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    Plan détaillé Texte intégral Les chemins divergents des dirigeants du syndicalisme maritime Réussites et échecs du régime de Vichy dans l’organisation corporative des pêches maritimes et de la marine de commerce L’échec de la Corporation de la marine de commerce La relance des activités maritimes et des organisations syndicales des gens de mer après la Libération (1944-1945) Notes de bas de page

    Le syndicalisme maritime français

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Chapitre VII. La tourmente de la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945)

    p. 179-208

    Entrées d’index

    Index géographique : France

    Texte intégral Les chemins divergents des dirigeants du syndicalisme maritime Une action syndicale très réduite durant la « drôle de guerre »Les gens de mer face au régime de VichyRejoindre la France libreSurvivreParticiperL’organisation corporative des pêches maritimes Réussites et échecs du régime de Vichy dans l’organisation corporative des pêches maritimes et de la marine de commerce Le bilan mitigé de la Corporation des pêches maritimes L’échec de la Corporation de la marine de commerce La relance des activités maritimes et des organisations syndicales des gens de mer après la Libération (1944-1945) La difficile reconstitution de la FFSPMLa domination sans partage des fédérations CGT d’inscrits maritimesLa situation de la marine marchande et des pêches maritimes à la fin de la guerre Notes de bas de page

    Texte intégral

    1La France entre en guerre avec l’Allemagne le 3 septembre 1939. Les navires de commerce réquisitionnés sont soit affectés aux besoins de la marine nationale en navires de guerre auxiliaires et transports pour les opérations, soit mobilisés pour le ravitaillement de la nation1. Au sein du syndicalisme français, l’attitude des militants communistes face au pacte germano-soviétiques entraîne leur exclusion de la CGT. La FNSM, au sein de laquelle la lutte entre communistes et non communistes est exacerbée depuis la tentative de prise de pouvoir par la force des premiers au sein du syndicat des marins CGT de Marseille, n’attend pas les décisions confédérales pour régler ses comptes. Dans le même temps, les organisations syndicales se réorganisent pour faire face aux événements.

    Les chemins divergents des dirigeants du syndicalisme maritime

    2Le 18 septembre, le bureau confédéral de la CGT « déclare qu’il n’y a plus de collaboration possible avec ceux qui n’ont pas voulu ou pas su condamner une telle attitude brimant les principes de solidarité humains qui sont l’honneur de notre mouvement ouvrier ». Cette décision est confirmée le 25 septembre par la commission administrative à une large majorité, dont la voix d’Ehlers, le secrétaire général de la FNSM2. Cette dernière n’a pas attendu la décision de la CGT pour prendre des mesures.

    Une action syndicale très réduite durant la « drôle de guerre »

    3Dès la mi-septembre, trois membres du bureau fédéral de la FNSM, Ehlers, Guénédal et Leseigle, sont signataires, en compagnie de dirigeants des fédérations du sous-sol et des PTT, d’un manifeste qui considère que c’est le pacte germano-soviétique « qui a permis à Hitler et à sa bande de déclencher la catastrophe où la vie de millions d’hommes est en jeu ». Les signataires déclarent ne plus vouloir « collaborer avec les membres du bureau confédéral et de la commission administrative qui se sont constamment affirmés en faveur du pacte dont ils se sont fait constamment les défenseurs3 ».

    4Le 22 septembre, le conseil national de la FNSM confirme à l’unanimité moins uns voix, celle de Le Minter, la position prise par le bureau fédéral. Le Minter est immédiatement écarté du conseil national. Pour reprendre le titre d’un article signé par Ehlers dans Le Travailleur de la mer de janvier-février 1940, « l’assainissement » de la fédération est décidé. Les syndicats ont jusqu’au 1er novembre pour avaliser la décision du conseil national. En cas de non-réponse, ils seront considérés comme approuvant le pacte germano-soviétique et, en conséquence, en état d’indiscipline syndicale. Comme nous l’avons déjà évoqué, la mise à l’écart des communistes s’est faite dès la fin du mois d’août à Marseille, mais aussi à Bordeaux. Les syndicats de Boulogne-sur-Mer, Rouen, Lesconil, La Rochelle, Le Lavandou n’approuvent pas la position fédérale. Pour Ehlers, « il appartient aux marins de ces ports de se débarrasser au plus tôt de leurs mauvais bergers et de reconstituer leurs syndicats4 ».

    5La Fédération des capitaines au long cours tient son vingt et unième congrès à Paris du 20 au 23 décembre 1939. Un bureau fédéral est élu pour la durée des hostilités. Il est composé de Gervais, président ; Français, secrétaire général ; Charles Boutffroy, trésorier ; Georges Sabiani et Le Huédé, vice-présidents. Aucun document ne nous a permis de savoir quelle est l’activité des autres fédérations d’officiers et de la FFSPM durant cette période.

    6À la fin de l’année 1939, la FNSM déclare regrouper 41 syndicats, dont certains sont désorganisés du fait de la mobilisation de leurs cadres. Après avoir donné la preuve de sa loyauté envers le pays, elle entend continuer à défendre les intérêts des inscrits, comme l’écrit Ehlers en janvier 1940 :

    « Nous avons donné l’assurance que notre mouvement syndical était prêt à apporter son concours entier pour assurer le ravitaillement du pays, battre l’agresseur et sauver nos libertés. […] Ces sacrifices ne doivent pas être à sens unique. Pourquoi les marins se sont-ils vus frappés d’une législation sur le travail et les salaires en régression sur les conventions collectives en vigueur au 1er septembre 1939, alors que les travailleurs terriens en ont gardé le bénéfice5 ? »

    7En effet, le gouvernement a pris des dispositions augmentant la durée du travail dans la marine marchande. Dès le 1er septembre, un décret permet une durée du travail hebdomadaire de 60 heures pour toutes les branches d’activité. L’application de la législation sur la conciliation et l’arbitrage est suspendue, ainsi que toutes les dispositions relatives à la révision des salaires. Un décret spécifique à la marine marchande est pris le 22 octobre. La durée légale du travail est portée à 45 heures par semaine sans augmentation des salaires. Et les heures supplémentaires effectuées ne sont payées que pour les deux tiers aux marins, le reste étant retenu par l’employeur et versé à un fond de solidarité en faveur des familles des mobilisés. Ce décret, dans son article 4, supprime également l’indemnité de nourriture lorsque le navire est dans son port d’attache. Mais les inscrits du port de Bordeaux, réunis dans un comité intersyndical, se mobilisent contre cette mesure et obtiennent son rétablissement le 30 novembre6. Un décret du 13 décembre 1939 modifie la répartition des heures supplémentaires : le marin reçoit 60 % de la somme due et l’employeur les 40 % restant. En janvier 1940, Ehlers conteste les décisions gouvernementales : « La vie pleine de dangers qu’affronte le personnel navigant mériterait plus d’égards, à moins d’être animé d’un désir de revanche sur 19367. »

    8La FNSM, faute de pouvoir obtenir un relèvement des salaires, centre ses revendications sur diverses indemnités et prestations. Elle réclame le relèvement de l’indemnité pour la perte d’effets, la création d’une allocation pour les travaux de carénage et de manipulation des marchandises ou du charbon, le paiement des allocations familiales aux familles des mobilisés. Mais elle est très peu écoutée. Le 29 février 1940, un décret durcit le Code disciplinaire et pénal de la marine marchande : « Toute personne embarquée sur un navire français, doit, hors des eaux territoriales françaises, se conformer aux ordres régulièrement donnés par un consul général, un vice-consul de France, ou par une autorité maritime qualifiée ou le commandant d’un bâtiment de guerre français. » La marine marchande, indispensable pour le ravitaillement du pays, est donc placée sous l’autorité directe du gouvernement français et de ses représentants8. L’activité et les positions des organisations syndicales sont étroitement surveillées. Dans le dernier numéro paru du Travailleur de la mer, la fin d’un article expliquant que les marins sont les seuls à ne pas être rémunérés entièrement pour les heures supplémentaires qu’ils effectuent est censurée9.

    9Le 10 mai 1940, les armées allemandes envahissent la Belgique et les Pays-Bas. Le 13, elles pénètrent en France. Le 6 juin, les lignes de défense françaises sont enfoncées. Le 14, les Allemands entrent dans Paris. Trois jours plus tard, Pétain est nommé président du Conseil. Le 17 juin, il demande à l’Allemagne les conditions de l’armistice. Le lendemain, le général de Gaulle lance sur les ondes de la BBC un appel à continuer le combat. Trois semaines plus tard, le 10 juillet, les députés et sénateurs présents à Vichy votent à une très large majorité, dont Firmin Tristan, les pleins pouvoirs constituants à Pétain. Le lendemain sont promulgués les trois premiers Actes constitutionnels fondant l’État français. Quel va être l’attitude des syndicalistes maritimes et plus largement des gens de mer face au nouveau régime ?

    Les gens de mer face au régime de Vichy

    10Si un petit nombre de marins gagne l’Angleterre et rejoint les forces de la France libre, la grande majorité des inscrits reste dans leurs ports et essaye de survivre. Les responsables syndicaux s’interrogent alors sur l’attitude à adopter face au régime de Vichy.

    Rejoindre la France libre

    11L’histoire des pêcheurs de l’île de Sein décidant dès la fin juin de gagner l’Angleterre et de rejoindre les Forces françaises libres réunies autour de Charles de Gaulle est bien connue. D’autres inscrits font également ce choix individuellement. Augustin Gruénais, qui se trouve à Londres le 17 juin 1940, s’engage dans la marine britannique au sein de laquelle il restera deux ans, avant de rejoindre les forces navales de la France libre10. Dès juin 1940, une flotte de commerce de la France libre est constituée à partir des bateaux qui se trouvent dans les ports étrangers, surtout anglais. Ces navires sont inscrits sur le registre britannique. Le 3 juillet, les Forces navales françaises libres ne disposent que de 10 officiers et 400 marins. Pour éviter les désertions, Vichy interdit par la loi du 24 août 1940 aux officiers et marins de commerce de servir à bord de bâtiments battant pavillon français sous contrôle d’une puissance belligérante. Une loi du 23 août 1941 prévoit même des peines de 2 à 10 ans de réclusion aux officiers et marins de commerce servant à bord de tels bâtiments. En octobre 1940, cette flotte compte 40 navires avec des équipages français, anglais et polonais. En avril 1941, sont armés 78 navires dont 35 avec des équipages français, sans compter 155 bateaux de pêche. Au total, 171 navires sont mis à la disposition des forces alliées par la France libre. 59 seront coulés. Les forces navales de la France libre disparaissent en août 194311.

    12En juillet de la même année, une administration de la marine marchande de la France libre, avec à sa tête René Mayer, est mise en place à Alger après que de Gaulle, et avec lui l’ensemble des services du Comité français de libération nationale, ont rejoint Alger à partir du 30 mai 1943. C’est dans cette ville que s’installent à partir du mois d’août le syndicat national des officiers de la marine marchande, regroupant toutes les catégories d’officiers, et celui des marins français libres. Un décret du 6 novembre 1943 réglemente le travail à bord des navires et instaure une prime exceptionnelle de guerre. Avec celle-ci la solde du personnel subalterne s’élève à 4 720 francs par mois. La durée quotidienne du travail est de 8 heures, six jours par semaine. S’y ajoute un volet de 3 heures pour les manœuvres d’entrée et de sortie des ports difficiles en raison de la guerre. Les repos hebdomadaires peuvent être compensés en espèces en vertu du décret du 31 mars 1925. Un congé de 2 jours par mois d’embarquement est accordé au personnel subalterne. Il est de 4 jours pour les officiers12.

    13Ce ralliement à la France libre ne concerne qu’un petit nombre d’inscrits. D’autres participent à la résistance intérieure. Certains y laissent leur vie. C’est le cas notamment de Pierre Corniou, trésorier du syndicat des marins de Rouen, fusillé le 12 mai 1942 à Paris, ou de Charles Delaby, secrétaire du syndicat des marins de Dieppe, mort en déportation13. La grande majorité des inscrits restent dans leur port d’attache et essaient de poursuivre leur métier dans des conditions difficiles.

    Survivre

    14En raison de la guerre, l’exercice de la pêche devient plus difficile et plus dangereux. Entre 1938 et 1941, les quantités pêchées sont divisées par quatre. Cette baisse est particulièrement importante pour les ports de la mer du Nord, où la pêche est devenue quasiment impossible, et dans ceux qui abritent des bases sous-marines allemandes. De plus, l’exercice de la pêche est strictement encadré par l’occupant. Aux Sables-d’Olonne, un premier règlement du 7 août 1940 n’autorise que la pêche côtière à moins de 400 m des côtes, de jour et par beau temps, et avec une flottille groupée. La pêche est alors quasi-impossible. Les Allemands comprennent vite l’intérêt qu’ils peuvent avoir à ne pas trop brider la pêche et un nouveau règlement du 16 août assouplit les restrictions. La pêche est autorisée jusqu’aux fonds de 400 m pour la grande pêche et de 100 m pour la petite pêche. Les bateaux ne doivent pas rester en mer plus de 12 jours pour la grande pêche, 6 pour la petite. Ils doivent rallier le port d’où ils partent, prévenir les autorités allemandes 12 heures avant leur départ, ne pas se servir de la TSF sauf en cas de détresse et arborer un drapeau blanc au-dessus du pavillon national14.

    15Dans la marine marchande, l’activité est également très diminuée. Beaucoup de navires sont immobilisés dans les ports français de la Méditerranée. Pour survivre, les inscrits recherchent donc des emplois à terre. Dans ces conditions, les possibilités d’activité syndicale sont très réduites, alors que l’État français dissout les organisations syndicales confédérales et entreprend de réorganiser totalement les relations professionnelles et sociales sur une base corporative.

    Participer

    16Le 14 juillet 1940, René Belin, secrétaire général adjoint de la CGT, est devenu ministre de la Production industrielle et du Travail. Le 20 juillet, un Comité confédéral de la CGT se tient à Toulouse. Y sont représentées 24 fédérations d’industrie et 28 unions départementales. Un texte renouvelant l’offre faite au gouvernement le 24 juin de constitution d’une Communauté française du travail est adopté. Les articles 28 et 33 des statuts sur la grève sont supprimés et remplacés par des dispositions empruntées à la législation sur la conciliation et l’arbitrage. Enfin l’article 1 est modifié avec la disparition de toute référence à la « lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat ». La CGT se prononce désormais pour « le syndicat libre dans la profession organisée », reprenant les idées de la CFTC. Mais le 16 août, une loi prévoit la dissolution des organisations syndicales interprofessionnelles. Le 9 novembre, la CGT, la CFTC et la Confédération des syndicats professionnels sont dissoutes, ainsi que la Confédération générale du patronat français et les comités des Forges et des Houillères. En réaction, paraît le 15 novembre un manifeste du Comité d’études économiques et syndicales intitulé « Le syndicalisme français, ce qui demeure, ce qu’il doit devenir », signé par neuf membres de la CGT et trois de la CFTC. Ce texte rappelle les principes fondamentaux qui doivent gouverner l’action du syndicalisme français et en particulier la nécessité absolue de maintenir la liberté syndicale15. Les responsables syndicaux ont des raisons d’être inquiets, après l’instauration par la loi du 2 décembre 1940 relative à l’organisation corporative de l’Agriculture des premiers syndicats uniques16.

    17La loi du 24 janvier 1941 crée le Conseil national de Vichy, organisme composé de parlementaires et de conseillers représentant les différentes professions. Douze syndicalistes y sont nommés dont Ehlers. Si la notice établie avant sa nomination le dépeint comme un « défenseur ardent, convaincu et loyal des intérêts des marins », l’amiral Darlan, alors secrétaire d’État à la Marine, ne partage pas cette opinion, « considérant qu’il a peu navigué dans sa vie et que sa représentativité dans les milieux syndicaux est médiocre ». Ehlers est d’ailleurs écarté du Conseil national dès le renouvellement du 2 novembre 1941 et il semble au final n’avoir jamais siégé17. Le 13 mars 1941, il a été nommé directeur de la Caisse de compensation des allocations familiales des pêcheurs à la part, fonction qu’il occupera jusqu’à la fin de la guerre. La Caisse de compensations des allocations familiales des pêcheurs à la part a été organisée en novembre 1940 par Ehlers, Tristan, et Lamort en application du Code de la famille voté en 193818.

    18De leur côté, les dirigeants de la FFSPM, et en particulier le père Lebret, ont fait le choix de participer à l’élaboration d’une corporation des pêches maritimes, à laquelle s’associeront de nombreux responsables syndicaux.

    L’organisation corporative des pêches maritimes

    19À l’automne 1940, dans une lettre à l’abbé Galopin d’Étaples, Lamort semble confiant sur l’avenir de la FFSPM au sein de la future organisation corporative :

    « Nos syndicats demeurent, ainsi que notre fédération, jusqu’à ce que soit constitué le Comité social fusionnant les diverses organisations de pêcheurs pour en faire une fédération unique. Tels que nous sommes, nous restons dans la légalité, et pouvons continuer d’agir sur le plan corporatif et économique. Nous aurons peut-être des difficultés à nous faire admettre en bloc dans le nouveau corporatisme, mais je crois que nous tenons le bon bout, car la CGT ne peut revendiquer que quelques ports isolés tandis que nous nous tenons l’ensemble de la Côte depuis Bray-Dunes jusqu’à Camaret inclus19. »

    20Replié à Marseille après l’armistice, le père Lebret a pris contact avec les pêcheurs méditerranéens lors d’une tournée des ports en novembre et décembre 1940. Celle-ci débouche sur la constitution de l’Union des pêcheurs méditerranéens. Dans le même temps, il prépare la mise en place de la Corporation des pêches maritimes.

    21Dès janvier 1941, l’UPM se dote d’un journal en reprenant le titre La Voix du marin, dont la parution est interrompue depuis l’été 1939. Dans le premier numéro, un manifeste explique ses intentions :

    « La profession sera ce que nous en ferons. Si même on nous donne bientôt un nouveau statut, si l’on nous organise corporativement, les nouveaux organismes n’auront d’esprit et de vitalité que par nous. Nous demeurons les maîtres de nos destinées. […] Nous avons confiance que la Nouvelle France, par sa politique familiale, artisanale et corporative, va créer de nouveau pour nous, et nous y contribuerons de toutes nos forces, un climat de confiance, de sécurité, et de prospérité. »

    22Elle se place dans le sillage de l’action entreprise depuis dix ans par la FFSPM :

    « Déjà la FFSPM à laquelle nous adhérons en pleine liberté, nous a montré la voie. De 1931 à 1935, elle a lutté pour que nous ne soyons pas écrasés par l’invasion de produits étrangers, refoulés par la pêche industrielle. De 1935 à 1939, elle a contribué la première à la création des comités libres de pêches qui préparaient nos prochaines institutions corporatives. Nous rendons hommage à ses dirigeants, surtout à son secrétaire général Ernest Lamort20. »

    23L’UPM se dote d’un bureau composé de Charles Nardonne, président ; Georges Perdraut, secrétaire général ; Joseph Quéma, secrétaire général pour l’Algérie ; Isidore Fach, trésorier et Amour Molle, trésorier adjoint. Elle vise donc à regrouper les pêcheurs des deux rives de la Méditerranée. Le 28 février 1941 ses dirigeants sont reçus par Pétain à Vichy21. Le père Lebret prend en charge le secrétariat administratif de l’UPM, tout en continuant la préparation de la loi sur la Corporation des pêches maritimes22.

    24Le 2 mars 1941, Pétain prononce un discours à Saint-Étienne dans lequel il demande aux patrons, ingénieurs et ouvriers « de se pénétrer de la doctrine du bien commun au-dessus des intérêts particuliers […] et de s’informer des réalisations sociales qui existent déjà et que des hommes clairvoyants et généreux, ont su accomplir en dépit des difficultés de tous ordres qui, dans le passé entravaient leurs efforts ». Suite à ce discours, le père Lebret écrit :

    « Il me semble trouver […] la justification des onze années d’efforts du Secrétariat social maritime. Par l’affirmation répétée des exigences du bien commun, par l’étude minutieuse de l’économie des pêches maritimes, par le maintien de la rémunération à la part, dans la pêche artisanale et l’amélioration de la rémunération en participation dans les pêches industrialisées, par la fondation de comités corporatifs interprofessionnels, le Secrétariat social maritime a été le principal artisan du sauvetage des pêches françaises, du retour à la paix sociale sur les côtes de France, du renouveau communautaire et corporatif dans les professions de la mer. Si restreinte qu’elle soit, son expérience est garante de la valeur objective de la méthode aujourd’hui proposée à tous les professionnels français23. »

    25Le choix du père Lebret de collaborer avec l’État français s’explique par le sentiment qu’il a de pouvoir enfin mettre en pratique les idées qu’il défend depuis une décennie.

    26La loi du 13 mars 1941 institue donc la Corporation des pêches maritimes. Ne sont retenus que les métiers de la pêche au sens strict : production et industries de l’aval. Un décret du 12 juillet 1941 étendra la Corporation à la conchyliculture. Les institutions mises en place se composent à la base de syndicats locaux uniques et obligatoires, regroupant séparément les armateurs, les patrons pêcheurs propriétaires, et les hommes d’équipage. Pour la pêche artisanale, il est possible de n’avoir qu’un syndicat mixte, avec autant de sections que de catégories professionnelles. Pour la pêche industrielle, cette séparation est obligatoire. L’ensemble des bureaux des syndicats d’un même port forme la Communauté de pêche, chargée d’établir « un lien social » entre les diverses catégories professionnelles. Il est également prévu des unions régionales des syndicats. Les comités interprofessionnels sont maintenus, avec des compétences élargies : ils prennent « les décisions propres à procurer l’organisation rationnelle de la pêche, de la vente et de la transformation des produits de la mer », et celles-ci « sont obligatoires pour tous les membres des professions qui y sont représentées ».

    27Cet édifice est couronné par le Comité central corporatif des pêches maritimes, qui « exerce la direction générale de l’activité corporative tant au point de vue social qu’au point de vue économique ». De nombreux dirigeants des fédérations syndicales maritimes participent à ce comité composé de 48 membres : douze armateurs de la pêche industrielle, douze armateurs, patrons-pêcheurs propriétaires et marins pêcheurs de la pêche artisanale, douze marins de la pêche industrielle et douze représentants des mareyeurs, saleurs, sécheurs, fabricants de conserves, d’iode et de sous-produits. Ils sont nommés pour trois ans par le secrétaire d’État à la Marine sur proposition des unions régionales. Les douze membres titulaires de la pêche artisanale sont très majoritairement des responsables de la FFSPM ou de la Fédération des pêcheurs à la part de l’Océan. Pour la première, Louis Magniez de Calais, Adrien Delain de Port-en-Bessin, Ernest Lamort, Jean Ogor de Plouguerneau, Joseph Cuillandre du Conquet, Joseph Castrec de Douarnenez et Louis Nardonne de Grau-d’Agde ; pour la seconde, Firmin Tristan et Emmanuel Garnier. La désignation des membres représentant les marins de la pêche industrielle semble avoir été plus difficile car deux postes de suppléant ne sont pas pourvus. Dans cette catégorie se trouvent deux membres de la FNSM, Louis Guénédal de Lorient et André Demay d’Arcachon24. Tristan et Lamort sont tous les deux membres du bureau du comité et ce dernier est même un des deux vice-présidents.

    28La participation massive de dirigeants de la FFSPM n’est pas surprenante car la Corporation des pêches maritimes est en partie conforme aux revendications qu’ils portent depuis le début des années 1930, avec l’exception notable de la liberté syndicale. Celle des responsables de la Fédération des pêcheurs à la part de l’Océan l’est un peu plus, même s’ils sont favorables depuis longtemps aux comités interprofessionnels. Enfin, la présence de deux membres de la FNSM semble résulter d’une décision d’Ehlers : selon Lamort, celui-ci s’est rendu à Vichy en décembre 1940 pour y rencontrer Darlan qui lui aurait promis de le mettre à la tête d’une fédération générale, pêche et commerce. En 1945, Lamort affirmera avoir lu la lettre qu’Ehlers a adressée en avril 1941 à Guénédal pour lui expliquer qu’il l’avait désigné à Darlan pour représenter la FNSM en compagnie de Demay au Comité central corporatif des pêches maritimes25. Cette participation de la FNSM est également conforme aux positions d’un nombre important de syndicalistes pour qui, comme l’écrit Jean-Pierre Le Crom, « sauf à rentrer totalement dans la clandestinité – mais qui y songe en 1940 et 1941 –, le maintien de liens minima avec Vichy apparaît naturel. Pour faire avancer un dossier, régler un problème de salaires ou de statut, l’État est toujours l’interlocuteur26 ». Ce plus, participation à la corporation des pêches ne veut pas dire ralliement au régime de Vichy. Certains profitent de leurs fonctions officielles pour mener des missions de renseignement au profit de Londres comme l’illustre le cas d’Emmanuel Garnier. En 1942, chargé d’étudier l’implantation d’écoles d’apprentissage maritime sur le littoral, il en profite pour relever et décrire tous les points de défense des Allemands de la Loire à la Gironde. Emmanuel Garnier sera finalement arrêté par les Allemands le 7 avril 1944 et déporté dans le camp de Dachau où il décédera27.

    29La première séance du Comité central corporatif des pêches maritimes se tient le 27 août 1941. Sa première tâche est de coordonner la mise en place des différents étages de l’édifice corporatif. Au même moment, le gouvernement de Vichy met la dernière main à la loi sur l’organisation sociale des professions avant de créer la corporation de la marine de commerce.

    Réussites et échecs du régime de Vichy dans l’organisation corporative des pêches maritimes et de la marine de commerce

    30Avant d’étudier la mise en place et les réalisations de la corporation des pêches maritimes, il convient de dresser un rapide panorama de la politique du régime de Vichy en matière d’organisation des professions. Dès son arrivée au gouvernement en juillet 1940, Belin travaille à un projet de réforme du régime du travail. Après de multiples arbitrages, la loi sur l’organisation sociale des professions, communément appelée Charte du travail, est adoptée le 4 octobre 1941. Elle instaure un syndicalisme unique, obligatoire dans lequel chaque branche professionnelle est divisée en cinq catégories : employeur, ouvriers, employés, agents de maîtrise, ingénieurs et cadres administratifs et commerciaux. Au niveau local, il existe un seul syndicat auquel l’adhésion est obligatoire. Des regroupements au niveau régional et national sont prévus. Sont également prévus dans chaque profession des comités sociaux constitués sur une base tripartite – employeur, ouvrier et employés, techniciens ou cadres. Ils ont en charge la gestion des relations professionnelles et du domaine social28.

    31Si certains syndicalistes sont favorables à la participation aux institutions de la Charte du travail avec l’argument que cette politique de la présence permet de continuer à défendre les droits des travailleurs29, la majorité rejette ce texte. À l’opposition immédiate des syndicalistes communistes, s’ajoute très vite celle des confédérés regroupés autour de Jouhaux. Enfin en juin 1943, après plus d’une année de débats, la majorité des syndicalistes chrétiens décident de s’abstenir de toute participation aux organismes de la Charte du travail30. Dans ce contexte, le choix des responsables de la FFSPM de participer à la Corporation des pêches maritimes est lourd de conséquences pour l’avenir.

    Le bilan mitigé de la Corporation des pêches maritimes

    32Dès la fin mars 1941, Lamort est chargé d’une tournée dans les ports afin d’expliquer aux pêcheurs les nouvelles institutions31. Si la mise en place de la corporation est complète sur les côtes méditerranéennes, il n’en est pas de même sur les côtes de l’Atlantique, de la Manche et de la mer du Nord. En décembre 1943, un bilan mitigé peut être fait.

    33Dès le printemps 1941, les syndicats de pêcheurs des ports de Port-Vendres à Menton rejoignent l’UPM. Le 27 août 1941, celle-ci est provisoirement agréée comme Union régionale des syndicats de pêche du littoral méditerranéen par Darlan. Le développement des organismes prévus par la corporation est facilité par l’existence en Méditerranée des prud’homies de pêche. Celles-ci servent en effet de base aux communautés de pêche. Un décret du 28 février 1942 organise d’ailleurs la fusion des deux structures. À l’été 1942, la corporation des pêches maritimes est constituée sur le littoral méditerranéen. Elle comprend trois niveaux : à la base 37 communautés de pêcheurs artisans, regroupées dans 7 syndicats mixtes de pêcheurs artisans, le tout chapeauté par l’union régionale32. Les actions de l’UPM correspondent aux missions fixées par la loi du 13 mars 1941 : dans le domaine économique, actions pour le relèvement du prix du poisson, suivi du paiement des indemnités de réquisition, mise en place de criées communautaires, participation au Comité de distribution des filets et engins de pêche ; dans le domaine social, délivrance des cartes professionnelles, développement des assistantes sociales gérées au départ par le secrétariat social maritime, création d’écoles d’apprentissage maritimes pour les jeunes à la suite de la circulaire du 31 mai 1941 créant un Certificat d’aptitude professionnel de marin pêcheur33. Mais la principale activité de l’UPM est de gérer au mieux les pénuries, les rationnements. Et pour les pêcheurs, elle est la responsable de cette situation. De plus ses moyens financiers restent faibles : lorsque la voiture du père Lebret tombe en panne à la fin 1941, un appel à souscription est lancé.

    34Fin 1943, l’UPM tire un bilan positif de son action depuis sa création, où pointe néanmoins l’insatisfaction des pêcheurs :

    « Trois ans d’expérience sur nos côtes viennent de prouver à l’évidence la valeur de cette méthode. […] Pourquoi accepterait-on de revenir en arrière, quand on a réussi une organisation parfaite, dont les défaillances apparentes n’ont tenu qu’aux incroyables difficultés provoquées par l’état d’armistice34 ? »

    35C’est dans des conditions encore plus difficiles que se déroule l’organisation de la corporation sur le reste des côtes françaises. Des délégués à l’organisation corporative des pêches maritimes ont été nommés par le Comité : outre Lamort, sont désignés Louis Guénédal pour le Morbihan et Joseph Cuillandre pour le Finistère35. Avant son départ pour sa première mission dans les ports pour s’entretenir avec les dirigeants des organisations professionnelles des questions touchant à l’organisation corporative et réaliser l’unité syndicale qui est à la base de cette corporation, Lamort écrit à Ehlers afin que celui-ci avertisse les syndicats membres de la FNSM de son passage. De mai à août 1941, il parcourt les côtes, afin de présenter la corporation des pêches et de veiller à la mise en place de communautés de pêcheurs et de syndicats mixtes36. C’est sur les côtes de la Manche et de la mer du Nord que sont créées les premières organisations au cours du second semestre 1941, souvent lors d’une visite de Lamort. Les responsables élus sont très fréquemment les mêmes que ceux des syndicats existant jusquelà. L’année 1942 voit le développement des institutions de la corporation des pêches sur les côtes de la Bretagne37.

    36Au printemps 1943, Lamort part inspecter les organismes corporatifs locaux du Nord et du Pas-de-Calais. Il fonde alors les communautés de pêcheurs et les syndicats mixtes dans les ports où ils n’existent pas encore. Deux ans après sa création, la corporation des pêches semble s’être imposée dans la pêche artisanale. Il n’en est pas de même dans la pêche industrialisée où Lamort ne dispose pas de relais syndicaux. Les responsables locaux de la FFSPM qui se retrouvent à la tête des organismes corporatifs sont souvent critiqués par la masse des pêcheurs qui se plaignent des insuffisances de la corporation, comme l’indique Lamort dans une lettre au président du Comité central corporatif des pêches maritimes, le vice-amiral Le Bigot :

    « Les rapports que nous recevons les uns et les autres nous montrent que dans beaucoup de ports les pêcheurs ne veulent pas se rendre compte des difficultés de l’heure présente, difficultés provenant du manque de matériel, de combustible, des possibilités de sorties en mer, et qu’ils accusent les dirigeants qu’ils se sont pourtant choisis, avec la Corporation, d’être à la base de leurs malheurs. Les dirigeants ainsi pris à parti tiennent bien le coup pendant quelque temps mais finissent par tout lâcher et les ports se voient privés de communauté, d’où la plus grande pagaille. […] Je crois qu’il serait indispensable que le Comité central adresse une circulaire aux communautés ou plus exactement aux pêcheurs des ports pour leur signaler que s’ils continuent à rendre la vie impossible à leurs dirigeants, ils se verront mis hors la loi et privés de tous les avantages qu’ils demandent cependant aussi bien à l’État qu’à la Corporation, particulièrement l’avitaillement des bateaux. »

    37Comme sur le littoral méditerranéen, les pêcheurs accusent la corporation d’être la responsable des difficultés liées en fait à la guerre38.

    38Fin 1943, un bilan de la corporation des pêches peut être tiré. Elle n’a en fait d’existence réelle que dans la pêche artisanale, dans laquelle se sont multipliées les communautés de pêcheurs, fortement inspirées des prud’homies de Méditerranée. Les autres institutions prévues ont seulement été mises en place en partie. Une seule union régionale a été constituée, celle du littoral méditerranéen39. En Algérie, la Corporation des pêches fonctionne du 1er janvier au 1er juillet 1943. De l’aveu même de son président, Étienne Rey, elle n’a eu aucune existence dans les ports. Après la mise en place des organismes corporatifs, la principale activité du Comité central a été de régler la question de la répartition du combustible, des filets et des engins de pêche. Il a également instauré une carte professionnelle dont la possession est obligatoire pour tous les armateurs. Dans le domaine social, l’apprentissage maritime a été codifié avec l’établissement d’un règle-ment-type d’apprentissage. Il est financé par un prélèvement sur les ventes de poisson. Les assistantes sociales ont été généralisées grâce à l’action de trois associations : les Abris du marin, l’Union sociale maritime créée en juin 1939 par des armateurs et le Secrétariat social maritime du père Lebret. En dépit de toutes ces réalisations, la Corporation des pêches n’en est encore qu’à ses débuts car « l’instauration d’un ordre corporatif est une œuvre de longue haleine40 », qui sera interrompue brutalement par la Libération de la France.

    39Le bilan de la corporation des pêches maritimes est donc mitigé. Mais pouvait-il en être autrement dans les circonstances particulières des années 1940-1944 ? En effet, si les institutions mises en place semblent correspondre à certaines attentes des pêcheurs, « les partisans du corporatisme avaient souligné, dès l’avant-guerre, l’impossibilité de faire vivre une corporation dans un État qui ne soit pas lui-même corporatiste », pour reprendre les écrits d’Isabel Boussard à propos de la Corporation paysanne41. Or l’économie de la France est alors celle d’un pays en guerre, soumis au dirigisme toujours plus grand d’un régime autoritaire. À la Libération, ce dispositif, aboli de son étiquette corporative, sera d’ailleurs repris par la nouvelle organisation des pêches maritimes. La différence primordiale introduite sera la substitution aux syndicats uniques et obligatoires, d’organisations syndicales diverses et représentatives. Le régime de Vichy, moment de rupture dans l’histoire du régime politique de la France et de ses institutions administratives et sociales, peut donc être caractérisé comme une période de transition pour le secteur des pêches maritimes42. Dans la marine marchande, la situation est tout autre, la corporation de la marine de commerce n’ayant pas eu réellement d’existence.

    L’échec de la Corporation de la marine de commerce

    40À la fin février 1941, un rapport du comité provisoire de la marine marchande dresse la situation de la flotte de marchande française. Sur les 3 000 000 de tonneaux qui constituaient la flotte en septembre 1939, 317 000 ont été perdus pour faits de guerre, 211 000 ont été réquisitionnés par les Allemands, 80 000 sont considérés comme des prises de guerre et 407 000 sont sous contrôle anglo-saxon. La flotte est donc amputée de plus d’un tiers de son tonnage. De plus, la moyenne d’âge des navires restant est très élevée : 20 ans pour les cargos, 18 pour les bateaux mixtes et 15 ans pour les paquebots. Un décret du 16 février 1941 porte la durée normale du temps de travail à 54 heures par semaine. Les heures supplémentaires doivent devenir exceptionnelles et leur paiement est soumis à l’autorisation de l’administration. Toute notion d’heures supplémentaires disparaît pour les officiers, qui voient en contrepartie leur congé annuel porté à 36 ou 48 jours avec solde complète et maintien de l’indemnité de nourriture43.

    41Le 27 mars 1942 est publiée la loi portant organisation préliminaire de la Corporation de la marine de commerce. Ce texte s’inscrit dans les possibilités offertes par l’article 7 de la loi du 4 octobre 1941, permettant de créer des institutions particulières pour des branches professionnelles. La loi du 27 mars 1942 est ainsi justifiée par ses rédacteurs :

    « Il est d’abord nécessaire, pour marquer la rupture avec le passé et pour éviter le retour à la lutte stérile des classes, de substituer une organisation entièrement nouvelle aux organismes professionnels et aux formules économiques qui n’ont pas pu conjurer dans le passé le développement de conflits ou de concurrences nuisibles. À cette fin, il ne suffit pas de régler les rapports d’homme à homme, d’homme à entreprise, d’entreprise à entreprise ; il faut aussi régler les rapports des entreprises avec l’État. […] L’industrie maritime doit rester privée. Dans les circonstances normales, l’État n’a aucun intérêt à assumer des risques d’ordre commercial. Cependant, les subventions nécessaires qu’il accorde et le soutien qu’il apporte à un service qui est très souvent un service public, exigent son contrôle. Le régime de la corporation, qui réglera elle-même l’activité de ses membres sous l’autorité de l’État, mettra fin aux dangers et abus de toute sorte que présente l’intervention directe de l’État dans les affaires privées. »

    42Très influencée par la Charte du travail, la Corporation de la marine de commerce ambitionne de rompre avec le passé et aussi de renforcer le contrôle de l’État sur cette industrie stratégique et largement subventionnée.

    43Dans chaque entreprise ou groupe d’entreprises, sont institués des syndicats uniques et obligatoires pour les huit catégories de personnel définies – officiers du pont, médecins, commissaires et officiers radiotélégraphistes ; officiers de la machine ; maîtres ; marins du pont ; marins de la machine ; agents du service général ; cadre du personnel sédentaire de l’entreprise ; personnel subalterne sédentaire de l’entreprise. Ils sont réunis autour de l’armateur dans un comité social, « chargé de donner son avis sur la gestion des œuvres et d’organiser la gestion des œuvres qui lui sont confiées ». Dans chaque port peuvent être fondés un syndicat local des armateurs et une union régionale des syndicats. Les représentants des différentes catégories sont ensuite regroupés dans un comité social régional,

    « […] chargé des organisations régionales d’assistance, de prévoyance, et d’entraide de la corporation ; de l’élaboration des mesures propres à favoriser la formation professionnelle, le recrutement et l’emploi des membres de la profession ; des échanges de vues relatifs aux salaires, contrats de travail et conditions d’existence du personnel et de la solution amiable au premier degré des différends collectifs du travail ».

    44Au niveau national sont constitués des comités économiques par type d’armement, trafic ou zone géographique d’exploitation, un Comité supérieur économique de la marine marchande, et un Comité central corporatif. Celui-ci « exerce la direction générale de l’activité de la corporation au point de vue social et professionnel et assure la coordination des intérêts économiques ». Toutes ses décisions doivent être approuvées par le secrétaire d’État à la Marine. L’article 11 interdit enfin tout lock-out ou grève44.

    45Le CCAF, dont la dissolution est prévue au 1er octobre 1943 par un arrêté du 8 septembre 194245, craint que ces dispositions empêchent les armateurs de disposer de la liberté nécessaire pour l’exercice de leur profession. Dans son rapport annuel d’avril 1942, il expose clairement sa position :

    « Il y a moins de réformes de structure à faire que des modifications d’état d’esprit. Il faut que chacun procède à une révision de ce qu’il considérait comme étant son devoir. Que les pouvoirs publics exercent avec impartialité leur devoir d’orientation sans s’interposer entre le chef d’entreprise et le personnel de l’entreprise, sans empiéter sur ce qui doit rester du domaine commercial, que l’armateur ait une nette conception de son rôle d’intérêt général et de son devoir social sans pour cela compromettre l’équilibre de son exploitation, qui est la condition de sa durée ou de son indépendance, que les gens de mer, que le personnel dans son ensemble, se sentent solidaires de l’entreprise, ne réclament que les justes satisfactions qui sont compatibles avec l’existence de celle-ci. Hors des réalités que personne ne peut braver sans danger, il n’y a que des apparences trompeuses et sans lendemain46. »

    46Le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord le 8 novembre 1942 et l’entrée en « zone non occupée » des Allemands trois jours plus tard rend quasiment impossible la mise en place de la Corporation de la marine de commerce. L’occupation de la « zone non occupée » entraîne l’affrètement sous pavillon allemand de la flotte de commerce et le débarquement des équipages. Un grand nombre de marins du commerce se retrouvent sans emploi. Immédiatement des dispositions sont prises par l’administration : paiement pendant trois mois d’une indemnité comprenant la solde entière et l’indemnité de nourriture pour tout le personnel débarqué ; organisation de convois de démobilisés pour permettre aux marins et à leurs familles de repartir vers leur domicile de la zone occupée ; création d’un service de placement du personnel de la marine marchande afin de permettre aux inscrits et agents du service général de trouver un emploi à terre47.

    47En dépit de la quasi-disparition de la marine marchande française, la mise en place des institutions de la corporation se poursuit. Fin 1942, 138 syndicats ont été fondés dans douze compagnies du port de Marseille, la majorité l’ayant été avant le 8 novembre48. Début 1943, ces syndicats n’ont plus grande signification après le passage sous pavillon allemand de nombreux navires et la rupture des liaisons avec l’Afrique du Nord et les colonies. Alors que quatre régions devaient servir de cadre aux organes corporatifs, leur nombre est réduit à deux : Méditerranée et mer du Nord-Manche-Atlantique. Dans chacune sont organisés un syndicat des armateurs, une union régionale des syndicats d’entreprise et un comité social. Un décret du 7 juin 1943 définit la composition du Comité central corporatif. Il comprend 36 titulaires et 39 suppléants. Le même jour, un autre décret transforme le CCAF en bureau d’études et de liaison commun au Comité supérieur économique de la marine marchande et aux deux syndicats d’armateurs. Dans les membres et suppléants du Comité central, des unions régionales et des comités sociaux, se trouve un seul responsable des fédérations et syndicats d’officiers et du personnel subalterne d’avant-guerre : Lucien Degrandsart, secrétaire général de la Fédération des syndicats d’officiers radiotélégraphistes CGT, qui est suppléant du Comité social régional méditerranéen49.

    48À l’été 1943, après la séance inaugurale du Comité central corporatif tenue le 22 juillet, la corporation de la marine de commerce est formellement prête à agir. Mais les circonstances, et en particulier la rupture des liaisons maritimes et l’anéantissement d’une grande partie de la flotte, ne lui laisseront pas la possibilité de fonctionner. Et dans le cas contraire, elle aurait du faire face à l’opposition des armateurs jugeant la place de l’État trop importante, à celle des officiers estimant que la corporation laisse trop de pouvoir aux armateurs et enfin à l’hostilité des personnels navigants et sédentaires subalternes, refusant les syndicats uniques et obligatoires50.

    49Des deux corporations créées par l’État français dans les professions maritimes, seule celle des pêches maritimes a réellement fonctionné, avec un traitement indifférencié des questions économiques et sociales, à la différence des institutions de la Charte du travail51. Préparée par le père Lebret, la loi du 13 mars 1941 a bénéficié des dix années d’études, de réflexions et d’expériences du Secrétariat social maritime et de la FFSPM. Sa mise en place a été facilitée par l’engagement de nombreux responsables syndicaux pêcheurs pour qui elle est que le prolongement de l’action menée avant la guerre. Mais au printemps 1944, ces derniers savent que des comptes leur seront prochainement demandés pour leur participation aux institutions du régime de Vichy. Dans le dernier numéro de La Voix du marin, une « pensée » indique que les dirigeants de l’UPM se préparent à des moments difficiles : « La critique et l’ingratitude sont la récompense que l’humanité réserve aux gens de cœur qui se dévouent à elle. » Et dans l’éditorial intitulé Demain, ils espèrent que ce qu’ils ont contribué à mettre en place ne sera totalement supprimé : « Une France nouvelle est née de la souffrance. Les éléments d’antan, quelles que soient leurs qualités, y retrouveront un esprit nouveau et devront en tenir compte. On ne traitera pas la France de 1945 comme celle de 193852. »

    La relance des activités maritimes et des organisations syndicales des gens de mer après la Libération (1944-1945)

    50Le 3 juin 1944, le Gouvernement provisoire de la République française, qui a succédé la veille au Comité français de libération nationale proclame la nullité des actes législatifs de l’État français. Le même jour, la flotte de commerce française est réquisitionnée. Le 27 juillet, une ordonnance annule la Charte du travail. Dans les professions maritimes, les deux corporations des pêches maritimes et de la marine de commerce vont subir le même sort. Dès l’automne 1944, les organisations syndicales se reconstituent, avec difficulté pour la FFSPM du fait de l’attitude de ses dirigeants vis-à-vis du régime de Vichy.

    La difficile reconstitution de la FFSPM

    51Lamort rencontre Ehlers en novembre 1944. Ce dernier lui propose de rejoindre la FNSM, en argumentant que cela permettrait d’éviter toute épuration. Lamort rejette la proposition d’Ehlers pour deux raisons : la FNSM est une fédération de salariés alors que les pêcheurs membres de la FFSPM sont des producteurs et des artisans, et il n’envisage pas de collaborer avec les éléments communistes de la FNSM :

    « La CGT (Fédération des syndicats maritimes) propose aux deux fédérations de faire la fusion. J’ai exposé à Eugène Ehlers que cela me paraissait bien difficile étant donné que la CGT a surtout à s’occuper des salariés et que nous, nos commettants étant avant tout des producteurs et des artisans, nous n’avions pas du tout les mêmes problèmes à résoudre. Je lui ai dit en outre que je n’étais pas sans crainte de l’action de certains éléments de sa fédération avec lesquels il nous serait difficile de nous entendre, sinon impossible. »

    52La fusion avec la CGT a pourtant quelques partisans au sein de la FFSPM dont le secrétaire général de l’UPM, Perdraut, qui écrit : « Personnellement je suis partisan de la fusion avec Ehlers car si nous nous séparons nous ferons de part et d’autre un travail épuisant et stérile. De plus, nous aurons besoin de faire de la surenchère avec la maison d’en face. […] Allons-nous revenir aux méthodes surannées et timides d’avant-guerre ? » Perdraut n’est pas écouté, et la FFSPM est relancée à la fin de 1944. Elle est désormais implantée sur tout le territoire et totalement indépendante de la CFTC. Mais cette reconstitution est entravée par les attaques contre Lamort qui doit s’expliquer sur son comportement pendant la guerre53.

    53Parallèlement à ses activités au sein de la corporation des pêches, Lamort a participé à la Résistance, tout d’abord de manière individuelle. Il a camouflé des navires réquisitionnés par les Allemands, refusé en juin 1942 de participer au Comité ouvrier de secours immédiat fondé à la suite du bombardement de Boulogne-sur-Mer par l’aviation anglo-américaine le 3 mars 1942 et dont l’action était d’apporter une aide d’urgence aux victimes des bombardements, grâce à des dotations accordées par les occupants, dotations provenant de la saisie des biens des juifs. Il a ensuite aidé au camouflage de jeunes réfractaires du Service du travail obligatoire instauré par Pierre Laval. En 1943, il entre dans un mouvement de résistance, l’Organisation civile et militaire. Il devient chef du groupe de Langrolay-sur-Rance dans les Côtes-du-Nord, où il s’est réfugié après avoir dû quitter Saint-Servan à la demande des Allemands. Il organise la résistance entre Dinan et Dinard avec les groupes voisins. Le commandant Le Tessier, en charge du secteur de résistance et des Forces françaises de l’intérieur de Trigavou, atteste dans une lettre que Lamort est « un résistant militant de la première heure, qui a su organiser son activité anti-vichyssoise suivant les directives de Londres ». Mais cette participation incontestable à la Résistance n’évite pas à Lamort des attaques à propos de sa forte implication dans la corporation des pêches. Mis en cause à partir du début de l’année 1945, il assume son comportement. Dès le 11 janvier, il écrit au secrétaire général de la marine marchande :

    « Vous avez le droit de savoir pourquoi j’ai pu m’associer à cette œuvre et qu’elle y a été mon attitude. Pourquoi ? Tout d’abord parce qu’un grand nombre de pêcheurs me l’avaient demandé, ensuite parce que j’estimais trahir la cause des pêcheurs en me réfugiant dans une retraite bien tranquille et sans risques, les abandonnant ainsi à une équipe de gens sans compétence et sans aucun patriotisme que l’amirauté eut certainement trouvé comme le ministère du Travail l’a fait pour l’application de la Charte. Enfin, parce que j’ai eu la possibilité d’influer sur cette corporation et maintenir à ses dirigeants sur la côte un véritable esprit de résistance54. »

    54À la fin du mois de janvier, il part en tournée dans les ports du Finistère pour donner des explications sur sa conduite pendant la guerre et relancer les syndicats. Mais les attaques prennent de l’ampleur et Lamort doit comparaître devant la Commission nationale de reconstitution des organisations syndicales instituée par l’ordonnance du 27 juillet 1944. Composée de cinq représentants de la CGT et de deux de la CFTC, la Commission nationale de reconstitution des organisations syndicales fonctionne du 18 octobre 1944 au 15 mars 1946. Elle travaille sur des directives établies d’un commun accord le 2 octobre 1944 par les bureaux de la CGT et de la CFTC : la déchéance syndicale s’impose pour tous les militants ayant collaboré à la rédaction de L’Atelier, d’Au travail, ou de journaux similaires, ou ayant appartenu au Centre de propagande ouvrière, au Centre d’information ouvrière et syndicale, ou au Comité ouvrier de secours immédiat. Concernant la participation aux organismes de la Charte, il est rappelé que des directives ont été données aux militants sur les syndicats uniques. Au total plus de trois cents sanctions seront prises.

    55Dans son dossier personnel sur ses activités entre 1940 et 1944, Lamort écrit :

    « La Corporation des pêches a été, dans son ensemble, une vaste organisation résistante de fait, à la fois au Gouvernement de Vichy et aux Allemands. Si, au travers des comptes rendus des réunions et des discussions, il sera assez difficile à l’historien qui voudra s’en charger de découvrir cette résistance, cela tient à ce que les comptes rendus ont été soigneusement “neutralisés” et “édulcorées” pour que les tenants de la Dictature ne soient pas offensés et que ceux qui avaient osé dire leur façon de penser faire de l’opposition ne soient pas inquiétés. […] La corporation n’est pas une création de Vichy sur le plan économique car elle était en gestation depuis 1935 par la constitution de sept comités économiques, professionnels et interprofessionnels qui avaient reçu une existence légale par le décret du 24 mai 1938. Elle n’a pas comme la corporation agricole, participé administrativement au régime des impositions et des prélèvements allemands. Elle s’est au contraire trouvée en opposition envers le ministère de l’Économie nationale et du ravitaillement. À l’encontre de la Charte du travail, elle était démocratique dans le choix de ses dirigeants à tous les stades, puisqu’ils étaient élus à partir de la base, c’est-à-dire des ports55. »

    56Il est nécessaire de rappeler ici l’article 11 de la loi du 13 mars 1941 qui prévoit que les membres du Comité central corporatif des pêches « sont désignés par le secrétaire d’État à la Marine sur proposition des Unions régionales » et non pas élus par les pêcheurs. Or une seule union régionale a existé, et il est établi que les membres du comité national ont été nommés par le secrétaire d’État à la marine, ce qui n’a rien de « démocratique ». Là où l’on peut être d’accord avec Lamort, c’est que sur le plan économique, la corporation n’est en effet pas une création de Vichy et qu’elle se situe dans la continuité des structures créées avant guerre. L’engagement de Lamort dans cette institution ne s’explique-t-il pas tout simplement par le fait qu’il croyait à son bien-fondé, à l’exception vraisemblable de l’instauration des syndicats uniques ? Aucune sanction ne sera finalement prise à son encontre.

    57Dès décembre 1944, le père Lebret fait part de son sentiment sur l’avenir du syndicalisme chrétien dans les pêches maritimes. Il écrit à Lamort :

    « Ou bien vous réussissez à refaire le groupement de l’artisanat, d’une part dans votre fédération, d’autre part par des ententes stables avec les syndicats de l’Océan. Si vous échouez dans votre tentative, quelques syndicats CFTC se constituent, soit sous la poussée de la CFTC, soit sous la poussée des aumôniers. [Dans ce cas], vous trouvant à peu près libéré pour un temps de la bataille syndicaliste, le problème essentiel serait la formation des futurs aumôniers et des futurs cadres. »

    58Début janvier 1945, D. Belaud, collaborateur du Secrétariat social maritime, est confiant car il estime que la CGT n’est pas capable de s’occuper des pêcheurs artisans :

    « Elle groupe dans la fédération d’inscrits des marins de la marine de commerce et des marins de la pêche. Ce n’est pas du tout la même chose et les intérêts des deux catégories sont parfaitement opposés. […] À ma connaissance, il n’y a à la CGT aucun homme prêt à mener la lutte et à grouper les pêcheurs artisans. Seul Guénédal est capable de le faire pour les pêcheurs industrialisés. »

    59La FFSPM, qui avant guerre n’était implantée que sur les côtes de la mer du Nord, de la Manche et l’Atlantique, s’implante sur le littoral méditerranéen. En décembre 1944, un référendum lancé par Perdraut au sein des syndicats membres de l’UPM donne les résultats suivants : 16 ports optent pour l’adhésion à la CGT, 16 pour l’affiliation à la FFSPM et les 5 autres sont indécis. En Algérie, l’ancien président de la corporation des pêches, Étienne Rey, a constitué l’Union des pêcheurs algériens. Fin 1944, il déclare regrouper la moitié des pêcheurs algériens. Le 15 juin 1945, l’UPA demande à adhérer à la FFSPM. Afin de permettre son accueil ainsi que celui de l’UPM, les structures de la fédération sont réformées avec la création d’unions régionales56.

    60Les 2 et 3 août 1945 se tient à Rennes la première assemblée générale de la FFSPM depuis 1939. 72 syndicats sont représentés : 8 pour l’union du Nord, 5 pour celle du Morbihan, 20 pour celle de Bretagne et Norman-die, 22 pour l’UPM et 17 pour l’UPA. Plus de la moitié des syndicats adhérents se trouvent sur les côtes de la Méditerranée. La FFSPM ne tente pas pour le moment de s’implanter en Vendée et autour de Lorient, où la Fédération des pêcheurs à la part de l’Océan est en cours de réorganisation :

    61Firmin Tristan, qui a voté les pleins pouvoirs à Pétain en juillet 1940, est contraint de se retirer de la vie politique et syndicale. Il est remplacé à la tête de la fédération par Adrien Charrier. Celle-ci regroupe les syndicats de pêcheurs thoniers et sardiniers de Concarneau, Groix, Port-Louis, Les Sables-d’Olonne, l’île d’Yeu et celui de la pêche au large de Douarnenez57.

    62Durant l’assemblée générale, Lamort explique une nouvelle fois « les raisons, écrites dans les faits, de la nécessité dans laquelle se sont trouvés les dirigeants des syndicats aussi bien que la fédération, de participer à l’organisation corporative afin que soient sauvegardées les libertés essentielles des pêcheurs, en même temps que la vie de l’industrie des pêches ». Il revient aussi sur les critiques faites à la corporation par les pêcheurs :

    « Je sais que beaucoup de pêcheurs n’ont pas compris le travail que nous avons fait pour eux, le bien que nous avons pu leur procurer et surtout les maux que leur avons évités par notre présence à la Corporation des pêches. […] Ils n’ont pas compris et nous accusent encore souvent d’être à la base de leurs difficultés. Ce n’est pas de notre faute et ce n’est pas non plus tout à fait la leur, puisque nous n’avons jamais eu un seul journal pour dire aux gens de la côte ce que nous faisions pour eux. Eussions-nous eu ce journal que nous n’eussions pas été plus avancés, puisque la censure eût empêché de dire la vérité. Même par la parole, il nous a été impossible de découvrir notre action sans risquer de se faire ramasser par la Gestapo ou la Milice. »

    63Il est réélu secrétaire général et trésorier de la FFSPM, qui n’a plus de journal, car le titre La Voix du marin, repris pendant la guerre par l’UPM, n’est plus utilisable. La Voix du marin sera en partie remplacée par le journal Le Marin dont le premier numéro paraît le 17 octobre 1946 et dont la ligne éditoriale est très proche dans les premiers numéros des positions défendues par la FFSPM, ce qui lui vaut des critiques de la FNSM. Au niveau financier, la relance de l’activité n’est possible que grâce à une avance du Secrétariat social maritime de 188 000 francs58.

    64L’assemblée générale de 1945 marque aussi la rupture définitive avec la CFTC avec la suppression dans les statuts de la FFSPM de ce qui concerne l’adhésion à la CFTC. Toute collaboration est devenue impossible notamment du fait de l’attitude de Lamort pendant la guerre. Alors que les dirigeants de la FFSPM envisagent la relance d’une fédération autonome de syndicats professionnels de marins, avec en son sein, une union des syndicats CFTC pour ceux qui ne répugnent pas à prendre une étiquette confessionnelle, les discussions entre Lamort et Gaston Tessier, secrétaire général à la CFTC, se passent très mal. Ce dernier demande en effet à Lamort son dossier de résistant, ce à quoi celui-ci répond « qu’il a fait de la résistance qui aurait pu lui coûter la vie, et qui était moins confortable que celle que l’on faisait, comme M. Gaston Tessier, dans le fauteuil d’une compagnie d’assurance où l’on était grassement payé ». De plus, il existe une opposition d’intérêts entre les producteurs que sont les pêcheurs et les consommateurs même membres de la CFTC qui souhaitent la baisse du prix des produits de la mer. Pour toutes ses raisons, Lamort écrit en janvier 1946 que toute collaboration avec la CFTC lui paraît dorénavant impossible :

    « Quant aux syndicats CFTC de pêcheurs, j’y crois de moins en moins car en plus des questions de la doctrine économique que nous ne voyons pas sous le même angle, l’entrevue que j’ai eue entre deux portes avec Gaston et son grand second Bouladoux, a créé une question de personne. Tessier sera désormais pour moi un monsieur avec lequel je n’aurai ni intérêt, ni plaisir à parler59. »

    65Fin 1945, la FFSPM revendique 10 800 adhérents regroupés dans 84 syndicats60. En dépit de ces effectifs importants, son existence n’est pas assurée en raison de l’hostilité à son égard de la FNSM. Le 26 décembre 1945, Lamort adresse une longue lettre au secrétaire général de la marine marchande. Il y expose « la façon dont est comprise ou plus exactement incomprise la liberté syndicale à la fois pas les organisations maritimes appartenant à la CGT et par certains fonctionnaires de la Marine, atteignant même l’échelon de directeur de l’Inscription maritime ». À partir d’exemples précis, Lamort montre que selon lui « une dictature syndicale est née », avec l’imposition aux pêcheurs d’une carte syndicale de telle ou telle couleur pour obtenir des engins de pêches et des vêtements de travail. À Grand-Fort-Philippe, 500 bons de bleus de travail ont été répartis ainsi en avril : 460 au syndicat CGT et seulement 40 au syndicat FFSPM qui compte 300 adhérents. En novembre, dans le même port, des couvertures et vêtements en peau de lapin ont été remis aux pêcheurs seulement s’ils étaient syndiqués. À la mi-décembre, au Tréport, le président de la commission du port, membre de la CGT, a annoncé que les adhérents du syndicat FFSPM seraient exclus des distributions de matériel supplémentaire à partir de janvier. Lamort exige donc « qu’à la dictature de Vichy ne succède pas une dictature syndicale quelconque61 ».

    La domination sans partage des fédérations CGT d’inscrits maritimes

    66Dès septembre 1944, les responsables du syndicat national des marins de la France libre entrent en contact avec la FNSM tout juste relancée. Un programme d’activité est arrêté :

    « Fixation de la durée des congés exceptionnels dans la marine marchande, relève à bord des navires, prise en charge du personnel par la Marine marchande, demande d’augmentation des salaires et des pensions, épuration dans la marine marchande, développement et reconstitution de la flotte et retour de cette flotte à la nation par sa nationalisation62. »

    67Au sein de la fédération, l’heure est à l’union entre les non-communistes, avec à leur tête Eugène Ehlers, et les communistes dont le leader est Augustin Gruénais, résistant de la première heure, qui a participé en juillet 1944 à la rédaction à Londres d’une Charte internationale des gens de mer, en compagnie de représentants syndicaux de douze autres pays. Ehlers n’est nullement inquiété pour avoir appartenu quelques mois au Conseil national de Vichy. Le 23 novembre 1944, il est nommé au sein de la commission qui procède à l’épuration des fonctionnaires des services de la Marine marchande. Selon Belaud du Secrétariat social maritime, « il est bien certain que l’homme qui a fait passer à la barre les directeurs du ministère n’est pas un petit personnage, et […] il parle en maître au ministère63 ». Mais il est isolé au sein de la FNSM : Pasquini est décédé en mai 1940 et Ferri-Pisani, déporté, est alors donné pour mort et ne reviendra à Marseille qu’à la fin de l’été 194564.

    68Le premier congrès de la FNSM depuis 1938 se tient à Paris du 10 au 12 octobre 1945. 97 syndicats sont alors affiliés à la fédération. Ils se situent non seulement en France, mais aussi en Afrique du Nord, avec 9 syndicats en Algérie, 1 au Maroc et 1 au Sénégal. Les syndicats de pêcheurs sont très largement majoritaires et représentent 70 % des organisations affiliées, dont plus de 20 % pour les seuls syndicats du Finistère. Au total, la FNSM déclare grouper plus de 50 000 adhérents, qui doivent régler des cotisations mensuelles élevées : 30 francs pour les marins de commerce à terre, en réserve ou en disponibilité, 50 francs pour les marins de commerce embarqués, 30 francs pour les pêcheurs artisanaux et 50 francs pour les marins de la pêche industrielle, contre 5 francs pour les ouvriers des métaux et similaires. La résolution générale votée par le congrès concerne principalement la reconstitution rapide d’une flotte de commerce : elle demande en effet que l’ensemble des navires soit géré par les transports maritimes pour le compte de l’État, que des dispositions soient prises pour la location d’au moins deux millions de tonnes de navires pour une période de deux à cinq ans, la récupération des navires français qui se trouvent encore à l’étranger, la cession des navires allemands à la France et l’établissement et l’exécution immédiate d’un programme de reconstruction des ports, chantiers de réparations et de construction. Le nouveau conseil national marque un renouvellement quasi complet des dirigeants de la FNSM. Des responsables d’avant-guerre, seul Ehlers est réélu. Reconduit dans ses fonctions de secrétaire général, il est entouré de deux secrétaires adjoints : Gruénais, chargé du commerce et Bodéré, chargé de la pêche65.

    69En décembre, le secrétaire du syndicat des marins de Bordeaux, Durand, est exclu de la FNSM pour avoir envoyé en janvier 1942 une carte interzone à Pétain dans laquelle il demande la prise de sanctions contre de Rouville, haut fonctionnaire du Service des phares et balises, qui a tenté de quitter la France en juin 1940 à bord du baliseur Charles Rivière. De Rouville n’est pas parvenu à quitter la France car l’équipage du baliseur a refusé de prendre la mer. En représailles, il a licencié les marins du Charles Rivière. Durand reconnaît l’authenticité de la carte. Il dit avoir agi à la demande des membres et affirme de ne pas regretter son geste. Il fait état de son activité résistante pendant l’Occupation. Une commission d’enquête, nommée par le congrès, se rend à Bordeaux où elle ne trouve aucune trace des actes de résistance de Durand qui a été membre du conseil départemental de la Gironde nommé par le régime de Vichy66.

    70Si la FNSM n’est pas parvenue à obtenir une fusion avec la FFSPM, elle peut se réjouir de la constitution en mai 1945 de la Fédération nationale des syndicats d’officiers de la marine marchande, affiliée à la CGT. Dès l’été 1944, sur l’initiative de Thorée de Rouen, est lancé le projet d’une fédération syndicale unique. Dans l’appel lancé, un bilan de la corporation de la marine de commerce est fait :

    « Nous ne sommes pas indulgents pour la corporation, même si nous reconnaissons les avantages qu’elle nous a procurés. […] Nous ne sommes pas sans porter un jugement sévère sur son organisation. Elle nous divise à l’extrême : syndicat par catégories et par compagnies, et en fait elle nous a empêchés d’exprimer librement nos opinions. De plus, elle nous a assujettis à l’État67. »

    71La proposition d’unité reçoit très vite l’accord des trois fédérations membres de la CGT et du syndicat national des officiers de la marine marchande constitué en 1943 à Alger. En décembre, un bureau provisoire de trois membres est désigné. En font partie Jean Miniou, officier mécanicien du Havre, Lucien Degrandsart, secrétaire général de la Fédération des officiers radiotélégraphistes et Simon de Lanfranchi, capitaine au long cours de Marseille, qui a participé comme Degrandsart aux organismes de la corporation de la marine de commerce68.

    72Le congrès constitutif de la Fédération nationale des syndicats d’officiers de la marine marchande se tient du 3 au 5 mai 1945 à Paris. Y sont représentés les trois fédérations d’officiers adhérents à la CGT, la Fédération des syndicats de capitaines au long cours, les syndicats de médecins et de commissaires de la marine marchande, le syndicat des capitaines au long cours de la Manche dont l’affiliation fait l’objet d’un long débat car pour certains il est le prolongement d’un syndicat corporatif. Au total, ces organisations regroupent plus de 4 000 officiers. Concernant la participation aux organismes mis en place par le régime de Vichy, le congrès de fondation de la FNSOMM ne prévoit des sanctions que pour les officiers « qui ont constitué, dirigé ou aidé à constituer, avant la loi du 27 mars 1942, des organismes corporatifs, et de ce fait travaillé à la destruction de la liberté syndicale, après avoir pris leurs directives à Vichy ».

    73Dès le premier jour du congrès, les fédérations existantes proclament leur dissolution. Seule reste à l’écart de cette fusion la Fédération des syndicats de pilotes de France. La FNSOMM est constituée de syndicats uniques par port, avec la possibilité de créer des sections et sous-sections par spécialité professionnelle. Les cotisations mensuelles sont fixées à 30 francs pour les élèves officiers, 50 francs pour les membres non navigants, 100 francs pour les capitaines et seconds, chefs mécaniciens et seconds, les commissaires et les docteurs navigants et 80 francs pour les autres officiers navigants. La fédération est dirigée par un conseil national de 21 membres comprenant neuf représentants des officiers de pont dont un capitaine à la pêche industrielle, sept des officiers mécaniciens, trois des officiers radiotélégraphistes, un des commissaires et un des médecins ; et par un bureau fédéral de trois personnes avec obligatoirement un officier de pont, un mécanicien et un radiotélégraphiste. En sont membres Degrandsart, Henri-Jean Bouchaud, jusque-là président du syndicat national des officiers de la marine marchande de la France libre et Miniou, qui est élu secrétaire général69.

    74Les résolutions votées par le congrès concernent la nationalisation de la marine marchande, la priorité à donner à celle-ci dans certains chantiers de construction ou de reconstruction, l’établissement de relations entre le ministère de l’Air en vue de coordonner les transports maritimes et aériens, la création d’un ministère de la Marine marchande, la réforme complète de la législation concernant l’enseignement technique et l’apprentissage maritime, l’augmentation des pensions. La FNSOMM réclame également l’application rapide du décret du 22 janvier 1945 fixant le régime provisoire de réquisition des marins du commerce.

    75À l’automne 1945, les deux fédérations CGT des gens de mer, tout comme la FFSPM demandent la reconstitution rapide de la flotte marchande française et des flottilles de pêche décimées par les années de guerre, et la remise en état des ports, afin que les activités maritimes puissent redémarrer.

    La situation de la marine marchande et des pêches maritimes à la fin de la guerre

    76À la fin de la guerre, nombreux sont les ports français fortement endommagés. Si celui de Dieppe, choisi par les Anglo-Américains pour y décharger les navires de ravitaillement, est rendu opérationnel quelques jours après sa libération le 1er septembre 1944, celui de Dunkerque, libéré le 9 mai 1945 et encombré par plus de 200 épaves, n’est totalement opérationnel qu’en août 194670. Quand les ports ont échappé aux destructions, ils sont inutilisables car les chenaux sont obstrués par des navires coulés, comme à Bordeaux ou à Nantes. La flotte de commerce a perdu les deux tiers de son tonnage. Le gouvernement lance donc un programme de remise en état des installations portuaires et d’acquisition de navires et instaure un système permettant aux marins sans embarquement de survivre et d’être rapidement disponibles.

    77Les flottilles de pêches ont également beaucoup souffert. Tout en favorisant la construction de nouveaux bateaux, l’État procède à la réorganisation des pêches maritimes. Un décret du 20 janvier 1945 prononce la dissolution du Comité central corporatif et des comités interprofessionnels. L’ordonnance du 14 août 1945 établit « les bases d’une organisation rationnelle et efficace des pêches maritimes ». Dans l’exposé des motifs, il est noté que la nouvelle architecture s’inscrit dans la continuité du décret-loi du 24 mai 1938. « Elle retient l’idée des ententes professionnelles dont la création spontanée, dès 1935, répondait à une nécessité si impérieuse que le législateur en 1938 dut en légaliser et en généraliser l’existence. » Les comités locaux de pêche constituent la base de la nouvelle organisation. Y siègent des représentants des armateurs et des équipages des bateaux armés à la part et ceux dont les marins bénéficient d’un minimum de salaire garanti, désignés par les syndicats professionnels. Les 47 comités locaux qui seront créés sont chargés de la création et de la gestion des services collectifs de nature à aider l’armement à la pêche, de prendre des mesures de nature à favoriser la vie sociale de leurs membres, d’améliorer la formation professionnelle et de procéder à la répartition des combustibles et des engins de pêche tant que ces fournitures donneront lieu à répartition. Au niveau national est institué un Comité central des pêches maritimes, composé de membres nommés par le ministre sur proposition des organisations syndicales représentatives. Ses missions sont d’étudier toutes les mesures d’ordre général, de coordonner les comités locaux et les comités interprofessionnels, de proposer les mesures tendant à améliorer les procédés d’exploitation des navires, les méthodes de pêches, les moyens d’écoulement et de vente des produits de la mer. Des comités interprofessionnels, dont les membres sont désignés sur proposition des organisations représentatives, peuvent être institués dans les différentes branches des pêches maritimes par le ministre chargé de la Marine marchande. Leur rôle est principalement économique : ils peuvent proposer des mesures propres à assurer l’exercice rationnel de la pêche et l’amélioration des conduits de vente des produits de la mer, fixer les dates d’ouverture et de fermeture des campagnes, déterminer le nombre de navires admis à pratiquer les pêches, fixer le minimum de qualité des produits71.

    78La comparaison des dispositifs de 1941 et 1945 montre clairement que celui institué en 1945, étendu par un décret du 21 novembre 1946 à la conchyliculture, est très proche de l’organisation corporative mise en place par l’État français. La différence fondamentale se trouve dans la substitution aux syndicats locaux et obligatoires des organisations syndicales représentatives au plan national72. La première réunion du Comité central se tient le 7 décembre 1945. Sur les 28 sièges réservés aux représentants des pêcheurs, la FNSM en occupe quinze contre sept pour les armateurs à la pêche industrielle, trois à la FFSPM et trois à la Fédération des pêcheurs à la part de l’Océan. Et c’est à un membre de la FNSM, Bodéré, que revient le poste de vice-président réservé aux organisations syndicales.

    79Afin de remplacer les bateaux perdus pendant la guerre, une procédure prévoit l’estimation de la valeur de ces navires et leur remboursement en nature par la fourniture de nouveaux bateaux payés par l’État. Ce système permet la modernisation de la flotte de pêche. L’importance des prises réalisées dès 1945-1946 par les navires disponibles permet le retour rapide à la liberté des prix de vente du poisson73. Si les pêches maritimes retrouvent assez vite une activité normale, il n’en est pas de même pour la marine de commerce.

    80En 1945, le tonnage de la marine de commerce française n’est plus que de 850 000 tonneaux contre près de 3 000 000 en 1939. Les deux tiers des cargos, les trois quarts des pétroliers sont détruits74. Les deux priorités de l’heure sont la reconstitution de la flotte et la mise en place d’un dispositif pour que les inscrits non embarqués puissent survivre, tout en restant prêts à reprendre la mer. L’ordonnance du 3 juin 1944 a prorogé la réquisition des navires marchands effective depuis septembre 1939. Un décret du 22 janvier 1945 fixe le mode de gestion des inscrits maritimes concernés. Pour parer au chômage, un roulement semestriel est mis en place avec trois catégories pour les navigants en attente d’embarquement : ceux en position d’appel différé pouvant exercer un métier à terre, ceux en position de réserve qui doivent être disponibles sous un mois maximum et qui touchent une indemnité de réquisition égale à la moitié du salaire minimum d’embarquement de leur catégorie, et ceux en disponibilité qui reçoivent le salaire minimum complété de l’indemnité de nourriture et d’une indemnité exceptionnelle. Le nombre d’inscrits et d’agents du service général en position de réserve ne peut excéder 8 000 et ils ne peuvent cumuler l’indemnité de réserve et leur éventuel salaire que jusqu’au montant du salaire minimum d’embarquement. La mise en position de disponibilité est réservée en priorité à certains marins : d’abord à ceux qui ont rejoint la France libre avant le 3 juin 1943, puis à ceux embarqués en Afrique du Nord ou dans les colonies après le 8 novembre 1942, et enfin à ceux évadés par l’Espagne et ayant combattu dans les FFI au moment de la Libération75.

    81Un plan quinquennal de reconstitution de la flotte est adopté. Plusieurs voies sont explorées. Tout d’abord, une partie des navires dont les Allemands s’étaient emparés est récupérée dès le second semestre 1945 : quatre pétroliers, deux caboteurs, dix remorqueurs, quatorze paquebots ou cargos, ainsi que des chalutiers. Une autre solution réside dans l’achat de bateaux à l’étranger. Vingt-trois navires sont ainsi acquis dès 1945. En mai 1946, le gouvernement français achète soixante-quinze Liberty Ships, des bateaux américains construits en série pendant la guerre, qui sont répartis entre les lignes régulières et les transports de marchandises pondéreuses. À la même période, la France obtient sur les réparations de guerre dues par l’Allemagne six navires : cinq cargos et le paquebot Europa, qui est rebaptisé Liberté. Enfin, les navires coulés sont renfloués quand cela est possible. Entre 1944 et 1946, quarante-huit bateaux sont ainsi remis en état76. Dès l’hiver 1945-1946, la reconstitution de la flotte de commerce française est en bonne voie. Se pose alors la question de son mode de gestion. Les organisations syndicales sont en effet décidées à obtenir la nationalisation des transports maritimes.

    82En effet, à l’automne 1945, les deux fédérations CGT publient un rapport sur la nationalisation de la marine marchande. Après avoir dénoncé les carences de l’armement maritime français et les multiples aides financières dont celui-ci bénéficie, les deux fédérations CGT se refusent à être plus longtemps « complices de cette socialisation à rebours qui consiste à piller la nation pour le plus grand profit de quelques-uns ». Elles réclament donc la nationalisation de la marine marchande, « moyen indispensable à son relèvement et à sa grandeur ». Les buts recherchés sont « de rendre à l’industrie maritime son caractère national, de redonner à cette forme professionnelle l’initiative personnelle et la concurrence, conditions essentielles du progrès et de redonner aux travailleurs le goût de leur travail, sous forme concrète, non verbale, mais matérielle ». Seraient concernés par cette mesure

    « […] tous les armements maritimes possédant ou gérant des bâtiments de mer effectuant des transports maritimes, à l’exception des navires de moins de 500 tonnes de port en lourd armés au petit cabotage et des navires de moins de 300 tonnes de port en lourd armés au petit cabotage international, quels que soient les statuts particuliers de ces armements ».

    83Ce projet ambitieux n’est pas « une fin en soi, mais un moyen. Le moyen de donner à notre pays la flotte dont il est digne et à tous nos camarades l’outil rude et fier de la grandeur française77 ».

    84Effrayés par les propositions contenues dans ce rapport, les armateurs se mobilisent immédiatement. Selon eux,

    « […] la nationalisation de la marine marchande ne profiterait ni à l’État, ni aux usagers, ni, nous en sommes fermement convaincus, à ceux qu’elle emploie sur terre et sur mer. Elle compromettrait le fonctionnement d’une industrie dont la caractéristique essentielle est d’être internationale, et qui ne vit qu’à la condition de s’adapter aux besoins sans cesse mouvants de l’activité commerciale dans le monde. Elle constituerait une erreur économique qu’en définitive le pays paierait très cher78. »

    85Le débat est lancé et il ne se refermera qu’avec l’adoption de la loi du 28 février 1948 portant organisation de la Marine marchande.

    Notes de bas de page

    1 Marc Seibène, Jean-Yves Brouard et Guy Mercier, La marine marchande française (1939-1940), Nantes, Marines Édition, 1996, p. 6 et 7.

    2 Georges Lefranc, op. cit., p. 386.

    3 Syndicats, 22 septembre 1939.

    4 AD G 1M611 et AD BDR 1M919, inscrits maritimes de Bordeaux et de Marseille, 1939 et Syndicats, octobre 1939.

    5 Le Travailleur de la mer, novembre 1939 à février 1940.

    6 AD G 1M611, inscrits maritimes de Bordeaux, 1939 et Le Travailleur de la mer, octobre-décembre 1939.

    7 Le Travailleur de la mer, janvier-février 1940.

    8 Le Travailleur de la mer, mars-avril 1940.

    9 Le Travailleur de la mer, mai-juin 1940.

    10 Entretien téléphonique avec Augustin Gruénais le 2 juillet 1998.

    11 Marie-Pierre Delaban, op. cit., p. 454-459.

    12 Emmanuel Charpin, op. cit., p. 83 et Le Travailleur de la mer, septembre 1945.

    13 Franck Boitelle, La mer en partage, témoignages de marins-pêcheurs. Dieppe-Fécamp-Boulogne (1920-1970), Luneray, Éditions Bertout, 1999, p. 78-79 et Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français.

    14 Constant Friconneau, op. cit., p. 139-142.

    15 Georges Lefranc, Les expériences syndicales en France de 1939 à 1950, Paris, Aubier, 1950, p. 38-45 et Carole Saudejaud, Le syndicalisme chrétien sous l’Occupation, Paris, Perrin, 1999, p. 21-41.

    16 Isabel Boussard, Vichy et la Corporation paysanne, Paris, Presses de la FNSP, 1980.

    17 Michèle Cointet, Le conseil national de Vichy. Vie politique et réforme de l’État en régime autoritaire (1940-1944), Paris, Aux Amateurs de livres 1989, p. 77-116 et 253.

    18 AN 50AS3, relations avec la FNSM CGT, 1941 et AN 45 AS 14, assemblée générale de la FFSPM, 1945.

    19 AN 50AS28, relations avec le syndicat d’Étaples-sur-Mer, 1940.

    20 La Voix du marin, janvier-février 1941.

    21 La Voix du marin, mars 1941.

    22 Rémy Debeauvais et Claude Vauclare, « De la corporation à l’interprofession : l’exemple des pêches maritimes », Économie et Humanisme, n° 287, janvier et février 1986, p. 9-16.

    23 AN 45AS26, Secrétariat social maritime, 1941.

    24 La corporation des pêches maritimes. Documents, 1941, p. 3-7 et 41-48.

    25 AN 45AS14, correspondance avec Lebret, février1945.

    26 Jean-Pierre Le Crom, Syndicats nous voilà !, Vichy et le Corporatisme, Éditions de l’Atelier, 1995, p. 200.

    27 Constant Friconneau, op. cit., p. 130-131.

    28 Jean-Pierre Le Crom, « La profession aux professionnels : la loi du 4 octobre 1941 sur l’organisation sociale des professions, dite Charte du travail », Jean-Pierre Le Crom (dir.), op. cit., p. 143-163.

    29 Voir l’attitude des responsables de la Fédération du livre CGT dans Jean-Pierre Le Crom, « La Fédération du Livre face au régime de Vichy : entre réalisme et opportunisme », Le Mouvement social, n° 189, octobre-novembre 1999, p. 7-26.

    30 Georges Lefranc, op. cit., p. 68-129 et Carole Saudejaud, op. cit., p. 259-302.

    31 AN 50AS7, mission pour la corporation des pêches maritimes, 1941.

    32 AN 45AS18, prud’homies de pêche, 1942 et La Voix du marin, mars 1941 à juin 1942.

    33 AN 45AS24, rapport d’activités de l’UPM, 1943. Sur l’histoire des écoles d’apprentissage maritime, voir Denis Biget, Histoire des écoles de pêche maritime. Contribution à une ethno-sociologie des populations littorales, Spézet, Coop Breizh, 1997.

    34 La Voix du marin, décembre 1941 et novembre-décembre 1943.

    35 AN 50AS26 et 32, relations avec les syndicats du Conquet et de Lorient.

    36 AN 50AS7 et 29, mission de Lamort sur la côte mai-août 1941.

    37 AN 50AS24 à 37, relations avec les syndicats locaux, 1941-1942.

    38 AN 50AS7 et 31, mission d’inspection dans le Nord et le Pas-de-Calais, février-avril 1943.

    39 AN 45 AS 21, corporation des pêches algériennes, 1943 et 50 AS 30, relations avec le syndicat d’Alger, 1944.

    40 Secrétariat d’État à la Guerre, La corporation des pêches maritimes, Paris, Conférences sur l’œuvre de la France nouvelle, 1943, p. 11.

    41 Isabel Boussard, op. cit., p. 369-370.

    42 Rémy Debeauvais et Claude Vauclare, op. cit., p. 12-13.

    43 Marie-Pierre Delaban, op. cit., p. 423-426.

    44 Professions maritimes, 1942.

    45 Jacques Marchegay, op. cit., p. 29.

    46 AN 52AS372, rapport d’activités de l’année 1942.

    47 Professions maritimes, année 1943.

    48 Professions maritimes, année 1943.

    49 AN 52AS446, législation, 1943.

    50 Marie-Pierre Delaban, op. cit., p. 410-411.

    51 Jean-Pierre Le Crom, Syndicats nous voilà!…, op. cit., p. 388.

    52 La Voix du marin, mai-juin 1944.

    53 AN 50AS30 et 39, relations avec le syndicat de Granville et l’Union des pêcheurs méditerranéens, 1944.

    54 AN 45AS15, dossier de résistant de Lamort et AN 50AS19, carte de membre de Lamort de la Fédération des anciens de la Résistance et états de service.

    55 AN 50AS19, dossier personnel de Lamort sur ses activités pendant l’Occupation.

    56 AN 50AS39, relations avec les syndicats avec l’Union des pêcheurs méditerranéens et l’Union des pêcheurs algériens, 1944-1945.

    57 AN 50AS35, relations avec le syndicat de Quiberon, 1946.

    58 AN 50AS14 et AN 45AS15, assemblée générale de la FFSPM des 2 et 3 août 1945; AN 45AS11, bilan financier de la FFSPM, 1945 et Le Marin, octobre-décembre 1946.

    59 AN 45AS13, secrétariat social maritime, 1945 et AN AS29, correspondance avec Lebret, 1946.

    60 AN 50AS1, effectifs de la FFSPM fin 1945.

    61 AN 50AS3, relations avec la FNSM CGT, 1945.

    62 Le Travailleur de la mer, septembre 1945.

    63 AN 45AS13, Secrétariat social maritime, 1945.

    64 Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français.

    65 La Voix du peuple, janvier 1946.

    66 Le Travailleur de la mer, décembre 1945 et janvier 1946.

    67 AN 45AS15, projet de création d’un syndicat unique des officiers de la marine marchande, 1944.

    68 AN 52AS446, législation, 1942.

    69 L’Officier de la marine marchande, juin 1945.

    70 Franck Boitelle, op. cit., p. 18-26.

    71 Archives Claude Vauclare, Brochure de présentation du Comité central des pêches maritimes, 1945.

    72 Rémy Debeauvais et Claude Vauclare, op. cit., p. 12-13.

    73 Paul ADAM, « Bouleversements des pêches contemporaines », Michel Mollat (dir.), op. cit., p. 300-301.

    74 René Girault, op. cit., p. 764-765.

    75 L’Officier de la marine marchande, juin 1945.

    76 Henri Cloarec, La marine marchande, Paris, PUF, 1949, p. 113 et Marie-Pierre Delaban, op. cit., p. 475-500.

    77 Fédération nationale des syndicats d’officiers de la marine marchande et Fédération nationale des syndicats maritimes, Rapport sur la nationalisation de la marine marchande, Paris, 1945.

    78 AN 52AS447, nationalisation de la marine marchande, 1945.

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    1 Marc Seibène, Jean-Yves Brouard et Guy Mercier, La marine marchande française (1939-1940), Nantes, Marines Édition, 1996, p. 6 et 7.

    2 Georges Lefranc, op. cit., p. 386.

    3 Syndicats, 22 septembre 1939.

    4 AD G 1M611 et AD BDR 1M919, inscrits maritimes de Bordeaux et de Marseille, 1939 et Syndicats, octobre 1939.

    5 Le Travailleur de la mer, novembre 1939 à février 1940.

    6 AD G 1M611, inscrits maritimes de Bordeaux, 1939 et Le Travailleur de la mer, octobre-décembre 1939.

    7 Le Travailleur de la mer, janvier-février 1940.

    8 Le Travailleur de la mer, mars-avril 1940.

    9 Le Travailleur de la mer, mai-juin 1940.

    10 Entretien téléphonique avec Augustin Gruénais le 2 juillet 1998.

    11 Marie-Pierre Delaban, op. cit., p. 454-459.

    12 Emmanuel Charpin, op. cit., p. 83 et Le Travailleur de la mer, septembre 1945.

    13 Franck Boitelle, La mer en partage, témoignages de marins-pêcheurs. Dieppe-Fécamp-Boulogne (1920-1970), Luneray, Éditions Bertout, 1999, p. 78-79 et Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français.

    14 Constant Friconneau, op. cit., p. 139-142.

    15 Georges Lefranc, Les expériences syndicales en France de 1939 à 1950, Paris, Aubier, 1950, p. 38-45 et Carole Saudejaud, Le syndicalisme chrétien sous l’Occupation, Paris, Perrin, 1999, p. 21-41.

    16 Isabel Boussard, Vichy et la Corporation paysanne, Paris, Presses de la FNSP, 1980.

    17 Michèle Cointet, Le conseil national de Vichy. Vie politique et réforme de l’État en régime autoritaire (1940-1944), Paris, Aux Amateurs de livres 1989, p. 77-116 et 253.

    18 AN 50AS3, relations avec la FNSM CGT, 1941 et AN 45 AS 14, assemblée générale de la FFSPM, 1945.

    19 AN 50AS28, relations avec le syndicat d’Étaples-sur-Mer, 1940.

    20 La Voix du marin, janvier-février 1941.

    21 La Voix du marin, mars 1941.

    22 Rémy Debeauvais et Claude Vauclare, « De la corporation à l’interprofession : l’exemple des pêches maritimes », Économie et Humanisme, n° 287, janvier et février 1986, p. 9-16.

    23 AN 45AS26, Secrétariat social maritime, 1941.

    24 La corporation des pêches maritimes. Documents, 1941, p. 3-7 et 41-48.

    25 AN 45AS14, correspondance avec Lebret, février1945.

    26 Jean-Pierre Le Crom, Syndicats nous voilà !, Vichy et le Corporatisme, Éditions de l’Atelier, 1995, p. 200.

    27 Constant Friconneau, op. cit., p. 130-131.

    28 Jean-Pierre Le Crom, « La profession aux professionnels : la loi du 4 octobre 1941 sur l’organisation sociale des professions, dite Charte du travail », Jean-Pierre Le Crom (dir.), op. cit., p. 143-163.

    29 Voir l’attitude des responsables de la Fédération du livre CGT dans Jean-Pierre Le Crom, « La Fédération du Livre face au régime de Vichy : entre réalisme et opportunisme », Le Mouvement social, n° 189, octobre-novembre 1999, p. 7-26.

    30 Georges Lefranc, op. cit., p. 68-129 et Carole Saudejaud, op. cit., p. 259-302.

    31 AN 50AS7, mission pour la corporation des pêches maritimes, 1941.

    32 AN 45AS18, prud’homies de pêche, 1942 et La Voix du marin, mars 1941 à juin 1942.

    33 AN 45AS24, rapport d’activités de l’UPM, 1943. Sur l’histoire des écoles d’apprentissage maritime, voir Denis Biget, Histoire des écoles de pêche maritime. Contribution à une ethno-sociologie des populations littorales, Spézet, Coop Breizh, 1997.

    34 La Voix du marin, décembre 1941 et novembre-décembre 1943.

    35 AN 50AS26 et 32, relations avec les syndicats du Conquet et de Lorient.

    36 AN 50AS7 et 29, mission de Lamort sur la côte mai-août 1941.

    37 AN 50AS24 à 37, relations avec les syndicats locaux, 1941-1942.

    38 AN 50AS7 et 31, mission d’inspection dans le Nord et le Pas-de-Calais, février-avril 1943.

    39 AN 45 AS 21, corporation des pêches algériennes, 1943 et 50 AS 30, relations avec le syndicat d’Alger, 1944.

    40 Secrétariat d’État à la Guerre, La corporation des pêches maritimes, Paris, Conférences sur l’œuvre de la France nouvelle, 1943, p. 11.

    41 Isabel Boussard, op. cit., p. 369-370.

    42 Rémy Debeauvais et Claude Vauclare, op. cit., p. 12-13.

    43 Marie-Pierre Delaban, op. cit., p. 423-426.

    44 Professions maritimes, 1942.

    45 Jacques Marchegay, op. cit., p. 29.

    46 AN 52AS372, rapport d’activités de l’année 1942.

    47 Professions maritimes, année 1943.

    48 Professions maritimes, année 1943.

    49 AN 52AS446, législation, 1943.

    50 Marie-Pierre Delaban, op. cit., p. 410-411.

    51 Jean-Pierre Le Crom, Syndicats nous voilà!…, op. cit., p. 388.

    52 La Voix du marin, mai-juin 1944.

    53 AN 50AS30 et 39, relations avec le syndicat de Granville et l’Union des pêcheurs méditerranéens, 1944.

    54 AN 45AS15, dossier de résistant de Lamort et AN 50AS19, carte de membre de Lamort de la Fédération des anciens de la Résistance et états de service.

    55 AN 50AS19, dossier personnel de Lamort sur ses activités pendant l’Occupation.

    56 AN 50AS39, relations avec les syndicats avec l’Union des pêcheurs méditerranéens et l’Union des pêcheurs algériens, 1944-1945.

    57 AN 50AS35, relations avec le syndicat de Quiberon, 1946.

    58 AN 50AS14 et AN 45AS15, assemblée générale de la FFSPM des 2 et 3 août 1945; AN 45AS11, bilan financier de la FFSPM, 1945 et Le Marin, octobre-décembre 1946.

    59 AN 45AS13, secrétariat social maritime, 1945 et AN AS29, correspondance avec Lebret, 1946.

    60 AN 50AS1, effectifs de la FFSPM fin 1945.

    61 AN 50AS3, relations avec la FNSM CGT, 1945.

    62 Le Travailleur de la mer, septembre 1945.

    63 AN 45AS13, Secrétariat social maritime, 1945.

    64 Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français.

    65 La Voix du peuple, janvier 1946.

    66 Le Travailleur de la mer, décembre 1945 et janvier 1946.

    67 AN 45AS15, projet de création d’un syndicat unique des officiers de la marine marchande, 1944.

    68 AN 52AS446, législation, 1942.

    69 L’Officier de la marine marchande, juin 1945.

    70 Franck Boitelle, op. cit., p. 18-26.

    71 Archives Claude Vauclare, Brochure de présentation du Comité central des pêches maritimes, 1945.

    72 Rémy Debeauvais et Claude Vauclare, op. cit., p. 12-13.

    73 Paul ADAM, « Bouleversements des pêches contemporaines », Michel Mollat (dir.), op. cit., p. 300-301.

    74 René Girault, op. cit., p. 764-765.

    75 L’Officier de la marine marchande, juin 1945.

    76 Henri Cloarec, La marine marchande, Paris, PUF, 1949, p. 113 et Marie-Pierre Delaban, op. cit., p. 475-500.

    77 Fédération nationale des syndicats d’officiers de la marine marchande et Fédération nationale des syndicats maritimes, Rapport sur la nationalisation de la marine marchande, Paris, 1945.

    78 AN 52AS447, nationalisation de la marine marchande, 1945.

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