Conclusion
p. 221-227
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Index géographique : France
Texte intégral
1Cette journée en l'honneur de Robert Durand introduite par Robert Fossier et conclue par Robert Delort, ne peut manquer d'évoquer les chaleureux entretiens d'Azay-le-Ferron au cours desquels Monique Bourin nous faisait constater que, au xie siècle, Robert avec Hugues semblait être le prénom en vogue en France et en Bourgogne. Ce n'est donc pas un hasard si le duc de Bourgogne, fils du roi de France Robert le Pieux, s'appelait lui aussi Robert dit le Vieux, et vous savez comment son petit fils Henri, dans sa lutte contre les Maures, reçut du roi de Léon puis Castille puis Galice... Alphonse VI la main de sa fille Teresa et le comté de Portugal où s'enracina la dynastie capétienne qui allait y régner plus de huit siècles (jusqu'en 1910), à peu près autant que celle de France (péniblement arrivée en 1830 et 1848) et bien plus que celle d'Espagne qui n'en est pas encore à la fin du troisième siècle de son existence.
2Veuillez avoir la grande bienveillance d'excuser ce léger détour par l'anthroponymie et la généalogie mais ces disciplines ont à leur tour intéressé Robert Durand avec tant d'autres, dont nous venons de constater de nombreuses retombées et d'aussi nombreuses perspectives.
3La majeure partie, je dirai même la quasi totalité de ce que je savais sur l'organisation de l'espace médiéval au Portugal venait de la thèse de Robert Durand dont les mérites viennent d'être rappelés (et chantés par Monique Bourin) et quelle que soit l'ampleur de ma dette je n'ai pas à y revenir ; quant aux savantes communications que nous venons d'entendre, nées des différents courants de cette thèse, j'ai mille fois moins de compétence que Robert Fossier, fût-ce pour les effleurer ou en extraire admirativement la nourrissante moelle, puisque, jusqu'à présent je n'ai guère pris le temps de me consacrer à autre chose qu'à la transformation de l'espace avant même son aménagement par l'action humaine et son organisation, en tenant autant compte de la variation des facteurs géo-physico-chimiques ou bioécologiques que de l'histoire des hommes, de ces animaux politiques sociaux, pensant, consommant et travaillant.
4C'est déjà m'insinuer dans le propos de Stéphane Boissellier : il dit parfaitement que le processus d'organisation de l'espace n'est pas une seule anthropisation de la nature, d'espaces vides puisqu'il s'agit d'une nature en voie d'aménagement ou depuis longtemps aménagée par des populations préexistantes dans un environnement différent et dans des intentions diverses. Interviennent des populations allogènes en cours d'installation, selon un processus politique et culturel qui n'est pas apporté tel quel, consciemment de l'extérieur, mais qui mûrit peu à peu ou plus brusquement en fonction d'événements internes ou de circonstances politiques ou militaires. Et ces processus sont eux-mêmes modelés ou imposés par des phénomènes économiques, agricoles, commerciaux, par des mouvements démographiques dont les rythmes divers varient aussi au gré d'éléments, eux-mêmes en variabilité permanente. Plus que de l'organisation, je parlerai plutôt donc, de l'aménagement de l'espace pour rappeler non seulement l'évidence déjà formulée par Vidal de la Blache, voire Ernest Lavisse, que l'espace présente des contraintes mais surtout que de nouvelles contraintes, imprévues et rarement prévisibles, peuvent apparaître ou naître en cours d'aménagement et que les hommes sont obligés d'en tenir compte, consciemment ou non, pour mieux réussir et organiser cet aménagement. Mais j'essaierai de ne pas trop abuser de la permission et même de l'invite à faire des comparaisons, surtout à appuyer sur les ressemblances apparentes que ces processus présentent dans l'ensemble de la Chrétienté médiévale alors que ce sont surtout des nuances voire des différences qui interdisent d'utiliser des modèles, qui ne sont que des schémas élaborés pour d'autres espaces qu'il faudrait violenter et fortement modifier pour les appliquer coûte que coûte à une réalité qui se rebelle ou se dérobe.
5Nous connaissons tous des schémas qui ne conviennent pas ou, du moins qui ne conviennent que partiellement. Jusqu'à présent, j'avais cru et enseigné que dans les campagnes médiévales les serfs avaient des droits et les esclaves n'en avaient aucun, ce qui semblait manifeste dans la réalité. Or sur le plan du droit, juridiquement donc, la formule d'affranchissement d'un serf, la manumission d'un esclave, mais aussi l'émancipation d'un fils par son père ou sa mère sont pratiquement les mêmes dans toutes les régions d'Italie où j'ai pu retrouver des documents originaux ; ces formules énumérant les droits dont peuvent disposer les bénéficiaires semblent prouver qu'ils en étaient privés auparavant. Mais ces retombées du ius comune issu du droit romain ne suffisent pas pour assimiler servitude, esclavage et dépendance et autres situations sociales ou économiques et modifier l'interprétation juridique de ces textes suivant les endroits, l'époque, l'environnement. Le schéma peut nous suggérer quelques idées précises mais c'est le modifier que de l'employer ailleurs sans précaution et je pense qu'il en est de même d'un « modèle » qui nous présenterait au moins pour l'Occident les aspects d'un « féodalisme », la domination du seigneur sur le paysan et ses modalités en insistant tour à tour sur le château ou l'église, le souverain, la communauté, le terroir, etc. en négligeant l'évolution des conditions et des contraintes dans un temps même bref.
6Éclairante est la présentation de cette société rurale si originale qu'a connue le Portugal entre Douro et Tage ou au sud du Tage : cadres publics longtemps seuls en lice, guerriers longtemps intéressés plus par la guerre ou les coups de main que par la domination enrichissante de paysans, aristocratie en délicatesse avec la régente ou le roi et surtout vigueur d'une paysannerie libre, soumise à l'impôt et aux services militaires, responsable de la mise en valeur des terres à partir de villages où s'affirment solidarité et cohésion. Nombre de laïcs et surtout d'ecclésiastiques peuvent certes, à partir du roi Alphonse Henri, accumuler des possessions foncières mais ce mouvement se fait dans un monde en cours de peuplement, de colonisation, où il faut attirer et maintenir des hommes sans heurter les puissantes solidarités villageoises, voire des établissements préexistants. J'aurais aimé faire ici une comparaison un peu plus poussée avec les marges orientales de la Chrétienté, catholique ou non, la colonisation russe à la même époque, en « Zalessie » entre Volga, Oka et Moskova, ou à l'implantation de colons germaniques entre Elbe et Oder, en pays bohémien entre la mine et la montagne ou en pays prussien ou balte dans la forêt, les vallées lourdement limoneuses et le long de la mer ; les ressemblances me sautent aux yeux mais je ne saurais oublier que ce sont les différences ou les nuances qui sont spécifiques et le résultat ne paraît à peu près semblable que parce que nous en décidons ainsi, par application abusive d'un schéma simpliste. Pourquoi ne pas parler aussi de la Catalogne, de la Sabine, du plat pays le long de la mer du Nord ou de la Baltique dès la fin du xiie siècle ? Pouvons-nous évoquer dans les campagnes portugaises l'apparition tardive du cavalier ou du chevalier-vilain tandis que, ailleurs, se structurent et bien différemment, les chevaliers serfs et la Reichsministerialität ; pour ne pas parler de l'épanouissement de l'hommage et de la vassalité, des siècles après l'époque carolingienne entre Loire et Rhin, l'établissement de seigneuries mais aussi les longues persistances et affirmation de la puissance royale et la vigueur peu à peu affaiblie mais encore essentielle des communautés villageoises nanties de leur charte, de leur droit. Le Portugal, pour les mille raisons si finement exposées et assises sur tant de documents, a ainsi vu les processus de féodalisation à l'occidentale freinés, retardés ou limités ; et, toujours malgré de fortes ressemblances qui ont pu être soulignées, ces processus ont été différents de ceux en œuvre par exemple en Vieille Navarre ou sur les marges septentrionales du monde musulman, Castille, Aragon, Catalogne... Ce qui prouve bien qu'il s'agit d'une évolution originale en partie, mais pas uniquement, due à la Reconquista à l'extrême Occident de la Chrétienté.
7C'est dans un tel cadre, tracé dès la thèse de Robert Durand, que peuvent entrer les études particulières que nous venons de lire ; elles touchent aux points classiques de leur énoncé mais porteurs ici d'interrogations et ouvrant sur de nombreuses perspectives : le château, l'église, la communauté paysanne, la ville, le prince, la réalité terrienne et les fluctuations du milieu. Le château est comme ailleurs et pas seulement en Occident un point fort où habiter, se réfugier, se défendre mais également d'où faire rayonner autorité, ordre, domination économique, fiscale, judiciaire et politique. Du ixe au xiiie siècle une partie des régions étudiées, comme le Gharb al-Andalus se trouvent sous influence ou domination musulmane, comme d'ailleurs le Shark al-Andalus ; et les points fortifiés signalés par les textes, les vestiges ou les irremplaçables documents fournis par les premières fouilles et sans cesse complétés par les excavations en cours nous permettent d'étudier les exemples de seigneurs musulmans ou de la délégation de pouvoirs par le calife à des chefs de l'administration et de la défense des côtes, des rythmes de construction ou de reconstruction et de renforcement aux époques omeyyade, des taifas, des Almohades. Certains de ces points forts ont été entretenus, comme refuges au moins temporaires sans être habités en permanence, un peu comme aux portes de Bordeaux le célèbre « château » de Cubzac dit « des quatre fils Aymon », en fait une ample plateforme fortifiée, où Simon de Montfort ou son royal beau-frère Henry III pensaient regrouper parfois des contingents en réserve, plus pour attaquer que pour résister ou se défendre. Au cours des ixe et xe siècles, certaines de ces fortifications islamiques ont été occupées par des groupes berbères venus du sud tandis que déjà, côté chrétien, était en cours un peuplement venant du nord dont on peut préciser les modalités différentes mais aussi l'organisation de l'espace avant et après leur conquête et leur incorporation dans le Royaume. Là comme ailleurs, la plupart des châteaux ont contribué à fixer l'habitat, se sont entourés de villages ou de petits hameaux où dès l'origine se sont concentrées les populations, et encore plus dans la deuxième moitié du xiie siècle avant leur désertion partielle et le repeuplement suivant la victoire chrétienne au xive siècle. Une conquête militaire brutale et plus ou moins rapide en butte à d'éventuelles contre-attaques a cristallisé des colons allogènes dont l'activité guerrière (pour les expéditions, le contrôle des routes, les opérations de police) a été au départ plus fondamentale que l'exploitation agricole des sols ou des quelques vaincus restés sur place. La domination militaire et politique semble donc avoir précédé l'organisation agricole et sociale de l'espace, et l'encadrement progressif et relativement peu coercitif des hommes s'est accompli en fonction de populations nouvelles installées dans des espaces à coloniser ou à recoloniser ou à conquérir lorsque les populations précédentes avaient fui ou diminué ou étaient demeurées en état de faiblesse. Et là encore veuillez m'excuser si j'évoque à nouveau à l'Est ou l'extrême Est de l'Occident, la colonisation germanique en pays slave déjà peuplé, et entre Elbe et Oder de groupes combattifs, rebelles à la Chrétienté qui les entourait : au nord le Danemark, au sud la Bohème, à l'est la Pologne ; et en Russie la colonisation se fait aux dépens des incultes déserts (ou très faiblement peuplés) au sein de la taïga ou le long des larges plaines limoneuses des affluents de l'Oka, de la Volga ou de la Moskova. Pour attirer et fixer des hommes dont on a besoin, fût- ce pour payer la sacro-sainte « rente féodale », pour éventuellement les mieux surveiller en les regroupant et pour tenter de rendre leur travail plus productif, il faut d'abord les faire venir et leur offrir des avantages qu'il faut bien reconnaître aussi aux communautés déjà installées et qui peuvent aider en fournissant des paysans agents recruteurs et des modèles pour les chartes d'établissement. C'est là où, malgré des ressemblances initiales dans ces pays frontières, le Portugal diffère des marges de l'est où la colonisation planifiée des Allemands sème des villages entièrement neufs sur lesquels les seigneurs ont des droits fluctuants et, en Russie, où le paysan libre n'est pas forcément recruté et s'installe pratiquement où il veut au Nord-Est du monde kiévien, en fonction de quelques contraintes écologiques, techniques et culturelles. Les monastères ont joué partout un rôle fondamental comme Alcobaça, Saint-Vincent de Lisbonne, Sainte-Croix de Coimbra ; sans avoir la rapacité et la voracité que l'on nous signale en Andalousie, ils ont agi sur les défrichements et le peuplement ainsi que les églises patronnées ou non ; pour attirer les hommes disponibles, il fallait leur offrir des avantages consignés sur parchemin. On peut ici évoquer les assèchements et poldérisations sur le littoral de la mer du Nord (ou de la Baltique) : solidarités exigées de communautés regroupées pour des raisons écologiques, entretien des canaux de drainage et des digues contre la mer ou les écoulements d'eau douce mais aussi libertés, passage devant les tribunaux publics, pas d'impôt ni de formariage, chevage ou mainmorte sans charges militaires, prêts considérables des abbesses de Bourbourg ou de Sainte-Waudru ou même du comte de Flandre (1104), liaison aux dépens de l'inculte de seigneuries judiciaires et foncières dans une apparemment forte cohérence religieuse mais aussi communications avec les villes proches Furnes, Gravelines, Gand.
8Cette question des villes ou des municipes portugais a, elle aussi, une forte touche d'originalité comme dans les pays à forte romanisation, où les cités, depuis les Wisigoths, avaient plus ou moins bien survécu et avaient été confortées par les centres urbains musulmans : Lisbonne, Évora, mais aussi de véritables créations comme Qastalla ou Tabira, en Algarve oriental, des points très fortifiés dans des territoires où les villages sont nombreux et où la population se concentre tandis que sont peu à peu désertées les zones montagneuses. L'époque chrétienne, surtout au xive siècle, amène ce que nous appellerions une restructuration vers le sud ; de grandes fortifications deviennent chefs-lieux de municipes avec charte de peuplement initiale ou au terme d'une installation de colonisation, et surtout après la victoire militaire définitive qui rend les fortifications moins essentielles et permet une exploitation beaucoup plus poussée de l'environnement naturel et humain : accroissement de la fonction fiscale et financière puis logique de diversification de ces chefs-lieux dont le dynamisme tend à unifier l'exploitation de l'espace. La vague municipale crée aussi des fonctions au service du seigneur et finalement, ce n'est plus la fortification qui attire l'habitat mais c'est la fortification qui entoure l'habitat. En Léon et Castille, à l'implantation de châteaux et des villages de peuplement tout autour, succèdent aux xiie et xiiie siècles, comme dans le Nord du Portugal, sous l'influence des rois, de nombreuses villes avec leur fuero et leurs concejos octroyés au cours de leur développement et non dès leur fondation ; il faudrait vérifier si elles sont nées du marché, déterminant la relative concentration des artisans ou des commerçants, si elles sont définies par leur mur et leur droit qui, de l'intérieur, a débordé grâce à la gestion des concejos sur la campagne, qu'elles ont alors structurée par la force des relations économiques ou par des contraintes, moins évidentes mais fort efficaces, dues à la brutalité de certains possédants et de leurs chevaliers. Ces heurts des villes avec les seigneurs de la terre rappellent évidemment mais de manière souvent décalée et avec mille nuances locales, la situation qu'ont connue par exemple, de nombreux pays du royaume de France. L'aménagement de l'espace n'est pas, et de loin, dû à la seule organisation par les hommes en fonction d'événements politiques, militaires, démographiques... Seigneurs, chevaliers, clercs propriétaires doivent, fût-ce pour le dominer, tenir compte du travail essentiel des paysans et ceux-ci des possibilités de culture, surtout si on les oblige à cultiver des plantes pas forcément ubiquistes et dont les conséquences peuvent être la destruction des pratiques de l'élevage domestique ; mais aussi le contrôle fréquent de l'outillage, l'obligatoire discipline du travail, le contrôle de tout le circuit de production, de la semence au stockage et à l'écoulement, la recherche d'une plus grande efficacité et de meilleurs rendements ou encore la création de dispositions spatiales spécifiques pour les zones de résidence et pour les champs et, par-dessus tout l'aménagement et l'entretien des voies de communication. En continuant à suivre M. Barceló, rappelons qu'il existe des seuils écologiques infranchissables par les hommes et variables suivant les époques : état des sols, du relief, des microclimats, de l'hydrographie, des marécages ou des littoraux, des seuils techniques qui conditionnent le choix des plantes à cultiver, les endroits qui leur conviennent, la sélection des zones de pâturage, de chasse ou de cueillette, sans compter les hasards inprévisibles venant des groupes humains, des familles ou des bizarreries du ciel.
9Exemplaire est l'histoire de l'olivier et de l'occasionnelle prééminence de l'huile sur le vin dans une région à peu près pacifiée où l'on a un bout d'avenir devant soi au moins les six ans nécessaires pour faire rendre un olivier. Ici semblent se conjuguer les propriétaires et seigneurs ecclésiastiques, la ville qui concentre les pressoirs, la campagne qui se couvre d'oliviers et forme autour de Coimbra une zone et un paysage homogènes. Pour les défrichements en montagne, on offre bêche, vache ou autre outil à tous les candidats qui se sont déclarés prêts1.
10Comme vous avez pu le constater, sur toutes ces questions et bien d'autres, les points de départ et bien des développements se trouvaient déjà dans l'œuvre de Robert Durand et ces communications en son honneur approfondissent ou élargissent des voies qu'il a ouvertes, défrichées, colonisées et avec toute sa gentillesse et ses attentions qui ont exclu toute féodalisation des travailleurs acharnés, ses élèves, ses amis, qu'il a aidés de sa science, de sa grande culture et de sa profonde sagacité.
11Parmi les perspectives ouvertes, je passerai rapidement sur les variations des contraintes écologiques malgré les excellents travaux réalisés, par exemple à la Casa de Velázquez, même si pouvaient être cernés le recul de la forêt et les variations de luminosité, de température et d'humidité, l'évolution de la fertilité des sols déboisés ou non, la proximité d'un Océan, particulièrement tiède, du ixe au xiie siècle en liaison avec des vents, des courants, des précipitations, des cours d'eau plus abondants et de la vigoureuse croissance biologique des espèces végétales. On peut aussi penser que l'environnement naturel, en soi variable, a été quelque peu modifié, après la période musulmane et les guerres et l'installation progressive de colons venus d'autres cieux avec des plantes, des outils, des techniques et des intentions probablement différentes et qui ont pu mettre à profit, négliger ou modifier les conditions écologiques que leurs prédécesseurs avaient eux- mêmes interprétées.
12Apparemment plus réalisable semble une étude encore plus poussée de la genèse des chartes de peuplement, de leur rédaction et de leur diffusion ; quelle a été l'influence des forais ou des fueros des régions voisines, voire plus lointaines : la charte d'Évora a-t-elle des ancêtres ou des parents dans les royaumes voisins ou au Nord des Pyrénées et pourquoi ? Dans ce fascinant monde ibérique y a-t-il des parentés comparables à celles que l'on trouve à l'est, ce glissement de la charte de Cologne vers Lübeck, Magdebourg et les pays polonais, ruthènes ou ukrainien en cours de colonisation ou d'exploitation. La naissance ou la renaissance des villes (et le renforcement du commerce) évoque aussi des « schémas » qui pourraient être (partiellement) opératoires dans un cadre qui a vu la ville musulmane gagner un monde romanisé puis céder une partie de ses caractéristiques sous l'influence de Chrétiens venus par le nord. Ce en quoi les schémas sont utiles, c'est bien pour souligner les profondes nuances ou différences qu'il peut y avoir dans les endroits où on veut les appliquer pour des raisons dogmatiques ou pour des ressemblances évidentes mais superficielles. Que ce Portugal à l'extrême Ouest de l'Occident est riche, varié, attachant ! Bravo et merci, Robert Durand.
Notes de bas de page
1 Note des éditeurs : R. Delort tait ici allusion à la communication de Gérard Pradalié (Université de Toulouse) sur « les hommes et la terre à Coimbra au xive siècle, l'exemple de l'olivier », qui a été présentée mais ne figure pas dans ce volume.
Auteur
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