L’Inquisition et le contrôle du monde urbain du nord de l’Espagne dans la seconde moitié du xviiie siècle
p. 347-360
Texte intégral
1Saint-Sébastien, Bilbao, Santander, Pampelune, Vitoria…, autant de villes situées au nord de l’Espagne et qui, au xviiie siècle, se partageaient le statut de centres névralgiques du territoire les environnant, tant d’un point de vue politico-administratif qu’économique et démographique1. De plus, elles étaient toutes stratégiquement situées, soit dans des zones côtières et frontalières, soit à des points clés des routes commerciales de la côte Cantabrique. Elles faisaient toutes partie également d’un même district inquisitorial, celui qui dépendait du tribunal dont le siège se situa dès 1570 dans la ville de Logroño, et toutes, pour des raisons identiques, furent des objectifs prioritaires de l’action inquisitoriale au fil du temps.
2En réalité, bien que l’Inquisition espagnole moderne eût commencé à agir de façon itinérante sur tout le territoire du royaume, ce fut dans l’espace de la ville qu’elle apparut tout d’abord et qu’elle commença à exercer ses activités répressives. Elle n’allait pas tarder à se préoccuper d’organiser, de rationaliser et d’étendre son rayon d’action et sa présence sur tout le territoire qui tombait sous sa juridiction, bien qu’à cette époque le rôle de l’espace urbain dans son organisation fût élevé. Plusieurs tribunaux furent alors institués ; implantés dans une ville principale, ils contrôlaient une zone spécifique qui constituait leur district2. Parallèlement, allait être renforcée dans ces districts la formation d’un réseau de serviteurs, constitué de familiers du Saint-Office et de commissaires, qui mettaient en contact le siège des tribunaux et l’environnement où se situaient leurs représentants3. L’objectif final de cette organisation allait être d’augmenter la capacité de pénétration inquisitoriale dans le territoire pour étendre ainsi son contrôle à l’ensemble du royaume, même s’il est vrai qu’en général c’est dans les principales zones de peuplement et les espaces urbains de ces districts que fut atteint le plus haut degré de représentation4. Ce qui a joué, dans cette situation, c’est que d’une part l’organisation inquisitoriale ait pu trouver de plus grandes possibilités d’implantation dans la société urbaine, plus dynamique et plus diversifiée, et que, d’autre part, l’Inquisition ait acquis la conviction que ces endroits étaient précisément les plus propices au développement des hérésies et déviances qu’elle poursuivait, et cela fut peut-être déterminant. Une telle conviction était plus forte encore lorsqu’à la condition de lieu de peuplement doté de fonctions urbaines s’ajoutait la situation de zone de passage ouverte sur l’extérieur par voie de mer ou de terre, car l’arrivée des marchandises et des influences de l’extérieur et la présence d’étrangers parmi les habitants augmentaient la sensation de vulnérabilité face à une possible infection hérétique, et par conséquent, le besoin d’une surveillance et d’une présence inquisitoriale5.
3Au xviiie siècle, les motifs des poursuites inquisitoriales varièrent peu par rapport aux périodes antérieures, car la plupart du temps, l’Inquisition s’attachait à localiser et à éradiquer les hérésies et déviances qui avaient traditionnellement occupé son attention, depuis les judaïsants, durement réprimés dans les premières décennies du siècle6, jusqu’aux superstitieux et religieux solliciteurs qui furent légion dans leurs tribunaux secrets7. Néanmoins, au fil du temps, de nouveaux motifs de poursuites furent ajoutés à ceux-ci. L’un d’entre eux fut la franc-maçonnerie8, à laquelle vinrent s’ajouter, dans le domaine des idées contrôlées par l’institution inquisitoriale, et principalement dans sa tendance à la censure, le Jansénisme et les doctrines théologiques voisines durant la première moitié du xviiie siècle et, plus tard, l’idéal des Lumières diffusé par les philosophes rationalistes et les encyclopédistes, principalement français. Après 1789, la protection de la Péninsule face à la pénétration et à la diffusion des idées inspirées de la Révolution Française allait devenir l’un des axes de l’action répressive de l’Inquisition9.
4La France fut ainsi considérée comme l’une des principales sources de danger et de menace extérieure pour l’ordre que protégeait l’Inquisition tout au long du siècle des Lumières. Les marchandises, surtout sous la forme imprimée, et les personnes en provenance de l’étranger, et en particulier du territoire français, apparurent aux yeux de l’Inquisition encore plus suspectes que d’ordinaire, si c’est possible. Par conséquent, les endroits offrant les plus grandes possibilités de contacts avec ces territoires et ces gens, devinrent des zones centrales de l’intérêt et de la vigilance inquisitoriale.
5Précisément, toutes ces villes et cités de l’espace urbain du nord de la Péninsule relevant de la juridiction du tribunal de Logroño, furent parmi les zones qui eurent à supporter la plus forte pression et le plus fort impact de l’action inquisitoriale. Ses inquisiteurs expliquaient clairement en 1717 les raisons d’une telle situation dans le cas concret de la ville de Pampelune, alléguant qu’il s’agissait « de la ville la plus peuplée du district et qu’elle est fréquentée par des personnes nombreuses et variées, principalement en provenance du royaume de France, à cause de sa grande activité commerciale. Chaque jour des cas graves et importants apparaissent, qui relèvent non seulement de ce tribunal mais également d’autres inquisitions10 ». Ils pouvaient invoquer de semblables motifs concernant d’autres localités du district de Santander, Saint-Sébastien, Bilbao…, autant de grandes villes ayant des étrangers dans leur population et d’importantes routes et chemins conduisant à l’extérieur du royaume auxquelles s’ajoutait, dans le cas des territoires forales basquonavarrais, leur condition de territoires exemptés du système douanier royal, si bien que pour la Couronne le contrôle inquisitorial s’y érigeait également en moyen de surveillance et d’intervention.
Mécanismes de présence et de contrôle inquisitorial dans les espaces urbains du district
6En 1754, un religieux écrivait depuis Saint-Sébastien à l’Inquisiteur général Pérez de Prado pour, entre autres, porter à sa connaissance la délicate et dangereuse situation qui était vécue selon lui dans cette ville portuaire du nord de l’Espagne. Fray Teodoro faisait remarquer que « dans les réunions qui se tiennent ici, on aborde avec beaucoup de liberté des questions de religion : les questions les plus délicates sont débattues par des ignorants, on craint peu ou pas du tout les armes de l’Église ; et il se peut même que circulent des propos fort peu conformes à nos conceptions catholiques ». Selon lui, cela provenait :
« Du fait irrémédiable que cette ville est située à proximité de la frontière française et qu’il arrive ici, très librement, les relents d’une foi aussi perturbée que la foi française, d’où le nombre important de livres français, peut-être même pas expurgés, qui passent d’une maison à une autre, et que l’on trouve en grand nombre, dans quelques bibliothèques privées, ouverts à tous et pourtant sévèrement condamnés par le Saint-Tribunal11. »
7Devant de telles déclarations, la réponse de l’Inquisiteur général, bien que longue, nous permet de connaître les orientations des principales lignes d’action de l’Inquisition dans ce qui constituait alors les deux terrains principaux sous sa tutelle, « les livres interdits et le manque de respect à la religion ». Pérez de Prado s’exprimait ainsi :
« Comme il s’agit de deux questions différentes, les remèdes seront également différents. Afin de retirer les livres interdits, une disposition peut être prise qui consiste à rendre de nouveau public un Édit promulgué par moi contre les lecteurs, détenteurs, vendeurs et acheteurs, que doit encore posséder le commissaire, et Votre Révérende Grâce Apostolique pourrez lui dire que, par cette lettre, je lui intime l’ordre d’y pourvoir et de faire en sorte, en fonction du nombre de personnes concernées, de le multiplier et de le faire lire lentement et avec soin par un ecclésiastique à la voix claire, afin qu’il soit entendu de tous et qu’ainsi prévenus, les uns, parce qu’ils sont de bon chrétiens, et les autres, parce qu’ils ont peur, remettront les livres interdits qu’ils possèdent tandis que d’autres encore dénonceront ceux qui pourraient en posséder, et ainsi il sera porté remède à ce fléau. En plus de tout cela, Votre Révérende Grâce Apostolique pourra grandement coopérer par son application et je vous confie la charge de contrôleur des bibliothèques afin d’expurger les livres des particuliers, en conformité avec l’Index, en vertu de quoi, Votre Révérende Grâce Apostolique pourra recenser les librairies commerciales et bibliothèques publiques s’il y en a, pour en retirer les livres interdits avant de m’en rendre compte. S’agissant des particuliers qui détiennent des livres interdits, certains seront des personnes de qualité et d’autres de moindre stature, les uns, dociles et catholiques, en entendant de votre bouche rappeler mon pouvoir et leur obligation et les peines que l’Église leur réserve, se débarrasseront d’eux-mêmes de ce venin, volontairement, en remettant les ouvrages qui le contiennent. Pour les autres, plus retors, la persuasion agira jusqu’à les obtenir, et s’il semble nécessaire à Votre Révérende Grâce Apostolique que le commissaire s’en charge, je lui donne, bien entendu l’ordre d’y procéder, non pas accompagné d’un officier ou au moyen d’une notification judiciaire mais par admonestation et, le cas échéant, si l’usage de la force s’avérait nécessaire, vous m’enverrez la preuve que de tels livres sont détenus, que le propriétaire ne veut pas les remettre et je vous enverrai l’ordre correspondant. Je considère que le seul remède contre les propos tenus contre l’Église est la prédication. Si un orateur chrétien bien intentionné, comme il importe de l’être pour lutter contre ce fléau public, faisait entendre, d’un sermon à l’autre, les menaces que Dieu fait peser sur de tels grenouilles et crapauds ronfleurs, qui du fond de leur ignorance blasphèment et délirent, s’opposant parfois indirectement aux vérités de la foi et directement à celles de la piété reçues par tradition dans notre sainte mère l’Église guidée et éclairée par l’Esprit saint, il serait d’un grand secours. Et plus encore, s’il se trouvait quelqu’un, provenant d’autres religions et du clergé séculier, pour faire le même rappel à l’ordre du haut de sa chaire publique ou dans les conversations privées afin qu’il soit omnis terra labis unius. Mais, même si cette aide n’apparaît pas, la parole de Dieu ne sera pas vaine12… »
8On allait donc utiliser, comme principaux outils d’action en faveur des objectifs inquisitoriaux, la publication d’Édits et la prédication, les visites aux librairies et bibliothèques, l’expurgation et la censure des livres, ainsi que la délation et la contrainte par des peines canoniques. À ce groupe d’activités allait s’ajouter, bien que le texte ne le dise pas explicitement, la visite des navires qui accostaient aux ports de ces localités afin d’inspecter leur chargement. Les commissaires allaient prendre en charge et coordonner ces activités, dirigées par les inquisiteurs et assistés parfois par des familiers et d’autres collaborateurs du tribunal tels que les contrôleurs et qualificateurs. Néanmoins, la responsabilité finale de l’action inquisitoriale retombait, fondamentalement, sur la coopération de la population laïque et du clergé séculier et régulier, en définitive, sur toute la société, avec les représentants du Saint-Office.
9Il apparaît que vers 1750, la situation de ce réseau de serviteurs inquisitoriaux de district, qui par moments et selon les zones était devenu très dense, était extrêmement délicate. Avec un nombre de plus en plus réduit de membres depuis le milieu du xviie siècle, l’Inquisition commença à rencontrer de plus en plus de problèmes pour obtenir de nouvelles adhésions, ainsi que pour conserver celles qu’elle possédait déjà, si bien que sa capacité à être présente aux yeux de la société et à exercer sur elle sa pression, son action et son influence, se vit sérieusement amoindrie. La politique centraliste, réformiste et régalienne promue par les gouvernements bourboniens, associée à la diffusion de l’idéal des Lumières et aux tendances à la sécularisation qui commençaient à acquérir une relative vigueur dans certains cercles de la société espagnole, allaient augmenter les difficultés de l’Inquisition à maintenir cette position prééminente et puissante qui en d’autres temps lui avait permis de devenir un corps bureaucratique d’un très grand poids politique et social dans le royaume. De fait, ces circonstances ont été interprétées par une bonne partie de l’historiographie inquisitoriale comme l’un des symptômes du déclin inexorable, bien que par ailleurs d’une très longue durée et de toute évidence décisif, dans lequel se vit plonger le Tribunal tout au long du xviiie siècle.
10Dans l’organisation en districts du Tribunal de Logroño, on perçoit nettement les effets de ces conjonctures dès la fin du xviie siècle. Néanmoins, dans la deuxième moitié du siècle et à l’inverse de ce qui apparemment avait pu se produire dans d’autres endroits, l’Inquisition fut capable de maintenir sa structure grâce à l’augmentation de la demande d’accès aux fonctions relevant du district, demande émanant en outre des secteurs les plus représentatifs des sociétés locales, aussi bien consolidés qu’en cours de promotion sociale.
11Ce furent en particulier les villes et cités les plus importantes du district qui bénéficièrent de cette évolution, et surtout celles où la présence inquisitoriale était jugée la plus nécessaire, car elles étaient le point de convergence de gens, de routes ou de marchés très connus à l’extérieur.
12Ainsi, à Bilbao et Saint-Sébastien, noyaux urbains où le volume du trafic maritime était plus important que celui du reste des ports des provinces basques, comme leur niveau de peuplement et la présence d’étrangers13, le tribunal de Logroño put compter sur un nombre important de serviteurs tout au long du xviiie siècle, sans qu’à aucun moment on ne rencontre de grandes difficultés pour occuper des postes à pourvoir. En réalité, la vacance d’un poste de l’Inquisition dans l’une ou l’autre de ces localités fut toujours l’objet de conflits entre bon nombre de candidats. En 1762, par exemple, après la mort du commissaire et notaire de Saint-Sébastien, six candidats se présentèrent pour occuper immédiatement le commissariat aussi bien personnellement qu’en tant que suppléants, ainsi que la charge de notaire14. De la même façon, à Bilbao, lorsque le commissariat se retrouva libre en 1781, il y eut quatre candidats pour l’occuper15, et en 1803, lorsque la même situation se répéta, quatre autres candidats se présentèrent16. Lorsque le poste d’alguazil s’y trouva également vacant en 1764, sept aspirants au moins le sollicitèrent17 et quand cela se reproduisit en 1795, neuf prétendants de plus se présentèrent18.
13L’un des cas les plus emblématiques de cette période fut celui de Santander, ville de la côte cantabrique qui, tout au long du xviiie siècle, et surtout dans sa deuxième moitié, connut une importante transformation et une évolution, stimulée par le gouvernement, qui finit par en faire l’enclave économique, démographique et sociale la plus dynamique de la région19. Cette évolution fut accompagnée d’une augmentation et d’un renforcement de la présence de serviteurs du Saint-Office dans la ville20. Le besoin de ministres du Saint-Office dans cette ville était justifié en 1763 « par le nombre important d’affaires pouvant être réalisées à l’occasion de la création du nouvel évêché, l’importante activité commerciale, la fréquentation d’étrangers d’origine diverse et le nombre important de sa population21 », et cette requête obtint une réponse affirmative, si bien que, comme cela s’était déjà produit dans les localités basques de Bilbao et Saint-Sébastien, les postes vacants de commissaires et les charges d’alguazil de Santander suscitèrent l’intérêt de la société locale et de nombreux aspirants luttèrent pour les obtenir22.
14Une question différente de celle de l’occupation des charges inquisitoriales fut celle de l’efficacité de leurs titulaires dans l’accomplissement des missions qui leur étaient confiées. En réalité, cela fut mis sérieusement en sourdine non seulement parce que fréquemment les titres inquisitoriaux étaient assimilés à des attributs éminemment honorifiques, mais aussi à cause de l’implication de leurs titulaires dans des irrégularités, des fraudes et de la corruption – l’un des plus grands scandales dans lequel se virent impliqués des serviteurs du district de Logroño dans cette phase finale, se produisit, par exemple, dans la stratégique ville d’Irún où l’on découvrit en 1776, que, depuis des années, le commissaire et le notaire n’enregistraient aucune des marchandises qui y transitaient, et touchaient en outre des commissions illégales23.
15Des cas comme celui-ci, qui n’étaient ni nouveaux ni propres à cette période, ne facilitèrent évidemment pas la réalisation des tâches inquisitoriales de lutte contre l’hérésie et de contrôle social. Néanmoins, elles ne signifièrent pas non plus l’incapacité de l’Inquisition à agir. De fait, le tribunal de Logroño reçut, tout au long du xviiie siècle un grand nombre de plaintes et de dénonciations provenant du district qui permirent de localiser nombre de contrevenants coupables des délits qu’elle poursuivait, et de saisir des livres et d’autres marchandises susceptibles d’être hérétiques ou subversives. Rien que pendant la seconde moitié du xviiie siècle et jusqu’en 1808, plus de huit cents procédures furent engagées dont six cents au moins donnèrent lieu à des procès24. Une grande partie des personnes mises en cause fut localisée précisément dans ces villes et cités principales du district.
L’impact de l’action inquisitoriale dans les villes du district : objectifs et résultats
16Effectivement, de la même façon que le monde urbain subit la plus forte présence inquisitoriale, il subit également l’impact de son action avec une plus grande intensité que les zones rurales, lesquelles, par ailleurs, constituaient l’essentiel du territoire espagnol tout au long de l’époque moderne.
17Les villes, leurs habitants et d’éventuels résidents ou voyageurs de passage, fournirent à l’Inquisition de multiples opportunités de réprimer tout le vaste éventail de délits, déviances et hérésies qu’elle poursuivait, quoique l’incidence de ceux-ci ait pu varier.
18En étudiant le cas concret du tribunal de Logroño, nous voyons comment, dans la seconde moitié du xviiie siècle, les personnes accusées d’être de faux convertis, d’avoir apostasié, ou d’être des francs-maçons, appartenaient presque toujours à la zone urbaine du district, tandis que les superstitieux, solliciteurs et bigames furent localisés dans l’ensemble de ce territoire, aussi bien rural qu’urbain. De son côté, le délit de proposition, dans lequel se virent impliqués plus de la moitié des inculpés de Logroño au cours de la même période, eut des répercussions dans des lieux aussi différents que le petit village d’Abionzo, dans La Montaña, ou dans une ville de l’importance de Pampelune. Néanmoins, ce fut dans des villes comme la capitale de la Navarre, autant qu’à Bilbao, Vitoria ou Saint-Sébastien, qu’un plus grand nombre de personnes fut dénoncé pour avoir commis certains des nombreux délits regroupés dans la catégorie « propositions ».
19Pourrait-on alors parler de délits spécifiquement urbains ? D’après l’observation du cas de ce tribunal, oui, dans le sens où il y eut des catégories délictueuses qui touchèrent essentiellement des habitants et d’éventuels visiteurs de ces zones aux caractéristiques urbaines. En réalité, les grandes villes du district offrirent un plus grand nombre de cas à l’Inquisition et, naturellement, les caractéristiques propres de la société urbaine, plus hétérogène, plus dynamique et plus ouverte à l’échange et aux influences, purent favoriser un plus grand risque de tomber dans l’hérésie ou dans tout autre délit poursuivi. Toutefois, dans ce comportement, nous insistons, le fait que la présence inquisitoriale ait été plus forte dans ces endroits, et qu’elle ait, par conséquent, exercé sur eux un contrôle plus étroit, dut intervenir également de façon déterminante.
20L’action répressive de l’Inquisition toucha des membres de toutes les sphères de la société urbaine du district, depuis les nobles jusqu’aux roturiers, des ecclésiastiques ou des laïcs, des militaires, des artisans ou des commerçants, des riches et des pauvres… Dans des villes comme Bilbao, l’action inquisitoriale s’abattit aussi bien sur des pauvres sans le sou, des paresseux, des vagabonds ou des mendiants, comme Antolín Magdalena, jugé en deux occasions en 1744 et 1759 pour superstition, exerçant le métier de guérisseur25, que sur de prospères hommes d’affaires du type de Bertrand Douat, riche commerçant français qui atteignit le sommet de son ascension
21sociale par l’achat du titre de Marquis de la Colonilla, et contre qui furent engagées en 1782 deux procédures pour avoir eu en sa possession des tableaux indécents et pour avoir possédé et utilisé des livres interdits26.
22La juridiction de l’Inquisition s’étendait à l’ensemble des habitants du royaume, indépendamment de leur état ou de leur condition, et elle agit en conséquence. Néanmoins, un secteur de la population fut l’objet d’une attention particulière de sa part, celui des étrangers. À leur égard, comme pour les marchandises en provenance de l’extérieur, le Tribunal allait faire preuve d’une susceptibilité particulière, de telle sorte que, bien que sa juridiction ait été limitée aux catholiques du royaume, c’est-à-dire à la totalité de la population, le contrôle des étrangers s’exerça indépendamment de cette circonstance – que l’on ait ensuite procédé contre eux à des poursuites judiciaires ou non est une autre affaire. Il est vrai qu’en plus du contrôle de l’hérétique, l’action de l’Inquisition comme mur de contention face à une possible pénétration hérétique de l’extérieur occupa une place centrale dans le cadre de ses missions essentielles, depuis le début de la lutte contre la religion réformée vers le milieu du xvie siècle et l’identification de l’étranger à l’hérésie. De cette façon, s’exerça une étroite surveillance des personnes et des produits, surtout sous la forme de livres, venus de l’extérieur du royaume, et qui allait perdurer au fil du temps.
23Cela aurait une importance particulière dans les espaces urbains et plus encore dans les zones portuaires et frontalières car c’est là que les échanges commerciaux avec l’extérieur allaient avoir la plus grande incidence, ainsi que dans les endroits où les communautés d’étrangers tendaient à s’établir de façon permanente ou temporaire27.
24Un candidat au commissariat de Portugalete s’exprimait dans ce sens en 1777 en faisant remarquer que ce port était « le premier port d’entrée et de sortie de tous les navires qu’il accueille et qui participent au très important commerce de la ville de Bilbao, fréquentée, en raison des marchandises qui y transitent, par des gens de mœurs et de religions différentes, et que c’est peut-être pour cette raison que l’on y a vu à plusieurs reprises des commissaires du Saint-Office pour prévenir les très graves dangers que peut occasionner l’insolence des schismatiques et des hérétiques28 ».
25Il a été signalé plus haut que les personnes accusées par le tribunal de Logroño d’être de faux convertis ou d’être des apostats se trouvaient essentiellement dans les zones urbaines du district, certes, mais il faudrait ajouter une précision supplémentaire : dans la plupart des cas, ces délits étaient commis par des étrangers. De fait, laissant de côté les Portugais accusés d’être judaïsants et qui traversaient le district en direction de l’Europe lorsqu’ils furent arrêtés, les personnes mises en cause comme faussement converties au catholicisme furent en grande partie des protestants étrangers, qui feignirent leur conversion, d’après les déductions du tribunal, pour pouvoir résider dans le royaume et y faire du commerce plus facilement. C’est ce qui se produisit, par exemple, avec William Hopkinson et sa femme, Elisabeth Evans, anglais résidant à Bilbao, qui s’adonnaient au commerce, et contre qui fut engagée une procédure en 1792, l’homme « s’étant établi dans le royaume en tant que protestant anglican » trois ans auparavant, et la femme, pour avoir feint sa conversion au catholicisme, mangeant de la viande le vendredi et n’allant pas à l’église. De plus, William venait d’être jugé et puni par la justice royale pour contrebande, après quoi, le tribunal de Logroño ayant instruit son affaire, le Conseil de la Justice Suprême ordonna leur expulsion d’Espagne29.
26Il y eut également quelques bigames et des accusés de superstition et de sollicitation d’origine étrangère, mais, comme cela s’était produit pour l’ensemble des inculpés, ce furent les délits regroupés sous le terme de « propositions et blasphèmes » qui conduisirent principalement les étrangers devant l’inquisition tout au long de la seconde moitié du xviiie siècle. Dans un premier temps, les propositions jugées étaient principalement des propos proférés contre la foi catholique bien que dans certains cas elles aient été interprétées par l’historiographie comme des manifestations de positions matérialistes ou déistes et aient été imputées par le Tribunal à une mauvaise compréhension de la langue30 ou à l’absence de prudence de la part de l’inculpé31.
27À partir de 1790-1791 et jusqu’en 1795, la presque totalité des accusations concerna des propositions faisant allusion au nouveau régime de la France, avec parfois du mépris pour le roi, le Pape, les préceptes de l’Église et de l’Inquisition. Dans de nombreux cas, à ces charges furent également ajoutées la lecture et la détention de livres interdits ou l’usage et le commerce de tableaux, de médaillons et d’inscriptions jugées subversives.
28En réalité, c’est pendant ces premières années de la dernière décennie du siècle que les étrangers établis dans des villes du district, ou qui y séjournaient de façon temporaire, sentirent véritablement l’impact de l’action inquisitoriale. Jusqu’alors, bien que la méfiance à l’égard de l’étranger n’eût jamais disparu, l’incidence réelle des étrangers dans les salles secrètes du tribunal de Logroño avait été minime, surtout après que se fut apaisée définitivement l’intense répression qui s’était exercée au début du xviiie siècle sur un bon nombre de personnes d’origine portugaise accusées de judaïser et essayant de fuir les quartiers juifs d’Europe en traversant ce district. Pour être plus précis, si entre 1746 et 1808, les étrangers inquiétés par le tribunal de l’Inquisition furent au moins au nombre de cent trente, quatre-vingtdix d’entre eux le furent entre 1789 et 1795.
29Dès le milieu du xviiie siècle, la France et les Français suscitèrent une méfiance inquisitoriale particulière et croissante qui allait culminer avec la Révolution de 1789, et particulièrement lorsque l’Inquisition tenta de donner une réponse à la demande de collaboration formulée par le gouvernement, au sujet de la fermeture des frontières décrétée par Floridablanca en 179232.
30Les villes portuaires et frontalières du district de Logroño ressentirent avec force cette méfiance et cette vigilance à l’égard de ce qui arrivait de France, non seulement pour leur proximité avec le pays voisin, mais aussi parce que parmi leurs habitants elles accueillaient des communautés d’étrangers dont la majorité était originaire de ce pays33. De fait, le plus grand nombre d’étrangers jugés à Logroño furent localisés dans la ville de Bilbao, suivie de Saint-Sébastien et Pampelune, et plus loin par Santander et Vitoria. 85 % étaient d’origine française, tandis que le reste se répartissait entre les Italiens, les Anglais et les Suisses, à côté d’un Allemand, d’un Irlandais, d’un homme d’ascendance hollandaise et d’un Texan. Bien que les chiffres soient incomplets, de façon majoritairement écrasante, il s’agit d’hommes, à l’exception de deux femmes françaises, qui se consacraient à l’artisanat et aux activités commerciales, depuis le grand commerce jusqu’aux petites boutiques en passant par la vente ambulante.
31Un candidat au poste de commissaire de Fuenterrabía faisait remarquer un semblable danger en 1769 en plaidant pour une surveillance inquisitoriale particulière de cette localité stratégique, car, « comme il s’agit d’une ville de garnison, peuplée de soldats, d’un port maritime et d’une frontière avec la France […], il est très facile pour des personnes professant une fausse doctrine et possédant des livres et des écrits contenant des propos erronés, de s’y introduire34 ». Puis, au cours des dernières années du siècle, pendant la Révolution Française, la sensation de danger latent dans le district de Logroño fut en augmentation à cause des informations en provenance de l’étranger et faisant référence à l’objectif des Français d’inciter à la rébellion le peuple d’Espagne, pour lequel « ils ont édité une Constitution et d’autres ouvrages pervers de petit format », d’après une information émanant de Paris en décembre 1791, et « de nombreux exemplaires ont été envoyés à une municipalité de Bretagne pour être remis à des négociants de Cadix et de Saint-Sébastien […] ; dans ces deux localités, il y a des gens qui traduisent en espagnol des ouvrages séditieux pour répandre partout les principes de la révolution contre la religion et le roi notre seigneur35 ».
32Concrètement, il semble qu’à Saint-Sébastien aient circulé des écrits sur les événements révolutionnaires de France dès l’été 1789 et, d’après des informations reçues par le tribunal de Logroño, la Casa de Café « où se réunissent la jeunesse et la troupe pour s’y divertir », fut l’un des lieux où « l’on a parlé avec liberté des questions de religion et de la France ». Selon des déclarations recueillies par le tribunal en 1791, on y débattait sur des sujets de religion, « spécialement sur le précepte de la messe, comme si les Français et les enfants du pays éduqués en France doutaient de la valeur des indulgences et des peines du Purgatoire ». Suite à l’enquête inquisitoriale effectuée par le commissaire donostiarra36 sur les clients assidus de cet établissement et ses possibles déviances hérétiques, seize procédures furent engagées contre autant de personnes. Au moins treize d’entre elles étaient françaises et, soit résidaient à Saint-Sébastien et se consacraient essentiellement au commerce ou à des activités artisanales, soit avaient accompagné ou servi l’armée française37. Toutes furent accusées, entre autres, d’avoir tenu « des propos contre la foi et des idées d’adhésion au système et aux libertés de la France ».
33Aux yeux du tribunal, les étrangers, à cause de leurs opinions, pouvaient se livrer à du prosélytisme en faveur des idées de la Révolution qui allaient également devoir être contrôlées et réprimées, et influencer ainsi les gens du lieu et mettre en danger l’ordre que l’Inquisition défendait et protégeait. À Bilbao, par exemple, en 1793, fut dénoncé au tribunal de Logroño un groupe de commerçants pour leur sympathie envers l’Assemblée et la Constitution française. Trois étaient des résidents Français et au moins quatre de plus étaient originaires de la ville où il avait été remarqué qu’ils diffusaient « des informations favorables à la France avec une certaine satisfaction, tandis qu’ils s’opposaient à celles qui étaient en faveur des armées combinées ou qu’ils les tenaient pour fausses38 ». Car le sentiment de vulnérabilité et les réticences face à tout ce qui avait à voir avec l’extérieur s’accentuèrent encore plus avec les circonstances particulières imposées par la Guerre de la Convention dans certaines zones du district, comme en Guipuzcoa et dans le nord de la Navarre tout d’abord, et dans des villes comme Vitoria et Bilbao ensuite, qui tombèrent sous la domination de l’armée française entre 1793 et 179539.
34Dans une telle conjoncture, l’Inquisition se méfia même des ecclésiastiques français qui entraient en Espagne afin de se protéger de la France révolutionnaire, en les considérant comme de possibles diffuseurs des dangers de la francophilie et de la Révolution. Nombre d’entre eux choisirent les villes portuaires et frontalières du district de Logroño pour pénétrer dans le royaume et s’y installer et nombre d’entre eux subirent les effets de l’étroite surveillance inquisitoriale. Dix-sept au moins furent inculpés par le tribunal de Logroño entre 1791 et 1795. Les propos et lectures favorables à la France et le soupçon qu’ils avaient juré sa Constitution constituèrent les accusations de la majorité d’entre eux. Un autre fut soupçonné d’avoir été franc-maçon, janséniste et quatre autres furent accusés de sollicitation.
Notes de bas de page
1 Lanza García R., « Ciudades y villas de la cornisa cantábrica en la época moderna », dans Fortea Pérez J. I. (éd.), Imágenes de la diversidad. El mundo urbano en la Corona de Castillo (s. xvi-xviii), Santander, 1997, p. 165-200. Idem, La población y el crecimiento económico de Cantabria en el Antiguo Régimen, Madrid, 1991. Fernández de Pinedo E., Crecimiento económico y transformaciones sociales en el País Vasco, 1100-1850, Madrid, 1974.
2 Contreras J., Dedieu J.-P., « Estructuras geográficas del Santo Oficio en España » dans Escandell Bonet B., Pérez Villanueva J. (dir.), Historia de la Inquisición en España y América, Madrid, 1993, t. 11, p. 3-47.
3 Lea H. C., Historia de la. Inquisición española, Madrid, 1983, vol. 11, p. 132-148. López Vela W., « Sociología de los cuadros inquisitoriales », dans Escandell Bonet B., Pérez Villanueva J. (dir.), Historia de la Inquisición en España y América, Madrid, 1993, t. 11, p. 804 et suiv.
4 López Vela R., « La Inquisición de la época confesional en el mundo urbano (1550-1740) », dans Fortea Pérez J. I. (éd.), Imágenes de la…, op. cit., p. 363-390.
5 Cristóbal M., « La Inquisición de Logroño : una institución de control social (1530-1614) » dans Inquisición española. Nuevas aproximaciones, Madrid, 1987, p. 37-138. Reguera Acedo I., La Inquisición española en el País Vasco (el tribunal de Calahorra, 1513-1570), Saint-Sébastien, 1984, p. 25-176. Torres Arce M., La Inquisición en su entorno. Servidores del Santo Oficio de Logroño en el reinado de Felipe V, Santander, 2000, p. 11-128. Bethencourt F., La Inquisición en la época moderna. España, Portugal, Italia, siglos xv-xix, Madrid, 1997, p. 69-74. Contreras J., El Santo Oficio de la Inquisición de Galicia (poder, sociedad y cultura), Madrid, 1982, p. 90-144. Idem, « Las causas de fe de la Inquisición de Galicia : 1560-1700 », dans Pérez Villanueva J. (dir.), La Inquisición española. Nueva visión, nuevos horizontes, Madrid, 1980, p. 361. Haliczer S., Inquisición y sociedad en el reino de Valencia, (1478-1834), Valencia, 1993, p. 250-253. Martínez Millán J., « La burocracia del Santo Oficio de Cataluña durante el siglo xviii », dans Archivo Ibero-americano, XLIV (1984), p. 156. Idem, « La burocracia del Santo Oficio de Valencia durante el siglo xviii », dans Miscelánea Comillas, XL, 77 (1982), p. 154-156.
6 Caro Baroja J., Los judíos en la España Moderna y Contemporánea, Madrid, 1986, t. 111, p. 91-131. Domínguez Ortiz A., Los judeoconversos en la España moderna, Madrid, 1993, p. 106-110. Egido T., « La última gran ofensiva contra los judíos », dans Escandell Bonet B., Pérez Villanueva J. (dir.), Historia de la Inquisición en España y América, Madrid, 1984, t. 1, p. 1394-1404. Martínez Millán J., « La persecución inquisitorial contra los criptojudíos en el siglo xviii. El tribunal de Llerena (1700-1730) », dans Escandell Bonet B., Pérez Villanueva J. (dir.), Historia de la Inquisición en España y América, Madrid, 2000, t. 111, p. 557-656. Idem, « La persecución inquisitorial contra los criptojudíos a principios del siglo xviii. El tribunal de Murcia (1715-1725) », dans Sefarad, Revista de Estudios Hebraicos, Sefardiés y de Oriente Próximo, XLIX, 1989, p. 307-363. Lera R. de, « Gran ofensiva antijudía de la Inquisición de Granada, 1715-1727 », dans Chronica Nova, 17, 1989, p. 147-169. Idem, « La última gran persecución inquisitorial contra el criptojudaísmo : el tribunal de Cuenca, 1718-1725 », dans Escudero López J. A. (éd.), Perfiles jurídicos de la Inquisición Española, Madrid, 1989, p. 805838. Idem, « Judaizantes procesados por la Inquisición de Cuenca, 1718-25 », dans Actas del I Congreso de Historia de Castilla La Mancha. Conflictos sociales y evolución económica en la Edad Moderna, (1). Toledo, 1988, t. VII, p. 261-268. Prado Moura A. de, « La Inquisición y los judaizantes portugueses durante el siglo xviii : balance de una intensa represión », dans Cuadernos de Estudios Sefardies, 2, 2002, p. 9-24. Torres Arce M., « Los judaizantes y el Santo Oficio de Logroño en el reinado de Felipe V » dans Escandell Bonet B., Pérez Villanueva J. (dir.), Historia de la… op. cit., t. 111, p. 657-693.
7 Alejandre J. A., El veneno de Dios. La Inquisición de Sevilla ante el delito de solicitación en confesión, Madrid, 1994. Alejandre J. A., Torquemada Sánchez M. J., Palabra de hereje. La Inquisición de Sevilla ante el delito de proposiciones, Séville, 1998. Peñafiel A., « Control y actuación inquisitorial en la Murcia del setecientos », dans Carthaginensia, vol. 111, 1987, p. 191-231. Dedieu J. P., « Los cuatro tiempos de la Inquisición », dans Bennassar B. (dir.), Inquisición española : Poder político y control social, Barcelone, Crítica, 1981. Idem, « Les causes de foi de l’Inquisition de Tolède (1483-1820) », dans Mélanges de la Casa de Velázquez, XIV, 1978, p. 143-171. Dufour G., Clero y sexto mandamiento. La confesión en la España del siglo xviii, Valladolid, 1996. Gacto Fernández E. (éd.), El centinela de la fe. Estudios jurídicos sobre la Inquisición de Sevilla en el siglo xviii, Séville, 1997. Galende Díaz J. C., La crisis del siglo xviii y la Inquisición española. El caso de la Inquisición toledana, (1700-1820), Madrid, 1988. García Ibars F., La represión en el tribunal de Granada, 1550-1819, Madrid, 1991. Prado Moura A. de, Las hogueras de la intolerancia. La actividad represora del Tribunal inquisitorial de Valladolid (1700-1834), Valladolid, 1996. Sarrión Mora A., Sexualidad y confesión. La solicitación ante el Tribunal del Santo Oficio (siglos xvi-xix), Madrid, 1994. Idem, Beatas y endemoniadas. Mujeres heterodoxas ante la Inquisición, siglos xvi al xix, Madrid, 2003. Torres Arce M., Un tribunal de la fe en el reinado de Felipe V. Reos y procesos en el Santo Oficio de Logroño (1700-1746), Logroño, 2002.
8 Ferrer Benimelli J. A., La masonería española en el siglo xviii, Madrid, 1986. Idem, « Inquisición y Masonería », dans Escandell Bonet B., Pérez Villanueva J. (dir.), Historia de la…, op. cit., t. 1, p. 1286-1304. Idem, « Un caso de política interior : Fernando VI y la masonería », dans La época de Fernando VI, Oviedo, 1981, p. 57-138. Idem, « La Inquisición frente a Masonería e Ilustración », dans Alcalá A. y otros (Coords.) : Inquisición española y mentalidad inquisitorial, Barcelona, 1984, p. 463-495. Idem, « El discurso masónico y la Inquisición en el paso del siglo xviii al xix », dans Revista de la Inquisición, 7 (1998), p. 269-282.
9 Defourneaux M., Inquisición y censura de libros en la España del siglo xviii, Madrid, 1973.
10 AHN, Inquisición, dossier 2223, dossier 7, Logroño 5 juin 1717.
11 Ibidem, dossier 2230, Saint-Sébastien 28 janvier 1754.
12 Idem, Madrid, 31 mars 1754.
13 Rey Castelao O., « Los extranjeros en la comisa cantábrica durante la Edad Moderna », dans I Colloque International « Los extranjeros en la España Moderna », Málaga, 2003, t. 11, p. 23-57. Fernández Albatadejo P., La crisis del Antiguo Régimen en Guipúzcoa, 1766-1833 : cambio económico e historia, Madrid, 1975. Gutiérrez Muñoz M. C., Comercio y banca. Expansión y crisis del capitalismo comercial en Bilbao al final del Antiguo Régimen Bilbao, 1994. Basurto Larrañaga R., Comercio y burguesía mercantil de Bilbao en la segunda mitad del siglo xviii, Bilbao, 1988.
14 AHN, Inquisición, dossier 2233, reçue à Madrid le 27 mars 1762, reçue à Madrid le 12 avril 1762, reçue à Madrid le 18 avril 1762, Logroño, 3 mars 1762, Logroño, 10 mai 1762, Logroño, 12 juin 1762, Logroño, 22 octobre 1762.
15 Ibidem, dossier 2 238, Bilbao, 28 décembre 1780, Bilbao, 29 décembre 1780, Madrid, 2 janvier 1781, Logroño, 22 janvier 1781.
16 Ibidem, dossier 2246, Logroño, 2 novembre 1803.
17 Ibidem, dossier 2234, Logroño, 4 mai 1764, Logroño, 14 mai 1764.
18 Ibidem, dossier 2243, Bilbao, 6 juin 1795, Burgos, 24 mai 1795, Bilbao, 30 mai 1795.
19 Domínguez Ortiz A., Sociedad y Estado en el siglo xviii español, Barcelona, 1981, p. 154-155. Martínez Vara T., Santander de villa a ciudad (Un siglo de esplendor y crisis), Santander, 1983. Domínguez Martín R., Actividades comerciales y transformaciones agrarias en Cantabria, 17501850, Santander, 1988. Idem, « Política económica y crecimiento urbano-comercial. Santander en la época de Carlos III », dans Actas del Congreso internacional sobre Carlos III y la Ilustración, Madrid, 1989, t. II, p. A65-491. Hoyo Aparicio A., « La burguesía de los negocios en una ciudad portuaria : Santander, 1821-1874 », dans I Encuentro de historia de Cantabria. Santander, 1999, t. 11, p. 935-948. Maruri Villanueva R., « La sociedad urbana », dans Historia de España Menéndez Pidal, Las bases políticas, económicas y sociales de un régimen en transformación (1759-1834), Madrid, 1998, t. XXX, p. 717-789. Idem, La burguesía mercantil santanderína, 1700-1850. (Cambio social y de mentalidad), Santander, 1990. Palacio Atard V., El comercio de Castilla y el puerto de Santander en el siglo xviii. Notas para su estudio, Madrid, 1959. Sánchez Gómez M. A., Cantabria en los siglos xviii y xix Sociedad, cultura y política, Santander, 1986, t. 11, p. 147-160.
20 Torres Arce M., « La presencia de la Inquisición en Cantabria », dans Maruri Villanueva R. (éd.), La Iglesia en Cantabria, Santander, 2000, p. 267-286.
21 AHN, Inquisición, Dossier 2233, reçu à Madrid 16 décembre 1763.
22 Cinq candidats, par exemple, s’étaient déjà présentés au Commissariat de Santander en 1757, Ibidem, Dossier 2232, année 1757.
23 Ibidem, Dossier 2 236, année 1776.
24 L’année 1746 a été prise comme point de départ de notre analyse car cette date correspond au début du règne de Ferdinand VI.
25 AHN, Inquisición, Dossier 2 232, Logroño, 9 février 1759, 20 octobre 1759. Ibidem, Dossier 2 233, reçue au Conseil le 23 juin 1760, Logroño, 5 juillet 1760. Ibidem, Dossier 2236, Madrid 25 avril 1772.
26 Ibidem, Dossier 2 238, Logroño 10 juillet 1782. Domínguez Ortiz A., Sociedad y estado…, op. cit., p. 171-172. Otazu A., La burguesía revolucionaria vasca a fines del siglo xviii, Saint-Sébastien, 1982, p. 120. Rey Castro 0., Los extranjeros en…, op. cit., p. B, 57.
27 Rey Castelao O., Ibidem, p. 25.
28 AHN, Inquisición, Dossier 2 237, Portugalete, 29 juin 1777.
29 AHN, Inquisición, Dossier 2243, Logroño, 12 septembre 1791, Logroño, 1795. Ibidem, Dossier 2241, Bilbao, 26 mai 1792, Logroño, 19 juin 1792.
30 Pierre Soufren, français, vagabond et colporteur, se consacrant à la vente d’images se justifia avec ce genre d’arguments lorsqu’il fut accusé d’avoir tenu des propos hostiles à la foi catholique, la mauvaise compréhension des faits étant imputés aux témoins et à la difficulté du prisonnier à s’expliquer en castillan, AHN, Inquisición, Dossier 2232, Logroño, 21 mai 1757.
31 Tomás Cervino o Enriquez, alias Morales, portugais arrêté à Vitoria et accusé en 1785 de propos hérétiques pour avoir nié l’existence de Dieu et affirmé que « La très sainte Marie n’était pas restée vierge après l’accouchement », que Jésus-Christ n’a pas racheté nos péchés », et que « notre âme était immortelle », fut finalement jugé dément et en tant que tel envoyé par le tribunal à l’hôpital de Saragosse. D’après Dufour, c’est un tel matérialisme qui laissa sans voix les inquisiteurs et qui les conduisit à le juger fou. Dulbur G., Clero y sexto…, op. cit., p. 57. AHN, Inquisición, Dossier 2238, Logroño 21 octobre 1785. Ibidem, Dossier 2 240, Logroño 1er août 1785, Logroño 15 septembre 1785, Logroño 9 février 1786, Logroño 20 mai 1786, Logroño 17 juin 1786. Comme lui, Pierre Tulsa, français, résidant à Pampelune, fut dénoncé en 1785 pour avoir affirmé « qu’il n’y a de diabolique que nos propres idées » ou « qu’il est préférable de ne pas se confesser plutôt que de ne pas se repentir » ; selon F. Fernández Pardo, des idées aussi avancées et aussi dangereuses conduisirent à le juger fou et à l’envoyer à l’hôpital de Saragosse. Fernández Pardo F., Juan Antonio Llorente, un español « maldito », Logroño, 2001, p. 240. AHN, Inquisición, Dossier 2240, Logroño 17 juin 1785, Logroño 9 novembre 1785.
32 Ibidem, Dossier 2242, Logroño 29 février 1792. Jiménez Monteserin M., « Vigilancia y cordón sanitario », dans Escandell Bonet B., Pérez Villanueva J. (dir.), Historia de la…, op. cit., t. I, p. 1305-1312.
33 Rey Castelao O., « Los extranjeros en…, op. cit., p. 26.
34 AHN, Inquisición, Dossier 2 235, Fuenterrabía, 29 septembre 1769.
35 Ibidem, Dossier 2243, Logroño, 20 décembre 1791. Ibidem, Dossier 2 241, Logroño, 1791.
36 De Saint-Sébastien.
37 « Expediente contra varios sujetos receptadores de cuantos libros prohibidos vienen a este reino por el puerto de Saint-Sébastien y sobre que en la casa del Café de dicho puerto se habla con libertad por la juventud y tropa concurrente a ella de los asuntos de religión y de Francia, con voto al fin ». AHN, Inquisición, Dossier 2 243, Logroño 23 septembre 1791. Ibidem, Dossier 2 241, Logroño 5 septembre 1791. Otazu A., La burguesía revolucionaria…, op. cit, p. 120-121.
38 Ibidem, Dossier 2 241, Logroño 11 décembre 1792, Bilbao 8 janvier 1793. Ibidem, Dossier 2 243, Logroño 20 mars 1793.
39 AHN, Inquisición, Dossier 2 242, Aranjuez 6 mai 1794. Ibidem, Dossier 2 243, Logrofíó 18 mars 1795, Bergara 15 août 1794, Logroño 4 août 1794, Logroño 11 août 1794, Logroño 18 août 1794, Vitoria 26 août 1794, Pampelune 17 octobre 1794, Logroño 2 mai 1795, Pampelune 3 juillet 1795, San Ildefonso 23 juillet 1795, Logroño 4 août 1795, Logroño 19 septembre 1795.
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