L’épiclérat, facteur de régulation sociale ?
p. 189-194
Texte intégral
1Les règles et les pratiques relatives aux successions et aux prestations matrimoniales influent sur l’équilibre économique de toute société. Dans le monde grec antique, les prestations matrimoniales avaient rarement un puissant effet sur la répartition des richesses entre les multiples familles composant une cité parce que la pratique dominante était celle du mariage homogamique : un homme épousait usuellement une femme née dans une famille d’un rang et d’une fortune sensiblement égaux aux siens. Le père versait à sa fille au moment du mariage une dot très inférieure à la part du patrimoine qui reviendrait à son fils après son décès, mais un accord tacite entre les membres de la société faisait qu’un mari attendait une dot d’une valeur donnée quand il recevait une femme du même milieu1. À l’inverse, la composition de la famille était un facteur important dans l’évolution de la fortune. Tous les fils héritaient d’une part égale2 des biens laissés par leur père à sa mort : leur nombre avait un effet automatique sur le patrimoine avec un maintien en cas de fils unique ou une division entre deux frères ou plus. Parfois l’amoindrissement était tel qu’il excluait les fils du groupe social auquel avait appartenu leur père, telle la classe liturgique que nous connaissons bien dans l’Athènes classique3 mais qui existait dans de nombreuses cités hellénistiques. Cela explique en partie que des familles, qui ont eu pourtant des descendants sur plusieurs générations, ont pu disparaître de nos documents qui, on le sait, font connaître plus de riches que de pauvres. Mais le point principal concerne les familles, une sur cinq en général, qui ne comptaient que des filles. En l’absence de frère, toutes les filles se partageaient également les biens de leur père4, mais la division éventuelle du patrimoine entre sœurs avait peu d’effet sur l’équilibre social, à la différence de la concurrence entre filles héritières ou susceptibles d’hériter et filles simplement dotées.
2Une fille qui semblait devoir hériter du patrimoine de son père, ou même de la moitié de ce patrimoine si elle avait une sœur, était un parti bien plus intéressant qu’une femme qui n’apportait que sa dot : ses enfants auraient plus tard deux patrimoines, celui de leur père et celui de leur grand-père maternel. Une telle femme était recherchée par des prétendants dont l’origine et la richesse étaient supérieures à celles de son père : au lieu d’épouser leur égale, une fille dotée, ils préféraient une héritière présomptive d’un milieu inférieur au leur. Dans la conception grecque, le père, qui avait donné à sa fille vie et statut, avait le pouvoir souverain de disposer de sa main. Il pouvait accepter une alliance flatteuse, et souvent utile, et donner sa fille à un gendre influent dont les espoirs s’accompliraient ou non : la jeune femme pouvait mourir sans enfants et l’héritage échappait à la lignée de son mari ; le père, une fois sa fille mariée, pouvait ultérieurement engendrer un fils qui recevrait la fortune. Si la fille n’avait pas atteint l’âge du mariage de son vivant, le pouvoir du père pouvait encore s’exercer post mortem par testament, une pratique attestée à Sparte du temps d’Aristote5. Sinon, le sort de l’héritière dépendait de son tuteur (épitropos), grand-père paternel, plus souvent oncle ou cousin. Si l’héritage ne lui semblait pas négligeable, l’oncle ou le cousin pouvait, le temps venu, prendre lui-même l’héritière pour épouse ou la donner à l’un de ses fils. Il pouvait également, comme le père aurait pu le faire, profiter de l’occasion pour gagner des alliés plus riches ou plus influents que lui. La décision relevait seulement du tuteur (ou des tuteurs)6 : les parents plus éloignés ne pouvaient s’y opposer.
3Une héritière mariée à un homme extérieur à sa famille faisait souvent un mariage qui, tout hypergamique qu’il fût, impliquait un enrichissement pour la descendance de son mari. Un correctif naturel était la naissance de deux fils au moins et leur survie jusqu’à l’âge adulte : les patrimoines de leur père et de leur mère étaient partagés entre eux, ce qui limitait le phénomène de concentration des richesses. On ignore la proportion des unions où ce correctif intervenait, le nombre de cas où nous connaissons la composition de la famille dans ce type de figure étant trop faible pour fournir un échantillon représentatif. Il a existé dans certaines cités grecques un autre correctif, d’ordre institutionnel celui-là : le mariage, imposé par la loi, de l’héritière avec son plus proche parent dans sa lignée paternelle. Aristote7 nous informe dans le livre II de la Politique que, de son temps, Sparte souffrait d’une très forte inégalité économique entre concitoyens, avec une concentration des terres entre un petit nombre de personnes. Il ajoute que les deux cinquièmes des terres avaient des femmes pour propriétaires : selon lui, le phénomène serait dû d’une part à la coutume chez les riches de constituer des dots anormalement importantes, d’autre part à l’inexistence de toute législation sur le mariage des héritières, avec une liberté totale laissée au tuteur et au père, grâce à la pratique du testament. Selon le philosophe, l’intervention de l’autorité publique était une mesure indispensable de régulation sociale.
4Dans ce cas, la volonté de la cité se substituait à celle du tuteur ou à celle du père, exprimée par testament. Les modalités de l’intervention publique variaient suivant les cités. À Athènes, le plus proche parent de l’épiclère devait la revendiquer par voie de justice : c’était le tribunal présidé par le premier archonte qui attribuait la jeune femme au prétendant légal. Comme toute femme grecque, l’épiclère était donnée en mariage et ne se donnait pas elle-même ; mais, à la différence des autres, elle était donnée par le tribunal et non par son père ou le représentant légal de ce dernier8.
5La loi, pourtant, ne pouvait avoir qu’une portée limitée. Elle avait pour seul objectif le devenir du patrimoine quand un homme mourait sans descendance masculine : après son décès, elle ne remettait jamais en cause une union de l’héritière avec un homme extérieur à la famille qui avait produit des enfants. En effet, quel que fût leur père, les fils de la fille, héritiers directs de leur aïeul, avaient un droit exclusif sur le patrimoine de ce dernier. Et il est évident qu’un père, dépourvu de fils, donnait sa fille en mariage à l’homme de son choix le plus tôt possible pour avoir des chances de connaître ses petits-fils et successeurs. La loi concernait le mariage des héritières sans descendance à la mort de leur père : suivant les cités, elle ne s’appliquait qu’aux orphelines vierges ou touchait également des épouses qui n’avaient pas encore été mères9.
6Très peu de cités sont connues de nous pour avoir institué des lois sur le mariage des héritières : Athènes, Thourioi (sur l’impulsion d’Athènes), Gortyne et Sparte. Cela ne signifie évidemment pas qu’elles aient été les seules à intervenir dans cette affaire privée qu’était le mariage aux yeux d’un Grec : l’absence de sources ne signifie rien. Rien n’assure, d’autre part, que toutes les cités aient eu des règles à ce sujet à un moment quelconque de leur histoire, car le droit privé variait considérablement suivant les communautés. En tout cas, dans les cités des Cyclades, à l’époque hellénistique, le mariage des héritières n’était marqué par aucune particularité10. Dans deux des quatre cités connues, les documents où apparaît cette institution ne permettent pas d’entrevoir l’évolution historique. À Gortyne, notre source unique est le célèbre Code11 qui a été gravé vers 450 : les règles sur le mariage des patroôques n’étaient certainement pas récentes, mais nous ignorons jusqu’à quelle date elles se sont maintenues. À Thourioi, l’historiette rapportée par Diodore de Sicile12 semble se placer dans la période qui suit de peu la fondation de la cité en 446/445. Pour les deux autres cités, nous percevons mieux la dimension chronologique. À Sparte l’institution, disparue avant l’époque d’Aristote, a existé précédemment : Hérodote nous apprend que les rois avaient l’obligation de désigner celui qui devait épouser une « patroôque13 vierge si son père ne l’avait pas mariée par engyé », c’est-à-dire en effectuant l’acte juridique de dation. Ce faisant, les rois appliquaient sans aucun doute des règles définies par la loi. L’institution, ainsi attestée au ve siècle, remonte certainement à l’époque archaïque ; son abolition date probablement du premier tiers du ive siècle, à un moment où la société spartiate a subi une forte évolution14. À Athènes, la loi, bien attestée à l’époque classique et qui remonte peut-être à Solon, est encore en vigueur au moment où Ménandre15 écrivait ses comédies, entre 321 et 294 ; nous ne savons pas quand elle a été supprimée au cours de l’époque hellénistique ; elle n’existait certainement plus à l’époque impériale. Les Athéniens ont appliqué la loi sur l’épiclérat pendant plus de trois siècles. Cette longévité prouve qu’ils appréciaient l’efficacité pour le bien-être de la communauté d’une législation à la portée particulièrement large, puisqu’elle s’appliquait chez eux non seulement aux jeunes filles que leur père n’avait pu marier avant sa mort16 mais aussi aux épouses sans enfants. Comme le dit Isée17 : « Les femmes données en mariage par leur père et qui vivent en épouses auprès de leur mari (et qui mieux que leur père aurait pu prendre une décision ?), même les femmes données ainsi en mariage, si leur père meurt sans leur laisser de frère légitime, sont soumises, en vertu des prescriptions de la loi, à une revendication en justice de la part de leur plus proche parent, et on a vu beaucoup d’hommes mariés séparés de leur femme. »
7Le seul intérêt de la cité était d’ordre social quand elle imposait à l’héritière de devenir l’épouse de son plus proche parent (oncle paternel, cousin patrilinéaire, cousin croisé patrilatéral, etc.). La survie de la lignée du défunt ne pouvait entrer en ligne de compte, car tout enfant né de l’épiclère à la suite d’un mariage légal, dation par le père ou décision de l’autorité publique, était le continuateur et l’héritier de son aïeul paternel18 : comme le dit un client d’Isée19, son grand-père n’est pas mort sans enfant, « puisqu’il laisse en nous après lui des enfants nés de sa fille légitime ». L’objectif était que les enfants de l’épiclère et de son oncle paternel possèdent la fortune de leur bisaïeul, ce qui assurait une stabilité des patrimoines — un idéal pour toute cité qui désirait à la fois un corps civique nombreux et une cohésion de la communauté impliquant la limitation des tensions entre riches et pauvres.
8La loi était-elle suffisamment stricte pour y parvenir ? Une de ses faiblesses venait de ce que la femme ne pouvait s’y soustraire mais qu’il n’en était pas de même pour l’homme. Aucun parent de l’épiclère n’était contraint de la revendiquer en justice : dans le monde grec, l’homme était maître de sa personne et ne prenait une épouse que s’il le voulait. D’une part, cela ouvrait la porte aux arrangements familiaux : les proches parents de la femme pouvaient laisser un couple constitué perdurer20, s’ils y voyaient un avantage. Même si des considérations affectives n’intervenaient pas dans cette décision, ils pouvaient agir comme le tuteur de l’héritière qui la mariait souvent à un tiers dans les cités dépourvues de législation spécifique. Il ne faut pas cependant exagérer ce phénomène : si le plus proche parent ne déposait pas de requête, un parent plus éloigné pouvait revendiquer l’héritière et l’obtenir de l’autorité publique. D’autre part, puisqu’ils avaient la faculté de ne pas réclamer l’héritière, des hommes pouvaient se désintéresser du sort d’une parente à l’héritage trop modeste21. Mais la répartition des richesses dans la communauté n’en était pas affectée : quand on prend en compte les intérêts de la cité, le sort d’un patrimoine infime n’a aucune importance, alors qu’on peut juger indispensable de maintenir les patrimoines de valeur moyenne et de ne pas laisser trop croître les plus considérables. Des hommes du ive siècle, des contemporains de Platon et d’Aristote, pouvaient percevoir l’utilité de telles mesures. En était-il de même pour l’époque archaïque ? À Athènes, la loi sur l’épiclérat, comme beaucoup d’autres, est traditionnellement attribuée à Solon qui avait l’équilibre social pour préoccupation principale : il a eu à faire face à une grave crise agraire et a été le chantre du juste milieu. Les législateurs de l’époque archaïque s’intéressaient à ces questions.
9Une loi athénienne, elle, ne semble pas avoir eu en vue principalement les intérêts de la communauté, mais surtout ceux d’une personne en détresse : l’épiclère appartenant à la dernière classe censitaire que nul ne voulait épouser en raison de la minceur de sa fortune. Voici le texte de la loi22 : « Lorsqu’une épiclère appartient à la classe censitaire des thètes, le plus proche parent, s’il refuse de l’avoir pour épouse, doit en la donnant en mariage verser une dot de 500 drachmes s’il est pentacosiomédimne, de 300 s’il est cavalier, de 150 s’il est zeugite, qui s’ajoutera aux biens qu’elle possède en propre. S’il y a plusieurs parents au même degré, que chacun contribue pour sa part à la dot de l’épiclère… Si le plus proche parent n’épouse ni ne dote, que l’archonte le contraigne à épouser ou à doter. » Cette loi admettait comme allant de soi le mariage de l’épiclère dont nul ne voulait avec un homme extérieur à la famille : le plus proche parent la donnait en mariage à un tiers comme un tuteur aurait donné n’importe quelle orpheline. Le but primordial de cette règle, sans conteste, était d’arrondir la fortune d’une femme pauvre pour faciliter son établissement et lui assurer une vie plus aisée. Nous y verrions aujourd’hui une mesure de justice sociale. Elle rendait, cependant, aussi un service à la cité : elle provoquait un mariage et donc l’espoir qu’en naîtraient des citoyens qui augmenteraient le corps civique.
10Les lois sur l’épiclérat, lorsqu’elles étaient radicales, allaient jusqu’à annuler le pouvoir souverain sur sa fille du père disparu, et ce dans l’intérêt général. Le souci de régulation sociale avait vaincu le respect, si profond chez les Grecs, du droit absolu du père de choisir son gendre. Il restait que son application, qui dépendait avant tout de la volonté des parents de l’héritière, ne permettait pas toujours le triomphe dans la communauté du principe de l’équilibre.
Notes de bas de page
1 Sur le montant des dots, voir A.-M. Vérilhac et C. Vial, Le Mariage grec du vie siècle av. J.-C. à l’époque d’Auguste, BCH Suppl. 32, 1998, p. 166-172.
2 L’ensemble du monde grec ignore le droit d’aînesse. Mais il y a des exceptions, notamment à Marseille (Aristote, Politique, V, 1305 b 5-15) ; cf., pour Ténos, R. Étienne, Ténos II, Ténos et les Cyclades du milieu du ive siècle av. J.-C. au milieu du iiie siècle apr. J.-C., BÉFAR 263 bis, 1990, p. 40-41.
3 Cf. J. K. Davies, Athenian Propertied Families, Oxford, 1971.
4 Cf. Démosthène, Contre Spoudias.
5 Aristote, Politique, II, 1270 a 25.
6 Pour un exemple de pluralité des tuteurs, voir, pour Délos, C. Vial, Délos indépendante (314167 av. J.-C.), BCH Suppl. 10, 1985, p. 81 et n. 147.
7 Arstt., Pol., II, 1270 a 15-30.
8 Cf. un texte d’une loi athénienne mentionné dans un plaidoyer du corpus démosthénien, le Contre Stéphanos II (XLVI), 22 : « Lis donc la loi qui ordonne qu’on fasse une revendication en justice (épidikasia) de toutes les épiclères, les étrangères (xénai) comme les citoyennes (astai) ; que pour les citoyens l’archonte introduise l’action et s’occupe de l’affaire et que, pour les métèques, ce soit le polémarque ; cette loi interdit d’avoir un héritage ou une épiclère sans revendication préalable. »
9 Hérodote, VI, 57, ne parle pour Sparte que des jeunes vierges que leur père n’avait pas données en mariage avant sa mort, mais rien ne prouve que la loi se soit limitée à ce cas.À Gortyne, la patroôque mariée n’était pas obligée par la loi de quitter son mari pour épouser son plus proche parent, mais avait le droit de le faire, sans que son mari ait son mot à dire.À Athènes, la femme mariée sans enfants est soumise à la loi.
10 Voir Vérilhac et Vial, op. cit., p. 112-114.
11 Sur le Code de Gortyne, voir H. van Effenterre et F. Ruzé, Nomima II, CÉFR 188, 1995.
12 Diodore de Sicile, XII, 3-4.
13 Hérodote, VI, 57, appelle l’héritière πατροῠχος, le terme local, et non épiclère (le termeattique) comme l’a fait Aristote. À Gortyne, le Code emploie le terme πατρωιῶχος. Sur le sens des termes, voir Vérilhac et VIAL, op. cit., p. 102.
14 Voir S. Hodkinson, « Warfare, wealth and the crisis of the Spartiate society », J. Rich et G. Shipley (dir.), War and Society in the Greek World, Londres et New York, 1993, p. 146-176.
15 Voir le thème de l’Aspis (Le Bouclier) infra n. 20.
16 L’épiclère devait avoir atteint 14 ans pour être revendiquée ; ce devait être l’âge minimal du mariage pour les Athéniennes.
17 Succession de Pyrrhos, 64.
18 Que le mariage soit endogamique ou exogamique, la tradition voulait qu’un des fils de l’héritière porte le nom du père de cette dernière ; pour des exemples, voir Vérilhac et Vial, op.cit., p. 113-114.
19 Succession de Kirôn, 2.
20 Dans l’Aspis de Ménandre, un oncle refuse l’arrangement qui permettrait à une jeune fille de se marier avec son amoureux, parce qu’il sait que, même si sa nièce et son mari renoncent à l’héritage, la naissance d’un enfant le lui fera perdre.
21 Cf. les remarques d’Andocide, Sur les Mystères, 118-120.
22 Mentionnée dans un plaidoyer du corpus démosthénien, Contre Macartatos, 54.
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