Chapitre VIII. Jalons pour une sociographie des condamnés à l’exposition
p. 273-304
Texte intégral
1La voie la plus efficace pour dresser une sociographie des condamnés au pilori est de révéler les principes de sélection qui, à l’occasion de la procédure judiciaire, président à la constitution de cette population. La sélection des condamnés est évidemment multifactorielle. Elle peut résulter de la nature du crime commis, du capital symbolique de la personne jugée, de ses ressources disponibles pour éviter la peine – amis, témoins, famille, capital économique –, sans oublier la part de contingence inhérente à la fabrique artisanale de la réponse pénale. Outre ces contraintes qui s’exercent sur toutes les populations de condamnés, la peine du pilori, parce qu’elle est infamante, possède ses propres critères discriminants. En conséquence, les condamnés à l’exposition ne devraient a priori pas parfaitement correspondre à la population générale. On peut alors se demander si cette peine infamante s’adresse prioritairement à une partie spécifique de la société, notamment les personnes déjà marginalisées, ou si elle est au contraire requise contre différents états et groupes sociaux.
2Avant d’expliquer les permanences sociologiques qui gouvernent la production de cette population, rappelons que leur traitement statistique ne peut qu’être sommaire. L’éparpillement des sources et de leur nature, le décalage entre la petite partie documentée du phénomène et l’océan de faits non conservés, l’incapacité à savoir si un arrêt judiciaire a bien été appliqué, l’étendue chronologique importante, sont autant de limites techniques qui rendent inopérant l’emploi de nombreux outils mathématiques développés par la statistique et la sociologie1. Le caractère hétéroclite du corpus interdit de prétendre que les personnages répertoriés sont pleinement représentatifs de l’ensemble des condamnés au pilori qui ont pu exister. Mais si le corpus ne reflète pas des chiffres et des fréquences absolus, il nous renseigne tout de même sur des ordres de grandeur et des tendances structurelles qui ne sont pas dépourvus de sens.
3Nous verrons que le pilori frappe en priorité des individus ordinaires capables d’être déshonorés. La présence de quelques privilégiés s’explique par la gravité de leurs méfaits, ainsi que par des contextes historiques particuliers. Nous constaterons enfin l’absence statistique des catégories marginales, ce qui contredit l’idée ancienne que le pilori serait réservé aux mauvaises gens.
Une écrasante majorité de gens ordinaires
4La plupart des personnes qui sont attachées au pilori sont issues des couches les plus banales de la société médiévale. Il s’agit essentiellement de roturiers (92,25 %), dans la force de l’âge, dotés d’un habitat sédentaire, d’une famille, d’un travail et de relations sociales. Leurs crimes sont perpétrés dans les lieux publics de la sociabilité quotidienne : la rue, la taverne, le lieu de travail ou chez un voisin. Bien implantés dans leur voisinage et souvent mariés, les condamnés à l’exposition correspondent à la figure du délinquant du quotidien proposée par Claude Gauvard, puis confirmée par les travaux ultérieurs2. L’inscription de nos condamnés dans des réseaux de solidarité entrelacés s’avère parfois être la cause de leurs déboires judiciaires. Incités au crime par des amis, suivant servilement les ordres de leur maître ou défendant l’honneur de leur famille, ces criminels sont punis pour s’être trop conformés aux contraintes imposées par leurs réseaux de solidarité.
Des hommes et femmes installés
5Nos données corroborent en premier lieu un constat classique de la sociographie des justiciables médiévaux : la dissymétrie appuyée entre hommes et femmes. Avec 15 % de femmes condamnées au pilori, la population est dans la moyenne de toutes celles qui ont été étudiées jusqu’à présent. Lorsqu’elle chiffra la part de criminalité féminine à 22 % dans l’Angleterre du xive siècle3, Barbara Hanawalt a établi une première borne supérieure qui fut ensuite nuancée selon les régions et les types de sources, de crimes ou de condamnations. Nicole Gonthier évalue ainsi à 20 % la part, toutes peines confondues, de condamnées dans le Lyonnais4, tandis que Marie-Amélie Bourguignon et Bernard Dauven en trouvent 9 % dans les Pays-Bas bourguignons5. Les lettres de rémission ne comportent quant à elles qu’entre 2 et 6,5 % de suppliantes, disparité que Claude Gauvard attribue à la nature de ces sources6. Les registres d’écrous tardo-médiévaux, qu’il s’agisse des fragments du Châtelet de 14127, de ceux de la même institution conservés pour la fin du xve siècle8, ou de ceux de Saint-Germain-des-Prés au xvie siècle9, présentent entre 15 et 30 % de femmes arrêtées par les officiers10. L’écart statistique entre hommes et femmes s’observe donc dès l’action policière, puis se répercute tout au long de la procédure, jusqu’à la réponse pénale.
6Si l’historiographie a pointé cet important décalage quantitatif entre les genres, elle est restée prudente quant à son interprétation. Martine Charageat, après avoir mis en garde contre la tentation d’exceptionnaliser l’expérience judiciaire féminine, propose une explication d’ordre structurel. La société médiévale renierait l’existence du crime au féminin et le minorerait par différentes stratégies rhétoriques, ce qui conditionnerait la place des femmes dans les sources judiciaires11. Quelles que soient les interprétations avancées, tous s’accordent finalement avec Marie-Jo Dhavernas : « il s’avère difficile de faire la part de ce qui est différence réelle de comportement entre les deux sexes et de ce qui est différence de réponse de l’appareil judiciaire à des comportements semblables12 ». Il y a ainsi de fortes chances que l’image des femmes dans les archives judiciaires soit une construction discursive mélangeant lieux communs et réputation véritable de la personne jugée.
7Pour le cas particulier de l’exposition, le genre ne semble pas être un critère classant. Non seulement la répartition hommes-femmes correspond au ratio habituel qu’on observe dans toutes les sources judiciaires, mais encore elle ne s’accompagne qu’à la marge de discours qui sépareraient ces individus du reste des condamnés. Nous voyons bien quatre femmes être traitées de « maquerelles », terme identifié comme élément de la rhétorique d’abaissement des femmes criminelles par Corinne Leveleux-Texeira13. Mais deux d’entre elles sont effectivement jugées pour proxénétisme : Katherine, femme d’Henryet du Poquier, qui a « vendu, baillé & livré une jeune fille nommée Margot14 » d’une part, et une anonyme qui porte une mitre « où sera la forme d’une femme qui livrera à un homme une jeune fille15 » d’autre part. Une autre a commis l’indécence d’habiter avec un juif alors qu’elle est chrétienne16. La quatrième est condamnée « pour ce que elle estoit maquerelle et juroit vilenement17 ». Seule cette dernière mention est susceptible d’être un qualificatif fabriqué pour noircir la réputation de la femme jugée. Somme toute, il ne semble pas y avoir de stigmatisation particulière des femmes dans nos documents : la plupart sont traitées à l’égal des hommes. Il nous faut donc rejoindre les analyses de Nathalie Porteau-Bitker, qui avance qu’une fois le procès engagé, le genre n’importe plus vraiment dans l’établissement de la responsabilité et de la sanction pénales18.
8Ce qui caractérise le plus la place des femmes dans notre documentation, ce n’est ni leur marginalité sociale, ni leur marginalisation rhétorique, mais plutôt leur intégration, semblable à celle des hommes, dans les champs sociaux ordinaires et honorables de leur époque. Elles sont mariées, ont un lieu de vie et un travail. C’est pourquoi nous ne les singulariserons pas et étudierons désormais de concert l’ensemble des personnages condamnés.
9Il serait hasardeux d’essayer de quantifier la part des condamnés mariés, parce que l’évocation de la vie conjugale dans les sources judiciaires suit des règles précises qui biaisent les tentatives de dénombrement. La condition maritale est tout d’abord systématiquement évoquée lorsque la personne jugée est une femme, puisqu’elle lui donne son identité sociale, tandis qu’elle est généralement éludée lorsqu’il s’agit d’un homme. Pour eux, l’évocation du mariage est un instrument rhétorique qui prend son sens dans l’économie des discours d’accusation et de défense. Il est banal qu’une lettre de rémission insiste sur le fait que le suppliant est « chargié de femme et d’enfans19 », fardeau qui motive la pitié et la miséricorde du souverain.
10A contrario, les mariages mal assortis ou dysfonctionnels sont très fréquents dans le corpus, parce qu’ils s’intègrent à la rhétorique accusatrice en tant que source supposée de crimes. Prenons le cas de Gilles de Rommerie, maçon habitant la ville de Saint-Quentin et jugé en appel, en 1505, par le Parlement de Paris. Cet homme, au demeurant de bonne renommée, est jugé « pour raison de ce qu’il a congneu charnellement Ennechon Regnarde, seur de sa femme, oultre le gré et consentement d’elle20 ». Sa bonne réputation lui permet, malgré la gravité de son crime, de voir la peine de mort qu’il avait reçue en première instance être commuée en peines du pilori et de bannissement. Les infidélités de couples mariés, moins graves que le viol commis par Gilles, sont légion dans notre corpus. Le registre de l’officialité de Cerisy conserve la trace de toute une série de couples adultères aux yeux de l’Église, à l’image de Jean Le Seeley et sa femme qui « ne se conduisent pas comme des époux21 ». Toutes ces personnes ne font, à vrai dire, qu’élaborer des stratégies pour satisfaire leur vie affective au sein de mariages souvent arrangés. Ils renvoient l’image de personnes ordinaires enserrées dans des relations conjugales peu gratifiantes, mais honorablement conclues.
11Parfois, c’est le désir trop brûlant de conclure un beau mariage qui amène des gens d’honneur face à la justice. Considérons le cas de Regnault d’Azincourt, « gentilhomme d’onneur et d’estat » présent à Paris en 1405 pour obtenir la main de Jeanne Hemery, riche et jeune veuve, fille d’un « notable et bon marchant en la ville de Paris22 ». Après maintes tentatives infructueuses, Regnault décide de « la fiancer sans son consentement ne de son père, qui est crime capital car c’estoi par force ». Il rassemble « cinq compaignons », dont un prêtre, et se rend de nuit « en l’ostel de la dicte Jehanne, en la rue Saint Denis, armez et sans lumière, et d’aguet appensé ». Réveillée en sursaut par l’irruption des cinq hommes, Jeanne a « si grant paour qu’elle en est encheue en maladie ». Regnault, paniqué à l’idée qu’elle soit morte, attrape en compensation sa petite sœur, Jeannette. Mais la fillette crie et résiste tant et tant que les compagnons se résignent à l’abandonner sur le pas de la porte de l’hôtel, avant de prendre la fuite. Promptement arrêtés par les sergents du Châtelet, Regnault est condamné à faire amende honorable, tandis qu’Olive Hemery, la parente qui l’avait introduit auprès de Jeanne et qui est jugée complice des faits, doit être tournée au pilori.
12Cette plaidoirie est exemplaire en cela qu’elle donne à voir des criminels poursuivant par de mauvais moyens des fins honorables. Olive, qui se présente en appel comme « bien née, bonne preude femme », n’a fait qu’intercéder en faveur de Regnault d’Azincourt dans le but de conclure un mariage profitable pour sa nièce. La plupart des affaires mettant en scène des personnes mariées, ou recherchant le mariage, font écho à celle-ci, car elles nous montrent des gens qui, après de nombreux efforts pour tenir leur état, pour agir selon les règles, finissent par bifurquer vers la voie de fait, le rapt ou l’infidélité. Finalement, tous ces individus brillent plus par leur intégration, ou leurs tentatives de s’intégrer, à l’institution honorable du mariage que par leur refus de cette norme.
13De plus, les condamnés au pilori sont en majorité des résidents bien implantés dans la communauté où ils commettent leur crime. Les qualificatifs habituels du déracinement, comme le fameux « demourant partout23 », sont absents de la documentation. On ne trouve d’ailleurs que deux personnages qui sont définis comme des « étrangers » : un certain Laurent Damilleville, exposé en 1426 à Rouen pour bigamie24, et un valet d’armes de passage à Metz en 1490 qui a battu son hôte25. La norme est plutôt de rencontrer des gens du cru, qui ont fauté dans leur lieu de vie et qui sont exposés aux yeux de leurs voisins. C’est le cas d’une Marguerite, jugée à Choisy-le-Temple en 1475. Elle est accusée d’avoir proféré « injures et villainées qui sont paroles diffemmables et pronuncées ou grant préjudice, lesion et detriment de la personne dudit demandeur », un certain Jehan Longuet, voisin de Marguerite26. De même, Jean de Bréviende a commis son faux témoignage à Orléans tout en étant originaire de la « parroisse de Saint-Jean-de-la-Ruelle » de cette même ville27. Dernier exemple, parmi tant d’autres : le boucher Jean Roche, habitant de Sens suffisamment notable pour assister aux assises de la ville en 1384. Il s’emporte contre les officiers royaux venus annoncer la levée d’un nouvel impôt et doit en conséquence « estre mis et tourné ou pillory audit Senz28 ».
14Il est manifeste qu’une grande partie des crimes recensés est perpétrée dans les limites géographiques de la vie quotidienne des accusés. Parce que c’est le scandale qui motive la mise au pilori, les perpétrants sont présentés comme membres d’une communauté urbaine qu’ils ont scandalisée. Nous voyons ainsi 19,8 % des condamnés être associés, soit à propos de leur lieu de vie, soit de leur lieu de travail, à une « ville », « village » ou « paroisse » urbaine. D’autre part, 9,3 % sont associés à un « lieu », terme qui semble ici être un synonyme de « ville ». Ce ratio de 30 % de criminels évoluant dans un espace urbain correspond, peu ou prou, aux proportions constatées par Claude Gauvard dans la série des lettres de rémission29.
15Enfin, l’unité spatiale des lieux de crime et de vie se prolonge dans le lieu de la peine : le justicier choisit toujours comme lieu d’exposition une place publique qui est fréquentée par des connaissances du condamné, afin d’en optimiser le sens réparateur et l’effet infamant. Cette volonté du justicier est peut-être déterminante pour comprendre la fréquence assez élevée d’habitants et de bourgeois dans la population des personnes exposées. Si l’exposition s’adresse en priorité aux voisins du condamné, alors les marginaux et vagabonds en sont mécaniquement écartés. Le pilori sélectionne donc des individus bien installés dans leur communauté justement parce qu’il a pour but de les exclure de cette communauté.
Travailleurs
16Travailler à son compte, en étant salarié ou hébergé par un maître, devient au xive siècle une des principales marques d’honorabilité publique30. Le roturier de bonne réputation est un travailleur qui accomplit sa tâche loyalement, respecte les règles de son métier et est, en conséquence, digne de confiance. Puisqu’un des usages premiers du pilori est de sanctionner la déloyauté, il n’est pas étonnant que les travailleurs qui ont triché, fraudé ou trahi leur maître, soient fréquents parmi les condamnés. Les arrêts documentent l’occupation professionnelle de 54 roturiers, soit 48,6 % des 111 personnages dont on connaît la position sociale31 et 12,5 % de l’ensemble des roturiers mis au pilori. Les valets et gens de métier sont les plus représentés, ce qui s’explique autant par leur forte proportion dans la société urbaine que par le tropisme de la peine du pilori pour le crime de déloyauté publique. Environ un tiers d’entre eux proviennent du menu peuple : palefreniers, serviteurs, domestiques et valets de chambre vivant chez leur maître. On leur impute des crimes variés, représentatifs des usages pénaux ordinaires du pilori : vols (3), coups et blessures (3), faux témoignages (2), blasphèmes (2) pour les plus fréquents.
17Plus intéressante est la manière dont ces données rendent visibles les relations qu’entretiennent les criminels avec leur maître. Huit crimes sont en effet perpétrés contre leur employeur, généralement sur le lieu de travail. En 1390, Gilete la Large est dénoncée au Châtelet de Paris par son maître, Jehan de Maalmes, « pour souspeçon d’avoir mal prins & emblé en son hostel, lui estant alez en pelerinage à Nostre-Dame de Montfort, trois cueilliers d’argent32 ». Parfois, le domestique ne faute pas par appât du gain, mais par haine de son maître. Pasque, veuve de Jean Marchart, obtient en 1428 rémission pour une piètre vengeance : elle avait jeté des oignons dans la bouteille de vin de son ancien maître, Guillaumme le Bennier, qui venait de la chasser33. La mise au pilori des domestiques déloyaux est davantage motivée par leur place dans la maisonnée que par la gravité de leur crime. Souiller la boisson de son maître suffit à être envoyé au pilori, parce qu’il s’agit d’une rupture d’un des liens de confiance les plus élémentaires de la vie sociale.
18Les deux autres tiers de cette population laborieuse sont occupés par des marchands, gens de métier et artisans. Les fraudes et autres déloyautés professionnelles ne représentent que 20 % des crimes retenus contre eux ; tout aussi fréquents sont les faux en justice, les vols ou les blasphèmes. C’est en fait tout le spectre des usages du pilori qu’on retrouve dans ces 54 affaires. On peut ainsi tout autant voir Colin Fachu, apprenti boucher et « fils de Pasquier Fachu, boucher, demeurant à Saint Marcel lez Paris », être exposé pour avoir « regnié et malgroié nostre Seigneur Jésus Christ34 », Olivier Le Ruffet et Thevenin de La Roche, « vignerons demourans a Marly-le-Chastel », être condamnés pour avoir volé du raisin dans la vigne du chevalier Jehan Rigaut35, ou encore Antoine de Messin, forgeron de Fleurance, rouer de coups plusieurs de ses voisins36. Au vu de la variété de leurs crimes, on peut se demander si ces 54 criminels sont représentatifs de l’ensemble des criminels condamnés au pilori. Afin de tester cette hypothèse, établissons un tableau de contingence mettant en relation les crimes qui leur sont imputés avec ceux reprochés aux autres roturiers (tableau 5).
Tableau 5. – Crimes retenus contre les roturiers condamnés au pilori.
Crimes | Travailleurs | Autres roturiers | Total |
Faux en justice | 9 | 174 | 183 |
Vol et assimilé | 9 | 89 | 98 |
Fraude et assimilé | 8 | 36 | 44 |
Blasphème | 7 | 21 | 28 |
Coups et blessures | 4 | 15 | 19 |
Autres | 10 | 154 | 164 |
Inconnu | 7 | 6 | 13 |
Total | 54 | 495 | 549 |
19Nous avons exclu de ce tableau les crimes perpétrés par des nobles ou des clercs, par souci de cohérence. Il se peut qu’une personne commette plusieurs crimes, aussi les 373 roturiers dont on ne connaît pas l’occupation professionnelle sont accusés de 495 crimes, soit une moyenne d’environ 1,3 crime par perpétrant. Le hasard a fait que les 54 roturiers dont on connaît le métier n’ont commis qu’un type de crime chacun. De plus, parce qu’ils proviennent de sources hétéroclites et marginales, les crimes inconnus seront écartés des calculs. Un test du khi-deux opéré sur ce jeu de données avec l’hypothèse que les crimes dont le métier du perpétrant est connu sont représentatifs des crimes de l’ensemble de l’échantillon donne le tableau de distances suivant :
Tableau 6. – Écart de fréquence des crimes punis du pilori entre les gens de métier et l’ensemble des roturiers (0 signifie une correspondance parfaite).
Faux | Vol | Fraude | Blasphème | Coups | Autres | |
d | 4,5 | 0,04 | 3,1 | 6,5 | 2,4 | 2,3 |
20Le résultat de ce test statistique permet de retenir comme statistiquement probable l’hypothèse initiale avec une marge d’erreur de 0,2 %. L’interprétation générale peut ensuite être affinée en supposant que chaque distance d suit une loi du khi-deux à 1 degré de liberté. Dans ce cas, chaque d < 3,84 indique une représentativité nette. Ainsi, la population des travailleurs est assurément représentative de l’ensemble des criminels en ce qui concerne les vols, fraudes, coups et blessures et la masse des « autres crimes ». On en conclut que la position et l’intégration sociales des gens de métier ne les protègent pas de l’éventualité d’une mise au pilori et qu’ils constituent peut-être même la cible principale de cette peine.
21Seuls les faux en justice et les blasphèmes sont surreprésentés, avec un notable d = 6,5 pour ces derniers. Il faut rapprocher ce résultat des remarques sociographiques faites par Corinne Leveleux-Texeira : « on ne peut qu’être frappé par la fréquence des blasphèmes attribués aux commerçants, gens de métier et laboureurs, ainsi que par la sous-représentation des catégories socialement les moins favorisées. Pour être rapporté en justice et faire l’objet de poursuites, le blasphème supposait un voisinage curieux et un intérêt social fort. Un mendiant sacrilège ne méritait au mieux qu’une réprimande consternée37 ». La surreprésentation des blasphèmes chez les condamnés au pilori dont on connaît le métier n’est donc pas le fruit du hasard, mais le produit de la judiciarisation différenciée de ce crime. Par ailleurs, la part des vols est parfaitement représentative de celle qu’ils occupent en général dans la population, ce qui recoupe les constatations de Valérie Toureille sur le profil social majoritairement ordinaire des voleurs médiévaux38. La confiance dans notre test statistique est donc forte, puisqu’il reproduit des tendances sociographiques déjà remarquées dans l’historiographie.
22Faut-il pour autant prendre pour argent comptant la composition sociale de l’échantillon, notamment le rapport un tiers de menu peuple pour deux tiers de gens de métier ? Non, mais l’ordre de grandeur, ainsi que la présence de ces deux groupes sociologiquement proches, importe. On a vu, avec l’exemple d’Olive Hemery, qu’une domestique pouvait être issue d’une famille de marchands et gens de métier ; l’inverse existait certainement. Cet échantillon représentatif témoigne surtout de l’homogénéité sociale des condamnés au pilori, derrière leur apparente hétérogénéité : l’exposition sélectionne des personnes occupant un emploi et qui ne sont ni miséreuses, ni réellement riches. Les mieux pourvues d’entre elles, en argent comme en relations, arrivent à obtenir une commutation de peine par la rémission.
Sociables et solidaires
23Les condamnés au pilori brillent enfin par leur insertion dans des réseaux de sociabilité enchâssés. Les quatre cercles d’interconnaissance fondamentaux que sont la famille, le patronage, les amis et le voisinage sont régulièrement évoqués par les sources et chacun d’entre eux génère des solidarités différenciées qui peuvent être classées en deux ensembles : les deux premières relations sociales impliquent des fidélités contraignantes et illimitées, tandis que les deux autres fabriquent plutôt des entraides limitées, fondées sur des communautés d’intérêts et qui peuvent se retourner contre l’une des parties.
24Les solidarités judiciaires produites par la famille de sang et l’entrée dans une maisonnée apparaissent comme semblables. Une personne peut autant être poursuivie et condamnée pour les crimes de ses parents que pour les crimes de son maître. Ainsi, en décembre 1339 le Parlement condamne au pilori les héritiers du pillard lyonnais Pierre de la Ville pour punir les agissements de leur père, décédé à cette date39. De même, la servante Marguerite Brabande est « mise en l’estache au lieu de pillory » non pas pour ses propres méfaits, mais pour avoir été au service de « feue Jehannette Champaigne », connue comme jeteuse de sortilèges « par le moyen desquelz mort s’en est ensuye40 ». Mais bien plus souvent, les condamnés sont envoyés au pilori parce qu’ils se sont soumis aux injonctions de leur famille ou maître, et ce jusqu’à commettre un crime. En 1343, Jacquemard de la Tombe se plaint aux conseillers du Parlement d’avoir été menacé par son maître Pierre de Robais s’il refusait de rouer de coups un de ses ennemis personnels, Jacques de la Fontaine – ce qu’il a fait. La victime, en signe de réconciliation, fait d’ailleurs une déposition qui dédouane Jacquemard, en rappelant qu’il n’avait pas d’autre choix que d’acquiescer aux désirs de son maître. Aussi Jacquemard est-il seulement condamné au pilori et non à une peine afflictive plus ferme41.
25Au travers de ces exemples, on constate que les mécanismes contraignants des solidarités les plus étroites renforcent la présence de gens ordinaires dans la population des condamnés au pilori. Ces personnages ne sont pas des professionnels ou des habitués du crime et ils ne sont pas non plus exposés à une précarité qui les pousserait à méfaire. C’est au contraire leur bonne insertion sociale qui les place face à des choix cornéliens débouchant sur le crime. Mis devant l’alternative impossible de trahir leurs proches ou de méfaire aux yeux de la justice, l’agent social médiéval est tenté de trancher en faveur de ses fidélités, valeurs fondamentales dont la défense rend légitime la violence. Beaucoup de condamnés ressemblent davantage à des jouets de leurs solidarités contraignantes qu’à des agents autonomes qui choisiraient de mal faire. Le « crime » est alors un effet de bord des mécanismes de fidélité et les « criminels » considéraient certainement leurs actes comme légitimes42.
26D’un autre côté, les sociabilités amicales et de voisinage citées par les actes judiciaires sont plus ambivalentes. Elles nous confirment, par leur présence, le caractère intégré des condamnés au pilori. Mais dans le même temps, les mécanismes de la procédure pénale mettent en exergue les limites des solidarités produites par ces relations de second rang. Alors que les fidélités de sang sont inaliénables et contraignantes, il n’est pas rare de constater qu’un ami, ou un voisin, joue contre l’accusé, notamment en témoignant contre lui. Le voisinage est en effet d’abord le lieu de la production des rumeurs publiques et de la surveillance mutuelle, et seulement ensuite celui des solidarités entre habitants43.
27Quelques arrêts prolixes permettent de se rendre compte de cet équilibre précaire entre solidarité limitée et surveillance morale. Une affaire du Registre du Châtelet datée du 7 janvier 1391 met par exemple en scène deux convers, Charlot et Louis, passant une soirée chez un de leurs voisins, Guillaume, un sergent royal44. Après avoir « jou[é] à la paulme », les amis « soupperent ensamble » en l’hôtel du sergent. Imbibés de vin, les deux convers se lancent dans une discussion agitée « pour savoir lequel d’eulx iront à Meleun avec il qui deppose [Guillaume] par devers le roy nostre seigneur ». Pour prouver « que il valoit mieulx que ledit Loys », Charlot demande à son compère qui est son parrain. « Lequel Loys respondi que il estoit filleul mons. De Thourainne. A quoi ledit Charlot respondi : Toy ne ton parrain n’avez que mengier se le roy ne le vous donne et n’est ton parrain que un ribaut putier. »
28Choqués par les propos de Charlot, ses compagnons de table le dénoncent au Châtelet et l’accusent d’avoir attenté à l’honneur de Louis de Touraine45. Ils témoignent tous contre lui, tandis que l’accusé adopte une défense assez stérile : Charlot accuse tour à tour Louis le convers, Guillaume le sergent royal, ainsi que la femme et la nièce de ce dernier, d’être ses « hayneux & mal veuillant & [ont] envie sur lui », alors même qu’il entretenait des relations tout à fait apaisées et amicales avec eux quelques heures plus tôt. Pour son crime, jugé « moult grand », le prévôt de Paris le condamnent à être « tourné ou pilory, la langue percée & bany à tousjours du royaume », peine hypertrophiée due à la nature du Registre du Châtelet, qui sélectionne des affaires aux réponses pénales exemplaires.
29La commensalité et le jeu collectif sont les rites sociaux fondamentaux de la paix et de l’amitié au Moyen Âge46. Pourtant, le convive a tôt fait d’être rejeté dès que sa langue dérape. S’il ne faut pas exagérer la représentativité de cette source – la plupart des injures ne sont en réalité que peu poursuivies –, elle est tout de même un témoin de la précarité des solidarités entre voisins et connaissances, à la fois prêts à s’entraider pour défendre des intérêts communs et à se désolidariser de celui par qui le scandale vient. S’affichent alors les caractéristiques ordinaires de ces solidarités limitées : relations d’affinité, d’intérêt, d’échanges réciproques, mais tout aussi fragiles qu’elles sont efficaces47. Cette affaire n’est par ailleurs pas isolée. On pourrait développer le cas du maçon Pierre Thoroude, qui discutait paisiblement avec ses voisins Oudart le Fer et Jehan Thomas, avant d’être dénoncé par eux pour une petite phrase jugée insultante contre Philippe le Bon, duc de Bourgogne48. La masse des affaires confirme la banalité de la population des condamnés, dont la documentation est peuplée de scènes de vie et de délinquance du quotidien, généralement de faible portée.
Des gens d’état aux crimes énormes
30Aux côtés de la masse des personnes ordinaires se trouvent quelques condamnés de statut social supérieur, mais scindés en deux ensembles inégalement privilégiés. Les clercs et les nobles jouissent de privilèges judiciaires explicites, tandis que les officiers royaux et locaux, s’ils sont dépositaires d’une parcelle de l’autorité publique, ne sont pas censés bénéficier de prérogatives judiciaires. Les sources nous conduisent cependant à traiter ensemble tous ces personnages, parce que les principes présidant à leur condamnation au pilori sont à la fois cohérents entre eux et distincts de ceux s’appliquant aux condamnés ordinaires. Le tableau 7 permet de se rendre compte de leur part dans l’ensemble de la population et de leur répartition réciproque.
Tableau 7. – Part des gens d’état dans les condamnés au pilori.
État | Nombre | Part en % |
Clercs | 25 | 5 |
Officiers royaux | 11 | 2,2 |
Officiers locaux | 9 | 1,8 |
Nobles | 4 | 0,8 |
Total | 49 | 9,8 |
31La présence marginale de membres des deux ordres privilégiés était un présupposé de notre enquête qui se voit confirmé par les sources. Les clercs et nobles sont généralement exemptés du pilori, dégradation incompatible avec l’honneur de leur état. Lorsqu’ils y sont conduits, c’est à la suite de circonstances historiques exceptionnelles, en particulier dans le contexte de la guerre de Cent Ans. La présence au pilori de quelques nobles et clercs n’est toutefois pas uniquement le fruit de contingences historiques. Ces cas sont aussi la conséquence logique de l’émergence du concept d’« excès énorme », qui travaille la matrice pénitentielle depuis le xiiie siècle et est intégré aux pratiques des justiciers laïques au xive siècle49. L’exposition entre, par le jeu de l’accumulation et de l’articulation des peines, dans les réponses pénales exemplaires adaptées aux crimes les plus graves, tout en perdant quelque peu de son sens primitif.
32S’il était attendu que les mises au pilori de clercs et de nobles affichent un profil répondant à des principes de sélection autonomes, constater une différence notable de traitement entre les roturiers ordinaires et ceux investis d’une charge publique est plus étonnant. Les travaux de Romain Telliez ont en effet démontré que les officiers, qu’ils soient royaux ou locaux, ne bénéficient que marginalement de privilèges judiciaires50. On aurait ainsi pu s’attendre à les voir se fondre dans la population générale des condamnés. Au contraire, les affaires concernant des officiers sont rares et donnent le sentiment que seuls ceux qui ont gravement trahi la confiance de leur maître subissent le pilori. Le profil de leurs condamnations les rapproche en cela davantage des privilégiés que des gens ordinaires. Il s’agira de qualifier et d’expliquer cette discontinuité dans les pratiques pénales, liée au risque d’amalgame, produit par l’exposition, entre le déshonneur public de l’individu et celui de l’institution qu’il représente.
Des clercs déshonorant l’Église
33Avec vingt-cinq représentants, les clercs sont les personnes d’état supérieur les plus fréquentes dans le corpus, à égalité statistique avec les officiers. Comme ils bénéficient du privilège du for, ce sont, à quelques exceptions près, les officialités qui leur imposent la peine d’exposition51. La gestion interne à l’Église des clercs criminels entre quelque peu en tension avec la nature publique et infamante de l’exposition. Les juges ecclésiastiques préfèrent manier, avec une relative indulgence, des pénitences qui ne passent pas les portes de l’institution : amende pécuniaire ou en cire, interdit, exceptionnellement excommunication52. Quand le clerc s’est rendu coupable d’un scandale trop public pour être réglé par une pénitence secrète, il peut être soumis à l’amende honorable ou à la pénitence publique53. Pour mériter la souillure de l’exposition, il faut que le clerc ait tant démérité que la crédibilité de l’Église ne puisse être restaurée que par son exclusion spectaculaire. L’exposition est en fait, avec la prison perpétuelle, le seul outil d’exclusion définitive dont dispose le juge ecclésiastique, puisque l’excommunication est tendue vers l’absolution et qu’il leur est impossible de prononcer la peine de mort.
34Le peu d’entrain de l’Église à exposer des mauvais clercs sur la place publique peut également être compris comme un des effets retour de la promotion de l’idéal du clerc réformé. Tandis que les autorités ecclésiastiques incitent les clercs à se comporter en accord avec leur état, développent des réseaux d’écoles pour les former et promeuvent de bons exemples par diverses stratégies, elles évitent également de faire la publicité auprès des laïques des mauvais exemples que représentent les clercs criminels54. Les évêques, inquisiteurs et officiaux ne recourent à la peine d’exposition que lorsque le scandale est si public et énorme qu’il ne peut plus être caché au reste de la société. Cette double grille d’analyse permet de donner du sens à l’originalité manifeste du profil criminel des clercs exposés, bien visible dans le tableau 8.
Tableau 8. – Les infractions des clercs exposés.
Infraction | Nombre | Part en % |
Sacrilège | 5 | 20 |
Homicide | 4 | 16 |
Brigandage | 3 | 12 |
Fabrication de faux | 3 | 12 |
Coups et blessures | 1 | 4 |
Hérésie | 1 | 4 |
Autres | 8 | 32 |
Total | 25 | 100 |
35Les chefs d’accusation les plus fréquents qui conduisent des clercs à l’échelle sont aussi les plus rares dans le reste du corpus. On ne connaît par exemple que dix cas d’exposition pour avoir profané un lieu sacré. Ces sacrilèges prennent la forme de vol d’objets liturgiques, à l’image de Jean Tisserand qui a pris des vases dans l’église baptismale de Pérouges55. En regard de ces voleurs laïques, les clercs mis à l’échelle pour sacrilège présentent une originalité qualitative : leurs méfaits attentent bien plus profondément à la réputation de l’Église. Ainsi ce moine anonyme de la région de Troyes qui a fui son monastère par dépit de ne pas avoir été ordonné prêtre, et est retrouvé en train de célébrer une messe56. Scandale d’importance qui met en cause l’Église dans sa légitimité la plus profonde, celle du contrôle du choix de ses desservants. Le méfait s’étale par ailleurs sur la place publique, puisque le faux prêtre a célébré la messe dans un lieu consacré, en présence d’autres membres du clergé, voire de fidèles. Ce sacrilège est si énorme et visible qu’il ne peut qu’être puni durement et publiquement.
36En deuxième et troisième positions viennent les expositions pour homicide et brigandage. Elles doivent être interprétées ensemble, parce qu’elles proviennent toutes du registre AD Aube G 4171 de l’officialité de Troyes couvrant la période 1423-1472. La concentration de la répression des clercs bandits dans l’espace troyen et pendant la période 1448-1464 est un effet des soubresauts qui accompagnent la reconquête de la région par Charles VII. L’officialité de Troyes est acquise au pouvoir royal et participe à la pacification de la région en affichant une fermeté pénale hors norme. Elle adopte un discours revendiquant l’exemplarité de la peine et place au second rang la pénitence ; à tous points de vue, cet ensemble de sentences est exceptionnel57. La place des clercs brigands et homicides est toutefois à relativiser, puisque ces sept personnages ne représentent jamais qu’une infime partie du registre, lequel compte 1 600 entrées.
37Le registre de Troyes contient l’entièreté des expositions pour homicide documentées. Aucun laïc ne subit cette configuration pénale, puisque punir l’homicide n’est en rien un des usages de l’exposition. La présence de clercs meurtriers ne s’explique donc pas par l’application de principes internes à cette peine, mais par la commutation de la peine de mort, impossible à délivrer par l’officialité, en une autre réponse pénale d’efficacité approchante. C’est pourquoi, parmi les quatre clercs homicides, deux sont également condamnés à la prison perpétuelle et deux autres à la prison à temps – sept et dix ans58. Les trois clercs brigands, quant à eux, représentent les trois quarts des rares expositions pour brigandage connues et subissent également de lourdes peines de prison59. Ces sentences expriment donc la recherche d’une synthèse entre commutation de la peine capitale et réponse pénale exemplaire, dans un contexte de guerre.
38Plus généralement, les périodes de crise fragilisant le pouvoir royal, comme la guerre de succession de Bretagne (1341-1364) ou la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons (1407-1435), sont propices au durcissement des réponses pénales infligées aux clercs accusés d’être impliqués dans des conspirations ou rébellions. Le traître Henri de Malestroit, échellé par l’évêque de Paris sous la pression de Philippe VI en 1344, était à la fois diacre et maître des requêtes du Parlement60. En 1416, c’est Nicolas d’Orgemont, dit le Boiteux, qui est accusé de conspiration contre les Armagnacs. Chanoine de Notre-Dame de Paris, conseiller du Parlement, maître en la Chambre des comptes et fils du célèbre chancelier de Charles V Pierre d’Orgemont, Nicolas aurait participé à un projet de meurtre du roi de Sicile, de Jean de Berry et d’autres soutiens « du party du duc d’Orléans ». Il est rendu à son ordinaire qui n’a d’autre choix que de le condamner à être « mené en tombereau par la ville de Paris en aucuns carrefours, mitré, et mis à l’eschelle, et condamné en chartre et prison perpetuelle au pain et à l’eauë61 ». Ses complices laïques sont décapités, preuve supplémentaire de l’usage du pilori comme substitut à la peine capitale pour les clercs. Ces deux mises à l’échelle de clercs hauts officiers royaux sont moins le fruit de la nature de leur crime que de l’abrasivité du contexte historique. De fait, les expositions de clercs se concentrent dans des périodes limitées de tensions militaires et politiques, propices au durcissement de la réponse pénale.
39La présence du clergé dans la documentation s’explique en grande partie par la recherche de la réponse pénale la plus ferme possible face à un crime énorme, souvent perpétré dans un contexte historique exceptionnel. Atteinte à la légitimité de l’Église, crimes de sang, lèse-majesté sont autant de cas majeurs auxquels l’exposition peut répondre lorsque la peine de mort n’est pas disponible. Il est probable qu’en temps de paix, quasiment aucun clerc n’était concerné par l’exposition.
Des officiers sous surveillance
40Les officiers royaux et princiers ont fait l’objet de travaux prosopographiques qui ont révélé la diversité de ce monde professionnel dont l’unique cohérence est le service du prince62. Rien de commun en effet entre le conseiller proche de l’oreille du maître et le sergent au contact des populations. Le pilori, comme il fallait s’y attendre, discrimine ces agents dépositaires d’une parcelle du pouvoir public selon des critères d’état et d’honneur. Plus l’officier est élevé dans l’échelle sociale, moins il a de chance d’encourir l’exposition. En conséquence, 55 % des officiers condamnés sont des petits agents du quotidien et 20 % seulement sont des hauts officiers occupant des fonctions prestigieuses. Ces derniers ne sont orientés vers l’exposition qu’en cas de contexte historique sous tension. À l’instar des hauts officiers ecclésiastiques, leurs homologues laïques sont, en règle générale, exemptés d’exposition.
41Tous les officiers exposés sont toutefois rassemblés par la nature de leur crime : la déloyauté envers leur maître, le plus souvent sous la forme d’une prévarication liée à leur charge. Comme pour les clercs criminels, les justiciers laïcs se refusent à exposer les officiers pour des crimes d’ordre privé, de peur que leur déshonneur public n’entache la réputation de leur fonction et de leur maître. D’où la part écrasante des crimes perpétrés dans le cadre de fonctions publiques et attentant aux intérêts et à l’honneur du prince. Cette spécialisation pénale de l’exposition quand elle concerne des officiers avait déjà été repérée par Romain Telliez à partir des archives pénales du Parlement de Paris63. Notre documentation permet de confirmer ce constat et de l’étendre à l’ensemble des juridictions temporelles. Cela n’a rien d’étonnant, puisqu’il s’agit d’un des usages pénaux originels du pilori, adapté aux fraudes qu’un officier peut commettre.
Tableau 9. – Les infractions des officiers exposés.
Gens de justice | Gens de finance | Autre | Inconnu | Total | |
Faux en justice | 6 | 0 | 2 | 2 | 10 |
Trahison | 1 | 1 | 2 | 0 | 4 |
Détournement | 0 | 2 | 1 | 0 | 3 |
Abus de pouvoir | 2 | 0 | 0 | 0 | 2 |
Blasphème | 1 | 0 | 0 | 0 | 1 |
Total | 10 | 3 | 5 | 2 | 20 |
42La tension qui structure ce tableau est l’opposition entre trahisons commises dans le cadre de la charge exercée et trahisons transversales, perpétrées par tous les types d’officiers. Ainsi, un officier des finances est plutôt mis au pilori pour avoir dérobé une partie du trésor public, tandis que les gens de justice y sont conduits pour avoir fabriqué des faux, menti à un juge, ou arrêté et torturé leurs ennemis personnels au nom de la justice. En même temps, tous peuvent être accusés du crime générique de « trahison », c’est-à-dire d’avoir agi contre les intérêts de leur maître. Parmi les vingt crimes, on trouve enfin un hapax : en 1491, Tassart Poste, sergent de nuit de la commune d’Amiens, est exposé pour blasphème64. Ce cas est, à l’évidence, le fruit de contingences qui ne prêtent pas à conclusion.
43Les gens de justice représentent la moitié de la population et sont tous des sergents, à l’exception d’un prévôt royal65. Dans une écrasante majorité de cas, ces officiers ont renversé leur fonction sociale : au lieu de servir la justice, ils ont tenté de s’en servir. Cela étant, on ne constate pas de différence notable entre le traitement judiciaire réservé aux roturiers ordinaires et aux sergents, à crime de faux et environnement judiciaire équivalents. Tous sont identiquement punis par l’exposition, seule ou assortie d’autres peines selon la gravité du crime. La seule peine spécifique aux gens de justice est la privation d’office, qui est imposée dans tous les cas recensés. Le justicier ne pardonne pas à ses agents criminels et ne les réhabilite pas : il ne peut supporter de conserver un homme qui l’a trahi et pourrait récidiver.
44Certains officiers criminels ont poussé leurs collègues à l’erreur judiciaire. Ainsi Jehan Nardouin, sergent de la prévôté de Villeneuve-le-Roi certifie en 1392 au bailli de Sens qu’il a signifié à l’écuyer Jehan du Meix des lettres de sauvegarde royale protégeant Pierre Chartrenne, violenté par l’homme d’armes. Le bailli, sur la base de ce faux témoignage, tranche en faveur de Chartrenne, avant que la décision ne soit cassée une fois le mensonge révélé66. Dans cette affaire et d’autres, la machine judiciaire dysfonctionne à cause du mensonge d’un de ses membres. L’honneur du justicier s’en trouve bafoué, puisqu’on exerce en son nom une justice cruelle. Somme toute, la punition des officiers menteurs et faussaires ressemble à celle des parjures en général ; elle confirme surtout que l’exposition est la réponse ordinaire de l’institution pour punir un outrage qui lui a été fait.
45En parallèle, un quart des officiers sont exposés pour avoir lésé les intérêts de leur maître, sans que leur crime ne soit en relation directe avec leur charge. Lorsque l’officier appartient à un petit seigneur, la trahison s’insère dans les luttes ordinaires de la vie médiévale entre ennemis mortels. Par exemple, vers 1345 le sergent Simon Poquez vend aux ennemis de son maître, le prieur d’Annet, des informations pour préparer son meurtre. Le prieur est attaqué et laissé pour mort, mais survit et finit par traîner son sergent devant le Parlement. Il est condamné « a estre mis ou pilori », peine ordinaire de la déloyauté, ainsi qu’à « avoir coppé le pié ou le poin senestre, lequel il vouldroit », aggravation nécessaire à la satisfaction de la victime et adaptée à la gravité du crime. Poquez « eslut qu’il eust coppé le poin senestre » et l’acte confirme que la peine a bien été exécutée67. Cette affaire illustre des mécanismes ordinaires de la répression de la trahison, indépendants d’un quelconque contexte politique.
46Les trahisons d’officiers contre le pouvoir royal sont plus ambivalentes, car elles sont modulées par les événements politiques. Elles dissimulent parfois, sous une caractérisation pénale, le dernier acte de répression de révoltes qui peuvent avoir duré des années. Après avoir brisé militairement une rébellion, le roi dispose de plusieurs rituels judiciaires pour sanctionner la fin du désordre, selon qu’il désire se montrer rigoureux ou miséricordieux. Parmi eux, l’exposition symbolise le refus total de miséricorde, parce qu’elle précède toujours la pendaison des traîtres68. On pourrait dire que le pilori devient, dans ce contexte spécifique, l’antithèse formelle du motif de corde au cou. Alors que cette dernière est le symbole d’une humiliation débouchant sur la miséricorde princière, l’exposition met en scène une humiliation sans retour qui annonce le gibet.
L’absence des nobles : trace de la concurrence de l’amende honorable
47Avec seulement quatre individus recensés dans trois affaires, la part de la noblesse est dans la marge d’erreur statistique ; si tous les condamnés au pilori de la période étaient connus, elle devrait tendre vers zéro. L’exposition, rituel le plus dégradant de l’arsenal pénal parmi les peines non afflictives, est symboliquement inadaptée à la condition supérieure des nobles. Lorsqu’ils sont jugés pour des faits qui devraient les envoyer au pilori, on les voit bénéficier d’une faveur judiciaire : les justiciers leur imposent plutôt une autre peine humiliante, l’amende honorable. Ce privilège qui permet aux nobles d’échapper à la boue et aux injures s’observe pour tous les crimes fondateurs du pilori. En 1424, le Châtelet de Paris permet ainsi à Jean et Wasselin de Beze, frères nobles, de ne subir qu’une combinaison d’amendes honorable et pécuniaire pour avoir volé des objets précieux dans la maison d’un conseiller du Parlement69. En 1484, Louis de la Brunetière, écuyer qui a fabriqué de fausses lettres royales, subit le même assortiment de peines70. Il paraît banal d’orienter les nobles vers l’amende honorable plutôt que le pilori, y compris pour des crimes fondateurs de cette peine tels que le crime de faux ou les vols graves.
48Des commutations de ce type sont certes attestées pour les bonnes gens en général, qui peuvent toutes négocier une remise des peines les plus honteuses, mais dans le cas des nobles, elles prennent un caractère systématique et automatique. La preuve en est faite lorsqu’un noble est jugé avec des complices roturiers pour un crime similaire. En 1392, au sein d’une affaire fleuve où deux branches de la famille Chabot se disputent l’héritage de la seigneurie de Grèves devant le Parlement, Géhaudin et Sambrant Chabot, deux frères damoiseaux, décident de tenter de forcer la décision judiciaire en subornant quatre témoins. La partie adverse prouve que ces témoignages qui les accusaient de violences et vols sont fantaisistes. Les conseillers infligent alors une double exposition à chaque faux témoin, mais au lieu de l’imposer également aux commanditaires, pratique ordinaire du Parlement71, ils se contentent de les condamner à une amende honorable72. Ce cas est emblématique de la partition automatique des peines qu’on retrouve dans chaque sentence. Il faut conclure que les nobles bénéficient d’une sorte de privilège judiciaire coutumier qui leur garantit de ne jamais être exposés. Tout comme la décapitation leur est accordée pour échapper à l’indignité de la pendaison, l’amende honorable leur permet d’éviter les outrages du pilori.
49La commutation de l’exposition en amende honorable pour les nobles répond à la nécessité de synthétiser deux enjeux antagonistes : réparer l’honneur de la victime par l’humiliation du coupable, tout en n’entamant pas la dignité de la noblesse, qui s’incarne dans l’individu condamné. Le pilori est incapable d’opérer cette synthèse, parce qu’il est un rituel d’abaissement sans réserve du condamné et le met à la merci d’un public principalement constitué de roturiers. Le pilori est une peine ignoble, au sens premier du terme. Au contraire, l’amende honorable est moins un rituel d’exclusion que de réconciliation ; elle ressoude la société grâce au retour à la paix entre les parties. Elle offre un dénouement positif et honorable au condamné, qui lui permet de ne pas finir infâme. En cela, l’amende honorable concilie adéquatement le besoin de punir et celui de défendre la dignité du corps social de la noblesse.
50Ceci étant, il reste que trois affaires nous montrent des nobles condamnés à l’exposition. Chacune doit être étudiée séparément, car leur contexte historique détermine en grande partie la dureté de leur réponse pénale.
51La plus ancienne date de 1389 et est relatée par les Chroniques de Jean Froissart73. Charles VI est alors en lutte contre les routiers qui infestent l’Auvergne et le Limousin. Les capitaines Guillaume le Boutillier et Jehan Bonne Lance, dépêchés sur place par le duc de Berry, parviennent à capturer Alain et Pierre Roux, deux neveux du fameux routier Geoffroy Tête-Noire. Ces « chevalliers bretons » sont envoyés « en France devers le roy », afin qu’il les punisse à la hauteur de leurs crimes de lèse-majesté. Le prévôt de Paris les condamne « comme mauvais trahitours et robeurs de royaume de France » à un supplice maximal : ils sont « mis et loyés sur une charrette et amenés a la trompette jusques a une place que on dist aux Halles, et la mis ou pillory et tournés par quatre jours devant tout le pueple, et la furent leus et publiés tous leurs faiz, puis furent decollés, esquartelléz et et envoyés les quatre quartis souveraines portes de Paris ».
52Le supplice des deux chevaliers bretons procède par accumulation de peines afflictives pour lesquelles le pilori sert de prélude. Froissart insiste d’ailleurs sur sa fonction de notoriété : c’est alors qu’Alain et Pierre Roux sont au pilori que le bourreau énonce à haute voix leurs méfaits. Sans cette publicité et sans la dégradation préalable de l’exposition, leur supplice n’aurait pas vraiment de sens pour le peuple. L’exposition d’Alain et Pierre Roux s’explique donc par un contexte exceptionnel : ils paient pour leurs crimes énormes, mais surtout pour ceux de Geoffroy Tête-Noire, qui avait résisté pendant plus de dix ans au pouvoir royal et s’était même unilatéralement élevé au titre de « duc de Ventadour, comte de Limousin, souverain de tous les capitaines d’Auvergne et du Limousin74 ».
53Les deux autres gentilshommes condamnés à l’exposition ont en commun d’avoir menti face à la justice royale. Vers 1401, l’écuyer Geoffroy Petit, « aagié de soixante ans ou environ », est abordé par les gens du sire de Taillebourg qui lui « promistrent à faire avoir la paix à un sien nepveu sur le fait de la mort » d’un membre de leur lignage, à la condition qu’il dépose un faux témoignage en faveur de Taillebourg devant la Chambre des requêtes du Parlement75. Les conseillers trouvent cependant ce nouveau témoin fort suspect et, à force de l’interroger, ils parviennent à lui faire avouer qu’il était en train de se parjurer. Geoffroy Petit est condamné à cinq mises au pilori, dont deux à Paris ; sanction d’une fermeté hors norme. Au moment de sa supplique auprès de la Chancellerie royale pour obtenir une lettre de rémission, il a « jà esté mis ou pilory à Paris par les dictes deux fois », ce qui en fait le seul noble dont on est certain qu’il a subi l’exposition en tant que peine autonome. Pour sa part, l’écuyer Pierre de Cailleville bénéficie en 1452 d’une lettre de rémission alors qu’il est en fuite. Il s’était « faintement porté comme héritier de feu Philippe de Cailleville, chevalier, afin de s’emparer de ses biens » et le bailli royal de Rouen l’avait condamné à « être pilorisé ». Pierre reçoit le secours de sa parentèle, qui le fait s’évader et demande en son nom la rémission de son crime76.
54Les ressemblances sont nombreuses entre ces deux affaires : jeu complexe entre solidarités familiales et pratiques judiciaires, natures des crimes et des sanctions, juridictions concernées, défendeurs issus d’un lignage médiocre. Mais la plus notable est que ces deux documents datent du xve siècle, période où les institutions judiciaires royales commencent à considérer le parjure perpétré devant elles comme une atteinte à l’honneur du roi, jusqu’à l’assimiler à de la lèse-majesté. En condamnant des gentilshommes au pilori, les juges royaux jouent le rôle de défenseurs vigoureux du pouvoir royal – tout en sachant que la Chancellerie mettra en scène sa miséricorde. Ce durcissement des sanctions pénales contre les parjures est le témoin d’un courant de pensée qui sacralise et singularise progressivement la justice royale, à mesure que l’État moderne s’érige. Dans ce contexte, tout mensonge perpétré devant un juge royal tend à devenir un crime énorme qui mérite une sanction ferme, même si l’accusé est noble.
55Des quatre nobles condamnés à l’exposition, deux seulement le sont dans le cadre d’une procédure judiciaire ordinaire et un seul la subit assurément en tant que peine principale et autonome. S’il est peut-être possible de rattacher ces cas isolés à l’affirmation sous-jacente d’un État moderne en construction, on pourrait également considérer, plus prudemment, que les traces documentaires sont trop peu nombreuses pour en tirer une conclusion pertinente. Il en ressort au moins que les nobles bénéficient en temps normal d’une immunité à la peine d’exposition, qui se présente sous la forme d’une commutation systématique en amende honorable.
Les « marginaux » au pilori : un usage pénal peu appliqué
56On aurait pu a priori s’attendre à ce que l’exposition vienne confirmer, par sa mise en scène publique, l’infamie de personnages déjà en marge de la société. Cette attente était d’autant plus légitime que, comme nous l’avons vu, plusieurs ordonnances municipales des xiiie et xive siècles ordonnent d’exposer, avant de la bannir, toute personne qui ne serait pas capable de « monstreir mestier par quoi il se warisse77 », ou qui refuserait de « faire aucunes besongnes de labeur, en quoy ils puissent gaigner leur vie78 ».
57Pourtant, les actes de la pratique ne transcrivent que très partiellement l’injonction répressive des textes normatifs. La criminalisation de la pauvreté et du vagabondage existe bel et bien et se durcit à partir de la seconde moitié du xive siècle, mais elle n’est pas systématique. Elle se traduit plutôt par une réponse pénale qui oscille entre emprisonnement et bannissement, sans faire appel à la mise au pilori79. En cela, la pratique des justiciers du quotidien reflète bien plus ce que préconise en 1413 l’ordonnance cabochienne, laquelle reprend un traitement policier déjà appliqué qui s’articule autour de l’emprisonnement préventif80.
58L’état de la documentation met en valeur un écart entre l’imaginaire punitif des législateurs, qui recouvre certainement en partie celui de leurs justiciables, et les choix concrets des officiers judiciaires. La répression des suspects d’être de « faux pauvres valides81 » use de l’ensemble des instruments que la législation met à leur disposition, à l’exception d’un seul, le pilori, qui reste la grande absente de ces actes judiciaires. Une fois cette absence démontrée, nous verrons qu’elle met paradoxalement en valeur l’usage principal du rituel d’exposition : dégrader un individu honorable et non rappeler l’infamie d’un marginal que chacun peut déjà constater par lui-même. Nous nous intéresserons ensuite à la question des récidivistes mis au pilori afin de montrer la faible porosité de cette population avec celle des marginaux.
Une catégorie idéelle et introuvable
59Il a été maintes fois rappelé que le concept de marginal était difficile à définir, d’autant plus qu’il est exogène au Moyen Âge. La documentation préfère articuler les preuves de mauvaise vie, jusqu’à fabriquer un portrait flou et mouvant du suspect82. De ce fait, la figure du marginal se superpose à celle de la personne de mauvaise réputation. Les quatre principales marques de mauvaise vie relèvent d’ailleurs bien plus de l’observation de signes extérieurs d’infamie. Les « gens diffamez », dans la pensée tardo-médiévale, décident de s’exclure de la société en refusant de travailler – ils vivent de jeux et de rapines –, en n’ayant pas de domicile fixe – ils sont « demourant partout » –, en vivant la nuit et en hantant les tavernes83. Tout ceci les prédispose à mal faire, à tel point que l’évêque de Reims, pendant une enquête de 1327, dédouane a priori les bonnes gens et accuse sans preuve les marginaux qui, dit-il, infestent sa ville, car « il créoit bien que gens de bien ne d’estat ne disoyent mie tels parolles, et que par telles merdailles venoyent li hutins en bonnes villes84 ». On le comprend, la « merdaille » dénoncée par l’évêque de Reims, forcément responsable du désordre, est avant tout, et peut-être uniquement, une catégorie de pensée. Le mauvais sujet se définit en miroir des pratiques attendues des « gens de bien [et] d’estat », qui, eux, sont censés travailler honnêtement, être sédentaires, dormir la nuit et éviter les lieux de perdition.
60Le marginal, tel que décrit par les textes médiévaux, est en fait un idéal-type à l’aune duquel chacun, dont les justiciers, peut évaluer la qualité de vie d’autrui et moduler en conséquence les rumeurs qui circulent à leur sujet. Le justicier intègre à sa pratique des bribes de méthode inquisitoire qui l’amènent à s’appuyer sur la rumeur publique pour motiver sa décision85. Il constate en pratique le degré de correspondance de l’accusé avec les stéréotypes que son imaginaire attribue à la figure de la « merdaille » : si la personne ne peut pas expliquer son métier, produire des témoins de bonne moralité ou justifier d’un lieu de vie sédentaire, elle peut être punie comme vagabonde sans pour autant pleinement incarner la marginalité qu’on lui reproche. Évidemment, affirmer que la figure du marginal est d’abord idéelle ne signifie pas qu’il n’existait pas de parfaits vagabonds ou que personne ne répondait aux quatre principaux critères de l’infamie sociale. Il s’agit plutôt de nuancer l’idée selon laquelle tout individu pointé par les actes de la pratique comme étant de « mauvaise vie », « vagabond », « ribaud », « houlier », serait à considérer comme un réel marginal exclu, alors que ces concepts sont des constructions narratives qui ne se traduisent dans le réel que par un gradient très progressif.
61Afin de s’assurer que l’on est en présence d’une personne exposée pour le seul fait d’avoir été de mauvaise vie, comme plusieurs ordonnances le prévoient, il faudrait que l’acte judiciaire la qualifie comme telle, mais encore qu’elle ne soit pas arrêtée pour un crime identifié. Constatons tout d’abord que très peu de condamnés au pilori sont affublés par les sources de qualificatifs négatifs.
Tableau 10. – Les mots de la marginalité désignant des condamnés au pilori.
Qualificatif | Nombre | Part en % |
Mauvaise vie | 4 | 0,8 |
Étranger | 2 | 0,4 |
Joueur | 1 | 0,2 |
Putain | 1 | 0,2 |
Vagabond | 1 | 0,2 |
Total | 9 | 1,9 |
62Se mêlent indistinctement des termes qui évoquent des faits précis, comme le vagabondage ou l’excès de jeu, à d’autres pointant une réputation dégradée en général. Les conseillers du Châtelet reprochent par exemple à Colette la Buquette d’être « femme de dissolue vie & mauvaise », tout en juxtaposant ces mots à d’autres preuves de culpabilité, comme ses variations d’aveux86. Mais derrière ces mots accusateurs se cachent toujours des affaires qui comportent des chefs d’accusation précis et non une gestion policière de la marginalité. Ysabel, la « femme vagabonde » jugée en 1479 par le prévôt de Châlons, est surtout mise au pilori parce qu’elle a commis « certains larcins en l’ostel des Aveugles dudict Chaalons comme de Fagnières et aultre part87 ». De même, l’homme qui est exposé en portant au cou des cartes à jouer l’est pour avoir triché et s’être enrichi indûment au jeu et non à cause du rejet social, religieux ou moral associé aux jeux d’argent88. Les deux étrangers ne sont pas non plus mis au pilori parce qu’ils seraient suspects par nature : le premier, Laurent Damilleville, est convaincu de bigamie89 ; le second est un compagnon d’armes de passage à Metz qui a frappé un bourgeois90.
63Bien plus que l’exposition, l’outil ordinaire de répression de la marginalité est la prison, parfois associée à un bannissement. En 1280, le prévôt de Saint-Germain réprime un « houlier », capturé pour s’être adonné à une vie scandaleuse, en l’enfermant : « le houlier demoura longtemps en prison, à Saint Germain, et puis fu delivré91 ». Les geôles du Châtelet de Paris, à la fin du xve siècle, sont également remplies de personnes arrêtées pour leur mode de vie suspect, à l’image de ces huit individus qui sont jetés en prison « pource qu’ilz sont oisifs et vacabons quy de rien ne servent92 ».
64Comment se fait-il que les justiciers évitent d’utiliser le pilori pour réprimer les marginaux, alors que cet usage pénal est prévu par la législation ? Cette interrogation est d’autant plus aiguë que l’absence du pilori est une constante, tandis que l’emprisonnement et le bannissement restent employés sans discontinuité du xiiie au xve siècle. Il est en fait probable que les justiciers aient inséré dans leurs ordonnances une peine inédite et inappliquée, tandis qu’au quotidien, ils continuaient de punir les marginaux selon leurs anciennes coutumes. Il nous semble que deux niveaux d’explication doivent être formulés pour éclairer cette décision des législateurs d’ajouter une exposition inapplicable à leurs règlements encadrant les mauvaises gens.
65Tout d’abord, prévoir une peine supplémentaire pour les gens oiseuses peut être un acte de communication politique. Puisque le règlement de police est crié en place publique, il est décisif de persuader l’auditoire que les autorités mettent tout en œuvre pour pourchasser efficacement les mauvaises gens. La promulgation d’une ordonnance de police répond en effet à une demande sociale portée par les habitants. Les bonnes gens s’indignent des crimes perpétrés, selon eux, par des gens oiseuses, et demandent en conséquence des durcissements de législation. De nombreux actes font état de cette attente, comme cette ordonnance du Parlement de Paris de 1473 qui cite les plaintes contre « plusieurs larcins, pilleries, pipperies et desrobies qui continuellement sont commises en ceste ville de Paris par plusieurs gens oyseux et vagabons estans en ceste ville de Paris93 ». Face à la pression populaire lui intimant l’ordre d’agir, le justicier a une ressource immédiatement disponible : la promulgation à grand bruit d’une ordonnance qui prévoit une répression plus ferme que la normale contre les mauvaises gens94.
66Il serait cependant simpliste de s’arrêter à cette explication. Un autre plan explicatif, plus invisible tout en étant mieux ancré dans les mécanismes de la culture médiévale, doit être considéré. L’association entre exposition et gens déjà infâmes peut témoigner d’un glissement sémantique fonctionnant selon un mode de pensée souple et analogique qui a pour charnière le concept d’infamie95. Ce rapprochement peut être formulé ainsi : qui est mis au pilori devient infâme, donc les personnes diffamées méritent le pilori. En découle une pensée circulaire qui amalgame l’effet et sa cause jusqu’à les confondre. C’est pourquoi le seigneur de Laval peut écrire en 1480 que « la dicte Guillemette a esté déclairée infame en nostre juste et estre pilorizée96 » : l’infamie, qui est déjà actée pendant le jugement du fait du crime énorme de Guillemette – un abandon de nourrisson –, et la peine publique, qui devrait fabriquer cette infamie, se confondent en fait jusqu’à ce qu’il ne soit plus vraiment clair laquelle entraîne l’autre. Toutefois, cette association d’idées reste, dans la plupart des documents, un lieu commun, retranscrit dans les ordonnances parce qu’il paraît évident au justicier que le seul lieu où mérite d’être un ribaud est celui qui symbolise l’infamie.
67On constate en définitive qu’aucun marginal n’est exposé pour son mode de vie et que très peu de gens de mauvaise vie sont condamnés au pilori en général. Leur absence renforce l’hypothèse que l’exposition est une peine ciblée qui porte un objectif précis : rendre infâme et non confirmer l’infamie. Les justiciers ne l’utilisent pas à tort et à travers, peut-être aussi parce que mobiliser des sergents et bourreaux, une charrette, parfois un peintre pour décorer la mitre, rend cette peine assez onéreuse. On comprend qu’il serait futile de dépenser autant d’argent et d’énergie pour mettre en scène l’infamie d’une personne qui était déjà connue des bonnes gens comme diffamée. Exposer un marginal au pilori relèverait du pléonasme.
De l’intersection entre récidive et marginalité
68À mesure que se développe le principe de gradation des peines, les auteurs de coutumiers inventent de nouvelles figures négatives, celle du « larron incorrigible », puis du « criminel endurci97 ». Dès la fin du xive siècle, les documents normatifs répètent que « celui qui est accoutumé de mal faire doit plus sévèrement être puni que celuy qui n’est pas coutumier98 ». Il serait cependant erroné d’en déduire qu’une « théorie de la récidive », aussi consciente et complète que celle du xviiie siècle, s’appliquait déjà à l’époque médiévale. Xavier Rousseaux a démontré que même à l’orée de l’époque moderne il n’était pas du tout évident que les criminels en état de récidive étaient davantage punis que les autres99. On doit plutôt comprendre que si les justiciers médiévaux sont incités à punir « selon la qualité de la personne & la quantité du mefait100 », cette expression ne signifie pas qu’ils prendraient en compte la « personnalité du délinquant ». La « qualité » de l’accusé renvoie directement à sa fama, c’est-à-dire à ses preuves de bonne ou de mauvaise vie, lesquelles incluent sa réputation à être « accoutumé de mal faire » non pas en tant qu’aiguillon principal d’une évaluation de personnalité, mais comme un élément parmi d’autres pour connaître sa renommée. C’est pourquoi les bonnes gens en état de récidive ne voient pas leur peine aggravée, tandis que les inconnus qu’on surprend avec des oreilles coupées sont immédiatement en état de « male presomption101 ».
69Il serait donc anachronique de plaquer sur le Moyen Âge les thèses des criminologues, présentées par certains auteurs comme universelles, selon lesquelles « la récidive poussera le groupe à stigmatiser de façon toujours plus implacable, engendrant ainsi un cercle vicieux dont il sera très difficile de sortir. La réaction sociale pousse le délinquant à une déviance toujours plus accentuée, à une progression dans le crime qui, à son tour, accentue l’intolérance de la société102 ». D’après cette théorie, le traitement pénal de la récidive entraînerait nécessairement et de tout temps le condamné vers la marginalité, jusqu’à ce que les deux concepts se confondent. Bien au contraire, la prise en charge concrète de la récidive au Moyen Âge fonctionne selon des modalités mouvantes qui n’aboutissent qu’inégalement à l’infamie ou à l’exclusion.
70Comment alors interpréter la mise au pilori de criminels dont on peut supposer qu’ils sont récidivistes ? Leur présence exprime-t-elle une application d’une norme juridique ayant pour but leur marginalisation, ou bien n’y a-t-il que peu de lien entre le choix d’exposer un criminel et la fréquence de ses méfaits ? Notons tout d’abord qu’il est difficile d’identifier les récidivistes dans la documentation. Trente-deux condamnés (6,8 %) au pilori sont désignés comme tels, mais la réalité de cette « récidive » n’est jamais vérifiable. Elle repose principalement sur la mauvaise réputation des accusés, découverte pendant l’enquête menée auprès de leur entourage. Le blasphémateur Jehan Chevallon est par exemple condamné au pilori « pour ce qu’il estoit renommé de jurer fort et asprement103 ». À la fin du xve siècle, de modestes outils administratifs d’identification des récidivistes commencent à se développer, comme le fait de marquer d’une croix leur nom dans les registres104. Malgré ces quelques progrès techniques, la récidive reste une notion vague, subjective et liée aux aveux ou à la réputation du criminel. Elle n’est parfois même qu’une opinion du juge, qui a la liberté de punir selon sa seule intuition105.
71Les actes de la pratique justifient assez fréquemment le recours au pilori par la répétition du crime. C’est l’habitude du Châtelet de Paris, y compris en dehors de son Registre exemplaire. La lettre de rémission accordée au boulanger Jehan Godeffroy en 1420 le confirme indirectement106. Pour motiver son envoi au pilori, il lui est reproché d’avoir abaissé le poids de son pain de manière répétée : « pour ledit cas et pource aussi que une autreffois il a este repris davoir fait pain de mendre poix que les ordonnances ». Ce n’est pas là une originalité du Châtelet. Au début du xvie siècle, le bailli de Rouen condamne Jean Godin, dit Grimonyn, à être exposé et battu pour avoir volé pour la deuxième fois. À la troisième interpellation, Grimonyn perd les deux oreilles et à la quatrième, il est banni perpétuellement de la ville107. La gradation de la marginalisation est, dans cette affaire, évidente : le justicier passe d’une exclusion symbolique, peut-être encore réversible, à une marque physique d’infamie, avant de se résoudre à imposer à Grimonyn un écartement définitif de la société.
72Au-delà du cas de Grimonyn, les voleurs sont la population criminelle la mieux représentée parmi les récidivistes exposés. Ils sont seize, soit 50 % de l’ensemble des récidivistes et 22 % des voleurs condamnés au pilori. Cette irrégularité statistique illustre l’émergence plus précoce de la progressivité pénale en matière de vol, ainsi que celle de la figure du « larron incorrigible », prototype du criminel endurci. Dès le xiiie siècle, des coutumes prévoient une « hiérarchie pénale ternaire », selon l’expression de Valérie Toureille, où le pilori occupe souvent la première ou deuxième place et qui est couronnée par la peine de mort108. La coutume de Bordeaux est assez représentative de cette logique pénale : elle prévoit que « per lo prumey [laironisy], es mes au pilloureu, et, per lo segont, pert l’aurelha, et, per lo tertz, es pendut109 ». Force est de constater que, même s’ils ne suivent pas les coutumes à la lettre, les justiciers de terrain sont sensibles à l’idée de punir davantage les « larrons coustumiers » que les voleurs occasionnels.
73En conséquence, les justiciers semblent tiraillés entre deux façons de traiter la récidive, dont la prévalence varie selon les échelles étudiées. La première, hégémonique dans les villages et petites communautés, consiste à ne pas sanctionner la récidive. Elle est le produit d’une ancienne justice conciliatoire et garde pleinement son efficacité dans des sociétés où tout le monde se connaît et où chacun a intérêt à voir s’éteindre le cycle des vengeances par une résolution rapide des conflits110. La seconde tient compte de la répétition du crime et s’appuie sur des outils inquisitoires pour l’établir. Elle se développe d’abord dans les grandes villes, sous la pression d’une demande sociale des bonnes gens, et repose sur un usage raisonné et progressif des peines infamantes et afflictives. Cette pratique annonce le futur droit pénal coercitif développé à l’époque moderne111. Dans ce tableau, la peine d’exposition n’est qu’un outil parmi d’autres de la marginalisation progressive de certains récidivistes sous le coup d’une justice urbaine coercitive. Elle précède l’essorillement et le bannissement, tout en restant une peine d’exclusion efficace. On ne peut, à partir de ces quelques sources, affirmer que la criminalisation des récidivistes progresse partout à mesure que le Moyen Âge se termine. Toutefois, la volonté de certains justiciers, notamment royaux et urbains, de marginaliser les récidivistes semble certaine.
Conclusion
74Le portrait-type du condamné au pilori qui se dégage de la documentation correspond en grande partie à celui, bien connu de l’historiographie, du « criminel au profil désespérément ordinaire112 ». Les marqueurs de la banalité s’amoncellent dans les actes jusqu’à constituer l’image majoritaire d’un roturier dans la force de l’âge, marié, sédentaire, bénéficiant d’un travail et de réseaux de solidarité. Mais les délinquants exposés ne sont pas seulement le reflet d’une figure classique. La peine d’exposition sélectionne en priorité des personnages correspondant à ce portrait parce qu’elle a pour objectif principal de priver de son honneur une personne bénéficiant d’une réputation positive. L’absence de marginaux et la place minoritaire des classes les plus inférieures de la société rappellent que la mise au pilori est aussi un rituel performatif doté d’une portée sociale. L’effet infamant de l’exposition, singularité au sein de l’arsenal pénal tardo-médiéval, conditionne la composition de la population qui la subit. Elle isole la partie médiane de la société médiévale et délaisse à la fois ceux qui sont déjà exclus et ceux que leur qualité sociale supérieure protège des rituels ignominieux.
75L’ancrage dans le monde urbain joue par ailleurs un grand rôle dans la fabrique de la population des criminels conduits au pilori. Si la plupart des pilorisés sont issus d’une communauté urbaine, c’est bien parce que cette peine ne signifie rien par elle-même, mais se réalise par l’œil et la bouche du public qui la met en œuvre. L’efficacité de l’exposition, tant infamante que réparatrice, se trouve optimisée lorsque son public rassemble ses connaissances, voisins, ennemis personnels voire amis. Ce n’est pas un hasard si le Parlement impose explicitement qu’on mette au pilori le condamné dans sa ville d’origine et si, d’autre part, les justices locales préfèrent orienter vers cette peine des habitants de leur juridiction plutôt que des étrangers, des vagabonds ou de parfaits inconnus.
76Afin de prendre la pleine mesure de la composition sociale des criminels exposés, les principes de sélection internes de l’exposition doivent être mis en relation avec ceux qui modèlent la population générale des condamnés de haute justice. La grâce royale, notamment, modifie quelque peu la part des condamnés réellement emmenés au pilori, en l’amputant de ses éléments les mieux dotés en capitaux numéraire et relationnel. Divers traitements de faveur protègent aussi les nobles, clercs et roturiers munis d’une charge publique ou de relations privilégiées avec leur seigneur. En cela, tous les groupes sociaux supérieurs, tant matériellement que symboliquement, échappent aux peines infamantes. Les divers moyens d’obtenir une commutation ou rémission de la peine d’exposition fonctionnent comme un tamis social et contribuent à la banalisation du profil des condamnés. On comprend alors que ce processus est plurifactoriel : la portée infamante de la peine écarte les personnes déjà exclues, tandis que les mécanismes généraux de la justice médiévale protègent les privilégiés, qu’ils soient petits ou grands. Enfin, les fameux professionnels du crime ne sont pas présents dans la documentation parce qu’on leur réserve une réponse pénale plus ferme. L’exclusion symbolique est bien trop douce pour des criminels en bande organisée, qui, à l’image des compagnons de la Coquille, sont pendus113. Toutes ces nuances amènent au façonnement d’une population socialement cohérente et resserrée. Peine médiane s’il en est, plus rigoureuse que la fustigation mais moins définitive que la flétrissure ou la mutilation, l’exposition ne concerne en majorité que des membres médians de la société médiévale.
Notes de bas de page
1 Notamment la méthode de régression linéaire, qui nécessite des séries de sources plus cohérentes : Croix David de la, Rousseaux Xavier et Urbain Jean-Pierre, « To Fine or to Punish in the Late Middle Ages… », art. cité, p. 1213-1224.
2 Gauvard Claude, « De grace especial »…, op. cit., p. 237 sq ; Toureille Valérie, Vol et brigandage au Moyen Âge, op. cit., p. 57 sq.
3 Hanawalt Barbara, « The Female Felon in Fourteenth-Century England », Viator, 1975, no 5, p. 253-268.
4 Gonthier Nicole, Délinquance, justice et société dans le Lyonnais médiéval…, op. cit., p. 15-18.
5 Bourguignon Marie-Amélie et Dauven Bernard, « Une justice au féminin. Femmes victimes et coupables dans les Pays-Bas bourguignons au xve siècle », Clio. Femmes, Genre, Histoire, 2012, no 35, p. 216.
6 Gauvard Claude, « De grace especial »…, op. cit., p. 300.
7 Soman Alfred, Gauvard Claude, Rouse Mary et Rouse Richard, « Le Châtelet de Paris au début du xve siècle d’après les fragments d’un registre d’écrous de 1412 », art. cité, p. 565-606.
8 ANF Y 5266.
9 Bimbenet-Privat Michèle, Écrous de la justice de Saint-Germain-des-Prés au xvie siècle. Inventaire analytique des registres Z2 3393, 3318, 3394, 3395 (années 1537 à 1579), Paris, Archives nationales, 1996.
10 Respectivement : 15 %, 14,60 % et 30,5 %.
11 Charageat Martine, « Figures de femmes criminelles en péninsule Ibérique au Moyen Âge ? », in Cadiet Loïc, Chauvaud Frédéric, Gauvard Claude, Schmitt Pantel Pauline et Tsikounas Myriam (dir.), Figures de femmes criminelles. De l’Antiquité à nos jours, Paris, Publications de la Sorbonne, 2010, p. 244-250.
12 Dhavernas Marie-Jo, « La délinquance des femmes », Questions Féministes, 1978, no 4, p. 56.
13 Leveleux-Texeira Corinne, La parole interdite…, op. cit., p. 408.
14 Paris, 8 octobre 1389. Pilori puis brûlée, Duplès-Agier Henri, Registre criminel du Châtelet de Paris, op. cit., p. 41-47.
15 AD Côte-d’Or B II 362/01, fo 174, 1463. Gonthier Nicole, Le châtiment du crime au Moyen Âge (xiie-xvie siècles), op. cit., p. 33.
16 Amiens, 1385, Jacques d’Ableiges, Le Grand Coutumier de France, op. cit., p. 666.
17 Tanon Louis, Histoire des justices des anciennes églises…, op. cit., p. 351.
18 Porteau-Bitker Annick, « Criminalité et délinquance féminine dans le droit pénal des xiiie et xive siècles », Revue historique de droit français et étranger, 1980, no 58, p. 24.
19 Parmi d’autres : ANF JJ 156, no 219 bis, fo 139. Geoffroy Petit, Paris, juillet 1401. Guérin Paul, Recueil des documents concernant le Poitou…, op. cit., t. 6, p. 398-399.
20 8 avril 1505. Martin Henri, Le livre rouge de l’hôtel de ville de Saint-Quentin…, op. cit., p. 220-221.
21 Cerisy, 17 mars 1326. Dupont Gustave, « Le registre de l’officialité de l’abbaye de Cerisy, 1314-1457 », art. cité, p. 372-373.
22 Pour toutes les citations de cette affaire : ANF X2A 14, fo 241 sq., plaidoirie de 1405. Éditée par Le Roux de Lincy Antoine, « Tentative de rapt commise par Regnaut d’Azincourt sur une épicière de la rue Saint-Denis, en 1405 », Bibliothèque de l’École des chartes, 1847, no 8, p. 316-333.
23 Terme générique des archives judiciaires pour désigner les vagabonds, les immigrés pauvres et le menu peuple. Déjà repéré par B. Geremek, il a été analysé avec bonheur par Toureille Valérie, Vol et brigandage au Moyen Âge, op. cit., p. 101-104.
24 AD Seine-Maritime G 251. Rouen, 1426. Vernier Jules-Joseph, Inventaire-sommaire des archives départementales antérieures à 1790 : Seine-Inférieure – Archives ecclésiastiques – Série G (1 à 1566), op. cit., t. 1, p. 106.
25 Bruneau Charles, La chronique de Philippe de Vigneulles, op. cit., t. 3, p. 163.
26 Chavarot Marie-Claire, Le registre des causes civiles et criminelles de la justice de Choisy-le-Temple : 1475-1478, Paris, Centre d’étude d’histoire juridique, 1992, p. 97.
27 AD Loiret A 1977. Orléans, 1370. Doinel Jules, Inventaire-sommaire des archives départementales antérieures à 1790 : Loiret – Archives civiles – Série A. 1800 – 2200 et B. 1 – 1535, op. cit., p. 38-39.
28 ANF JJ 124, no 180, Sens, mars 1384. Porée Charles, « Inventaire de la collection de Chastellux », art. cité, p. 193-194.
29 Gauvard Claude, « De grace especial »…, op. cit., p. 264-266.
30 Dutour Thierry, Sous l’empire du bien…, op. cit., p. 247.
31 Ce nombre de 111 personnages (soit 23,8 % de la population) agglomère absolument toutes les positions sociales connues : emploi mais également cléricature, office public ou même marginalité.
32 Duplès-Agier Henri, Registre criminel du Châtelet de Paris, op. cit., t. 1, p. 305.
33 ANF JJ 174, n. 227, fo 100 vo, Compiègne, 23 septembre 1428. Gut Christian, « Scènes de la vie journalière à Compiègne et aux environs (1420-1435) d’après les lettres de rémission », Bulletin de la Société historique de Compiègne, 1982, no 28, p. 148.
34 Tanon Louis, Histoire des justices des anciennes églises…, op. cit., p. 397.
35 3 juillet 1390. Duplès-Agier Henri, Registre criminel du Châtelet de Paris, op. cit., t. 1, p. 301.
36 ANF JJ 158, no 128, fo 71 vo, Fleurance, 13 avril 1402. Samaran Charles, La Gascogne dans les registres du Trésor des chartes, Paris, Bibliothèque nationale, 1966, p. 122.
37 Leveleux-Texeira Corinne, La parole interdite…, op. cit., p. 410-412.
38 Toureille Valérie, Vol et brigandage au Moyen Âge, op. cit., p. 57 sq.
39 ANF X1A 6, fo 324 et X1A 8, fo 22 vo. Furgeot Henri, Actes du parlement de Paris – Deuxième série – De l’an 1328 à l’an 1350, op. cit., t. 1, p. 75 et 227.
40 Châlons, 26 juin 1475. Grignon Louis, La justice criminelle et le bourreau à Châlons…, op. cit., p. 67.
41 ANF X2A 4, fo 172, Lille, 9 août 1343.
42 Ces remarques rejoignent les avancées de l’historiographie quant à la compréhension des liens qu’entretiennent solidarités et violence. Voir Challet Vincent, « Au miroir du Tuchinat. Relations sociales et réseaux de solidarité dans les communautés languedociennes à la fin du xive siècle », Cahiers de recherches médiévales, 2003, no 10, p. 71-87 ; Gauvard Claude, « Les sources judiciaires de la fin du Moyen Âge peuvent-elles permettre une approche statistique du crime ? », in Schnerb Bertrand (dir.), Commerce, finances et société, xie-xvie siècles : recueil de travaux d’histoire médiévale offert à M. le professeur Henri Dubois, Paris, Presses de l’université de Paris-Sorbonne, 1993, p. 469-488.
43 Boisselier Stéphane, « La circulation réticulaire de l’information en milieu rural : historiographie et pistes de réflexion », in Soria Myriam et Billoré Maïté (dir.), La rumeur au Moyen Âge. Du mépris à la manipulation (ve-xve siècle), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011, p. 249-278.
44 Paris, 7 janvier 1391. Duplès-Agier Henri, Registre criminel du Châtelet de Paris, op. cit., t. 2, p. 20-27.
45 Il s’agit du futur Louis d’Orléans qui était affublé d’une réputation de mœurs débridées. Dans ce contexte, l’accuser d’être un « ribaut putier » est une attaque acérée qui entre en résonance avec la rumeur publique.
46 Une abondante historiographie s’est développée sur ces thèmes. Sur les liens particuliers entre paix et convivialité, parmi d’autres : Aurell Martin, Dumoulin Olivier et Thelamon Françoise (dir.), La sociabilité à table. Commensalité et convivialité à travers les âges. Actes du colloque de Rouen 14-17 novembre 1990, Rouen, Publications de l’université de Rouen, 1992.
47 Gauvard Claude, « De grace especial »…, op. cit., p. 669-674.
48 ANF JJ 174 no 336, Paris, 10 juillet 1429. Longnon Auguste, Paris pendant la domination anglaise (1420-1436)…, op. cit., p. 300.
49 Théry Julien, « Enormia. Éléments pour une histoire de la catégorie de “crime énorme” au second Moyen Âge », art. cité, p. 535-537.
50 Telliez Romain, « Per potentiam officii »…, op. cit.
51 Répartition par juridiction : officialité de Troyes : 14 ; officialité de Chambéry : 2 ; officialité de Paris : 2 ; officialité de Cambrai : 1 ; officialité de Metz : 1 ; inquisition de Pamiers : 1 ; Parlement de Paris : 3 ; cour laie : 1.
52 Beaulande Véronique, Le malheur d’être exclu ?…, op. cit., p. 136-138.
53 Vogel Cyrille, Le pécheur et la pénitence dans l’église ancienne, op. cit., p. 170.
54 Beaulande-Barraud Véronique, « Peines et coercition dans la pratique judiciaire des officialités champenoises (Troyes, Châlons, xve siècle) », in Beaulande-Barraud Véronique et Charageat Martine (dir.), Les officialités dans l’Europe médiévale et moderne…, op. cit., p. 189-203.
55 AD Côte-d’Or B 2044. Pérouges, 1403. Garnier Joseph, Inventaire-sommaire des archives départementales antérieures à 1790 : Côte-d’Or – Archives civiles – Série B, op. cit., t. 3, p. 301.
56 AD Aube G 4171 fo 6. Troyes, 1423. McDougall Sara, « The Punishment of Bigamy in Late-Medieval Troyes », art. cité, p. 197.
57 Walravens-Creff Christelle, « Insultes, blasphèmes ou hérésie ? Un procès à l’officialité épiscopale de Troyes en 1445 », art. cité, p. 486.
58 Respectivement : AD Aube G 4171, fo 66, 1448 ; fo 130, 1463 ; fo 135, 1464 ; fo 136 vo, 1465. McDougall Sara, « The Punishment of Bigamy in Late-Medieval Troyes », art. cité, p. 198-199.
59 Respectivement : AD Aube G 4171, fo 64 vo, 1448 ; fo 96 vo, 1457 ; fo 113, 1460. Ibid.
60 Paris, 1344. Grandes Chroniques de France…, op. cit., t. 9, p. 250-251.
61 Paris, avril 1416. Pseudo-Jean Juvénal des Ursins, Histoire de Charles VI, roy de France, in Nouvelle Collection des Mémoires pour servir à l’histoire de France, éd. Joseph-François Michaud, Paris, Éditeur du commentaire analytique du code civil, 1836, t. 2, p. 521.
62 Autrand Françoise, Barthélemy Dominique et Contamine Philippe, « L’espace français : histoire politique du début du xie siècle à la fin du xve », in Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public, Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public, 20e congrès, Paris, Michel Balard, 1989, p. 105-106.
63 Telliez Romain, « Per potentiam officii »…, op. cit., p. 648-649.
64 Dubois Auguste, Justice et bourreaux à Amiens dans les xve et xvie siècles, op. cit., p. 20.
65 ANF JJ 109, fo 185 vo, no 287, Paris, lettre de rémission de 25 novembre 1376. Telliez Romain, « Per potentiam officii »…, op. cit., p. 647.
66 ANF JJ 159, no 289, Villeneuve-le-Roi, lettre de rémission d’avril 1405. La lettre précise que Jehan Nardouin a déjà subi la peine d’exposition avant sa rémission. Porée Charles, « Inventaire de la collection de Chastellux », art. cité, p. 132.
67 ANF X2A 4, fo 227, Annet, 16 juillet 1345. Langlois Monique et Lanhers Yvonne, Confessions et jugements de criminels au Parlement de Paris (1319-1350), op. cit., p. 172-174.
68 C’est par exemple la punition réservée au bourgmestre de Bruges Guillaume de Deken, figure de proue du mouvement de révolte flamand des années 1323-1328. Grandes Chroniques de France…, op. cit., t. 9, p. 95.
69 ANF Y 1, Livre blanc, fo 107, arrêt du 19 avril 1424. Tuetey Alexandre, Inventaire analytique des livres de couleur et bannières du Châtelet de Paris, op. cit., p. 106.
70 ANF Y 61, Livre vert neuf, fo 49 vo, arrêt du 22 novembre 1484. Ibid., p. 46.
71 ANF X2A 4, fo 229 vo, Fismes, 16 juin 1349. 21 faux témoins et suborneurs de témoins condamnés au pilori par le Parlement. Langlois Monique et Lanhers Yvonne, Confessions et jugements de criminels au Parlement de Paris (1319-1350), op. cit., p. 179-182.
72 ANF X2A 11, fo 307 vo-309, Paris, 4 mars 1392. Guérin Paul, Recueil des documents concernant le Poitou contenus dans les registres de la chancellerie de France, op. cit., t. 6, p. 66-67.
73 Toutes les citations qui suivent sont tirées du manuscrit du livre IV des Chroniques de Froissart coté : London, British Library, ms. Harley 4379, fo 36-42 vo. Il a été numérisé dans le cadre du projet The Online Froissart, mené par Peter Ainsworth et Godfried Croenen avec le soutien du CNRS et des universités de Sheffield et Liverpool.
74 Jean Froissart, Œuvres de Froissart, op. cit., t. 14, p. xl.
75 ANF JJ 156, no 219bis, fo 139, lettre de rémission du juillet 1401. Guérin Paul, Recueil des documents concernant le Poitou contenus dans les registres de la chancellerie de France, op. cit., t. 6, p. 398-399. Toutes les citations de l’affaire proviennent de cette source.
76 AD Seine-Maritime G 3648. Rouen, lettre de rémission du 7 juillet 1452. Vernier Jules-Joseph, Inventaire-sommaire des archives départementales antérieures à 1790 : Seine-Inférieure – Archives ecclésiastiques – Série G (1 à 1566), op. cit., t. 3, p. 132.
77 Registre aux bans municipaux de Saint-Omer. Ordonnance de police pour la garde du marché de mars 1270. Giry Arthur, Histoire de la ville de Saint-Omer et de ses institutions jusqu’au xive siècle, op. cit., p. 513.
78 Ordonnance de Jean II concernant la police de Paris, 27 février 1350. Ordonnances des roys de France de la troisième race, op. cit., t. 2, p. 352.
79 Toureille Valérie, Vol et brigandage au Moyen Âge, op. cit., p. 99-106.
80 Ordonnance de Charles VI pour la police générale du royaume, dite cabochienne, 25-27 mai 1413. Ordonnances des roys de France de la troisième race, op. cit., t. 10, p. 139.
81 Kitts Antony, « Mendicité, vagabondage et contrôle social du moyen âge au xixe siècle : état des recherches », Revue d’histoire de la protection sociale, 2008, no 1, p. 38.
82 À propos des problèmes de définition du marginal, et ce jusqu’au xviiie siècle, ibid., p. 42-44.
83 Ces quatre facettes de l’idéal-type du marginal médiéval ont été synthétisées par Dutour Thierry, Sous l’empire du bien…, op. cit., p. 150 sq.
84 Factum de la justice temporelle de l’archevêque de Reims, 1327. Varin Pierre, Archives législatives de la ville de Reims, op. cit., t. 2, p. 434.
85 Théry Julien, « “Fama” : l’opinion publique comme preuve judiciaire. Aperçu sur la révolution médiévale de l’inquisitoire (xiie-xive siècles) », art. cité, p. 119-147.
86 Colette la Buquette, voleuse et parjure. Paris, 26 juin 1391. Condamnée au pilori et au bannissement. Duplès-Agier Henri, Registre criminel du Châtelet de Paris, op. cit., t. 2, p. 130.
87 Grignon Louis, La justice criminelle et le bourreau à Châlons et dans quelques villes voisines, op. cit., p. 57.
88 Bruges, 1513. Il est exposé, fouetté et banni. Win Paul de, De schandstraffen in het wereldlijk strafrecht in de zuidelijke Nederlanden…, op. cit., p. 149.
89 AD Seine-Maritime G 251. Registre de l’officialité de Rouen, 1426. Vernier Jules-Joseph, Inventaire-sommaire des archives départementales antérieures à 1790 : Seine-Inférieure – Archives ecclésiastiques – Série G (1 à 1566), op. cit., t. 1, p. 106.
90 Bruneau Charles, La chronique de Philippe de Vigneulles, op. cit., t. 3, p. 163.
91 Tanon Louis, Histoire des justices des anciennes églises…, op. cit., p. 432.
92 ANF Y 5266, fo 198 vo. Registre des écrous du Châtelet de Paris, 6 juin 1489. Toureille Valérie, « Larrons incorrigibles et voleurs fameux. La récidive en matière de vol ou la consuetudo furandi à la fin du Moyen Âge », in Briegel Françoise et Porret Michel (dir.), Le criminel endurci : récidive et récidivistes du Moyen Âge au xxe siècle, op. cit., p. 52.
93 BNF, ms. fr. 21803, fo 166, 1473. Cité par Toureille Valérie, Vol et brigandage au Moyen Âge, op. cit., p. 105-106.
94 Cette proposition d’explication recoupe la question de l’écart entre annonce d’efficacité et possible impuissance de la justice médiévale. Voir Guenée Bernard, Tribunaux et gens de justice dans le bailliage de Senlis…, op. cit., p. 309.
95 À propos de la centralité de la pensée analogique dans la rationalité médiévale : Pastoureau Michel, Une histoire symbolique du Moyen Âge occidental, op. cit., p. 18-20.
96 ANF AA 60, 1480, lettre de rémission jointe au Cartulaire de Laval. Broussillon Bertrand de, La maison de Laval. Étude historique accompagnée du cartulaire de Laval et de Vitre, op. cit., p. 286-287.
97 Toureille Valérie, « Larrons incorrigibles et voleurs fameux. La récidive en matière de vol ou la consuetudo furandi à la fin du Moyen Âge », art. cité, p. 43-53.
98 Jacques d’Ableiges, Le Grand Coutumier de France, op. cit., p. 649.
99 Rousseaux Xavier, « La récidive : invention médiévale ou symptôme de modernité ? », art. cité, p. 65.
100 Ordonnance de Philippe III pour la conservation de la bonne justice de Saint Louis, 1272. Ordonnances des roys de France de la troisième race, op. cit., t. 1, p. 296.
101 Toureille Valérie, « Larrons incorrigibles et voleurs fameux. La récidive en matière de vol ou la consuetudo furandi à la fin du Moyen Âge », art. cité, p. 51.
102 Cusson Maurice, « Deux modalités de la peine et leurs effets sur le criminel », Acta criminologica, 1974, no 7/1, p. 30.
103 Jacques d’Ableiges, Le Grand Coutumier de France, op. cit., p. 178.
104 Soman Alfred, Gauvard Claude, Rouse Mary et Rouse Richard, « Le Châtelet de Paris au début du xve siècle d’après les fragments d’un registre d’écrous de 1412 », art. cité, p. 575.
105 On connaît des personnes accusées par les justiciers d’être « très fort larrons » alors qu’elles ont toujours nié les faits, y compris sous la torture. Sur la base de ces simples suspicions, le justicier peut décider le bannissement. Voir Harang Faustine, La torture au Moyen Âge, xive-xve siècles, op. cit., p. 47.
106 ANF X2A 16, fo 391 vo-392 vo, Paris, 7 août 1420.
107 BNF, ms. fr. 26121, no 1035, 31 octobre 1527, Rouen. Cité par Toureille Valérie, Vol et brigandage au Moyen Âge, op. cit., p. 258.
108 Toureille Valérie, « Larrons incorrigibles et voleurs fameux. La récidive en matière de vol ou la consuetudo furandi à la fin du Moyen Âge », art. cité, p. 47.
109 Barckhausen Henri, Le livre des coutumes de Bordeaux, op. cit., p. 32.
110 À propos de la subsistance d’une justice conciliatoire de village à la fin du Moyen Âge et au-delà : Follain Antoine, « Justice seigneuriale, justice royale et régulation sociale du xve au xviiie siècle : rapport de synthèse », in Brizay François, Follain Antoine et Sarrazin Véronique (dir.), Les justices de village…, op. cit., p. 9-58.
111 Pour une courte synthèse sur la justice moderne : Garnot Benoît, « Justice, infrajustice, parajustice et extrajustice dans la France d’Ancien Régime », art. cité, p. 103-120.
112 Gauvard Claude, « De grace especial »…, op. cit., p. 472.
113 Toureille Valérie, Vol et brigandage au Moyen Âge, op. cit., p. 186-199.
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