Une architecture portuaire en pan-de-bois : les maisons à façade-rideau
p. 429-444
Texte intégral
1La Bretagne possède un groupe de maisons originales dotées de vastes ensembles menuisés en encorbellement sur les façades, que l’on désigne généralement sous le nom de « maisons à vitrine ». Cette appellation, employée pour la première fois en 1963, est reprise depuis par tous les auteurs qui se sont intéressés à ce patrimoine1. Auparavant, les termes de ballet, de maisons de bois et de verre et même de maisons de verre avaient été employés à Saint-Malo pour désigner cette disposition, assimilée à une galerie couverte en encorbellement sur la rue. De quoi s’agit-il précisément ? Dominique Ronseray, architecte en chef des monuments historiques, qui a rénové plusieurs maisons à Dinan présentant cette originalité, en donne la définition suivante : « On appelle ainsi un ensemble où la surface vitrée est portée en saillie sur le nu de la façade. Le poteau de fenêtre devient alors intérieur et se transforme en élément de décor, permettant à l’intérieur d’avoir une pièce d’appui large, offrant sans doute une vue plus facile sur la rue2. »
2Le nom de « maison à vitrine » prête en réalité à confusion, il ne reflète pas la technique particulière de cet habitat, contrairement aux désignations utilisées pour d’autres typologies : maison à porche, maison à pondalez. Étymologiquement le mot vitrine désigne uniquement la baie d’une boutique, or il s’agit ici de tout autre chose. De fait, la mise en œuvre employée est celle que l’on désigne dans l’architecture contemporaine sous le mot composé de mur-rideau. Ce terme s’applique en effet à un mur extérieur non porteur d’un bâtiment, les planchers et les murs étant désolidarisés des façades. Pour autant, il n’implique pas un vitrage complet de ces dernières. Le groupe que nous étudions répond parfaitement à cette définition car, nous le verrons, l’ouverture totale des façades ne concerne que la phase ultime de l’évolution du concept. L’invention initiale – la désolidarisation de la façade de l’ossature porteuse – existe dès la création du modèle et perdure jusqu’à son abandon. L’expression de maison à « façade-rideau » est à l’évidence mieux appropriée puisqu’elle définit à la fois la technique utilisée et les parties de l’édifice concernées, que ce soit sur rue ou sur cour.
Les modèles de Bretagne
3L’architecture des maisons « à vitrine » ou « à façade-rideau » a longtemps été considérée comme un type d’habitat local, limité géographiquement aux villes de Dinan et Saint-Malo. Les recherches des dernières décennies du xxe siècle ont montré que cette typologie a connu un développement beaucoup plus important, comme en témoignent les récentes découvertes faites en haute et basse Bretagne3. L’abandon de ce modèle, sans doute de façon précoce, a fait tomber momentanément dans l’oubli une invention étonnante que l’on attribue traditionnellement aux charpentiers de marine, car toutes les villes qui possèdent des « maisons à vitrine » sont côtières. Le rapprochement entre ces façades entièrement menuisées et les châteaux arrières des navires, pour séduisant qu’il soit, ne repose que sur une observation formelle4. L’existence d’un corps d’architectes concevant à la fois des bateaux et des maisons n’a pas été démontrée, même si, à Saint-Malo en 1694, « architectes de maisons et architectes de navires appartenaient à une même communauté5 ». Les deux professions font appel à des savoirs différents et dans la même corporation on trouve des « menuisiers, sculpteurs, tourneurs, poulayeurs, voisliers et pacqueteurs6 ». La notion de corps d’architectes polyvalents se heurte non seulement au problème technique, mais également à un problème chronologique souligné par Jean-Jacques Soulas : les « maisons à vitrine » existaient antérieurement à l’apparition des châteaux arrières des navires7.
Évolution technique
4Contrairement aux autres modèles, aucune « maison à façade-rideau » n’est antérieure à la fin du xvie siècle. La présence systématique d’une structure intérieure traitée sous forme de colonnes antiques écarte toute possibilité de construction avant la diffusion de la Renaissance en Bretagne. Le xviie siècle est celui de la maturité de cette technique qui semble disparaître avec la fin du Grand Siècle. À Morlaix, plusieurs immeubles à dates certaines le confirment : 57 rue Longue (1625), 40 rue Longue (1638), 46 rue Longue (1651), 14 rue Longue (1675), 49 rue du Mur (1678) et 42 rue Sainte-Marthe (1679). Pour Saint-Malo, on peut citer le 1 rue du Pélicot (1676) et la maison de Duguay-Trouin (1684) dont la date de construction est livrée par les sources d’archives.
5Quelle est l’origine de ces modèles ? La présence de colonnes à chapiteaux antiques à l’intérieur des maisons montre une connaissance incontestable des traités d’architecture de la Renaissance, ont-ils inspiré cette conception originale ? En observant les dessins publiés dans ces ouvrages de vulgarisation, on peut évoquer quelques similitudes. La maison du 1 rue de l’Apport était, avant la restauration abusive de sa toiture8, la copie d’un modèle dessiné à Fontainebleau par l’architecte italien Sébastiano Serlio vers 15509. Au milieu du xviie siècle, les recommandations de Pierre Le Muet pour construire en pan-de-bois peuvent également être citées10, mais il n’existe dans ces traités aucun projet de « maison à vitrine ».
6Les modèles encore existants à Dinan permettent de suivre clairement l’évolution, trois époques successives peuvent y être observées. La première correspond à la fin du xvie siècle, elle expérimente le nouveau procédé à poteaux d’ossature en façades. La maison du 1 rue des Merciers illustre pleinement cette recherche. Les poteaux, traités en colonnes antiques, ont des hauteurs différentes. Cette maladresse résulte de l’absence de travées tramées à l’intérieur, défaut rapidement corrigé dans les décennies suivantes. Les façades restent très peu ouvertes, les baies n’ayant pas plus d’importance que dans les modèles primitifs à croisées. L’originalité provient seulement du système de fixation par l’extérieur des ensembles menuisés sur les parois aveugles. À ce groupe il faut rattacher les maisons du 56 rue du Petit-Fort et du 6 rue de la Boulangerie, mais également les maisons à porche du 19 rue de l’Horloge et du 19 rue de l’Apport. Le succès de cette formule s’explique également par ses possibilités d’adaptation sur des maisons existantes. Rue du Jerzual, des vitrines ont été ajoutées sur plusieurs maisons construites à la fin du Moyen Âge.
7Une seconde étape évolutive est franchie avec l’abandon des panneaux pleins au centre des façades. Les pans de murs aveugles sont uniquement conservés contre les murs mitoyens. À l’intérieur, les poteaux-colonnes sont disposés de façon à créer un rythme régulier. Comme dans la phase préparatoire, les ensembles de panneaux menuisés viennent se fixer par l’extérieur, une fois l’ossature de la maison construite. À Morlaix de nombreux exemples caractérisent cette époque de transition (28 place des Otages) qui perdure pendant un temps très long dans la ville, comme l’indiquent certaines dates tardives : 49 rue du Mur (1678), 42 rue Sainte-Marthe (1679). Parallèlement, à l’intérieur des maisons s’opère la mise en application de la hiérarchisation des ordres prônée par les théoriciens de l’architecture antique : ordre dorique au premier étage, ionique au deuxième, corinthien au troisième. Comme pendant la première période, certaines maisons déjà construites sont modifiées pour que des « vitrines » puissent y être adaptées (2 place des Halles à Morlaix).
8Les modèles de la maturité résultent logiquement du processus technique engagé un siècle auparavant. La « vitrine » n’est plus limitée au centre de la façade, mais elle occupe toute sa longueur. L’évidement total du pande-bois entraîne la création de façades sans hourdis de torchis, les allèges étant systématiquement réalisées en panneautages de bois à tables saillantes (Morlaix, 23 place Allende). Dinan ne possède plus de vitrines d’origine complètes, mais elles ont été restituées sur trois maisons : aux 1 et 7 rue de l’Apport et au 27 rue du Petit-Fort. D’autres immeubles, comme la maison Jacques, au 1 rue de la Ferronnerie, avec ses colonnes antiques à l’extérieur, ont également porté des façades-rideaux complètes. À quelle date cette évolution est-elle apparue ? Aucun modèle dinannais ne permet d’apporter directement de réponse, mais à Saint-Malo plusieurs maisons situent chronologiquement l’évolution. En effet, le 11 rue de Pélicot est daté de 167611 et on sait que Luc Trouin fit construire le troisième étage de sa maison du 16 rue de la Corne-de-Cerf en 1684 ou juste après12. Toutes les maisons qui possèdent des « vitrines » complètes n’ont plus d’encorbellement, mais des façades entièrement droites. Les premiers modèles sans encorbellement apparaissent à Rennes dès la fin du xvie siècle et cet abandon se généralise dans les décennies suivantes. La cohérence typologique des hôtels rennais en pan-de-bois de cette époque peut également servir de référence : hôtel Hay de Tizé (vers 1650), hôtels de la Noue et Racapé de la Feuillée place des Lices (1658), immeubles de la place du Champ-Jacquet (vers 1664). La phase ultime des façades-rideaux en châssis de bois est sans doute contemporaine de ces constructions.
9La réussite plastique du modèle entièrement vitré est évidente. En laissant pénétrer profondément la lumière dans les pièces, le confort qu’il apporte à l’intérieur reflète un nouvel art de vivre. Pour autant, les « vitrines » précédentes plus simples ne sont pas totalement abandonnées, comme l’indiquent plusieurs maisons morlaisiennes. La complexité d’assemblage et le coût de ces grands ensembles menuisés ont sans doute freiné le développement d’un concept architectural sans équivalent. Les exemples qui nous sont parvenus montrent, sauf à Saint-Malo, une prédominance de la vitrine centrale par rapport à celle développée sur l’ensemble de la façade. Deux des trois spécimens de Lannion (1 rue des Chapeliers et 16 rue de Kériavily) appartiennent à ce groupe, et à Morlaix nous avons recensé dix-sept maisons à « vitrine courte » pour seulement trois de la dernière période (14 venelle aux Pâtés, 23 place Allende et rue Longue-de-Bourret sur une maison aujourd’hui détruite13). À Nantes enfin, les dessins de Peter Hawke ne permettent d’identifier avec certitude qu’une seule « vitrine longue », rue de la Poissonnerie.
10Certaines maisons ne possédaient pas une mais deux façades-rideaux. Trois exemples exceptionnels nous montrent ces doubles façades en angle14, mais dans la plupart des cas elles donnent sur rue et cour. C’était le cas de l’hôtel de Luc Trouin que nous venons d’évoquer et de plusieurs autres maisons de Saint-Malo aujourd’hui détruites : 3 et 11 rue de Châteaubriant, 9 rue Vincent-de-Gournay, 1 rue de Pélicot15. Le système d’ensembles menuisés en vis-à-vis existait également à Morlaix (25 et 26 place des Otages). Pourtant, ce choix logique n’a pas pu être généralisé, beaucoup de constructions urbaines étant dépourvues de cours intérieures : 5 rue du Pélicot à Saint-Malo, 2 ruelle du Four Saint-Melaine à Morlaix.
La fin du modèle
11À quel moment a-t-on cessé de construire ces façades-rideaux ? Question embarrassante à laquelle on ne peut pas aujourd’hui encore répondre avec précision, faute de sources d’archives. Plusieurs constats semblent indiquer que le modèle a sans doute perduré jusqu’au début du xviiie siècle. Comme l’a justement fait remarquer Philippe Petout, la « grande brûlerie » de 1661 à Saint-Malo et les arrêts du Parlement pris aussitôt pour interdire toute construction en pan-de-bois n’ont pas marqué un coup d’arrêt pour ce type de construction. Plusieurs maisons à dates certaines ont été édifiées postérieurement au sinistre. À Dinan, l’incendie de 1781 est trop tardif et géographiquement trop localisé pour pouvoir être évoqué. On peut cependant remarquer que dans le quartier des épiciers où il s’était déclaré une « maison à vitrine » a été épargnée (1 rue de la Ferronnerie).
12À la fin du xviie siècle, les goûts des petits nobles bretons et de la bourgeoisie d’affaires, commanditaires traditionnels des maisons en pan-de-bois, changent, entraînant la disparition progressive des grands ateliers de charpenterie. Le modèle à façade-rideau est dès lors irrémédiablement condamné à l’abandon. Ses formes les plus abouties, contemporaines du règne de Louis XIV, ne connaîtront qu’un succès éphémère. Dès le début du xviiie siècle, l’architecture en pierre s’impose dans toutes les villes de grande ou de moyenne importance. Les hôtels particuliers de l’Île Feydeau à Nantes, la reconstruction de Rennes après l’incendie de 1720 attestent ce choix de société et amorcent une ère nouvelle dont l’aboutissement sera la disparition définitive du bois dans l’habitat urbain.
Les origines des maisons à façade-rideau de Bretagne
13Si l’histoire des maisons à façade-rideau de Bretagne apparaît aujourd’hui clairement établie, leur origine reste confuse. S’agit-il d’un modèle inventé par les charpentiers bretons travaillant dans les villes portuaires ou bien, comme le suggère Philipe Petout, de l’adaptation de modèles étrangers liés au commerce maritime européen : « C’est sans doute sur la côte sud anglaise, en particulier à Dartmouth, dans le Devon, à La Corogne, en Galice et peut être même dans les ports hollandais que l’on trouverait… des analogies avec les maisons de bois malouines16. »
14Cette interrogation, posée dans le cadre d’une étude sur Saint-Malo, peut être étendue à l’ensemble des ports des côtes de la Manche et de l’Atlantique. L’importance des échanges à l’époque moderne a certainement joué un rôle essentiel sur l’évolution de l’architecture européenne. Les études que nous avons menées dans le nord-ouest de l’Espagne (Galice, Asturies, Cantabrie) et dans le sud-ouest de la Grande-Bretagne (Devon, Dorset, Cornwall) permettent de répondre partiellement aux interrogations soulevées par Philippe Petout.
Les échanges commerciaux
15Dès le xive siècle, des échanges réguliers sont attestés entre la Bretagne et le nord de l’Espagne, mais aussi surtout avec le sud de l’Angleterre. Ces relations commerciales se poursuivent tout au long de l’Ancien Régime avec une importance variable au gré de l’essor économique et des événements politiques et militaires qui secouent les villes portuaires des deux côtés de la Manche. En 1383-1384 « le Cornwall et le Devon recèlent [les] ports de prédilection que [les Bretons] visitent en permanence et où ils ont une place importante : 12 % du nombre des navires à Plymouth, près de 8 % à Darthmouth, plus de 10 % à Exeter. La carte des fréquentations bretonnes en Angleterre au xve siècle est déjà en place dans ses grands traits17 ». La neutralité du duché de Bretagne dans le conflit franco-anglais à la fin du xive siècle permet en particulier aux marchands bretons de renforcer leurs liens commerciaux avec les principaux ports anglais de la Manche.
16Cette situation politique explique l’importance de leur présence à la fin du Moyen Âge à Southampton, Plymouth, Darmouth et Exeter « où la moitié des navires armoricains rencontrés en 1492-1493 leur appartient… Aux exportations, se placent en tête les toiles, les variétés de cuir, des légumes, de la viande, du poisson frais ou salé (car Morlaix pêche activement le congre, la morue, le maquereau, le hareng), quelquefois des tonneaux de céréales18 ». Outre les ports anglais, les marins bretons fréquentent également la plupart des ports de la mer du Nord et de l’Atlantique. Dans son testament daté du 11 avril 1513, l’armateur morlaisien Nicolas Coëtanlem, sieur de Kernaudy, fait don de sommes d’argent à la fois « À sa maison et chappelle de Vallesignant, en Angleterre19 » mais aussi « À Monsieur Sainct Jacques en Calice20… » Dans le nord de l’Espagne, le commerce breton semble être plus actif avec les ports du Pays basque (San Sebastian, Motrico, Deva ou Ondarroa) qu’avec ceux de Galice. La présence de Jean Callouët, important marchand morlaisien est, par exemple, attestée à San Sebastian en 146321. Pierre Thierry, également de Morlaix, est cité dans le testament de Bernard Deleau daté du 8 août 1580 pour avoir fait pour lui « affaires et négoces… au pays de Biscaye22 ».
17Si les navires bretons sillonnent les mers, les armateurs anglais commercent eux aussi régulièrement avec le nord de l’Europe et avec l’Espagne. « De Newcastle à Yarmouth, à Darmouth, Plymouth ou Fowey, à Topsham même, s’arment des flottes de plus en plus nombreuses23… » Les Espagnols participent à ce trafic et à Nantes, centre de distribution de leurs produits vers l’ouest de la France, ils « achètent des draps de la production française et grand nombre de draps d’Angleterre… amenés directement par des Anglais ou par des négociants de Morlaix, Lannion ou Tréguier qui vendent là le fret de retour de leurs voyages aux ports de Hampshire, du Dorset et du Devon24 ».
18Ce commerce international dépasse dans certains cas les simples ventes de marchandises de port en port. Jean Tanguy évoque dès le xvie siècle l’installation à Morlaix d’une véritable « colonie » anglaise qui comprend dès 1631 au moins trente personnes et plus de cinquante-six à la fin du xviie siècle25. La cohabitation des deux communautés semble d’ailleurs difficile, les Anglais venant concurrencer directement les Bretons chez eux. « Ils sont accusés d’employer – sous main – des – gens de mestier – pour acheter des toiles… Les habitants se plaignent également que les Anglais louent des maisons pour y loger leurs compatriotes et demandent l’interdiction de cette pratique26. » Le commerce breton du début de l’époque ducale jusqu’à la fin de l’Ancien Régime a fait l’objet de nombreuses publications. Les quelques exemples mentionnés supra accréditent l’idée que les échanges entre la Bretagne, le nord-ouest de l’Espagne et le sud-ouest de l’Angleterre ont pu entraîner des influences réciproques, notamment dans le domaine de l’architecture portuaire. C’est cette hypothèse que nous avons étudiée.
L’Espagne : Galice, Asturies et Cantabrie
19La Galice possède dans de nombreux ports des maisons dites « à galerie » dont les façades sont entièrement vitrées par des ensembles menuisés en bois. L’historien de l’architecture galicienne Pedro de Llano Cabado en donne cette définition : « Construtivamente, a galeria redúcese finalmente a un volume pechado por un paralelepípedo rectangular no que o paramento interior se limita a un cerramento de pedra, madeira ou pallabarro, xeralmente situado na cara interior do muro e os paramentos frontal e laterais, e unha estrutura de carpintería composta por puntais e antepeitos de madeira de carballo complementada por ventás do mesmo material pechadas por cristais de pequenas dimensións e, ás veces, distintas cores27. »
20Les rares exemples similaires qui peuvent être observés en Cantabrie et dans les Asturies sont des copies récentes des modèles galiciens, certaines façades vitrées ayant été parfois ajoutées à des constructions plus anciennes : Santillana del Mar : casa del Organista. Le quartier historique d’A Coruña en Galice constitue l’archétype de cette architecture qui a donné à la capitale de la province le surnom de « Ville de Cristal ». Avenida Marina, calle Riego de Agua et calle de la Trompetta, la plupart des immeubles sont entièrement vitrés, rappelant inévitablement le concept des maisons à façade-rideau que nous venons de décrire en Bretagne. Cette ressemblance extérieure n’est cependant que fortuite ou presque car les modèles galiciens sont fondamentalement différents.
21En effet, contrairement à ce que nous avons souligné en Bretagne, il ne s’agit pas d’une architecture exclusivement portuaire. Si de nombreux ports, petits et grands, conservent des maisons de ce type (À Coruña, San Ciprián sur la côte septentrionale, Muros, Fisterra, Cée, Corcubión sur la côte occidentale), des modèles similaires existent également dans les villes de l’intérieur et non des moindres comme Lugo et Santiago da Compostela.
22Outre cette différence géographique, des incompatibilités structurelles peuvent également être observées. En effet, il ne s’agit pas, dans le nord-ouest de l’Espagne, d’architectures en pan-de-bois mais de constructions entièrement en pierre avec des façades vitrées. Le concept technique qui en résulte est totalement opposé. Les parties vitrées ne sont pas accrochées à l’ossature de l’édifice, mais portées par des balcons en pierre, d’étage en étage. Elles sont fixées entre les dalles des balcons en porte-à-faux comme de simples croisées. Ces ensembles menuisés ne constituent étymologiquement pas des façades-rideaux, ni des oriels mais des châssis composés.
23Le rôle joué par ces façades est également différent du point de vue de l’habitabilité des logements. Contrairement aux modèles bretons, les espaces vitrés forment des galeries qui peuvent être ouvertes ou fermées sur les pièces d’habitation par des volets en bois en fonction des saisons (À Coruña : 2 avenida Marina). Les pièces de vie ne donnent pas directement sur la rue et sont partiellement fermées par les pans de mur de l’ossature principale (Corcubión : 3 avenida de Mariña).
24La typologie des immeubles à galeries vitrées les plus anciens que nous avons pu étudier indique que ce modèle n’est vraisemblablement pas antérieur au xviiie siècle. « Aparece nas cidades galegas nos últimos anos do século xviii para acadar un mellor illamento térmico da vivenda e proporcionar un novo espacio vivideiro que permitira aproveitar os escasos raios de sol do inverno e tomar o fresco á sombra durante os cálidos meses estivais28. »
25Toutes ces observations montrent clairement que l’architecture du nord-ouest de l’Espagne n’est pas à l’origine des maisons bretonnes à façade-rideau. Il s’agit de concepts totalement différents, même si les grands ensembles vitrés de l’un et de l’autre définissent une esthétique de façade très proche. Il trouve probablement son origine localement, dans l’architecture maritime populaire, ce qui explique à la fois sa généralisation dans les villages portuaires de Galice, mais également sa date tardive d’apparition dans les grandes villes : « Descuberta admirable a destas galerías, a máis esplendente forma de linguaxe doméstica maxinada no país galego, que describe con signos cargados de incentivos a capacidade comunicativa da arquitectura popular29. »
La Grande-Bretagne : Devon, Dorset et Cornouailles
26Dans le sud-ouest de la Grande-Bretagne, il existe également des immeubles dont les façades extérieures sont largement ouvertes sur la rue. Mais, contrairement aux constructions galiciennes, il s’agit de maisons en pan-de-bois et non en pierre dont l’ancienneté est attestée par de nombreux exemples. Dans cette région de l’Angleterre, la tradition de la structural timber remonte sans doute aux premières occupations humaines et la construction de maisons urbaines en pan-de-bois est attestée dès le Moyen Âge. À Dartmouth, par exemple, « until 1925, a continuous row of 14th century houses survived on both sides of the road (Higher Street)30 ». L’une d’entre elles, connue sous le nom « The Cherub », est un des derniers témoins de cette architecture médiévale. L’analyse archéologique succinte que nous avons pu y réaliser, sans pouvoir certifier la datation locale du xive siècle, confirme cependant qu’il s’agit d’une maison construite avant la fin du Moyen Âge. La longue tradition de la structural timber doit être soulignée car les principales villes du Devon ne possèdent plus aujourd’hui que quelques constructions en pan-de-bois éparpillées dans les quartiers reconstruits après la Deuxième Guerre mondiale.
27Les modèles à façades vitrées du sud-ouest de Grande-Bretagne ne constituent pas une particularité régionale. Dans de nombreux autres comtés, on rencontre des immeubles de conception similaire. Dans le Shropshire et le Cheshire et dans le nord du pays de Galles notamment, de somptueuses maisons en pan-de-bois des xvie et xviie siècles aux façades entièrement vitrées apportent la preuve que cette technique n’est pas liée à une situation portuaire comme en Bretagne. À Chester (Cheshire), « Bishop Llyod’s house (1615) and the Bear and Billet (1664) have virtually identical form and decoration – four storeys of close framing with continuous glass across the whole façade on the main floors31 ». À Ludlow (Shropshire), les ensembles vitrés de la triple façade du Feathers Hotel reconstruits en 1619 montrent une maturité technique qui atteste l’ancienneté du modèle. Considérée par Pevsner comme « la merveille des maisons à colombage », cette construction possède un décor sculpté dont nous ne connaissons pas d’exemples comparables dans le sud de l’Angleterre où il existe, au contraire, des maisons totalement dépourvues d’ornementations : Merchant’House à Plymouth.
28Le concept anglais de maisons très ouvertes sur la rue repose sur l’amélioration qualitative des espaces de vie à l’intérieur des logements, recherche comparable à celle que l’on trouve dans les maisons à façade-rideau des ports bretons. Plymouth, Exeter ou Dartmouth peuvent être comparées à Dinan, Saint-Malo ou Morlaix. Dans les modèles observés de part et d’autre de la Manche il n’y a pas de cloisonnement entre les façades vitrées et les pièces d’habitation dans les étages. Les salles côté rue occupent tout l’espace intérieur, contrairement au concept galicien qui isole la salle de réception de la rue par une galerie. Le plan des maisons portuaires du nord de l’Europe s’oppose donc totalement à celui, intimiste, de la péninsule ibérique.
29L’évolution des façades vitrées, liée au progrès technique des vitrages, est parfaitement perceptible à partir du xvie siècle des deux côtés de la Manche. Les premières « vitrines » courtes qui apparaissent en Bretagne (Morlaix : 48 rue de Guernissac) imitent les oriels anglais32 (27/29 Fore Street à Fowey ; maison datée de 1564 High Street à Exeter). Les vitrages assemblés en petits panneaux n’occupent que l’espace central de la façade et viennent en applique sous l’encorbellement des étages supérieurs. Le plan à deux pièces avec escalier en vis reste également le plus usuel, tant en Bretagne que dans le Devon : 70 Fore Street à Totnes.
30L’Angleterre continue à utiliser le modèle à oriel sur-le-pan pendant tout le xviie siècle (32 Fairfax Place à Dartmouth : 1664) mais développe en parallèle un concept plus élaboré. Dès le milieu du xvie siècle, on procède en effet à l’ouverture complète de certaines façades sans modifier la structure des pans-de-bois ni remettre en cause le plan traditionnel : 17/18 et 32 New Street à Plymouth. Ces exemples peuvent être qualifiés d’intermédiaire, au centre l’oriel est conservé, mais on ajoute des croisées traditionnelles de chaque côté. L’extension de la « vitrine » à toute la façade marque l’aboutissement logique du processus engagé : 33 Saint Andrew’s Street à Plymouth.
31Les modèles de transition ne semblent pas avoir été copiés par les charpentiers bretons. Quelques décennies après avoir découvert dans les ports du sud-ouest de l’Angleterre les façades entièrement vitrées, ils les adoptent. Les maisons construites dans le courant du xviie siècle à Saint-Malo (28 rue de Boyer), à Dinan (3 rue du Quai) et à Morlaix (23 place Allende) sont celles de la maturité technique du concept.
32Aujourd’hui, l’exemple le plus caractéristique de cette influence directe est la Merchant’s House de Plymouth (33 Saint Andrew’s Street), dans le vieux quartier de Barbican où se trouvait le port médiéval de Sutton. Construite au milieu du xvie siècle, elle possède au premier étage une façade entièrement vitrée entre les deux murs gouttereaux. L’allège, composée de simples potelets hourdés de torchis, porte deux niveaux de châssis assemblés. Le plan est celui que l’on rencontre usuellement en Bretagne à la même époque, un couloir latéral et un escalier en vis assurant la distribution.
33Du point de vue technique, des différences existent cependant entre les maisons du sud-ouest de l’Angleterre et les maisons de la côte nord de la Bretagne. La principale réside dans le système de fixation de la façade. Dans les ports bretons, nous l’avons expliqué dans la première partie, le procédé utilisé est celui de la façade-rideau, la « peau extérieure » étant accrochée à la structure du bâtiment. En Grande-Bretagne, la façade ne se trouve pas en porte-à-faux par rapport au nu de la paroi verticale. Elle est incorporée à l’ossature en pan-de-bois en partie haute et portée par des consoles en partie basse. Cette différence s’explique facilement puisque toutes les maisons anglaises qui ont adopté le système des façades vitrées sont à encorbellement, même au xviie siècle (Dartmouth, 3 Higher Street). La persistance du mode de construction médiévale a facilité l’ouverture des façades, chaque étage étant protégé par le surplomb de la sablière de plancher du niveau supérieur. La faiblesse du système breton résulte de l’évolution du pan-de-bois à partir de la fin du Moyen Âge, l’encorbellement disparaissant dès les dernières années du xvie siècle dans les grandes villes (Rennes, 14 rue Saint-Georges : 1599). Le débordement inévitable des pans menuisés « suspendus » sur le nu extérieur des façades plates a nécessité un couvrement par une petite toiture en saillie. Cette adaptation peu esthétique du modèle anglais est sujette à un vieillissement prématuré. Le décollement des solins en plomb de la paroi en ossature bois apparaît en effet inévitable sous l’effet des intempéries. Ce problème d’étanchéité est sans doute l’une des causes de la disparition prématurée du modèle breton à la fin du xviie siècle : 5 rue du Pélicot à Saint-Malo, 1 rue de l’Apport à Dinan. Cependant, une exception à cette règle générale existe au 7 rue Le Taillandier à Lannion : la maison, construite au début du xviie siècle comme l’atteste le décor porté, est à pignon sur rue et encorbellement. Les colonnes renflées et cannelées à chapiteau corinthien du premier étage portaient à l’origine une vitrine complète qui venait se loger sous la sablière de chambrée de l’étage supérieur.
34Une autre différence doit être soulignée entre les modèles bretons et anglais à l’époque de la maturité. La façade gouttereau sur rue, qui apparaît dans les grandes villes de Bretagne au milieu du xvie siècle (10 rue Saint-Salomon à Vannes : 1560 ; 3 rue Saint-Georges à Rennes : 1560) n’est pas remise en cause par l’importation du modèle anglais, mais oblige les charpentiers bretons à solutionner les contraintes techniques causées par l’ouverture complète de la façade en pan-de-bois. Alors qu’en Angleterre on continue à faire porter les planchers entre les murs mitoyens, le positionnement des maîtresses-poutres perpendiculairement à la rue entraîne l’utilisation de colonnes à chapiteaux antiques comme éléments supports, mais également comme décor intérieur. Conformément à une habitude séculaire, les charpentiers bretons adaptent aux savoirs locaux les modèles d’importation. La façade gouttereau sur rue développée par les Bretons est incontestablement une réussite technique et esthétique ; dans le même temps, le problème de l’élargissement des façades est traité en Angleterre par une solution archaïque : on couvre avec plusieurs pignons médiévaux les bâtiments à large façade : 33 Saint Andrew’s Street, 27/29 Fore Street à Fowey, 6-12 Duke Street à Dartmouth.
35Si l’influence anglaise des maisons à façade-rideau semble évidente, elle va d’ailleurs bien au-delà du simple modèle à façades vitrées. À Lannion, par exemple, le décor porté des maisons reconstruites au début du xviie siècle suite aux destructions causées par les guerres de la Ligue découle également directement des échanges commerciaux avec les ports du sud-ouest de l’Angleterre. La maison à oriels datée de 166533 et la maison à tourelles, aujourd’hui détruite34, de l’ancienne place des Halles, trahissent leur source d’inspiration35. Bien plus, les cariatides engainées de nombreuses consoles de maisons existantes, comme celles des 1 et 3 rue Geoffroy de Pontblanc, sont des copies conformes de modèles encore visibles aujourd’hui à Exeter (213 High Street) et à Dartmouth (6-12 Duke Street).
Illustrations
Notes de bas de page
1 Moirez D., Les maisons à pan-de-bois de Dinan, maîtrise d’histoire, Rennes 2, 1963, p. 99.
2 Ronseray D., « Les maisons à pans de bois », Monuments historiques, 1979, n° 109, p. 16.
3 Leloup D., Maisons en pan-de-bois de Bretagne. Histoire d’un type d’architecture urbaine, Douarnenez-Rennes, Ar men/Le Chasse Marée-Ouest-France, 2003, p. 142-143.
4 Cette idée semble avoir été émise pour la première fois par Raymond Cornon, architecte en chef des monuments historiques, Saint-Malo, SAEP, Colmar-Ingersheim, 1972, p. 62.
5 Petout P., « Les maisons de bois et de verre de Saint-Malo », Annales de la société d’histoire et d’archéologie de l’arrondissement de Saint-Malo, 1981, Bannalec, 1982, p. 116.
6 Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, C 1443, source citée par P. Petout.
7 Soulas J.-J., Dinan, guide de découverte des maisons à pan-de-bois, 1986, Paris, Jaher, p. 75.
8 Plusieurs photographies montrent l’état de cette maison avant sa restauration. Une large toiture à bâtière couvrait sous le même toit les n° 1 et 3 de la rue de l’Apport. Ce modèle à large façade sur rue n’est pas un cas isolé en Bretagne. De la même époque date le n° 24, place des Otages à Morlaix.
9 Serlio S., Livre VI, folio 48, ms Avery Library, New York.
10 Le Muet P., Manière de bastir pour toutes sortes de personnes, Paris, Melchior Tavernier, 1623, p. 100113.
11 La date était gravée sur le portail d’entrée.
12 Comte Le Nepvou de Carfort, Du Guay Trouin, sa maison natale, sa sépulture, les manuscrits de ses mémoires, Saint-Brieuc, R. Prud’homme, 1912, 52 p.
13 2 place des Halles ; 14, 22, 29, 32, 33, 40, 46 et 57 rue Longue ; 49 rue du Mur ; 46 rue Ange de Guernisac ; 2 ruelle du Four Saint-Melaine ; 25, 26 et 28 place des Otages ; 42 rue Sainte-Marthe. La vitrine de la rue Longue-de-Bourret est connue par une photographie conservée au musée des Jacobins à Morlaix, nc.
14 1 et 7 place de l’Apport à Dinan et 3 rue du Pélicot à Saint-Malo.
15 Petout P., op. cit., p. 111.
16 Petout P., Hôtels et maisons de Saint-Malo, xve-xvie-xviie siècles, Paris, Picard, 1985, p. 39.
17 Touchard H., Le commerce maritime breton à la fin du Moyen Âge, Paris, Les Belles Lettres, 1967, p. 90.
18 Leguay J.-P., « Le Léon, ses villes et Morlaix au Moyen Âge », Bulletin de la société archéologique du Finistère, t. CVII, 1979, p. 224.
19 Luzel M., « Jean et Nicolas Coëtanlem », Bulletin de la société archéologique de Finistère, t. XIII, 1886, p. 280 et 281. Leloup D., La maison urbaine en Trégor aux xve et xvie siècles, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1996, p. 99.
20 Saint-Jacques de Galice ou de Compostelle.
21 Touchard H., op. cit., p. 211.
22 Marzin J., « Quelques testements des xve et xvie siècles (Archives de l’Hospice de Morlaix) », Bulletin de la société archéologique du Finistère, t. XXXVII, 1910, p. 62.
23 Touchard H., op. cit., p. 257 ; G. V. Scammel, « English Merchant Shipping at the end of the Middle Ages : some East coast evidence, Economic History Review », 1961, p. 331.
24 Touchard H., op. cit., p. 218.
25 Tanguy J., Quand la toile va. L’industrie toilière bretonne du xvie au xviiie siècle, Rennes, Apogée, 1994, p. 80.
26 Ibidem, p. 80-81.
27 Llano Cabado P. de, Arquitectura popular en Galicia, COAG, Santiago da Compostela, vol. 2, 1983, Publications do colexio oficial de arquitectos de Galicia, p. 106-107.
28 Ibidem, p. 104.
29 Castro Arines X. de, O libro das galerías, De Castro, La Coruña, 1975, p. 16.
30 Freeman R., op. cit., p. 47.
31 Ford B., The Cambridge Guide to the Arts in Britain, vol. 4, « The seventeenth century », Cambridge, Cambridge university press, 1989, p. 78.
32 Pérouse de Montclos J.-M., Architecture, Paris, Imprimerie nationale, 1993, p. 43 : ouvrage à claire-voie formant avant-corps sur la hauteur de plusieurs étages et renfermant de petites pièces.
33 29 place du général Leclerc.
34 Maison à l’angle des anciennes rues de Saint-Malo et Souzaine des Halles publiée avant 1845 dans Taylor J., Nodier C., Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France : Bretagne, dessin et lithographie d’E. Cicéri, n. p.
35 Leloup D., La maison urbaine en Trégor aux xve et xvie siècles, op. cit., p. 145-146.
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