Ménard de La Groye et la question religieuse à l’Assemblée nationale (1789-1791)
p. 163-178
Texte intégral
1François Ménard de La Groye (1742-1813), conseiller au présidial du Mans, est élu au printemps 1789 député du tiers-état aux États généraux1. Comme de nombreux autres élus de Versailles, il a laissé une importante correspondance qui permet d’analyser ses réactions et ses positions face aux transformations que connaît le royaume de son arrivée à Versailles, en avril 1789, jusqu’à la séparation des députés en septembre 17912.
2Élève des Oratoriens du Mans, puis licencié en droit, avocat en parlement, il achète en 1767 une charge de conseiller au présidial du Mans peu après la mort de son père. Peu intéressé, semble-t-il, par les idées des Lumières, il doit son élection de député aux États généraux à son opposition à la réforme Lamoignon en 1788. Cette contestation lui vaut une mesure d’exil de quelques mois au Blanc. Son exil fait sa réputation aussi bien au Mans qu’à Versailles où il est plusieurs fois félicité en tant que victime de l’arbitraire royal3. Durant les deux ans et demi où il reste à Versailles et à Paris, il est un député qui observe, attentif aux transformations de la France, défenseur des décisions de l’Assemblée, mais qui ne joue aucun rôle actif. Il écrit ainsi le 14 août 1789 : « Je ne fais aucun bruit dans l’Assemblée nationale, et ne cherche point à m’y distinguer : telle est la trempe de mon caractère4. » Lors des débats, son intérêt se porte principalement sur le découpage administratif de la Sarthe, la réforme de la justice et la politique religieuse de l’Assemblée. C’est cette dernière question qui le préoccupe le plus, que ce soit le comportement des membres du clergé ou la rédaction et l’application de la Constitution civile du clergé. Convaincu du bien-fondé de cette réforme, il est aussi conscient des résistances que son application rencontre et des ruptures qu’elle peut engendrer. Il cherche à convaincre son entourage souvent hostile aux mesures prises par les députés. Sa correspondance permet de s’interroger sur la « métamorphose5 » d’un député qui devient jacobin, sur la rupture des relations entre partisans et adversaires de la politique religieuse ainsi que sur l’incompréhension qui sépare les deux camps, et de mettre en évidence l’importance de la question religieuse au cours de ces premières années de la Révolution.
3Les rapports que Ménard de La Groye entretient avec l’Église catholique apparaissent ambigus. Tout d’abord sa foi est difficile à appréhender. S’il montre toujours beaucoup de respect vis-à-vis de l’institution et des hommes, il semble en revanche très détaché à l’égard des dogmes et des croyances. Ainsi, dans une lettre adressée à sa femme le 12 mai 1781, alors qu’il se trouve à Paris, il écrit :
« La sécheresse continue ; et les Parisiens, pour la faire cesser, adressent dévotement leurs prières et leurs vœux à sainte Geneviève. Sans doute qu’au Mans, sainte Scholastique n’est pas moins ardemment sollicitée. Il faut espérer que tôt ou tard il viendra une pluye abondante, et ce bienfait du ciel si long-temps désiré ne manquera pas d’être attribué à l’intercession de ces deux bonnes saintes6. »
4Il est toutefois sensible au cérémonial lors de grandes manifestations religieuses. Toujours lors de son séjour à Paris en 1781, il assiste à l’office organisé à Notre-Dame à l’occasion du décès de l’impératrice Marie-Thérèse et il est frappé par « la grandeur lugubre et la magnificence de cette cérémonie7 ». En mai 1777, dans sa relation des manifestations pour l’inauguration du portait du comte de Provence, il note que la messe fut célébrée « avec beaucoup de pompe et de majesté8 ». Le 4 mai 1789, il est également fasciné par le cérémonial en cette veille de l’ouverture des États généraux :
« Cette journée a été consacrée à l’acte de religion le plus pompeux et le plus solennel. Il s’agissoit d’implorer les lumières du Saint Esprit, de demander l’assistance du Très-Haut et sa bénédiction pour les États généraux. […] On commença par chanter le Veni Creator. Ensuite on défila pour se mettre en marche, savoir en premier lieu le tiers-état, puis la noblesse, et enfin l’ordre du clergé. Ces trois ordres précédés d’un grand appareil et suivis du Saint-Sacrement porté par M. l’archevêque de Paris, et de toute la famille royale, allèrent processionnellement en l’église Saint-Louis où l’archevêque célébra la messe avec la plus grande solemnité […]. En un mot, on peut dire que rien en ce genre n’a peut-être jamais surpassé la magnificence de toute cette auguste cérémonie9. »
5Ménard de La Groye est attaché à l’Église catholique comme ciment de la société. Dans un discours prononcé en 1788 sur la charité, il considère que « c’est à l’exercice de cette vertu, jointe au culte, à l’adoration envers le Tout-Puissant, que le divin législateur des Chrétiens réduit tous nos devoirs10 ». Le 4 mai 1789, il applaudit le discours de l’évêque de Nancy : « Ce discours avoit pour objet l’utilité et l’importance de la religion en ce qui concerne le gouvernement civil et politique. » Selon le prélat, la religion « assure la force et la stabilité des empires » et « elle est aussi la source la plus féconde du bonheur et de la prospérité des citoyens11 ».
6Une même ambiguïté se remarque à l’égard du clergé qui fascine Ménard de La Groye, même s’il le critique. Lors de ses premiers mois à Versailles, le député manceau recherche les contacts avec le haut clergé, mais aussi la noblesse. L’évêque du Mans, Gaspard de Jouffroy-Gonssans, est cité à plusieurs occasions ; cependant, c’est avec Jean-Baptiste Champion de Cicé, évêque d’Auxerre, frère du garde des sceaux et archevêque de Bordeaux, que Ménard de La Groye noue d’étroites relations, « prélat, écrit-il, que je trouve rempli de sagesse et de raison et qui paroît animé d’un véritable zèle pour le bien public12 ». Ils dînent plusieurs fois ensemble et le député manceau note qu’il reçoit « continuellement des témoignages d’estime et d’amitié » de la part de cet évêque peu libéral13. Cette volonté d’être introduit auprès de la cour l’amène par exemple à décrire naïvement le banquet auquel il assiste à Versailles le 1er octobre 1789 et au cours duquel la cocarde tricolore est foulée :
« Hier, ma chère amie, je fus témoin d’un spectacle très agréable. C’étoit un dîner splendide donné par MM. les gardes-du-corps dans la salle de l’opéra au château de cette ville. […] Il y avoit un grand nombre de spectateurs auxquels la famille royale daigna se réunir. La présence de ces augustes personnes excita parmi les convives une joye, un enthousiasme bien difficiles à dépeindre. J’en fus plusieurs fois attendri14. »
7Dans sa lettre du 6 octobre, il revient sur cet épisode et il écrit qu’on « se permit des réflexions fâcheuses contre l’Assemblée nationale. On l’accusa hautement de vouloir trop restreindre l’autorité du roi et de porter atteinte à ses droits légitimes15 ». Toutefois, l’installation du roi et de la famille royale à Paris constitue une rupture dans la mesure où ses relations avec la cour sont désormais moins étroites16 ; seule sa fascination à l’égard du roi demeure17.
8En revanche, malgré cet attrait pour la cour, lors des mois de mai et juin 1789, Ménard de La Groye critique constamment le comportement du clergé en tant qu’ordre représenté aux États généraux. Tout d’abord, dans sa lettre du 8 mai, il évoque un « acte de schisme » de la part du clergé et de la noblesse parce qu’ils se sont réunis séparément18. Il regrette ensuite que le tiers-état soit « toujours en discord avec le clergé et la noblesse » et que les députés soient « réduits par cette fatale mésintelligence à ne rien opérer19 ». Puis il se réjouit, en juin, que des membres du clergé rejoignent le tiers-état et « à mesure qu’ils arrivent, ils reçoivent de grands applaudissements ; mais cette conduite, de leur part, mécontente extrêmement leurs évêques20 ». En revanche, il déplore l’attitude des représentants du Maine qui, à l’exception du curé de Teillé, « sont au nombre de ceux qui se distinguent le plus par leur opiniâtreté21 ». Une fois les trois ordres réunis, Ménard de La Groye fait preuve d’un optimisme naïf sur l’entente entre les députés, n’ayant pas « le moindre doute sur l’heureux succès des États généraux », notant « une parfaite harmonie [qui] paroît exister maintenant entre les trois ordres » et s’estimant « témoin d’une si grande et si brillante révolution » qui doit permettre d’établir « le bonheur de la France22 ».
9Si sa fascination à l’égard de la cour est importante, Ménard de La Groye reste durant les premiers mois de la Révolution fidèle à son ordre. Ce sont les débats sur la politique religieuse de l’Assemblée nationale qui confirment son attachement aux réformes.
10Ménard de La Groye perçoit des premiers germes de division en septembre 1789. Il note dès le 4 septembre, probablement à l’occasion des deux principales questions débattues à ce moment-là, le droit de veto du roi et l’existence d’une ou de deux chambres, « des mécontentemens particuliers », même si « l’heureuse harmonie » paraît prévaloir23. Cette idée se confirme quelques jours plus tard :
« Depuis la formation actuelle de notre assemblée, il existe en son sein un germe de discorde qu’on a pu croire étouffé dans certaines occasions mais qui ne l’a jamais été véritablement et qui, depuis environ quinze jours, s’est développé d’une manière sensible. Il en résulte que nos séances se passent en débats scandaleux qui, suscités par la passion et par l’intérêt personnel, sont absolument contraires à l’intérêt public24. »
11Il décrit rarement avec passion les débats qui agitent l’Assemblée nationale sur la question religieuse, mais ils confirment dans son esprit que les discussions et les votes sont responsables de la division de l’Assemblée. C’est le cas en novembre 1789 quand les biens du clergé sont mis à la disposition de la nation :
« L’Assemblée, comme on peut le croire, étoit divisée en deux partis et, de chaque côté, l’on a fait des efforts extraordinaires pour gagner la victoire. Aucune des ressources que peuvent fournir l’érudition, l’éloquence et le raisonnement n’a été négligée. Les mémoires imprimés se sont multipliés. Il étoit beau de voir les orateurs opposés entraîner tour à tour les suffrages, se combattre avec un avantage presque égal et obtenir chacun des applaudissemens bien mérités25. »
12En janvier 1790, Ménard de La Groye apparaît plus optimiste et il souligne que « cette même révolution ne paroît plus avoir un aussi grand nombre d’ennemis », remarquant qu’à l’Assemblée nationale « ceux qui s’y montroient d’abord le plus opposés désirent aujourd’hui très ouvertement qu’elle s’achève d’une manière paisible et qu’elle opère le bien général26 ». Mais le même mois, l’abbé Maury « s’est expliqué en termes qui ont paru fort offensans27 ».
13Au printemps 1790, lors des débats sur les biens du clergé, ou à propos de la motion de dom Gerle28, des discussions et du vote de la Constitution civile du clergé, Ménard de La Groye constate que « les deux partis qui la [l’Assemblée] divisent se sont heurtés avec un violent effort » ; il compare cet affrontement « à une éruption du Vésuve qui lance vers le ciel des matières enflammées29 ». Toutefois, il insiste sur le fait que depuis le mois de juin et le ralliement des premiers curés au tiers-état, le clergé n’est pas uni à l’Assemblée nationale. En septembre 1789, une intervention de l’archevêque de Paris est « contrariée par quelques membres du clergé30 ». En mai 1790, Ménard se félicite qu’un curé, député de l’Assemblée nationale, lise
« une adresse souscrite de plusieurs de ses confrères, dans laquelle ils louent tout ce qu’on a réglé par rapport à la disposition des biens du clergé, y trouvent le moyen le plus sûr de faire honorer et chérir la religion, et promettent d’exhorter continuellement leurs paroissiens à la reconnoissance envers l’Assemblée, et à l’obéissance à ses décrets sanctionnés par le roi31 ».
14En revanche, il condamne le comportement de certains députés du clergé, comme le cardinal de Rohan qui, en juillet 1790, « paroît intriguer en Allemagne pour susciter des ennemis à la France », et en avril 1791 est l’auteur « d’odieuses manœuvres […] pour répandre et accréditer dans la ci-devant province d’Alsace des idées superstitieuses, pour exciter la fureur du fanatisme au milieu d’un peuple aveuglé32 ». Ainsi, selon le député, une partie du clergé apparaît rapidement comme un des principaux acteurs de la contre-révolution.
15Cette division observée par Ménard de La Groye ne concerne pas uniquement l’Assemblée, mais aussi la société. Elle apparaît au grand jour, en octobre 1789, quand les députés prennent connaissance du mandement de l’évêque de Tréguier, « fort éloquent, parfaitement écrit, mais très incendiaire, rempli de maximes du despotisme et de l’aristocratie et propre à soulever les esprits contre la doctrine et les décrets de l’Assemblée nationale. La lecture de ce mandement excita une juste indignation33 ». Il insiste également sur la condamnation des troubles religieux qui agitent les villes du sud de la France, en s’opposant à toute violence au début de la Révolution. Dès l’été 1789, il s’émeut de la « fureur du peuple » dont sont victimes à Paris Foulon et Bertier de Sauvigny, mais aussi à Ballon, près du Mans, Cureau et Montesson34. Le député analyse les événements de la Grande Peur comme le résultat de l’action de « gens puissans et mal intentionnés, auteurs de funestes complots35 ». En octobre 1789, il évoque « l’aveugle fureur » du peuple parisien contre un boulanger : il « l’avoit pendu, qu’ensuite il lui avoit coupé la tête et qu’il avoit porté la barbarie jusqu’au point de mettre cette tête au bout d’une pique et de la promener ainsi dans les rues36 ». Mais, à partir du mois de mai 1790, il prête plus d’attention aux violences religieuses et aux événements de Toulouse, Nîmes et Montauban, et il différencie nettement ceux dus à la résistance du clergé catholique contre les nouvelles lois et ceux où il existe un affrontement entre catholiques et protestants. À Toulouse, les troubles s’expliquent « par le mécontentement et les dangereuses manœuvres de certaines gens qui, feignant de penser que la religion est en péril […], cherchent à soulever les esprits contre ceux d’entre les décrets de l’Assemblée nationale qui sont relatifs aux vœux monastiques, à la disposition des biens du clergé, aux maximes de tolérance, si chrétiennes en effet, et si justement adoptées37 ». En effet, le 18 avril 1790, dans les églises de Toulouse, est publié par le vicaire général Barbesan un appel à la tenue d’assemblées pour réclamer au roi et à l’Assemblée nationale la reconnaissance de la religion catholique comme religion de l’empire français et le maintien de tous les ordres religieux. Dans les jours suivants, de telles réunions ont lieu, mais elles sont interdites par la municipalité le 21 avril après avoir déclenché des émeutes. La situation est différente à Nîmes et à Montauban où la Révolution a accordé de nouveaux droits aux protestants qui, bien que minoritaires, détiennent une position sociale souvent dominante et aspirent à un pouvoir politique : la liberté de conscience est obtenue par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et, en décembre 1789, ils sont admis à tous les emplois civils et militaires. La liberté de culte, reconnue seulement en septembre 1791, existe de fait. Dans ces deux villes également, l’opposition religieuse entre catholiques et protestants s’est caractérisée par le partage des pouvoirs entre des municipalités détenues par les catholiques et les gardes nationales aux mains des protestants. En mai 1790, des hommes de la garde nationale de Bordeaux sont envoyés « afin d’aller au secours des patriotes et bons citoyens persécutés dans la ville de Montauban et exposés à grossir le nombre de victimes déjà immolées dans cette malheureuse ville au fanatisme religieux » ; en juillet 1790, Ménard évoque à nouveau ces troubles « qui ont amené la malheureuse catastrophe lors de laquelle cette ville a été ensanglantée, et a vu une partie de ses citoyens immolée à la fureur d’un aveugle fanatisme38 ». En effet, le 10 mai 1790 a lieu la « bagarre » de Montauban : une procession catholique se transforme en émeute contre les protestants, alors que l’on procède à l’inventaire des biens des couvents ; il y 5 morts. Concernant Nîmes, Ménard rend compte en mai 1790 de « troubles excités […] par des ennemis de bien public » qui « avoient entrepris de diffamer l’Assemblée nationale aux yeux du peuple, de la faire envisager comme ennemie du roi, comme voulant détruire la religion, et qu’ils se proposoient d’exciter, par cette voye odieuse, un soulèvement général » ; il note le mois suivant des troubles « où le fanatisme religieux et la contrariété d’opinions sur la nouvelle constitution, armant les citoyens les uns contre les autres, ont excité entr’eux une espèce de guerre civile qui a duré plusieurs jours et dans laquelle un grand nombre d’hommes a malheureusement péri39 ». La « bagarre » de Nîmes des 14 et 15 juin 1790 est précédée de nombreux incidents, mais les deux jours d’affrontements ont fait plus de 300 morts40. Dans les deux villes, les municipalités catholiques sont suspendues, ce dont se félicite le député41.
16Ménard est profondément déçu de la réception hostile des nouvelles lois par les Manceaux. Dès les débuts de la Révolution, il souligne constamment dans les lettres adressées à sa femme le désaccord qu’il peut avoir avec ce qui semble lui apparaître comme la majorité des habitants de sa ville. Il se plaint tout d’abord des « fausses nouvelles », des « mensonges », des « calomnies » ou des « absurdités » qui sont répandues par les adversaires de la Révolution42 ; sa femme lui fait part aussi « des inquiétudes et des allarmes qui agitent » les Manceaux43. Il s’indigne de « la licence et de l’insubordination » des Manceaux après la journée du 15 novembre 1789 quand des compagnies de la garde nationale, réunies sur la place des Jacobins, refusent de prêter serment à la nation, au roi et à la loi et réclament les personnes arrêtées et emprisonnées à Ballon après les événements de la Grande Peur44. Il regrette les émeutes frumentaires qui touchent les campagnes du Maine, comme en mai 1790, quand la municipalité du Mans réquisitionna 280 gardes nationaux et 100 dragons pour aller à Connerré où le grain destiné à l’approvisionnement de la ville avait été arrêté et pillé ; il souhaite à l’égard des 16 personnes emprisonnées « un prompt exemple de sévérité45 ». Mais il se réjouit également des marques de patriotisme de certains, avouant en juin 1790 « qu’il existe au Mans un plus grand nombre d’amis de la révolution » qu’il ne l’avait supposé46. Il se félicite de la précoce fondation de la Société des Amis de la Constitution, le 21 mars 1790, soit le mois qui suit la rédaction du règlement de la Société parisienne par Barnave 47 ou de la célébration de la Fête de la Fédération48.
17Cette hostilité des Manceaux se confirme avec la Constitution civile du clergé, en particulier à partir de janvier 1791, quand le serment est exigé49. Cette opposition vient tout d’abord du clergé du Mans. D’après les travaux de Charles Girault, sur l’ensemble du département de la Sarthe, la majorité du clergé refuse de prêter serment50 :

18C’est, semble-t-il, dans les districts du Mans, de Sablé et de La Flèche que la part des curés assermentés est la plus faible, n’atteignant pas les 40 %51. Ménard est conscient de cette situation au Mans et dans le département de la Sarthe. Il se dit « point surpris, […] mais extrêmement fâché de la conduite tenue » par le clergé manceau52. Mais, poursuit-il, « si le nombre des prétendus apostats qui ont prêté le serment civique est petit dans la ville du Mans, dans le département de la Sarthe en général, et dans quelques autres, il n’en est pas de même en beaucoup d’endroits53 ». Et en mars 1791, il déclare :
« Le très grand nombre des curés du royaume l’a présentement adoptée ; et tous les efforts qu’ont fait ou font nos anciens évêques pour la renverser seront parfaitement inutiles. Partout, ils éprouvent une résistance à laquelle ils ne s’étoient pas attendus […]. Nos Manceaux critiquent la constitution sans bien la connoître. Je ne crois pas qu’en France aucune cité se montre, plus que la nôtre, ennemie des progrès de la raison54. »
19Cette différence entre les impressions du député et la réalité – seulement 55 % du clergé paroissial prête serment – peut s’expliquer par le comportement des ecclésiastiques des régions proches de Paris qui s’y montrent plus favorables55. Pour Ménard, les réactions d’opposition du clergé à la Constitution civile du clergé et au serment doivent s’expliquer surtout par l’attitude hostile des évêques qui refusent de perdre le pouvoir qui était le leur, et qui, par leur influence, ont entraîné dans leur sillage de nombreux autres ecclésiastiques. Cette dénonciation du rôle du haut clergé se double de propos anti-papaux, soit lors de l’affaire d’Avignon, soit à la suite de la condamnation de la Constitution civile du clergé par Pie VI en mars et en avril 179156.
20Toutefois, les réactions d’opposition au texte de la Constitution civile du clergé n’ont pas été immédiates. La scission se fait sur la distinction entre le temporel et le spirituel. C’est ce que l’évêque du Mans demande : « Comme les évêques distinguent dans la nouvelle constitution tout ce qui est de la juridiction temporelle, faites le serment d’y être parfaitement soumis ; mais comme eux, exceptez formellement tout ce qui concerne le spirituel57. » L’interdiction du serment restrictif en janvier 1791 amène de nombreux membres du clergé à refuser le serment, et en tout premier lieu les députés élus en 1789. Ménard déplore amèrement cette situation :
« Je n’avois pas cru, ma chère amie, qu’un grand nombre d’entre les ministres du Seigneur dussent porter jusqu’à ce point l’entêtement et la résistance. Je crains bien maintenant qu’il n’en résulte des troubles fâcheux. Parmi les évêques qui sont membres de l’Assemblée, deux seulement ont fait le serment ordonné, savoir M. L’évêque d’Autun et M. l’évêque de Lydda58. Nous allons donc avoir au Mans un nouvel évêque, et sans doute aussi beaucoup de nouveaux curés. Parmi les curés de notre députation, aucun n’a voulu se soumettre […]. Ils sont tous à mes yeux dignes d’admiration s’ils obéissent réellement à leur conscience […]. Je ne prétends accuser personne : il me suffit d’observer que souvent on cache sous le manteau de la religion et de la conscience des motifs qui ne s’y rapportent guère59. »
21Deux députés du Maine ont probablement fortement influencé leurs trois autres collègues. Il s’agit tout d’abord de l’évêque du Mans, opposé à toutes les réformes qui concernent le clergé : « Le bon prélat est triste. Je ne puis m’empêcher de le plaindre car il voit tout sous un hideux aspect60. » Mais, Ménard se fait progressivement plus sévère dans ses jugements à l’égard de Jouffroy-Gonssans en critiquant son comportement, comme sa décision de présenter un bénéfice de chanoine du Mans après la mort de son titulaire, « une chose aussi ridicule qu’elle est inutile61 ». Il devient ainsi un modèle d’opposant déclaré à la Révolution :
« Le bon M. de Gonssans est trop empâté d’aristocratie pour qu’il puisse jamais approuver un ordre de choses fondé sur les principes de la raison, de la liberté et de l’égalité. […] C’est de bonne foi qu’il croit la France réduite au plus fâcheux état, parce que la noblesse et le haut clergé n’y subsistent plus comme autrefois, et n’ont plus le droit de la gouverner. […] Des hommes tels que lui ne sont point faits pour changer d’opinion. Il ne faut point leur montrer la lumière, car ils la haïssent : ils ressemblent aux hiboux qui se retirent tristement dans leurs obscurs réduits62. »
22L’influence de l’abbé Grandin, curé d’Ernée, a pu être déterminante également. Le 20 août 1789, il est nommé membre du comité ecclésiastique. Il en démissionne le 6 mai 1790, s’opposant au projet de Constitution civile du clergé. En 1791, il publie un Compte-rendu à ses commettants afin de justifier son attitude à l’Assemblée nationale, apparaissant comme un des « opiniâtres » décriés par le député63.
23Ménard se rend compte aussi que la Révolution l’a éloigné des ecclésiastiques dont il était proche et que la plupart d’entre eux refusent de prêter serment64. C’est le cas du curé de Chauffour, qu’il considère comme son « ami65 ». Mais la décision du magistrat de voter pour la mise à la disposition de la nation des biens du clergé n’est pas comprise et il le regrette amèrement : « Je serois très fâché qu’elle me fît perdre l’estime de M. le prieur de Chauffour auquel je suis si justement et si sincèrement attaché66. » L’ecclésiastique ne répond pas au courrier que lui envoie Ménard67. Et après avoir longuement hésité, « ayant d’abord prêté le serment, [il] l’avoit ensuite rétracté68 ». Le député est également « fâché que M. le prieur de Saint-Pavin refuse un serment que la loi exige et qui certainement ne peut blesser la conscience d’aucun prêtre instruit et non fanatique69 ».
24Mais c’est le comportement des Oratoriens du Mans qui déçoit le plus Ménard. En 1789, parmi les différentes congrégations religieuses, seules celles responsables de l’éducation doivent à ses yeux être maintenues. Il pense naturellement aux Oratoriens, écrivant que « si l’on s’occupe des pères de l’Oratoire, ce sera pour améliorer leur sort et faire fleurir de plus en plus leur utile congrégation70 ». Mais il n’oublie pas les Doctrinaires présents au collège de La Flèche depuis 1776, espérant que leur supérieur soit élu évêque du Mans après le refus de l’abbé Grégoire qui choisit le siège de Blois, et « fâché » que les Manceaux n’aient pas fait ce choix71. Les liens étroits entretenus avec les Oratoriens s’expliquent par le fait qu’il ait été leur élève, que ses fils soient au début de la Révolution dans cet établissement et qu’une amitié soit née avec certains d’entre eux. Il est toutefois impossible de s’avancer sur de possibles positions jansénistes de Ménard sous l’influence des Pères du Mans. Mais ces relations sont confortées par une commune adhésion aux idéaux révolutionnaires au début de la Révolution72. En juillet 1790, quelques jours avant le vote de la Constitution civile du clergé,
« la congrégation des pères de l’Oratoire exprima aussi par une députation solemnelle son respect et son admiration pour l’Assemblée nationale et témoigna qu’elle s’attacheroit à inspirer aux jeunes gens dont l’éducation lui est confiée l’amour de la patrie et la plus parfaite soumission aux nouvelles loix73 ».
25Ainsi, il n’est pas étonnant que le député reçoive des visites d’Oratoriens du Mans. Le père de Las, préfet des études, passe trois jours à Versailles avec le député en mai 178974 ; suit le père Alhoy, professeur de rhétorique, en octobre 1789 et en octobre 179075 ; il dîne en février 1790 avec son ancien professeur de rhétorique76 ; en décembre 1790, il reçoit le père Milliot, régent du collège77.
26Toutefois, cette entente se fissure avec l’obligation faite aux Oratoriens de prêter serment et les élections des premiers évêques et des curés. Ménard note que « la plupart de ses membres montre beaucoup d’attachement à la constitution78 » et il se réjouit bien évidemment de la désignation d’Oratoriens, comme celle du père Poret à la paroisse parisienne de Saint-Sulpice ou du père Perrier comme évêque de Clermont79. Or, si près de 90 % des Oratoriens prêtèrent le serment80, ce n’est pas le cas des enseignants du collège du Mans. Sur 14 pères, seuls 3 furent des jureurs81. Il s’en plaint amèrement à sa femme :
« Je porte, écrit-il, tous les infortunés au fond de mon cœur. Ainsi je plains bien sincèrement et le père supérieur de l’Oratoire, et le père préfet, et le père Babey, et le curé de Coulans. Mais enfin, toute rigoureuse qu’elle semble à leur égard, la loi qui les prive de leurs fonctions, étoit nécessaire, et elle doit être ponctuellement exécutée82. »
27Le cas de Germain Queudeville, Oratorien, professeur au collège du Mans et curé de Coulans depuis 1770, est probablement le plus douloureux pour le député. C’est un ami intime de la famille. Après son refus de prêter serment, le député ne peut pourtant « sérieusement [lui] supposer une opinion contraire » à la Constitution civile du clergé et il en conclut : « Quel déguisement, quelle hypocrisie dans la plupart de ceux qui se montrent aujourd’hui si ardens à soutenir les folles prétentions de nos anciens évêques83 » ; il devient ensuite son « ancien ami84 ».
28Au Mans, l’application de la Constitution civile du clergé n’est pas décrite de façon très positive par Ménard. Selon lui, la ville révolutionnaire modèle est Paris par sa population au « patriotisme éclairé » et son clergé. Il rend hommage au curé assermenté de Saint-Eustache, Poupart, « digne et vénérable pasteur », à l’ensemble des ecclésiastiques qui jurent, et aux fidèles parisiens qui continuent de se rendre à l’église, celle de Saint-Roch « quoique très spacieuse étoit pleine comme un œuf », et qui sont « en général fort contents du nouveau clergé85 ». Ceci explique son optimisme sur « le succès certain » de la Constitution civile du clergé, car « de tous côtés, nous recevons des nouvelles qui nous apprennent que la plupart des ecclésiastiques, fonctionnaires publics, prêtent sans résistance le serment exigé » et « l’opinion publique […] se manifeste hautement en notre faveur86 ». Mais au Mans, en janvier 1791, peu d’ecclésiastiques acceptent de prêter serment. Selon le témoignage du chanoine Savare,
« ceux qui, dans la ville s’avilirent jusqu’à prêter le serment furent deux curés, Prudhomme, curé du Crucifix, et Thouvrey, curé de Saint-Thomas. Les autres furent quelques prêtres connus par leur imprudence, leur ignorance, leur jansénisme, un vicaire, un sacriste, un habitué, deux chapelains de l’église royale, un de la cathédrale87. »
29S’il n’a pas été difficile d’élire les nouveaux curés en raison de la suppression de nombreuses paroisses – seules quatre d’entre elles sont maintenues –, le choix d’un nouvel évêque a été fait sans enthousiasme. Le curé de la paroisse du Crucifix, Prudhomme de La Boussinière, est élu le 17 février 1791 et consacré par le nouvel évêque de Paris, Gobel, le 13 mars suivant. Ménard qui le rencontre au mois de mars n’a, à son égard, aucun mot favorable, alors qu’il loue généralement l’élection des nouveaux évêques, comme Grégoire à Blois ou Expilly à Quimper88. La seule nomination au Mans qui est accueillie favorablement par le député est celle du nouveau supérieur du séminaire89. Enfin, le député a dû être mis au courant du déroulement de la semaine sainte au Mans ; les cérémonies des jeudi et vendredi saints ont, semble-t-il, eu lieu dans une cathédrale quasiment déserte90.
30Par sa correspondance, Ménard veut convaincre sa femme et, à travers elle, son entourage de l’importance des changements intervenus et du soutien qu’il faut manifester à l’égard de la Révolution. Ses lettres montrent incontestablement la grande attention qu’il lui porte au cours de ces deux années de séparation91. Mais elles ont aussi une valeur pédagogique d’explication des événements et des décisions prises par l’Assemblée nationale, d’autant que Ménard sent chez son épouse de multiples réticences face à la Révolution et à sa politique religieuse, réticences que nous ne faisons souvent que deviner car la correspondance envoyée par sa femme n’a pas été conservée. Ainsi, il lui écrit en octobre 1789 : « Les personnes que tu fréquentes ont l’esprit malade et elles te communiquent la noirceur de leurs idées » ; en novembre 1789 : « Cesse, ma chère amie, d’avoir sur le compte de cette assemblée une opinion trop défavorable92. » Mais c’est sur la Constitution civile du clergé que l’incompréhension est la plus forte. Anne-Marie Gasnier profite de ces lettres pour faire des critiques précises et des propositions. Par exemple, elle regrette « le traitement trop avantageux » fait aux curés des villes et elle aurait souhaité « qu’on pût laisser des domaines à faire valoir » aux curés de campagne93. Reprochant à sa femme ses raisons « frivoles94 », Ménard cherche de son côté constamment à repousser toutes les critiques, comme en décembre 1790 : « Pour moi, je suis bien convaincu que la religion ne reçoit véritablement aucune atteinte de tous nos décrets. Je suis bien convaincu que ceux qui concernent l’organisation civile du clergé ne touchent en aucune façon à la puissance spirituelle qui est la seule que Jésus-Christ ait donné à son Église95. » Il réitère ses arguments en janvier 1791, soulignant combien « notre constitution civile du clergé blesse beaucoup les intérêts temporels des prêtres, et qu’elle contrarie sur-tout l’esprit de domination des évêques, mais qu’elle ne touche en aucune manière au pouvoir spirituel96 ». Il lui conseille également d’éviter des relations avec des opposants à la Révolution, « comme le mal qui les tourmente est une espèce de rage qui les porte à mordre97 ». Ainsi Anne-Marie-Gasnier subirait-elle l’influence d’un Oratorien, le père Babey98.
31Cette correspondance amène incontestablement Ménard à réfléchir sur la religion. Son attitude face au culte catholique se transforme. Il apprécie toujours autant d’assister à des fêtes solennelles, comme en juin 1790 à la Fête-Dieu dans l’église de Saint-Germain-l’Auxerrois ou quelques jours plus tard à la procession du Saint-Sacrement, à chaque fois en présence du roi et de la famille royale99. Mais, la fête religieuse doit aussi, dit-il, être une fête civique, comme la fête de la fédération :
« J’aime beaucoup les fêtes publiques, et particulièrement celles qui tendent à exciter entre les citoyens de toutes les classes les sentimens de la fraternité. J’aime les fêtes qui, en exaltant les esprits, pénètrent les cœurs du saint amour de la liberté […]. Que les hommes se souviennent qu’ils sont tous enfans de Dieu, tous égaux, tous appelés à pratiquer les mêmes vertus et à obtenir la même récompense éternelle100. »
32La fête civique peut être également en l’honneur d’un grand homme, et Ménard ne cache pas sa « satisfaction » d’avoir été choisi parmi les 24 députés de l’Assemblée nationale qui devaient assister « à une cérémonie funèbre, ordonnée par la commune de Paris pour honorer la mémoire du célèbre docteur Franklin101 ». La mort de Mirabeau est l’occasion d’une nouvelle manifestation mêlant culte religieux et culte d’un « illustre homme102 ». Il se félicite enfin de la décision de transférer le corps de Voltaire au Panthéon103.
33La Constitution civile du clergé doit être le commencement d’une nouvelle ère pour la religion, car « purgée de tant d’abus dont elle étoit souillée, elle brillera au contraire d’un nouvel éclat104 ». Désormais, le devoir des prêtres « est d’être nos conducteurs et non nos tyrans105 ». Pour Ménard, les événements qui se déroulent en ce printemps 1791 sont à l’opposé des « principes de l’Évangile » et de « l’esprit de Jésus-Christ [qui] est un esprit de douceur et de charité. […] Soyons ses vrais disciples en imitant sa douceur, sa patience et sa tolérance106 ». Tolérance, voilà le mot-clé de sa pensée religieuse en cette année 1791, alors que la France se déchire. Il poursuit :
« Ceci s’accorde parfaitement avec les principes de l’Assemblée nationale. Elle veut que chacun soit libre dans ses opinions, mais que personne ne s’attribue le droit de commander aux opinions d’autrui. […] On peut ne pas approuver la constitution civile du clergé ; mais elle est devenue une loi de l’État contre laquelle on ne peut exciter les peuples à se révolter sans contrarier l’esprit de l’Évangile et sans être perturbateur de l’ordre public. Voilà pourtant ce que font sans cesse des prêtres, vrais fléaux de la société, et vraiment indignes d’être des ministres d’un dieu de paix. »
34Et c’est cet « esprit de tolérance et de charité » qui peut permettre aux ecclésiastiques jureurs « de réunir bientôt les brebis maintenant dispersées et de les faire entrer dans le même bercail107 ».
35Comme en témoignent ses positions sur la question religieuse, l’enthousiasme révolutionnaire de Ménard ne faiblit à aucun moment. Dans ses lettres, il affirme clairement sa foi dans les bouleversements que connaît la France. Le vocabulaire révolutionnaire est présent constamment108. Il s’agit tout d’abord de lutter contre les « préjugés gothiques » et les « intérêts particuliers109 ». L’objectif est de « régénérer la France » et d’y établir la « liberté », le « bonheur » et la « prospérité110 ». La Révolution est ainsi possible par le « règne de la raison », « l’amour du bien public » et de « l’intérêt général111 ». Son succès est possible par la rédaction d’une constitution « qui sera la plus belle, la plus raisonnable, la plus heureuse qui ait jamais existé112 ». Et il déclare en octobre 1790 : « Oui, j’aime cette constitution113 ». Enfin, il se dit témoin d’une « heureuse », d’une « grande » et d’une « importante » révolution qui s’achève au cours de l’année 1791114 ; il écrit en octobre de cette même année : « J’emporteray avec moi une bien douce satisfaction, celle de penser que la révolution est complètement achevée et que la liberté française est désormais inattaquable115. » Toujours en retrait à l’assemblée, Ménard apparaît plus comme un témoin qu’un acteur de la Révolution, mais il en est un défenseur de tous les instants, la question religieuse le prouve amplement. S’il s’oppose à toute violence au début de la Révolution, la contestation de mesures prises par l’Assemblée nationale l’amène à justifier la violence d’État. Il écrit ainsi en pleine crise du serment :
« L’assemblée nationale, uniquement occupée de l’intérêt public, de la destruction des abus, et de la régénération complette du royaume, marche fièrement à son but, sans s’embarrasser des vains obstacles qu’on lui oppose, ni des hurlemens de l’esprit de parti […]. Ne t’effraie point, ma chère amie, des moyens rigoureux qu’on est forcé d’employer contre ceux qui se montrent constamment ennemis du bien public116. »
36Ainsi, la question religieuse conduit Ménard à chercher une voie entre tolérance et violence d’État, voie qui explique le fossé qui s’est creusé entre un député et son entourage.
Notes de bas de page
1 François Ménard de La Groye a peu intéressé les historiens. La seule étude a été réalisée par Paul Ballu, François Ménard de La Groye (1742-1813), magistrat manceau, Le Mans, 1962.
2 François Ménard de La Groye, Correspondance (1789-1791), publiée et annotée par Florence Mirouse, Le Mans, 1989. Les lettres sont adressées surtout à sa femme, Anne-Marie Gasnier, fille d’un avocat au siège de Ballon, qu’il a épousée le 25 février 1772.
3 C’est le cas de Madame de Tessé le 5 mai 1789, de La Fayette le 8 mai. Voir F. Ménard de La Groye, Correspondance…, op. cit., p. 21 et 24.
4 Ibidem, p. 85. Il écrit encore un mois plus tard : « Mon peu de talens me rend presque nul dans l’Assemblée : je me reconnois incapable de prendre une part bien active à tout ce qui s’opère » (lettre du 4 septembre 1789, p. 96) ; ou encore : « Je parlerai le moins qu’il me sera possible dans notre assemblée où je n’ai point encore ouvert la bouche sans que ma conscience m’en ait fait un devoir » (lettre du 15 décembre 1789, p. 158). Il dit même jouer « un rôle bien médiocre dans l’Assemblée nationale » (lettre du 3 août 1790, p. 253).
5 Timothy Tackett, Par la volonté du peuple. Comment les députés de 1789 sont devenus révolutionnaires, Paris, Albin Michel, 1997, p. 241. À son retour de Paris, il devient président du tribunal de district, puis en novembre 1792 président du tribunal criminel. Élu maire du Mans au lendemain de la défaite des Vendéens à la fin de l’année 1793, il est destitué moins d’un an plus tard. Sous le Directoire, le Consulat et l’Empire, il exerce plusieurs fonctions de magistrat en particulier à Angers, mais il poursuit la politique en devenant député au Conseil des Cinq-Cents. En 1809, il est fait chevalier d’Empire, puis baron en 1813 peu avant de mourir.
6 Arch. dép. de la Sarthe, 10 J 120.
7 Arch. dép. de la Sarthe, 10 J 120, lettre du 2 juin 1781.
8 Arch. dép. de la Sarthe, 10 J 97. Le comte de Provence possède en apanage le Maine et l’Anjou.
9 F. Ménard de La Groye, Correspondance…, op. cit., p. 21.
10 Arch. dép. de la Sarthe, 10 J 91.
11 F. Ménard de La Groye, Correspondance…, op. cit., p. 21. L’évêque de Nancy est Anne-Louis, duc de La Fare (1752-1829).
12 F. Ménard de La Groye, Correspondance…, op. cit., p. 55. Lettre du 3 juillet 1789.
13 Ibidem, lettres du 21 juillet, du 31 juillet et du 14 août 1789.
14 Ibid., lettre du 2 octobre 1789, p. 113-114.
15 Ibid., p. 117-118. Dans cette même lettre, Ménard de La Groye évoque un deuxième dîner qui aurait eu lieu le 3 octobre et au cours duquel on se serait « moqué » de la cocarde tricolore.
16 En juin 1790, aux reproches faits par sa femme de ne plus avoir de relations avec La Fayette ou Necker, il lui répond : « Ce sont mes occupations habituelles, et c’est aussi un motif de prudence qui m’ont déterminé à prendre ce parti » (F. Ménard de La Groye, Correspondance…, op. cit., lettre du 18 juin 1790, p. 233). Et c’est tout naturellement qu’après la suppression des titres de noblesse, il annonce à sa femme qu’il abandonne son « surnom de La Groye » et qu’il lui demande de distinguer ses fils uniquement par leur nom de baptême et non plus par une des terres que le député possède (Ibid., lettre du 20 juillet 1790, p. 247).
17 De nombreuses lettres en témoignent, comme celle du 5 février 1790 qui raconte la venue du roi à l’Assemblée.
18 F. Ménard de La Groye, Correspondance…, op. cit., p. 23.
19 Ibidem, lettre du 26 mai 1789, p. 31.
20 Ibid., lettre du 17 juin 1789, p. 44.
21 Ibid., lettre du 26 juin 1789, p. 52. Le curé de Teillé se nomme Bertereau.
22 Ibid., lettres du 10 juillet, 21 juillet et du 18 août 1789, p. 59, 68 et 87.
23 Ibid., p. 97.
24 Ibid., lettre du 18 septembre 1789, p. 103-104.
25 Ibid., lettre du 3 novembre 1789, p. 134-135.
26 Ibid., lettre du 1er janvier 1790, p. 166.
27 Ibid., lettre du 22 janvier 1790, p. 179. L’abbé Maury (1746-1817), écrivain et prédicateur, membre de l’Académie française, député aux États généraux, grand orateur du clergé, est un défenseur des prérogatives royales et un opposant aux mesures prises par l’Assemblée nationale. Souvent la cible des révolutionnaires, il émigre en 1791.
28 Ce Chartreux, qui ne siège à l’Assemblée nationale qu’à partir de décembre 1789, membre du comité ecclésiastique, propose que « la religion catholique, apostolique et romaine est et demeurera toujours la religion de la nation et que son culte sera le seul culte public autorisé ». Sa motion est rejetée.
29 F. Ménard de La Groye, Correspondance…, op. cit., lettres des 13 et 16 avril 1790, p. 200-201. Sur les débats, voir Timothy Tackett, Par la volonté du peuple…, op. cit., p. 250-256 et 268-271.
30 Ibid., lettre du 29 septembre 1789, p. 110.
31 Ibid., lettre du 11 mai 1790, p. 212. Il s’agit de l’abbé Royer qui fit lecture d’une adresse des curés du département du Mont-Jura.
32 Ibid., lettres du 30 juillet 1790 et du 5 avril 1791, p. 251 et 362.
33 Ibid., lettre du 16 octobre 1789, p. 126.
34 Ibid., lettres des 24 et 28 juillet 1789, p. 70 et 72. Joseph-François Foulon (1715-1789), contrôleur des finances, et Louis Bertier de Sauvigny (1737-1789), intendant de Paris, sont assassinés le 22 juillet 1789 à Paris. Le lendemain, Charles Cureau, échevin du Mans et négociant récemment anobli, ainsi que Balthazar de Montesson, son gendre, frère d’un député de la noblesse du Maine, sont assassinés à Ballon, victimes de la Grande Peur. Voir Christine Peyrard, Le jeudi fou de Ballon dans la Grande Peur, Le Mans, 1987.
35 Ibid., lettre du 28 juillet 1789, p. 73.
36 Ibid., lettre du 23 octobre 1789, p. 128.
37 Ibid., lettre du 4 mai 1790, p. 209.
38 Ibid., lettres du 21 mai et du 23 juillet 1790, p. 217 et 248.
39 Ibid., lettres du 11 mai et du 29 juin 1790, p. 212 et 238.
40 Valérie Sottocasa, Mémoires affrontées. Protestants et catholiques face à la Révolution dans les montagnes du Languedoc, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2004. La « bagarre » de Nîmes réveille aussi le souvenir de la « Michelade » de 1567, massacre des catholiques nîmois par les protestants.
41 F. Ménard de La Groye, Correspondance…, op. cit., lettre du 27 juillet 1790, p. 249.
42 Ibid., lettres des 28 août, 1er septembre et 30 octobre 1789, p. 92, 94 et 134.
43 Ibid., lettre du 2 octobre 1789, p. 114.
44 Ibid., lettre du 20 novembre 1789, p. 145. Voir Robert Triger, L’année 1789 au Mans et dans le Haut-Maine, Le Mans, 1889, et André Bouton, Les francs-maçons manceaux et la Révolution française (17411815), Le Mans, 1958.
45 F. Ménard de La Groye, Correspondance…, op. cit., lettre du 11 mai 1790, p. 213. Voir Christine Peyrard, « Les mouvements populaires dans la Sarthe pendant la Révolution française », Bulletin de la Société d’Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe, 1994, p. 41-66.
46 F. Ménard de La Groye, Correspondance…, op. cit., lettre du 22 juin 1790, p. 235.
47 Ibidem, lettre du 16 avril 1790, p. 202. Il regrette cependant que cette Société « ne réunisse pas dans son sein tous les bons patriotes » (lettre du 16 juillet 1790, p. 245). Christine Peyrard, Les Jacobins de l’Ouest, Paris, Les Publications de la Sorbonne, 1996, et du même auteur, Les clubs révolutionnaires sarthois, Le Mans, 1988.
48 Ibid., lettres des 2 et 9 juillet 1790, p. 240 et 242. Voir Serge Bertin, Fêtes et Révolution en Sarthe, Le Mans, 1988.
49 C’est le décret voté par l’Assemblée nationale le 27 novembre 1790 qui exige un serment d’allégeance à la Constitution de la part des évêques, prêtres de paroisse et professeurs.
50 Charles Girault, Le clergé sarthois face au serment constitutionnel, Laval, 1959.
51 Maurice Giraud, Essai sur l’histoire religieuse de la Sarthe de 1789 à l’An IV, Paris, 1920. Résultats repris par Timothy Tackett, La Révolution, l’église, la France. Le serment de 1791, Paris, Le Cerf, 1986.
52 F. Ménard de La Groye, Correspondance…, op. cit., lettre du 18 janvier 1791, p. 331.
53 Ibid., lettre du 22 janvier 1791, p. 333.
54 Ibid., lettre du 11 mars 1791, p. 351.
55 Timothy Tackett, La Révolution…, op. cit.
56 F. Ménard de La Groye, Correspondance…, op. cit., lettre du 22 mars 1791, p. 356.
57 Lettre des curés de la ville du Mans à Monseigneur l’évêque de la même ville, député à l’Assemblée nationale, suivie de la réponse de Monseigneur l’évêque du Mans aux curés de la même ville, 7 pages, in-8°, s.d. Cité par Charles Girault, Le clergé sarthois…, op. cit., p. 9.
58 Il s’agit de Talleyrand et de Gobel.
59 F. Ménard de La Groye, Correspondance…, op. cit., lettre du 4 janvier 1791, p. 322.
60 Ibid., lettre du 28 mai 1790, p. 221.
61 Ibid., lettre du 16 novembre 1790, p. 300. Les différents chapitres du Mans s’avèrent être des lieux d’opposition à la politique religieuse de l’Assemblée nationale. Voir le témoignage du chanoine Savarre ou les Mémoires de René-Pierre Nepveu de La Manouillère, chanoine de l’Église du Mans, publiés et annotés par l’abbé G. Esnault, Le Mans, 1878.
62 F. Ménard de La Groye, Correspondance…, op. cit., lettre du 7 juin 1791, p. 239.
63 Frédéric Le Coq, Compte-rendu par l’abbé Grandin, curé d’Ernée, à ses commettants, Laval, 1897.
64 C’est ce que constate aussi un curé du Maine, Besnard, de la paroisse de Nouans, qui écrit : « Cette prestation ou ces refus de serment amenèrent promptement un vrai schisme, tant religieux que social, entre les laïques et les ecclésiastiques. Il s’étendit même aux amis les plus intimes et jusqu’aux membres de la même famille. » Voir Souvenirs d’un nonagénaire, publiés par Célestin Port, Paris, 1880, p. 37-39.
65 F. Ménard de La Groye, Correspondance…, op. cit., lettre du 19 janvier 1790, p. 178.
66 Ibidem, lettre du 12 février 1790, p. 191.
67 Ibid., lettre du 18 janvier 1791, p. 330.
68 Ibid., lettre du 11 mars 1791, p. 351.
69 Ibid., lettre du 18 janvier 1791, p. 330.
70 Ibid., lettre du 29 décembre 1789, p. 165.
71 Ibid., lettres des 18 février et 23 février 1791, p. 343 et 345. Le principal du collège de La Flèche, Noël-
72 Gabriel Villars (1748-1826), fut élu le 20 mars 1791 évêque de Laval. 72. Le Père Alhoy prononça lors de la réunion des trois ordres au Mans, un discours intitulé Vœux patriotiques pour la réforme de l’éducation nationale.
73 F. Ménard de La Groye, Correspondance…, op. cit., lettre du 13 juillet 1790, p. 243.
74 Ibidem, lettres des 15 et 29 mai 1789, p. 27 et 29.
75 Ibid., lettres du 6 octobre 1789 et du 15 octobre 1790, p. 119 et 286.
76 Ibid., lettre du 9 février 1790, p. 190.
77 Ibid., lettre du 21 décembre 1790, p. 316.
78 Ibid., lettre du 22 mars 1791, p. 354.
79 Ibid., lettres 190 (non datée) et 206, p. 324 et 344.
80 Timothy Tackett, La Révolution…, op. cit., p. 64.
81 Ce sont les deux frères Dufour, professeurs de rhétorique et régent de 6e, et Thomas Cauvin, régent de 3e. G.-S. Trebutien, Notice sur M. Thomas Cauvin, Caen, 1846. Maurice Giraud, Essai sur l’histoire religieuse de la Sarthe… op. cit., p. 262-263.
82 F. Ménard de La Groye, Correspondance…, op. cit., lettre du 22 janvier 1791, p. 333. Marie-Madeleine Compère et Dominique Julia, Les collèges français, xvie-xviiie siècles. Répertoire 2 : France du Nord et de l’Ouest, Paris, Éditions du CNRS, 1988. M. Boyer, Notice biographique sur le Père Moissenet, dernier supérieur du collège-séminaire de l’Oratoire du Mans, Le Mans, 1842.
83 F. Ménard de La Groye, Correspondance…, op. cit., lettre du 15 mars 1791, p. 353.
84 Ibid., lettre du 17 juin 1791, p. 393.
85 Ibid., lettres des 11 janvier, 21 janvier, 25 janvier, 26 avril et 6 mai 1791, p. 326, 332, 335, 374 et 379. Il remarque également dans sa lettre du 12 avril 1791 que « l’affluence dans les églises est aussi grande qu’à l’ordinaire, que l’on y participe, comme à l’ordinaire, aux sacrements et que la piété n’est point refroidie » (p. 365).
86 Ibid., lettres des 14 et 25 janvier 1791, p. 328 et 335.
87 Cité par M. Giraud, Essai sur l’histoire religieuse… op. cit., p. 261. Voir aussi Mémoires de René-Pierre Nepveu de La Manouillère… op. cit., p. 241.
88 F. Ménard de La Groye, Correspondance…, op. cit., lettres des 1er et 8 mars 1791, p. 347 et 349. Sur l’élection d’Expilly, lettres du 9 novembre 1790 (p. 296) et du 11 janvier 1791 (p. 327). Selon Nepveu de La Manouillère, Prudhomme doit son élection « au sieur Desprès, ancien chanoine de Sillé, qui est un mauvais prêtre, et à d’autres mauvais sujets qui ont cabalé pour lui » ; Prudhomme devient pour les réfractaires « l’intrus » ; voir Mémoires…, p. 244, 251-254.
89 F. Ménard de La Groye, Correspondance…, op. cit., lettre du 31 mai 1791, p. 386.
90 Mémoires de René-Pierre Nepveu de La Manoullière… op. cit., p. 254-255.
91 Anne-Marie Gasnier le rejoint à Paris entre la fin du mois de février et le début d’avril 1790, période pendant laquelle sa correspondance s’interrompt. Mais les relations entre les deux époux n’ont peut-être pas été toujours aussi bonnes. Les lettres envoyées par Ménard de La Groye lors d’un séjour à Paris en 1781 en sont la preuve : « Il est fort douteux, ma chère amie, que tu retrouves en moi ton mari quand je retournerai dans notre bonne ville. Il y a ici une multitude de femmes jeunes, jolies, qui sont d’une douceur et d’une complaisance admirables ; et comme nulle part ailleurs cette marchandise n’est à si bas prix, j’ai dessein avant de partir de m’en équiper d’une demi-douzaine. Comme il me paroît que tu es fort bien à la Caillère avec ta maman et tes enfants, tu feras sagement d’y rester sans venir troubler mon nouveau ménage » (Arch. dép. de la Sarthe, 10 J 120, lettre du 16 mai 1781).
92 F. Ménard de La Groye, Correspondance…, op. cit., lettres du 13 octobre et du 6 novembre 1789, p. 124 et 137.
93 Ibid., lettre du 25 juin 1790, p. 236. Ménard de La Groye, à court d’arguments, lui répond : « Des raisons contraires et d’un ordre supérieur ont triomphé. »
94 Ibid., lettre du 19 avril 1791, p. 370.
95 Ibid., lettre du 7 décembre 1790, p. 309.
96 Ibid., lettre du 22 janvier 1791, p. 333.
97 Ibid., lettre du 21 décembre 1790, p. 315.
98 Ibid., lettre du 7 janvier 1791, p. 325.
99 Ibid., lettres des 4 et 11 juin 1790, p. 226 et 229.
100 Ibid, lettre du 22 juin 1790, p. 235.
101 Ibid., lettre du 23 juillet 1790, p. 248.
102 Ibid., lettre du 5 avril 1791, p. 362. Voir Jean-Claude Bonnet, Naissance du Panthéon. Essai sur le culte des grands hommes, Paris, Fayard, 1998.
103 F. Ménard de La Groye, Correspondance…, op. cit., lettre du 31 mai 1791, p. 385.
104 Ibidem, lettre du 19 avril 1791, p. 370.
105 Ibid., lettre du 29 avril 1791, p. 375.
106 Ibid., lettre du 22 avril 1791, p. 370. 107. Ibid., lettre du 29 avril 1791, p. 376.
107 Cette évolution du vocabulaire se constate chez de nombreux autres députés, « formant ainsi l’ébauche d’une véritable idéologie qui reflète sans aucun doute l’impact des réunions des Jacobins ». Voir Timothy Tackett, Par la volonté du peuple… op. cit., p. 242.
108 F. Ménard de La Groye, Correspondance…, op. cit., lettres des 17 juin 1789 (p. 44), 21 août 1789 (p. 88), 28 août 1789 (p. 92), 1er septembre 1789 (p. 93), 27 octobre 1789 (p. 131), 22 décembre 1789
109 (p. 161), 2 février 1790 (p. 185), 4 juin 1790 (p. 225), 25 juin 1790 (p. 236), 10 août 1790 (p. 256), 26 novembre 1790 (p. 304), 14 décembre 1790 (p. 312), 15 février 1791 (p. 342).
110 Ibidem, lettres des 17 juin 1789 (p. 44-45), 18 août 1789 (p. 87), 21 août 1789 (p. 88), 1er septembre 1789 (p. 93), 15 décembre 1789 (p. 157), 14 septembre 1790 (p. 273), 24 septembre 1789 (p. 276), 14 décembre 1790 (p. 312), 15 avril 1791 (p. 367).
111 Ibid., lettres des 21 août 1789 (p. 88), 28 août 1789 (p. 92), 1er septembre 1789 (p. 93), 27 octobre 1789 (p. 131), 22 décembre 1789 (p. 161), 2 février 1789 (p. 185), 4 juin 1790 (p. 225), 10 août 1790 (p. 256), 26 novembre 1790 (p. 304), 15 février 1791 (p. 342).
112 Ibid., lettre du 25 juin 1790, p. 236.
113 Ibid., lettre du 29 octobre 1790, p. 291.
114 Ibid., lettres des 28 août 1789 (p. 92), 1er septembre 1789 (p. 95), 4 mai 1790 (p. 208), 30 novembre 1790 (p. 306).
115 Ibid., lettre du 4 octobre 1791, p. 398.
116 Ibid., lettre du 4 février 1791, p. 339.
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