Nourrir la guerre. L'exploitation domaniale des ordres militaires en Castille aux xiiie et xive siècles
p. 167-192
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Index géographique : France
Texte intégral
1Dans la ligne des analyses portant à partir des années 1960 sur l'économie rurale, dont, pour le domaine ibérique, Robert Durand a été en France l'un des acteurs majeurs, l'historiographie des ordres militaires castillans s'est largement tournée vers les problèmes d'occupation et d'exploitation du sol auxquels elle n'avait offert jusque-là qu'un intérêt marginal1 Ainsi, au cours des deux dernières décennies, la plupart des travaux se rapportant à ces institutions les ont envisagées sous l'angle d'interrogations orientées fondamentalement dans un sens socio-économique2. Sous l'influence de Carlos de Ayala Martinez et de ses élèves, des progrès substantiels ont été réalisés dans la connaissance des modes d'exploitation utilisés par les ordres militaires pour mettre en valeur les terres qui leur ont été confiées3. Partant du postulat que ces institutions ont été les agents de la diffusion du féodalisme dans la Meseta méridionale, la plupart de ces travaux ont analysé en détail l'articulation interne de leurs domaines. Il en résulte un tableau élaboré de l'activité économique des ordres militaires dont on peut cependant regretter qu'il tende à la considérer comme un en soi, au plus pur sens hégélien, rencontrant en lui-même sa propre finalité, indépendamment des transformations de son environnement.
2Or, en cherchant à développer les ressources de leurs domaines, les ordres militaires n'aspirent en rien à entrer dans une logique d'accumulation caractéristique de périodes ultérieures, mais s'attachent simplement à répondre aux nécessités financières que leur impose la lutte contre l'Islam. Tenus de côté par l'historiographie, ces besoins que les sources éclairent seulement par fragments s'avèrent particulièrement difficiles à quantifier4. Pourtant, les quelques fois où un dossier documentaire exceptionnel offre de les appréhender avec précision5, ils se révèlent tellement considérables qu'il est aisé de concevoir que les ordres militaires, devant un tel effort financier, aient été amenés à développer des pratiques seigneuriales pour obtenir le meilleur rapport de terres dont il leur revient, une fois consolidée la domination castillane, d'assurer l'exploitation et, en premier lieu, le repeuplement.
Le souci du repeuplement
3Dans les zones qui leur sont remises par la monarchie castillane, marquées au sud du Tage par la faiblesse des effectifs humains6, les ordres militaires reçurent au lendemain de la conquête une mission de peuplement dont Carlos de Ayala Martinez et Enrique Rodríguez-Picavea ont justement relevé qu'elle ne le cède en rien à leur rôle proprement combattant7. Ils prirent ainsi l'initiative d'un travail de colonisation qu'il est possible de définir comme une véritable politique dans la mesure où les textes qui en règlent le déroulement révèlent un modèle planifié. C'est ce qui appert clairement du cas de l'Hôpital qui, entre 1230 et 1248, résolut d'organiser le territoire de Consuegra en offrant une douzaine de chartes de peuplement à des localités auparavant soumises à sa juridiction8. Le cadre juridique adopté pour chacune des villes, calqué sur le fuero de Consuegra9, tout comme le schéma de développement urbain, suivant partout le modèle d'une rue principale où se pressent les édifices importants10, ne laissent pas de doute sur l'intentionnalité d'un projet grâce auquel, en moins de vingt ans, l'institution a attiré près de mille cinq cents nouveaux colons sur ses terres11.
4Reprises par les autres ordres militaires, de telles initiatives ont contribué, dans les régions où leurs domaines constituent une masse compacte, à transformer les structures de peuplement préexistantes. Il en est ainsi en particulier dans la Manche où fut mise en place à partir de la seconde moitié du xiiie siècle, Jean-Pierre Molénat l'a bien montré, une politique de regroupement de l'habitat en de gros bourgs, à l'origine des agrovilles actuelles, qui reçurent des chartes dites de villazgo, leur conférant le titre de villa et, par là même, un territoire étendu formé de plusieurs aldeas qui passent dès lors sous leur juridiction12. En plusieurs cas, le noyau ancien est marginalisé, vidé de sa population, comme beaucoup de hameaux du finage, au bénéfice du nouveau centre impulsé par l'Ordre. Plusieurs exemples de transfert ont été relevés pour les domaines de Santiago où, dans la région du Tage, Fuentidueña s'impose aux dépens de l'ancien castrum d'Alarilla, tandis que, plus au sud, Corral de Almaguer, favorisé par le maître Diego Múñiz13, se substitue au site originel d'Almaguer14. Ils ne sont cependant pas le propre de l'institution et d'autres déplacements, comme celui de La Zarza à Peñafiel, promu en 1323 par les autorités centrales d'Alcântara15, attestent un désir commun de ces institutions de concentrer l'habitat rural pour mieux le contrôler.
5Il s'en faut de beaucoup que les ordres militaires aient disposé de moyens suffisants pour mener à son terme un processus que Jean-Pierre Molénat n'a pas hésité à rapprocher du modèle latial de l'incastellamento16. Le plus souvent, un peuplement intercalaire subsiste, dispersé en petits hameaux. Il reste que la contrainte seigneuriale fut assez forte pour imposer une hiérarchisation de l'espace fondée sur une dichotomie entre la ville et les aldeas17. Les habitants de ces dernières sont étroitement soumis à la juridiction urbaine à l'exemple de ceux de Mayorga et d'Esparragal auxquels le maître d'Alcántara ordonne en 1341 de respecter les droits de Valencia de Alcántara, notamment pour les seconds en ce qui touche au commerce du vin18. À plusieurs reprises, bien qu'on ne puisse parler d'un fait systématique19, le pouvoir de la ville sur son finage se matérialise par la construction d'une muraille, négociée entre l'Ordre et les autorités urbaines alors même qu'a disparu toute menace musulmane, comme à Bolaños sous le règne d'Alphonse X20 ou à Manzanares au milieu du xive siècle21.
6Mobiliser des effectifs humains suffisants pour mener à bien l'occupation de régions exposées, à partir des décennies centrales du xiiie siècle, à la concurrence des terres royales de la vallée du Guadalquivir requiert de mettre en œuvre un système de concessions fiscales qui puissent s'avérer attractives. Dans cette ligne, les ordres militaires ont cherché à capter la faveur royale au bénéfice de leurs dépendants. Ils ont ainsi pu obtenir de dégager leurs hommes des interdictions ordinaires, comme à Niebla où ces derniers sont admis, à la différence des habitants des grandes villes andalouses, à acheter des terres dans le finage de la cité22. L'essentiel des privilèges délivrés aux ordres par la monarchie revêt toutefois la forme d'exemptions. Généralement partielles lorsqu'il convient d'empêcher des flux de départs, similaires à ceux dont souffrent en 1316 la communauté juive de Maqueda23 et, trente ans plus tard, la population maure de Zorita24, dépendant chacune de Calatrava, elles peuvent consister le cas échéant en une remise totale des ponctions royales pour une période déterminée afin d'encourager une entreprise de peuplement développée ex nihilo, comme celle que lance le maître de Santiago en 1318 à Quintanar et à Valhermoso25.
7Au-delà de ces faveurs ponctuelles, les ordres militaires durent développer sur leurs terres une politique systématique de concessions qui leur permit d'attirer et de retenir, au prix de l'abandon de certaines taxes seigneuriales, un nombre suffisant de colons pour espérer en tirer profit. De nombreux documents se réfèrent ainsi, à partir de la fin du xiiie siècle, à la remise aux communautés paysannes de charges d'origine banale prélevées jusqu'alors par les autorités centrales des ordres militaires soucieuses de favoriser la mise en valeur de leurs terres. C'est ainsi que le maître d'Alcântara cède en 1340 le contrôle des poids et mesures de Valencia de Alcántara à la municipalité, l'autorisant à user de la rente à son gré26. Le plus souvent, ce sont les fours, voire les moulins, comme dans la charte de peuplement concédée en 1327 par le supérieur de Calatrava aux localités sévillanes de Caxar, Villalba et Villadiego27, qui font l'objet de telles concessions. Convoité par les communautés, le droit de constituer des défens dans lesquels les paysans puissent entretenir le bétail nécessaire à leur labeur et, le cas échéant, dégager quelques excédents paraît avoir lui aussi représenté un instrument privilégié pour les ordres dans leur politique de peuplement28.
8Propres à retenir la population sur les terres des ordres militaires, de- telles mesures le sont assurément moins pour y amener de nouveaux colons. À cette fin, ces institutions ont mis en place un système de franchise fiscale dispensant tout immigrant, dans les années suivant son installation sur le domaine, de payer l'impôt direct, le plus souvent appelé pecho, perçu sur la base du feu et modulé selon la catégorie sociale des dépendants29. À observer l'allongement sensible de la durée d'exemption, à partir de la seconde moitié du xiiie siècle, il apparaît que les ordres militaires ont rencontré des difficultés croissantes pour attirer des paysans sur leurs terres. C'est notamment le cas de l'Hôpital30, dont les autorités accordent six ans de franchise en 1306 aux colons installés à Villafranca de los Caballeros31, soit deux fois la période prévue dans les chartes de peuplement du finage de Consuegra concédées cinquante ans plus tôt32. Le fait n'est pas spécifique à cet ordre. Au tournant des xiiie et xive siècles, les statuts de Santiago fixent à dix ans l'exemption fiscale offerte aux immigrants33. Il semble même dans la pratique que, face à la réticence des paysans, la durée ait dû être allongée pour atteindre jusqu'à quinze ans dans le cas de La Puebla de Almoradiel, fondée en 1341 par le maître Alonso Méndez de Guzman34.
9Dans une conjoncture difficile, l'entreprise de peuplement conduite par les ordres militaires ne pouvait escompter un succès complet. Il y a bien sûr des exemples de réussite, dont plusieurs sont remarquables comme Alcázar de San Juan35, où sur un site d'origine musulmane36, dépeuplé selon toute vraisemblance après la conquête chrétienne37, l'Hôpital développe dans les années 1240 une agglomération supérieure en taille à la plupart de ses voisines38, promue au rang de villa en vertu d'un privilège de Sanche IV39, et appelée au début de l'époque moderne à remplacer Consuegra en tant que pôle organisateur des domaines de l'institution dans la Manche40. Il s'en faut de beaucoup cependant que toutes les initiatives des ordres militaires aient connu un même succès. À peine ont-elles été peuplées que plusieurs villes apparaissent dans une situation précaire : tel est le cas de Cilleros, contrainte devant le manque de céréales de faire appel en 1318 au maître d'Alcántara afin qu'il renouvelle l'exemption de droits de péage qui lui avait été donnée, dix ans plus tôt, lors de la concession de son fuero41, comme de Villanueva del Ariscal, dont un premier essai de valorisation eut lieu selon toute vraisemblance au début du xive siècle42, avant que son échec au moins partiel n'amène Santiago à déléguer cette tâche à l'amiral Alfonso Jufré Tenorio43.
10En plusieurs cas, l'insuccès de l'entreprise de peuplement conduite par les ordres militaires est manifeste, comme à Castilleja de la Cuesta, cédée par Santiago à Alfonso Jufré Tenorio en même temps que Villanueva del Ariscal dans un but de mise en valeur agricole et présentée en juin 1370 comme vidée de ses habitants, lorsque le maître Gonzalo Mexía décide de reprendre l'initiative à son compte44. Il est tout à fait rare de conserver un tel tableau de l'abandon d'une localité. La situation dut pourtant être relativement courante à en juger par la fréquence des lieux dont la seule référence se rapporte à l'époque de leur peuplement sans qu'il en existe d'autres par la suite. Il en est ainsi pour divers établissements de l'Aljarafe sévillan, comme Cantullán, Caxar, Villalba ou encore Villadiego, dépendant - hormis le premier - de Calatrava, qui semblent avoir disparu au cours du xive siècle45, mais également pour certaines implantations de la Manche, où le patrimoine des ordres est pourtant plus compact, à l'exemple des localités de Villacañas de Algodor et de Villaverde pour l'Hôpital46, ou d'Alhóndiga, dotée en 1268 par Calatrava d'un fuero ambitieux47 et réduite, deux siècles plus tard, lorsque le toponyme émerge à nouveau du silence documentaire, à un défens relevant du commandeur d'Otos48, et à quelques moulins, situés le long du Tage, affectés à la mense magistrale de l'Ordre49.
11On aurait tort toutefois de conclure à un échec des ordres militaires dans le repeuplement de leurs domaines. Des échecs, ils en connurent sans conteste, mais pas nécessairement plus que d'autres seigneurs de la Meseta méridionale, comme la ville de Tolède, dont Jean-Pierre Molénat a bien souligné les difficultés rencontrées dans sa politique de contrôle et d'occupation de son immense territoire50. En plusieurs cas, les ordres militaires ont même fait montre d'un dynamisme bien supérieur à d'autres institutions au moment d'attirer les colons. Le fait ressort du procès qui met aux prises, à la fin du règne d'Alphonse X, la ville de Badajoz avec le Temple et Santiago qu'elle accuse d'avoir entrepris le repeuplement de terres situées au sein de son finage dont elle n'avait pu développer l'occupation, le premier à Olivenza et Táliga, le second à Villanueva de los Santos, Solana, Aldea de Don Febrero, Aldea de los Caballeros et El Çaraço51. Peut-être est-on fondé à voir un signe de la capacité d'initiative des ordres militaires dans le fait qu'ils aient disposé d'une force dont les autorités de Badajoz étaient visiblement dépourvues52. Le cas n'est pas isolé et d'autres exemples comme la consolidation de Mures, menée à bien par Santiago dans la première moitié du xive siècle aux dépens des localités voisines de Gatos et de Chillas, appartenant au chapitre cathédral de Cordoue53, peuvent inciter, compte tenu du manque d'hommes endémique, à estimer positif le bilan du repeuplement conduit par les ordres militaires sur leurs domaines.
Les revenus de l'administration des hommes
12Des hommes et de leur exploitation des terres du domaine dépend pour une part importante la richesse accumulée par les ordres militaires. En cela, ces institutions ne font en rien exception au modèle seigneurial alors dominant. C'est ce qui ressort de nombreuses études au plan particulier comme à l'échelle générale54. Elles montrent très clairement que les pratiques seigneuriales des ordres militaires s'exercent à des niveaux différents selon la nature du lien qui unit les dépendants à l'institution. Les formes de sujétion les plus étroites prennent place dans ce qu'il est convenu d'appeler la seigneurie domestique à laquelle est soumise la main-d'œuvre de statut non- libre qui travaille sur la réserve. Traditionnellement, il n'a été concédé qu'un rôle marginal à ce type de dépendance dans la mesure où le faire-valoir direct a été jugé résiduel après le milieu de xiiie siècle55. S'il correspond sans conteste à la norme de la fin du Moyen Âge56, un tel constat contraste avec le tableau offert pour le xiiie et le début du xive siècle par d'autres régions méditerranéennes57. Surtout, il est en discordance avec la situation initiale des ordres militaires castillans auxquels avait été donnée une réserve relativement étendue, pouvant atteindre, pour Calatrava, quarante bovées à l'entour de chacun de ses châteaux58.
13Sans être nombreuses, les mentions de domaines exploités en faire-valoir direct par les ordres militaires sont moins rares qu'on ne s'accorde en règle générale à l'affirmer. Il est sans conteste exceptionnel d'en relever des références aussi explicites que celle dont fait état une donation réalisée en 1224 en faveur du couvent d'Uclés à la condition que les frères travaillent l'ensemble des terres qui leur sont remises et tirent de la moitié d'entre elles une rente viagère affectée à la fille de leur bienfaiteur59. Pour autant, plusieurs documents attestent l'existence de réserves, comme ceux qui ont trait aux accords passés par les ordres militaires avec l'épiscopat afin de répartir les dîmes de leur patrimoine, qui prêtent un intérêt particulier aux parties cultivées en faire-valoir direct sur lesquelles, invariablement, l'institution seigneuriale s'efforce d'obtenir une exemption totale. Au terme du partage établi en 1245 entre le maître de Calatrava et l'évêque de Baeza, l'Ordre est ainsi libéré de toute redevance pour les terres du diocèse qu'il exploite à ses frais60. La situation n'a nullement varié au début du xive siècle à en juger par les compositions négociées avec le siège de Cordoue, bien que, cette fois, le rapport de force, plus équilibré que par le passé, empêche les ordres de tous obtenir l'entière satisfaction de leurs revendications61.
14Pour la plupart, les terres des ordres militaires appartenant à la réserve, où qu'elles se trouvent, sont exploitées dans le contexte de la seigneurie domestique. Une partie de la main-d'œuvre est ainsi formée de captifs et d'esclaves musulmans. Rares sont les actes qui les mentionnent vu qu'ils ne sont pas à proprement parler, comme l'a très justement observé Milagros Rivera Garretas, des sujets de droit62. Les seuls qui fassent exception à la règle rapportent un changement de propriétaire, à l'exemple de la vente d'un esclave nommé Hameth, accordée en 1237 par le commandeur santiaguiste de l'hôpital de Villamartin à un musulman de Sahagún pour cinquante maravédis63. Il semble cependant que le poids de la main d'œuvre servile ait été plus important que ne le donnent à penser les actes de la pratique. Des esclaves des deux sexes sont cités, jusque dans la première moitié du xive siècle, dans l'ensemble des textes normatifs au nombre des biens dont les commandeurs sont tenus de fournir l'inventaire64. Ils font partie du patrimoine de la maison65, dont ils assurent l'exploitation directe, aidés lors des gros travaux du calendrier agricole non seulement par des salariés66, mais aussi par des paysans libres, astreints à certaines corvées, à l'image des habitants de Zorita requis de fournir à Calatrava des muletiers lors des expéditions militaires et de mettre à disposition de l'Ordre cent quinze hommes qui contribuent chaque année à la moisson des terres de la réserve seigneuriale67.
15À ces derniers correspond une autre forme de dépendance, la seigneurie foncière, fondée non plus sur le statut des personnes, mais sur celui de la terre pour le domaine utile de laquelle les colons doivent acquitter au maître diverses prestations en reconocimiento de señorio68. Perçues sur la base de l'unité familiale d'exploitation, celles-ci sont le plus souvent définies dans le cadre collectif d'un fuero ou d'une carta puebla qui déterminent le principe de leur répartition entre les différents éléments de la communauté paysanne69. Variant d'un lieu à l'autre dans leur appellation et dans leur montant, ces impositions peuvent faire l'objet dans la pratique de distinctions infinies en fonction de leur origine70 Toutefois, les prestations en travail constituent, après le milieu du xiiie siècle, une ponction en très net déclin71. Dans les lieux même où les ordres s'efforcent de les préserver, comme le fait l'Hôpital en Vieille-Castille72, les corvées ne représentent plus qu'une source de profit marginale en comparaison des redevances en nature et en argent, qui intéressent au premier chef des institutions désormais largement tournées vers le faire-valoir indirect73.
16Pour constituer le schéma dominant, un tel mode d'exploitation de la terre n'est pas le seul auquel les ordres militaires aient eu recours. Très tôt, Clara Estow l'a bien montré pour Calatrava74, ces institutions ont en effet confié l'initiative de la mise en valeur de leur patrimoine foncier à d'autres agents qu'elles chargent pour une durée variable d'administrer un domaine, à l'image de l'Hôpital del Rey de Burgos, dont le maître de Calatrava, Ruy Pérez, délègue pour partie la gestion sitôt après l'avoir reçue de Sanche IV75.Dans cette ligne, elles ont recours pour l'essentiel au prestimonio qui consiste en une concession temporaire, le plus souvent viagère, du domaine utile de la terre76. À l'origine, cette pratique fut utilisée par les ordres militaires, comme par la plupart des seigneurs ecclésiastiques77, dans leur phase d'expansion pour acquérir de nouvelles propriétés dont l'usufruit d'une part du domaine représente en quelque sorte la rétribution78. À compter de la fin du xiiie siècle, l'usage fait par ces institutions du prestimonio change sans que ses modalités juridiques varient en substance. D'un outil destiné à accroître le patrimoine, il se mue en un instrument commode pour déléguer à d'autres le gros du coût de l'exploitation foncière79, et pour obtenir, le cas échéant, un supplément d'investissement80, voire la remise en état pure et simple de domaines que les ordres n'ont pas les moyens de faire fructifier81.
17Confrontés à des besoins financiers croissants qui revêtent sous bien des aspects, un caractère d'urgence, les ordres militaires tendent, à partir du début du xive siècle, à développer les concessions temporaires qui, si elles ne leur garantissent pas forcément une valorisation comparable du domaine, leur assurent en revanche un revenu régulier. Le lien d'une telle évolution avec la crise ressort de façon explicite de la licence concédée en 1322 par le pape aux autorités de l'Hôpital afin qu'elles puissent solder les dettes de l'Ordre qui incombent au prieuré de Castille en donnant à cens les édifices et les terres de faible rapport82. Dès lors, les contrats d'emphytéose, appelés foros dans les baylies galiciennes, se multiplient dans la pratique de l'institution83. Il semble que cette voie n'ait guère tardé à être empruntée par les autres ordres militaires qui commencent, à compter du milieu du xive siècle, à acenser leurs terres, voire à les affermer dans un souci évident de rentabilité, conformément à l'usage en cours depuis un demi-siècle pour les infrastructures de production84. Décrite comme une solution à la crise85, cette pratique s'impose à la fin du Moyen Âge comme le mode privilégié d'exploitation foncière d'institutions qui s'affirment en Castille86, à l'égal du reste de l'Occident, comme des rentières du sol87.
18Quelle que soit l'ampleur des profits que les ordres militaires tirent de leur assise foncière, supérieurs à ceux de bien des seigneuries laïques88, la part essentielle de leurs ressources provient, dès les années centrales du xiiie siècle, de l'exploitation juridictionnelle de leurs domaines, c'est-à-dire du pouvoir de coercition qu'ils exercent sur les hommes qui y résident. Parmi les prérogatives diverses dont disposent à ce titre ces institutions, traditionnellement regroupées derrière le concept de seigneurie banale, Enrique Rodriguez-Picavea a très justement distingué trois niveaux, quand bien même ils tendent à s'interpénétrer dans la pratique89. Le premier, dont la dimension est pour l'essentiel économique, réunit un ensemble de droits destinés à marquer la sujétion des dépendants. Ce sont en premier lieu les banalités, à savoir les redevances perçues pour l'usage d'instruments de transformation indispensables aux communautés rurales, tels que le four, le moulin ou le pressoir, sur lesquels les ordres militaires ont à l'origine un monopole presque total90, mais également certains impôts, comme le droit de gîte, à prétention récognitive91. D'un rapport modeste, de tels droits occupent, à la fin du xiiie siècle, une place marginale dans les revenus des ordres qui n'hésitent pas, nous l'avons vu, à les affermer aux communautés locales92.
19Le second niveau qui possède, pour sa part, une dimension juridictionnelle clairement affirmée revêt une importance bien supérieure. L'ensemble des droits qu'il regroupe procède de la cession royale et, le cas échéant, de l'appropriation seigneuriale de prérogatives d'origine publique93. Parmi eux figurent les profits de justice dont les ordres militaires cherchent à s'attacher la quote-part maximale, parvenant à différentes reprises à en obtenir la totalité, comme l'Hôpital à Cubillas de Duero, après que la ville a été concédée aux frères en 1281 par Alphonse X94. Un tel cas n'est sans doute pas majoritaire95, mais le contrôle exercé par les ordres sur la désignation des officiers de justice96, comme leur effort pour restreindre, voire proscrire, la possibilité d'appel de leurs dépendants auprès des tribunaux royaux97, ne laissent pas le moindre doute sur leur volonté de se réserver ces profits fructueux. À ces ressources s'ajoutent les taxes sur le transport et la vente des marchandises, perçues à la faveur des nombreux péages détenus par ces institutions98, ou, à partir de la deuxième moitié du XIIIe siècle, des foires dont elles obtiennent du roi la création99, mais également les bénéfices extraits de leur participation aux rentes royales, comme la capitation des minorités religieuses juives et musulmanes, voire de différents monopoles, notamment miniers, rares, mais sans conteste particulièrement lucrarifs100.
20Il est un dernier niveau de rentes d'origine juridictionnelle dont les ordres militaires tirent profit en raison de leur nature religieuse. Il s'agit bien évidemment de la dîme et des autres droits ecclésiastiques qu'ils sont admis à percevoir sur une grande partie de leur domaine. L'enjeu qu'ils représentent fut suffisant pour entraîner, jusque dans les décennies centrales du xiiie siècle, d'âpres conflits entre les ordres militaires et les juridictions diocésaines, soucieuses de réduire leur exemption et de les ramener à la législation commune101. Dans la plupart des cas en est résulté un partage de la dîme et des droits ecclésiastiques qui, sauf en de rares exceptions, a laissé les deux tiers des sommes perçues aux mains des frères102. Cette répartition, qui perdure encore à la fin du Moyen Âge103, constitue pour les ordres militaires, tant en argent qu'en nature, un profit de première ampleur, qui leur permit, ainsi que l'a mis en exergue Miguel Ângel Ladero Quesada, d'affronter avec plus de réussite que bien des seigneuries laïques la diminution des revenus fonciers, sans devoir y remédier comme elles en s'investissant dans le nouveau système de rentes, fondé notamment sur l'alcabala, que développe le pouvoir royal à partir de la fin du xiiie siècle104.
Les ressources de l'élevage
21Il n'est pas tout pour les ordres militaires de se préoccuper du peuplement de leur domaine et de chercher à tirer le meilleur parti du travail des dépendants qui s'y sont implantés. Ainsi le fait valoir le commandeur santiaguiste Pedro López de Baeza dans l'opuscule qu'il rédige dans la décennie 1330 pour l'instruction de ses frères, en les invitant à prendre soin du troupeau qu'il tient pour consubstantiel à la puissance de l'institution105. L'accent placé sur l'élevage représente un trait d'originalité des ordres militaires que Marie-Claude Gerbet a très justement mis en relief il y a quinze ans dans une synthèse qui n'a toujours pas été remplacée106. Il est permis de s'étonner, lorsque l'on connaît son importance, que ce thème ait uniquement donné lieu depuis lors à des développements ponctuels. L'activité pastorale des ordres continue à être présentée, d'après un topique ancien107, comme centrée principalement sur les ovins dès le xiiie siècle. Ainsi l'a récemment affirmé Enrique Rodriguez-Picavea qui n'a pas craint, dans le cas de Calatrava, de faire de cet élevage, notamment pour les terres du Campo, non seulement un moteur de l'activité économique108, mais encore une source de revenus à nulle autre pareille109. Cette position ne peut être reçue en l'état et le rapport de l'Ordre à l'élevage demande à être reconsidéré110
22Il ne saurait s'agir de dénier aux activités pastorales leur rôle essentiel dans l'économie des ordres militaires. En m'inscrivant contre certains topiques, calqués sur des réalités ultérieures111, j'espère bien au contraire pouvoir contribuer à une meilleure connaissance des pratiques mises en œuvre par ces institutions en matière d'élevage au cours des xiiie et xive siècles. Le souci qu'ont les ordres de développer en leur sein une activité pastorale ne fait aucun doute. Il ressort au premier chef de leur effort, sensible dès leur fondation, pour s'attirer la protection du souverain en obtenant pour leurs troupeaux de paître librement dans tout le royaume112. Dans la seconde moitié du xiiie siècle, alors que se durcit, nous l'avons vu, la concurrence autour de l'élevage, l'appui du pouvoir royal reste pour les ordres un soutien dont tous s'attachent à tirer parti, à l'instar de Santa Maria de España qui, sitôt après sa création, obtient en 1277 d'Alphonse X d'être associé aux privilèges de ses homologues113, ou d'Alcántara qui reçoit, lors de l'avènement de Sanche IV, cette même franchise dont il est tout de suite fait usage en plusieurs lieux du royaume114.
23La quête d'une exemption pour leur bétail ne saurait seule résumer l'intérêt des ordres militaires pour l'élevage. Plusieurs documents témoignent d'une politique active de ces institutions pour fomenter dans leurs domaines la croissance des activités pastorales, à l'instar des pactes conclus entre elles ou avec les juridictions voisines, au premier rang desquelles la ville de Tolède, pour mettre en place un usage commun des terrains de pâture dans lesquels les différents troupeaux sont admis à dépaissance sans avoir pour cela à verser de droits115. Certes, il ne faut pas exagérer la transformation de l'espace promue par les ordres militaires afin de favoriser l'élevage : les dehesas, ces pâturages extensifs plantés de chênes-verts et de chênes-lièges, limités par de petits murets et soumis à un défens permanent, ne sont que l'un des éléments constitutifs d'un paysage dont le pastoralisme n'est pas le seul instrument de mise en valeur116. Il n'en reste pas moins que les ordres militaires sont très conscients des perspectives de revenus que leur offre l'élevage et que, dans un cas au moins, lors de l'accord scellé en 1269 entre Calatrava et Tolède, ils ont pris l'initiative de limiter le peuplement de la zone située à la marge de leur domaine dans le but avoué de préserver ses possibilités d'exploitation pastorale117.
24Forts d'un intérêt ancien et soutenu pour les activités pastorales, les ordres militaires se sont rapidement imposés parmi les principaux propriétaires de cheptel de la Meseta méridionale. Aussi répandu qu'ait été l'élevage au sein de leurs domaines, il n'est pas facile d'en connaître exactement les modalités et l'importance118. Il semble avoir été pratiqué dans chacune des commanderies à en croire les définitions statutaires qui, pour la plupart, les considèrent comme le lieu habituel de stabulation d'un bétail diversifié. Chevaux, bœufs, vaches, porcs et moutons figurent au début du xive siècle parmi les biens dont il est fait un devoir aux commandeurs des institutions de filiation cistercienne de dresser un inventaire annuel119. Il semble même que, dès la seconde moitié du xiiie siècle, les ordres aient choisi de confier à un frère spécialisé la charge de certains de leurs troupeaux. La pratique est attestée à compter de 1264 pour Calatrava dans le cas du cheptel bovin120. Dès la décennie suivante, elle est reprise par Santiago et étendue cette fois à tout le bétail de l'Ordre121.
25Certes, les mentions d'animaux dans les actes de la pratique sont moins fréquentes que l'on pourrait a priori le penser. Leur nombre est néanmoins suffisant pour confirmer l'impression des sources normatives. Plusieurs documents témoignent ainsi sur le plan général de l'existence de bétail dans les commanderies des ordres militaires, comme la cession viagère de la forteresse santiaguiste de Paracuellos del Jarama, consentie en 1243 par Pelayo Pérez Correa à Gil Gómez pour prix de son aide lors la conquête de Murcie122. Rares sont les actes qui livrent plus de détails sur le cheptel entretenu par ces institutions à l'échelle locale. Il n'en existe que quelques-uns, au sein desquels la donation viagère de la maison de Fuente del Emperador, faite en 1267 par le maître de Calatrava en faveur de l'archidiacre Ruy Martinez de Mosquera, offre un remarquable témoignage123, puisque lors de la concession coexistent dans l'établissement, selon les calculs de Luis Rafael Villegas Diaz, soixante-trois bovins, quarante-cinq porcins, trente-cinq caprins et cent soixante-trois ovins124.
26S'ils témoignent, compte tenu de la faible taille du domaine, de l'ampleur des activités pastorales des ordres militaires, ces chiffres doivent être considérés avec prudence à l'heure d'évaluer le poids relatif de leurs différents cheptels. Le primat des ovins n'est qu'apparent dans la mesure où le mot de Cabañas, indiquant l'organisation en troupeaux, est réservé dans l'acte aux bovins et aux porcs. L'idée d'une domination sans partage du mouton dès le milieu du xiiie siècle ne me semble pas acceptable. On peut s'étonner qu'elle continue de faire florès, lorsqu'on sait que Marie-Claude Gerbet en a de longue date souligné les insuffisances en faisant valoir que l'orientation ovine suivie par le Temple avant sa dissolution, du moins à l'échelle du royaume d'Aragon, n'est en rien partagée par ses homologues125. Il semble en effet que Santiago comme Calatrava restent, au milieu du xive siècle, les propriétaires d'un troupeau différencié, privilégiant le cheptel bovin126, comme l'attestent les restrictions placées par Pierre Ier à l'exemption générale dont bénéficiait le bétail de ce dernier ordre, restreinte en 1351 à quinze mille bovidés pour huit mille moutons et autant de porcs127, conformément à une proportion qui, bien que modifiée dans le détail128, ne sera inversée qu'au début du xve siècle, sous le règne de Jean II129.
27Maîtres d'importants troupeaux, les ordres militaires s'affirment, à partir du milieu du xiiie siècle, comme des rentiers de l'élevage mettant à profit l'étendue et, plus encore, la situation de leurs domaines sur la Meseta méridionale afin de prélever sur le bétail étranger des droits de location des dehesas et des taxes pour le passage ou la dépaissance dans les communaux comme le montazgo, perçu au titre de la faculté de paître concédée aux bêtes dans le monte. Il n'est pas facile, en l'absence de documents comptables, d'évaluer les ressources tirées de cette activité. Seul l'exemple de Capilla, dont le Temple a fort bien exploité la vocation herbagère, affirmée dès le moment de la donation de Ferdinand III130°, est susceptible d'éclairer ce point dans la mesure où sont conservés les textes d'une enquête sur le patrimoine de la commanderie, menée auprès des habitants du lieu et de ceux de la ville voisine de Puebla de Alcocer à l'occasion du procès intenté contre l'Ordre131. Des déclarations des témoins il ressort que le Temple possède dans la baylie cinq défens, formant l'essentiel de sa superficie, dont le rapport annuel est estimé à vingt-quatre mille maravédis par les habitants de Puebla de Alcocer et à dix-huit mille par ceux de Capilla, selon toute probabilité intéressés à minimiser un montant dont ils sont les principaux redevables132. Dans tous les cas, les rentes ainsi perçues sont dites équivaloir à la totalité des autres droits, parmi lesquels joue un rôle essentiel le montazgo qui produirait chaque année quatre cents brebis133.
28Le cas de Capilla est sans aucun doute singulier du fait de l'importance que revêt la commanderie au sein du Temple134. Il n'en demeure pas moins que la location de pâturages représente, à partir des dernières décennies du xiiie siècle, une ressource en pleine expansion pour les ordres militaires. Il convient toutefois de prendre garde à ne pas décrire pour cette époque, selon un stéréotype fréquent, leurs domaines comme affermés en masse aux éleveurs de la Meseta septentrionale en quête d'invernaderos où conduire leur bétail pendant la saison froide135. La pratique en est certes attestée, mais les documents antérieurs au xve siècle rassemblés à ce sujet sont très rares, une petite dizaine tout au plus, intéressant en priorité le conflit entre Calatrava et la Mesta136. Des sources consultées il appert sans ambigüité que les principaux utilisateurs des dehesas des ordres militaires sont les éleveurs de la Meseta méridionale, en particulier ceux qui relèvent de leur juridiction auxquels sont cédées, à partir du tournant des xiiie et xive siècles, des surfaces de pâture toujours plus étendues. Qu'il consiste en une redevance en argent137 ou en une rente à part de fruit138, le rapport obtenu par les ordres semble suffisamment intéressant pour les inciter à plusieurs reprises, comme à Montánchez, à limiter volontairement les pâturages réservés à leur propre cheptel à un seul défens afin de mieux tirer parti de l'activité pastorale de leurs dépendants139.
29Aux revenus issus de la location des pâtures, les ordres militaires ajoutent les profits qu'ils tirent du bétail amené à traverser leurs domaines, en particulier au titre de la dépaissance. L'importance d'une telle rente ne fait aucun doute ainsi qu'il ressort des statuts santiaguistes de 1266 dans lesquels il est arrêté que l'armement défensif des membres doit être financé en totalité sur la base de la moitié des sommes prélevées par l'institution en guise de montazgos140. Pour s'assurer de la collecte de ces droits, les ordres militaires, au premier rang desquels Santiago, ont mis en place à l'échelle de la Meseta méridionale un dense réseau de péages qui, de Zafra à Alarcón, embrasse toute l'étendue de leurs domaines141. La localisation des forteresses à proximité des canadas fréquentées par les troupeaux est la norme, tant en Estrémadure, le long du Camino de la Plata que dans la Manche, à la faveur des routes reliant Cuenca et Uclés, au nord, à Montiel et Segura, au sud, pour le cas de Santiago142. La coïncidence est telle qu'elle a incité il y a peu Carlos de Ayala Martinez à avancer l'idée que le tracé définitif des voies pastorales résulterait en fait de la volonté des ordres d'étendre leur contrôle sur les rentes de l'élevage143. D'être vérifiée, une telle hypothèse serait la preuve ultime du caractère vital que revêtent pour ces institutions des profits qu'elles n'ont pas hésité à défendre avec succès devant l'entreprise de la monarchie, accélérée à partir du règne d'Alphonse X, pour les concentrer à son profit144.
30Dans un cadre où il n'est de richesse que d'hommes, les ordres militaires, poussés par des besoins financiers croissants, se sont attachés, sur la base du système commanditaire, à attirer sur leurs terres, dès le milieu du xiiie siècle, des contingents de colons suffisamment nombreux pour en assurer une mise en valeur susceptible d'en accroître la valeur brute. Ils furent ainsi amenés à rationaliser une pression seigneuriale qui, pour des raisons de rentabilité, cherche à conjuguer les profits liés à l'exploitation foncière du domaine et ceux issus du contrôle juridictionnel de ses habitants. Quel que soit le succès du repeuplement, la fragilité démographique du royaume castillan portait en elle-même les limites d'un modèle dont les ordres militaires ont très tôt entrepris de corriger les insuffisances en mettant en place une économie rentière, fondée en priorité sur les activités pastorales susceptibles de leur offrir, en l'absence d'effectifs humains importants, des revenus réguliers. Il ne fait aucun doute que les crises qui se succèdent en Castille à partir de la seconde moitié du xiiie siècle ont éprouvé les possessions des ordres militaires plus profondément que ne le relèvent à l'ordinaire les études centrées sur leur situation économique qui, préoccupées surtout d'isoler les composantes de ce qu'elles dénomment la rente féodale, en proposent une vision statique et passablement intemporelle. Au total plusieurs domaines connurent des difficultés, certains ont même disparu, victimes de la multiplication des conflits ou des violences. On ne saurait pour autant généraliser un tableau qui occulte la faculté d'adaptation d'institutions conduites sous la pression de la conjoncture à rationaliser leur modèle de gestion. À la croissance extensive de la période d'expansion initiale, fondée jusque dans la première moitié du xiiie siècle sur des activités de prédation, succède un système beaucoup plus intensif, articulé sur la base de la commanderie, qui permet aux ordres militaires de développer une économie rentière capable de leur fournir les ressources suffisantes pour affronter un besoin d'argent en constante progression, voire pour dégager des surplus convoités à la fin du Moyen Âge avec un intérêt accru par les éléments dominants de la société politique castillane.
Figure 9 — Les entreprises de peuplement des ordres militaires dans les terres de Badajoz.

(D'après Juan Luis de la Montana Conchiña, « Obispados y Órdenes Militares. Problemas jurisdiccionales en la Frontera extremeña del siglo xiii », Alcántara, Cáceres, 5, 1995, p. 29-48.)
Notes de bas de page
1 Ainsi l'a fait valoir Philippe Josserand, « Les ordres militaires dans les royaumes de Castille et de León. Bilan et perspectives de la recherche en histoire médiévale », Atalaya, Revue française d'études médiévales hispaniques, Paris, 9, 1998, p. 24.
2 Ce fait a été bien souligné par Miguel Angel Ladero Quesada, « La investigación sobre órdenes Militares en la Edad Media hispánica durante los últimos decenios : Corona de Castilla y Léon », dans Las órdenes Militares en la Península Ibérica. I Edad Media, (éd. R. Izquierdo Benito et F. Ruiz Gomez), Cuenca, 2000, p. 16.
3 Au cours des dernières années, quatre thèses de doctorat ont été soutenues sur le thème à l'Université Autonome de Madrid sous la direction de Carlos de Ayala Martínez. Chacune d'entre elles intéresse un ordre militaire spécifique : Enrique Rodriguez-Picavea, « La Orden de Calatrava en los siglos xii y xiii. Contribución al estudio del feudalismo en la Meseta meridional castellana », Madrid, 1992, Carlos Barquero Goni, « Los Hospitalarios en Castilla y León (siglos xii y xiii). Señorios de la Orden de San Juan », Madrid, 1994, José Vicente Matellanes Merchan, « Organización social v económica de la Orden de Santiago en la Transierra casrellano-leonesa. Siglos xii-xiii », Madrid, 1996, et Feliciano Novoa Porteia, « La Orden de Alcántara en los siglos xii-xiv. Los inicios de la señorialización de Extremadura », Madrid, 1999. Trois de ces travaux ont fait l'objet d'une publication, deux en presque totalité, La formación del feudalismo en la Meseta meridional cas- tellana. Los señorios de la Orden de Calatrava en los siglos xii-xiii, Madrid, 1994, et La Orden de Alcántara y Extremadura (siglos xii-xiv), Mérida, 2000, et le troisième dans une version circonscrite au patrimoine hospitalier de l'ancien royaume léonais, « Los Hospitalarios en el reino de León (siglos xii y xiii) », dans El reino de León en la Alta Edad Media, León, IX, 1997, p. 219-634.
4 Un premier essai a été réalisé en ce sens par Ph. josserand, « Église et pouvoir dans la péninsule Ibérique : les ordres militaires dans le royaume de Castille (1252-1369) », Thèse de doctorat inédite, (dir. Robert durand), Université de Nantes, I, 2000, p. 300-322.
5 L'exemple de la défense du château de Lucena, remise aux Santiaguistes entre 1330 et 1333, revêt de la sorte une importance singulière. Il est en effet éclairé par une quinzaine de pièces extraites des fonds cordouans et madrilènes dont une étude a été proposée par Ph. Josserand, « Lucena : une forteresse à l'encan. Eléments de réflexion sur le coût de la défense frontalière des ordres militaires dans la première moitié du xive siècle », dans Mil anos de fortificações e castelos na Península Ibérica e no Magreb, (éd. Isabel Cristina Ferreira Fernandes), colloque réuni à Palmela en avril 2000, à paraître.
6 À cet égard, l'étude classique de Salvador de Moxo, Repoblación y sociedad en la España cristiana, Madrid, 1982, p. 240-241, peut être utilement complétée par l'analyse réalisée par Pierre Guichard et Pascal Buresi, « L'espace entre Sierra Morena et Manche à l'époque almohade », dans Alarcos 1195. Actas del Congreso Internacional Conmemorativo del viii Centenario de la batalla de Alarcos, (éd. R. Izquierdo Benito et f. Ruiz Gómez), Cuenca, 1996, p. 125-143.
7 Parmi leurs nombreux travaux, il convient de se reporter en particulier à E. Rodriguez-Picavea, « Primeras tentativas de jurisdicción territorial de la monarquía casrellana : Alfonso VIII y la Orden de Calatrava », dans Actas del II Curso de cultura medieval. Alfonso VIII y su época, Aguilar de Campoo, 1992, p. 361-378, et à C. de Ayala Martinez,. » Las órdenes militares y la ocupación del territorio manchego (siglos xii-xiii) », dans Alarcos 1195. Actas del Congreso International Conmemorativo del VIII Centenario de la batalla de Alarcos, (éd. R. Izquierdo Benito et F. Ruiz Gomez), Cuenca, 1996, p. 47-104.
8 Ce fait a été analysé par C. Barquero Goni, « La Orden Militar del Hospital en la Mancha durante los siglos xii y xiii », dans Alarcos 1195. Actas del Congreso Internacional Conmemorativo del VIII Centenario de la batalla de Alarcos, (éd. R. Izquierdo Benito et f. Ruiz Gomez), Cuenca, 1996, p. 309-312, et « La repoblación hospitalaria en la Corona de Castilla (siglos xii-xvi) », História. Instituciones. Documentos, Séville, 24, 1997, p. 74-79, et récemment par Jesus Molero Garcia, « Caminos V poblamiento en el Campo de San Juan », dans Las órdenes Militares en la Peninsula Ibérica. I Edad Media, (éd. R Izquierdo Benito et f. Ruiz Gomez), Cuenca, 2000, p. 122-126.
9 Cet aspect a été étudié en détail par Pedro Guerrero Ventas, Elgran priorado de San Juan en el Campo de la Mancha, Tolède, 1969, p. 67-87.
10 Juan Carlos Fernandez-Layos de Mier, « Introducción a la repoblación y urbanismo en las villas del priorato de la Orden de San Juan de Jerusalén en Castilla y León », Boletin de la Sociedad Toledana de Estudios Heráldicos y Genealógicos, Tolède, 12, 1989, p. 3-4.
11 Le chiffre ressort d'un calcul réalisé à partir des fueros recueillis pour la plupart par C. de Ayala Martinez, (coord.), Libro de Privilegios de la Orden de San Juan de Jerusalén en Qistilla y en Léón (siglos xii-xv), Madrid, 1995.
12 J.-P. Molénat, « Structures agraires en Nouvelle-Castille. La Manche tolédane et la Ribera del Tajo : de la structure islamique à la structure chrétienne », dans Castrum 5. Archéologie des espaces agraires méditerranéens au Moyen Age, (éd. André Bazzana), Madrid-Rome, 1999, p. 171-179.
13 Placée en 1315 dans l'étude de référence de Julio Gonzalez Gonzalez, Repoblación de Castilla la Nueva, Madrid, I, 1975, p. 369, la carta puebla de Corral de Almaguer a été en réalité délivrée par le maître Diego Múñiz en 1312, comme il ressort du texte édité par Javier Alvarado Planas, « Cartas pueblas de Bujeda, Santa Olalla, Velada, Corral de Almaguer y Puebla de Almoradiel », dans Espacios y fueros en Castilla-La Mancha (siglos xi-xv). Una perspectiva metodológica, (éd. J. Alvarado Planas), Madrid, 1995, p. 631 -633, doc. 4 : « Porque el nuestro lugar del Corral de Almaguer sea mejor poblado e los que aora moran e moraren de aqui adelante sean mas guardados e amparados que fueron fasta aqui, e por les fazer mas merced tenemos por bien que sea villa sobre si de aqui adelante. » Deux ans plus tard, le maître obtient des tuteurs du jeune Alphonse XI la concession pour la ville de deux foires chaque année. Archivo General de Simancas (AGS), Regisrro General del Sello, III-1484-1485, publ. Esther Gonzalez Crespo, « Castillos andaluces en época de Alfonso XI », Castillos de España, Madrid, 91, 1986, p. 49, doc. 2.
14 Ce n'est pas ici le lieu de développer en détail les exemples recensés par J.-P. Molénat, op. cit., p. 173-175 et 178-179. Plusieurs monographies apportent à cet égard d'intéressants éléments comme, pour l'exemple de la désertion d'Alarilla, les travaux d'Hortensia Larren Izquierdo, « Apunres para el estudio del sistema defensivo del Tajo : Oreja, Alarilla y Alboer », Boletin de Arqueologia Medieval, Madrid, 2, 1988, p. 92-93, et de David Urquiaca Cela, « Las órdenes militares en el valle medio oriental del Tajo (siglos xii-xvi) : el fenómeno de la desolación de núcleos de población rural », dans Las Ôrdenes Militares en la Peninsula Ibérica. I Edad Media, (éd. R. Izquierdo Benito et F. Ruiz Gômez), Cuenca, 2000, p. 207-208.
15 Le fait est relaté dans la chronique, longtemps demeurée inédite, écrite au début du xviie siècle par Alonso de Torres y Tapia, Crónica de la orden de Alcántara, Madrid, 1763, I, p. 528, comme dans celle composée à sa suite par Miguel Zapater y Lopez, Cister militante en la campaña de la Iglesia contra la sarracena furia, Saragosse, 1662, p. 460.
16 J.-P. Molénat, op. cit., p. 173.
17 Le fait a été observé pour Santiago et Alcantara par J. V. Matellanes Merchàn, « Expansion de un modelo socio-económico : los fueros de la Orden de Santiago », et par F. Novoa Portela, « El proceso de señorialización concejil en el abadengo de la Orden de Alcántara », dans Actas del III Curso de cultura medieval. Reconquista y repoblación, Aguilar de Campoo, 1993, p. 198 et 205-206.
18 A. de Torres y Tapia, op. cit., II, p. 41, rapporte qu'il est demandé aux habitants d'Esparragal d'obtempérer aux ordres de la municipalité de Valencia de Alcántara « como aldcanos que eran suyos ».
19 Ainsi l'a bien souligné J.-P. Molénat, op. cit., p. 172, pour les terres santiaguistes de la Ribera del Tajo et de la Manche.
20 Archivo Histórico Nacional (AHN), Ordenes Militares (OM), Libro 1344, f° 2r.
21 AHN, OM, Libro 1347, f° 130r-132r. L'acte relate la requête présentée en octobre 1352 par les procureurs de Manzanares au maître de Calatrava pour « que nos quite e suelte los sus pechos epedi- dos por algunos tiempos que el dicho señor maestre e la su orden de nos e de cada uno de nos podrie auer e lebar segun que ha de usso e costumbre para que nos eerquemos e podemos cercar el dicho lugar de Manzanares ». Leur requête est satisfaite par Juan Núñez de Prado « entendiendo que en cercarse el dicho lugar de Manzanares era seruicio del rey e nuestro e de la nuestra Orden e se sigue ende pro e honra al dicho lugar de Manztinares e comunalmente a los nuestros lugares del dicho Campo ».
22 A. Anasacasti Valderrama et L. Rodriguez Lianez, Niebla en la época de Alfonso X, Huelva, 1984, doc. 3, cité par M. Á. Ladero Quesada, Niebla, de reino a condado. Noticias sobre el Algarbe andaluz en la Baja Edad Media, Madrid, 1992, p. 20-21 : « En tal manera que non los pueda conprar ninguna orden ni ome que sea heredado en Sevilla nin en Carmona nin en Arcos nin en Moron nin en Cordoba nin en Jahen nin en Ubeda nin en Baeza nin en Andujar nin en todos los terminos de estos lugares sobredichos, nin judio nin moro, salvo ende sinon fuere orne que sea poblador en las villas o en los castillos que son de las Ordenes. »
23 AHN, OM, carp. 429, doc. 187. Les dispositions d'Alphonse XI prévoient de réduire le montant du pecbo exigé annuellement des juifs de Maqueda de huit mille à cinq mille maravedis « para que dicba aljama non sse hermasse e que los judios que eran ende ydos tornassen y a morar e a pechar los pechos que auian a pechar ».
24 AHN, OM, carp. 431, doc. 216. Alphonse XI accorde à Juan Núñez de Prado, contormément à sa requête, de diminuer de moitié l'impôt dû au roi par la communauté musulmane de Zorita dont il prend en compte « que eran muy pobres e muy estragados et ydos morar ffuera de nuestro rregno por la cabeça grande que tenian de su pecho que eran sseysçientos maravedis ».
25 AHN, OM, carp. 55, doc. 12, publ. P Iradiel Murrugaren, « Bases económicas del hospital de Santiago en Cuenca : tendencia del desarrollo económico de la propiedad agraria », Anuario de Estudios Medievales, Barcelone, 11, 1981, p. 240, doc. 35 : « Por mucho serviçio e bueno que don Garcia Ferrandes, maestre de la cavalleria de la Orden de Santiago, el e la su Orden fisieron siempre a los reyes ende yo vengo e fasen a mi, et por faser bien e merçed a los sus logares de Quintanal e de Val Fermoso, que agora puebla, tengo por bien e mando que todos los sus vasallos que agora y moran e los que vinieren a morar e poblar de aqui adelante, que non pechen pecho ninguno que sea tan bien servicios commo ayudas e pedidos e fonsadera commo todos los otros pechos e derechos cualesquier que scan en qual- quier manera que yo en los dichos logares he o devo aver del dia de que esta carta es fecha fasta en dies annos primeros que vienen, salvo ende moneda forera. »
26 A. de Torres y Tapia, op. cit., II, p. 40. La concession est rapportée par F. Novoa portela, La Orden de Alcántara y Extremadura (siglos xii-xiv), Mérida, 2000, p. 178. Il convient cependant de corriger le sens que l'auteur lui donne dans la mesure où, ignorant le sens réel d'almotaceria, ce dernier en fait de façon tout à fait abusive un toponyme.
27 AHN, OM, Libro 1346, fol. 36r, publ. Manuel Gonzalez Jiménez, La repoblación de la zona de Sevilla durante el siglo xiv, Séville, 1993, (2e éd. augmentée), p. 114-115, doc. 5 : « Que tomen los molinos de accyte que la Orden ténia en estos lugares y que se aprobechen dellos. »
28 Le fait ressort clairement de l'exemple d'Alcántara. En 1286, la donation d'une dehesa au concejo de Zalamea fait suite à la charte de villazgo, concédée en 1270 à la communauté afin de dynamiser son peuplement (A. de Torres y Tapia, op. cit., I, p. 390-391 et 422). En 1338, pour Santibáñez, les deux mesures coïncident dans la mesure où le maître Gonzalo Martínez de Oviedo fait don à la ville de la dehesa de Rina en même temps qu'il confirme son fuero, intimant aux frères de cesser toute atteinte qui pourrait entraîner le départ des habitants (A. de torres y Tapia, op. cit.. Il, p. 17-18).
29 En règle générale, les ordres militaires introduisent parmi leurs dépendants une hiérarchie sociale tripartite, mise en exergue pour l'Hôpital par C. Barquerp Goni, « La Orden Militar del Hospital en la Mancha durante los siglos xii y xiii », dans Alarcos 1195. Actas del Congreso Internacional Comnemorativo del viii centenario de la batalla de Alarcos, (éd. R. Izquierdo Benito et F. Ruiz Gómez), Cuenca, 1996, p. 311. L'auteur, s'appuyant sur les chartes concédées par l'Ordre entre 1230 et 1248, distingue une élite dispensée d'impôt, formée des propriétaires de chevaux, de deux groupes de contribuables, astreints respectivement à acquitter la moitié et le quart d'un mara- vedi, selon qu'ils travaillent la terre avec ou sans l'aide d'animaux.
30 C. Barquero Goni, « La repoblación hospitalaria en la Corona de Castilla (siglos xii-xvi) », História. Instituciones. Documentos, Séville, 24 (1997), p. 84.
31 La charte de peuplement de la localité est perdue. La seule référence que l'on en conserve est tirée de l'enquête générale ordonnée par Philippe II dans son royaume. Elle n'apparaît pas dans l'édition du texte établie par Carmelo vinas et Ramón Paz, Relaciones de los pueblos de España ordenadas por Felipe II. Reino de Toledo, Madrid, 3 vol., 1951-1963, mais dans un manuscrit de l'Archivo General del Palacio, Infante don Gabriel de Borbón, Secretaría, legajo 760, doc. 216. La copie place l'initiative du prieur Garcí Pérez, appelé par erreur Juan Pérez, en 1306 et non pas en 1344, comme l'ont affirmé P. Guerrero Ventas, op. cit., p. 94, et J. Gonzalez Gonzalez, op. cit., I, p. 344, qui suivent la datation erronée proposée au xviiie siècle par Domingo Aguirre, El priorato de San Juan de Jerusalén en Consuegra en 1769, Tolède, 1973, p. 106. La relation des enquêteurs de Philippe II explique en ces termes le nom de la ville : « Esta villa se dice Villafranca, y la razón por que se dijo assi esporque al principio de poblarse han oido decir que se hizo franca por seis años porque se poblase. »
32 C. barquero Goni, op. cit., p. 79. Un exemple de cette exemption est rapporté dans la charte de peuplement concédée en octobre 1241 à Alcázar de San Juan, publiée par C. de Ayala Martinez (coord.), op. cit., p. 490-491, doc. 285 : « Fasta très años passados, que non pechen todo poblador fasta el primero año que tenga casa poblada. »
33 La plus ancienne attestation de cette franchise remonte aux statuts de 1274. Biblioteca Nacional de Madrid (BNM), ms. 8582, f° 48v : « Otrosi que todos los que vinieren de otra tierra a poblar a la tierra de la Orden que sean quitos de pecho por diez años e por que podria ser o acaesçer que el maestre non seria en la tierra e los pobladores non podrian aver sus cartas tomenlas del comendador de la casa sin chanceleria e valan fasta que ayanlas del maestre. » Les définitions de 1310 reproduisent un principe entièrement similaire. Antonio Aguado de Cordova, Alfonso Aleman y Rosales et José Lopez Agurleta, Bullarium equestris Ordinis sancti Iacobi de Spatha, Madrid, 1719, p. 262.
34 . Alvarado Planas, op. cit., p. 634, doc. 5 : « E por faser mas bien e mas merced a todos aquellos que de fuera de la nuestra tierra vinieren a poblar e a morar al dicho nuestro lugar de La Puebla de fuera de la nuestra tierra quitamosles de todos los pechos que a nos ovieren a dar del dia que vinieren morar a poblar fasta quince años siguientes de llevas e de requas e de pedidos e de todas las orras cosas que a nos e a dicha nuestra Orden obieren a dar salvo seis maravedis que nos de coda uno coda año en reconocimiento de señorio, con tal condition que ayan coda uno casas tejadas e pongan très aranzadas de viñas en tal manera que a cabo de los très años sean fechas las casas e puestas las viñas e dende en adelante que las labren sin mal engaño. »
35 Deux monographies ont été récemment dédiées à cette ville par Juan Miguel Mendoza Garrido et Luisa Navarro de la Torre, « Unas ordenanzas sobre Alcázar de San Juan a comienzos del siglo xiv », Cuadernos de Estudios Manchegos, Ciudad Real, 21, 1991, p. 169-191, et par C. Barquero Goni, « Alcázar de San Juan (1150-1346). Orígenes y desarrollo medieval de una villa de La Mancha », dans Actas del II Congreso de Jóvenes Historiadores y Geógrafos, Valence, 1993, p. 93-103.
36 L'arabisant Joaquín Vallve Bermejo, La división territorial de la Espana musulmana, Madrid, 1986, p. 285, identifie Alcázar de San Juan à la ville appelée dans les sources littéraires Qasr 'Atiyya ou Qasr Bani Atiyya, capitale de l'iqlîm ou district de al-Lujj, dans la cora de Tolède. Sa proposition a reçu l'accord de la plupart des spécialistes à l'instar de P. Guichard et P. Buresi, op. cit., p. 132.
37 C. Barquero Goni, op. cit., p. 94-95.
38 Le fuero concédé par l'ordre à la localité a été publié par C. de Ayala Martinez (éd.), op. cit., p. 490-491, doc. 285. il est prévu pour attirer trois cent soixante-deux chefs de famille sur place, soit un nombre sensiblement supérieur à celui des autres localités que l'Hôpital entreprend de développer au même moment dans la région. Ainsi l'a très justement relevé C. Barquero Goni, « La Orden Militar del Hospital en la Mancha durante los siglos xii y xiii », dans Alarcos 1195. Actas del Congreso Internacional Conmemorativo del viii centenario de la batalla de Alarcos, (éd. R. Izquierdo Benito et F. Ruiz Gômez), Cuenca, 1996, p. 310.
39 Archivo Municipal de Alcázar de San Juan, Perg., doc. 1, publ. Mariano Rubio Herguido, « El escudo de Alcázar », Noria. Cuadernos de Temas Alcazareños, Alcázar de San Juan, 1, 1962, p. 9 : « Tenemos por bien e mandamos que puedan facer de la su aldea de Alcázar, que es en Montearagon, villa sobre si y que aya séria y sello y mercado un dia en la semana y que aya aldeas, las que el gran comendador les diere de la su tierra y término según se Io departieren. »
40 D. Aguirre, op. cit., p. 77 et 129, et M. Rubio Herguido, Alcázar de San Juan, corazón de la Mancha, Ciudad Real, 1983, p. 24-30.
41 A. de Torres y Tapia, op. cit., 1, p. 475 et 521.
42 Le fait a été très justement souligné par M. Gonzalez Jiménez, op. cit., p. 62-63, sur la base du fuero concédé en 1327 par Calarrava aux localités de Caxar, Villalba et Villadiego dont certains des premiers colons sont présentés comme venus de Villanueva.
43 Antonio Herrera Gargia, « Un senorío santiaguista en la Edad Media : Villanueva del Ariscal », Estudios de História y de Arqueología Medievales, Cadix, 5-6, 1985-1986, p. 118, doc. 3. La cession viagère consentie en 1334 à la femme de l'amiral, à la suite de celle qui avait été octroyée à son époux, fait explicitement mention de l'obligation qu'elle contracte de peupler le lieu : « Otorgo e conosco que yo que pueble los vasallos de los dichos lugares y que les non desafuere. »
44 AHN, OM, carp. 87, doc. 4, f° 37-45, publ. M. Gonzalez Jimenez, op. cit., p. 145-150, doc. 16 : « Creyendo que la nuestra heredad e lugar que dizen de Castilleja de Santiago, que la dicha horden e nos abemos en el Axarafe desta dicha çiudad, çerca Gines, estaba como agora esta destruyda y despoblada y yerma, en tal manera que la nuestra dicha horden non aviamos dende algun probecho. »
45 Ainsi l'a souligné M. Gonzalez Jiménez, op. cit., p. 61 et 64, sur la base de leur absence du Libro Blanco de la cathédrale de Séville qui recense en 1411 les paroisses dépendant de l'archidiaconé de la ville. Le fait que le livre ne cite aucune de ces localités invite à penser qu'à l'époque de sa rédaction, elles n'étaient plus habitées et s'étaient transformées en despoblados.
46 C. Barquero Goni, « Aportación al estudio de la repoblación sanjuanista en la Mancha : cartas de población de Villacañas de Algodor y de Villaverde (año 1248) y capitulos de la población de Argamasilla de Alba (años 1542 y 1563) ». dans Actas del III Curso de cultura medieval. Reconquista y Repoblación, Aguilat de Campoo, 1994, p. 169-177.
47 .E Rodriguez-Picavea, « Politica forai y mecanismos repobladores en los señorios calatravos castellano-manchegos (siglos xii-xiii) », dans Actas del III Curso de Cultura Medieval. Reconquista y Repoblación, Aguilar de Campoo, 1994, p. 214.
48 Emma Solano Ruiz, La Orden de Calatrava en el siglo xv. Los señorios castellanos de la Orden al fin de la Edad Media, Séville, 1978, p. 249.
49 Le fait a été relevé à partir du procès de visite de 1494 par J.-P Molénat, Campagnes et monts de Tolède du xiie au xiie siècle, Madrid, 1997, (Collection de la Casa de Velázquez, 63), p. 439.
50 J.-P. Molénat, op. cit., p. 215-248.
51 Archivo Catedral de Badajoz, Bullas, legajo 1, doc. 15, ciré par Esteban Rodriguez Amaya, « La tierra de Badajoz desde 1230 a 1500 », Revista de Estudios Extremeños, Badajoz, 7, 1951, p. 407 : « Nos el conceio de Badajoz anduviemos en pleito e en contienda grand tiempo ante don Alfonso, noble rey que fué de Castiella e de León, con Us Ordenes del Temple e de Uclés por raçon que los comenda- dores de estas Ordenes poblaron de nuevo a Olivençia e a Táliga e a Villanueva e a los Santos e a la aldea de don Febrero e a la Solana e a la aldea de los Caballeros e al Çaraço en logares de nuestro ter- mino que nos tomaron por fuerça. » 11 faut corriger la transcription de l'acte sur un point puisqueles toponymes de Villanueva et de Los Santos ne font qu'un. Il s'agit de Villanueva de los Santos, qui est le nom médiéval de Los Santos de Maimona, comme l'a justement relevé Juan Luis de la Montana Conchina, « Obispados y Órdenes Militares. Problemas jurisdiccionales en la Transierra extremeña del siglo xiii », Alcántara. Revista del Seminario de Estudios Cacereños, Cáceres, 5, 1995, p. 45.
52 Ainsi l'a signalé Francisco Mazo Romero, El condado de Feria (1394-1505). Contribucion al estudio del proceso señorializador en Extremadura durante la Edad Media, Badajoz, 1980, p. 48.
53 M. Gonzalez Jiménez, op. cit., p. 63.
54 Leur nombre interdit de toutes les mentionner. Il convient cependant de souligner le rôle pionnier des contributions de Milagros Rivera Garretas, La encomienda, el priorato y la villa de Uclés en la Edad Media (1174-1310). Formation de un señorio de la orden de Santiago, Madrid-Barcelone, 1985, et, pour la période postérieure, de Miguel Rodriguez Liopis, Señorios y feudalismo en el reino de Murcia. Los dominios de la Orden de Santiago de 1440 a 1515, Murcie, 1985. Sur ce thème, parmi les nombreuses études récentes, la plus achevée est sans conteste celle d'E. Rodriguez-Picavea, La formación del feudalismo en la Meseta meridional castellana. Los señorios de la Orden de Calatrava en los siglos xii y xiii, Madrid, 1994.
55 Ainsi l'a exprimé, pour Calatrava, E. Rodriguez-Picavea, op. cit., p. 338-339. Sa position a été reprise en l'état par la plupart des historiens, à l'instar de F. Novoa Portela, op. cit., p. 238, C. Barquero Goni, « Los Hospitalarios en el reino de León (siglos xii-xiii) », dans El reino de León en la Alta Edad Media, León, IX, 1997, p. 425, étant le seul à introduire un léger correctif pour ce qui est de l'Hôpital.
56 M. Á. Ladero Quesada, « Comentario sobre los señorios de las Órdenes Militares de Santiago y Calatrava en Castilla la Nueva y Extremadura a fines de la época medieval », dans Las Órdenes Militares en el Mediterráneo Occidental (siglos xiii-xviii), Madrid, 1989, p. 176.
57 Il en est ainsi notamment de la Provence intérieure, pour laquelle Georges Duby, « La seigneurie et l'économie paysanne. Alpes du Sud, 1338 », Etudes rurales, Paris, 2, 1962, p. 5-37, comme, plus récemment, Benoît beaucage, « Les Alpes du Sud en 1338. Sur les traces de Georges Duby », Études Rurales, Paris, 145-146, 1997, p. 113-132, se sont attachés à souligner la continuité du faire- valoir direct dans les domaines hospitaliers de Provence jusque dans le premier tiers du xive siècle.
58 En 1214, un mandement d'Alphonse VIII ordonne aux autorités cathédrales de Tolède de respecter une telle concession. Le document a été publié par J. Gonzalez Gonzalez, El reino de Castilla en la época de Alfonso VIII, Madrid, III, 1960, p. 625, doc. 933 : « Sciatis quod ego cognoui pro bono pacis et pro uestro proficuo quod fratres in omnibus castellis habeant a quadraginta iugatas terre ad anni uicem, et totum aliud donent illis qui populari uoluerint ad quinnonem. » En 1229, la carta puebla délivrée par Santiago aux habitants de La Torre de Don Morant, l'actuelle Torrebuceit, près de Cuenca, confirme l'existence d'une réserve seigneuriale liée à la forteresse. M. Rivera Garretas, op. cit., p. 363-364, doc. 155, cité par C. de Ayala Martinez, « Fortalezas y creación de espacio político : la Orden de Santiago y el territorio conquense (ss. xii-xiii) », Meridies. Revista de Historia Medieval, Cordoue, 2, 1995, p. 31 : « E la Orden aya so castillo con sues casas e sue beredade que es des- terminada e sues vinas e sos ortos e sues ferrenes e sos molinos e sues ecclesias e las tiendas e los fornos teie- ros e los fornos del pan e las calonias e so mecrado e las carnicerias e los portatgos segunt el foro de Ucles. »
59 Le texte a été publié par M. Rivera Garretas, op. cit., p. 352, doc. 144 : « Mando la meatad toda de mi beredat que avia en Sancta Maria al prior don Gómez e a todos sos clérigos. E meti al prior don Gómez e a don Bartolomé e a frey Domingo de la Forcaiada e saqué a mi [...] E que la otra meatad de su fria que la lavrassen cada anno e quel diessen un kabiz de trigo e ella visquiesse demientre ella viva fuesse quel prestasse ; e si poaventura ella finasse, que remanesciesse aquelta meatad a la Orden. »
60 Ignacio José Orteca y Cotes, José Alvarez de Baquedano et Pedro de Ortega-Zuniga, Bullarium Ordinis militie de Calatrava (BC), Madrid, 1761, (rééd. Derek Lomax), Barcelone, 1981, p. 77-78 : « El diezmo de la labor de los moros que lo ayan los freyres entregamientre, sin ninguna particion, nin de obispo, nin de arcidiano ; e de sus reias, de sus villas, de sus buertas, de sus ganados, e de sus labores que freieren por sus despensas, que no den al obispo o a su vicario ninguna cosa. » Il a été lait état de cet accord par E. Rodriguez-Picavea, « Un ejemplo de aculturación cristiano-feudal en la frontera nazari : la Orden de Calatrava en Alcaudete », dans Actas del II Congreso de História de Andalutía. História Medieval, Cordoue, II, 1994, p. 56.
61 En août 1305. le maître de Calatrava, Garci López de Padilla, obtient de l'évêque de Cordoue que les dîmes des terres de l'Ordre dans le diocèse soient partagées pour moitié entre leurs institutions, sauf pour celles qui sont en régime d'exploitation directe, « saluo de los frutos que dicha Orden ubiere de los beredamientos que labrare con su rexa ». Archivo Catedral de Córdoba (ACC), caja Y, doc. 58. Quelque trois ans plus tard cependant, l'Hôpital échoue à obtenir de l'évêque un même privilège. ACC, caja O, doc. 222.
62 M. Rivera Garretas, op. cit., p. 71.
63 AHN, OM, carp. 325, vol. I, doc. 23.
64 Ainsi, en 1304, pour Calatrava selon les statuts publiés par Joseph O'Callaghan, « The Earliest Difiniciones of the Order of Calatrava, 1304-1383 », Traditio, New York, 17, 1961, p. 265, reproduit dans The Spanish Military Order of Calatrava and its Affiliates, Londres, 1975, VII : « Et man- damos que los comendadores traigan al capitulo escrito de sus casas c del pan e del vino e de los tozinos e de los ganados e de Us cabañas c de los percances, si los obieren, e de bueyes e de moros e de monts e de aceyte e de olivares i de cuenta de como los gastaron. » L'inventaire de la maison de l'Ordre à Fuente del Emperador, l'un des très rares à être conservé, vérifie le texte normatif. Lorsqu'en 1267, la propriété est cédée à titre viager par le supérieur de la milice à l'archidiacre de Calatrava, Ruy Martinez de Mosquera, elle est décrite comme comprenant six moros et une mora. AHN, OM, carp. 459, doc. 119. La grande difficulté pour lire l'original, en très mauvais état, oblige à se reporter à une copie du xviie siècle, de ce même fonds, conservée sous la cote AHN, OM, Libro 1344, f. 28r-v.
65 En 1306, il est interdit aux frères d Alcántara responsables d'une commanderie d'en vendre les biens constitutifs au sein desquels figurent en première place les esclaves. Ph. JOSSERAND, « Pour une étude systématique de la documentation statutaire des ordres militaires : deux manuscrits des definiciones inédites d'Alcántara de 1306 », En la España Medieval, Madrid, 20 (1997), p. 336 : « Otrosi mandamos que ninguno freyle pueda vender ni dar rnoro ni mora ni cavallo ni loriga ni ganado ni pan de L casa y el que lo pasare pierda el cavallo y las armas y la casa y sea echado a la puerta del convento y no sea resçibido a menos que torne el menoscabo que bizo y faga satisfaçion ordenada. »
66 E. Rodriguez-Picavea, op. cit., p. 339, a récemment affirmé qu'il n'avait été conservé dans la documentation de Calatrava aucune référence à l'emploi de travailleurs salariés. Il me semble cependant qu'il est possible d'en relever une mention dans les mercenarii cités dans les premiers statuts de l'Ordre, publiés par D. Lomax, « Algunos estatutos primitivos de la Orden de Calatrava », Hispania, Madrid, 21, 1961, p. 493 : " Similiter propter infamiam deuitandam consulimus ut magister et seniores in commune decernant et prouideant unde mercede mercennariorum suorum quam eis soluere tenentur habere ualeant. » Il me semble en effet difficile de les considérer comme des auxiliaires militaires ainsi que l'a bien relevé Alan Forey, « The Military Orders and the Spanish Reconquest in the Twelfth and Thirteenth Centuries », Traditio, New York, 40, 1984, p. 221, n. 141, repris dans Military Orders and Crusades, Aldershot, 1994, V.
67 AHN, OM, carp. 426, doc. 143.
68 Présente dans de nombreux documents, l'expression est employée dans la concession réalisée par Calatrava en 1340 des terres de l'Ordre situées à Almojón, Caxar et Villalba. L'acte prévoit que, passé les sept premières années, les dépendants seront tenus d'acquitter à Calatrava, en plus de la dîme, vingt maravedis pour chaque aranzada de vigne qu'ils auront plantée et le neuvième de leur récolte de céréales en reconocimiento de señorio. AHN, OM, Libro 1346, f° 120r-121 r.
69 Le fait a été signalé, à l'échelle des seigneuries de l'Hôpital dans la Manche, par C. Barquero Goni, « La repoblación hospitalaria en la Corona de Castilla (ss. xii-xvi) », História. Institucions. Documentos, Séville, 24, 1997, p. 78-79.
70 Ainsi l'a bien souligné pour Calatrava E. Rodriguez-Picavea, op. cit., p. 342-345.
71 E. Rodriguez-Picavea, op. cit., p. 346. Son avis a été récemment repris pour Alcántara par F. Novoa Portela, op. cit., p. 250.
72 Ce faisant, l'Ordre a été jugé aller à contre-courant de l'évolution générale par Julián Clemente Ramos, « Las sernas en el Becerro de las Behetrias », dans Homenaje al Profesor Juan Torres Fontes, Murcie, I, 1987, p. 299-318, en particulier p. 311.
73 Ce changement a été observé, à l'échelle de la commanderie calatravane de Zorita, par Francisco Fernandez Izquierdo, « Ôrdenes Militares y régimen señorial : los dominios de Calatrava en tier- ras de la provincia de Guadalajara (siglos xi-xiv) », Wad-al-Hayara, Guadalajara, 12, 1985, p. 75-76
74 Clara Estow, « The Economie Development of the Order of Calatrava, 1158-1366 », Spéculum, Cambridge (Mass.), 57, 1982, p. 278-280.
75 Le fait ressort des plaintes de l'abbesse qui demande à Alphonse XI en 1333 de déclarer nulles les concessions opérées par Ruy Pérez lorsque la gestion de l'Hospital del Rey lui avait été confiée. Javier Pena Pérez, Documentación del monasterio de las Nuelgas de Burgos (1329-1348), Burgos, 1990, p. 55-59, doc. 27 : « Otrosi que mostraron una carta del rey don Sancho, nuestro avuelo, en que se contenia que el, teniendo que podia poner en el dicho hospital a quien quisiese por comendadore aun darle a quien et quisiese para lo procurar e proueer e para despensar los bienes del dicho hospital, que el sobre dicho rey, nuestro avuelo, que lo dio al maestre de la Orden de Catatraua, et el maestre que dio algunas cosas e heredades del dicho hospital a algunos por tiempo çierto e a otros por sus dias. »
76 À ce sujet reste imprescriptible l'analyse de Luis Garcia de Valdeavellano, « El prestimonio. Contribución al estudio de las manifestaciones del feudalismo en el reino de León y Castilla durante la Edad Media », Anuario de História del Derecho Español, Madrid, 25, 1955, p. 5-122.
77 La pratique n'est pas propre aux ordres militaires. Elle a été analysée pour le monastère cistercien de Moreruela par Isabel Alfonso Anton, La colonización cisterciense en la Meseta del Duero. El dominio de Moreruela (siglos xii-xiv), Zamora, 1986, p. 91-92.
78 À plusieurs reprises, la terre cédée à l'Ordre est même accompagnée d'une somme d'argent, parfois importante, comme en 1285, quand Juan Alfonso de Albuquerque ajoure dix mille maravedis aux neuf casaux qu'il laisse à l'Hôpital près de Lemos, en échange du bénéfice viager de la maison de Cevico de la Torre, située aux environs de Palencia. AHN, OM, carp. 575, doc. 34, publ. C. Barquero Goni, « Los Hospitalarios en el reino de León (siglos xii-xiii) », dans El reino de León en la Alta Edad Media, León, IX, 1997, p. 612-615, doc. 50.
79 Tel est le cas de la donation viagère des domaines de Villanueva del Ariscal et de Castilleja, faite par le maître de Santiago Vasco Rodriguez au profit de l'amiral Alfonso Jufré Tenorio et de sa femme, dont nous avons vu qu'elle impliquait pour les bénéficiaires d'en assumer le repeuplement. AHN, OM, 87, doc. 4, fols. 33-34, publ. A. Garcia Herrera, op. cit., p. 118, doc. 3.
80 En 1271, pour la première fois, la concession viagère de la maison d'Olmos décidée par Calatrava en faveur de Jofré de Loaysa lui fait obligation d'investir deux mille maravedis dans l'achat de terrains dans la localité. AHN, OM, Libro 1344, f° 63r. En 1328, l'archidiacre de l'église de Zamora, Diego Arias Maldonado, s'engage de la même manière à augmenter les possessions dont Santiago lui concède la jouissance viagère à Ledesma : « Et rreçibolo de uos e de la dicha vuestra Orden en tal mariera que yo que la tenga en toda mi vida e a mi ffinamiento que uos lo dexo yo livre e quito desem- bargado a uos eala vuestra dicha Orden con todos los allinamientos e meioras que yo y ffizier. Et demays que alline yo y en esta vuestra dicha herdade una yugada demays de las que agora y estan allinadas. Et que jfagay un palaçio demays de lo que agora y esta. » AHN, OM, carp. 261, doc. 11.
81 En 1331, la veuve de Garcia Rodriguez de Valcárcel, entrée dans la confraternité de Santiago, fait ainsi le serment d'entretenir les bâtiments de la maison de Ribera qui lui a été donnée à titre viager lors du chapitre général de Mérida réuni en mars : « Et otrossy otorgo que yo que adobe luego las casas de Ribera e las repare muy bien et despues de mis dias que dexe en estas casas seys yuntas de bueyes bien adereçadas et ciento ovejas e çincuenta puercos de çoffurda para vuestra Orden ». AHN, OM, carp. 88, vol. 11, doc. 38.
82 Archivo Catedral de León, doc. 11326. Une analyse succincte du document, reprenant certaines des mesures qu'il développe, a été réalisée par José Antonio Martin Fuertes, Colección documental del Archivo de la Catedral de León XI (1301-1350). León, 1995, p. 283-284, doc. 2925.
83 À titre d'exemple, en 1323, Fernán Rodriguez de Valbuena acense en personne les maisons de San Juan Douve et de San Esteban de Briancon, relevant de la baylie de Portomarin, à Miguel Yánez contre le paiement annuel au commandeur d'une rente de mille maravedis, sur laquelle le prieur reçoit, lors de la signature du contrat, une avance de cinq ans. AHN, OM, carp. 578, doc. 17. Plusieurs documents d'une teneur similaire ont été conservés pour Portomarin. AHN, OM, carp. 578, docs. 14 et 15.
84 Pour Calatrava. l'affermage des mines d'AImadén est bien connu. Plusieurs auteurs en ont fait état, parmi lesquels C. Estow, op. cit., p. 285. Cette pratique ne leur est pourtant pas spécifique. Elle est au contraire, à partir du premier quart du xive siècle, largement utilisée pour les moulins (AHN, OM, carp. 464, doc. 239, et carp. 465, doc. 263), comme pour les fours, à en juger par l'exemple d'Auñón, où le maître Garcia López de Padilla afferme en 1318 aux habitants du village les installations détenues par l'Ordre contre une rente annuelle de six cents maravedis payables en deux termes, à la Saint-Michel de septembre et à Noël. AHN, OM, Libro 1346, f° 167r.
85 Ainsi l'a manifesté le commandeur de Cuenca, Diego Fernindez Navarro, lors du chapitre général de l'Ordre de Santiago en 1383, comme l'a relevé P. Iradiel Murugarren, op. cit., p. 212-213.
86 Le fait a été signalé par exemple pour Sancti Spiritus de Salamanque par Maria Echaniz Sans, Las mujeres de la orden militar de Santiago en la Edad Media, Salamanque, 1992, p. 136.
87 Les progrès de l'administration déléguée ont été remarquablement étudiés dans le cas de l'Hôpital en Provence par B. Beaucage, « L'effondrement de la gestion du patrimoine de I Hôpital en France du Sud-Est », Provence Historique, Aix-en-Provence, 179, 1995, p. 119-142.
88 M. A. Ladero Quesada, op. cit., p. 177.
89 E. Rodriguez-Picavea, op. cit.. p. 342-374. La division proposée par l'auteur a été reproduite dans ses moindres détails pour Alcántara par F. Novoa Portela, op. cit., p. 243-276.
90 Dans la plupart des cas, les dispositions des fueros concédés aux localités seigneuriales laissent le monopole de ces infrastructures à l'Ordre. Il en est ainsi à Miguelturra, d'après la charte de peuplement donnée à la ville en 1230 par Calatrava, éditée par Eduardo de Hinojosa, Documentos para la história de las instituciones de León y de Castilla (siglos x-xiii), Madrid, 1919, p. 149 : « La Orden ha de aver en el logar el cabo del vino e el forno. » À quelques reprises, le monopole est partiel, mais le contrôle de l'institution n'en est pas moindre dans la mesure où, s'il est ménagé aux habitants la liberté d'édifier un four, il leur est interdit, sous peine de le voir détruire, d'en faire usage à une finalité autre que privée. Le cas est attesté pour Calatrava à Huerta de Valdecarábanos, selon E. Rodriguez-Picavea, op. cit., p. 349. comme dans diverses villes des environs de Consuegra, étudiées par C. Barquero Goni, « La Orden Militar del Hospital en la Mancha durante los siglos xii- xiii », dans Alarcos 1195. Actas del Congreso Internacional Conmemorativo del VIII Centenario de la batalla de Alarcos, (éd. R Izquierdo Benito et F. Ruiz Gomez), Cuenca, 1996, p. 312.
91 En 1286, les autorités de l'Hôpital négocient avec les édiles de Fresno Viejo un partage détaillé des redevances auxquelles le droit de gîte leur ouvre droit dans la ville. C. de Ayaia Martinez (coord.), Libro de Privilegios de la Orden de San Juan de Jerusalén en Gistillay León (siglos xii-xv), Madrid, 1995, p. 608-611, doc. 380 : « Otrossi que el concejo de Fresno Viejo de ayantar al prior de la tierra una vez en el año conviene a saber quanto, quatro carneros e trinta gallinas e quatro cabritos, si la tomare en cl mes de abril o de mayo, e si en otro tiempo, denlle quattro ansares por los cabritos, e sesenta panes doblenes e un moravedi de la bona moneda en vino e doze eminas de cevada. »
92 Le fait a été justement souligné pour la commanderie de Zorita par F. Fernândez izquierdo, « El régimen concejil de Almonacid de Zorita bajo el dominio de la Orden de Calatrava (siglos xiii- xiv) », Anuario de Estudios Medievales, Barcelone, 16 (1986), p. 391-420.
93 E. Rodriguez-Picavea, op. cit., p. 352.
94 C. de Ayala Martinez (coord.), op. cit., p. 574-575, doc. 353 : « Vos mando que recudades a los freires desta Horden sobredicha [...] e rescibades los alcaldes e los merinos que ellosy pusieran e les ayu- dedes a fazer justicia si menester fuere [...]. E por esto tengo por bien e mando que seades quito de todos los pechos, assi como si los a mi diessedes, e penas e amparas e dobles e calonias que en Coviellas e en su termina Jueron fechas, todas sean de la Horden sobredicha. »
95 Il se peut qu'il doive être lié au contexte particulier de l'échange réalisé en 1281 entre Alphonse X et l'Hôpital au sujet des forteresses de Serpa, Moura et Mourão, dont la cession de Cubillas et d'autres biens situés dans la partie septentrionale du royaume se veut précisément la compensation. Ce point a été étudié en détail par C. de Ayala Martinez, « Alfonso X, el Algarve y Andalucia : el destino de Serpa, Moura y Mourão », dans Actas del II Congreso de História de Andalucia. Historia Medieval, Cordoue, I, 1991, p. 289-304.
96 E. Rodriguez-Picavea, op. cit., p. 317-319. Il n'est toutefois pas exclu que ce contrôle tende à se relâcher au début du xive siècle comme l'a signalé F. Novoa Portela, op. cit., p. 263-264.
97 Il est à ce titre révélateur que le fuero concédé par le maître de Santiago à Corral de Almaguer en 1315 oblige les habitants à se pourvoir en appel auprès des seuls tribunaux de l'Ordre. J. Alvarado Planas, op. cit., p. 631, doc. 4 : « Mandamos que la alzada de ellos que sean para ante el comendador de la dicha villa del Corral, e las alzadas de las sentencias que el diere que sean para ante el comendador mayor de Castilla, non siendo nos de los mojones adentro, e si alguno se agrabiare del juicio que dicho comendador diere que tome alzada para ante nos el agraviado que nos fueremos de los mojones adentro segund es dicho. »
98 Un aperçu de la densité du réseau de portazgos détenus par Santiago dans la partie castillane de ses domaines a été proposé par C. de Ayala Martinez, « Fortalezas y creación de espacio politico : la Orden de Santiago y el territorio conquense (siglos xi-xiii) », Meridies. Revista de História Medieval, Cordoue, 2,1995, p., 42-44.
99 Pour Santiago et Calatrava, les plus anciennes furent créées respectivement à Montiel en 1252 et à Almodovar del Campo en 1260. Il convient à ce propos de se reporter aux travaux réalisés par Angela Madrid y Medina, « Alfonso X el Sabio y la Mancha santiaguista », Espacio, Tiempo y Forma. Historia Medieval, Madrid, 2, 1989, p. 205-218, et par Luis Rafael Villegas Diaz, « Las ferias del Campo de Calatrava en la Edad Media. Una aproximación », En la España Medieval, Madrid, 11, 1988, p. 57-115.
100 Ce point a été signalé par E. Rodriguez-Picavea, op. cit., p. 362-365, qui s'est notamment livré à une étude détaillée de la façon dont Calatrava a patiemment cherché à obtenir la pleine propriété des mines de mercure d'Almadén que l'Ordre obtient lorsque Sanche IV confirme en 1285 une donation faite en 1281, alors qu'il était encore infant.
101 Ils ont fait l'objet, dans le cadre de l'archevêché tolédan, des travaux de D. Lomax, « El arzobispo don Rodrigo Jiménez de Rada y la Orden de Santiago », Hispania, Madrid, 19, 1959, p. 323- 365, et de J. O'Callachan, « The Order of Calatrava and the Archbishops of Toledo, 1157-1245 »., dans Studies in Medieval Cistercian History presented to Jeremiah F. O'Sullivan, Spencer (Mass.), 1971, p. 63-88, repris dans The Spanish Military Order of Calatrava and its Affiliates, Londres, 1975, VI.
102 Ainsi l'ont relevé, pour Calatrava et pour l'Hôpital, E. Rodriguez-Picavea, « Un ejemplo de aculturación cristiano-feudal en la froncera nazarí : la Orden de Calatrava en Alcaudete », dans Actas del II Congreso de Historia de Andalucia. Historia Medieval, Cordoue, II, 1994, p. 56, et C. Barquero Goni, « Los Hospitalarios en el reino de León (siglos xii-xiii) », dans El reino de Léon en la Alta Edad Media, León, IX, 1997, p. 433.
103 Le fait ressort des analyses conduites par Maria Luisa Guadalupe Beraza, Diezmos de la sede tole- dana y rentas de la rnesa arzobispal, Salamanque, 1972, p. 20-21, et M. Á. Ladero Quesada et M. Gonzalez Jimenez, Diezmo eclesiástico y producción de cereales en el reino de Sevilla (1408- 1503), Séville, 1978, p. 21.
104 M. Á. Ladero Quesada, « Comentario sobre los señorios de las Ôrdenes Militates de Santiago y Calatrava en Castilla la Nueva y Extremadura a fines de la época medieval », dans Las Ordenes Militares en el Mediterráneo Occidental (siglos xiii-xviii), Madrid, 1989, p. 178.
105 D. Lomax, « Pedro López de Baeza. Dichos de los Santos Padres (siglo xiv) », Miscelánea de Textos Medievales, Barcelone, 1, 1972, p. 174-175 : « De todos estos males pueden los freires ser escusados seyendo obedientes a su maestre e verdaderos a su horden et poblando bien los vasallos e desque fueren poblados non los desaforar, e fazerlos que bivan siempre en paz e enderesçando bien las heredades de la horden e non olvidando los ganados por que se grant casa mantiene, e asi seran rricos con la merçet de Dios e de su horden. »
106 M.-C. Gerbet, « Les ordres militaires et l'élevage dans l'Espagne médiévale (jusqu'à la fin du xve siècle) », dans En la España Medieval. V. Estudios en memoria del Profesor don Claudio Sanchez- Albornoz, Madrid, I, 1986, p. 413-445. Cet article a été publié par la suite dans les actes du colloque pour lequel il avait été écrit à l'origine, Les ordres militaires, la vie rurale et le peuplement en Europe Occidentale (xiie-xiiie siècles), (Cahiers de Flaran, 6), Auch, 1986, p. 79-105.
107 II fut entretenu par D. Lomax, La Orden de Santiago, 1170-1275, Madrid, 1965, p. 137, et plus encore par Charles Julian Bishko, « El castellano, hombre de llanura. La explotación ganadera en el área fronteriza de la Mancha y Extremadura durante la Edad Media », dans Homenaje a J. Vicens Vives, Barcelone, 1965, p. 201-218.
108 L'idée, avancée par E. Rodriguez-Picavea, « Agrarian Structure in the Calatravan Lordships of the Southern Meseta of Castile in the Twelfth and Thirteenth Centuries », dans The Military Orders. Fighting for the Faith and Caring for the Sick, (éd. M. Barber), Aldershot, 1994, p. 294, fut reprise dans sa thèse doctorale, op. cit., p. 176-182.
109 E. Rodriguez-Picavea, op. cit., p. 176 et 182-185. Ce faisant, l'auteur suit une hypothèse avancée sans véritable fondement par Reyna Pastor de Togneri, « La lana en Castilla y León antes de la organización de la Mesta », dans Conflictos sociales y estancamiento económico en la España medieval, Barcelone, 1973, p. 143 et 170.
110 Ainsi l'a souligné L. R. Villegas Diaz, « El sector ganadero en el Campo de Calatrava (siglos XII-XV) : Una realidad a revisar ? », dans Las Ôrdenes Militares en la Peninsula Ibérica. I Edad Media, (éd. R. Izquierdo Benito et F. Ruiz Gômez), Cuenca, 2000, p. 635-653.
111 De façon très juste, Daniel Rodriguez Blanco, La Orden de Santiago en Extremadura (siglos xiv y xv), Badajoz, 1985, p. 248, a relevé le recours fréquent au stéréotype dans les travaux orientés sur l'élevage médiéval dans la Meseta méridionale. Il transparaît que ce constat, établi pour les xive et xve siècles, est tout aussi avéré, sinon davantage, pour la période antérieure.
112 E. Rodriguez-Picavea, op. cit., p. 177, a montré que les premiers privilèges royaux étendant aux troupeaux des ordres militaires les franchises dont bénéficiaient ceux du monarque remontaient au règne d'Alphonse VIII, respectivement à 1169 et 1170 pour Calatrava et l'Hôpital. Ces documents ont tous deux été publiés par J. Gonzalez Gonzalez, op. cit., II, p. 198-199 et 238-239.
113 AHN, OM, carp. 5, vol. I, doc. 8, publ. Ramón Menéndez Pidal, Documentos lingülsticos de España. Reino de Castilla, Madrid, 1919, p. 175-176, et Juan Torres Fontes, « La Orden de Santa Maria de España », Anuario de Estudios Medievales, Madrid, 11, 1981, p. 815-816, doc. 7.
114 Le texte de ce privilège, daté du 9 octobre 1284, est inséré dans une copie conservée à la BNM, ms. 621, f° 209r-212r. De façon significative, il nous est parvenu dans un traslado composé en mai 1286 par les autorités municipales de Coria à la requête du commandeur de Santibáñez, Pedro Torcazo, qu'un correligionnaire produit, le mois suivant, à Zamora auprès d'un notaire public auquel il confie la charge de confectionner un autre exemplaire digne de foi dont l'Ordre puisse se prévaloir. Ce document est mentionné à plusieurs reprises par F. Novoa Portela, op. cit.. p. 229 et 255, sans que l'auteur n'en propose jamais une véritable analyse.
115 E. Rodriguez-Picavea, op. cit., p. 178-179, a présenté en détail les différents accords passés en ce sens par Calatrava avec les ordres de l'Hôpital et de Santiago, respectivement en 1232 et 1239, puis avec la ville de Tolède en 1269.
116 L. R. Villegas diaz., op. cit., p. 639-643, l'a bien montré en relevant le poids que conservent des activités comme la chasse ou l'apiculture. Il semble ainsi que l'empire des défens, dont parle, dès la seconde moitié du xiiie siècle, E. Rodriguez-Picavea, op. cit., p. 186-188, corresponde en fait à une réalité postérieure, de la fin du xv et plus encore du xvie siècle.
117 J.-P. Molénat, « L'organisation du territoire entre Cordillère Centrale et Sierra Morena du xiie au xive siècle », dans Génesis medieval del Estado moderno : Castilla y Navarra (1250-1370), (éd. Adeline Rucquoi), Valladolid, 1987, p. 75, et Campagnes et monts de Tolède du xiie au xve siècle, Madrid, 1997, (Collection de la Casa de Velázquez, 63), p. 216.
118 Ainsi l'a justement relevé M.C. Gerbet, op. cit., p. 97.
119 En 1304, les statuts de Calatrava, publiés par J. O'Callaghan, « The Earliest Difiniciones of the Order of Calatrava, 1304-1383 », Traditio, New York, 17, 1961, p. 265, reproduit dans The Spanish Military Order of Calatrava and its Affiliates, Londres, 1975. VII, prescrivent « que los comendadores traigan al capitulo escrito de sus casas e del pan e del vino e de los tozinos e de los gana- dos e de las cabañas e de los percances, si los obieren, e de bueyes e de moros e de moras e de accyte e de los olivares i de cuenta de como los gastaron. E si de otra manera lo hisieren pierdan las casas que tobie- ren e los cavalos e Lu armas ».
120 BC, p. 167-168. Cet élément a été noté par E. Rodriguez-Picavea, op. cit., p. 166.
121 Le fait ressort des statuts santiaguistes de Mérida en 1274. BNM, ms. 8582, f° 48r : « Otrosi que en las cabañas de las yeguas e de las vacas e de las ovejas e de los puercos de la Orden ayan comendadores freyres que den buena cuenta e verdadera al maestre e a los treze en cabildo general e los potros que Dios ay diere que los den a los freyres e non a otro ninguno e los freyres a quien los dieren que los non den ni vendan mas crienlos et siruan a Dios con ellos e a su Orden e los nouillos partanlos por las casas de la Orden con que labren e sean dados a los freyres en cabildo general. »
122 AHN, OM, carp. 260, doc. 9, publ. M. Rivera Garretas, op. cit., p. 401, doc. 193 : « Damos e otorgamos a vos don Gil Gomeç el nuestro castillo que es llamado Paracollos con la villa e con sus tér- minos, con entradas e con salidas e con aldeas pobradas e por pobrar e con vinnas e con ortos e con moros e con ganados e con rios e con fontes e con pastos e con montes e con açenias e con molinos e con todos los derechos que nos y avemos e con todas aquellas cosas que y ganarmos en nuestros dias. »
123 AHN, OM, carp. 459, doc. 119. Il convient, pour pallier les lacunes de l'original en très mauvais état, de se reporter à une copie rédigée au xviie siècle, conservée sous la cote AHN, OM, Libro 1344, f° 28r-v.
124 L. R Villegas Diaz, op. cit., p. 645-646.
125 M.-C. Gerbet, op. cit., p. 99-101.
126 Pour ce second ordre, la remarque de M.-C. Gerbet, op. cit., p. 101, corrobore les observations de E. Solano Ruiz, op. cit., p. 337.
127 AHN, Osuna, carp. 9, doc. 2, publ. Luis Vicente Diaz Martin, Colección documental de Pedro I de Castilla (1350-1369), Salamanque, II, 1997, p. 139-146, doc. 407 : « En aquello que la dicha carta dize que todos los ganados de lu dicha cabanna fuesen francos e quitos de todo derecho, por quanto por esta generalidat se podrian ayuntar e allegar a la dicha cabanna otras muchas vacas e ganados del mio sennorio por auer las dichas franquezas [... ] tengo por bien que aquella generalidat sea entendido de aqui adelante faste quinze mill vacas, e ocho mill ovejas e ocho mill puercos. »
128 En 1403, Henri III réduit le privilège de son prédécesseur dont l'institution ne sera plus désormais admise à se prévaloir que pour un total de « doce mil vacas, seis mil puercos y seis mil ovejas ». AHN, OM, carp. 432, doc. 238.
129 Une nouvelle modification du privilège est introduite en 1429 à l'initiative de Jean II. Elle n'en signifie pas seulement la réduction, mais marque un changement de composition du cheptel de l'Ordre, mis en relief par E. Solano Ruiz, op. cit., p. 337, puisque sont exemptées douze mille tètes d'ovins et de caprins pour deux mille porcs et autant de bovins seulement. Le document est conservé à l'AGS, Mercedes y Privilegios, legajo 3, f° 54
130 Conservée sous la cote AHN, Osuna, legajo 351, doc. 1, la copie de la donation, établie au xvie siècle, a été publiée par J. Gonzalez Gonzalez, Reinado y diplomas de Fernando III, Cordoue, III, 1986, p. 93-96, doc. 575.
131 AHN, OM, carp. 567, docs. 26 et 27, publ. A. Javierre Mur, « Aportación el estudio del pro- ceso contra el Temple en Castilla », Revista de Archivos, Bibliotecas y Museos, Madrid, 69, 1961, p. 86-88 et 88-91.doc. 8 et 9.
132 Il convient de rectifier le total de vingt-neuf mille maravédis présenté par A. Javierre Mur, op. cit., p. 59, qui omet en outre de mentionner l'aspect contradictoire des deux déclarations.
133 Selon le rapport de l'enquête, les habitants de Puebla de Alcocer « dixieren que de los diezmos e montadgos e portadgos, los otros derechos de pan e de ganados e de colmenas e de la barca e del rio e la corta de los montes, diezmo de los caçadores, de los ballesteros de monte e de los granieros que cogen grano de la tierra e de los pescadores e de los molinos, de las calonnias, los pechos de los vasallos e el dere- cho de la eglesia que esto non pueden ellos saber cierto quanto rende, mas que segun cuydan que todas estas cosaspueden rentar tanto como las dichas dehesas ». Les habitants de Capilla, qui précisent pour leur part le montant de certains droits qu'ils connaissent bien pour les avoir acquittés, « dixieron que el montadgo e el diezmo de les ganados de fuera que desmauan en la tierra de Capiella que puede voler coda anno quatrocientas cabeças de ovejas », A. Javierre Mur, op. cit., p. 87-88 et 90.
134 .L'importance de la commanderie a bien été perçue par Gonzalo Martinez Diez, Los Templarios en lacorona de Castilla, Burgos, 1993, p. 172-176. Non sans une certaine emphase. Maria José Lop Otin, « Un ejemplo del proceso senorializador extremefio : el señorio de Capilla (siglos xiii-xvi) », En la España Medieval, Madrid, 13, 1990, p. 211-212, en a même fait la principale du royaume.
135 Il me semble intéressant à ce sujet de souligner que pour la fin du Moyen Âge, où cette pratique est plus répandue, D. Rodriguez Blanco, op. cit., p. 258, a relevé que la documentation réunie sur le thème était beaucoup moins importante qu'on aurait pu spontanément l'escompter.
136 AHN, OM, carp. 460, doc. 139 et 143, carp. 462, doc. 186, carp. 463, doc. 206, et carp. 464, doc. 221. Les premiers de ces actes ont été cités par E. Rodriguez-Picavea, op. cit., p. 184-185.
137 En février 1318, le maître de Calatrava, Garcia López de Padilla, afferme au concejo d'Almodóvar del Campo la dehesa de Villa Garcia, située à proximité de la cañada qui traverse le finage, en échange du versement de cinq mille maravedis annuels. AHN, OM, carp. 463, doc. 205. L'état très défectueux de l'original oblige à se reporter à la copie établie dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, conservée sous la cote AHN, OM, Libro 1345, f° 164r-v.
138 La plupart des redevances à part de fruit s'élèvent à la moitié du croît, à l'instar de celle à laquelle s'oblige en 1328 le concejo de Villatobas envers le maître de Santiago « por la merçed que vos el dicho sennor maestre ffazedes al dicho lugar en rrazon de los dichos terminos de Escorchon, de Montalegre, de Santa Cruz, de Villoria, de Villa Ruvia. que pazcan en ellos con los sus ganados, otorgamos et pro- metemos de vos dar daqui adelante de cada anno siempre jamas la meytad del diezmo de la criança de todos los ganados que el dicho concejo oviere daqui adelante ». AHN, OM, carp. 243, vol. II, doc. 24.
139 Le maître de Santiago, Pelayo Pérez Correa, puis au début du xiv siècle, son successeur, Diego Múñiz, assurent ainsi le concejo de Montánchez que l'institution n'exploitera pas dans le finage d'autre dehesa que celle de Valverde, située à proximité du château. Ces privilèges sont insérés dans une copie de 1481, par laquelle le maître Alonso de Cárdenas en accorde le renouvellement, selon le témoignage de Juan Dominico Quirico dans un traité écrit au xviie siècle, intitulé Relation de las encomiendas de la Orden de Santiago, conservé sous une forme inédite à la BNM, ms. 946, f° 168r. L'auteur prétend avoir consulté l'acte à l'Archivo de Montánchez. Il ne m'a pas été donné de pouvoir vérifier ses dires
140 BNM, ms. 8582, f° 63r : « Establesçio el maestre que la meytad de los montadgos de coda rregno que les den para conprar lorigas. »
141 Étudié d'abord à l'échelle des possessions santiaguistes de Castille par C. de Ayala Martinez, « Fortalezas y creación de espacio politico : la Orden de Santiago y el territorio conquense (siglos xii-xiii) », Meridies. Revista de Historia Medieval, Cordoue, 2, 1995, p. 46, le système a été récemment décrit par l'auteur dans sa dimension globale, « Comendadores y encomiendas. Origenes y evolución en las Ôrdenes Militares castellano-leonesas de la Edad Media », dans Ordens Militares. Guerra, Religião, Poder e Cultura, (éd. I. C. Ferreira Fernandes), Palmela, I, 1999, p. 141-142.
142 Le fait a été souligné par D. Lomax, op. cit., p. 137, et M.-C. Gerbet, op. cit., p. 97.
143 C. de Ayala Martinez, « Las Ôrdenes Militares y la ocupación del territorio manchego (siglos xii-xiii) », dans Alarcos 1195. Actas del Congreso International Conmemorativo del VIII Centenario de la batalla de Alarcos, (éd. R. Izquierdo Benito et F. Ruiz Gomez), Cuenca, 1996, p. 95. À une moindre échelle et pour un tout autre sujet, un processus similaire de captation de rentes a été identifié pour la commanderie du Temple à Villasirga, qui a détourné à son profit, au milieu du XIIIe siècle, le cours du chemin de Saint-Jacques. Ph. Josserand, « Le Temple et le culte mariai au long du chemin de Saint-Jacques : la commanderie de Villalcázar de Sirga », dans Religion et société urbaine au Moyen Âge, Études offertes a Jean-Louis Biget par ses anciens élèves, (éd. Patrick Boucheron et Jacques Chiffoleau), Paris, 2000, p. 313-331, notamment p. 326-327.
144 L’échec de la monarchie à restreindre la perception des montazgos dans les possessions des ordres militaires a été mis en relief par M. Á. Ladero Quesada, Fiscalidad y poder real en Castilla (1252- 1369), Madrid, 1993, p. 126-129. Il a été voici peu illustré pour l'exemple de l'Ordre d'Alcántara par F. Novoa Portela, op. cit., p. 257-258.
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L'espace rural au Moyen Âge
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