L'organisation de l'espace dans le Nord du Portugal au Moyen Âge
p. 89-112
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Index géographique : France
Texte intégral
Les données naturelles et antécédents humains pré-médiévaux
1Le Nord du Portugal se définit avant tout comme une zone hiérarchisée par la présence de deux grands fleuves de la Péninsule, le Minho au Nord-Ouest et le Douro au sud, le cours de ce dernier constituant le plus évident, puissant et symbolique élément de séparation des zones plus au sud - surtout à l'époque où sa traversée constituait un obstacle difficile à franchir – puisque son cours dessine une vallée abrupte et étroite s'étendant sur plus de 200 km jusqu'à son embouchure. Le Minho, au contraire, au lit large et généreux, unit plus qu'il ne sépare les rives de la vallée qu'il dessine. À l'ouest s'étend la mer qui lui confère une identité atlantique marquée, tandis qu'au Nord-Est, l'altitude est l'élément qui contribue à sa spécificité géographique. La présence de ces trois éléments, mer, relief et hydrographie, trace une zone d'une grande diversité naturelle et dessine une opposition entre littoral et intérieur. Cette situation résulte de la réception variable de l'influence adoucissante de la mer, de la disposition des cours d'eau dans l'organisation du relief et de leur concentration sur la façade atlantique en même temps qu'une élévation des altitudes vers l'intérieur.
2Ainsi, sur le littoral, dont le trait le plus caractéristique est la proximité de l'Océan, le relief n'est jamais prononcé, le rebord côtier n'atteint pas les 200 mètres, tandis que dans la zone septentrionale intérieure (entre les fleuves Lima et Minho) quelques points, comme les chaînes de Peneda et Castro Laboreiro, dépassent 700 mètres, ce qui provoque une opposition entre les terres basses et les terres hautes. C'est un espace compartimenté par les cours d'eau (Minho, Lima, Cávado, Ave et Douro) qui, débouchant dans l'Atlantique, déroulent leur cours et celui de leurs affluents parallèlement, ce qui engendre – surtout dans la partie méridionale – une zone de grande compartimentation géographique formée par des vallées et collines (cf. figure 3). Le climat influencé par les aspects naturels déjà évoqués, se caractérise par l'action de vents modérés et doux mais avec un taux de pluviosité élevé qui maintient les sols toujours humides et lourds puisque la pluie peut tomber même en été et les pâturages sont permanents pour cette raison. La pénétration de l'air maritime est accentuée, provoquant des brouillards sur le littoral et des averses intenses sur les versants tournés vers l'ouest, quoique le climat des zones plus intérieures et plus élevées puisse être plus rude, avec des températures hivernales basses, des été courts et secs, des précipitations moins abondantes.
3La végétation naturelle se trouve aujourd'hui très modifiée, non seulement à cause de siècles de dégradations (occupation humaine intense, pâture en altitude, déboisement, exploitation minière) mais aussi à cause des vastes plantations récentes de pin atlantique. Cependant, en rapport avec les données climatiques et le relief, le littoral septentrional est la zone d'élection d'espèces acceptant bien la proximité de l'Océan et s'intégrant donc dans le type de végétation caractéristique de l'Europe atlantique; cette couverture végétale est confinée aujourd'hui dans ses formes les plus typiques aux points les plus élevés et inaccessibles. Les sols, marqués par l'érosion, surtout dans les vallées fluviales, sont majoritairement granitiques et leur sous-sol, actuellement exhaussé, offrait autrefois des filons d'étain, de cuivre et de fer.
4Au nord-est, la zone intérieure est fortement marquée par la présence du Douro et de ses affluents de la rive droite – l'un d'entre eux formant même la limite avec l'aire littorale – qui sont responsables du processus de creusement de la Meseta ibérique engendrant une zone d'altitudes inférieures à 400 mètres, la Terra Quente, très isolée parce qu'entourée de plateaux supérieurs à 700 mètres. Les régions les plus élevées, dépassant 1 000 mètres et avec des crêtes à 1 300 mètres (les chaînes du Gerês, Marão et Montesinho), correspondent à la Terra Fria. Une zone de transition relie les deux précédentes, avec des altitudes entre 400 et 700 mètres et des caractères communs avec les zones voisines. Cette hypsométrie, si expressive, conditionne les aspects climatiques, la végétation et la nature des sols de toute la région Nord-Est (cf. Figure 3).
5Ainsi, dans la Terra Fria, les étés sont courts tandis que les hivers se prolongent, avec froid et des chutes de neige pouvant persister de décembre à mars dans les zones les plus élevées. Les brouillards et les gelées sont très fréquents, pouvant apparaître dès septembre sur les crêtes et persistant jusqu'à mai ou même juin. L'influence atlantique engendre une pluviosité très élevée permettant le maintien de pâtures permanentes. Sur des sols essentiellement granitiques se développe une végétation où prédominent le châtaignier, le chêne noir, la bruyère et le genêt.
6En Terra Quente, les hivers sont plus doux et moins prolongés, la douceur des températures diminue la durée des gelées et la pluviosité est assez inférieure à celle de la Terra Fria puisque l'influence de la mer ne se fait plus sentir. Les étés, chauds et secs, se prolongent et le fond des vallées du Douro et de ses affluents connaissent des températures si élevées que leur climat peut être considéré comme semi-aride. Les sols sont généralement schisteux et la végétation s'adapte à une pluviosité moindre, avec prédominance du pin et du chêne. Dans les vallées chaudes des fleuves poussent des espèces de type méditerranéen et des arbustes du type maquis.
7Les particularités naturelles du Nord portugais impliquent que la réceptivité à la présence humaine et aux influences extérieures soit forcément différente sur le littoral et dans l'intérieur. En effet, sur le littoral, la mer, les fleuves, le relief, le climat et la variété végétale engendrent une alliance entre la terre et la mer capable de multiplier les ressources alimentaires et d'accueillir favorablement l'installation des hommes. Cet espace est propice également à l'établissement de contacts entre la zone côtière et l'hinterland (grâce à la disposition des fleuves, beaucoup moins asséchés que de nos jours) mais aussi vers l'extérieur puisque la mer garantit l'accès à des horizons lointains et un couloir naturel méridien et sublittoral permet aussi la liaison sans difficultés avec les régions plus au nord et au sud.
8Dans l'intérieur, au contraire, l'accentuation de l'altitude, les vallées abruptes creusées par les fleuves, l'éloignement de la mer, la rigueur du climat, la pauvreté des sols se joignent pour engendrer une rudesse des conditions, peu adaptées à la diversité des solutions d'exploitation et réduisant les ressources alimentaires, ce qui rend la zone peu favorable à une occupation humaine dense. Ces conditions naturelles ingrates étaient en outre peu favorables à l'établissement de contacts et engendraient un isolement généralisé de la région, notamment dans la Terra Quente où les terres basses paraissent enfermées par les plateaux plus élevés qui les délimitent. Cet isolement est responsable des liaisons difficiles et lentes, qui entravent la pénétration et la diffusion des influences venues de l'extérieur. La région tend donc à se fermer sur elle-même ou à s'orienter vers des espaces qui lui sont voisins, vers l'est, et avec lesquels elle était dans une continuité naturelle favorisant des liens plus aisés.
9L'action de conditions naturelles très variées et d'une inégale perméabilité aux influences extérieures devait forcément conditionner la capacité d'absorption, par la région Nord, des éléments culturels caractéristiques des peuples l'ayant occupée ou traversée au long des siècles, ce qui engendre des organisations de l'espace fatalement différentes sur le littoral et dans l'intérieur. La présence de ces données cuturelles ne peut être comprise correctement qu'en se rappelant que tout le Portugal est une périphérie, non seulement de la péninsule Ibérique mais aussi de l'Europe occidentale et de la zone méditerranéenne en particulier, ce qui conditionne évidemment sa réceptivité. Sa position spécifique explique que le Nord du Portugal se lie de préférence avec des aires culturelles, toujours plus vastes que lui-même et avec lesquelles il a des affinités naturelles, essentiellement atlantiques et que la région soit éloignée des influences d'origine méditerranéenne, tout ceci constituant un de ses caractères majeurs d'identité.
10Clarifions maintenant les principaux héritages culturels reçus par la région et qui aident à comprendre l'organisation de l'espace qui la différencie du reste du Portugal durant le Moyen âge.
11Ce fut durant l'Âge des métaux que la région connut l'altération la plus profonde et la plus significative dans son organisation spatiale. La richesse en argent, étain et or du Nord-Ouest ibérique rendait toute la région favorable à l'installation de communautés se consacrant à leur exploitation et transformation. Occupation favorisée par les caractères naturels, spécialement sur le littoral, où la disposition du relief et l'hydrographie (à l'origine de nombreuses collines dominant des vallées fertiles et irriguées) s'adaptaient bien à l'installation de formes d'habitat pratiquées par ces communautés, ce qui provoqua la prolifération de sites fortifiés (castros) révélateurs d'une forte fragmentation de l'occupation humaine.
12Quelques-unes de ces sites atteignirent, dans des phases postérieures, des dimensions que l'on peut considérer comme proto-urbaines. Polarisant un nombre variable de castros plus petits, ces noyaux proto-urbains tenaient le rôle de lieux centraux, constituant un mode d'organisation territoriale dépassant le cadre strictement local et, encore plus remarquable, assujetissant les éléments naturels, fleuves et reliefs.
13La spécificité de la localisation de la région la maintint éloignée des influences culturelles méditerranéennes à base urbaine, telles que celles des Tartessiens, Phéniciens, Grecs et Carthaginois qui ont tant contribué à l'identité d'autres zones ayant constitué le Portugal et notamment celle au sud du Tage. Associée à des horizons culturels de type atlantique, tels que l'univers argarique, plus sensibles sur le littoral que dans l'intérieur, la région ne resta pas isolée du reste de la Péninsule, pas plus que du reste de l'Occident puisqu'elle s'intégrait dans des circuits en complémentarité économique (puisque toujours fondés sur les métaux).
14L'intégration dans l'aire méditerranéenne advint seulement avec la conquête romaine, processus qui concerna toute la péninsule Ibérique et s'acheva ici autour de 25 av. J.-C. Cette chronologie tardive reflète le caractère périphérique de la région et peut-être aussi sa moindre adéquation à des processus de colonisation fondés sur la vie urbaine et sur des pratiques agricoles adaptées à des conditions naturelles très différentes de celles au nord du Douro. L'installation romaine résulta surtout de l'établissement de voies d'accès aux principaux centres d'extraction de l'argent et des autres métaux du Nord-Ouest péninsulaire. Zone de passage, la région ne connut pas, à cause de cela, une romanisation intense et profonde comme celle d'autres espaces ibériques.
15Comme il fallait s'y attendre, l'insertion dans le cadre normalisateur romain s'opéra surtout par l'ouverture de routes et la création de centres urbains destinés à hiérarchiser les circonscriptions administratives – dont le détail excède beaucoup les objectifs de ce texte – dans lesquelles la région vint s'intégrer et qui trouvèrent leur limite méridionale la plus év idente dans un élément naturel fort comme le Douro. Quoiqu'affectant inégalement le territoire et s'étendant sur plusieurs siècles, la romanisation n'alla pas sans contrarier d'ancestrales tendances à une fragmentation spatiale et contribua à renforcer l'opposition entre littoral et intérieur puisque ce dernier se montrait moins propice à la satisfaction des principaux intérêts de l'occupant, c'est-à-dire l'accès aux métaux du nord.
16La nécessité de garantir des contacts rapides et efficaces entre les zones minières du nord et le rivage méridional intensément romanisé engendra l'ouverture d'axes viaires sud-nord qui eurent une implantation préférentiellement littorale, mettant à profit le couloir méridien naturel existant ici. La prise en main de la région intérieure et la mise à profit de ses potentialités minières provoquèrent l'ouverture d'une autre route, d'axe ouest-est, engendrant une voie de contact entièrement nouvelle entre le littoral et la zone montagneuse du Nord-Est. S'intégrant dans le vaste réseau romain, ces routes permirent de dépasser les horizons spatiaux restreints des contacts entre citadelles au profit d'un dynamisme interrégional plus large, capable même de dépasser les limites de la Péninsule.
17Ces axes liaient les noyaux urbains fondés dans la région, Bracara Augusta, en plein centre de la zone des collines et vallées du littoral, et Aquae Flaviae, installée dans un des bassins les plus fertiles de la Terra Quente, introduisant pour la première fois dans la région la composante urbaine. Bracara, localisée sur l'itinéraire le plus commode entre le nord et le sud, devint le pôle organisateur d'une des unités administratives dans lesquelles s'insérait la région, le conventus bracaraugustanus, qui s'étendait à partir de sa limite sud du Douro très au-delà du Minho.
18L'ouverture des routes et la fondation des cités s'affirmèrent comme facteurs déterminants dans le processus de redistribution de la population préexistante, qui eut tendance à cause de cela à abandonner ou négliger une installation en sites fortifiés, en faveur d'implantations dans des aires plus basses, proches des voies de communication et des pôles urbains. Ces aires d'insertion des routes et des villes, correspondant aussi aux sites d'installation privilégiés par les colons venus de l'étranger, devinrent les espaces de plus forte romanisation, où purent se diffuser le plus profondément les éléments uniformisateurs de la colonisation romaine.
19Ces zones, néanmoins, tendaient à contraster avec d'autres, qui, à cause de leur isolement naturel (les sommets et les aires plus accidentées du nord-est), se caractérisaient par une présence romaine ténue et superficielle permettant le maintien des formes autochtones traditionnelles de relation avec le milieu. En fait, les conditions naturelles de la région se montraient, dans sa plus grande partie, peu adéquates à l'implantation des formes de propriété romaine telles que la villa mais aussi à la diffusion de cultures méditerranéennes comme la vigne et surtout l'olivier. La romanisation constitua cependant un élément de forte pression anthropique sur le mileu naturel et eut comme résultat un recul net des surfaces forestières au profit des aires de culture ou de pâture.
L'organisation de l'espace durant le haut Moyen âge : christianisation et réaction à l'invasion musulmane
20La période chronologique associée au déclin puis à la chute politique de l'Empire romain correspond à l'introduction d'éléments capitaux dans l'organisation spatiale de la région, éléments certes communs à l'ensemble de l'Europe romanisée mais s'adaptant aux spécificités de la région. Les uns résultent de la transformation d'éléments préexistants d'origine romaine, les autres sont liés à l'introduction d'influences germaniques et les plus importants et durables dérivent de la diffusion du christianisme. Ces perturbations adviennent toutefois dans une chronologie plus tardive que dans d'autres régions ibériques, une fois encore à cause du caractère périphérique de la zone.
21Le recul de l'hégémonie uniformisatrice romaine, l'instabilité amenée par les invasions et par le partage de la Péninsule entre les Barbares en 411 (conséquence de la pénétration des Vandales, Suèves et Wisigoths) eurent pour principales conséquences une baisse du dynamisme des éléments culturels de la romanité – qui se limitèrent aux noyaux urbains – et l'introduction et l'expansion d'une composante ethnique et culturelle germanique, de nature fortement guerrière et rurale.
22Ces deux situations se firent sentir avec une acuité particulière dans la région puisque celle-ci s'intégrait dans un espace romanisé et urbanisé de façon oasique, depuis toujours plus propice au retour d'éléments indigènes tels que l'occupation préférentielle de points élevés fortifiés (les castros) et l'orientation vers des activités pastorales. Ces circonstances, alliées à leur impact local spécifique, créèrent des conditions favorables à l'installation et au maintien des peuples envahisseurs, comme cela arriva avec les Suèves, qui parvinrent à organiser un royaume autour de Bracara, royaume maintenu jusqu'au vie siècle grâce à son excentricité par rapport à l'aire d'occupation des Wisigoths.
23L'occupation suève (ou plutôt germanique) introduisit une composante ethnique de poids dans la zone, comme le montre la profusion de toponymes d'origine germanique identifiés par le philologue J.-M. Piel dans la région au nord du Douro et notamment sur le littoral ; cette préférence résulte de la plus grande diversité des conditions naturelles et de la possibilité de contacts. En outre, la compartimentation de la zone littorale, susceptible d'engendrer des petites unités agraires, se montrait favorable à l'organisation patrimoniale assez fragmentée caractérisant l'installation de minorités guerrières d'origine germanique s'installant ici parce que séduites par la possibilité d'une plus grande autonomie de leurs pouvoirs dans cette région périphérique. Cette présence doit avoir eu une matérialisation, encore que discrète, s'exprimant par l'éclosion d'espaces fermés avec un recours à des formes d'exploitation encore grossières (cf. figure 3).
24Le manque d'attrait des nouveaux occupants pour la réalité urbaine permit le maintien et accentua le fragile dynamisme urbain de la région, dans laquelle les rares cités – parmi lesquelles le castellum de Tude dans le bas Minho et Portus Cale à l'embouchure du Douro étaient venues s'ajouter aux fondations antérieures – présentèrent dès le ive siècle une altération urbanistique importante : la présence de murailles conçues comme élément de protection capital face à l'insécurité croissante. Ces évolutions se montraient nettement favorables à la ruralité de la région et le village devenait l'unité fondamentale d'organisation d'un paysage marqué par l'opposition entre espaces dominés et espaces déserts, où la forêt regagnait du terrain, où la culture de la vigne faisait son apparition et où se confirmait l'importance de l'élevage.
25Avec son foyer à Bracara, la diffusion du christianisme, symbolisée par une figure comme S. Martin de Dume, prit une signification seulement assez tard (au Ve siècle) et eut pour conséquence le développement d'un réseau paroissial, c'est-à-dire un maillage de centres hiérarchisés de communautés de croyants installées dans des espaces plus ou moins vastes. L'encadrement du réseau paroissial, dirigé par des évêques dirigeant des diocèses installés dans des localités comme Dume ou Cale et sous l'autorité du métropolitain de Bracara, permit, dans la région, la continuité – encore que ténue – de la notion de pôle administratif associée aux noyaux urbains. Ceux-ci étaient désormais des espaces modifiés, dans lesquels l'édification d'une muraille était complétée par des altérations urbanistiques engendrées par l'action de la nouvelle foi se traduisant par une christianisation de l'espace urbain.
26L'organisation d'un réseau de paroisses rurales introduisit un élément nouveau et décisif dans l'organisation territoriale, étant donné que l'implantation de sa structure matérielle (le temple) – généralement dans le noyau de peuplement le plus important ou au croisement de chemins reliant les agglomérations – hiérarchisait l'occupation humaine en assumant un rôle croissant grâce à ses fonctions spécifiques. Dans la région au nord du Douro, les paroisses semblent être, selon les études faites jusqu'alors sur le Parochiale suevicum, plus nombreuses sur le littoral et notamment dans la zone entre Douro et Ave. Cette distribution suggère non seulement le plus grand dynamisme des populations du littoral mais aussi les difficultés de l'expansion du christianisme parmi les communautés rares et isolées du nord-est, plus attachées à leurs pratiques cultuelles antérieures.
27Parallèlement se produisit un essor des fondations monastiques, qui se développèrent surtout sous l'impulsion de la regula communis de S. Fructueux, surtout dans la zone littorale, où l'association de conditions naturelles propices à la pratique agricole avec un peuplement plus dynamique et, encore plus, l'implantation d'oligarchies guerrières propriétaires capables de financer et appuyer les fondations, créaient des conditions favorables à leur installation. Les monastères alors construits devinrent, comme les églises paroissiales, un des éléments forts de l'organisation spatiale, un point de repère dans l'horizon des autochtones et étrangers. La capacité de la zone littorale à accueillir les fondations monastiques au détriment de la région nord-est marque le début d'un facteur durable et s'accentuant plus tard dans l'organisation du paysage régional.
28Ce qui caractérise l'espace au nord du Douro au début du viiie siècle, au-delà de la présence d'une forte structuration religieuse, c'est la prédominance de la ruralisation (fruit de la symbiose entre les éléments traditionnels autochtones, la romanité et la contribution germanique) et un net recul de la vie urbaine. Ces circonstances, auxquelles s'ajoutent la localisation et les conditions naturelles de type nettement atlantique, ne faisaient pas de la région une zone favorable à l'occupation musulmane qui, au début du siècle, s'étendit sur une grande part de la Péninsule.
29Quoique totalement excentrique par rapport à l'aire d'installation préférentielle des envahisseurs musulmans (les zones méridionales plus chaudes et urbanisées), la région au nord du Douro connut cependant un ensemble significatif d'évolutions induites par l'invasion, étant donné que la zone fut occupée de façon éphémère par des groupes berbères jusqu'en 756. Les sièges épiscopaux restèrent vacants, les grands domaines sans leurs propriétaires, les cités sans encadrement et les communautés rurales livrées à elles-mêmes, situation qui dut se maintenir même après le départ des envahisseurs. La région acquit une évidente proximité avec les franges septentrionales de la zone musulmane, faisant d'elle une zone de contacts pouvant être à la fois pacifiques ou violents entre chrétiens et musulmans.
30Le littoral eut désormais le rôle défavorable de zone de passage des expéditions chrétiennes et musulmanes tandis que la piraterie maure (et, plus tard, les incursions vikings) éloigna la population du littoral et des vallées de contact avec l'hinterland et accentua l'occupation des sommets, renforçant la tendance ancienne à réutiliser les anciens castros et une raréfaction du peuplement, ce qui provoqua un recul des aires cultivées en faveur des forêts et pâtures.
31La rareté des informations disponibles laisse dans l'ombre et dans l'hypothèse les périodes ayant suivi l'invasion musulmane, de même que les premiers mouvements de récupération des territoires envahis, c'est-à-dire la réinsertion de tout le nord-ouest péninsulaire dans l'orbite chrétienne. Ce mouvement eut lieu au ixe siècle sous l'égide des monarques du royaume des Asturies, qui envoyèrent leurs délégués, appelés presores, choisis dans le cercle des guerriers ayant leur confiance. Ceux-ci réoccupèrent ce qui restait du réseau urbain et promurent à partir de là la restauration de l'autorité royale à travers la reprise en main des communautés qui étaient restées dans la région entre Minho et Douro.
32L'efficacité de cette stratégie passa par un renforcement des effectifs par des contingents humains venus de régions plus au nord et aussi de mozarabes ; là où dirigeaient les guerriers, le territoire était favorable, encore une fois par sa fragmentation naturelle, à l'installation patrimoniale et il avait l'avantage de constituer une périphérie de la zone de confrontation directe avec l'Islam, ce qui permettait non seulement l'accès à des pillages lucratifs mais aussi l'exercice d'importantes autonomies.
33Ainsi purent se développer des modèles d'occupation et d'exploitation déjà en œuvre dans les zones plus au nord, processus qui s'étendit sur une longue période – il n'aboutit qu'au xie siècle –, qui fut perturbé par des soubresauts internes et externes (entre autres les campagnes d'al-Mansur à la fin du xe siècle) et qui fut aussi influencé par des facteurs communs à toute la Chrétienté occidentale, surtout à partir du développement du caminho francês de pèlerinage vers Compostelle.
34Ce processus se traduisit dans la région non seulement par la croissance démographique avec les immigrés – ceux-ci probablement organisés en unités familiales s'opposant aux formes collectives préexistantes d'implantation – mais surtout par la récupération et expansion d'éléments auparavant en vigueur dans l'organisation du paysage, une fois encore en privilégiant le littoral et en contribuant à réaffirmer l'opposition littoral/intérieur.
35Ainsi fut promue, encore que de manière ténue et purement administrative, une relance des noyaux urbains du réseau romain primitif avec cependant la création d'une nouvelle agglomération, Guimarães, dans la zone de collines et de vallées la plus peuplée, qui fut dès l'origine associée à l'autorité puisque c'est là que s'installèrent les membres de la famille comtale tendant à recevoir l'autorité sur la terra Portucalensis (c'est-à-dire l'espace au nord du Douro). La fondation de Guimarães au centre du littoral entre Douro et Minho introduisit un pôle de pouvoir exclusivement laïc en évitant une installation à Braga, où la rivalité avec le pouvoir épiscopal était trop évidente.
À partir du xie siècle, monarques, moines et guerriers
36Ce retour de l'autorité royale chrétienne était indissociable de la hiérarchisation militaire de la zone, opérée surtout à partir de châteaux de sommité qui, profitant des reliefs ou des structures préexistantes (les castros), pouvaient ainsi sécuriser non seulement la très vulnérable zone côtière mais aussi les routes, chemins, cols et passages de fleuves. Ces points fortifiés, ne serait-ce que par leur position, s'affirmaient comme des éléments hiérarchisateurs de l'espace, dans la mesure où ils s'affirmaient comme centres de circonscriptions administratives encadrant désormais la région. Ces unités militaires, judiciaires et fiscales, dont il est difficile de préciser les fonctions, comprennent des aires très vastes dans le nord-est, à cause de la disposition du relief et des difficultés de contacts, mais la fragmentation naturelle du littoral contribuait à y créer des unités de moindre dimension. Le réseau administratif, en dépit de son lien avec la monarchie, constitua un instrument fondamental de renforcement du rôle politique régional des lignages guerriers en assurant le commandement, dans un processus semblable à ce qui se passait dans le reste de la Chrétienté.
37Ce processus de réinstallation d'un pouvoir laïc au nord du Douro s'accompagna d'un renforcement du réseau religieux, soit par la restauration des anciens diocèses (Braga en 1070, Porto en 1113, Tuy – englobant l'entre Lima et Minho – en 1071), soit à travers la reconstitution du réseau paroissial, encore une fois plus dense sur le littoral que dans l'intérieur, comme en témoigne le nombre élevé de paroisses (573) recensé au xie siècle dans une zone pourtant restreinte, l'entre Lima et Ave. Ceci semble confirmer que, dans la majorité des cas, c'était une réintégration de communautés ayant subsisté dans des structures hiérarchisées et institutionnalisées, permettant leur insertion dans l'unité plus vaste de la Chrétienté ibérique et contrariant ainsi les pratiques locales capables de soutenir la tendance autonomiste manifestée par des communautés isolées.
38La renaissance de l'encadrement paroissial fut complétée par un mouvement parallèle de fondations ou refondations monastiques, qui trouvèrent leur terrain favori sur le littoral, où les contingents guerriers enrichis par les razzias de plus en plus fréquentes vers les villes islamiques méridionales finançaient les initiatives, ce qui engendra un lien étroit et continu durant tout le Moyen Âge entre les monastères et les oligarchies guerrières venant s'installer dans la région.
39Ces monastères, dans un essor architectural dont les traces furent ensuite absorbées ou transformées par les postérieures reconstructions, agirent comme principaux agents dynamiseurs d'exploitation des ressources naturelles et assumèrent une orientation essentiellement agricole. Basés sur la culture des céréales, la diffusion de la vigne et du lin, ces modes d'exploitation étaient mieux adaptés aux conditions des zones de vallée et de colline du littoral, où l'irrigation pouvait coexister avec la culture sèche et où la récolte d'algues marines permettait de fertiliser les sols. Ceci eut pour conséquence le recul de la concurrence de l'élevage, des pâtures et surtout de la forêt puisqu'il fallut accroître les aires cultivées, mouvement devenant visible à partir des années 980 avec des indices de défrichement capables de favoriser la diffusion des cultures herbacées et ligneuses. Cette orientation - conséquence évidente de la symbiose entre les conditions naturelles et les données culturelles - favorisa des formes de peuplement de type dispersé, contrairement au nord-est où se maintenait un habitat concentré, et ceci favorisa le maintien de communautés petites et isolées mais solidaires et cohérentes et donc disposées à maintenir une plus grande autonomie face aux pouvoirs venus du dehors.
40Le retour de la région dans l'orbite chrétienne fut assez lent pour consolider les stratégies d'appropriation de l'espace mais aussi pour les adapter aux évolutions conjoncturelles. Ainsi, à la fin du xie siècle, quand la ligne du Tage se consolidait et alors que la prise de la mythique Tolède rendait irréversible le mouvement de Reconquête déjà idéologiquement solide, la région se présentait comme une zone encore frontalière orientée vers le Sud et dont l'évolution était très liée aux vicissitudes de la progression territoriale chrétienne. C'est précisément cette interdépendance avec la reconquête qui créa les conditions favorables à son autonomie politique, perspective qui avait toujours été présente en vertu de son caractère périphérique et frontalier.
41En effet, en 1096, Alfonso VI de León, préoccupé par l'invasion almoravide et voulant garantir une plus grande efficacité à la ligne frontalière du Mondego, démembra de la Galice les terres situées au sud du Minho, unissant sous le même gouvernement la terra Portucalensis et le comté de Coimbra (qui comprenait les territoires occupés au sud du Douro), et les remit à son gendre Henri de Bourgogne, dont l'ardeur guerrière était plus adaptée à une zone de contact direct avec l'Islam. Cette décision ouvrit un processus irréversible d'éloignement politique de cette région, appelée « Comté portugais », par rapport à la couronne léonaise, processus qui culmina avec la reconnaissance en 1143 du titre de roi au fils d'Henri, Afonso Henriques, et la constitution du royaume du Portugal (cf. Figure 4).
42La région au nord du Douro émergeait alors comme une base spatiale importante pour la nouvelle unité politique, une aire plus ou moins stabilisée, déjà éloignée des zones de contact direct avec les musulmans et dans laquelle se concentraient les effectifs humains et les potentialités économiques indispensables à la progression territoriale et à l'affirmation du récent royaume portugais. Elle se caractérisait, dans cette phase d'autonomisation politique, par la possession déjà ancienne d'une organisation territoriale adaptée à la société chrétienne, guerrière et rurale la peuplant mais cependant marquée par ses caractères naturels et par les héritages culturels des diverses communautés humaines l'ayant occupée.
43Cette organisation spatiale était étrangère à l'émergence des frontières que l'émancipation politique voilait faire reconnaître puisqu'elle était commune à une région plus vaste (incluant au moins le Sud de la Galice et des aires de l'Estremadura léonaise) dans la mesure où elle était informée par des facteurs naturels de grande ampleur et par des héritages culturels communs. Les tendances naturellement centrifuges s'associaient à la présence et à la domination d'une seigneurie, surtout dans la zone littorale (en opposition avec le nord-est sous-encadré), et la région pouvait donc être disputée par l'unité politique voisine.
44Cette situation n'était pas propice pour une monarchie en cours d'affirmation, qui était obligée, pour garantir sa souveraineté sur la région, de se consolider face aux pouvoirs internes concurrents mais aussi par rapport au souverain voisin lui disputant ces territoires limitrophes. Ainsi, au long des xiie et xiiie siècles, les monarques portugais vont développer dans la région un ensemble d'interventions diversifiées et complexes, responsables d'altérations significatives dans les éléments d'organisation territoriale. Par ailleurs, la zone connut les effets de la continuation ou du développement de situations antérieures, de même que d'autres transformations s'insérant dans la plus vaste conjoncture de croissance de l'Occident chrétien.
45Au long de la période considérée, la zone littorale connut une occupation humaine intense qui s'accrut durant le xiiie siècle et qui apparaissait dans le nombre élevé des paroisses (205 entre Lima et Minho, par exemple). Une population si nombreuse put intégrer les contingents qui furent dirigés vers l'occupation des territoires situés surtout au sud du Mondego, alors encours d'intégration dans le royaume par conquête. Ce dynamisme démographique s'exprimait non seulement à travers une microtoponymie variée et dense mais aussi par la fragmentation des unités d'exploitation agricole : on relève des parties de casal, vilares, leiras (parcelles) avec les adjectifs significatifs neufs/vieux ou d'en bas/d'en haut, surtout dans les zones de vallées et de collines où se localisaient les sols les plus fertiles et irrigués.
46Cette situation dut avoir pour corollaire une intense exploitation des ressources naturelles engendrant une anthropisation accélérée du paysage naturel qui, dans certaines zones, pouvait se transformer en dégât irrémédiable. Ces paysages déjà très marqués par l'action de l'homme établissaient un équilibre entre l'ager, le saltus et la silva, dans des pourcentages variables selon les particularités locales; l'omniprésence de l'eau y était une spécificité régionale, révélée dès le Moyen Âge par une toponymie dense et variée et confirmée par de nombreuses mentions documentaires de fleuves, rivières, ruisseaux, digues, barrages, puits, sources et fontaines.
47Les zones forestières se situaient naturellement dans les régions au relief accentué et étaient à l'époque assez denses pour permettre l'existence d'ours, sangliers, cerfs, loups et la récolte de miel et de cire sauvages ainsi que de glands. Plus proches des zones humanisées et des terrains cultivés se trouvaient les massifs de chênes et châtaigniers desquels était extrait le bois (extrait aussi des bosquets arbustifs).
48Le paysage agraire semble avoir été dominé par la présence des céréales, surtout le blé associé au millet, à l'orge et au seigle (et surtout avec ce dernier), dans des associations de semailles de printemps avec des semailles d'été. Ces céréales étaient semées sur des terres asséchées car les plus humides étaient réservées au lin. La culture de la vigne commença à gagner du terrain, surtout au xiiie siècle, parmi les emblavures et les linières. À proximité des habitations ou des villages prenaient place les clos, espaces réservés aux produits horticoles. La mention d'ovins et caprins dans toute la région atteste l'abondance des pâturages, que l'abondance des pluies maintenait verts et frais. Les arbres fruitiers, parmi lesquels prédominaient le figuier, le pommier et le poirier, étaient isolés ou en groupes.
49La mer, sur tout le flanc ouest de l'entre Minho et Douro, s'opposait à cette prédominance de la terre. Redoutée auparavant, elle va l'être de moins en moins puisque la piraterie diminue, surtout à partir du xiiie siècle, et parce que le développement technologique permit l'exploitation des potentialités maritimes. Sur le littoral, commencent à se construire des paysages plus peuplés, balisés par la blancheur des salines, par la noirceur des tas d'algues en train de sécher, par la présence des pêcheries, par les embarcations rassemblées à l'abri des petits ports naturels.
50Mais cet espace complexe s'organisait aussi en fonction d'un autre paysage résultant de la distribution des droits sur le sol. La géographie patrimoniale se caractérisait par la fragmentation et la dispersion des patrimoines, qui ne devait pas être d'appréhension facile. De fait, les parcelles étaient rarement délimitées sur tout leur périmètre par des marques intentionnelles car on utilisait de préférence des éléments naturels comme les arbres (surtout les plus isolés et les moins fréquents), des pierres ou des sources, susceptibles de s'intégrer dans le milieu naturel.
51Le patrimoine royal était présent un peu partout puisque le monarque possédait des biens immobiliers dans la majorité des paroisses de la région; ce patrimoine tendait à s'enrichir de moyens de production comme des moulins et des pressoirs et il était d'une certaine manière hiérarchisé par les points où s'installaient les greniers, aires de battage et enclos à bétail, c'est-à-dire par les lieux où les fonctionnaires procédaient au rassemblement des rentes et droits dus par les tenanciers royaux. Ce patrimoine fut l'objet d'attentions spéciales dans la seconde moitié du xiiie siècle dans le but non seulement de l'agrandir mais aussi d'en augmenter le rendement. Ainsi fut encouragée la concession de terrains incultes (situés généralement dans des zones élevées, peut-être déjà aux limites de la rentabilité) pour défricher et établir des unités d'exploitations, les casaux. Dans les aires d'occupation ancienne, les casaux furent dédoublés pour répondre aux problèmes engendrés par la croissance démographique et pour multiplier les possibilités de revenus fiscaux.
52L'implantation patrimoniale seigneuriale atteignait entre Douro et Minho une intensité très supérieure aux autres régions du territoire portugais. Cette situation résultait en grande partie des traditions spécifiques présentes au moment où ce territoire s'intégra dans le royaume du Portugal, très favorables à l'implantation de communautés monastiques et de groupes nobiliaires. De fait, lors de l'indépendance, les monastères bénédictins étaient déjà nombreux - beaucoup ayant d'ailleurs adopté la règle clunisienne, introduite dans la région vers 1080-1090 - et se joignirent à eux, surtout après 1131 (création de Santa Cruz de Coimbra), des monastères de chanoines réguliers Augustiniens et quelques rares fondations cisterciennes après l'érection de Santa Maria d'Alcobaça (1153). Dans la seconde moitié du xiie siècle, le rythme de la croissance monastique se ralentit, le réseau monastique se trouvant stabilisé durant le xiiie siècle.
53Avec une limite d'implantation extrême vers l'est sur le Tâmega, ces monastères s'installaient de préférence dans les vallées des principaux fleuves parallèles au cours du Douro et du Minho, là exactement où se localisaient les terres les plus fertiles et irriguées de toute la région. Ces monastères bénéficièrent d'un essor de la construction qui se déroula surtout dans la seconde moitié du xiie siècle et qui canalisa vers ces institutions les profits obtenus dans les pillages de la zone méridionale par des membres de la noblesse ; les moines disposaient de constructions de dimension et de qualité suffisantes pour s'incorporer dans le monde rural et fonctionner comme des éléments structurants du paysage environnant. Ces édifices polarisaient des patrimoines dont les dimensions étaient presque toujours en raison directe de leur importance et de leur popularité auprès des croyants ; ils étaient constitués par le noyau central le plus significatif de propriétés, à leur proximité immédiate, et par un nombre variable de parcelles pouvant se disperser sur un nombre considérable de paroisses et incluant des terrains de culture, des prés, des bois et quelques instruments de production (cf. Figure 5).
54Grâce à leur implantation spécifique de grande proximité par rapport aux communautés rurales, le réseau monastique constituait un élément clé de l'encadrement des hommes et de l'espace et le premier roi, Afonso Henriques, y recourut durant les premières décennies de son règne, quand la nécessité d'affirmation nationale face aux opposants extérieurs et la faiblesse du maillage administratif royal interdisaient un contrôle efficace des populations en arrière de la frontière ; à partir de la seconde moitié du xiie siècle, ce recours sera abandonné au profit d'autres stratégies, plus efficaces dans l'optique royale. Cette situation favorisa la concession par le monarque de chartes d'immunité à un grand nombre de monastères entre Douro et Minho, qui obtinrent ainsi des espaces immunistes, les coutos, comprenant presque toujours une aire en contiguïté immédiate avec le monastère.
55La présence patrimoniale ecclésiastique était complétée, dans la région, par les patrimoines liés aux structures diocésaines, dans lesquels le principal rôle revenait aux évêques et chapitres. Localisés dans des aires plus ou moins étendues, ils s'organisaient surtout en fonction du centre urbain où ces institutions avaient leur siège, c'est-à-dire à Braga, Tuy et Porto. Comme propriétaires installés au siège du diocèse, ils n'avaient pas de contact direct avec leurs paysans, ce qui empêchait leur présence d'avoir le même impact sur l'espace que celui des monastères. Dispersées sur des zones immenses – surtout dans le cas de Braga, diocèse héritier d'une ancienne et vaste implantation -, au-delà du seul littoral, les parcelles de ce patrimoine étaient hiérarchisées par les lieux de collecte des rentes, les greniers, installés dans des sites plats d'accès facile vers lesquels convergeaient les paysans dans un mouvement centripète souvent intense.
56Contrairement à d'autres zones du territoire portugais, les ordres militaires étaient des propriétaires négligeables entre Lima et Minho. Seul l'ordre de l'Hôpital, implanté à son origine près de Porto, avait une implantation consistante et disséminée dans toute la zone. Globalement, ils étaient éloignés des zones les plus peuplées (où prédominaient les monastères et institutions diocésaines) au profit de franges moins denses offrant de meilleures possibilités de pénétration patrimoniale. Là ils parvenaient à organiser des commanderies, sous forme d'une concentration des biens fonciers mais pas encore de bâtiments spécifiques – ceux-ci étant édifiés plus tard.
57L'entre Douro et Minho était depuis des siècles la zone d'élection pour l'installation de groupes militaires nobiliaires. Il est donc logique que leur présence patrimoniale fut significative, même au xiiie siècle, quand les principaux lignages se furent déplacés vers le sud, à cause de leur lien avec une monarchie résidant de plus en plus au sud de Coimbra. Pour de nombreuses familles, l'entre Douro et Minho restait leur zone d'origine dans laquelle se localisait leur base patrimoniale, souvent éponyme de leur désignation et dans laquelle se trouvaient les monastères sous leur tutelle, à la fois sépulture de leurs ancêtres et gardiens de la mémoire des actions de leur lignage et de leurs archives (cf. Figure 5).
58Leur présence gagna, à partir de la seconde moitié du xiiie siècle, une matérialisation plus nette, par la prolifération de résidences seigneuriales, généralement sous forme de tours sises sur les collines dominant les vallées et constituant donc des points de référence spatiale signalant leur présence et leur prééminence. Ces constructions, flanquées de leurs centres domaniaux, étaient les points centraux de patrimoines variables (pouvant englober une aire assez vaste, dans le cas des plus importantes familles) et caractérisés par une grande fragmentation. Dans les couches inférieures de la noblesse, i.e. les chevaliers, les patrimoines se réduisaient au contraire à un ensemble de très petites parcelles et se concentraient sur une ou deux paroisses (cf. Figure 5).
59Dans la seconde moitié du xiiie siècle, dans une région déjà saturée de présence nobiliaire, la croissance démographique et les difficultés d'adaptation de la noblesse à la fin du cycle économique de la Reconquête créèrent les conditions d'un mouvement généralisé d'usurpation des biens et droits royaux et aussi des biens des hommes libres. Avec ceci les nobles entendaient accroître leurs revenus économiques et garantir la continuité de leur prééminence, ce qui engendra évidemment un climat général de conflit et d'instabilité.
60Voisinant avec le roi et la forte présence patrimoniale ecclésiastique et nobiliaire, les propriétaires libres avaient une implantation difficile à déterminer, même quand on dispose de textes aussi riches en informations que les enquêtes royales de la seconde moitié du xiiie siècle. On peut dire de façon impressionniste qu'ils se disséminaient dans toutes les paroisses et constituaient des groupes assez vastes pour assumer dans beaucoup de paroisses la responsabilité totale ou partielle du patronage.
61Au nord-est, dans la zone trans-montagnarde, la situation était très différente. Encore dans la seconde moitié du xiiie siècle, le peuplement était majoritairement montagnard puisque les zones de la Terra Fria rassemblaient la majorité des paroisses ayant des superficies plus vastes que celles du littoral ; et de vastes zones de la Terra Quente se caractérisaient encore par une occupation très lâche ou même une vacuité. Cette distribution du peuplement s'associait à un habitat concentré et à une adaptation au milieu naturel sous forme prédominante d'élevage et d'exploitation forestière. Ces paysages présentaient des zones cultivées secondaires par rapport aux forêts mais observant les règles d'exploitation antérieures, c'est-à-dire la coexistence des céréales avec la vigne (celle-ci d'ailleurs assez rare).
62Ainsi, le Trás-os-Montes était encore une région en devenir, non seulement sur ses périphéries orientales – où l'on craignait une expansion territoriale du royaume voisin – mais aussi à cause du manque d'un encadrement des populations capable de promouvoir à la fois un peuplement effectif et l'exploitation des zones aux réelles potentialités agricoles (comme dans la Terra Quente). Depuis toujours, les conditions naturelles et les difficultés de contact avaient repoussé les occupants, réduit la pénétration monastique au minimum et limité la présence urbaine à la seule ville de Chaves, isolée dans sa vallée. Les formes d'encadrement étaient surtout militaires (et encore sous forme de circonscriptions très vastes) et ecclésiastiques, la région constituant une périphérie orientale imprécise d'un diocèse centré par la lointaine Braga.
63La région devint donc, à partir de la saturation du littoral (au xiiie siècle), une zone d'expansion pour les familles nobles désireuses d'élargir leur patrimoine et leur influence et un territoire à dominer et exploiter pour l'évêque de Braga; pour les monastères des zones limitrophes du royaume voisin, c'était une aire où ils pouvaient renforcer leur patrimoine foncier puisqu'un seul monastère portugais, celui de Castro de Avelãs, y jouissait d'une solide implantation.
64Ces situations dans l'entre Lima et Minho et en Trás-os-Montes montrèrent que l'exercice de la souveraineté de la naissante monarchie ne pourrait être effectif dans ces zones seulement si les monarques renforçaient leur autorité face à des pouvoirs concurrents très disséminés sur le littoral et assuraient un encadrement effectif de l'intérieur, ces deux stratégies renforçant la souveraineté portugaise par rapport au royaume voisin dans les zones limitrophes. Cette stratégie reposa surtout sur la promotion du peuplement dans les zones vides et sur le renforcement du réseau urbain, destiné à doter la région de noyaux urbains nombreux et capables de fonctionner comme facteurs d'encadrement militaire, administratif, judiciaire et fiscal de zones plus ou moins vastes. Ceci se concrétisa, dans toute la région au nord du Douro, par des altérations fondamentales (quoique plus profondes dans l'intérieur que sur le littoral) dans l'organisation spatiale.
65Ébauchées par les premiers monarques, ces actions eurent le plus d'impact dans la seconde moitié du xiiie siècle et le processus prit fin au début du xive siècle. Sur le littoral, où le peuplement déjà très dense n'avait pas besoin d'être renforcé, l'intensification de l'urbanisation se traduisit surtout par le renforcement de l'opposition au royaume voisin, par la fondation d'un ensemble de villes séparées d'à peu près 25 km et assurant non seulement le contrôle de l'embouchure du Minho mais aussi le balisage du cours du fleuve (par rapport aux villes galiciennes de l'autre rive) et contrariant la prépondérance épiscopale de l'évêché de Tuy entre Minho et Lima. Le processus commença au xiie siècle dans une conjoncture d'affrontement avec le royaume voisin; en effet, les monarques portugais considéraient alors la zone au nord du Lima comme une base pour une expansion territoriale sur le flanc galicien du bas Minho, ce qui conféra à cette région un climat belliqueux mais aussi des fluctuations de la ligne de contact entre les deux royaumes.
66Le développement du réseau urbain littoral passa par des fondations garantissant au pouvoir royal la domination de l'embouchure des principaux fleuves (Lima, Ave et Douro), qui fournissaient d'abondants revenus fiscaux tirés de la circulation fluviale et maritime des personnes et des marchandises. La possibilité d'exploiter les contacts issus du croisement des fleuves avec les routes explique l'appui royal aux communautés installées ici et permit aux monarques l'obtention de fructueux droits de péage.
67La stratégie de densification de l'occupation de l'intérieur commença dès le xiie siècle par une politique royale d'attraction de colons vers le bassin du Douro, base à partir de laquelle fut peuplée la Terra Quente manquant d'occupants. Plus tard, dans la seconde moitié du xiiie siècle, l'intérêt royal se manifesta sous forme de concession de 77 chartes municipales, également dans le but de définir plus clairement les limites du Portugal en stabilisant des zones de souveraineté encore incertaine et en constituant ainsi une ligne frontalière. Cette intervention fut complétée par l'octroi de chartes de peuplement rural destinées à promouvoir l'occupation de terrains de culture ou des défrichements par des groupes familiaux, contrariant en outre les ancestrales tendances à une occupation de type communautaire.
68L'urbanisation du Nord s'accompagna souvent de l'édification de murailles matérialisant l'exercice du pouvoir royal et hiérarchisant les agglomérations rurales qui vinrent s'intégrer dans leur zone juridictionnelle et par rapport auxquelles ces villes devinrent des centres diffuseurs de normes uniformisantes, telles que la pratique de l'écrit. Les noyaux urbains devinrent aussi les pôles d'institutions administratives résultant surtout, à partir du xive siècle, de la complexification de l'administration fiscale et judiciaire. Les foires créées en grand nombre à l'initiative royale permirent d'encadrer les activités d'échanges de rayon inter-régional.
69L'ensemble des éléments organisateurs de l'espace dans le Nord du Portugal durant le Moyen Âge constitue un réseau d'inégale épaisseur encadrant les espaces et les hommes mais unifié par un réseau de routes, chemins et fleuves permettant le contact entre eux. Les voies les plus importantes ponctuaient les parcours les plus fréquentés tandis que les voies d'ampleur locale offraient des possibilités réduites de hiérarchisation des éléments qui les parsemaient. Nous savons malheureusement peu de choses sur ce réseau, comme dans tout ce travail, où il y a plus de zones d'ombre que de zones de lumière. Espérons que de nouvelles recherches viendront éclairer l'organisation de l'espace du Nord du Portugal médiéval.
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L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008