Conclusion

1Quand nous avons exposé le programme de notre esthétique rationnelle, il a pu sembler téméraire. Poser dogmatiquement des jugements de goût, cela n’est-il pas d’une prétention insoutenable ? Telle est pourtant notre foi dans l’efficacité du raisonnement, que nous l’avons tenté. Jusqu’à quel point y avons-nous réussi ?

2Pour ce qui est des principes essentiels, ils nous semblent s’imposer avec tant d’évidence, que sans doute ils ne seront pas sérieusement contestés. Peut-être même leur reprochera-t-on d’être trop conformes aux opinions reçues. Toute vérité semble banale, une fois établie.

3On pourra discuter sur le détail des applications. Que sur ces questions délicates tout homme qui voudra raisonner arrive à peu près aux mêmes conclusions, cela doit suffire pour le moment. Les rectifications nécessaires se feront d’elles-mêmes.

4Que pouvons-nous augurer des destinées de l’esthétique rationnelle ? Elle évoluera sans doute, mais comme évoluent les sciences, n’abandonnant jamais une idée que pour lui substituer une idée supérieure et plus compréhensive ; elle ne se modifiera que pour accomplir quelque progrès. Comment ne finirait-elle pas par triompher, ayant pour elle la grande force, la force patiente et tenace, la force de la vérité ?