La construction des reliques par le texte chez Tite-Live et chez Denys d’Halicarnasse
p. 41-52
Texte intégral
1À la fin du ier siècle avant notre ère, c’est-à-dire au début du principat d’Auguste, Tite-Live et Denys d’Halicarnasse, un latin et un grec, entreprirent chacun de leur côté d’écrire l’histoire de Rome depuis les origines de la ville. Ils utilisèrent globalement les mêmes sources, c’est-à-dire les œuvres des annalistes et des antiquaires des deux derniers siècles de la République. Ces deux auteurs nous fournissent donc un panorama, certes partiel, des connaissances de ce que les Romains de leur époque pensaient être leur histoire. Tous deux ont écrit une histoire exemplaire, dont le but était de mettre en exergue la manière dont la classe dirigeante avait mené Rome de l’obscurité de sa fondation à la domination du monde1.
2Or dans leurs œuvres, ces deux auteurs mentionnent à plusieurs reprises l’existence, à Rome ou en Italie, de traces d’épisodes du passé, encore visibles à leur époque ou jusqu’à une époque récente. Ils s’intéressèrent à ces traces parce qu’ils pensaient qu’elles constituaient les vestiges d’événements politiques anciens qui avaient concouru à la construction de la cité telle qu’elle existait à leur époque. Ces traces, que Tite-Live appelle parfois des monumenta, Denys d’Halicarnasse des μνημεῖα, c’est-à-dire des supports de la mémoire, étaient de natures très différentes, puisqu’il s’agissait de constructions, de lieux, de rites, de toponymes, de traditions2. En raison de leur rôle dans la compétition aristocratique pendant la République romaine, certains de ces monumenta ont suscité l’intérêt de nombreux travaux historiques récents3. Il s’agit des constructions – temples, basiliques, tombeaux, etc. – situées dans l’espace public et décidées par un magistrat ou par une famille comptant des magistrats, et dont la fonction était notamment de rappeler les circonstances historiques de leur érection. Ce type de construction constituait ainsi le support d’une réactualisation régulière de la renommée du magistrat qui l’avait décidée et de celle de sa famille, de la pax deorum, de la gloire de Rome, par l’intermédiaire de ce monument censé avoir été conservé dans son intégrité depuis sa création.
3La présente recherche ne portera pas sur ce type de monuments, mais sur ceux que Tite-Live et Denys d’Halicarnasse considéraient comme les traces dégradées d’événements politiques anciens de l’histoire de Rome. Elle prendra en compte ces traces non en tant que supports d’une réactualisation régulière, mais en tant qu’éléments intégrés à des récits d’un passé perçu comme totalement achevé, y compris certains bâtiments lorsque ceux-ci, en plus de leur rôle dans un processus de réactualisation, étaient mis en relation par une tradition annalistique ou antiquaire avec des événements anciens sans qu’ils découlent directement de ceux-ci4.
4Ce rôle de support matériel d’événements qui avaient concouru à la construction de la cité à travers les siècles faisait de ces traces des points d’ancrage de la mémoire collective de la classe dirigeante romaine, et même probablement de beaucoup de Romains du ier siècle. Après avoir dressé une typologie de ces fragments dans les œuvres de ces deux auteurs, cette étude propose de s’interroger sur leur fonction en tant que reliques d’un passé révolu et pourtant toujours signifiant dans la réalité politique de Rome au ier s. av. J.-C.5, mais également de se demander dans quelle mesure ils acquirent cette dimension de relique parce qu’ils étaient les ruines d’une réalité oubliée.
Typologie
5Un premier groupe de reliques est constitué par des lieux. Au début de leurs œuvres respectives, Tite-Live et Denys signalent une série de traces qu’avaient laissées les premiers occupants de l’Italie, du Latium et du site de Rome, les Sikèles6, Hercule7, Enée et les Troyens8. Albe avait également laissé des traces visibles de son histoire : le palais du roi Amulius, mort à la suite d’un prodige, apparaissait parfois au fond d’un lac, et le site d’Albe, désert, témoignait de l’ampleur de la destruction qui avait frappé la cité sous le règne de Tullus Hostilius9. Les ruines de Gabies témoignaient de sa prospérité à l’époque de Tarquin l’Ancien10. Plusieurs lieux à Rome dataient, selon la tradition, de l’époque de Romulus (le ficus Ruminalis du Palatin, la casa Romuli, la tombe de Faustulus ou d’Hostilius sur le Forum, l’Asylum entre le Capitole et l’Arx)11, ou de celle des rois postérieurs (les sépultures des Horaces et des Curiaces, la poutre de la sœur, le pilier d’Horace12, le puteal couvrant le rasoir et la pierre coupée par Attus Navius sous le règne de Tarquin l’Ancien et le ficus Ruminalis du Comitium13). Denys affirme que l’on pouvait encore voir à son époque, dans le temple de Jupiter Sanctus, le traité entre Rome et Gabies écrit au vie siècle en caractères anciens sur un bouclier14. De la fondation de la République dataient le temple de Vica Pota, qui avait la réputation d’occuper l’emplacement sur lequel Valerius Publicola avait déplacé sa maison au pied de la Velia en signe de soumission à la volonté du peuple15, ainsi que l’île Tibérine qui se serait formée à partir du blé moissonné sur le champ de Mars, propriété de Tarquin le Superbe, et pour cela jeté dans le Tibre après qu’il eût été chassé de Rome16. La tradition affirmait que le parvis du temple de Tellus et le temple de Junon Moneta occupaient les emplacements de la maison de Sp. Cassius17 et de celle de Manlius Capitolinus18, rasées après qu’ils furent convaincus d’avoir aspiré à la tyrannie, respectivement en 485 et 384 avant notre ère. De l’invasion gauloise de 390 dataient le temple d’Aius Locutius, qui commémorait l’avertissement vainement adressé par les dieux aux Romains sur l’arrivée des Gaulois19, et les busta gallica, l’emplacement d’un bûcher au pied du Capitole, utilisé par les Gaulois victimes d’une épidémie20. Enfin, à l’époque historique, on montrait à Literne et à Rome les tombeaux de Scipion l’Africain21.
Fig. 1. – Entrée du tombeau de Scipion, Via di Porta San Sebastiano, Rome.
Source : Wikimédia Commons.
6Certains rites constituaient un second groupe de reliques. Il s’agissait du rituel grec pratiqué dans les cultes archaïques de Saturne, en contrebas du Capitole, de Jupiter Inventor institué par Hercule, et celui d’Hercule de l’Ara Maxima sur le Forum Boarium, institué par Hercule lui-même et par Evandre22. La tradition affirmait que le rite des Argées, qui consistait à jeter une fois par an des mannequins dans le Tibre, avait été fondé par Hercule23. Le culte exclusivement rendu par des matrones dans le temple de Fortuna Muliebris, à la frontière de la Rome archaïque, témoignait de la victoire des matrones sur Coriolan au début du ve siècle24. On peut ranger dans cette catégorie certains « rites civils ». Denys affirme que le jour où Romulus avait été massacré par des citoyens romains était désigné sous le nom de Populifugia (« la fuite du peuple »)25. « Vendre les biens de Porsenna », une formule que le héraut prononçait lorsqu’il procédait à la vente du butin pris à l’ennemi, était censée dater du siège de Rome par ce roi en 50826.
7Un troisième groupe de reliques est composé de toponymes. Denys signale que certains lieux à Rome portaient des noms sikèles27. D’après les deux auteurs, le tombeau du roi d’Albe Aventinus avait donné son nom à l’Aventin28. Le uicus Sceleratus, sur la Velia, désignait la rue dans laquelle Tullia avait fait passer son char sur le corps de son père, le roi Servius Tullius29. Sur la rive droite du Tibre se trouvaient les prata Mucia, les prés de Mucius, que G. Mucius Scaevola avait reçu pour récompense de son héroïsme dans la guerre contre Porsenna30. Le uicus Tuscus tirait son nom de l’installation de soldats étrusques recueillis à Rome juste après la fondation de la République31. L. Quinctius Cincinnatus, dictateur et consul au milieu du ve siècle, avait donné son nom aux prata Quinctia, les quatre arpents de terre qu’il possédait sur la rive droite du Tibre32. La maison de Spurius Maelius, convaincu d’avoir aspiré à la tyrannie, fut rasée et son emplacement fut appelé Aequimaelium33. Un monument au milieu du Forum avait reçu le nom de lacus Curtius, d’après le nom d’un soldat du roi sabin Tatius ou d’un soldat romain qui s’était dévoué à cet endroit en 362 (fig. 2)34. Le campus Sceleratus tirait son nom de l’inceste d’une Vestale, qui y avait été enterrée vivante en 33735. Les prés de Vaccus (prata Vacci), sur le Palatin, désignait l’emplacement de la maison de Vitruvius Vaccus, confisquée après que son propriétaire fût convaincu d’avoir dirigé en 330 une révolte des Privernates contre Rome36.
Fig. 2. – Lacus Curtius.
Sources : AKG-images.
8À partir de ces exemples, on observe que la relique, chez Tite-Live et Denys d’Halicarnasse, était un ensemble formé d’un objet sans qualité propre et d’un récit qui le construisait comme élément d’un épisode exemplaire de l’histoire de Rome, ayant traversé les décennies, voire les siècles, lui conférant ainsi sa qualité de signe37.
Une fonction étiologique
9Ces reliques, dans les œuvres de Denys et de Tite Live, sont intégrées à des récits étiologiques. Denys et Tite Live affirment à de nombreuses reprises que quelque part, dans ou à l’extérieur de Rome, dans le langage parfois, quelque chose d’ancien, résultat et trace encore visible du récit qui vient d’être fait, demeurait enchâssée dans la réalité contemporaine. Le récit expliquait l’origine de la présence en ce lieu de quelque chose qui, sans lui, n’aurait pas de sens. Cette intégration de certaines traces visibles ou audibles du passé à des récits historiques relevait donc d’abord d’une volonté, chez Tite-Live et chez Denys, de rendre compte d’un paysage mental commun dans la société romaine de la fin de la République, et de construire l’espace comme un texte lisible38.
10Dans cet espace déterminé, le récit ne saisissait pas n’importe quel objet pour en faire une relique, mais ce qui était perçu comme un point saillant, une irrégularité dans un continuum spatial, religieux, linguistique, etc., et c’était cette irrégularité que les annalistes et les antiquaires cherchaient à expliquer en énonçant les circonstances de son apparition, circonstances forcément exceptionnelles, puisque devant rendre compte d’un objet différent. Ainsi, la geste civilisatrice d’Hercule expliquait le rite grec de Saturne ou celui de l’Ara Maxima, c’est-à-dire des rites perçus comme étrangers de deux des cultes les plus anciens de Rome39. La tradition expliquait la présence d’une poutre barrant une rue de Rome en l’intégrant au récit du combat des Horaces et des Curiaces40. Les particularités du culte de Fortuna Muliebris – rendu dans un temple aux frontières de la Rome archaïque, exclusivement par des matrones – étaient expliquées par l’intervention de ces dernières pour arrêter l’armée de Coriolan alors que les hommes, dont c’était la charge, avaient failli à cette mission41. Quatre arpents de terre étaient le seul bien qui restait à Quinctius Cincinnatus, pourtant ancien consul, après la condamnation scandaleuse de son fils par le peuple ingrat42. L’altérité de la relique appelait ainsi celle de l’événement qui l’avait produite43.
11D’abord étiologie de la relique, le récit subsumait celle-ci à un projet étiologique beaucoup plus vaste, qui avait des résonances directes à l’époque précédant immédiatement celle de ces deux auteurs, époque de la crise de la République et de la publication des œuvres des annalistes qui constituaient leurs sources44. Ainsi, pour punir Horace du meurtre de sa sœur, la tradition affirmait que le roi Tullus Hostilius avait créé la procédure d’accusation de perduellio. Horace ayant ensuite fait appel au peuple, un iudicium populi aurait abouti à son acquittement, puis à son passage sous la poutre pour le purifier. Etiologie de la perduellio, étiologie de l’appel au peuple, étiologie de la purification du guerrier : voilà que la poutre devenait, dans les récits de Tite Live et de Denys, le signe visible de ces multiples étiologies, qui se rattachaient toutes à la question du contrôle par le peuple du comportement aristocratique. Or cette procédure fut utilisée, peut-être même inventée, par Jules César en 63, dans le but de traduire en justice un certain Rabirius, et surtout d’empêcher le triomphe politique du Sénat au moment de la répression contre Catilina45. Le palais immergé d’Amulius, le temple de Vica Pota à l’emplacement de la maison de Valerius Publicola, le parvis du temple de Tellus et le temple de Moneta à l’emplacement des maisons de Sp. Cassius et de Manlius Capitolinus, le uicus Sceleratus et l’Aequimaelium étaient des reliques d’épisodes légendaires qui constituaient autant d’exempla sur la question des risques de dérive vers un exercice tyrannique du pouvoir, et rappelaient les accusations portées contre certains aristocrates dans les conflits civils à partir des Gracques46. La guerre entre Sabins et Romains dans la plaine du Forum, sous le règne de Romulus, que rappelaient le lacus Curtius et un lion de pierre, l’exil de Coriolan et la guerre qu’il avait menée contre sa patrie que rappelait le temple de Fortuna Muliebris, les deux tombeaux que la tradition attribuait à Scipion l’Africain, constituaient des préfigurations des conflits civils de la fin de la République47. Les prés de Quinctius servaient à illustrer, à la fin de la République, le thème de la pauvreté et de la simplicité des mœurs des anciens Romains, dans un contexte d’enrichissement croissant de la classe dirigeante, et alors que la compétition aristocratique nécessitait la mobilisation de ressources de plus en plus importantes48.
12De manière générale, les reliques constituaient les signes d’événements qui, à la fin de la République, étaient perçus par les auteurs de nos sources comme l’origine de ce qu’ils se représentaient comme les caractéristiques de la Rome de leur époque. Elles étaient intégrées à des récits qui relataient comment les ancêtres avaient établi les conditions qui avaient permis d’accroître la puissance de Rome jusqu’à construire l’empire tel qu’il existait à la fin de la République. Les reliques dont il est question chez ces auteurs étaient donc les signes, encore visibles à leur époque, des difficultés que ces ancêtres avaient rencontrées, mais également de leur exemplarité qui leur avait permis de les surmonter49. Elles étaient situées, par les récits annalistiques et antiquaires, à l’articulation d’un événement ancien et d’une exemplarité politique fondée par cet événement, mais qui demeurait actuelle au moment de l’écriture. C’est pourquoi ces récits constituaient des arguments politiques dans les discours qu’échangeaient les sénateurs dans les conflits qui les opposèrent les uns aux autres de plus en plus violemment au cours du dernier siècle de la République50. Cette actualité de la relique explique qu’autour de certains de ces objets-récits, la littérature annalistique et antiquaire formait un entrelacement de récits, parfois même contradictoires : la tradition pouvait désigner plusieurs tombeaux d’Enée ou de Scipion l’Africain, fournir plusieurs récits expliquant l’existence du lacus Curtius51. L’objet saillant que constituait la relique devenait le lieu d’une prolifération d’interprétations visant à en rendre compte, en fonction de problématiques qui la dépassaient et qui variaient avec le temps.
13Certains épisodes exemplaires des temps anciens devinrent ainsi, dans les œuvres de Denys et de Tite-Live, les récits d’une double étiologie, d’un objet, la relique, et d’un problème et de sa résolution. Mais la relique n’actualisait pas ce qui s’était produit dans le passé. La réactualisation du passé était le rôle du texte, parce que le texte annalistique avait essentiellement une fonction politique et morale dans le monde présent de l’auteur qui s’exprimait. Ce que faisait la relique, c’était de montrer physiquement ce qui était advenu. Elle fonctionnait, par rapport au récit, selon une logique de rebours, comme une preuve.
La relique, une origine, une preuve
14Lorsque Tite Live et Denys présentent ces reliques des événements anciens, ils affirment rapporter ce qu’on en dit : λεγομένη, καλουμένη, appellarunt, uocant, etc.52. On sait que derrière l’imprécision de ces formules se cachait parfois l’utilisation d’ouvrages d’annalistes et d’antiquaires écrits à partir de la seconde guerre punique53. Mais ce savoir fut en partie élaboré, jusqu’à Tite-Live et Denys compris, en tenant compte d’un savoir commun, forgé par des interactions entre la culture scripturaire, officielle, c’est-à-dire produite par les magistrats, les grandes familles et les auteurs qui travaillaient pour eux, et des traditions orales, voire populaires, sur des lieux et des événements particuliers54. À Rome surtout, et parfois en Italie, existaient des objets dont on disait, c’est-à-dire dont tout le monde disait, qu’ils étaient les traces laissées par des événements anciens et exemplaires. Ce « on dit » relevait d’un savoir diffus qui produisait sur la relique une information anonyme. Or cette anonymie était la condition de la perception du récit sur la relique, et donc de la relique elle-même, comme vrais. Pour que la relique fût érigée en preuve, l’auteur, Tite-Live ou Denys d’Halicarnasse, s’effaçait devant ce savoir anonyme, et structurait son récit selon un régime particulier de vérité : ce récit devait rendre compte de ce savoir vrai car partagé par tous. De plus, ce savoir était construit selon une logique cumulative. Selon les époques, « on » ne disait pas la même chose sur telle ou telle relique du passé, et cela explique qu’un même objet ait pu être la relique de plusieurs événements55.
15Mais comment ce savoir consensuel, qui était donc un phénomène social, se formait-il ? Si l’on reprend l’exemple de la poutre de la sœur, Denys et Tite-Live nous disent qu’à Rome, en travers d’une rue, se trouvaient une poutre entre deux autels, l’un consacré à Janus Curiatus, l’autre à Junon Sororia, bâtis pour purifier Horace du crime d’avoir tué sa sœur56. Or d’autres sources, notamment archéologiques, ont permis de déterminer que cette poutre faisait partie d’une très ancienne porte de l’enceinte de la Rome archaïque, porte qui était le cadre d’une fête annuelle, au mois d’octobre, pour célébrer le retour des guerriers. Ces derniers devaient alors sans doute rituellement passer sous la poutre afin d’être débarrassés des souillures liées à l’activité guerrière. De manière générale, Janus Curiatus et Junon Sororia veillaient, dans la religion romaine archaïque, à l’intégration des jeunes hommes et des jeunes femmes dans le cadre des curies57.
16Au début de son récit du combat des Horaces et des Curiaces, cette histoire « bien connue » selon ses propres termes, Tite-Live signale que les annalistes ne sont pas d’accord entre eux pour savoir qui des Romains ou des Albains étaient les Horaces, qui les Curiaces58. Denys, quant à lui, affirme que l’épiclèse Curiatus de Junon avait pour étymologie, non les curies, mais le nom des Curiaces59. Or pourquoi Junon aurait-elle protégé les Curiaces, si ce n’est parce que ces derniers étaient les Romains, et qu’ils avaient vaincu les Horaces venus d’Albe ?
17On peut donc faire l’hypothèse suivante : à une époque ancienne, existait dans l’ancienne enceinte de Rome une porte, entourée de deux autels consacrés à des divinités protectrices des curies, l’ensemble constituant le lieu d’une fête annuelle de purification. La poutre, les autels et la fête perdurèrent au cours des siècles, mais le sens de leur présence en cet endroit se perdit, parce que le lieu lui-même n’était plus une porte et que l’enceinte avait disparu. Cette porte était devenue une ruine dont on ne comprenait plus le sens. À un moment apparut le besoin de trouver une origine qui permettait d’expliquer cette présence. Puisque cette poutre servait à une purification, il fallait un crime, mais pour fonder un lieu si particulier, il fallait que ce crime fût extraordinaire, et parce que Sororia fut tardivement rapproché de soror60, on supposa que la victime était une sœur, et le criminel un frère. Il fallait aussi que le criminel, puisqu’on l’avait rituellement purifié, ait été pénalement acquitté de ce crime. Pour expliquer cet acquittement, il fallait que ce frère fût un guerrier ayant accompli au service de la cité un exploit si retentissant qu’il rendait sa condamnation impossible. Ainsi, la poutre devint la relique d’un meurtre légendaire et de la purification qui l’avait rendue nécessaire, d’un guerrier romain ayant tué sa sœur après une victoire légendaire par laquelle il avait sauvé la patrie. Mais alors que ce combat était relaté comme une victoire des Horaces par certaines traditions, l’épiclèse Curiatus attachée à l’autel de Junon fut rapprochée par certains auteurs des Curiaces, comme on peut le lire dans la version de Denys. Les autels et la poutre furent alors intégrés à un récit de la victoire des Curiaces romains sur les Horaces albains, récit que pouvait encore lire Tite-Live chez certains annalistes.
18On pourrait énoncer le même type d’hypothèses sur plusieurs de ces reliques, par exemple Albe, cité ruinée, disparue d’après Denys, mais dont l’archéologie a montré qu’elle n’a jamais existé que dans les œuvres des antiquaires et des annalistes qui cherchèrent à en expliquer les ruines61. Le temple de Fortuna Muliebris, à la frontière de la Rome archaïque, ne pouvait être desservi par des matrones qu’à la suite d’une guerre d’un homme sans père contre sa propre famille, contre le sein qui l’avait nourrie, contre sa propre mère62. Les réflexions de Tite-Live sur la contradiction entre la version la plus répandue dans ses sources de la guerre de Porsenna contre Rome, au tout début de la République, et l’expression « Vendre les biens de Porsenna » encore utilisée à son époque63, comme les deux versions mentionnées par Tite-Live à propos du lacus Curtius64, montrent que l’origine réelle de ces reliques était oubliée à la fin de la République. Le puteal du Comitium fut expliqué en fonction de la statue d’Attus Navius qui se trouvait à proximité, et devint, de manière très probablement erronée, le lieu où avaient été enterrés la pierre et le rasoir qui avaient servi à l’augure pour triompher de Tarquin l’Ancien65. Des lieux – un figuier isolé et une vieille hutte sur le Palatin, le uicus Tuscus, etc. –, des noms – l’Aequimaelium, le uicus Sceleratus, les prés de Mucius, de Quinctius, etc. – ou des rites – les Argées, le jour populifugia, etc. – dont les origines réelles étaient oubliées stimulèrent chez les antiquaires et les annalistes une volonté de rapporter ces lieux à des épisodes exemplaires de l’histoire de Rome.
⁂
19Pour devenir une relique à l’époque de Tite-Live et de Denys, l’objet devait donc d’abord être devenu une ruine, un fragment dont l’origine réelle était oubliée66. La construction de la relique procédait alors d’un double mouvement. L’existence d’une ruine appelait un récit, mais ce récit, qui se saisissait de cette ruine en vertu de sa double qualité d’objet saillant et orphelin, l’érigeait en preuve, en reste d’un récit. Ainsi, la relique est la plupart du temps présentée par Tite-Live et par Denys à la fin du récit d’un épisode : elle le conclut, le clôt à la manière d’une démonstration, par la preuve présente, visible. À la fin du récit, il y a la relique, ce fragment du passé, qui en est aussi, de notre point de vue, une origine. Le texte annalistique ou antiquaire opérait ce retournement, d’un point de départ de la construction d’un récit, d’une cause, la ruine, à un point d’arrivée, une conséquence, la relique construite comme preuve d’un événement. Ce qui était en jeu dans cette substitution des origines, c’était la nécessité d’expliquer la présence d’un objet, présence si particulière que cet objet était érigé en relique d’un exemplum, d’un récit exemplaire du comportement de la classe dirigeante romaine. Les récits annalistiques et antiquaires cherchaient à expliquer une étrangeté par rapport à une tradition ou au déroulement conçu comme normal des événements, en substituant à l’ignorance de l’origine et des causes un événement permettant de donner sens, par la mise en valeur d’une exception, à la réalité dans son ensemble. Le récit annalistique construisait concomitamment l’étrangeté de la relique et une fracture dans un récit.
20Cette volonté de leur trouver une origine explique que la grande majorité des reliques que nous venons de recenser étaient, selon la tradition annalistique et antiquaire, antérieures au ive siècle, alors que leur nombre diminue fortement ensuite67. La plupart de ces reliques rappelaient donc des épisodes légendaires de l’histoire de Rome. Plus les événements étaient incertains, plus les preuves matérielles étaient nombreuses.
Notes de bas de page
1 Clemence Schultze, « Dionysius of Halicarnassus and his Audience », in Ian S. Moxon, John D. Smart et Anthony J. Woodman (éd.), Past Perspectives, Cambridge, Cambridge University Press, 1986, p. 121-141 ; Emilio Gabba, Dionysius and the History of Archaic Rome, Berkeley/Los Angeles/Oxford, University of California Press, 1991, p. 60-216 ; Jane D. Chaplin, Livy’s Exemplary History, Oxford, Oxford University Press, 2000, p. 1-31 ; Matthew B. Roller, « The Exemplary Past in Roman Historiography and Culture », in Andrew Feldherr (éd.), The Cambridge Companion to the Roman Historians, Cambridge, Cambridge University Press, 2009, p. 214-230 ; Tim Cornell, « Universal History and the Early Roman Historians », in Peter Liddel et Andrew Fear (éd.), Historiae Mundi: Studies in Universal History, Londres, Bloomsbury Publishing, 2010, p. 102-115.
2 Denys, I, 21, 2 ; 50, 4 ; 53, 2 ; 54, 1 ; 59, 5 ; II, 1, 1 ; III, 22, 9 ; IV, 58 ; Liv., I, 13, 5 ; 36, 5 ; 48, 7 ; II, 33, 9 ; IV, 16, 1 ; VI, 20 ; 29 ; XXXVIII, 53, 9 ; etc. Le monumentum chez Tite-Live ou le μνημεῖον chez Denys désignait de manière générale tout ce qui conduisait à se souvenir (Mario Labate, « Città morte, città future: un tema della poesia augustea », in Maia, 43, 1991, p. 167-184 ; Timothy P. Wiseman, Monuments and the Roman Annalists, in id., Historiography and Imagination, Exeter, University of Exeter Press, 1994, p. 37-48 ; Gary B. Miles, Livy: Reconstructing Early Rome, New York, Cornell University Press, 1995, p. 16-20 ; Mary Jaeger, Livy’s Written Rome, Ann Arbor, University of Michigan Press, 1997, p. 10-29 ; Claudia Moatti, La raison de Rome, Paris, Le Seuil, 1997, p. 115-121 ; Catherine Baroin, Se souvenir à Rome, Paris, Belin, 2010, p. 33-36 ; Alain Schnapp, Ruines. Essai de perspective comparée, Dijon/Lyon, Les Presses du réel/Presses universitaires de Lyon, 2015, p. 84-89).
3 Eva M. Steinby (dir.), Lexicon Topographicum Urbis Romae, vol. I-V, Rome, Quasar, 1993-1999 (infra : LTUR) ; Tonio Hölscher, « Die Alten vor Augen », in Gert Melville (éd.), Institutionalität und Symbolisierung, Cologne/Weimar/Vienne, Böhlau, 2001, p. 183-211 ; Karl-Joachim Hölkeskamp, « Capitol, Comitium und Forum. Öffentliche Räume, sakrale Topographie und Erinnerungslandschaften der römischen Republik », in Stefan Faller (éd.), Studien zu antiken Identitäten, Wurtzbourg, Ergon Verlag, 2001, p. 97-132 ; Uwe Walter, Memoria und res publica, 1, Francfort, Verlag Antike, 2004, p. 112-154 ; Michel Aberson, « Des lieux, des dieux, des marques de mémoire : Tite-Live et les monuments de Rome », in Damien Nellis et Manuel Royo (éd.), Lire la ville. Fragments d’une archéologie littéraire de Rome antique, Bordeaux, Ausonius, 2014, p. 17-40.
4 Par exemple, certaines caractéristiques du culte de Fortuna Muliebris (n. 24 ; 41 ; 47 ; 62), le parvis du temple de Tellus (n. 17), l’emplacement du temple de Junon Moneta (n. 18), etc., constituaient des reliques d’épisodes de l’histoire de Rome, sans rapport causal direct entre ces reliques et les événements qui avaient mené à la construction de ces monuments et que ceux-ci commémoraient.
5 Catharine Edwards, Writing Rome, Cambridge, Cambridge University Press, 1996, p. 18-29 ; Andreas Hartmann, Zwischen Relikt und Reliquie, objektbezogene Erinnerungspraktiken in antiken Gesellschaften, Berlin, Verlag Antike, 2010, p. 31-47, 57-67 et 119-141 ; Gilles A. Tiberghien, « Des ruines, pour quoi faire ? », in Miguel Egana et Olivier Schefer (dir.), Esthétique des ruines, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2015, p. 29-38 ; Thomas Späth, « Au lieu des Lieux. Les actes de mémoire », in Stéphane Benoist et al. (dir.), Une mémoire en actes, Villeneuve-d’Asq, Presses universitaires du Septentrion, 2016, p. 23-46.
6 Denys, II, 1, 1 ; Dominique Briquel, Les Pélasges en Italie, Rome, BEFAR, 1984, p. 495-522.
7 Liv., I, 7, 8 ; Denys, I, 39, 4 ; 40, 3-6 ; Jaakko Aronen, Pater Inventor, Ara, s. v., in LTUR, IV, Rome, Quasar, 1999, p. 62 ; id., Saturnia, Saturnus Mons, s. v., in id., p. 233-234 ; Filippo Coarelli, Saturnus Ara, s. v., in id., p. 236 ; id., Il Foro Boario, Rome, Quasar, 1988, p. 61-77 ; id., Hercules Invictus, Ara axima, s. v., in LTUR, III, Rome, Quasar, 1996, p. 15-17.
8 Denys, no I, 49, 3 ; 51, 3 ; 53, 1 ; 54, 1 ; 55, 2 ; 59, 5 ; 64, 1 ; 5 ; 68, 3 ; T. Cornell, « Aeneas and the Twins », in PCPhS, 201, 1975, p. 1-32 ; A. Hartmann, op. cit., p. 438-445.
9 Denys, I, 71, 3 ; III, 31, 4 ; Jacques Poucet, Les origines de Rome, Bruxelles, Publications des facultés universitaires Saint-Louis, 1985, p. 146-149 et 295-296 ; Alexandre Grandazzi, Alba Longa. Histoire d’une légende, Rome, BEFAR, 2008, p. 508-512 et 773-778.
10 Denys, IV, 53, 1.
11 Liv., I, 4, 5 ; 8, 5 ; 13, 5 ; Denys, I, 79, 11 ; 87, 2 ; II, 15, 4 ; III, 1, 2 ; T. P. Wiseman, Asylum, s. v., in LTUR, I, Rome, Quasar, 1993, p. 130 ; id., Unwritten Rome, in id., Unwritten Rome, Exeter, University of Exeter Press, 2008, p. 1-23 ; F. Coarelli, Ficus Ruminalis, s. v., in LTUR, II, Rome, Quasar, 1995, p. 249 ; id., Sepulcrum Romuli, s. v., in LTUR, IV, Rome, Quasar, 1999, p. 295-296 ; id., Palatium, Rome, Quasar, 2012, p. 128-132 ; Paolo Carafa, « Il Palatino, messo a punto », in ArchClass, 69, 2013, p. 719-738 ; A. Hartmann, op. cit., p. 89-90, 148-149, 152-154 et 517-530. La tombe de Faustulus (Denys, I, 87, 2) et celle d’Hostilius (III, 1, 2) correspondent, d’après F. Coarelli (Il foro romano, I, Rome, Quasar, 1983, p. 161-199), au Lapis Niger.
12 Liv., I, 25, 14 ; 26, 13 ; Denys, III, 22, 1 ; 7-9 ; 10 ; F. Coarelli, op. cit., 1983, p. 111-117 ; id., Il foro romano, II, Rome, Quasar, 1985, p. 201-209 ; id., Tigilum Sororium, s. v., in LTUR, V, Rome, Quasar, 1999, p. 74-75.
13 Liv., I, 36, 5 ; Denys, III, 71, 5 ; F. Coarelli, op. cit., 1985, p. 28-38 ; id., Ficus Navia, s. v., in LTUR, II, Rome, Quasar, 1995, p. 248-249 ; id., Ficus Ruminalis, s. v., in LTUR, II, Rome, Quasar, 1995, p. 249 ; id., op. cit., 2012, p. 128-132 ; Mariangela Scarsi, Neque Atti Navii nomen memoria floreret tam diu, in BStudLat, no 35, 2005, p. 401-439 ; A. Hartmann, op. cit., p. 71-73.
14 Denys, IV, 58, 4 ; T. P. Wiseman, art. cité, 2008 ; F. Coarelli, Semo Sanctus in Colle, Aedes, Fanum, Sacellum, Templum, s. v., in LTUR, vol. IV, Rome, Quasar, 1999, p. 263-264.
15 Liv., II, 7, 12 ; F. Coarelli, op. cit., 1983, p. 79-82 ; id., Vica Pota, s. v., in LTUR, vol. V, Rome, Quasar, 1999, p. 148-149 ; Adam Ziolkowski, The Temples of Mid-Republican Rome, Rome, «L’Erma» di Bretschneider, 1992, p. 171-172.
16 Liv., II, 5, 3-4 ; Denys, V, 13, 3-4 ; Donatella Degrassi, Insula Tiberina, s. v., in LTUR, III, Rome, Quasar, 1996, p. 99-101 ; D. Briquel, « La question des biens des Tarquins : blé du Tibre et or du Rhin », in REL, 82, 2004, p. 60-75.
17 Liv., II, 41, 10-11 ; Denys, VIII, 79, 3 ; Robert M. Ogilvie, A Commentary on Livy. Books 1-5, Oxford, Clarendon Press, 1965, p. 337-345 ; A. Ziolkowski, op. cit., p. 155-162 ; F. Coarelli, Tellus, Aedes, s. v., in LTUR, V, Rome, Quasar, 1999, p. 24-25 ; A. Hartmann, op. cit., p. 145-146.
18 Liv., VI, 20, 13 ; Giuseppe Giannelli, Iuno Moneta, Aedes, s. v., in LTUR, III, Rome, Quasar, 1996, p. 123-125 ; Annie Vigourt, « L’intention criminelle et son châtiment : les condamnations des aspirants à la tyrannie », in Marianne Coudry et T. Späth (éd.), L’invention des grands hommes de la Rome antique, Paris, De Boccard, 2001, p. 271-287 ; Francesco P. Arata, « Osservazioni sulla topografia sacra dell’Arx Capitolina », in MEFRA, 122, 2010, p. 117-146 ; A. Hartmann, op. cit., p. 145-146. Dans ces deux derniers cas, de même que dans celui de la maison de Sp. Maelius (n. 33), ce sont les emplacements qui constituaient les reliques et non les temples eux-mêmes.
19 Liv., V, 50, 5 ; J. Aronen, Aius Locutius, s. v., in LTUR, vol. I, Rome, Quasar, 1993, p. 29 ; F. Coarelli, op. cit., 2012, p. 50-53 ; Annie Dubourdieu, « Divinités de la paroles, divinités du silence dans la Rome antique », in RHR, 220, 2003, p. 259-282.
20 Liv., V, 48, 3 ; F. Coarelli, Busta Gallica, s. v., in LTUR, vol. I, Rome, Quasar, 1993, p. 203-204 ; A. Hartmann, op. cit., p. 148-149.
21 Ces tombeaux étaient des reliques de la fin controversée de Scipion l’Africain : Liv., XXXVIII, 56 ; Erich S. Gruen, « The Fall of the Scipios », in Irad Malkin et Zeev W. Rubinsohn (éd.), Leaders and Masses in the Roman World, Leyde/New York/Cologne, Brill, 1995, p. 59-89 ; F. Coarelli, Revixit Ars, Rome, Quasar, 1996, p. 179-238 ; Fausto Zevi, Sepulcrum (Corneliorum) Scipionum, s. v., in LTUR, vol. IV, Rome, Quasar, 1999, p. 281-285.
22 Liv., I, 7, 3-15 ; Denys, I, 34, 4 ; 39, 4 ; 40, 3-6 ; VI, 1, 4 ; John Scheid, « Graeco ritu: a Typically Roman Way of Honoring the God », in HSCP 97, 1995, p. 15-31 ; id., Quand faire, c’est croire, Paris, Aubier, 2005, p. 87-95 ; voir n. 7.
23 Denys, I, 38, 2-3 : les cultes établis par Hercule constituaient des reliques de la geste de ce héros civilisateur sur le site de Rome (Anita Johner, « Rome, la violence et le sacré : les doubles fondateurs », in Euphrosyne, XIX, 1991, p. 291-302 ; Fritz Graf, « The Rite of the Argei—Once Again », in MH, 57, 2000, p. 94-103).
24 Liv., II, 40, 12 ; Denys, VIII, 55, 2-4 ; Roberto Egidi, Fortunae Muliebris Aedes, Templum, s. v., in Adriano La Regina (éd.), in LTURS, II, Rome, Quasar, 2004, p. 272-273.
25 Denys, II, 56, 5 ; D. Briquel, « La légende de la mort et de l’apothéose de Romulus », in Paul M. Martin et Charles-Marie Ternes (éd.), La mythologie, clef de lecture du monde classique. Hommage à R. Chevalier, Tours, Centre de recherches A. Piganiol, 1986, p. 15-35.
26 Liv., II, 14, 1-4 ; Maria L. Scevola, « Conseguenze della deditio di Roma a Porsenna », in Rendiconti. Istituto Lombardo, Accademia di scienze e lettere, 109, 1975, p. 3-27 ; T. Cornell, The Beginnings of Rome, Londres/New York, Routledge, 1995, p. 216-218.
27 Denys, II, 1, 1 ; voir n. 6.
28 Liv., I, 3, 9 ; Denys, I, 71, 4 ; A. Grandazzi, op. cit., p. 765-768.
29 Liv., I, 48, 6-7 ; Denys, IV, 39, 5 ; F. Coarelli, op. cit., 1988, 409-411 ; id., Clivus Orbius, Urbius, s. v., in LTUR, vol. I, Rome, Quasar, 1993, p. 283.
30 Liv., II, 13, 5 ; Denys, V, 35, 1 ; Paolo Liverani, Prata Mucia, s. v., in LTUR, vol. IV, Rome, Quasar, 1999, p. 161.
31 Liv., II, 14, 9 ; Denys, V, 36, 3-4 ; Emanuele Papi, Vicus Tuscus, s. v., in LTUR, vol. V, Rome, Quasar, 1999, p. 195-197 ; F. Coarelli, op. cit., 2012, p. 69-70 et 84-87 ; A. Hartmann, op. cit., p. 71-73.
32 Liv., III, 26, 8 ; Denys, X, 8, 4 ; P. Liverani, Prata Quinctia, s. v., in LTUR, vol. IV, Rome, Quasar, 1999, p. 161 ; Bernadette Liou-Gille, « Lucius Quinctius Cincinnatus et ses quatre arpents », in Latomus, 66, 2, 2007, p. 301-326.
33 Liv., IV, 16, 1 ; Giuseppina Pisani Sartorio, Aequimaelium, s. v., in LTUR, vol. I, Rome, Quasar, 1993, p. 20-21 ; A. Hartmann, op. cit., p. 141-142.
34 Liv., I, 13, 5 ; VII, 6, 1-5 ; Cairoli F. Giuliani, Lacus Curtius, s. v., in LTUR, III, Rome, Quasar, 1996, p. 166-167 ; M. Jaeger, op. cit., p. 30-56 ; A. Hartmann, op. cit., p. 149-150.
35 Liv., VIII, 15, 7 ; Augusto Fraschetti, « La sepoltura delle Vestali e la Città », in Du châtiment dans la cité, Rome, École française de Rome, 1984, p. 97-129 ; F. Coarelli, Campus Sceleratus, s. v., in LTUR, I, Rome, Quasar, 1993, p. 225.
36 Liv., VIII, 19, 4 ; E. Papi, Domus: M. Vitruvius Vaccus, s. v., in LTUR, II, Rome, Quasar, 1995, p. 215 ; F. Coarelli, op. cit., 2012, p. 289.
37 Claudia Klodt, « Place as Argument: Roman Topography in Rhetorical Strategy », in D. Nellis et M. Royo (éd.), op. cit., 2014, p. 85-123.
38 Pierangelo Catalano, « Aspetti spaziali del sistema giuridico-religioso romano », Mundus, templum, urbs, ager, Latium, Italia, in ANRW, vol. II, 16, 1, Berlin/New York, W. de Gruyter, 1978, p. 442-445.
39 N. 22. A. Johner, art. cité ; Mario-Attilio Levi, « L’Ercole romano », in DHA, no 22, 1996. p. 79-94 ; J. Scheid, op. cit., 2005, p. 87-95.
40 N. 12 ; B. Liou-Gille, « La perduellio : les procès d’Horace et de Rabirius », in Latomus, no 53, 1994, p. 3-38.
41 No 24 ; Nicole Boëls-Janssen, « L’interdit des bis nuptae dans les cultes matronaux : sens et formulation », in REL, 74, 1996, p. 47-66 ; J. Scheid, Les sanctuaires des confins dans la Rome antique, in L’Urbs, espace urbain et histoire (i er s. av. J.-C.-iiie s. apr. J.-C.), Rome, École française de Rome, 1987, p. 583-595 ; Jean-Michel David, « Les étapes historiques de la construction de la figure de Coriolan », in M. Coudry et T. Späth (éd.), op. cit., p. 17-25.
42 N. 32 ; Ann Vasaly, « The Quinctii in Livy’s First Pentad: The Rhetoric of Anti-Rhetoric », in CW, 92, 1999, p. 513-530.
43 De même, un figuier au pied du Palatin désignait le lieu où Romulus et Remus avaient été abandonnés (n. 11) ; la guerre entre Rome et Albe sous le règne de Tullus Hostilius expliquait, en plus de la destruction d’Albe, la présence de sépultures anonymes en dehors de Rome, celles des Horaces et des Curiaces, enterrés là où ils étaient tombés, et le nom donné à un pilier sur le Forum (n. 12 ; Joseph B. Solodow, « Livy and the Story of Horatius I.24-26 », in TAPhA, no 109, 1979, p. 251-68, rééd. J. D. Chaplin et Christina S. Kraus [éd.], Livy, Oxford, Oxford University Press, 2009, p. 297-320) ; une statue et un puteal à proximité du Comitium commémoraient le prodige accompli par l’augure Attius Navius (n. 13 ; Giulia Piccaluga, « Attus Navius », in SMSR, 40, 1969, p. 151-208 ; Jan N. Bremmer, « Three Roman Aetiological Myths », in F. Graf [éd.], Mythos in mythenloser Gesellschaft, Stuttgart/Leipzig, B. G. Teubner, 1993, p. 158-174) ; etc.
44 Dagmar Gutberlet, Die erste Dekade des Livius als Quelle zur gracchischen und sullanischen Zeit, Hildesheim, Olms-Weidmann, 1985, p. 5-20 ; T. P. Wiseman, art. cité, 2008 ; C. Klodt, art. cité ; Cyril Courrier, La plèbe de Rome et sa culture, Rome, École française de Rome, 2014, p. 547-582 ; A. Hartmann, op. cit., p. 430-468 et 578-592.
45 André Magdelain, « Remarques sur la perduellio », in Historia, 22, 1973, p. 405-422, repris in id., Jus, imperium, auctoritas. Études de droit romain, Rome, École française de Rome, 1990, p. 499-518 ; Laszlo Havas, « L’arrière plan politique du procès de perduellio contre Rabirius », in ACD, 12, 1976, p. 19-27 ; Jean Paul Brisson, « Mythe, histoire et droit dans le “procès” d’Horace », in Marcel Renard et Pierre Laurens (dir.), Hommages à Henry Bardon, Bruxelles, Latomus, 1985, p. 47-69 ; B. Liou-Gille, op. cit., 1994, p. 3-38 ; J. B. Solodow, op. cit. ; Christopher Smith, « Caesar and the History of Early Rome », in Gianpaolo Urso (dir.), Cesare: precursore o visionario, Pise, ETS, 2010, p. 249-264.
46 N. 9 ; 15 ; 17 ; 18 ; 29 ; 33 ; D. Gutberlet, op. cit., p. 40-47 ; Martine Chassignet, « La “construction” des aspirants à la tyrannie », in M. Coudry et T. Späth (éd.), op. cit., p. 83-96 ; A. Vigourt, op. cit. ; Francisco Pina Polo, « The Tyrant Must Die: Preventive tyrannicide in Roman Political Thought », in Francisco M. Simón, F. Pina Polo et José Remesal Rodriguez (éd.), Repúblicas y ciudadanos, Barcelone, Universitat de Barcelona, 2006, p. 71-101 ; M. B. Roller, « Demolished Houses, Monumentality, and Memory in Roman Culture », in Classical Antiquity, 29, 2010, p. 117-180 ; Lauren Kaplow, « Creating popularis History: Sp. Cassius, Sp. Maelius, and M. Manlius in the Political Discourse of the Late Republic », in BICS, 55, 2012, p. 101-109.
47 N. 10 ; 34 ; 24 ; 21 ; J.-M. David, art. cité ; id., « Coriolan, figure fondatrice du procès tribunicien », in M. Coudry et T. Späth (éd.), art. cité, p. 249-269 ; A. Vigourt, art. cité ; Giovanni Brizzi, « Per una rilettura del processo degli Scipioni », in RSA, no 36, 2006, p. 49-76 ; Philippe Akar, « Les Romains de la République avaient-ils besoin des femmes pour établir la concorde entre eux ? », in Violaine Sebillotte Cuchet et Nathalie Ernoult (éd.), Problèmes du genre en Grèce ancienne, Paris, Publications de la Sorbonne, 2007, p. 247-259.
48 N. 32 ; 42 ; Andrew Lintott, « Electoral Bribery in the Roman Republic », in JRS, no 80, 1990, p. 1-16 ; Alexander Yakobson, « Petitio et largitio », in JRS, no 82, 1992, p. 32-52 ; C. Schultze, « Clothing Cincinnatus: Dionysius of Halicarnassus », in John Marincola (éd.), A Companion to Greek and Roman Historiography, II, Malden/Oxford/Victoria, Blackwell Publishing Ltd, 2007, p. 404-410.
49 Danielle Porte, Rome : l’esprit des lettres, Paris, La Découverte, 1993, p. 56-60.
50 C. Moatti, op. cit., p. 30-39 ; Thomas N. Habinek, The Politics of Latin Literature, Princeton, Princeton University Press, 1998, p. 45-59 ; Michael Stemmler, « Auctoritas exempli », in Bernhard Linke et Michael Stemmler (dir.), Mos maiorum, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 2000, p. 141-205.
51 N. 8 ; 21 ; 34 ; Carmine Ampolo, « La storiografia su Roma arcaica e i documenti », in E. Gabba (dir.), Tria corda. Scritti in onore di A. Momigliano, Cômes, New Press, 1983, p. 9-26.
52 Denys I, 49, 3 ; 79, 11 ; II, 15, 4 ; III, 22, 8 ; 9 ; 71, 5 ; IV, 39, 5 ; V, 35, 1 ; 36, 4 ; Liv., I, 4, 5 ; 13, 5 ; 26, 13 ; 36, 5 ; 48, 7 ; II, 13, 5 ; 14, 9 ; III, 26, 8 ; IV, 16, 1 ; V, 48, 3 ; VII, 6, 5 ; VIII, 15, 7 ; 19, 4 ; XXXVIII, 56, 1.
53 Notamment Varron : Hubert Cancik, « Rome as Sacred Landscape », in Visible Religion, IV-V, 1985-1986, p. 250-265 ; T. Cornell, op. cit., p. 18-26 ; C. Edwards, op. cit., p. 4-6 ; C. Moatti, op. cit., p. 109-122 et 143-155. Voir n. 1.
54 Arnoldo Momigliano, Les fondations du savoir historique, Paris, Les Belles Lettres, 1992, p. 93-126 ; E. Gabba, « True History and False History in Classical Antiquity », in JRS, no 71, 1981, p. 50-62 ; G. B. Miles, op. cit., p. 55-62 ; T. P. Wiseman, « The History of a Hypothesis », in id., Roman Drama and Roman History, Exeter, University of Exeter Press, 1998, p. 1-16 ; id., art. cité, 2008 ; id., « The Prehistory of Roman Historiography », in id., op. cit., 2008, p. 231-242 ; J. Marincola, Authority and Tradition in Ancient Historiography, Cambridge, Cambridge University Press, 1997, p. 99-107 ; Robert Morstein-Marx, Mass Oratory and Political Power in the Late Roman Republic, Cambridge, Cambridge University Press, 2004, p. 70-118 ; Harriet I. Flower, « Alternatives to Written History in Republican Rome », in A. Feldherr (éd.), op. cit., p. 65-76 ; Jürgen von Ungern-Sternberg, « The Tradition on Early Rome and Oral History », in J. Marincola (éd.), Greek and Roman Historiography, Oxford, Oxford University Press, 2011, p. 119-149 ; A. Hartmann, art. cité, p. 141.
55 N. 51.
56 N. 12.
57 Georges Dumézil, Horace et les Curiaces, Paris, Gallimard, 1942, p. 98-126 ; R. M. Ogilvie, op. cit., p. 116-117 ; Gérard Capdeville, « Les épithètes cultuelles de Janus », in MEFRA, no 85, 1973, p. 395-436 ; J. B. Solodow, art. cité ; F. Coarelli, art. cité, 1983, p. 111-117 ; B. Liou-Gille, art. cité.
58 Liv., I, 24, 1.
59 Denys, III, 22, 7.
60 R. M. Ogilvie, art. cité, p. 117.
61 N. 9.
62 N. 24 ; Lucia Beltrami, Il sangue degli antenati, Bari, Edipuglia, 1998, p. 147-174 ; J.-M. David, art. cité.
63 N. 26.
64 N. 34 ; J. N. Bremmer, art. cité.
65 N. 13.
66 C. Ampolo, op. cit. ; T. P. Wiseman, art. cité, 1994.
67 Il ne semble pas que cette répartition des reliques soit entièrement due à la perte de la fin des œuvres de Tite-Live et Denys d’Halicarnasse. En effet, on observe une diminution tendancielle de ces cas : Denys, I, 34, 4 ; 38, 2-3 ; 39, 4 ; 40, 3-6 ; 49, 3 ; 51, 3 ; 53, 1 ; 54, 1 ; 55, 2 ; 59, 5 ; 64, 1-5 ; 68, 1-3 ; 71, 3 ; 71, 4 ; 79, 11 ; 87, 2 ; II, 1, 1 ; 15, 4 ; 56, 5 ; III, 1, 2 ; 22, 1 ; 22, 7-9 ; 22, 9 ; 22, 10 ; 31, 4 ; 45, 2 ; 71, 5 ; IV, 39, 5 ; 53, 1 ; 58, 4 ; V, 13, 3-4 ; 35, 1 ; 36, 3-4 ; VI, 1, 4 ; VII, 6, 1-5 ; VIII, 55, 2-4 ; 79, 3 ; X, 8, 4 ; Liv., I, 3, 9 ; 4, 5 ; 7, 8 ; 8, 5 ; 13, 5 ; 25, 14 ; 26, 13 ; 36, 5 ; 48, 6-7 ; II, 5, 3-4 ; 7, 12 ; 13, 5 ; 14, 1 ; 9 ; 40, 12 ; 41, 11 ; III, 26, 8 ; IV, 2 ; 16, 1 ; V, 48, 3 ; 50, 5 ; VI, 20, 13 ; VIII, 15, 7 ; 19, 4 ; XXXVIII, 56, 3 (2 cas).
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008