Appel à communication
p. 9-10
Texte intégral
1On définira ici, en simple préambule, les régulations sociales comme les moyens volontaires – voire volontaristes – mis en œuvre par une société consciente d’elle-même pour se prendre en charge, maîtriser ses désordres, empêcher ses dérives autodestructrices, promouvoir ses richesses humaines, protéger ses faibles, bref fonctionner au sens quasi mécanique du terme (comme la régulation industrielle est une maîtrise des flux). À partir de là, on se demandera dans quelle mesure cette définition, très large, peut être appliquée aux sociétés antiques : cité autonome, État monarchique, État romain sous ses diverses formes, mais aussi toute collectivité humaine administrée dans l’Antiquité.
2Toutes les approches seront donc les bienvenues, sans exclusive de temps (toutes les périodes anciennes), d’espace (tous les mondes anciens) ou de méthode (toutes les disciplines de l’Histoire ancienne).
3Parmi cet ensemble, on souhaite que soient représentées des disciplines même éloignées les unes des autres, ou qui pourraient se croire (mais peut-être n’est-ce heureusement pas le cas…) trop « spécialisées ».
4Citons par exemple :
- l’approche « orientaliste » en général, celle des assyriologues, ouest-sémitisants, biblistes et égyptologues qui étudient des cultures et des civilisations où le sentiment de la justice entre en résonance particulièrement forte avec l’existence d’un monde unitaire et déterminé. Au sein de cet ensemble, les égyptologues démotisants seront les bienvenus, étant donné que leur documentation concernant les confréries, les associations, les métiers, le notariat, les familles, etc. est en prise directe avec notre sujet
- la papyrologie en général, et grecque en particulier. On sait qu’elle offre une masse documentaire qui, pour l’Antiquité et malgré d’inévitables lacunes, s’apparente, mutatis mutandis, à celle dont dispose la recherche en Histoire sociale contemporaine. Elle a aussi l’avantage, fait extrêmement rare en Histoire ancienne, de nous faire entendre (dans une mesure qu’il faudrait précisément établir) « la voix des humbles »
- l’épigraphie grecque et latine, d’époque classique, hellénistique et romaine. Les inscriptions permettent souvent de reconstituer, au-delà de l’histoire des individus, celle de leur famille et de leur lignage et de démonter ainsi le mécanisme des rapports sociaux
- les représentations figurées, même anépigraphes : sculptures, mosaïques (stèles italiennes d’affranchis du dernier siècle av. J.-C., scènes de uita communis sur les sarcophages d’époque impériale ou paléochrétienne, etc.)
- la numismatique dans la mesure où la monnaie contribue largement à la diffusion dans les mondes grecs et romains des images émises par les autorités locales puis impériales
- l’approche comparatiste. Sans tomber, nous l’espérons, dans le verbiage ou les faux débats, la confrontation d’historiens des mentalités, de la religion, du droit, pourrait permettre de poser des questions que l’on peut croire intéressantes à défaut d’être jamais résolues : les sociétés anciennes n’étaient-elles vraiment que des sociétés d’ordre ? Ignoraient-elles toute notion de progrès social ? Faut-il distinguer absolument des modèles sociaux incompatibles, oriental et gréco-romain, païen et monothéiste, de subsistance et de production, etc. ?
5Voici, à titre purement indicatif et comme ordre d’idées, des sujets, domaines de recherche ou problématiques pouvant donner lieu à des communications :
- Les associations (de métiers, d’entraide, de convivialité, de protection des étrangers, etc.).
- L’assistance publique (par l’évergétisme, l’asylie, le clientélisme, la réclusion volontaire, etc.).
- Le règlement des conflits (justice royale, itinérante, de proximité, etc.).
- La mobilité sociale (par la promotion des classes moyennes, des affranchis, des étrangers domiciliés, etc.).
- La défense des faibles (au-delà du paternalisme traditionnel des pouvoirs anciens, vis-à-vis des femmes, des enfants, des esclaves, etc.).
- Le rationalisme économique (produire plus pour nourrir mieux, innover, organiser le monde du travail, etc.).
- Le maintien de l’ordre (répression des abus, négociation de paix civile, refus de recourir à la force, etc.).
6Et tout autre aspect qui vous paraîtra utile au sujet…
7J.-Y. Carrez-Maratray et M. Molin
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008