitat périphérique...
7 Ce tableau doit être lu avec toutes les réserves nécessaires quand il s’agit de chiffres africains et de surcroît concernant des recensements de populations sahariennes très mobiles. Toutefois, la tendance au repeuplement est nette et observable sur le terrain.
8 Au moins cinq mille habitants pour une unité urbaine en Mauritanie.
9 Les missions de l’IMRS sont de repérer l’ensemble des sites à fouiller, établir une carte archéologique nationale, répertorier, étudier et restaurer les manuscrits, organiser des bibliothèques, écrire l’histoire du pays avec comme support les traditions orales et les sources écrites, réaliser des études sociologiques et organiser des manifestations culturelles. Depuis sa création son parcours est plus ou moins chaotique du fait du contrôle par l’État, notamment par le biais du Ministère de la Culture et de l’Orientation Islamique, des résultats des chercheurs.
10 Pour un commentaire de la loi, voir Mohamed Lemine Ould Dahi et Brahim Ould Sidi Abdoullah, 1999.
11 En témoignent les nombreux ksour abandonnés (ex. autour de Ouadane), la surélévation des maisons par la construction de nouveaux étages lorsqu’il y a ensablement (ex. Chinguetti), la mobilité du ksar (ex. Oualata).
12 Voir à ce sujet Ould Heyine, « Patrimoine culturel et développement économique », 1999.
13 Jusqu’à 6 € le m2 de dunes constructible à Chinguetti ; de 10 à 12 € le m2 de ruines. Le SMIG en Mauritanie est de 33 € !
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