La révolte des esclaves à bord de l’Affricain (1738)
Réalité et relativité de l’appréhension de la violence dans le trafic négrier
p. 221-233
Texte intégral
1Si les journaux de bord témoignent fréquemment de révoltes noires sur les navires négriers, ces récits, souvent laconiques et de peu d’intérêt, ne permettent pas de comprendre ces phénomènes d’une violence extrême. Le journal de bord de L’Affricain1 revêt ici un intérêt tout particulier car, en quelques folios2, son auteur retrace ce qu’il qualifie d’« accident fâcheux », une révolte qui éclata le matin du 27 novembre 1738, six jours après que le négrier eut commencé à remplir sa cargaison de bois d’ébène et eut quitté la côte de l’île des Bananes. L’auteur de ce document, Dam (ou Adam) Joulin, est un pilotin3. L’armateur du négrier l’a nommé « écrivain », mais son rôle est aussi de participer « efficacement à la traite et à la vente des marchandises4 ». De par ses responsabilités à bord, Dam Joulin aura droit, outre son salaire, à un esclave dit de « port permis5 ».
2Le journal de bord révèle que l’instruction de l’auteur ne semble pas très poussée : malgré une bonne écriture, la qualité de son expression écrite est médiocre et son orthographe reste approximative (il écrit très souvent phonétiquement). Il s’agit d’un homme de mer qui semble compétent dans son domaine ; il sait parfaitement indiquer la route suivie, relever, puis indiquer la position du navire et noter les conditions de navigation. S’il ne nous donne que très peu d’indications sur la vie à bord, il nous livre cependant une relation complète de la révolte à bord du navire, probablement la première qu’il ait subie, et dont il fut à la fois le témoin et l’acteur.
3L’Affricain a un port de 140 tonneaux ; il est armé de 10 canons6. Ce navire négrier de taille moyenne, dont on ignore l’âge, va faire un trajet typique du commerce triangulaire pour le compte de la Société de Guinée : il devra acheter des captifs et de la maniguette7, voire du morfil (ivoire brut)8 et au retour, il chargera du sucre brut blanc, du coton, du café et quelques autres produits autorisés9. Le navire compte 41 hommes10. Il quitte Paimbœuf le 23 septembre 1738, touche les îles Bananes (Banana Islands, au sud de Freetown, Sierra Leone) le 15 novembre ; il reste dans le golfe de Guinée jusqu’au 26 juin 1739, date de son départ de l’île du Prince (Principe) pour les Antilles ; il arrive au cap Français (Saint-Domingue) le 11 septembre 1739 ; il appareille le 16 avril 1740 pour la France, où il arrive à Paimboeuf le 18 juin, après un périple de près de 21 mois. La déclaration de retour est faite par le capitaine Pierre Devomulon11.
4Le parcours a été élaboré par l’armateur Charles Trochon, qui a donné ses instructions au commandant Nicolas Fouré12 et à son second Adrien Denbrouque13 ; le capitaine du navire a pour mission de conduire le navire et son second doit opérer les transactions commerciales sur la côte de Guinée. Nicolas Fouré devra en outre porter toute son attention « à la conservation des Noirs embarqués à bord du navire, tant pour la nourriture que pour empêcher leur révolte », et l’armateur de préciser que « cela est enfantin et vous êtes assez instruit qu’il arrive trop souvent que les noirs se révoltent, faute d’y veiller14 » !
5La mise en garde de l’armateur restera vaine. Il semble, en effet, que l’équipage ne soit pas habitué au trafic de bois d’ébène. Ainsi le 15 novembre (soit 12 jours avant la révolte à bord de l’Affricain), notre négrier rencontre un navire anglais sur les côtes de la Sierra Leone, dont le commandant, lors de deux entretiens, les 15 et 21 novembre, avec deux officiers de l’Affricain (Denbrouque et Devomulon), rapporte qu’il a recueilli quelques rescapés d’un navire français armé à Bordeaux, qui a été incendié et a sombré après avoir connu une révolte d’esclave à son bord, à 2 lieues de la côte15. L’information transmise n’aura aucun effet, l’équipage de l’Affricain semblant ne pas redouter une pareille mésaventure16.
6L’intérêt du récit de Dam Joulin est de nous présenter le déroulement précis des événements. Après avoir détaillé la route suivie par l’Affricain, il nous livre toutes les étapes de la révolte. Le texte est évidemment partial ; il déforme peut-être aussi certaines actions. Mais il nous permet de connaître les manifestations de la violence, la violence vécue, les violences subies. Et surtout ce document fait transparaître la réalité et la relativité de l’appréhension de la violence dans le trafic négrier.
Le déroulement de la révolte
7La traite de l’Affricain a commencé le 15 novembre. Aux îles Bananes, les négriers achètent à des Anglais, intermédiaires du chef indigène local, « 21 nègres tous hommes et deux femmes », en échange de fusils, de barils de poudre, d’ustensiles en étain, de toiles de Cholet, etc17. Le navire poursuit sa route à la recherche d’autres esclaves. La vie à bord est monotone ; chaque homme vaque à ses tâches quotidiennes : les uns veillent à l’entretien du navire, d’autres se rendent à terre pour rechercher des esclaves ou pour acheter des vivres. Cette monotonie est amplifiée par le cabotage le long du golfe de Guinée, qui semble plonger les négriers dans une certaine insouciance, d’autant plus qu’en cette période de paix, les concurrents, voire les corsaires, ne sont point à craindre. À bord, les hommes d’équipage et les captifs s’installent dans la routine, les premiers tentant de s’accoutumer au climat tropical, les seconds à leur nouvelle situation. À bord, deux mondes cohabitent : les Blancs dans les gaillards arrière et avant et sur le pont18, tandis que les Noirs vivent en dessous, dans l’entrepont, séparés de leurs geôliers par des panneaux installés pour former des cloisons entre le pont et l’entrepont19. Cependant, il semble qu’en quelques jours, les esclaves aient mémorisé l’emploi du temps de l’équipage et aient pu échafauder une stratégie pour leur libération.
8Les premiers signes d’une préparation de révolte se manifestent le jeudi 27 novembre 1738, alors que le navire longe la côte. Mais aucun membre d’équipage ne semble prendre conscience des événements qui se trament. C’est a posteriori que Dam Joulin nous rapportera les conciliabules et l’agitation inhabituelle des Noirs, qui a précédé l’explosion de violence. La nuit tombée, ceux-ci avaient fait grand bruit, probablement pour cacher les coups donnés pour se déferrer, bruit qu’avec beaucoup de peine les marins étaient parvenus à faire cesser.
9À cinq heures du matin, alors que la plupart des marins dorment à poings fermés, deux captifs qui semblent enferrés, montent sur le pont. Ils se dirigent vers l’homme de veille pour lui demander la permission d’allumer leurs pipes. La sentinelle, la main armée d’un simple couteau de chasse, semble ne pas savoir que faire et cette hésitation profite aux deux Noirs qui se jettent sur le matelot, s’emparent de son coutelas et le blessent mortellement avec son arme20. Dès l’élimination de la sentinelle, un groupe de Noirs bondit sur le pont et va se répartir sur l’ensemble du navire. Face à un équipage désarmé, les révoltés n’ont pour toute arme que le couteau, de gros bâtons et un pistolet sans munitions pris sans doute dans la confusion générale. Le contremaître, surpris dans son sommeil, est assommé dans son hamac, puis c’est le tour du lieutenant en second et du commandant de l’Affricain. Les autres hommes d’équipage, qui ont été réveillés par les bruits de la révolte, commencent à se défendre avec tout ce qui leur tombe sous la main. Ainsi le pilotin Devomulon, qui était dans son hamac, évite un coup et parvient à étrangler son agresseur avec une corde. C’est en fait un concours de circonstances qui évitera le pire aux négriers. Un matelot, qui avait été blessé à l’île de Santiago (Cap-Vert), réussit à se barricader dans la chambre, située dans le gaillard arrière, où étaient entreposées les armes ; il est rejoint par Dam Joulin et un de ses compagnons. Ces trois hommes prennent 4 pistolets mais auront du mal à trouver les munitions, 6 cartouches qui étaient dissimulées dans « un filet d’ognion21 ». Armés, ils font une sortie et rejoignent d’autres officiers et matelots qui ont pu se procurer d’autres armes. Les négriers se rendent maîtres des deux gaillards et empêchent les autres Noirs de sortir de l’entrepont. Les coups de feux croisés stopperont la première vague d’assaut, tandis que le pilotin Devomulon se servira du chaudron où l’on faisait cuire du gruau en jetant des louches de son contenu sur ses agresseurs. Les Noirs, « ce voyante ainsy echaudé a basbord et canardé à cous de pistoles a tribord », n’ont d’autres solutions que de regagner l’entrepont ou de se jeter à l’eau22. Mais, parmi ces derniers, trois hommes vont tenter de monter sur le gouvernail pour entrer dans la grande pièce du gaillard arrière et prendre à revers leurs adversaires. Un des Noirs sera tué d’un coup de fusil sur la préceinte ; deux autres, les meneurs de la révolte, selon Dam Joulin, entrés sous le gaillard arrière, se défendront jusqu’au bout ; le premier sera tué d’un coup de broche, le deuxième, blessé et enfermé dans une pièce, se rendra. Le bilan est lourd ; sur les 23 captifs, on dénombre 9 morts : 3 ont été tués à coups de pistolet, 2 à coups de barre, 1 a été étranglé, 1 a été embroché et 2 se sont noyés ; à quoi il faut ajouter deux autres captifs décédés quelques jours plus tard des suites de la révolte23. C’est donc près de la moitié de la cargaison d’esclaves qui a disparu. Quant au meneur, surnommé « le nègre anglais24 » par Dam Joulin, il perdra la vie des suites de châtiments corporels et de ses blessures25. Dans les rangs des négriers, on comptera 2 morts et de nombreux blessés, dont 2 garderont de graves séquelles26. Les responsabilités seront rejetées sur la sentinelle qui est morte de ses blessures.
Des manifestations de la violence à la réalité et relativité de l’appréhension de la violence dans le trafic négrier
10La révolte a été brève mais extrêmement violente ; les hommes se sont battus, en champ clos, au corps à corps, ce que traduisent les coups portés, les crânes fracassés, les ventres transpercés et ce qui explique l’usage des pistolets plutôt que celui des fusils. Si notre écrivain insiste sur la manière dont certains captifs se sont acharnés sur leurs victimes par des coups répétés, les négriers n’ont pas été en reste : ils ont tiré, quand ils le pouvaient, sur tous ceux qui tentaient de s’approcher d’eux. Mais les Noirs étaient en infériorité numérique et dès que la résistance des Blancs a pu s’organiser, les esclaves se sont montrés désemparés et ont adopté des attitudes différentes : certains ont continué la lutte, d’autres se sont jetés à l’eau, d’autres ont tout simplement regagné leur prison.
11Dam Joulin rédige son journal deux jours après avoir subi ce qu’il qualifie d’« accident fâcheux27 », alors qu’il a été blessé à la tête et au genou et qu’il a failli y laisser sa vie28. Malgré le manque de recul et bien qu’il soit encore sous le coup de l’émotion, il nous montre que cette révolte est incompréhensible du côté négrier. N’écrit-il pas que les captifs ont eu « l’effronterie et la hardiesse » de sauter sur le gaillard arrière29. Ces révoltés sont qualifiés d’épithètes qui ne laissent aucun doute sur le jugement porté sur leur action. Trois fois notre pilotin les qualifie de « misérables30 », trois fois il les décrit comme des « furieux » lorsqu’ils sortent de l’entrepont et se jettent sur leurs geôliers31. Les deux Noirs les plus hardis sont qualifiés de « vifs et cruels », d’« animaux32 » ; un peu plus loin dans le texte, Dam Joulin va même jusqu’à parler de « loups » que les Blancs doivent réduire33 et il rajoute que les Noirs ont « fait un grand carnage », qu’ils ont « massacré inexorablement le contremaître34 » (qui, il faut le souligner, parviendra à survivre à ses blessures).
12Un autre aspect apparaît au travers de la description de la violence à bord de l’Affricain, dans le journal de bord. Pour les négriers, seuls les Noirs sont responsables de ce « grand carnage » ; les marins ne semblent pas comprendre cette violence, cette furie. Pour eux, la violence constitue une infraction aux normes négrières, normes qui définissent le trafic d’esclaves comme naturel, normal voire légal. Tout se passe comme si la violence des Noirs n’était pas concevable et, de ce fait, cela va justifier la répression. Quant aux esclaves, si nous ne pouvons appréhender la révolte de leur point de vue, il apparaît cependant que la violence utilisée s’explique et se justifie par le fait que ces hommes n’ont rien à perdre et qu’ils rendent les négriers responsables de leur sort. Leur acharnement traduit ici à la fois leur désespoir, leur souffrance et leur détermination.
13À la violence des uns répond la violence des autres. Comment punir les responsables ? Dans un premier temps, le lendemain, les meneurs qui ont été identifiés sont attachés sur le pont, face contre terre, par les quatre membres. Ils sont fouettés jusqu’au sang mais les négriers leur font en plus des scarifications sur les fesses. En outre, pour empêcher l’infection et, en même temps, pour rendre la douleur plus vive – « pour que cela leur cuise » comme le précise Dam Joulin –, les marins leur enduisent les plaies d’un mélange composé de poudre à fusil, de jus de citron, de saumures, de piment mélangé à une drogue fournie par le chirurgien du bord35. Quant au principal instigateur de la révolte, que les marins appellent le « nègre anglais », il est attaché avec des fers au gaillard avant, les négriers voulant le faire mourir à petit feu36. C’est un exemple fort, destiné à prévenir d’autres soulèvements éventuels. Et pour que cela soit bien compris par tous ceux qui ont participé à la révolte, les négriers obligent les captifs qui se sont rendus à châtier leur chef en lui infligeant des coups de fouet et des scarifications, trois jours de suite. Le supplicié mourra le même jour que le commandant de l’Affricain, le vendredi 5 décembre. C’est uniquement à ce moment du récit que l’écrivain du navire nous précise que le « nègre anglais » avait reçu un coup de broche dans la poitrine et un autre coup dans l’estomac37. Comme il est étonnant que Dam Joulin ne nous l’ait pas précisé lorsqu’il rédigea les péripéties de la révolte, on peut alors se demander si ce n’est pas justement parce que les blessures ne pouvaient être soignées que les hommes d’équipage décidèrent de faire un exemple aussi sévère.
14Nous savons qu’il a toujours été difficile, voire malaisé, de traiter du problème de la violence, en l’absence de textes nombreux et fort détaillés sur les révoltes d’esclaves. Il faut donc essayer de lire entre les lignes ou relever des faits marquants susceptibles d’éclairer cette question. Dans le journal de bord de l’Affricain, il faut d’emblée remarquer que le terme noir, dans le sens d’homme noir, n’est employé qu’une fois pour parler d’« un village habité par 18 000 noirs38 ». Comme toujours à l’époque c’est le mot « nègre » qui est employé le plus souvent (131 occurrences), terme qui désigne aussi bien un esclave qu’un roi. Quant au mot « captif » (62 occurrences), il sert toujours à désigner le bois d’ébène. On ne trouve qu’une seule mention du mot esclave : il s’agit alors d’hommes noirs réduits en esclavage par d’autres Noirs39. Il apparaît donc clairement que les négriers n’ont pas conscience qu’ils font des esclaves ; dans leurs esprits, ils ne font que le commerce de captifs que leur livrent les chefs indigènes ou d’autres négriers. Cette perception est-elle partagée par d’autres négriers ?
15À titre de comparaison, dans le journal de bord de la Diligente (1749-1750), écrit par Charles Le Breton La Vallée, dont le navire a aussi subi une révolte d’esclaves, on ne trouve pas, là non plus, le mot esclave. Le terme « noir » est utilisé une seule fois pour faire référence à la cargaison du navire. On note encore 30 occurrences pour le mot « nègre » (dont les acceptions sont identiques à celles du journal de Dam Joulin) et surtout 51 emplois du mot « captif40 ». À cette époque, on peut, peut-être, dire que les négriers ne sont que des rouliers des mers qui transportent des captifs achetés en Afrique pour les revendre en Amérique.
16Il faut pourtant souligner que si la traite négrière se traduit tout naturellement par la violence, les journaux de bord de l’Affricain et de la Diligente ne traduisent cependant ici aucun véritable mépris affiché pour les captifs. Comment alors appréhender la vision européenne de la traite ? L’étude du vocabulaire employé par Dam Joulin nous montre que les négriers recherchent des captifs. Aux yeux des membres de l’équipage, la violence est donc l’instrument légitime et justifié pour ramener à la raison les captifs qui tentent de s’évader. Ils ne peuvent admettre aucune résistance à leur pouvoir. Il n’y a chez eux ni sadisme, ni haine, ni racisme ; il n’y a que la volonté de protéger leur vie et leur cargaison. Dans ce contexte, il est donc indubitable qu’un prisonnier ne peut, pour eux, contester sa condition et que l’emploi de la force contre celui qui ne reconnaît pas cette situation est « naturellement » légitime. Le châtiment doit servir d’exemple, tout en évitant de trop « endommager » la cargaison de bois d’ébène.
17Ajoutons que, après ces événements, la violence subie par les négriers va modifier leur comportement. Au début de la traite, les négriers, qui doivent acheter les esclaves soit aux chefs noirs soit à d’autres négriers, ne portent aucun jugement sur la civilisation noire. La révolte et la prise de conscience des difficultés de la traite vont amener les négriers à avoir un autre regard sur les Noirs qui leur vendent le bois d’ébène. Ils vont qualifier certains de leurs pourvoyeurs de voleurs, de rançonneurs, de « race indigne41 », de menteurs ou de fripons42, puis très vite, les négriers feront l’amalgame : tous les Noirs seront considérés comme des menteurs et des voleurs, qui promettent beaucoup et ne tiennent jamais parole43. Et même les agents noirs des négriers seront victimes de ce type de jugement44. La subjectivité de cette généralisation du comportement des Noirs (tous les mêmes, captifs comme traiteurs) est flagrante alors que la raison objective est tout autre : les Noirs veulent simplement vendre les captifs trop cher45, comme le reconnaît naïvement Dam Joulin.
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18On constate que l’appréhension de la violence, violence qui peut se définir ici comme le déchaînement d’une force brutale, dépend largement de critères existant d’un groupe à un autre pour caractériser ce qui est normal ou anormal. La violence des uns et des autres implique l’idée d’une violation de normes ou de règles qui définissent les situations considérées comme naturelles, normales ou légales. La violence à bord du navire négrier traduit donc un dérèglement momentané de l’ordre des choses. Si la violence qui s’est exprimée lors de la révolte est pour les Noirs la conséquence de leur oppression, elle est légitime pour faire cesser leur mise en esclavage et leur déportation Mais la violence est pour les négriers tout aussi légitime puisque cette révolte est une atteinte à l’« ordre négrier » : les Blancs ont acheté de façon régulière et légale des captifs pour les transporter aux Antilles. On le voit, la violence qui s’est manifestée à bord de l’Affricain, s’exprime de façon particulièrement brutale, dans ce lieu isolé qu’est un navire en mer. La violence traduit ici le fossé qui séparent deux groupes d’hommes, fossé qui ne pourra être rapidement refermé car, dans l’univers mental des uns et des autres, deux logiques, deux conceptions antagonistes s’opposent et s’affrontent dans cette prison flottante, qui exacerbe naturellement les tensions.
Du Jeudy 27 Novembre 173846
19[f° 9 r°] Depuis hier midy jusqua 5 heures de ce matin les vent ont reigné de la part de lENE et NNE petis frais le navire ayante penne a gouverner, et gouvernan au SSE et SE 1/4 E, et n’ayante pas marqué la route le reste du jour par un accidan facheux qui nous est survenu, les negres setante révolté. Les soires avan la prieres lon entendoitte les negres palabrer ensemble et qui sembloiste se disputer, lon les a faite taires avec beaucoupes de pene, toute la nuitte lon a antendu aucun bruitte, et ce matin a 5 heures il en a sorty deux du paneaux paroisante enferré, qui onte esté au sentinelle comme pour luy demander la permision dalumer leures pipes la sentinelles a exzisté pandan quelle que temps avec un couteaux de chasse a la main de les laisser passer, eux voyante cela onte sauté desus luy et ce sonte saizis de son armes et luy onte donné pluzieures cous, le laisante comme more, au même instan ils onte tous sorty commes des furieux tous defairé, et armé de morceaux de bares de feres, quils estoites venu a boute de rompre sen auqun bruite, et setante tous defairé la même chose il y en a eu deux qui onte eu léfronteris et la hardiesse de sauter desur le galiares derrière, mais il y en a un qui a reculé poure lautre sen este venus droitte a un hamaque qui estoite pandus de sous la tengle a basbord auquelle couchette monsieur devomulon et le ditte negre passa parmis pluzieures de nos gean qui nestois pas armé, eureuzement que monsieur devomulon laperceute et sorty de son hamaque le ditte negre estoite den le desin de lasommer, mes on le eu bientôt saisy, et layante amaré il sest étranglé luy même et en le saizisan il a pense étrangler le metre nomé metre hernieux eureuzemante quil eute bientote du secoures, il y en a eux deux autres dont il y en avoite lun qui avoite voyagé avec les anglois, qui onte soté desous le galiares derieres et qui onte fette un grand carnage, ils étoint tous deux viffe et cruelles et sentre entendoint tous deux lun qui estoite saisy du couteaux de chasse et lautre tenante un buche que lon pouvoite nomée massue et coutelas et ceste ausy saizy dun pistolet ou il ny avoite rien de dan, ayante passé de desus le pont sous le galiares se sonte dabord saizy du contre maître nomé martin hardis et le lonte masacré inexorablement de den son hamaque estant de quares a dormir nayante pas entendu le bruite que ces dittes animaux fezoites, ensuite onte sauté dans la cabane de monsieur pierre couran segond lieutenan, et le lont trouvé de dan auquelle il y en onte fette la même choze, au même moment nôtre capitene monsieur foures sortante de sa chambre en crian ques quil y a la un de ces mizérable sest trouvé devan luy luy a dechargé un cous de sa buche sur le teste et le la abatu a ses pieds le croyant mort il la laissé la mes peu a peu monsieur foures reprenant ces sens il tantoite de ce soulever pour ce sover, mes un de ces mizerables qui estoite armé du couteaux de chasse le voyante luy a frapé un coups de son ditte couteaux sur la teste, et toute les foy quil le voyoit remuer il labatoite égalemante que son camarades lun luy donne un cous de sa buche ou dun cous de crosse de pistolet, et lautre un cous de couteaux de chasse, et en fezoites la meme chose [f° 9 v°] au ditte monsieur pierre couran et martin hardis, et ce seroint emparé de la chose ou estoint les armes sen un homme blessé dun cous de canon a St Yago et un nomé bouger et moy qui entrame den la chambre eurezement pour nous atandu que nous ne pouvion pas nous sover autreman nayante pointe darmes a nous deffandre, ayante cepandante eu assé de pene a noysy souver raporte a lhomme blessé nomé minier qui avoite baricadé la porte desus luy ne voulan pas nous ouevrir croyan que cetoite les negres qui estois a la porte et a la fin il nous ouvrite et nous ne fumes pas sitote entré quil estois bien proche de nous asomer, et nous fume sertenemante bien heureus de lavoir paré de la sorte quoy que cepandante javes déjea receus deux cous et le premier je le receu a la teste en montan den léchelle pour aller sur le galiares auquelle en recevan le cous ils métourdires et jen tomba a bas et me lesire là sen redoubler, et reprenante mes sen je remante desur le galiare et sitote que je mis un pié desus je receus un cous au genous gauche qui me vint gros comme la teste sen scavoir avec quoy il maves frapé que le ditte dernier cous qui feute avec un cosin de canon par le ditte negres qui avoite décampé desur le galiare auquelle je le ramassé et luy recheté a la teste auquelle je le touré un peus mes ce ne feute pas grand chose, et estant desus le galiare jentendes quille ny avoite auqune armes a feus ce qui mobliga a desendre a bas et une foy y estante je ne peuves plus me sauver autreman que par la grande chambre auquelle jy trouvé le ditte Bouger qui cherche ausy a se sover les negres nayante pointe fette atantion a nous que lorse quile vire la porte ouverte pour nous auquelle il sen veneste comme des feurieux sur nous et sur le chan que nous y fumes nous baricadames bien la porte y mestante tous les coffre et male qui estois de dan les un sur les autres pour a cette fin de nous garantir après quoy nous trouvâmes les armes qui nestois pas chargé, et le ditte blessé nous dona 6 cartouche qui trouva den un filet d’ognion avec bien de la penne quoy quil savoite for bien quil y en avoit mes il ne savoite pas ou il avois este mis, et les ayante trouvé je charge 4 pistoles que jenvoyé par les fenêtre de la grande chambre, auquelle ses ditte armes fires des merveile, après que je les eute chargé je remonte desur le galiares par les fenêtre de la grande chambre en ayante anvoyé deux autre charge peus de temps avan que de monter en ayante un a la main, et nos messieurs officiers et matelos ayante deia tiré 3 a 4 cous de pistoles, auquelle fite sauter les negres un partis den le grand paneau ou il couches et lautre den la mer, et touioures ces deux maleureus estoin après ces pauvres mesieures, nous aucupé assé desur le galiares a empaicher ces deux hauteures de la révolte a sortir de desous le galiares [f° 10 r°] et les autres qui vouloient remonter desus et nous aurion sertenement eu de la penne a les réduire sy heureusement nous nous estion pas emparé de la grande chambre et den le temps que nous nous aparames de la ditte chambre se netoite ancore que le commanceman de la révolte, et nous estion de quares a dormir, enfin je ne saurois expremier quel effete fitte les premier cous de pistoles sur toute a tribord, jointe a cela monsieur devomulon qui avoite sauté desur le galiares devan setante emparé de la chaudière ou lon estoite a faire quires du greux pour lequipage et les ditte negres, auquelle il la fitte monter desur le galiare là ou ils estoite par les sabores ou fenetre de desous le galiare devan pour le metre desus auquel il en prenoite avec la grande qulières dequipage et en apergessoit les negres, qui ce voyante insy échaudé a basbord et canardé a cous de pistoles a tribord, ce jetere a la mer ou bien en pagales en lentrepons, et ausytote lon bouche les paneaux de coffre et dautre mille faltra que lon peute trouver sur le pont et ceux qui setois jeté a la mer ne laisoite pas encores que de bien nous ocuper, atandus quil voulois monter par le gouvernail autreman par les faue garde pour entrer dan la grande chambre, acel fin de pouvoir nous surprandre, et luy en avoite deia un rendu au fenêtre de la chambre, et estante nous autre bien armé mieu quaux paravan ayante sabre fuzil pistolet et de la poudre et des bales, citote que nous l’aperceume lon a poin tardé a luy lacher un coupes de pistolete et avant qui estoiente a sa suite au nombre de 3 dont un a esté tué qui gangnoit les grand porte au ban estante deia sur la percinte et lon le tua d’un cous de fuzile, a ce meme moment lon a entendu remuer au paneaux de devan, sur le chan lavon baricadé commes les autres les negres onte enfoncé la porte de la dépance et onte beus un peu lorceque que lon a plus eu de negre a veigler le long de bord lon a seulemante mis des sentineles armé au paneaux, et monsieur devomulon avec 6 autre ce sonte détaché donte monsieur devomulon seste armé de la broche et un de la fouene et les autre de sabre et pistoles pour aller sous le galiares derrière réduires ces deux loups, et monsieur devomulon en a tué un a cous de broche le long de la porte de grande chambre, le negre anglois voyante masaqrer son camarade aupres de luy, a entré dan la chambre de monsieur devomulon qui est aupres de celle de la grande chambre a bas bord, et a lancé 4 a 5 flacon de musquates qui a trouvé sous ses mains quil a jeté a la teste de monsieur devomulon et de plusieure de nos gens, et la porte de cette ditte chambre se fermoite coulise lon la pousé et fermé et pris le negres dedan par la deffaite de ces deux negres la révolte a esté apaisé, langlois a demandé lente amaré et tiré de cette chambre que lon a fette, et les autres ce sonte rendus un a un lon les a enfergé et il y en a eu un qui estoite encore dan la mer qui a mieu emé ce noyer le long du bord que de ce rende. [f° 10 v°] Après toute apaizé il cest trouvé neuffe negres de manque en ayante tué 3 a cous de pistoled deriere le navire et le long de bord sur la percinte, et un qui fute étranglé deux autres que lon a asommé a cous de bares de cabestan et a cous de masse de fere et un autre a cous de broche contre la porte de la grande chambre den le coroire, et deux qui ce sonte noyé qui fonte le nombre de neuffe, et le resten lon les a laissé tranquile pour aujourdhuy et seronte demain puny les coupable.
Et ces mizerable ont laissé monsieur foures monsieur couran le contremaître nomé martin hardi et françois chambron matelot qui estoite de sentinelle, ont laisé pour insydires mort, et pluzieures de nos gen ce trouvant rudement blesé moy en estante du nombre, la majeur partis a la teste.
Du Samedy 29 Novembre 1738
20Depuis jeudy 27 jusqu’aux jourduy samedy 29 a midy, nayante pas pu fer mon poin le joures de la revolte ny vendredy ausy atendu que javes la veus toute trouble du cous que javes receu a la teste et en autres aves ausy un grand mal de teste, et metant trouvé mieux aujourduis est pointé toute mes routes depuis mercredy nayante cepandant pas peus observer sur quelle routes nous gouvernions pandant le joures de la révolte et est donné selon mon estime 15 m plus O que les routes ayante gouverné depuis le S 1/4 SO jusqu’aux ONO ayante esté au S 1/4 SO au SSO et O 1/4 SO et ONO les quelle routes m’onte valus depuis mercredy le SO 1/4 O singlé sur la ditte routes 29 lieues 1/2 mes ayante observé hoteur et fette une deuzieme correction qui ma donné de routes corrigée le O 4° S singlé 11 lieues 1/3, hier a 8 heures nous amarames le negres les plus fotiffe autremant les negres hoteures de la révolte au 4 membre et couché sur le ventre de sur le pons et nous les fimes foueter, en autres nous leures fimes des escarification sur les fesse pour mieux leur faire ressentir leures fautes, après leures avoir mis leures fesse en sen par les cous de foues et escarification nous leures mime de la poudre a tirer du jus de sitrons de la somures du piman tous pilé et brassé ensemble avec dune autre drogue que le sirugien mite, et nous leures en frotame les fesse pour empaicher que la cangrene sy feute mis et de plus pour que cela leures eute quis sur leur fesse, gouvernante toujoures au plus prais du vent lamure a bas bord.
Il nous este morte hier au soires a 7 heures le sentinelle qui estoit au paneaux le joures de la révolte nomé françois chambron agé environ 17 a 18 ans de la paroisse de St Marie proche la plene, estant mort des cous que les negres luy onte donné luy ayante tous fracassé la teste au quelle la servelle en sortete de dan, et comme ayante don tué le jour de la révolte a cous de broche un de ses feurieux nous avons mis langlois auferes qui estoite le cheffe cranponé sur le galiares d’avan et ausy emnoté a celle fin de le feres mourir en languisan.
Latitude observée n 8° 28 m
Longitude arivée 2° 38 m
[dans la marge] Prié Dieu pour le repos de l’ame defuns francois chambrons.
[f° 11 r°] Du Dimanche 30 Novembre 1738
21Depuis hier midy les vent variable depuis lENE jusqu’à OSO petite frais toute voille dehores lamure a basbord et deten enten a tribord ayente gouverné depuis le NNE jusqu’aux SSO les quelle routes m’onte valus par estime le S 2° O singlé sur laditte routes 9 lieues pasan detan entan des grains de pluis mailé de quelle que peus de vent, nous avon fette chatié aujourduy le negres anglois par les premié qui ce sonte rendus après quoy nous lavon freté avec la même drogue disy devan.
Latitude estimée n 8° 1 m
Longitude arivée 2° 37 m
Variation NO 9°.
Notes de bas de page
1 Archives départementales de Loire-Atlantique (ADLA), Nantes, B 5004. Ce journal de bord manuscrit comporte 58 folios (360 mm x 250 mm). Il a été écrit par une seule personne (écriture identique du début à la fin) et suit, comme tout journal de bord, un plan chronologique (du 4 octobre 1738 au 18 juin 1740). Il manque les premier jours de navigation (il ne commence que le 4 octobre) mais pour la suite, le texte paraît complet ; il s’arrête le 18 juin 1740, avec l’arrivée du navire.
2 ADLA, B 5004, Journal de l’Affricain, f° 9 r°-10 v°.
3 Jeune homme placé sur un navire de commerce au long cours et destiné à devenir officier de marine marchande.
4 Instructions et ordres pour Monsieur Foures commandant le navire l’Affricain, dans Mousnier (Jehan), Journal de la traite des Noirs, Paris, 1975, p. 19-24, cf. p. 21.
5 Ibidem, p. 23. Seuls cinq hommes bénéficient de « nègres de port-permis » : le capitaine en second Devomulon, le lieutenant Denbrouque, le chirurgien-major Taixier et 2 pilotins, Couran et Dam Joulin : « Nous avons remis à Monsieur Denbrouque chargé de la gestion de la cargaison l’empreinte pour marquer tous les noirs qui rentreront dans le navire c’est les lettres F. P., voulant que tous les captifs qui composeront la cargaison soient marqués à l’épaule gauche, les quatre captifs accordés à Monsieur Devomulon notre second capitaine à la poitrine droite, les deux esclaves accordés à Monsieur Denbrouque à la poitrine gauche, un esclave accordé à Monsieur Couran à la fesse droite, un esclave accordé à Monsieur Dam Joulin à la fesse gauche, les deux captifs que nous accordons à Monsieur Taixier à la hanche droite ou autre endroit. »
6 ADLA, 120 J 359, f° 1 r° : « Port de cent quarente tonneaux, armé de dix canons, percé pour douze tirant d’eau chargé 12 1/2 pieds, et non chargé 8 1/2 pieds… »
7 Le commandant achètera 18 000 à 19 000 livres de maniguette le 29 janvier 1739, ADLA, B 5004.
8 ADLA, B 5004, Journal de l’Affricain, 8 et 10 février 1739.
9 ADLA, B 4588, f° 46 v° : il chargera notamment 232 barriques et 41 quarts de sucre brut blanc, 30 ballotins de coton, 63 quarts de café. Sur le périple de l’Affricain, on consultera le travail de Colfort (Sylvie), Périple de deux négriers nantais sur les côtes d’Afrique au milieu du xviiie siècle : les épreuves de la traite négrière …, mémoire de maîtrise, Université de Reims, 2000.
10 Le 12 septembre 1738, le rôle de l’équipage du navire est établi par l’amirauté de Nantes. L’armateur-propriétaire est Charles Trochon, le capitaine Nicolas Fouré (mort le 5 décembre 1738, il est remplacé par Devomulon) entouré d’un lieutenant-contremaître, de 2 chirurgiens, de 4 pilotins, d’1 maître d’équipage, d’1 contremaître d’équipage, de 2 charpentiers, d’1 cuisinier, de 23 matelots et de 4 mousses. Dans le rôle de l’équipage, Pierre Devomulon n’apparaît pas. Cf. ADLA, 120 J, 359, n° 75.
11 ADLA, B 4588, f° 46 v°-47 r°.
12 Instructions et ordres pour Monsieur Foures commandant le navire l’Affricain, dans Mousnier (J.), op. cit., p. 19-24.
13 Ibidem, p. 24-29.
14 Mousnier (Jehan), op. cit., art. 6, p. 21.
15 ADLA, B 5004, Journal de l’Affricain, 15 novembre 1738, f° 7 r° et 21 novembre 1738, f° 7 v°-8 r° : « Mr. Devomulon notre segond capitene a diné un foy à son bord, auquelle iles cest informé du navire frances qui a brulé au capes Apolonis par trois de ces gen qui estois de den le ditte anglois et le ditte anglois nous en avoite aquzé quoi et il sen est trouvé 3 nous ayante ditte quile estoit de la Rochelle et quil aves brulé sous vouelles à la distance de 2 lieues de terres vis à vis le dittes capes et que le navire estoite commandé par un nomé Mr. Roberd et que le feu avette pris dedan une baille de bré gras, ayante 19 captiffes à leur bord qui ce sonte emparé de leures armes et poudre de trette qui avez laissé à labandon en leures entrepons et quil leures enpaiches de le feux cetante revolté contre eux aman mieux voire soter en leres 9 captiffe, ills estois cepandan 46 homme d’équipage auquelle le … estoite de La Rochelle le segonde de la Tremblade et le lieutenant de Holande et ces dittes gen ce voyan repoucé par leures captiffe senbarquant den leures chaloupes et canots et ce soveres au dittes Capes Apolonis. »
16 Quelques mois après, les négriers auront l’exemple d’une révolte déjouée à bord d’un brigantin anglais, ADLA, B 5004, Journal de l’Affricain, 6 février 1539 : « Mes langlois a rendus réponce quil nen savoitte rien et après souper monsieur denbrouque a esté à bord du brigandin anglois le premié mouillé pour sen informer et estant à bord duditte brigandin il a veus tous le monde sous les armes espérant avoir demain au matin une révolte terrible estant prévenus que les nègres doive ce déferer cette nuitte pour égorger tous les Blan cette nuitte, ils en ont cepandant réduitte quelle que uns quilles ont enfairé au 2 pieds et au 2 mains et cramponé sur le pond et enchainé par le cous 4 à 4 et ils ont ausy esté informé par un négrilion que les nègres ce sont emparé de 2 sizeaux à frete et de 2 marteaux armés et quilles ce sont tous armé de couteaux flaman, et insy les dittes anglois vont resté toute la nuitte sous les armes jusquà demain. »
17 Ibidem, f° 8 r°-v°.
18 Ibid., f° 9 r°-10 r° : on y trouve une « grande chambre » où sont entreposées les armes, la chambre du capitaine et celle de Devomulon.
19 Ibid., f° 9 r°.
20 Ibid. : « […] Ce matin à 5 heures il en a sorty deux du paneaux paroisante enferré, qui onte estè au sentinelle comme pour luy demander la permision dalumer leures pipes la sentinelles a exhisté pandan quelle que temps avec un couteaux de chasse à la main de les laisser passer, eux voyante cela onte sauté desus luy et ce sonte saisis de son armes, et luy onte donné pluzieures cous, le laisante comme more… »
21 Ibidem.
22 Ibid., f° 10 r°. Certains Noirs qui ont pu s’échapper tenteront jusqu’au bout de résister ; l’un d’entre eux, acculé dans une pièce, lance 4 à 5 bouteilles qu’il a sous la main à la tête de ses adversaires avant de se faire prendre, un autre préférera se noyer.
23 ADLA, B 4588, f° 46.
24 Car il avait été auparavant au service d’un navire anglais.
25 ADLA, B 5004, Journal de l’Affricain, f° 11 v°.
26 Ibidem, f° 10 v° : « ce ditte nègres est mort d’un cous de broche quile avoite receus le jour de la révolte den la poitrine et un autres cous den lestomaque ».
27 Ibid., f° 9 r°.
28 Ibid., f° 9 v° : « Cepandante javes déjea receus deux cous et le premier je le receu a la teste en montan den léchelle pour aller sur le galiares auquelle en recevan le cous ils métourdires et jen tomba a bas et me lesire là sen redoubler, et reprenante mes sen je remante desur le galiare et sitote que je mis un pié desus je receus un cous au genous gauche qui me vint gros comme la teste sen scavoir avec quoy il maves frapé que le ditte dernier cous qui feute avec un cosin de canon. »
29 Ibid., f° 9 r°.
30 Ibid., f° 9 r°, 9 r°, 10 v°.
31 Ibid., f° 9 r°-v°, 10 v°.
32 Ibid., f° 9 r°.
33 Ibid., f° 10 r°.
34 Ibid., f° 9 r°.
35 Ibid., f° 10 r°.
36 Ibid., f° 10 v° : « Nous avons mis l’anglois au feres qui estoite le cheffe cranponé sur le galiares d’avan et ausy emnoté à celle fin de le feres mourir en languisan. »
37 Ibid., f° 11 v° : « Il est ausy mort aujourduy le ditte nègres anglois celuy qui a tué Monsieur Foures, et qui estoite l’hoteur de la révolte et qui ausy tué le défuns François Chambron, et ce ditte nègres est mort d’un cous de broche quile avoite receus le jour de la révolte den la poitrine et un autres cous den l’estomaque. »
38 Ibid., 22 janvier 1739. Il faut noter que dans les ordres et ordonnances de la Société de Guinée, le mot noir (esclave) est toujours employé à l’exception d’une fois où le mot nègre apparaît.
39 ADLA, B 5004, Journal de l’Affricain, 25 janvier 1739 : « Être pris esclaves par les nègres. »
40 Ibidem, Journal de la Diligente ; le manuscrit comporte 63 folios (345 mm x 230 mm).
41 ADLA, B 5004, Journal de l’Affricain, 22 décembre 1738 : « […] les ditte nègres ne ce contantan pas de les avoir volé il voulois ancores les rensoner, […] et cepandan ce coquin eute le frond assé épès que de le nier luy disan quille n’estoit pas capable de feres du male au frances après quoy il s’en est alé […] » ; 24 décembre 1738 : « […] Nous ont instruis de ne pas désendre à terres que cetoite tous des volleures, et surtout le ditte Compère, en ayant veus pluzieures des nègres qui sont venus à bord den leures pirogues pendant que nous estion sous voille dont un partis estois disitte et dautres de Saint Polles qui est à une lieue disitte et dautres du Capes du Grand Mesurade qui peut estre à 4 lieues disitte, ce qui fais voires quille ne faute pas ce fier en cette indigne race ten à terres quos large, raporte quille sont ausy beaucoupes inportuns à demander plus quil ne leures faut pour leures courtages […]. »
42 Ibidem, 11 février 1739 : « Mes comme ces sortes de gens sont sugette à mantir. »
43 Ibid., 4 février 1739 : « Quilles sont tous menteurs et voleurs ils vous promette beaucoupes et ne quiene rien. »
44 Ibid., 4 janvier 1739, « [Il] ne faloit pas ce fier au nègres qui vous paraître estre fidèlle l’ayant cy devan pris pour telle. »
45 Ibid., 8 février 1739 : « Il ny manque cepandan pas de captiffe ny de morfilles mes ils les veules vende trop chère. »
46 Ibid., f° 9 r°-10 v°.
Auteur
Université de Reims
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