Le Bronze Moyen et le début du Bronze Récent dans le Péloponnèse, à la lumière des fouilles de l’Aspis d’Argos
p. 83-84
Texte intégral
Résumé
1Le site d’Argos, dans le nord-est du Péloponnèse, est un site qui, malgré son passé prestigieux et les nombreuses fouilles que l’on y a faites, n’est pas encore très bien connu, surtout pour les périodes antérieures à l’Histoire. On commence cependant, grâce à l’élaboration de la carte archéologique — projet mené en commun, depuis les années 80, par l’École française d’Athènes et l’Éphorie des antiquités préhistoriques et classiques de Nauplie —, à discerner les grandes lignes de l’évolution de ce centre urbain, qui fut occupé sans interruption de l’époque néolithique à nos jours. Pour les périodes antérieures à l’Histoire, notamment le Bronze Moyen (2e moitié du 2e millénaire av. J.-C.), les données dont on dispose aujourd’hui suggèrent que l’habitat oscilla entre deux pôles : la zone basse, au sud, et la colline de l’Aspis et ses abords, au nord.
2L’habitat du Bronze Moyen fouillé par l’École française, entre 1974 et 1990, au sommet de la colline de l’Aspis1, présente un double intérêt : les niveaux les plus anciens (HM II-IIIA) offrent une image typique des agglomérations de cette période en Grèce continentale (absence de plan urbain, constructions d’aspect modeste — dont une de plan absidal —, sépultures dans l’habitat, artisanat peu spécialisé organisé sur une base domestique, économie de subsistance fondée sur l’agriculture, etc. ) ; le niveau le plus récent, contemporain des tombes à fosse des Cercles A et B de Mycènes (HM IIIB), offre l’une des rares occasions d’observer, dans un habitat, les innovations qui marquent le passage du Bronze Moyen au Bronze Récent, et qui se traduisent notamment, sur l’Aspis, par un changement radical dans l’implantation des constructions : les maisons bâties sur le pourtour de la colline sont accolées l’une à l’autre de manière à former un anneau continu, à la manière des maisons-remparts médiévales ; elles sont toutes rectangulaires et de plan stéréotypé.
3Les données de cette fouille, actuellement en cours d’étude, permettent donc de brosser un tableau à la fois plus complet et plus nuancé du Bronze Moyen en Grèce continentale, tout en apportant un nouvel éclairage sur la phase finale, qui est l’une des périodes clés de la protohistoire égéenne puisqu’elle correspond à l’émergence de la civilisation mycénienne.
4Cette communication reprend, d’une part, les conclusions de plusieurs études d’ensemble sur l’occupation du site d’Argos aux époques pré— et protohistoriques2 ; d’autre part, la matière de deux articles de synthèse récents sur les fouilles de l’Aspis3, qui font aussi l’objet du premier chapitre de la thèse d’État de l’auteur4.
5Gilles TOUCHAIS
6École française d’Athènes
7Didoutou, 6
8GR – 10 680 Athènes
9e-mail : Gilles. Touchais@efa.gr
Notes de bas de page
1 Voir les rapports préliminaires publiés dans le BCH 99 (1975), p. 707-708 ; 100 (1976), p. 755-758 ; 102 (1978), p. 798-802 ; 104 (1980), p. 698-699 ; 108 (1984), p. 850-852 ; 114 (1990), p. 872-875 ; 115 (1991), p. 682-686 ; 120 (1996), p. 843-845 ; 121 (1997), p. 752-753.
2 G. Touchais, « Argos à l’Age du Bronze : état de la question », in De M Ro E., Godart L., Sacconi A. (éds), Alli e Memorie del Seconda Congresso lntcrnazionale di Micenologia.
Roma-Napoli, 14-20 ottobre 1991, Rome (1996), vol. 2, p. 1319-1326 ; G. Touchais et N. Divari-Valakou, « Argos, des origines à la fin de l’époque géométrique : synthèse des données archéologiques », in Pariente A., Touchais g. (éds), Argos et l’Argolide : Topographie et urbanisme. Actes de la Table ronde organisée par l’École française d’Athènes et la 4e Éphorie des antiquités préhistoriques et classiques, Athènes-Argos, 28 avril-ler mai 1990, Recherches franco-helléniques.
3 (1998), p. 9-20 ; G. TOUCHAIS, « Argos au Bronze Moyen : un habitat ou des habitats ? » ibid., p. 57-66. Voir aussi M. Piérart et G. Touchais, Argos, une ville grecque de 6°000 ans, Paris, CNRS Éditions, 1996
3 A. Philippa-Touchais et g. Touchais, « La Grèce avant les palais mycéniens : les fouilles de l’Aspis d’Argos », in Aux origines du monde égéen. Les dossiers d’Archéologie 222 (avril 1997), p. 76-81 ; A. Philippa— Touchais, « H μέση χαλκοκρατια στην ηπειρωτική Ελλάδα. H περίπτωση του οικισμού της Ασπίδας στο ‘ Αργος », Αρχαιλογία 66 (mars 1988), p. 31-38
4 G. Touchais, Aux marges du monde mycénien. Recherches sur les origines et ta diffusion de la civilisation helladique, Thèse, Université de Paris i (1997).
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