Un établissement en milieu rural : l’hôpital psychiatrique départemental de l’Isère
p. 77-93
Texte intégral
1Comme nombre d’hôpitaux psychiatriques, l’hôpital psychiatrique départemental Saint-Robert se trouve aux marges de son agglomération, à une dizaine de kilomètres du centre de Grenoble. L’hôpital est situé à 500 m de la gare et à deux pas de la route nationale, ce qui facilite l’accueil des malades et de leurs familles mais aussi l’approvisionnement. Replié sur lui-même, il entretient assez peu de rapports avec la commune de Saint-Egrève sur laquelle il se trouve1. Mais, pendant les années de guerre, du fait de son implantation dans une commune comptant moins de 4 000 habitants en 1936, les fonctionnaires du Ravitaillement général lui donnent le statut d’établissement « rural ».
2Or, en dépit de son environnement rural, l’hôpital psychiatrique Saint-Robert souffre beaucoup de la sous-alimentation. Il s’agira de montrer en quoi les contraintes sociales et administratives qui pèsent sur l’établissement ont aggravé les conséquences du rationnement alimentaire puis de présenter un exposé rigoureux des événements qui permettra de formuler quelques hypothèses concernant l’interprétation de la famine qui, entre 1940 et 1944, a décimé les malades mentaux internés dans les hôpitaux psychiatriques français.
Un hôpital psychiatrique départemental de province
3Saint-Robert fait partie des 57 établissements français qui ont le statut d’hôpital psychiatrique départemental. Il s’agit d’un statut contraignant puisqu’il place l’établissement sous la tutelle du département, c’est-à-dire du préfet et du Conseil général. Sous Vichy, ce dernier est remplacé par une Commission administrative réunie par le préfet2. Le régime assume donc directement la responsabilité de l’établissement. Une commission de surveillance nommée par le préfet – comme il est prévu par la loi de 1838 – représente l’administration départementale au niveau de l’établissement. Le préfet ne peut donc ignorer bien longtemps ce qui se passe à l’asile3.
4Au 1er janvier 1940, l’hôpital psychiatrique Saint-Robert, qui s’étend sur une cinquantaine d’hectares, héberge 1 700 malades. C’est beaucoup moins que l’hôpital du Vinatier mais cela le place néanmoins parmi les grands établissements psychiatriques français. Il ne compte que deux médecins-chefs : un pour les hommes et un pour les femmes. À la veille des hostilités, ces derniers peuvent compter sur un « personnel secondaire » formé de 180 infirmiers, à peu près également répartis entre les deux sexes4, les « filles de service » du quartier des femmes ayant la particularité d’être encadrées par des religieuses. À Saint-Robert comme dans les autres asiles, la séparation entre les sexes est très rigoureuse. Les malades sont également divisés selon leur statut juridique. En 1939, 90 % des malades de l’établissement sont « placés d’office » : un arrêté préfectoral les a internés à Saint-Robert en raison de leur dangerosité supposée pour eux-mêmes ou pour autrui. Les autres malades, internés à la demande de leur famille, sont des « placés volontaires ». L’hospitalisation à l’asile d’aliénés ne connaît que ces deux formes de placement. Dans les deux cas, il s’agit d’un internement. Dans le deuxième cas, la dangerosité n’étant pas reconnue, le malade reste à la charge de sa famille5. Reste que dans les archives administratives de l’établissement, les placés volontaires sont souvent désignés sous le nom de « pensionnaires » et les placés d’office sous celui « d’indigents ». Cela s’explique par le fait que les placés d’office sont pour la plupart à la charge des collectivités. Le terme d’indigent doit toutefois être relativisé : l’hospitalisation à Saint-Robert se prolongeant souvent de nombreux mois, l’indigent est celui qui ne peut pas payer indéfiniment son séjour alors même qu’il ne travaille plus parce qu’il est interné. La distinction entre placé d’office et placé volontaire a donc un caractère éminemment social car même avec la diffusion des Assurances sociales (qui demandent le paiement d’un trimestre d’avance avant tout remboursement), seules les familles aisées peuvent obtenir un placement volontaire. Quand ce placement s’éternise, on le transforme généralement en placement d’office sauf si la famille dispose de moyens importants. Le prix de pension est d’ailleurs variable selon les cas. Il existe en effet une hiérarchie des placements volontaires – de la 4e à la 1re classe – selon le niveau de confort procuré au malade. Les pensionnaires ont droit à des promenades dans le parc (les autres internés devant se contenter de déambuler dans une minuscule cour intérieure), à quelques distractions (le billard, la TSF…) parfois même à une chambre individuelle pour les pensionnaires de première classe. Mais les principales améliorations concernent les repas, le nombre d’entrées ou de desserts variant sensiblement selon la classe d’appartenance. Mais si le prix élevé du placement volontaire rejette 90 % des malades dans le statut moins favorable de placé d’office, l’asile peut compter, grâce aux pensionnaires, sur des rentrées budgétaires non négligeables6. Leur présence est donc très importante sachant qu’il faut compter avec la concurrence des maisons de santé privées. Ainsi, celle de Meyzieu n’héberge-t-elle que ce type de malades quand, dans le même temps, l’hôpital psychiatrique de Saint-Robert connaît une surpopulation criante de placés d’office7.
5Cette surpopulation est une caractéristique que l’hôpital psychiatrique départemental de l’Isère partage avec de nombreux autres asiles publics. En 1932, Justin Godart, alors ministre de la santé8, relève que pour 88 000lits la France compte 100 000 malades mentaux en traitement9. En 1940, on compte près de 10 00010 malades supplémentaires alors que le parc hospitalier s’est à peine agrandi. À Saint-Robert, la population internée est passée de 1 360 malades en décembre 1930 à 1 693 malades en décembre 1939, soit une augmentation d’un quart des effectifs. L’encadrement médical n’est pas pour autant amélioré malgré les demandes insistantes des médecins-chefs : dès cette période, on peut considérer que l’établissement est abandonné par l’autorité de tutelle. Ainsi en 1932, le Dr Jourdran ne mâche pas ses mots pour dénoncer la situation faite aux malades :
« Chaque nuit, 50 malades environ couchent sur des paillasses placées entre les lits dans des dortoirs ou réparties à terre dans les corridors ou dans les réfectoires. Cette situation ne peut durer indéfiniment, un asile d’aliénés n’étant ni un parc à moutons ni un campement. Qu’on le veuille ou non, c’est un établissement hospitalier soumis aux mêmes lois d’hygiène que les hôpitaux, lois qui proportionnent le nombre des malades à la dimension des locaux11. »
6Mais rien n’y fait. En 1939, le médecin-chef en charge des femmes soigne à lui seul plus de mille malades. Ces malades sont littéralement entassés dans des pavillons qui, pour la plupart, n’ont connu aucune réfection depuis leur construction en 1854. Les dortoirs, qui abritent 60 à 80 malades, sont vétustes et il y règne une promiscuité et une hygiène déplorables.
7Au moment de leur internement, près de la moitié des malades (47,5 %) ont entre 30 et 50 ans12. La loi du 30 juin 1838 ne concerne en principe pas les mineurs qui représentent moins de 5 % des entrées13. Les plus de 60 ans sont moins nombreux que la réputation de l’asile le laisse attendre puisqu’ils ne représentent que 17 % des entrées. La plupart des malades entrent donc dans la force de l’âge. Mais la très grande majorité d’entre eux sont des « isolés ». Les célibataires, veufs, divorcés ou séparés représentent en effet 59 % des entrées. L’asile est donc bien un refuge pour les éléments faibles de la société14. À la première déviance sérieuse, il guette l’indigent célibataire et sans attaches comme l’indigent du xixe siècle était guetté par l’hôpital pré-pasteurien. Refuge pour personnes seules, l’asile public accueille notamment les plus démunis : les femmes, qui représentent 57 % des « isolés » de Saint-Robert. Les deux tiers de ces femmes n’ont pas de conjoint alors que la proportion n’est que d’un sur deux pour les hommes. En décembre 1939, l’établissement héberge 689 hommes pour 1 004 femmes, ces dernières représentant plus de la moitié des entrées15. Faut-il en déduire que le maintien dans la société des femmes malades mentales, a fortiori des femmes seules, était plus difficile ?
8L’asile est en tout cas un lieu pour personnes socialement fragiles que l’on a entassées là comme pour mieux les oublier. Des individus que personne ne réclamera, surtout durant les heures sombres de l’Occupation. Près du quart (22 %) des aliénés internés n’ont d’ailleurs plus aucun lien familial. Dans leur dossier médical il est inscrit qu’ils sont « sans famille » ou « de famille inconnue16 ». Cet isolement est encore accru par l’internement qui implique une vie en milieu fermé au sein d’une communauté coupée du reste de la société. Une coupure symbolisée par la présence d’une ferme sensée réaliser l’autarcie. Privés de soutien extérieur, les malades dépendent entièrement de l’asile. Les plus valides peuvent accomplir quelques petits travaux qualifiés de « distraction » à condition que ceux-ci aient un intérêt économique pour l’établissement. Conçu pour accueillir une population de marginaux, l’asile doit en effet coûter le moins cher possible. Une vingtaine de membres spécialisés du personnel encadrent ainsi une quarantaine de malades17 qui cultivent une surface de 37 hectares, s’occupent de la vacherie, de la porcherie et de la basse-cour de l’établissement. En 1938, le cheptel de Saint-Robert se compose de 5 chevaux, de 22 bovins et de 170 porcs. Les terres se répartissent en 22 hectares de terres labourables et potagères, de 4,7 hectares de vignoble sur treillage, le reste en prairies artificielles et parcs herbagers pour les bovins. Mais au total, la ferme ne couvre pas le quart des besoins18 d’une population de près de 2 000 personnes (personnel inclus). L’autarcie n’est donc qu’un mythe ainsi que le montre douloureusement la période de l’Occupation.
Les effets du rationnement
9La commune de Saint-Egrève reste à l’écart des combats de 1940 et l’hôpital n’est ni occupé, ni réquisitionné par les Allemands. Pendant toute la période, le seul interlocuteur de l’établissement est donc l’administration de Vichy19. La guerre ne perturbe qu’à peine la routine asilaire comme en témoigne le rapport du directeur et des médecins-chefs pour l’année 1940 :
« Pendant ces heures angoissantes, le calme le plus absolu a régné dans l’établissement, chacun est resté à son poste, on sentait que le personnel tant civil que religieux était prêt à remplir tout son devoir. Puis la vie a repris avec son rythme habituel, mais peu à peu les restrictions économiques se sont faites ressentir20. »
10Grenoble n’est pas occupée et le département de l’Isère est en zone libre. Entre janvier 1940 et janvier 1944, la population de l’hôpital passe de 1693 à 795 malades, soit une division des effectifs par deux. En 1944, les effectifs ne remontent qu’en raison de transferts d’aliénés venus d’autres établissements.
11À l’asile Saint-Robert, ce recul de la population internée constitue un événement sans précédent, y compris durant la Première guerre mondiale. Il s’explique par la chute du nombre des admissions mais aussi par une forte progression de la mortalité. Entre le 1er janvier 1940 et le 31décembre 1945, 1778 aliénés ont péri dans l’établissement21. Par rapport aux années d’avant-guerre, la moyenne annuelle des décès a été multipliée par 2,622. Le taux de mortalité moyen, qui avoisinait 6 % durant les années 1930, s’élève à 16,8 % durant les années noires23.
12Si la diminution de la population est surtout nette à partir de 1941, les décès ont commencé à se multiplier dès octobre 1940, tout au moins chez les hommes qui, comme ailleurs, sont les premiers touchés. Cette mortalité affecte d’abord les malades les plus faibles en particulier les plus âgés. Elle est donc plus importante durant la période 1941-1943 que par la suite. Globalement les malades jeunes résistent mieux mais, au fil des années, les victimes de la sous-alimentation sont de plus en plus jeunes24.
13La part des plus de 60 ans, qui représentaient 46 % des malades décédés pendant la période 1935-1940, recule progressivement. À partir de 1941, l’âge moyen des malades décédés s’établit en dessous de 50 ans chez les hommes et en dessous de 60 ans chez les femmes. Visiblement plus résistantes, les femmes sont également touchées plus tard : dès 1941, plus du tiers de la population masculine succombe (36,4 %) contre 15 % « seulement » de la population féminine. En 1942, le tiers des hommes disparaît à nouveau (32,9 %) quand le taux de mortalité des femmes n’est encore « que » de 23,9 %. Par la suite en revanche, le taux masculin chute de moitié alors que le taux féminin se maintient à un haut niveau (18 %). Chez les hommes, l’année la plus meurtrière est 1941, chez les femmes 1942. En 1944 et 1945, la mortalité se maintient avec l’arrivée des transférés dont le taux de mortalité est supérieur à celui de la population autochtone.
14Les médecins ne font pas mystère des causes de cette surmortalité. À Saint-Robert, les effets des privations sont sensibles depuis le mois de novembre 1940. Ils s’accentuent ensuite en 1941 et 1942. La viande est désormais réservée aux repas de midi quand elle n’est pas remplacée par un second plat de légumes. Mais au début de l’année 1941, les légumes eux-mêmes viennent à manquer. Le 3 janvier 1941, le directeur de l’hôpital signale au préfet que, pendant les deux mois précédents, les malades ont été exclusivement nourris de chou-rave, de rutabaga ou de rave potagère préparés dans des soupes contenant un tiers de pommes de terre (qui sont devenues une denrée précieuse) et deux tiers de légumes25. Mais les légumes frais ne suffiront que pour 10 jours26 et le stock de riz et de légumes secs couvrira à peine les besoins des 4 semaines à venir. L’inquiétude est de mise d’autant qu’il faut réduire encore la ration de pain qui, en temps normal, constituait la base de la nourriture des malades27. En avril 1941, le directeur prend encore la peine d’adresser au directeur régional de la santé un état comparant l’ordinaire servi aux malades internés dans son établissement à celui prévu par le règlement de 193828. Il apparaît notamment que les rations de pain et de viande sont deux à trois fois inférieures à celles prévues par les prescriptions officielles.
15Bien que les prescriptions du règlement de 1938 n’aient rien eu de luxueux, on constate qu’en 1941 les rations servies aux malades sont très inférieures à la normale : de 2,5 fois pour le pain et les pommes de terre, de 3,5 fois pour la viande et les matières grasses et de 5 fois pour les pâtes. Or, à cette date, les privations ne font que commencer. Un an plus tard, en janvier 1942, une autre lettre révèle que les fournisseurs de Saint-Robert ainsi que le Comité de répartition des légumes et des fruits sont dans l’impossibilité d’approvisionner l’hôpital en légumes verts. Le directeur de l’établissement s’émeut car, dit-il, « ces légumes constituent la base actuelle de nos régimes alimentaires quotidiens en complétant les diverses denrées en provenance du Rationnement Général, insuffisant pour vivre29 ». Le Ravitaillement général ne débloque pourtant aucune denrée supplémentaire et l’établissement n’est pas non plus désigné comme prioritaire dans l’attribution des légumes qui, de toute façon, sont devenus introuvables sur le marché. Alors qu’on estime le minimum vital à 20 grammes de matières grasses et 2 500 calories par jour pour un individu sédentaire de 65 kg (4 000 calories pour une personne très active30), les rations servies aux malades du quartier des femmes en avril 1942 fournissent moins de 1 200 calories par jour. Les apports en graisses sont inférieurs à 25 % des besoins vitaux, les apports en hydrates de carbone ne couvrant quant à eux que la moitié des besoins.
16Décrivant les ravages de la faim au directeur régional de la santé, les médecins-chefs de Saint-Robert écartent assez rapidement l’hypothèse d’une simple carence en vitamines mise en avant par certains de leurs collègues :
« Cliniquement on ne peut parler d’avitaminose à proprement parler. Ce que nous constatons c’est un amaigrissement progressif vers la cachexie. Des œdèmes généralisés, s’accompagnant souvent d’ascite, d’épanchements pleuraux s’installent. Le thermomètre reste à 35° et les malades meurent parfois en 24 ou 48 heures. Aucun traitement thérapeutique ne peut modifier la situation lorsque la cachexie a atteint un certain degré31. »
17Les œdèmes sont apparus dès 1940, comme en témoigne le rapport médical du Dr Jourdran pour l’année 1940, qui tire de l’expérience de cette première année de privation un constat déjà très alarmiste : « Bien entendu, toutes nos malades déficientes avant les restrictions n’ont pas résisté au régime actuel. L’alitement continu retarde chez quelques-unes l’échéance fatale32. » En hiver, les conséquences de la faim se manifestent beaucoup plus rapidement. Le froid augmente les besoins en calories et les œdèmes n’ont même plus le temps de se former.
18Les jeunes de 12 à 21 ans reçoivent les suppléments en chocolat et farine lactée prévus par la carte J3. Au-delà de 70 ans, les vieillards ont moins de pain que les titulaires de la carte A mais leur ration est améliorée par du lait. Quant aux malades qui travaillent pour l’établissement, ils ne peuvent pas bénéficier de la carte T, qui donne droit à 50 grammes de pain supplémentaires33, avant le printemps 1942. Et il faut attendre la circulaire de décembre 1942 signée par Max Bonnafous, secrétaire d’État au ravitaillement, pour que les aliénés bénéficient des suppléments prévus pour les cantines d’usine ainsi que d’une attribution forfaitaire supplémentaire qui concerne 25 % des effectifs34. Les suppléments prévus par cette circulaire peuvent expliquer une diminution de la mortalité en 1943. Ainsi, les seules quantités de pâtes reçues à Saint-Robert en 1943, soit 50 grammes par semaine et par malade, le sont sur présentation de bons spéciaux délivrés par les services de la santé. Au total, l’établissement reçoit en principe pour chaque malade des tickets correspondant à 1 kg de pommes de terre et 90 grammes de viande par semaine, 15 grammes de matières grasses tous les quatre jours et 20 centilitres de vin par jour35. Reste que le ravitaillement n’arrive que très irrégulièrement, les tickets ne pouvant pas toujours être honorés faute de fournisseurs suffisamment achalandés. Ainsi, en février 1943, l’hôpital n’a reçu que l’équivalent d’un mois de suppléments au lieu de trois36. Même si les livraisons ont pu être honorées par la suite, ce qu’aucun document ne prouve, de tels retards sont dramatiques : l’hôpital compte un mort de plus tous les deux jours.
19À la fin de l’année, le directeur peut tout de même écrire : « Il ressort de l’ensemble des indications qui précèdent que nos malades, en 1943, ont été réellement mieux alimentés qu’en 1941 et 194237. » Pourtant, en 1943, le taux de mortalité de Saint-Robert dépasse toujours les 17 %. L’administration de Vichy a-t-elle fait tout ce qui était en son pouvoir pour enrayer la mortalité ?
Quel sens donner à la mortalité des malades de l’hôpital psychiatrique Saint-Robert ?
20L’esprit combatif des médecins-chefs et du directeur de Saint-Robert ne suffit peut-être pas à dédouaner l’État français d’une lourde responsabilité puisque le sort des malades internés dépend entièrement de l’assistance publique. Certes la circulaire Bonnafous octroie des suppléments alimentaires aux malades mentaux mais il a fallu attendre décembre 1942 pour qu’elle soit prise alors que les autorités sont informées de la surmortalité asilaire dès 1940. Un document trouvé dans les archives de Saint-Egrève indique en outre qu’il faut réserver ces suppléments aux seuls malades « récupérables pour la société »… Ce texte a été largement cité par ceux qui veulent voir dans la surmortalité des années de guerre un acte délibéré du gouvernement en place38. Pourtant il est hautement probable qu’un texte semblable aurait pu être rédigé sous la IIIe République, dans un contexte de désorganisation économique analogue.
21Pour Vichy, refuser des suppléments aux hôpitaux psychiatriques relève d’abord d’une exigence de cohérence : reconnaître officiellement que les rations ne sont pas suffisantes pour les aliénés, ce serait reconnaître que les rations imposées à l’ensemble des Français sont en dessous du minimum vital. Finalement, cela reviendrait à légitimer le marché noir. En outre, peu de voix s’élèvent pour défendre des malades internés loin du regard du public. Le cas du milieu médical (les aliénistes mis à part) est d’autant plus significatif à cet égard que ce milieu professionnel semble avoir été assez vite averti de la situation. Ainsi, un article publié en avril 1942 dans la revue Paris Médical fait clairement allusion aux cas d’œdèmes de carence apparus dans les asiles d’aliénés dès l’hiver 194139. Les auteurs ajoutent que certains cas se présentent aussi de façon sporadique parmi les éléments miséreux des grandes villes (il n’y aurait donc pas de spécificité des hôpitaux psychiatriques en la matière…). En 1943, un article publié dans la même revue pointe la nécessité de multiplier les suppléments alimentaires40. Et son auteur de déplorer que cela ait déjà été fait pour les aliénés internés. A défaut de pouvoir toujours prescrire des repas plus abondants, le Dr Carnot recommande également à ses confrères de demander à leurs patients de limiter au maximum la déperdition d’énergie et de chaleur ; car « un bon chandail, un maillot chaud, un édredon, valent un bifteck41… »
22Le sort des aliénés n’émeut donc pas outre mesure et si Vichy ne méconnaît pas la situation, chacun est tenté de replacer celle-ci dans le contexte économique général. Lorsqu’elle est connue, la condition des aliénés peut néanmoins indigner. Ainsi, dans une lettre au secrétaire d’État à la famille datée de mars 1941, une infirmière visiteuse, assistante de l’Union catholique des mutualités des Alpes, dénonce en ces termes la situation des malades internés à l’hôpital psychiatrique de Saint-Egrève :
« Une grande émotion règne à Grenoble parmi les familles des malades de l’hôpital psychiatrique de Saint-Robert. Ces malades se plaignent de souffrir du manque de nourriture. De l’enquête à laquelle je me suis livrée, il semble bien en effet que ces malades sont très sérieusement sous-alimentés […] Le résultat est que depuis un mois la mortalité a dépassé la normale de toute une année42. »
23Si les familles s’indignent c’est donc que les malades ne sont pas complètement abandonnés. Sommé de répondre, le directeur de Saint-Robert dit sa surprise car ni lui ni les médecins-chefs n’ont été prévenus de cette enquête dont il dit qu’elle « méconnaît totalement les difficultés alimentaires de l’heure43. » Tout en admettant la surmortalité, il ajoute que « la crise de l’alimentation sévit comme partout ailleurs. »
24Ces considérations n’empêchent pas le directeur de faire son devoir en dénonçant lui-même et tout au long de la guerre, la situation alimentaire de son établissement auprès de son administration de tutelle. S’adressant, en 1942, à l’administration de la santé, les médecins-chefs n’hésitent pas quant à eux à stigmatiser l’insoutenable indifférence du Ravitaillement général et de l’ensemble de la société :
« Chaque jour à notre visite, nous passons en revue des êtres amaigris au point d’être méconnaissables. Beaucoup sont dans un état de cachexie extrême. Ils nous disent qu’ils ont faim et nous supplient d’améliorer leur régime alimentaire. Certains et certaines de nos malades sont suffisamment lucides pour s’affecter de la disparition presque quotidienne de leurs compagnons ou compagnes. Ils craignent de voir s’installer chez eux certains œdèmes qu’ils connaissent bien, signes précurseurs d’une mort imminente. Nous, médecins chargés de combattre tout ce qui peut mettre en danger l’existence de nos malades, nous assistons impuissants à toute cette misère. Nous savons que le seul remède à y apporter, nous ne pouvons leur donner, ce remède étant une nourriture riche en calories et, sinon abondante, simplement suffisante […] Nous ne pouvons admettre sans une certaine indignation ce raisonnement que nous entendons trop souvent prétendant que c’est sans importance si « les fous » meurent. Si lourdes que soient les charges qu’ils imposent à la société, ce sont des malades capables de souffrir physiquement, en particulier de la faim, comme tout être humain. Nous en avons pour preuves leurs réclamations, et surtout, leurs supplications, chaque matin à la visite. Il faut d’autant plus les secourir qu’ils ne peuvent rien par eux-mêmes, et qu’ils ne sont pas responsables de la tragique situation où les met un internement qu’ils n’ont pas demandé44. »
25Conscients de l’exclusion dont font l’objet leurs malades, les médecins-chefs ne mettent cependant pas en cause le système d’exclusion qui existe à l’intérieur même de l’établissement et dont témoignent les taux de mortalité respectifs des indigents et des pensionnaires.
26La mortalité augmente en effet dès 1940 chez les indigents mais à partir de 1941 seulement chez les pensionnaires masculins. Sur l’ensemble de la période, les taux de mortalité des indigents sont à peu près deux fois plus élevés que ceux des pensionnaires. Le taux de mortalité moyen45 est de 27 % chez les indigents et de 12 % chez les pensionnaires. Ce décalage peut paraître d’autant plus surprenant qu’avant-guerre, c’est le taux de mortalité des pensionnaires qui était le plus élevé ! Pour l’expliquer, on peut faire l’hypothèse que les premiers rationnements ont épargné les malades payants et préservé les régimes de faveur prévus par le règlement. Même après 1941 l’écart de mortalité entre les deux catégories reste notable. Les malades payants sont-ils toujours avantagés par l’établissement ? Sont-ils les seuls à recevoir les surplus de la ferme par exemple ? Il est surtout probable que les pensionnaires aient reçu davantage de colis de leurs familles. Jusqu’en 1942, les 4 classes de pensionnaires sont en tout cas maintenues, les malades relevant de la classe IV étant soumis au même régime que les indigents (elle est d’ailleurs décimée dans les mêmes proportions). Jusqu’en 1942, la population des trois premières classes connaît une relative stagnation. Mais les classes II et III étant supprimées au 1er janvier 1943, de nombreux pensionnaires passent alors en 1re classe, laquelle ne reste visiblement pas totalement à l’abri des privations. En effet, les trois premières classes comptaient 97 individus en 1942 alors que la première classe ne compte plus que 48 pensionnaires en 1944. Les plus fortunés des malades ont donc aussi été concernés par la dureté des temps, malgré la prévenance de leurs familles ou les possibles précautions de l’administration de l’établissement.
27L’hôpital Saint-Robert semble pourtant faire tout ce qui est en son pouvoir pour préserver l’ensemble des malades. En 1940, l’économe prend ainsi la précaution de stocker 2,3 tonnes de riz en prévision de temps plus difficiles. Cependant, en mai 1942, le Ravitaillement général en réclame près des trois quarts (1,6 tonne). Les protestations du directeur restent vaines46. Faut-il voir dans cette mesure de réquisition une intention maligne ? Ces 1,6 tonne représentent en effet l’équivalent de 1,4 kg de riz par personne, quantité non négligeable dans un lieu où l’on meurt de faim tous les jours. Au même moment, on prépare les trois potages quotidiens avec des betteraves fourragères en principe destinées aux bestiaux de la ferme et une tonne de farine inférieure de maïs, destinée aux porcs, a déjà servi à la confection de potages « qui n’avaient pas d’autre valeur nutritive que cet apport47. » Or les hôpitaux psychiatriques sont considérés comme des unités de production. L’établissement ne peut garder que les produits maraîchers qui, cultivés en quantité insuffisante, ne peuvent cependant constituer qu’un appoint. L’Office des céréales oblige l’hôpital à remettre toute sa production de blé. L’établissement tente certes de privilégier le maraîchage au détriment de la grande culture mais en 1943, la contribution en blé de l’établissement représente toujours 3,5 tonnes qui sont remises au moulin désigné par le Ravitaillement général48. En outre, pour chaque porc abattu, Saint-Robert doit rendre au Ravitaillement général les tickets correspondant au poids de l’animal. Il n’y a donc aucun profit pour les aliénés. Ce n’est qu’en 1943, soit après le gros de l’hécatombe, que le Ravitaillement finit par autoriser que l’on ne rende plus que la moitié des tickets de viande correspondant au poids des porcs abattus49. Enfin, en janvier 1944, l’hôpital est autorisé à garder les deux tiers du poids des porcs qu’il engraisse. Mais la Direction régionale de Lyon précise que « cette décision, prise à titre tout à fait exceptionnel, ne devra pas être étendue aux autres produits de son exploitation agricole50. » Ces tractations ont duré pendant presque toute la guerre51. Enfin, pendant toute la durée de l’Occupation, l’établissement n’a accès ni aux tickets pour les œufs ni à ceux pour les succédanés de café (chicorée52 ). Ceci sur le motif qu’il est implanté sur une commune rurale. L’administration ne tient pas compte en effet de ce que l’hôpital n’a pas les mêmes possibilités de ravitaillement que les habitants de la commune sur laquelle il se trouve. De même, lors qu’arrivent les suppléments alloués aux hôpitaux psychiatriques par la circulaire de décembre 1942, les malades internés à Saint-Robert n’ont pas droit aux tickets de légumes secs53. En août 1945, l’administration de la Libération prévoit des suppléments dits « nationaux » pour les ravitaillements extraordinaires. L’hôpital Saint-Robert attend alors 400 kg de poisson… dont la livraison est supprimée in extremis toujours pour la même raison. Malgré des taux de mortalité ahurissants, l’établissement est toujours considéré comme privilégié54. Ce dernier épisode est particulièrement intéressant car il montre que la situation des aliénés ne préoccupe guère les fonctionnaires (hormis ceux de l’établissement)… Et ce, quel que soit le pouvoir en place.
28Avant la guerre déjà, les malades internés étaient dans une situation d’entassement et d’abandon qui portait en germe la catastrophe à venir. Car si on ne s’occupait pas de ces malades quand tout allait bien, pourquoi soudainement les découvrir quand tout allait si mal ? Les malades sont également morts de faim parce qu’ils étaient administrativement pris au piège : tous étaient en effet internés alors que la plupart d’entre eux n’étaient pas dangereux. Une fois le piège de l’internement refermé, il n’est venu à l’idée de personne de les libérer et les familles ne les ont pas non plus repris. Si, tout au long des années de guerre, les médecins-chefs mènent un combat incessant pour la survie de leurs malades, leurs appels ne sont pas entendus. Certes, l’administration centrale accorde quelques suppléments aux malades mais l’hôpital continue d’être défavorisé par son statut d’unité de production et les services du Ravitaillement général n’hésitent pas à prélever de la nourriture là même où des centaines de personnes meurent de faim. Si l’État français n’a pas particulièrement cherché à exterminer les malades mentaux internés, il paraît en revanche relativement évident qu’il ne les a pas suffisamment assistés et ce, en toute connaissance de cause.
Notes de bas de page
1 En 1945, l’hôpital psychiatrique Saint-Robert a pris le nom de sa commune (Saint-Egrève).
2 Voir la loi du 12 octobre 1940.
3 Le terme d’asile étant toujours couramment employé dans la correspondance administrative de cette époque nous l’utiliserons alternativement avec celui d’hôpital psychiatrique.
4 Le « personnel secondaire » n’a pas l’autorisation d’accéder au quartier de l’autre sexe.
5 La loi du 30 juin 1838 prévoit un placement volontaire gratuit mais sur l’ensemble de la décennie 1930 ce type de placement ne concerne que 0,5 % des placements à Saint-Robert.
6 Ce principe est souvent rappelé par l’administration. Citons par exemple le Rapport du directeur pour 1934 qui rappelle que « la différence entre prix de revient des indigents de l’Isère et de l’État et le prix de journée payé est couverte par le bénéfice récupéré sur les journées des autres malades », archives du ch de Saint-Egrève. Ces archives sont pour l’essentiel non classées.
7 Voir la série 9X16 des Archives départementales (ad) de l’Isère, Rapports semestriels des hôpitaux psychiatriques de Saint-Egrève et de Meyzieu, 1918-1944.
8 Justin Godart a participé à la fondation de l’Association d’études sexologiques avec le Dr Toulouse en 1921. Ministre de la santé et de l’hygiène en 1924, puis en 1932, il a aussi fondé en 1929 un groupe de pression hygiéniste d’inspiration radicale : le Parti social de la santé publique.
9 Voir Gérard Massé, « Il y a 50 ans, 1936, la psychiatrie au rendez-vous », L’Information Psychiatrique, 62, n° 8, octobre 1986, p.999-1012.
10 Chiffre fourni par Marcel Jaeger, Le désordre psychiatrique, Paris, Payot, 1981, p.103.
11 Rapport du directeur et des médecins-chefs pour l’année 1932, Docteur Jourdran, service des femmes, archives du ch de Saint-Egrève.
12 Chiffre obtenu à partir des rapports annuels des médecins-chefs de 1935 à 1939. Un sondage dans le registre des entrées de l’hôpital du Vinatier (Rhône) pour la période 1930-1940 donne un résultat équivalent.
13 Pour une durée de séjour qui est d’ailleurs nettement plus courte que celle de leurs aînés.
14 Cette caractéristique concerne surtout les placés d’office qui sont pour les deux tiers (65 %) des malades isolés contre 41 % seulement pour les placés volontaires.
15 Sur la décennie 1930, les femmes représentent 55,3 % des entrées à l’hôpital Saint-Robert (proportion établie à partir des rapports médicaux annuels).
16 Proportion établie à partir d’un panel représentatif de dossiers de malades des années 1930.
17 En 1929 on compte 31 malades employés aux travaux de culture, 4 à la vacherie, 4 à la porcherie, 1 à la basse-cour.
18 À titre d’exemple le Compte moral et administratif pour 1938 montre que les revenus en nature de l’établissement sont évalués à 950 000 francs alors que les dépenses supplémentaires pour l’alimentation atteignent 2,8 millions de francs.
19 Le territoire national est divisé en vingt régions sanitaires placées sous l’autorité d’un directeur régional de la santé et de l’assistance qui relève du Secrétariat d’État à la famille et la santé. Les hôpitaux psychiatriques de la zone non occupée ne sont pas au contact direct de l’occupant et dans la mesure où ils ne constituent pas un secteur sensible – ils n’ont rien à fournir à l’Allemagne – les nazis les ignorent superbement.
20 Rapport du directeur et des médecins-chefs pour l’année 1940, archives du ch de Saint-Egrève.
21 Y compris les malades transférés des établissements du sud de la France.
22 Sur la période 1939-1945, la moyenne est de 296 morts par an alors qu’elle était de 111 décès durant les années 1930. Cette moyenne est comparable à celle du Vinatier voisin où la mortalité a été multipliée par 2,7.
23 Les taux de mortalité annuelle ont été calculés en rapportant le nombre de décès à la population totale traitée dans l’année. De 1930 à 1939 (inclus), 1109 décès ont été recensés pour une population totale traitée de 18551 patients. De 1940 à 1945 (inclus), 1778 décès ont été recensés pour une population totale de 10 570 malades traités.
24 Tiré du Compte moral et administratif pour l’exercice 1945, archives du ch de Saint-Egrève.
25 Afin d’économiser les matières grasses et le combustible, l’ensemble des aliments sont préparés sous forme de soupe, celle-ci constituant un plat unique. Le Dr Frantz Adam, médecin-chef à l’hôpital psychiatrique de la Chartreuse à Dijon, préconise même de mélanger le pain à la soupe pour éviter qu’il ne soit caché et parfois oublié par les malades. Voir Frantz Adam, « Les moyens propres à sauvegarder l’existence de nos malades chroniques en période de carence alimentaire », Annales médico-psychologiques, 1941.
26 Lettre du directeur de l’hôpital psychiatrique au préfet de l’Isère en date du 3 janvier 1941, archives du ch de Saint-Egrève.
27 Sa diminution considérable mais aussi les modifications de sa composition sont considérées comme la cause principale des phénomènes de dénutrition comme le souligne le Compte Moral et Administratif pour l’exercice 1945, archives du ch de Saint-Egrève.
28 Archives du ch de Saint-Egrève, dossier 109 série 6.
29 Lettre du directeur de Saint-Robert au préfet, 17 janvier 1942, archives du ch de Saint-Egrève.
30 Respectivement 2 100 et 3 000 pour les femmes. Chiffres produits par l’Institut national d’hygiène.
31 Rapport des médecins accompagnant la lettre du directeur de Saint-Robert au directeur régional de la santé et de l’assistance en date du 15 avril 1942 (suite à la circulaire du 3 mars 1942), archives du ch de Saint-Egrève.
32 Rapport du directeur et des médecins-chefs pour 1940, ch de Saint-Egrève.
33 300 à 500 malades travaillent selon les années mais le chiffre moyen de malades travailleurs sur la période est estimé à 350. Voir le Compte Moral et Administratif pour l’exercice 1945, archives du ch de Saint-Egrève.
34 Lettre de la préfecture de l’Isère du 20 janvier 1943 concernant l’application de la circulaire n° 186 du 4 décembre 1942, archives du ch de Saint-Egrève.
35 Compte Moral et Administratif pour l’exercice 1945, archives du ch de Saint-Egrève. Signalons que les malades tuberculeux bénéficiaient déjà de quelques suppléments depuis avril 1942.
36 Voir la lettre du directeur de l’hôpital psychiatrique de Saint-Robert au directeur de l’hôpital psychiatrique de Leyme (dans le Lot) en date du 13 février 1943, archives du ch de Saint-Egrève.
37 Rapport du directeur et des médecins-chefs pour l’année 1943, archives du ch de Saint-Egrève.
38 En particulier par Max Lafont, L’extermination douce, 2e édition, op. cit., p.254.
39 Guy Laroche et Jean Tremolières, « Le syndrome oedémateux du déséquilibre alimentaire », Paris Médical n° 11/14, 15 avril 1942, p.158-161.
40 Dr Paul Carnot, « La sous-alimentation actuelle et ses conséquences digestives », Paris Médical, 13-14, 10 avril 1943, p.85-89.
41 Ibid., citation p.88.
42 Archives du ch de Saint-Egrève, dossier 109 série 6, Textes divers. La lettre date du 22 mars 1941.
43 Archives du ch de Saint-Egrève, dossier 109 série 6, Textes divers. La lettre date du 4 avril 1941.
44 Annexe à la lettre du 15 avril 1942 adressée par les Dr Clerc et Jourdran, médecins-chefs de service à l’hôpital psychiatrique de l’Isère au directeur régional de la santé et de l’assistance, archives du ch de Saint-Egrève. Le passage souligné l’a été par mes soins.
45 Calculé par rapport à la population présente au 31 décembre.
46 Lettre de M. Cuchet Chéruzel, directeur de l’hôpital psychiatrique, au cabinet du secrétaire général à la préfecture de l’Isère en date du 8 mai 1942, archives du ch de Saint-Egrève.
47 Ibid.
48 Lettre du directeur de l’hôpital psychiatrique départemental au préfet de l’Isère en date du 3 décembre 1943 et lettre du directeur de Saint-Robert au directeur régional de la santé et de l’assistance en date du 15 avril 1942, archives du ch de Saint-Egrève.
49 Lettre du directeur de l’hôpital psychiatrique départemental au préfet de l’Isère en date du 3 décembre 1943, archives du ch de Saint-Egrève.
50 Direction générale du ravitaillement général à Lyon, lettre du 3 janvier 1944, archives du ch de Saint-Egrève.
51 Néanmoins l’établissement ne vend pas ses porcs à l’extérieur pas plus semble-t-il qu’aucun autre produit comestible.
52 Lettre du directeur de l’hôpital psychiatrique départemental à l’inspecteur départemental des services d’hygiène en date du 20 novembre 1943, archives du ch de Saint-Egrève.
53 Lettre du directeur de l’hôpital psychiatrique départemental au préfet de l’Isère en date du 3 décembre 1943, archives du ch de Saint-Egrève.
54 Lettre du directeur de l’hôpital psychiatrique départemental au directeur départemental du ravitaillement général de l’Isère en date du 16 août 1945, archives du ch de Saint-Egrève.
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