L’intervention du genre dans l’événement. Les massacres parisiens de 1418 et le meurtre d’une femme
p. 53-67
Texte intégral
1Trop longtemps l’événement est resté associé à une conception désuète de l’Histoire centrée sur les péripéties politiques et la biographie des grands hommes. Les femmes en étaient presque nécessairement absentes. L’École des Annales a rejeté cette vision en prônant une histoire de la longue durée qui plaçait l’événement à l’arrière-plan, parfois le gommait complètement1. Les maîtres de l’histoire médiévale en France se sont pleinement associés à cette démarche et la réhabilitation de l’événement est encore très récente et bien timide. Comment l’histoire du genre, une histoire éminemment culturelle qui appartient elle aussi à la longue durée, pourrait-elle donc nous ramener à l’événement ? C’est cette question qui est à la base de la contribution, en forme d’interrogation, que je tenterai de présenter ici.
2Grâce aux travaux des sociologues et plus encore des philosophes, les historiens de ce début de millénaire ne sont plus tout à fait aussi naïfs face à l’événement. Nul n’ignore qu’il n’est après tout qu’un fait, choisi parmi tant d’autres, auquel l’écriture de l’histoire attribue une valeur symbolique2. Cette sélection effectuée par l’historien correspond bien souvent à une période de choc, de rupture et l’événement devient alors le révélateur d’une situation historique pour le groupe qui le reçoit3. Il y a donc de l’arbitraire dans la constitution de l’événement, il ne s’agit pas de le nier. En l’occurrence, mon choix s’est porté sur le contexte bien particulier d’une guerre civile, une période de violence inouïe, se traduisant par des massacres d’hommes, de femmes et d’enfants, éclairée par de nombreux témoignages, les massacres de 1418 à Paris. Ce sont ces récits pluriels qui autorisent, je le crois, une lecture de genre de l’événement.
3Bien sûr, cet événement porte en lui une multitude de significations et d’autres interprétations sont possibles, sinon nécessaires.
La construction de l’événement
4Avant d’en venir au fait brut, il convient de s’interroger quelques instants sur la construction de l’événement par l’historien. Car, après tout, ne s’agit-il pas de revêtir l’événement nu de significations sociales. Pour Paul Ricœur son sens social et historique lui vient de son intégration à une intrigue ; la mise en intrigue est nécessaire. Il s’agit ici de l’histoire douloureuse d’une guerre civile, celle des Armagnacs et des Bourguignons4. Quelque chose arrive, en l’occurrence des massacres aveugles, puis une impérieuse demande de sens se fait entendre et, enfin, l’événement est reconnu, envisagé comme donneur de sens. Cependant, comme le souligne Paul Ricœur « tout ce qui arrive ne fait pas événement, mais seulement ce qui surprend notre attente, ce qui est intéressant, ce qui est important5 ». La demande de sens se présente alors comme une volonté de maîtrise de l’aspect exceptionnel de l’événement. Vient ensuite l’instance du discours : en quoi consiste l’événement brut, la mise en intrigue, et la force de rupture de l’événement. L’écriture de l’histoire ne saurait donc s’en passer, comme l’exprime cette boutade de Paul Ricœur : « Chassez l’événement, il revient au galop. » Événement fondateur, tournant dans l’intrigue, il constitue une étape essentielle du récit historique. Comme le précise Hanna Arendt :
« Chaque fois que se produit un événement assez insigne pour éclairer son propre passé, l’histoire en advient. Alors seulement l’écheveau désordonné des occurrences passées vient au jour sous la forme d’un récit qui peut être raconté parce qu’il possède un début et une fin. Ce qu’un tel événement révèle, c’est un commencement appartenant au passé, qui était jusque-là resté caché ; l’événement éclairant ne peut apparaître à l’historien que comme un achèvement de ce début qu’il vient de porter au jour6. »
5Un geste, un fait en révèle parfois davantage sur les rapports de genre que de longs discours, c’est à l’un de ces gestes sanglants, geste symbolique s’il en est, le meurtre d’une femme, que je voudrais m’attacher.
Une mise en contexte de l’événement, la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons
6C’est un épisode bien connu de l’histoire de France que cette guerre qui opposa deux partis, celui des Armagnacs et des Bourguignons. Un épisode connu, mais longtemps occulté par les historiens français qui répugnaient à livrer une image aussi détestable de leur pays, davantage occupé à se déchirer qu’à se défendre contre la déferlante anglaise7. Il est inutile d’évoquer ici les multiples péripéties de ce conflit, je ne retiendrai que ce qui me paraît nécessaire à la compréhension de l’événement de 1418.
7Depuis l’assassinat du duc d’Orléans, frère du roi Charles VI, sur les ordres du duc de Bourgogne Jean sans Peur le 23 septembre 1407, la noblesse française est divisée en deux partis, Armagnacs et Bourguignons. Le parti des Armagnacs est dominé par le comte d’Armagnac, beau-père de Charles d’Orléans, trop jeune pour s’imposer. Il est soutenu par la petite noblesse gasconne, des hobereaux appauvris, servant volontiers de mercenaires, sans foi ni loi8. À Paris, il s’appuie sur les milieux de la riche bourgeoisie, changeurs, financiers et orfèvres ainsi que sur les officiers du roi. Ils s’opposent aux marchands et boutiquiers, et au petit peuple de Paris, favorable au duc de Bourgogne qui réclame la Réforme du royaume et l’abolition des impôts9.
8Après quelques années de domination bourguignonne, le parti Armagnac s’empare de Paris en septembre 1413 y faisant régner la terreur et pourchassant les partisans de Jean sans Peur. Or, la population parisienne est, dans sa grande majorité, favorable au duc de Bourgogne ; on regrette le bon temps de Jean sans Peur et l’on murmure dans les rues « Duc de Bourgogne, Dieu te ramaint à joye10 ». La situation du royaume et de sa capitale devient dramatique après l’invasion anglaise et le désastre militaire d’Azincourt le 25 octobre 1415. Le 30 décembre 1415, le comte d’Armagnac est nommé connétable par Charles VI11. Il tente de mener une politique vigoureuse de résistance face à l’envahisseur, mais il n’est guère populaire car sa stratégie passe par l’alourdissement des impôts afin de financer une nouvelle armée. Les complots anti-Armagnacs se multiplient dans Paris ; souvent démasqués, ils se soldent par des exécutions. Le dauphin Charles, âgé de quatorze ans, soutient le comte d’Armagnac. Le premier août 1417, le roi d’Angleterre Henri V débarque à Touques avec une importante armée et entreprend la conquête systématique de la Normandie. Cette nouvelle menace n’engendre pas un sursaut d’unité nationale. Bien au contraire, Jean sans Peur s’allie avec la reine Isabeau de Bavière et installe un gouvernement bourguignon à Troyes en janvier 1418. Les Armagnacs sont enfermés dans la capitale bien défendue.
9Mais dans la nuit du 28 au 29 mai 1418, le fils d’un cinquantenier12, Perrinet Leclerc dérobe à son père les clefs d’une porte de la ville, celle de Saint-Germain-des-Prés, et permet l’entrée d’une petite troupe de cinq cents Bourguignons dans Paris. Ils sont menés par Claude de Chastellux, Guy de Bar et le sire de l’Isle-Adam. Près du Châtelet, ils font leur jonction avec une troupe de Parisiens armés. Les Bourguignons sont accueillis avec enthousiasme par les Parisiens aux cris de « Notre-Dame ! La paix ! Vive le roi, le dauphin et la paix13 ! » Cependant, la paix ne règne pas dans la ville ; désormais, la chasse aux Armagnacs est ouverte. Le dauphin réussit à s’enfuir grâce au sang froid du prévôt de Paris, Tanguy du Chastel, et se réfugie à Melun. Le comte d’Armagnac est arrêté et emprisonné à la Conciergerie le 6 juin14.
10La prise par surprise de la capitale est une réussite ; il n’y a pas eu de résistance et l’on compte très peu de victimes. Cependant, dans les semaines qui suivent, les règlements de compte se multiplient. En dépit des efforts du nouveau prévôt de Paris, Guy de Bar qui fait interdire les pillages et les meurtres sous peine de pendaison, les attaques sont nombreuses15. Les rumeurs les plus folles circulent dans la ville menacée par des bandes d’Armagnacs. Dans la nuit du 11 au 12 juin, le peuple de Paris, inquiété par un bruit prétendant que les Armagnacs allaient tenter un coup de main pour libérer les prisonniers, se rue dans les prisons et massacre les captifs. Le comte d’Armagnac est assassiné, son cadavre mutilé est traîné pendant trois jours dans les rues, puis jeté sur un tas de fumier dans la cour du prieuré de Saint-Martin-des-Champs. Au total, ces premières tueries auraient fait environ deux mille victimes.
11La fureur des assassins n’a rien respecté, on compte parmi les victimes quatre évêques16, des hommes et des femmes de tout rang ; leur seul crime ayant été d’être suspects d’appartenir au parti des Armagnacs. Après cette frénésie, le calme revient, le duc de Bourgogne et la reine entrent dans une capitale pacifiée le 14 juillet 1418. Cependant, la situation est loin d’être idéale, le dauphin refuse de se soumettre ; il installe à Bourges un gouvernement Armagnac et les Anglais continuent à ravager la Normandie, aux portes de Paris. La ville se sent coupée du reste du royaume, les difficultés de ravitaillement commencent à se faire sentir17. Les routiers ravagent les environs de Paris, les prix des vivres augmentent, les ordures s’entassent dans les rues car personne n’ose les transporter au-delà des remparts et les rats se multiplient.
12Jean sans Peur demeure très populaire auprès des Parisiens, mais la tension monte dans la ville18.
L’événement, les massacres du 21 août 1418
13L’agitation grandit dans Paris. Les rumeurs les plus folles circulent : les Armagnacs auraient vendu le royaume aux Anglais. Ils auraient fabriqué des sacs pour noyer les femmes et les enfants. Le 21 août, le bourreau Capeluche, à la tête d’une bande d’émeutiers, part à l’assaut des prisons afin d’exterminer les prisonniers suspects de complots imaginaires. Devant la Bastille, ils rencontrent le duc de Bourgogne qui tente de les calmer et les autorise à y prendre quelques prisonniers à condition de les conduire sous bonne garde au Châtelet pour y bénéficier d’un procès équitable. Capeluche promet, mais à peine arrivé au Châtelet, le massacre commence. Les prisonniers sont jetés du haut des fenêtres et reçus par les piques des émeutiers (voir Annexe).
14Le lendemain, les massacres continuent. Comme il n’y a plus de Juifs à exterminer, on s’en prend aux étrangers, Bretons, Gascons, Castillans, Catalans, Lombards et Génois19. Les massacres se perpétuent dans une ambiance de liesse ; le vin coule à flot, l’odeur du sang se mêle à celle des roses car les Parisiens ont institué une confrérie en l’honneur de saint André, patron des Bourguignons ; chacun porte un chapeau de roses rouges sur la tête20.
15Il s’agit là d’un mouvement spontané, mais pas tout à fait incontrôlé ; en effet, du début à la fin la bourgeoisie parisienne a laissé faire la basse besogne par des éléments marginaux de la société. À la tête des émeutiers, s’épanouit la figure sanglante et carnavalesque du bourreau Capeluche. On fait couler le sang, on tue hommes et femmes, le corps des femmes mortes est dévêtu. Le mot d’ordre est « Tuez tout. Tuez, tuez ces faux traîtres Armagnacs21 ». Le massacre fait environ deux mille victimes. Les chroniqueurs s’accordent tous sur la violence des tueries et leur caractère aveugle ; nul n’est respecté homme, femme ou enfant s’il est suspecté d’appartenir au parti des Armagnacs. Tous évoquent la personnalité de Capeluche, coutumière de ces transgressions, mais il est un seuil qu’il ne faut pas franchir !
16Jean sans Peur, pris d’une grande colère, finit par perdre patience devant ces débordements ; il convoque les notables parisiens pour leur reprocher leur inaction. Ils décident d’un plan afin de se débarrasser des éléments les plus agités de la populace. On leur propose de s’engager comme volontaires dans une expédition dirigée contre la ville de Montlhéry tenue par les Armagnacs.
17Le 30 août, sept mille soldats improvisés sont menés par Louis de Berghes, Gautier de Bauffremont et Gaucher Maillart devant Montlhéry22. Jean sans Peur profite de leur absence pour se débarrasser des « principaux esmouveurs des communes23 » en particulier le bourreau Capeluche, arrêté dans une taverne du quartier des Halles. Il est rapidement jugé et décapité par le nouveau bourreau de Paris tandis que les bourgeois de la ville montent la garde aux carrefours pour briser toute réaction populaire. Lorsque la nouvelle de la mort de Capeluche parvient à Montlhéry, il est déjà trop tard. Les émeutiers reviennent à Paris en hâte mais se voient fermer les portes de la ville au nez24.
La pluralité des récits
18L’une des particularités de l’événement est qu’il fait toujours l’objet d’une perception sociale. Apparaissent alors des récits pluriels qui évoquent des réalités multiples et discordantes. Le travail de l’historien est de retrouver aux travers de ces témoignages une « véridicité », ou du moins de s’en approcher25. Cependant, il ne saurait en faire qu’une lecture décalée, en l’occurrence de plusieurs siècles. C’est un choix qui s’impose à lui, aussi pourquoi ne pas tenter une lecture de genre ?
19Le médiéviste n’est pas en peine pour approcher dans le détail les événements qui ont agité la capitale du royaume au printemps et à l’été 1418. Nombreux sont les chroniqueurs qui ont évoqué dans leur ouvrage ces épisodes tragiques, non sans commentaires moralisateurs sur l’inhumanité de la populace. Certes, nos témoins se partagent en deux camps comme tous leurs contemporains, Armagnacs ou Bourguignons, ils enflent ou minimisent les faits, mais tous s’accordent sur l’essentiel : une émeute qui échappe un instant au contrôle de son principal bénéficiaire, le duc de Bourgogne.
20Le Bourgeois de Paris est sans doute l’un des témoins les mieux renseignés de l’époque. Il n’a rien d’un bourgeois, c’est un clerc, membre de l’Université de Paris, peut-être un chanoine de Notre-Dame26. Partisan du duc de Bourgogne, il assimile la guerre civile à la lutte du Bien contre le Mal, symbolisé par les Armagnacs. Pour lui, les Armagnacs sont « de cruels tyrans, des larrons de bois, des loups enragés, des créatures du diable, des membres de l’Antéchrist ». Ils ne font qu’incendier les églises, violer les pucelles et les religieuses, tuer les clercs, s’attaquer aux femmes et aux enfants27.
21Le « bourgeois » n’est pas hostile au massacre des prisonniers. Les exécutions sommaires ne l’émeuvent guère, la violence et les viols font, pour lui, comme pour nombre de ses contemporains, partie du scénario classique de la guerre qu’elle soit civile ou pas. Comme tous les chroniqueurs, le bourgeois s’inquiète du sort des religieuses et des vierges, quant aux femmes mariées, tant pis pour elles ! Ce n’est qu’à partir d’août 1418 qu’il commence à avoir des doutes sur la justesse de ses positions28. L’événement fondateur qui introduit cette interrogation est au cœur du récit d’autres chroniqueurs, mais laissons-le parler :
« Item, le lundi ensuivant, le 22e jour d’août [furent] accusées aucunes femmes, lesquelles furent triées et mises sur les carreaux sans robe que leur chemise, et à ce faire était plus enclin le bourreau que nul des autres ; entre lesquelles femmes il tua une femme grosse qui en ce cas n’avait aucune coulpe, dont il advint peu de jour après qu’il en fut pris et mis au Châtelet, lui troisième de ses complices, et au bout de trois jours eurent les têtes coupées29. »
22Le meurtre de cette femme enceinte et innocente est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Les chroniqueurs se partagent sur le récit de l’événement, certains le passent sous silence, pourquoi ? D’autres, au contraire, insistent sur son importance.
23Le Religieux de Saint-Denis offre une version beaucoup moins partisane des événements parisiens de 1418. Michel Pintoin, chantre de l’abbaye, mort le 16 février 1421, est le témoin désolé des troubles qui déchirent le royaume30.
24Si son récit s’accorde souvent avec celui du « bourgeois de Paris », il en diffère sur un point essentiel, cette fois ce n’est pas une femme enceinte qui est éventrée, mais une jeune fille qui est décapitée par le bourreau Capeluche.
25La version la plus complète de l’événement est rapportée par Jean Juvénal des Ursins, un Armagnac, dans son Histoire de Charles VI. Grâce à elle, on comprend pourquoi les autres chroniqueurs ont confondu dans la même condamnation deux faits bien distincts. C’est lors des massacres de juin 1418 que les partisans du duc de Bourgogne ont éventré une femme enceinte :
« On ne tuoit pas seulement les hommes mais les femmes et les enfants ; mesme il y eut une femme grosse qui fut tuée, et voyait-on très bien bouger ou remuer son enfant en son ventre, sur quoy aucuns inhumains disoient “Regardez ce petit chien qui se remue31”. »
26Par contre en août, c’est bien une jeune femme de bonne naissance qui est décapitée par le bourreau Capeluche :
« Entre les autres, ils prirent une demoiselle de bien ; et qui avoit bonne renommée, mais pour ce que aucuns disoient qu’elle estoit Armagnacque, ils luy coupèrent la teste et la laissèrent ainsi dans la rue, puis s’en allèrent à l’hostel du Roy32. »
27Favorable au duc de Bourgogne, le chroniqueur Enguerrand de Monstrelet se contente de reporter la responsabilité des massacres sur la populace parisienne, menée par le bourreau Capeluche, sans évoquer le meurtre d’une femme. Les massacreurs tuent sans distinction hommes et femmes, mais leur principale victime semble plutôt le duc de Bourgogne qu’ils ont trahi sans vergogne33.
28Les Mémoires de Pierre de Fenin, écuyer et panetier du roi Charles VI, présentent la même version. La faute en est à Capeluche, un homme diabolique, une brute insupportable qui a provoqué la colère du duc Jean sans Peur34.
29Clément de Fauquembergue, greffier du Parlement de Paris, évoque lui aussi les massacres ; il précise : « Durant laquelle assemblée ou commocion furent esdictes prisons et ailleurs à Paris tuez et mis à mort IIIIXX (80) à cent personnes, entre lesquelles il y ot trois à quatre femmes tueez, si comme on disoit35. »
30Cette insistance sur les quelques femmes tuées pose problème. Pourquoi s’en émouvoir alors que les récits des contemporains évoquent tant de viols et de meurtres de femmes pratiquées lors des guerres. En quel sens le tabou aurait-il été franchi ?
La femme enceinte, la pucelle et le bourreau, une lecture de genre ?
31Les chroniqueurs se divisent sur le nombre de victimes, cinquante à cent personnes, largement sous évaluées, puisque l’on penche aujourd’hui pour mille ou deux mille victimes. Cette comptabilité macabre n’a d’ailleurs pas de sens. Pourquoi s’apitoyer comme Clément de Fauquembergue sur le sort de trois ou quatre femmes ? Ce n’est pas que l’époque soit particulièrement clémente pour le sexe féminin. Chaque jour, des femmes sont violentées et assassinées par les routiers à quelques lieues de Paris comme le rappelle le « Bourgeois de Paris ». Il ne s’agit donc pas de quantité, mais de qualité, d’un acte sanglant considéré par tous comme effroyable, presque sacrilège.
32Le ventre de la femme enceinte est sacré. Jean Juvénal des Ursins consacre un long paragraphe tout à fait significatif aux difficultés que les haines de partis engendrent pour la naissance des petits Parisiens. Ce texte n’a rien d’anecdotique. Dans un temps de mortalité effroyable où la guerre, la famine et la peste se disputent avec rapacité les humains, comment ne pas considérer comme insupportable cette attaque injustifiée aux capacités procréatrices de la femme ?
33La jeune femme en âge de procréer décapitée et la femme enceinte éventrée sont l’image même de ce dérèglement cosmique, et celui qui les assassine ne peut être assimilé qu’à une figure du Mal absolu. Professionnel de la violence, le bourreau Capeluche est un homme puissant, un chef de parti, mais il est aussi un marginal marqué par le tabou du sang qui retombe sur sa fonction. Qu’il décapite des hommes, les étripe, les larde de coups de lance, après tout cela n’a rien d’original. Qu’il s’en prenne même aux hommes d’église, aux clercs, allant jusqu’à faire assassiner quatre prélats, bien sûr, les esprits des chroniqueurs s’en émeuvent d’avantage. Mais qu’il verse le sang de femmes est devenu impardonnable !
34Dans le droit coutumier, la femme, même condamnée à mort, ne doit pas verser son sang ; elle est pendue, noyée, étouffée, brûlée, mais pas décapitée et encore moins éventrée, quel que soit son crime. Le sang de la femme reste associé en cette fin de Moyen Âge à de nombreux tabous : sang des menstrues, sang du retour de couches, qui l’exclut temporairement de l’espace sacré de l’église. Deux tabous sont donc ici associés pour faire d’un meurtre ou de deux, un événement symbolique et mettre fin à la violence aveugle par une reprise en main des autorités, soutenue par l’opinion publique. Une lecture de genre de la violence, en l’occurrence du massacre, est sans doute possible à travers le prisme d’événements symboliques. Elle reste largement à faire pour la période médiévale.
35Suffit-elle à rendre compte de la totalité de la portée symbolique de l’événement, certainement pas. Tous les témoins le soulignent, Capeluche est allé trop loin. Ce bourreau, ce « paria », se conduit comme le roi de Paris. Il tape sur l’épaule de Jean sans Peur et se permet de l’appeler « beau-frère ». Une telle familiarité est insupportable pour un prince de la fleur de lis. Il faut mettre un terme au processus carnavalesque de l’émeute dans lequel toute hiérarchie sociale est renversée. Une lecture de genre n’exclut donc pas une vision sociale et politique de l’événement. Jean sans Peur prend prétexte du meurtre sauvage d’une femme pour rétablir son contrôle sur Paris. Il est le grand bénéficiaire des massacres : ses ennemis ont été assassinés, ces partisans trop encombrants ont été envoyés à Montlhéry se faire tuer, et Capeluche est finalement décapité ; sa main qui avait osé toucher le duc de Bourgogne, un prince du sang, est tranchée. Comme le souligne le chroniqueur Thomas Basin, quelques décennies plus tard, modifiant quelque peu la chronologie des faits pour faire jouer au duc de Bourgogne un rôle plus acceptable, l’ordre est finalement rétabli.
Annexe : Les massacres de 1418 vus par les chroniqueurs
Le Bourgeois de Paris
1- Automne 1411, violences des Armagnacs autour de Paris
36« Et les faux bandés Armagnacs commencèrent à faire tout le pis qu’ils pouvaient et vinrent au plus près de Paris, en pleines vendanges, c’est à savoir, environ minuit entre samedi et dimanche, le troisième jour d’octobre 1400 et 11, furent à Pantin, à Saint-Ouen, à la chapelle Saint-Denis, à Montmartre, à Clignancourt et par tous les villages d’entour Paris dudit côté et assiégèrent Saint-Denis. Et firent tant de maux, comme les eussent faits Sarrasins, car ils pendaient les gens [les uns] par les pouces, [les] autres par les pieds, les autres tuaient et rançonnaient et efforçaient femmes et boutaient feux et quiconque ce fit, on disait : “Ce sont les Armagnacs.” et ne demeurait personne es dit villages qu’eux-mêmes. »
37Beaune (C.) (éd.), Paris, 1990, p. 38-39.
2- 1414, Compiègne prise par les Armagnacs
38« Et fut la ville prise le 21° jour de mai 1400 et 14… et les femmes de religion et autres prudes femmes et bonnes pucelles efforcées, et tous les hommes rançonnés et les petits enfants. »
39Ibidem, p. 74.
3- 1418, les femmes de Paris aux prises à la guerre civile
40« En celui temps allaient femmes d’honneur bien accompagnées voir leurs héritages près de Paris, à demi-lieue qui furent efforcée, et leur compagnie battue, navrée et dérobée. Item, vrai fu qu’aucuns desdits gens d’armes furent pleins de si grande cruauté et tyrannie qu’ils rôtirent hommes et femmes au feu quand ils ne pouvaient payer leur rançon et quand on s’en plaignait au connétable, leur réponse était : “Si elles n’y fussent pas allées, si ce fussent les Bourguignons, vous n’en parleriez pas.” »
41Ibidem, p. 186-187.
Chronique du Religieux de Saint-Denis
4- Chapitre XI, Horribles meurtres commis à Paris et à Saint-Denys
42« Les gens du menu peuple de Paris, qui ne cherchaient qu’à troubler la tranquillité publique, et les ouvriers du plus bas étage, étaient allés déjà plusieurs fois trouver monseigneur le duc de Bourgogne, et lui avaient demandé d’un ton hautain et arrogant de faire justice des Armagnacs détenus, qu’ils appelaient des traîtres infâmes. Le duc leur ayant répondu qu’il fallait auparavant faire instruire régulièrement le procès de chacun d’entre eux, ils se retirèrent peu satisfaits de cette réponse si juste et lui déclarèrent, en prenant congé de lui, qu’ils abrégeraient sous peu les formes du procès. En effet, lorsqu’ils virent que les troupes royales avaient quitté Paris pour se mettre en campagne conformément aux ordres du roi, n’étant d’ailleurs arrêtés par aucun frein ni par la crainte de la justice de Dieu ou celle du roi, ils saisirent cette occasion favorable pour mettre à exécution leurs affreux projets. Le 21 août, s’étant munis, selon leur coutume, d’armes rouillées et de vieux engins de guerre, ils pénétrèrent en tumulte et de vive force dans le grand Châtelet, résolus à tuer indistinctement tout le monde, innocents et coupables, religieux, clercs ou laïques. L’exécuteur des hautes œuvres, nommé Capeluche, était à la tête de cette multitude, il était seul à cheval, les autres le suivaient à pied. Ils égorgèrent, par son ordre, plus de deux cents des plus notables bourgeois, et le misérable, pour mettre le comble à tous ces crimes abominables par un acte d’horrible cruauté, fit dépouiller de ses vêtements en présence de tous, une noble et belle demoiselle nommée …et lui coupa la tête, sous prétexte qu’elle était du parti d’Armagnac. »
43Bellaguet (F.-L.) (éd.), rééd., Paris, 1994, p. 263-265.
Enguerrand de Monstrelet, Chronique
5- Chapitre CXCVIII, Comment les Parisiens occirent de rechef des prisonniers
44« Item, durans les tribulacions dessusdictes, se rassemblèrent les communes gens de Paris en très grant nombre comme ilz avoient fait autre foiz, et soudainement alèrent à toutes les prisons de Paris, lesquelles ilz rompirent de force et occirent bien trois cents prisonniers, dont les aucuns y avoient estés mis depuis la grande tuerie. Entre lesquelz y furent mors messires Jacques de Monmors et messire Loys de Corail, chambellands du Roy avec moult de notables gentilz hommes et gens d’église. En laquelle fureur très exécrable, les dessusdiz alèrent en la basse-court de la bastille Saint-Anthoine et demandèrent qu’on leur délivrast huit prisonniers qui estoient céans ou se non ils assauldroient la place. Et de fait commencèrent à des-maçonner la porte. Pour quoy le duc de Bourgogne, qui estoit logié assez près de ladicte bastille, très courroucié au cuer de veoir faire telle desrision, pour pis esche-ver, commanda que les huit prisonniers dessusdiz leur fussent livrez, par ainsi que aucuns de leurs capitaines promirent de les mener ès prisons de Chastellet et les lairroient punir selon leurs démérites par la justice du Roy. A tout lesquelz, quant ilz leur furent livrez, pour entretenir partie de leur promesse s’en alèrent jusques assez près du dessusdit Chastellet et là très cruellement les occirent. Après, par grandes compaignies s’en alèrent de rue en rue parmy Paris, en plusieurs maisons de ceux qui avoient tenu le parti du conte d’Armaignac, lesquelz ilz pillèrent et occirent très inhumainement. Et comme autrefoiz, ils avoient fait, se ilz encontroient aucun homme ou femme qu’ils heoient, quelque parti qu’ilz tenissent, tantost estoient mis à mort. Desquelles communes estoit ung des principaulx capitaines Capeluche, bourreau de Paris… »
45Douet d’Arcq (L.) (éd.), Paris, III, 1859, p. 289-290.
Pierre de Fenin, Mémoires
6- Les méfaits de Capeluche
46« Pendant que le changement estoit nouveau dans Paris, comme il a esté veu cy devant, car les habitants s’y accusoient presque tous les uns les autres ; par especial aucuns meschans du commun s’en mesloient, qui pilloient soubs divers pretextes, sans mercy, ceux qu’ils disoient avoir tenu le party du comte d’Armagnac : et lors qu’on hayssoit à Paris aucun homme, il ne falloit que dire : “Il a esté armagnac”, et tout présentement et à l’heure mesme il estoit tué sur le carreau. Entre autres il y avoit un bourreau nommé Capeluche, qui tousjours avoir tenu le party du duc Jean, lequel estoit très mauvais homme, et tuoit hommes et femmes sans commandement de justice par les rues de Paris, tant par hayne, comme pour avoir le leur, mais en fin le duc Jean luy fit coupper le col ou hasterel [nuque]. De tels desaroys y eut à Paris en quantité, pour ce temps qui estoit très piteux, et tout à fait déplorable… »
47Dupont (éd.), Paris, 1836, p. 297.
Jean Juvénal des Ursins, Histoire de Charles VI, roy de France
7- Les massacres de juin 1418
48« Or ne tuoit-on pas seulement les hommes mais les femmes et les enfans ; mesme il y eut une femme grosse qui fut tuée, et voyait-on bien bouger ou remuer son enfant en son ventre, sur quoy aucuns inhumains disoient : “Regardez ce petit chien qui se remue.” Que si aucune femme grosse se délivreoit de son enfant, à peine trouvoit-on femmes qui l’osast accompagner, ne aider, ainsi que il est accoutumé en tel cas faire : et quand la pauvre petite créature estoit née, et hors du ventre de sa mère, il la falloit secrètement porter aux Fonds, ou baptiser par une femme en l’hostel, ce qui est appelé ondoyer. Mesmes, il y avoit des prestres ou curez si passionnez et affectez à maudite inclination, que aucun les refusoient de baptisier : et advenoit aussi aucunes fois par faute de secours et aide, la femme seule se délivroit, et baptisoit mesme son enfant et que tous deux après mourroient. »
8- Les massacres d’août 1418
49« Il y eut une grande commotion de peuple : et disoit-on que Capeluche le bourreau en estoit le capitaine et tuèrent plus de deux cents personnes qu’ils nommoient Armagnacs, dont il y eut plusieurs gens de bien. Et par haine particulière tuèrent plusieurs gens du duc de Bourgogngne qui mesme demeuroient en son hostel, soubs le gouvernement desdis de Lisle-Adam, Chastelux et Veau de Bar. Et plusieurs fois venoit Capeluche parler au duc de Bourgogne accompagnié de mes-chantes gens, aussi hardiment que si c’eust esté un seigneur…
50Entre les autres prirent une demoiselle de bien ; et qui avoit bonne renommée, mais pour ce que aucuns disoient qu’elle estoit Armagnacque, ils luy coupèrent la teste et la laissèrent emmy la rue, puis s’en allèrent à l’hostel du Roy…
51Et cependant fut pris ledit Capeluche bourreau qui buvoit en la Rappée près es Halles et incontinent on lui couppa la teste ; et dit-on qu’on luy avoit couppé pour ce qu’il avoit touché au duc de Bourgogne, lequel luy avoit donné sa main non cuidant qu’il fut bourreau, parquoy comme dit est luy fit coupper la teste. » Michaud et Poujoulat (éd.), Paris, 1836, p. 542-543.
Thomas Basin, Histoire de Charles VI
9- Ordre et désordre
52« Nous ne jugeons pas à propos de passer sous silence les émeutes horribles et exécrables qu’à Paris même la populace, après y avoir accueilli les Bourguignons, organisa dans sa rage et dans sa fureur sacrilèges. Et d’abord le comte d’Armagnac, chef de l’armée et connétable du roi, comme nous l’avons dit, y fut découvert, appréhendé et mis à mort cruellement par la plèbe furieuse et hors de sens. Et non contents de l’assassiner, ils n’eurent de cesse qu’ils ne l’eussent outragé ; car ils le mirent à nu sur la table de marbre du Palais Royal, et lui ayant tailladé la peau, ils imprimèrent dans sa chair la croix de saint André, emblème de Bourgogne. Puis, à coups de poignards et de bâtons, percèrent et déchirèrent son cadavre. Aller et venir par la ville, envahir les maisons, traîner en prison, blesser, tuer, mettre en pièces les habitants les meilleurs et les plus honorables auxquels les haines privées exaspérées ou la cupidité pouvaient et voulaient imputer à crime le nom d’Armagnac, telles furent, pendant des jours, les occupations constantes d’une bande d’assassins composée de la plus méprisable tourbe et de valets d’artisans. Rien de plus absurde, de plus fou, de plus dangereux, de plus cruel enfin que les foules populaires qu’elles viennent à s’emparer sans ordre du pouvoir. Ce n’est pas la raison qui les gouverne, mais elles obéissent aveuglément au premier mouvement, comme un torrent ou des bêtes sauvages. Évêques, moines, prêtres, nobles, rien ne trouvait grâce devant cette fureur déchaînée ; plus le rang dont on jouissait été élevé, si on passait pour avoir été du parti armagnac, plus on était en butte à la farouche bande d’assassins, surtout si l’on avait la réputation d’être riche et bien pourvu. Ayant tué ceux qu’ils voulaient, ils pillaient à leur guise sans aucun ordre les demeures des morts, et, se disputant et se battant autour du butin, ils se déchiraient et se dévoraient entre eux comme chiens enragés.
53Ce fléau persista dans la capitale plusieurs jours et les meilleurs habitants, qui voyaient avec douleur cet état de choses et en ressentaient une horreur et une terreur toutes particulières, étaient incapables d’y porter remède. Enfin, on prit le parti d’envoyer cette bande d’assassins assiéger un château, non loin de la ville, où un parti considérable d’Armagnacs ne cessait de causer beaucoup de dommages au pays et à la ville même. Là, les uns furent tués, les autres dispersés et mis en fuite, et comme les débris en revenaient ensuite à Paris, il fut ordonné que la permission ne leur en serait pas donnée dorénavant. Ainsi peu à peu, presque tous furent exterminés.
54Après cela, Jean, duc de Bourgogne, fit son entrée à Paris. Un jour, parcourant à cheval les rues, il rencontra le bourreau de la ville surnommé Capeluche, entouré d’une nombreuse escorte des susdits assassins. Pensant que ce fut quelque prince ou capitaine, il le salua ; mais ensuite ayant appris de son entourage à quelle basse et vile condition appartenait cet homme, il le fit pendre et exécuter publiquement ce qui fut pour ses pareils du meilleur exemple. »
55Samaran (C.) (éd.), Paris, 1964, p. 57-61.

Figure 11 : Paris, La ville aux cent clochers

Figure 12 : Paris, Le petit Châtelet (gravure de Garneret et Allais – xviiie siècle)
Notes de bas de page
1 Grégoire (P.), « L’événement référence. Notion d’événement et plans de références : l’individu, les systèmes d’information et l’histoire mémoire », Dolan (C.) (éd.), Événement, identité et histoire, Québec, Septentrion, 1991, p. 167-186, p. 167.
2 Ibidem, p. 170.
3 Ibid., p. 180.
4 Petit (J.-L.), « La constitution de l’événement social », dans Petit (J.-L.) (éd.), L’événement en perspective, Paris, EHESS, 1991, p. 8-37.
5 Ricœur (P.), « Événement et sens », dans Petit (J.-L.) (éd.), op. cit., p. 41-56.
6 Arendt (H.), La nature du totalitarisme, Paris, Payot, 1990, p. 55.
7 Il est significatif de constater que le premier livre important consacré à cette guerre civile a été publié en 1943. D’Avout (J.), La querelle des Armagnacs et des Bourguignons, Paris, Gallimard, 1943. Le seul ouvrage récent est celui de Schnerb (B.), Les Armagnacs et les Bourguignons, la maudite guerre, Paris, Librairie académique Perrin, 1988.
8 Autrand (F.), Charles VI, Paris, Fayard, 1986, p. 459.
9 Ibidem, p. 460.
10 D’Avout (J.), op. cit., p. 206.
11 Ibidem, p. 239.
12 Officier de la milice bourgeoise commandant cinquante hommes.
13 Autrand (F.), op. cit., p. 549.
14 D’Avout (J.), op. cit., p. 264.
15 Ibidem, p. 266.
16 Guillaume de Cantiers, évêque d’Évreux, Pierre Fresnel, évêque de Lisieux, Jean d’Archery, évêque de Senlis et Jean de Marle, évêque de Coutances.
17 Ibidem, p. 272.
18 Autrand (F.), op. cit., p. 403.
19 Vieillard (J.), « Les journées parisiennes de mai-juin 1418 d’après les documents d’archives de la couronne d’Aragon », Annuaire-Bulletin de la société de l’histoire de France, 1940-1941, p. 125-153.
20 Autrand (F.), op. cit., p. 557.
21 Favier (J.), Nouvelle histoire de Paris. Paris au xve siècle, Paris, Hachette, 1974, p. 170.
22 Autrand (F.), op. cit., p. 554.
23 Enguerrand de Monstrelet, Chronique, Douet d’Arcq (L.) (éd.), Paris, 1859, III, p. 291.
24 D’Avout (J.), op. cit., p. 271.
25 De Fornel (M.), « Voir un événement. Comptes rendus de perception et sémantique des situations », Petit (J.-L.) (éd.), op. cit., p. 97-112.
26 Journal d’un bourgeois de Paris, Beaune (C.) (éd.), Paris, Le livre de poche, Lettres gothiques, 1990, p. 11.
27 Ibidem, p. 20.
28 Ibid., p. 22.
29 Ibid., p. 128-129.
30 Chronique du religieux de saint Denis contenant le règne de Charles VI de 1380 à 1422, Bellaguet (L.-F.) (éd.), Paris, 1842, rééd. Paris, Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, Paris, 1994, p. iii.
31 Jean Juvenal Des Ursins, Histoire de Charles VI roy de France, Michaud et Poujoulat (éd.), Paris, 1836, p. 542.
32 Ibidem, p. 543
33 Enguerrand de Monstrelet, Chroniques, Paris, Douet d’Arcq (L.) (éd.), III, 1859, p. 289-290.
34 Pierre de Fenin, Mémoires, Dupont (éd.), Paris, 1837, p. 297.
35 Journal de Clément de Fauquembergue, greffier du Parlement de Paris, 1417-1435, Tuetey (A.) (éd.), I, Paris, 1903, p. 152.
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