Chapitre III. Le gouverneur et la mer
p. 73-112
Texte intégral
1Avec ses quelque 800 îles et ses 2 000 km de trait de côte, la Bretagne est un vaste gouvernement maritime. Pour qui la gouverne, la mer est donc un élément central et spécifique à prendre en compte dans l’exercice de son pouvoir. Et le fait que le roi a, un temps en juin 1543, pensé au duc d’Étampes pour devenir amiral de France révèle bien toutes ses compétences dans le domaine maritime1. C’est donc toute la place qu’occupe la mer dans sa pratique de gouvernement que nous souhaitons analyser ici. Il convient d’abord de se pencher sur sa position originale d’amiral de Bretagne, puis d’analyser avec précision ses pouvoirs sur la mer, espace mal défini s’il en est, enfin, de saisir ses compétences sur le littoral, perçu comme un espace des plus dangereux car « frontière ».
Un « amiral » de Bretagne
2Les gouverneurs de Bretagne, comme ceux de Guyenne ou de Provence, ont longtemps disputé aux amiraux de France le titre d’amiraux de leurs provinces respectives. Aussi, même s’il n’en porte jamais officiellement le titre, le duc d’Étampes fait office et tient fonction d’amiral de Bretagne. Se succèdent en effet sous ses ordres directs quatre vice-amiraux dont il reçoit d’ailleurs le serment de fidélité au roi lors de leur entrée en charge : le Picard Méry de Sepoix, le capitaine de Brest Marc de Carné, le chevalier de Malte Nicolas Durand de Villegagnon, puis, après le départ de ce dernier pour le Brésil, le capitaine de Saint-Malo Bouillé. En évoquant ce dernier, Montmorency le place ainsi directement sous les ordres d’Étampes : « Tant pour la garde de ladicte place [de Saint-Malo] que pour le faict de la marine, suyvant la charge que maintenant il en a [la vice-amirauté de Bretagne]2. »
Un nouveau port militaire : Brest
3Au début du siècle, l’essentiel des forces maritimes royales réside dans les galères du Levant, basées à Marseille. La flotte du Ponant – le point cardinal de l’ouest –, celle de l’Atlantique et de la Manche, est plus réduite. Basée au Havre depuis la fondation du port par François Ier, elle compte de plus en plus de navires à Brest, autre port en eaux profondes qui permet géographiquement de rivaliser à la fois avec l’Angleterre et l’Espagne. Le port, doté de profonds quais le long de la Penfeld – on parle à cette époque de la « chambre de Brest » – doublés d’une belle rade qui protège du vent, attire l’attention de la Couronne, notamment dans le but de faire passer des troupes en Écosse, priorité stratégique du moment3. Car en 1548, alors que la jeune Marie Stuart a débarqué en Léon et s’apprête à épouser le dauphin François, Henri II estime désormais tenir « à présent le lieu de Roi d’Écosse » et « que le dit royaume est à estimer et réputer maintenant comme membre dépendant de mon chef4 ». Dans un premier temps, et faute de moyens conséquents, ce sont les galères provençales qui sont mobilisées. Aussi, lors des expéditions écossaises de 1545 et de 1549, Étampes doit s’occuper de l’intendance des galères venues avec le général des galères Leone Strozzi depuis Marseille et qui mouillent à Nantes et Brest5. La tâche est loin d’être de tout repos : en 1548, il éclate à Brest une grave mutinerie qu’il faut apaiser6. En 1552, la venue des galères marseillaises d’Antoine Escalin, baron de La Garde, répond à une faiblesse maritime qu’Étampes lui-même a dénoncée7. Enfin, en 1560, une troisième circumnavigation de la péninsule ibérique est menée de Marseille à Nantes par les galères du grand prieur de Lorraine. Sans compter qu’en l’absence de réelle marine, le roi solde des mercenaires de mer. Ainsi des vingt-cinq navires « austrelyns », c’est-à-dire des marins allemands et scandinaves, qu’Étampes doit solder à Saint-Malo en avril 1545 pour affronter les Anglais8. Ces coûteuses embauches étrangères couplées à des problèmes évidents de navigation des galères sur l’Océan poussent à la construction des « vaisseaulx ronds en la mer de Ponant9 ». Ce contexte particulier de création d’une marine d’État, conjointement aux opérations d’Écosse, se traduit par une imposante et soudaine présence militaire à Brest, réel résultat d’interrogations stratégiques à vaste échelle. Ainsi, en 1548, le vice-amiral de Normandie, le sr de La Meilleraye, parti du Havre, achève son expédition écossaise à Brest. Alors qu’il a dû mouiller au Conquet en raison des gros vents, il livre son avis et recommande le port comme point de départ pour de futures expéditions : les troupes seront en Écosse « beaucoup plus tost que par le pas de Callays partant de ce lieu qu’ilz ne seront sis cest yver par où je suys passé, car l’on y peult naviguer que de nuict et y a souvent de grandes tourmentes10 », dit-il. Au contraire, le port de Brest est bien protégé et assez éloigné des ennemis. Ce qui était un défaut – port excentré, l’acheminement des troupes y est plus long qu’ailleurs – s’est mué en qualité. Et lorsque « les gens du sr de Rembure, qui sont basques et gascons, voulloient remener les troys gallyons du Roy en leur pays », La Meilleraye refuse, car, dit-il : « Il me semble que lesdits gallyons sont beaucoup plus à propos à Brest pour le service du Roy qu’ilz ne seroient en ce pays là. » De Bayonne à Calais, le port fait désormais l’unanimité en Atlantique.
Un ordonnateur de l’étape : les expéditions d’Écosse
4Par ce choix stratégique, le gouverneur de Bretagne se retrouve aux premières loges des expéditions écossaises et c’est l’armée royale qu’il faut encadrer par un élaboré système d’étapes militaires11. En mars 1545, Jacques de Montgomery, sr de Lorges et lieutenant général du roi en Écosse, doit prendre la mer à Brest et écrit aux habitants d’Angers :
« Messieurs, j’ay receu présentement lettres de monsieur le duc d’Estampes par lesquelles il me mande qu’il a faict dresser les estappes en son gouvernement de Bretaigne pour le passage de mes gens, de quoy je suis très aise, et pour ce que je désire le soullaigement du paouvre peuple et qu’il me fault passer par votre pais, donnez ordre de faire scavoir avecq mondit sieur d’Estampes quant l’ecquipaige de mon embarquement sera prest qui se faict à Brest12. »
5Des étapes précises et bien organisées sont nécessaires pour éviter les débordements des soldats « mal vivants » qui n’épargnent pourtant pas l’Anjou ni le Maine voisins. Dès lors, Étampes commissionne ses hommes pour régler les étapes de près de 2 000 soldats. L’armée de Lorges « passera par Guingamp, Runen, Lantriguer, Lannyon, Saint-Michel en Greffve, Lanmur, Morleix, St Pol de Léon, Ploezcat, Locrist et Lesneven, tirant droict à Brest pour soy embarquer13 ». Le trajet est le plus détaillé possible pour éviter les « foulles » sur le peuple, c’est-à-dire les vols et les pillages. Ainsi, Étampes donne à ses hommes « plein pouvoir de faire le prix sur les vivres à la moindre foule et opression du peuple que faire se pourroit14 ». Qu’importe si les marchands en pâtissent, il faut avant tout éviter les débordements, attitude qui s’appuie sur la contrainte et qui prévaut alors pour les ordonnateurs de l’étape. Cette institution, encore en plein balbutiement et sans véritable administration propre, c’est tout naturellement que s’y implique le gouverneur, qui s’y distingue par ailleurs par son sérieux15.
6En 1548, une nouvelle expédition écossaise mobilise la région brestoise et Étampes quitte la cour « en toute hâte » pour sa province car il doit subitement encadrer, contrôler et ravitailler près de 6 000 hommes et plusieurs galères et galions. François d’Anglure, sr d’Estanges, Philippe de Maillé, sr de Brezé, qui doit ramener la jeune Marie Stuart en Bretagne, le lieutenant général Paul de Termes, côtoient l’ambassadeur envoyé en Écosse, Henri Cleutin d’Oisel16. Dès lors, les troupes du roi sont une nouvelle fois contraintes de traverser de long en large la Bretagne. En septembre, Montmorency propose à Étampes de procéder à un embarquement à Nantes et Saint-Nazaire mais c’est pourtant Brest qui s’impose à nouveau par l’exception de son site17. En février 1549, le roi demande à nouveau à Étampes de dresser des étapes de Nantes à Brest, de peur que les soldats, sans vivres, « aient occasion de se débander et geter aux champs18 ». À Brest, des commissaires érigent une grange, des greniers, des fours et des boulangeries pour nourrir la troupe et veiller au « faict de l’embarquement19 ». Une dizaine d’années plus tard, lors de l’expédition de 1557, Étampes commissionne des fidèles pour encadrer le mouvement de « cinq enseignes de gens de guerre à pied » qu’on envoie en Écosse et se fait à nouveau des plus précis en traçant toutes les étapes nécessaires « depuis le Pontorson jusqu’à la ville de Landerneau où nous avons ordonnez les assemblez20 ». Les troupes du roi arrivées à Landerneau, il commissionne ensuite le capitaine de Brest pour veiller à l’embarquement21. Une telle logistique suppose de consigner chaque détail : on prévoit de la morue, du beurre, des chandelles, du « boys à brusler », du vinaigre, du sel, des « fustailles », des paniers, des bidons, des lanternes, du foin et de l’avoine pour les chevaux, et des « ponts de boys » pour les faire embarquer22. Sans commissaires aux vivres pour cette expédition, Étampes se charge lui-même des achats de nourriture, très souvent avec ses fonds propres ou en encourageant les marchands à avancer la cargaison des navires. Depuis Lamballe, il n’est pas certain qu’il approche les troupes mais il a compté les rations, établi les trajets, commissionné ses hommes. Maître des dépenses, il a payé les fournisseurs. Au reste, l’Écosse revêt une signification toute particulière pour lui car il y envoie combattre, en 1559, son propre neveu – qui fait d’ailleurs la gloire du lignage tout en renforçant les liens avec la maison de Guise – à qui il envoie régulièrement ses propres deniers en secours23. En 1560, il se félicite encore du bon service de son neveu en Écosse tout en évoquant la place de Brest qui, « à cause du lieu où elle est plantée, est la chose la plus nécessaire » de son gouvernement24. Il y encadre d’ailleurs les troupes italiennes du Prince de Mantoue et celles du maréchal de Brissac qui doivent y loger25.
Gouverner la flotte
7En vue d’embarquer de nombreuses troupes vers l’Écosse, front de guerre proche de la Bretagne, la monarchie décide de la construction de nouveaux navires à Brest. En 1547, Jean de Clamorgan, sr de Saane, marin expérimenté proche de Villegagnon, s’y rend pour superviser la construction de trois nouveaux navires26. En octobre 1548, Marc de Carné évoque ainsi « les navires neufs que le Roy a faict faire en ce pais27 ». Trois grands navires (entre 300 et 500 tonneaux) mouillent désormais à Brest : l’Hermine, le Grand Henry et le Léopard. Ils sont autant de prémices d’une marine moderne en ceci qu’ils sont entretenus de manière permanente, en temps de guerre comme en temps de paix, ce qui permet une réaction rapide et efficace en cas d’alarme. Ainsi, en 1548, peu après une expédition écossaise, éclate la révolte des Pitauds en Guyenne, Poitou et Saintonge. Le roi écrit à Étampes pour lui décrire la situation : il a envoyé une première armée commandée par le connétable de Montmorency depuis le Languedoc, une seconde par le duc d’Aumale depuis la Saintonge. Le gouverneur de Bretagne devra donc envoyer sa compagnie d’ordonnance et celle de Rohan en Saintonge et en Limousin, puis contribuer au blocus de Bordeaux et de l’embouchure de la Gironde grâce à l’envoi de navires marchands armés en guerre ainsi que des grands navires brestois28. Quelques jours plus tard, Montmorency le félicite de son action efficace qui a permis le blocus et notamment grâce au « grand [navire] qui est jà faict » et sorti de l’arsenal de Brest29. Indispensable à la Bretagne, Étampes ne peut pourtant pas personnellement prendre la mer et délègue donc cette mission à ses hommes. Bouillé, capitaine de Saint-Malo, est ainsi envoyé en Saintonge et assigne la compagnie d’Étampes à Angoulême tandis que La Meilleraye, vice-amiral de Normandie, dirige les navires30. En 1551, alors qu’une grande armée de mer est assemblée au Havre, Bouillé y amène encore les navires de Brest, qui participent d’ailleurs à la prise de seize vaisseaux flamands31.
8Avec la réussite du blocus bordelais et l’aide apportée en Normandie, Brest est confirmé dans son statut de port militaire à parfait mi-chemin de Bordeaux et du Havre. En 1552, Villegagnon, y est envoyé pour améliorer les défenses de la place et rapporte au gouverneur qu’avec une bonne armée de mer : « Nous garderons non seulement Brest, mais toute la Bretagne, Guiene et Normandie32. » Un an plus tard, Montmorency explique la venue de Villegagnon à Brest par le besoin de fortification de la place et pour « faire radouber les gros navires du Roi33 ». En effet, ces derniers ont un constant besoin d’entretien et Étampes ne cesse d’ailleurs de déplorer leur mauvais état. En avril 1560, il envoie Bouillé les visiter à Brest, dans l’objectif d’un nouveau radoub pour l’expédition d’Écosse34. En mai, un espion anglais note que « M. de Estampes, the sieur de Penthièvre », assisté de Jean de Clamorgan de Saane, assemble une grosse troupe et équipe quatre imposants navires du roi pour la guerre (« the Great Harry »/le Grand Henry, la Maîtresse, le Lion et le Léopard), en plus d’une quarantaine de navires plus modestes et loués auprès de particuliers35. Début juillet, le duc écrit à Guise :
« Depuys deux jours l’on a recommancé à besoigner aux deulx moiens qui sont desja bien commancez et seroit grant dommaige de les laisser sans les mestre en bon estat, car ilz pourroient avec le temps les laissant ainsi dépérir du tout comme fera le plus grant où l’on ne besoigne plus s’il n’est pour le moins dedans trois ou quatre mois mys en estat de se conserver36. »
9Sa crainte est écoutée puisqu’il obtient les fonds nécessaires pour un radoub et une remise à flot37. Pourtant, quatre ans plus tard, il se plaint encore à la reine mère « du dommage que c’est après avoyr perdu sans service le grand navire qui est à Brest » et préconise
« d’en layser fayre autant des petitz, et si la commodité de voz afayres ne porte d’y despendre, s’il playst à voz magestez m’en donner ung et m’ayder de quelque artillerye, je mettray peine de le remettre en estat de le fayre encores servir pour quelque temps38 ».
10Il signale même : « Vous debvez chercher d’en fayre autant de l’autre [l’Hermine, le Lion ou le Léopard] car il vault mieulx qu’ilz profitent à quelqu’un et endommagent noz ennemys que vous couster tous les jours et se perdre estans inutiles. » En donnant l’exemple avec un des navires, il entend ainsi encourager la guerre de course : « Ce qui le me faict plus désirer, dit-il, est pour donner couraige aux autres du pays qui ont desja bien commencé à courir sus les angloys. » Pour la monarchie, sa connaissance précise de l’état des navires brestois est précieuse et c’est en ce sens que certains contemporains le considèrent souvent comme un amiral de Bretagne alors qu’il n’en porte pas officiellement le titre. Pourtant, une des limites concrètes de son pouvoir sur la flotte royale réside dans l’absence de contrôle de son financement, car la marine du Ponant dépend d’une trésorerie propre et dépendante d’un trésorier et receveur général de la marine qui relève du gouvernement central et de l’amiral de France, non du gouverneur de Bretagne39. La rémunération n’étant pas provinciale mais centrale, Étampes peut simplement constater le mauvais état des navires sans directement pouvoir agir, offrant là un bon exemple d’une absence de provincialisation des institutions. Plus que dans le financement de la flotte, sa capacité d’action réside donc davantage dans ses liens tissés au fil des ans avec le personnel de la marine.
La provincialisation du personnel de la marine
11Une imposante marine de guerre entraîne la présence d’un personnel militaire et administratif conséquent : charpentiers navals, gardes des navires et des munitions, commis, trésoriers et contrôleurs de la marine du Ponant, contrôleur des ports et havres de Bretagne, et surtout, capitaines des galions. Ces nouveaux bâtiments offrent rapidement d’intéressantes opportunités de commandement pour la noblesse locale, en particulier pour les capitaines des villes maritimes bretonnes. Au début des années 1550, Jacques de Nevet, capitaine de Quimper, Jacques de Launay, sr de Talvert, lieutenant à Saint-Malo et Thibault du Bot, capitaine d’Auray, sont ainsi faits capitaines ordinaires de la marine du Ponant afin de commander les navires tout juste sortis des arsenaux brestois40. Du Bot commande la Royale, construite en 1551, Nevet le Léopard, achevé l’année suivante, et Talvert la roberge de Saint-Malo, un navire plus léger41. Leur rôle est central dans la défense quotidienne des côtes : Nevet avait déjà pris l’habitude de protéger les marins de Quimper et Du Bot avait été commissaire lors de l’expédition canadienne de Roberval de 154142. En 1560, après avoir servi au radoub des trois navires de Brest, Du Bot se charge de la mise en défense de « la coste maryne » autour du golfe du Morbihan43. La même année, Bouillé livre ses impressions sur Auray au cardinal de Lorraine et rapporte à propos des ennemis du roi « la craincte qu’ilz ont desdits navires d’Auray » et l’aide que le port apporte à la défense de Belle-Île qui « se secouroient l’un l’autres tant pour repoulser lesdits navires de guerre que pour y apporter vivres44 ». En 1562-1563, par l’intermédiaire d’Étampes, Du Bot vend encore à un prix avantageux des blés de marchands d’Auray aux bourgeois de Rennes, prévenant ainsi une cherté des grains qui venait s’ajouter à la peste dans la ville45. Se dessine alors le parcours d’un individu aux responsabilités locales qui collabore étroitement avec le gouverneur, tant pour des affaires militaires que civiles. Au contraire du financement de la marine s’opère donc une provincialisation de son personnel, phénomène qui profite assurément à l’influence locale d’Étampes. À la tête des ports bretons, ces subordonnés d’un type nouveau agissent sous son commandement dans le but de mieux gouverner à la foule des gens de mer, armateurs, marchands, pêcheurs ou encore simples matelots, que compte la Bretagne.
Le gouverneur, les Bretons et la mer
Contrôler la traite
12La « traite », c’est-à-dire de manière générale, le commerce, entretenu aussi bien avec l’étranger qu’avec les autres provinces du royaume, s’appuie, dans le cadre de la littoralisation croissante des échanges, essentiellement sur les ports. Dans le but d’y faire connaître la politique commerciale du royaume, le duc d’Étampes écrit donc régulièrement aux capitaines et officiers royaux des ports, leur indiquant les autorisations ou les interdictions de commercer, essentiellement des grains et des vins, à charge ensuite pour ces derniers de publier les directives royales46. L’affaire n’est pas aisée tant le registre employé s’appuie souvent sur la contrainte et que les fraudes ne manquent pas. Ainsi, en 1554, le duc relaie l’interdiction royale d’exporter des blés et grains hors de France, excepté à Sienne et en Corse – deux territoires à défendre pour le roi. Or, des marchands rusent et vendent leurs cargaisons en Espagne, puissance ennemie, sous couleur des exceptions siennoise et corse, qu’il faut donc supprimer pour mettre fin à ce type de contrebande47. En mars 1556, Étampes reçoit de nouveau un ordre royal à propos de marchands bretons qui, sous prétexte de la signature de la trêve de Vaucelles, exportent des denrées « prohibées ». Présent auprès du roi, à Amboise, il relaie l’ordre auprès des capitaines des ports de Bretagne, dont Bouillé à Saint-Malo48. Les blés seront toujours prohibés mais pas les « aullones », ces riches toiles de voile conçues à Olonne, mais aussi à Locronan et Pouldavid en Bretagne, qui ne devaient pas équiper les navires ennemis en temps de guerre mais dont il était difficile de se priver des juteux revenus de leur vente en temps de paix. Cette exception commerciale ne dure pas longtemps et c’est bien l’enjeu de l’armement des navires étrangers qui refait surface quelques mois plus tard, très peu de temps avant la rupture de la trêve, qui devait durer cinq ans mais dont on se doutait déjà à l’été qu’elle n’irait pas jusqu’à son terme. Dans ce contexte, Étampes reçoit aussi l’ordre d’interdire toute vente de bois : sont ici visées les constructions de navires destinés à la revente auprès de puissances étrangères et ennemies49. Il s’enquiert également des conditions du fonctionnement de la traite elle-même. En 1559, il s’inquiète ainsi que les marins du pays malouin s’engagent plus volontiers sur des navires étrangers que sur ceux des armateurs locaux et fait tout pour augmenter leurs salaires afin d’éviter cette fuite de main-d’œuvre50. La même année, il doit encore défendre la traite de blés vers l’Écosse, à l’exception de la place forte du Petit-Lict (Leith), que les Français défendent contre l’armée anglaise – et où se trouve d’ailleurs son neveu Martigues51.
13Deux ans plus tôt, il avait écrit à Jacques de Robien, capitaine du Croisic, pour contrôler les grains entrés dans sa ville : « Sy c’est [ces] navires chargent des bledz sans congé ne permission, ce sera très bien faict de les arrester52. » En novembre, il reçoit une permission pour choisir des marchands de la province à qui il donnera autorisation pour exporter 3 000 tonneaux de blé au Portugal sans payer les droits de traite53. Pourtant, l’année suivante, l’ambassadeur français à Lisbonne se désole que des marchands bretons viennent commercer au Portugal sans son congé ou permission et en appelle à sa clémence :
« Qu’il vous plaise ne leur en donner plus grand chastiment que une petite paour [peur] ou remonstrance, parce [que] les pauvres gens y ont perdu beaucoup, à raison d’une flotte de cent cinquante navires qui y estoit venue devant le mois de febvrier dernier, qui avoit apporté si grande quantité de bleds tout à ung coup, qu’il revient quasi à meilleur marché que en France, de toute laquelle flotte, comme d’assez d’autres deparavant, il n’y en avoit pas le quart qui eust congé du Roy ny de vous. Je vous avois envoyé les noms de quelques soixante-un navires de Croisicq […] Il me semble, Monseigneur, qu’il soit bien raisonnable d’y user de quelque réformation, non pas pour les priver de faire leur marchandise et profit, affin qu’ils puissent vivre et s’entretenir, mais affin que les Portugais nous en sachent meilleur gré54. »
14Car les gens de mer ne respectent pas toujours les directives royales. En 1557, Henri II rappelait à Étampes que les marchands « ne pouront faire lesdites traictes sans congé de vous55 ». En 1561, René de Sanzay l’avertit encore qu’il se charge beaucoup de blés et vins à La Roche-Bernard, et ce, en dépit d’une prohibition royale56. Vers 1560, la monarchie crée donc un contrôleur des ports et havres de Bretagne, basé à Brest, pour contrôler les taxes douanières à l’entrée de chaque port, ce qui permet aussi de récolter l’argent de la vente d’un office vénal. Or, cet officier et son administration affaiblissent les pouvoirs maritimes du gouverneur. En 1560, Bouillé lui écrit :
« J’ai mandé sur les ports de mer, mais je ne sçai plus à qui me adresser là, car depuis que l’ordonnance du roi fut faite pour les traites, là où ils ont donné la congnoissance sur les havres à je ne sçai quels officiers, les gentilshommes qui estoient commis de par vous ne s’en meslent plus et ne sçai plus rien de tout ce qui s’y fait car, à ce que j’entends, lesdits officiers disent qu’ils n’ont que faire à vous ni à moy57. »
15Car outre le bon respect des interdictions royales, Étampes bénéficie d’un large pouvoir sur les exportations des grains, en témoignent ses attaches, sortes de laissez-passer valables dans les ports bretons. En 1553, le cardinal de Lorraine, qui reçoit du roi une « traicte de dix huict cens tonneaulx », c’est-à-dire le droit de faire passer des marchandises sans payer les droits de douane dus, ne s’y trompe pas lorsqu’il demande à Étampes « voz lectres d’attache […] affin que par ce moyen je puisse faire mon prouffict de ladicte traicte58 ». En 1556, Gaspard de Coligny, pourtant amiral de France, lui écrit dans le même objectif, afin d’affranchir de taxes deux marchands de vin qui viennent de la Normandie voisine59. Le duc donne aussi ses attaches au roi de Navarre en 1561, ce dernier désirant vendre des blés à Emmanuel-Philibert, duc de Savoie60. Il en donne encore à Christophe Sarrel, marchand de Saint-Malo, qui pourra commercer « même aux pays bas de l’empereur61 ». Il se renseigne également sur les prix des grains, comme à Saint-Malo en 1557, à Hennebont en 1559, ou encore à Auray en 156062. En 1561, il demande même aux officiers de Saint-Malo : « Je vous prie de vous enquérir au vray du pris que vallent lesdits bledz et vins et le me mander ensemble si ce seroit le profilt desdictz subjectz en ce pais, de poursuyvre l’ouverture desdites traictes ou de la lesser ainsi63. »
16Le départ des marchands vers l’étranger signifie également une perte notable de moyens militaires maritimes puisque la marine royale est encore des plus modestes. En 1558, au plus fort moment des descentes anglaises près de Brest, Étampes doit à la fois jouer avec une permission royale d’exporter des blés bretons durant six mois et son besoin immédiat de navires pour surveiller la côte. Et même lorsqu’ils ont la permission de commercer, les marchands sont une constante source d’inquiétude. Il ne cesse en effet de les exhorter à sortir en mer bien armés, car pris par l’ennemi, il devra déployer tous ses réseaux lors de longues et coûteuses négociations diplomatiques. « Vous ne fauldrez aussi de bien avertir ceulx qui vouldront faire le trafic desdits bledz ou qui yront aux vendanges [en Bordelais] de partir avecq si bonne troppe et seurté qu’ilz ne se mettent en proye à l’ennemy », dit-il aux officiers de Saint-Malo64. L’enjeu est donc aussi de faire connaître au plus grand nombre l’actualité internationale pour éviter toute prise en mer.
Publier la guerre ou la paix
17C’est dans ce sens que le gouverneur apparaît comme un relais essentiel de l’information diplomatique dans les ports de la province. Un aspect de sa mission réside en effet dans la publication des ordonnances royales de politique étrangère, afin que chacun connaisse avec précision qui sont les ennemis ou les amis de la Couronne, en vue d’éviter tout incident diplomatique. Le rythme est d’autant plus soutenu que les alliances sont changeantes. En 1544-1545, Étampes ordonne ainsi aux marins bretons de ne pas quitter la province pour, au contraire, se joindre à l’armée de mer qui débarquera sur l’île de Wight, et doit, dans le même temps, leur interdire tout voyage « au Pérou ny aux iles et autres pais descouverts » par Charles Quint, allié du moment65. Cinq ans plus tard, on s’emploie désormais à faire respecter le traité signé à Outreau entre Anglais et Français et qui réglait la question de Boulogne et de l’Écosse (mars 1550). À Brest, il faut ainsi contraindre un allié Écossais de rendre le navire qu’il a pris sur un marchand anglais en temps de paix66. À l’inverse, les Habsbourg sont devenus des ennemis et il faut s’employer à faire publier la nouvelle déclaration de guerre dans les ports, dans lesquels on procède, à la demande du gouverneur, à des cris publics de la déclaration royale67. Aux arrestations de navires français aux Pays-Bas, Étampes répond donc par la confiscation de ceux des Espagnols68. Lors des publications des trêves et paix, il se permet certains jugements personnels et c’est ainsi que, résolument homme de paix, il se réjouit à chaque fois de l’issue favorable des négociations. Ainsi de la trêve de Vaucelles de 1556, « trêve communicative et marchande pour cinq ans » que le roi lui avait demandé de publier « de façon que nul n’en puisse prétendre cause d’ignorance », et qu’il annonce aux Bretons comme « une chose si bonne et profitable à tout le monde et si honorable pour le Roy69 ». Pourtant, seulement un an plus tard, il annonce que « la trefve est rompue », et, « voiant ceste rompture de trefve et que le temps commance à s’adoucir », met en garde contre la course ennemie qui va reprendre, information des plus importantes à communiquer à tous70. À nouveau en novembre 1558, il s’ouvre au cardinal de Lorraine, présent aux négociations de Cercamp : « J’espère que avec l’aide de Dieu et le bon advis de toute vostre assemblée qu’il réussira quelque bonne paix71. » En avril 1559, présent non loin des négociations de paix, à Villers-Cotterêts, il annonce publier dans son gouvernement la paix signée au Cateau-Cambrésis, « une tant nécessaire paix par toute la chrétienté », issue du mariage de Philippe II d’Espagne avec la fille d’Henri II, ce qui « doibt donner, dit-il, à ung chacun une ferme espérance d’ung perpetuel repoz, estant le plus seur fondement qui se peult trouver pour l’establissement d’une parfaicte amytié72 ». Pourtant, peut-être par une mauvaise transmission de l’information, la paix n’est pas immédiatement respectée car Étampes fait informer de la prise et détention, « en ung havre près St Malo », de deux navires anglais par Jacques Lamide, capitaine du galion l’Esmerillon73.
18Dans ce jeu diplomatique rapide et changeant, le gouverneur de Bretagne a parfois besoin de précisions de la part du Conseil du roi. En 1558, on lui précise ainsi qu’il doit défendre aux Malouins de courser des navires de la cité marchande de Lübeck, « la reine de la Hanse », qui, bien que relevant du Saint-Empire, bénéficie de privilèges commerciaux de la part d’Henri II depuis 155274. En 1560, alors que la France est encore en paix avec l’Angleterre, il déplore que les Anglais « continuent à prendre ceulx de ce pais quant ilz les trouvent à la mer ». Au duc de Guise, il écrit :
« Il me semble qu’il seroit bon qui leur [les Bretons] feust permis de leur en faire le semblable, parquoy il vous plaira, Monsieur, me faire certain par voz premières lettres si ladicte guerre est déclairée et comme j’auray à me gouverner75. »
19Quelques jours plus tard, il fait afficher dans les ports bretons la proclamation de l’ambassadeur de France à Londres déplorant les prises anglaises auprès de la reine Elizabeth, texte « venu fort à propos en ce pais, car à ce que j’avois desjà peu entendre, il y en avoit beaucoup qui commencoient à adjouster foy à la proclamation que a faict faire la Royne dudit pais pour se justifier et l’imprimer à l’oppinion des hommes76 ». Surtout, les marins commençaient à s’armer, comme à Saint-Malo, où certains « estoient préparez à eulx venger sur les anglois des pilleries et exactions qui leur on faictes depuys quelque temps »77. Car l’affaire est peu claire. Au duc de Guise, Étampes écrit :
« Aucuns pourroient penser que ladite protestation feust une déclairation de la guerre. Je mande amplement par mesme moien que si l’on entend qu’il y en aict quelcuns qui le prenne de ceste façon et vouldroient courir sus aux Anglois de leur faire bien entendre que ce n’est l’intention du Roy mais qu’ilz se donnent seullement bien garde de tomber entre leurs mains78. »
20En somme, il s’agit là d’une sorte d’armement défensif ne remettant pas – encore – en cause la paix. Mais une telle subtilité diplomatique nécessite un besoin de diffusion et d’information, surtout dans les ports. Trois ans plus tard, en août 1563, Étampes demande encore des précisions au roi, après la reprise du Havre sur les Anglais : « Sire, par ce que les lettres de déclaration de la guerre contre les angloys portent jusques à ce que vous fussiez restably dedans le Havre, encores que vous y soyez entré de la facon qu’il vous playst m’escrire et que vous ne me mandez point que l’on cesse, je vous supplye très humblement m’en fayre entendre vostre volonté79. » L’épisode montre bien que, même au plus haut niveau, subsistent des incohérences et parfois un certain flou diplomatique80. Car il faut finalement attendre avril 1564 et le traité de paix signé à Troyes pour qu’Étampes puisse publier officiellement la fin des combats avec les Anglais.
21Or, ce flou diplomatique est parfois sciemment entretenu par la Couronne afin de brouiller les pistes à l’échelle internationale. En août 1548, Henri II se réjouit ainsi qu’Étampes prenne un arrêt de saisie des Anglais et de leurs biens en Bretagne, « veu les prises qu’ils font journellement sur [s]es subjets », mais, précise-t-il à Montmorency : « Je luy ay cy-devant mandé de le faire sans toutesfois donner à connoistre que ce fust par mon commandement81. » Dans le cadre d’un jeu diplomatique international lié à la course, le souverain n’hésite donc pas à jouer sur la délégation politique accordée à un gouverneur de province, en se gardant la possibilité de désavouer son arrêt : c’est là affaiblir l’ennemi sans trop s’exposer.
22Aussi, il faut considérer le fait que, malgré les publications et cris publics, l’actualité internationale n’est pas toujours des plus claires pour tous : soit par manque d’informations, soit par intérêts liés à la course ou par dissimulation des réelles intentions de chacun. Ainsi, en 1549, alors que la trêve de Crépy-en-Laonnois (1544) interdit tout conflit en mer avec les sujets de Charles Quint, des marchands d’Anvers, « au pays de Brabant », présentent une requête officielle au duc d’Étampes car leur navire, le Saint-Gabriel, dont la marchandise est estimée à 12 000 ducats et qui avait Cadix pour destination, vient d’être capturé par des marins du Croisic près de Lisbonne « violentement et contre la teneur des ordonnances du Roy82 ». En août, Henri II écrit au gouverneur de Bretagne car c’est désormais l’ambassadeur de Charles Quint qui demande réparation : « Je désire, pour l’observation de la bonne paix et amitié qui est entre ledit empereur et moy, que la justice et réparation leur en soit fète prompte et telle qu’il appartient […] qu’ilz soient restituez de leurs biens et marchandises, et les culpables puniz ainsi qu’ilz l’auront mérité à l’exemple d’aultres83. » Mais ces deux documents, conservés à la cour impériale de Charles Quint, à Vienne, sont à replacer dans le plus large jeu diplomatique qui se joue à l’échelle internationale. La lettre d’Henri II est, comme bien d’autres, un faux-semblant diplomatique qui ne doit pas tromper sur l’âpreté des relations entre puissances rivales. En témoigne la difficulté, pour les marchands coursés, d’obtenir justice auprès d’une puissance étrangère : les marchands d’Anvers ont d’abord dû se tourner vers l’ambassadeur de Charles Quint en France, qui a obtenu d’Henri II de pouvoir écrire à Étampes, qui, lors des États de Bretagne, a lui-même renvoyé l’affaire à la chancellerie du duché… De telles lenteurs administratives doivent, à coup sûr, décourager les démarches84. C’est également le cas en sens inverse et il faut donc parfois en venir à de véritables menaces diplomatiques. En mai 1550, après avoir reçu « lettres de Bretaigne » – probablement du duc d’Étampes – l’avertissant d’une prise en mer par des marins d’Empire, Henri II, afin d’obtenir réparation en faveur des marins bretons, encourage son ambassadeur à mobiliser auprès de Charles Quint l’argument ultime d’une rupture de la paix, de l’envoi de ses galères et d’« une vingtaine d’aultres vasseaulx de guerre que j’ay encores tous prestz pour aller nettoier la mer […] et comme suz à telles manières de gens que j’estime pirates85 ».
23Et dans l’objectif assumé d’Henri II d’apparaître le plus fort en Atlantique tout en affaiblissant ses rivaux, la guerre de course est autant une menace dont il faut se protéger qu’une opportunité de profits. C’est dans ces conditions que le gouverneur de Bretagne s’évertue à la fois de protéger les marins bretons et d’encourager leurs armements en course.
« J’ay eu envye de devenir marinier »
24Sur mer, pour les marins bretons, les Espagnols, Portugais, Anglais et Flamands sont autant des dangers que des cibles. Pratiquée par les uns et les autres, la guerre de course affecte les juteux commerces de vins et de toiles, tout comme la pêche à la morue pratiquée au large de Terre-Neuve. De même, le littoral est un espace des plus dangereux. En 1553, lorsque le commissaire ordinaire des guerres, René du Cambout, doit prendre la mer depuis Quiberon afin de passer la garnison de Belle-Île en revue, il fait préparer « deux gallions équippez en guerre […] à l’occasion du grant nombre de challoppes et autres grans vaisseaulx d’Espaigne estans ès isles de Houat et costes dudit lieu de Quiberon pour robber et mectre à fons les navires marchands86 ».
25Au rythme des publications de guerre ou de paix, le gouverneur de Bretagne doit donc encadrer la course bretonne, qu’elle soit subie ou menée telle une entreprise complémentaire au commerce maritime. Ainsi, en 1543, il arme des « vaisseaux, tant pour la guerre que pour la pescherie » et le choix est rapidement fait d’inciter les marchands à s’armer « en double équipage » pour se défendre87. Par ailleurs, la monarchie encourage de tels armements en course. En 1548, le roi rappelle ainsi à Étampes que les marins bretons peuvent « s’armer et équipper en guerre sur mer pour, non seullement se déffendre des Angloix qui […] font journellement plusieurs prinses sur eulx, mais aussi pour leur courir sus et faire du piz qu’ilz pourront88 ». Pour favoriser les entreprises de course, par une décision du Conseil privé, Henri II et Étampes permettent aux marins bretons de la pratiquer sans devoir rendre aux ennemis les navires capturés ni payer le droit de dixième dû à l’amirauté de Bretagne, « à ce que plus tost et plus vouluntiers ilz s’ecquippent et gectent en mer89 ». C’est la même stratégie que propose Montmorency à Étampes lors du blocus de Bordeaux la même année 1548 : le roi « ne veult prandre aucun dixième ne autres choses des prinses que feront les marchans de delà sur noz voisins90 ».
26Autre outil pour favoriser la course, mais davantage conflictuel : les réquisitions de navires, qui se multiplient brusquement lors de la crise ouverte avec l’Angleterre, au début des guerres de Religion. Entre 1560 et 1564, le duc d’Étampes réquisitionne ainsi six grands navires marchands, du port d’entre 140 et 300 tonneaux, qu’il fait armer en guerre pour la défense des côtes et qui mouillent au Croisic, à Blavet, Penmarc’h, Brest et Roscoff. Le vice-amiral Bouillé, logiquement chargé de l’entretien des navires, note que « tous les bourgeois et propriétaires desdits six vaisseaux font beaucoup de demandes excessives avecques plusieurs remonstrances de la perte et dommaige qu’ilz ont de rompre leur traffic91 ». En 1564, il arme encore deux galions contre les Anglais grâce aux avances contraintes de riches marchands malouins92. En ce domaine, Étampes se montre admiratif de la facilité avec laquelle la reine Elizabeth arme des navires en Angleterre : « Vous verrez de quelle contraincte la Royne dudit pais use, qui est le moien de se faire bien obéyr », écrit-il en 1560 au duc de Guise93. Car les prises des Anglais ne cessent pas. En juillet 1560, le duc reçoit officiellement les demandes de rançon de deux marchands d’Auray et de Quiberon94. En outre, les plaintes des capitaines des places fortes côtières affluent et la nécessité d’encourager la course auprès des armateurs bretons se fait impérative. En 1563, la guerre contre les Anglais officiellement déclarée, Étampes reçoit enfin l’ordre de concentrer toute la course bretonne contre eux et de punir toute entreprise contre les « amis » du roi, tels les Espagnols95. Situation diplomatique des plus délicates à maintenir, à l’image de ce navire allemand, venu au pays de Retz pour acheter du sel et arrêté par les autorités locales pour sa complicité en course avec les Anglais. Après avoir enquêté et collecté « quelque petite preuve », Étampes renvoie l’affaire au roi qui répond toutefois qu’il « ne veult point qu’aux marchans allemans ou autres estrangiers alliez de la couronne de France il soit faict aulcun oultraige96 ». Assurément, course, commerce, alliances internationales et solidarités confessionnelles ne font pas bon ménage. Aussi, les marins bretons préfèrent bien souvent les prises sur les Ibériques tant celles sur les Anglais s’avèrent de faible valeur. Bouillé rapporte par exemple à Étampes : « Sy c’estoit ainssy bien contre flamans et espaignolz, il se trouveroyt prou de genlz qui en équiperoyt pour leur couryr sus car il y a à gaigner, mays avecques engloys il n’y a rien à proufiter97. » Quelque temps plus tard, souhaitant montrer l’exemple dans l’espoir d’encourager les armateurs, Étampes arme personnellement des navires en course. À Jacques de Matignon il écrit :
« Pour donner courage à ceulx de ce pais de faire service au Roy, et suivant ce que sa magesté m’a commandé de faire mectre quelques navires dehors, j’ay eu envye de devenir marinier et ay donné quelque charge au cappitaine St Martin98. »
27Le gouverneur-marinier doit aussi interdire aux ennemis du roi de commercer en Bretagne, car on estime alors qu’ils s’enrichissent à ses dépens. Ces longues et coûteuses perquisitions de navires sont encouragées par le pouvoir royal : en 1558, Étampes reçoit d’Henri II « touz et chacuns les droictz, noms, raisons, marchandises et biens quelzconques appartenans et advoués aux anglois et subjectz de la royne d’Angleterre qui s’estoint trouvez et seront recellez en nosdits pais et duché99 ». Il ne s’agit pas d’un petit don car le tout est estimé à près de 11 000 lt. depuis la déclaration de guerre de 1557. C’est aussi l’occasion d’offrir une récompense financière à un serviteur qui a usé plusieurs fois de ses propres deniers pour armer et équiper des navires en course. C’est donc de plus en plus fréquemment que les Anglais se plaignent du gouverneur de Bretagne et des confiscations de leurs navires amarrés dans les ports bretons. La reine Elizabeth Ire prend d’ailleurs elle-même la plume pour lui demander justice100, car le don qu’il a reçu d’Henri II est encore en vigueur et est bien connu des marins anglais101. À Vincennes, en novembre 1562, une séance du Conseil privé est donc spécialement organisée pour écouter le duc sur cette affaire102. Depuis les îles anglo-normandes, Étampes est aussi soigneusement épié par le pouvoir anglais : lors d’un Conseil anglais de la reine Elizabeth, on rapporte avec précision ses entrevues avec un Anglais de Guernesey installé à Saint-Brieuc. En 1560, un habitant de Jersey avait rapporté tous ses faits et gestes lors d’un voyage qui l’avait mené de Jersey à Brest, en passant par Saint-Malo103.
28Le duc d’Étampes doit aussi relayer les ordres royaux d’interdiction de quitter les ports bretons. L’objectif royal, fondé sur la contrainte et qui prend peu en compte les intérêts privés des armateurs, est d’encourager une certaine forme de guerre économique contre les Anglais. Ainsi, en avril 1557, après la déclaration de guerre à l’Angleterre, Étampes reçoit des courriers du roi à la suite desquels il déclare :
« Il [le roi] me recharge encores de déffendre ledit voyage des Terres neusves, et d’avertir ses subjects d’équipper le plus de navires qu’ils pourront en guerre, pour courir sus à ses ennemis et les endommaiger de toute leur puissance104. »
29De la même manière qu’à propos des blés qui ne doivent pas quitter le royaume, il doit empêcher les marins de prendre la mer pour pêcher la morue au large de Terre-Neuve, car cela priverait la province de navires qui seraient plus qu’utiles en temps de guerre. Et plus généralement, c’est aussi tout le littoral qui serait désarmé : « Les navires qui sont allez aux Terres Neufves ont emporté toute celle [l’artillerie] dont l’on se servoit à la garde des costes, de façon que le pais en est entièrement desgarny », déplore-t-il en 1560105. Ainsi, la faiblesse de la marine royale, encore restée une réalité embryonnaire, explique en partie la vitalité de la course, car la monarchie a su se rabattre sur les navires des particuliers. Or, les populations du littoral se montrent des plus réticentes à s’engager dans la course plutôt que dans le commerce, et c’est pourquoi le gouverneur doit fréquemment user du registre contraignant. C’est particulièrement le cas des Malouins qui, selon lui, font une bien étrange
« interprétation […] pour le voyage des Terres neusves, disant que, en vertu du sauf conduit du Roy, ils peuvent aller par tout où bon leur semblera, et que ledit voyage n’est aulcunement reservé par icelluy, mais je n’ai point entendu que ce fust auculnement l’intention de sa majesté, car les lettres que m’a envoyés par lesquelles elle deffend ledit voyage, sont depuis ledit saufconduit, et puisqu’ils veullent interpréter ledit saufconduit aultrement qu’il ne convient, je m’en rapporte à eux, toutesfois je doubte qu’il ne leur en arrive quelque inconvenient, et de ce que j’ay mis mon attache, je ne la pouvoye bailler que suivant icelluy saufconduit. Quant à l’Anglois, ce seroit beaucoup fait qui le pourroit pratiquer pour le service du Roi106 ».
30Dans de telles conditions, les documents officiels issus du service de plume du gouverneur, attaches, sauf-conduits, congés et permissions sont nécessaires. Le duc le rappelle bien au capitaine du Croisic à propos de navires qui pourront prendre la mer s’ils sont munis de tels documents : « Et par ce que j’ay entendu que pendant l’arrest que j’ay faict mectre sur lesdits vaisseaulx et navires, aucuns s’en sont allez sans congé et permission, faictes en information, affin que je en avertisse le Roy pour en faire telle pugnition qu’il appartiendra107. »
31Au début des guerres civiles, le duc d’Étampes doit à nouveau retenir les pêcheurs, car ce sont les huguenots, alliés aux Anglais, qui menacent désormais les côtes. En 1562, Bouillé se plaint ainsi de François Le Clerc, dit jambe de bois, ancien capitaine du roi devenu complice des Anglais et qui met à rançon tout ce qui passe entre Bordeaux et Dieppe : « Ce sont vrays pirates qui se monstrent desloyaux subjectz du roi », écrit-il avant de préconiser la contre-course par l’achat de deux galions108. Et comme Étampes, Bouillé ne peut s’empêcher de pointer du doigt le paradoxe du commerce malouin : les pêcheurs de Saint-Malo sont d’excellents marins mais leurs armateurs, qui ont pesé le pour et le contre, préfèrent prendre le risque de perdre une marge acceptable de marchandises plutôt que d’armer en course, entreprise encore trop coûteuse et incertaine :
« Ilz sont si particuliers et avaricieulx qu’ilz ayment myeulx se laisser destruyre que d’avoir despendu ung escu pour se garder. […] Si j’avoys lesdits deux gallions je vous asseure que je les feray bien tost attrapper [les huguenots de Le Clerc] car vous scavez bien que le roy n’a point en son royaulme de telz hommes de mer ne si hazardeux que ceulx de Sainct Malo. »
32C’est ce subtil calcul financier, qui ne peut basculer dans le sens inverse que lorsque les pertes deviennent supérieures aux profits, qui est à prendre en compte pour les gouvernants. Le déclic s’opère, semble-t-il, dès la première guerre de Religion, mais non sans démesure. En 1563, le lieutenant de Bouillé à Saint-Malo, le sr de Talvert, rapporte ainsi au duc d’Étampes :
« Je ne veulx faillir à vous dire comme il estoit party de ceste ville trois ou quatre petitz gallions pour aller dans le pais d’Angleterre et essaier de sourprendre dans les havres dudit pais quelques barcques et marchandises, ce qu’ilz avoient faict jusques à cinq ou six prinses qu’ilz en emmenoient, et non contans de cela, estans sortiz hors dudit havre vont rencontrer ung navire de guerre angloys, lequel ilz vont assaillir qui les print et les en a emenez prisonniers à Dertemue [Dartmouth] dont ilz estoint sortiz, l’entrepreneur estoit ung nommé Guillaume Mychelot, il en est eschappé quelques prisonniers qui disent que les Anglois se delibèrent tous de se esquiper à la guerre et qu’ilz viendront jusques dans nos maisons, mais plus dextrement qu’ilz n’avoinct pas faict109. »
33En février 1564, alerté d’une telle menace, Étampes s’inquiète à nouveau du prochain voyage des marins pour Terre-Neuve. « Oultre le hazart où ilz se mettent d’estre pris pour le grand nombre de navires angloys qu’il y a à la mer, dit-il, la coste demeure bien fort desgarnie tant d’hommes, artillerie, que de beaucoup d’autres choses nécessaires pour la défence et garde d’icelle, et que d’autre part, si lesdits navires sont arrestez, ceulx du pays perdront le plus grand gain qu’ilz facent en toute l’année110. » Mais l’enjeu commercial est tel que le roi permet le voyage, d’autant plus que les six navires armés à Brest servent déjà à la défense des côtes. En la matière, il y a beaucoup à faire pour le duc, qui doit protéger sa province, sujette aux nombreuses incursions ennemies.
La défense des côtes
La crainte quotidienne des descentes
34En Bretagne, la guerre vient de la mer. Les débarquements ennemis, les très redoutées « descentes », ont pour but tant le pillage que la diversion stratégique à vaste échelle. Les repousser est une des missions les plus importantes confiées aux lieutenants du roi qui s’en acquittent bien au Conquet en 1513 puis à Morlaix en 1522, deux descentes qui ont particulièrement marqué les esprits. C’est ainsi que le contexte guerrier international pèse sur la province qui vit au rythme des conflits.
35En 1543, Henri VIII forme une alliance avec Charles Quint contre François Ier. En juin, fort d’informations sensibles sur les défenses bretonnes obtenues grâce au sr de Lartigue, un ancien vice-amiral de Bretagne capturé en mer, prisonnier et passé au service des Anglais, le roi d’Angleterre se rend à Harwich (Essex) et passe en revue son « armée de mer » qui doit lever l’ancre pour la France111. En août, on craint d’abord un temps pour la Normandie et Cherbourg, mise en défense en hâte grâce à l’arrière-ban de Caen, mais la flotte se présente finalement devant Brest, à portée de canon. Bien informé du danger, Étampes avait déjà mobilisé auprès de lui l’arrière-ban breton en vue d’une descente112. Retranché dans Brest, il fait tirer du canon et montre à l’ennemi ses troupes. La flotte, « une forest qui marcha sur la mer » selon Ambroise Paré, présent sur les lieux, fait volte-face sans pouvoir oser la moindre descente113. Un autre témoignage, celui du légat du pape, Marco Grimani, présent à Brest en vue d’embarquer pour l’Écosse, est aussi des plus élogieux. Même si les Anglais se reportent sur Belle-Île, qu’ils brûlent – stratégie souvent utilisée par les Anglais –, les autres îles et le long littoral breton ont été vaillamment défendus par un duc d’Étampes parvenu à mobiliser une efficace force provinciale114. Il en est d’ailleurs immédiatement félicité par le roi115.
36La trêve de Crépy-en-Laonnois, signée avec l’Empire, la guerre se poursuit contre l’Angleterre et, à nouveau en 1546, une soixantaine de navires anglais viennent « jusques devant le chasteau [de Brest], à la portée d’ung canon ». Étampes use cette fois-ci d’une ruse de guerre : toute la population, femmes comprises, est mobilisée pour faire « faulces enseignes » et on dispose sur les remparts des fausses pièces d’artillerie, si bien que l’ennemi n’esquisse pas de descente. De plus, « Monsieur d’Estampes y fist venir mons. Dampierre, qui estoit cappitaine » de Brest116. Il avait en effet reçu des instructions pour repousser l’entreprise qui visait le port devenu point de départ des opérations écossaises117. En avril, il craint désormais pour Saint-Malo et met la ville en état de siège118. En juillet, le roi lui ordonne de veiller aux places fortes littorales bretonnes en vue de possibles descentes119. C’est véritablement un ennemi intime qui menace les côtes, à l’image de ce que peut affirmer Marc de Carné depuis Brest en 1548 : « Les anglois ne bougent guères de ceste couste où ilz sont fortz120. » Aussi présent à Brest, le marin Jean de Clamorgan rapporte quant à lui au duc de Guise la prise d’
« ung heux [navire] de Flandres [qui] estoit venu pour tourmenter à la rade de Camaret à troys lieues de Brest chargé pour les Angloys et ung irelandoys engloys dedans et ung pillote breton traistre au roy qui avoit tousjours servi de pillote les angloys et flamantz durant les guerres dont à la dernière guerre avoit amené les navires de guerre de l’Empereur audit lieu et rade de Crozon et là avoit prins XXX ou XXXV navires de Normandie et Bretaigne et brullé le bourg et village de Crozon121 ».
37Particulièrement proches et dangereuses sont également les îles anglo-normandes, véritables bastions avancés anglais dans la Manche. En juin 1549, les capitaines de Granville et Saint-Malo s’inquiètent de la présence de navires anglais à Jersey et Guernesey, ports bien trop proches du royaume122. En août, aussi pour faire diversion dans le contexte de reconquête du Boulonnais, on met à flot une expédition d’une dizaine de galères sur les îles de Chausey et Sercq, dont on projette la fortification. Alors que les Anglais fortifient Aurigny, Montmorency félicite Étampes pour son action :
« Vous avez faict chose bien agréable audict sieur d’avoir secouru de vin le cappitaine Le Breuil qui est en l’isle de Serq. Et ferez encores plus luy envoyant des moutons et aultres victuailles, ainsi que dictes avoir délibéré faire. Et pareillement de faire pourveoir et donner ordre à l’embarquement des deux cens hommes que son frère luy meyne de renfort, puisque les gallères ne sont plus par delà pour les porter123. »
38L’action d’Étampes remporte rapidement l’adhésion. Montmorency rapporte que lors d’une entrevue avec le roi, après dîner, Henri II s’est félicité de l’aide apportée par Étampes au « jeune Breuil » en vivres comme en navires, conjointement avec Leone Strozzi, prieur de Capoue et général des galères124. Au reste, Montmorency fait le lien entre descentes et conflit à grande échelle. En juillet 1549, il évoque ainsi à Étampes les combats de Boulogne, « espérant si bien empescher les Angloix de ce costé que ne devrez avoir craincte d’eulx en Bretaigne pour ce coup125 ». C’est aussi le statut même des îles anglo-normandes qui pose problème. En 1557, Étampes avertit les Bretons que « sa majesté n’avoict voullu accorder la neutralitté que ceulx des isles de Gerzay et Grenezay demandoinct » car ils se « secourent les aultres d’armes, vivres et aultres commoditez126 ». En 1560, Bouillé lui demande encore de « faire cesser le traffic des ysles » des Malouins avec Jersey et Guernesey car les intelligences avec les Anglais sont trop nombreuses, ce qui favorise et la course et les risques de descentes127. Il donne également congé à certains navires de partir en guerre et avoue déjà : « Je le voulois faire avecq beaucoup plus grande dissimulation, mais il n’y eust eu marinier qui y fust voulu aller de la sorte. »
39Plus éloignés, les Espagnols représentent pourtant une menace toute aussi dangereuse que les Anglais. En effet, l’année 1552, marquée par l’offensive d’Henri II sur Metz, expose la Bretagne aux contre-attaques128. En février, Étampes envoie les francs-archers de Tréguier en garnison à Port-Blanc, de crainte d’une descente129. En juillet, le capitaine Jean Rosmadec organise une garnison de gentilshommes à Quiberon sur son ordre car, dit-il, « les ennemys se efforcent toulz les jours à descendre130 ». Quelque temps plus tard, son cousin, Alain, capitaine de la noblesse de Cornouaille, envoyé par Étampes à Moëlan pour y rétablir ses droits maritimes, lui rapporte les mots des paroissiens : « Ilz commansèrent à crier apprès moy, disantz qu’ilz estoinct fort povres et que les espaignolz leurs faisoint ordinairemant beaucoup d’ennuy et mesmes le semady au soir y en avoint suyvy une partie jusques à terre », traduisant bien là une vive et quotidienne inquiétude à ce sujet131.
40D’autant plus que les circumnavigations des princes espagnols depuis la péninsule ibérique jusqu’aux Pays-Bas espagnols, passent au large de la Bretagne et font toujours craindre des descentes. En 1553, le passage du prince Philippe, d’Espagne en Angleterre, pour y épouser Marie Tudor, mobilise tout le littoral. Montmorency ne songe pas réellement à une tentative de descente en Bretagne mais reste prudent : « Toutesfois, le roy n’a voulu laisser de mander à monsieur d’Estampes qu’il donnast ordre que l’on se tiegne sur ses gardes audit Bellisle132. » En mars 1554, Gyé s’inquiète à nouveau de « l’entreprinse du prince d’Espaigne [qui] ce continue avecques telle diligence que faict toute son armée estre preste à faire voille au premier jour de may, il est très requis de nous tenir prest sur noz gardes en ce pays qui menasse fort » et mobilise donc l’arrière-ban et les francs-archers133. En avril, avec Claude du Chastel, il organise les garnisons des francs-archers au Conquet mais aussi sur l’île d’Ouessant, tandis qu’Étampes et ses gendarmes stationnent non loin, à Lesneven134. Encore en mai, la défense de la côte est organisée jusqu’à ce que « la furie des entreprises du prince d’Espaigne sera passée135 ». La noblesse est mobilisée et tient garnison sur la côte. En octobre 1555 à nouveau, le passage de Charles Quint au large des côtes – il rejoint Bruxelles pour abdiquer – inquiète sérieusement Étampes, qui prend ce voyage pour une tentative déguisée de descente. Averti par Bouillé envoyé en cour, il écrit au sr de Boisorcant, capitaine de Rennes, qu’il « fault ung peu tenyr subz nos gardes pour le passaige de l’empereur » et lui demande de la poudre pour garnir l’artillerie côtière136.
41La trêve de Vaucelles offre un peu de répit. Mais avec la reprise des combats, fin janvier 1557, les tentatives de descentes s’intensifient. En avril, les navires espagnols de l’amiral de la flotte de Biscaye, Don Luis de Carvajal, menacent à nouveau les côtes137. Dans la nuit du 18 avril, on réveille le gouverneur en plein sommeil – fait assez peu courant et signalé par lui-même comme pour insister sur sa gravité – pour l’avertir d’une descente espagnole à Belle-Île138. Le jour même de la descente, il avertit le roi de la nouvelle. Montmorency lui rapporte qu’il a
« receu par votre secrétaire voz lettres des xviie et xviiie de ce moys avec celles que vous a addressées le lieutenant du cappitaine St Laurent au fort de Belle Isle, et ay le tout faict veoyr au Roy à son lever, qui a sur l’heure commandé vous estre faicte la dépesche […] ne faisant poinct de doubte que vous ne soyez en une bien grande peine à cause de ceste surpprinse advenue audit Belle Isle, où il fault pourveoyr le plus tost et le plus promptement qu’il sera possible par tous les moyens dont l’on pourra adviser, estant bien asseuré que de votre part vous n’y espargnerez riens, ne la peine, ne la dilligence ne conséquemment tout ce qui est en votre puissance. Nous vous envoyrons demain ledit cappitaine St Laurent qui vous dira le surplus139 ».
42Ce capitaine de Belle-Île est Robert d’Avaugour, sr de Saint-Laurent. Or, au moment des faits, il se trouvait sur le front de Picardie à la tête d’une compagnie de 600 Bretons et cette seconde charge militaire l’empêcha de défendre sa garnison insulaire, au reste trop modeste. Le successeur de Saint-Laurent à Belle-Île, André de Sourdeval, rappellera d’ailleurs plus tard au duc d’Étampes comment l’île « fut dernièrement prinse par faulte d’hommes, dont fustes en si grand peine140 ». Le lendemain de la descente, alors que les Espagnols « délibèrent de brusler et gardez le long de la coste de Vennes et Auray », Étampes se met à la tâche et réquisitionne en hâte l’artillerie de Rennes pour essayer de les repousser, puis commissionne un seigneur local, Jean de Saint-Gilles du Pordo, « pour avertir à cest effet les gentilshommes et paroissiens » de la baronnie de La Roche-Bernard de « se tenir prestz le lundy des festes de Pasques141 ». Deux jours après la nouvelle reçue en cour, et comme l’annonçait Montmorency, Saint-Laurent reçoit commission d’assembler ses meilleurs soldats pour reprendre l’île sous le commandement d’Étampes142. Le 30 avril, ce dernier est à Vannes et reçoit une missive des bourgeois du Croisic lui rapportant « la bonne et grande volonté que ont eu ceux de ceste ville pour aller chasser les espaignolz de Bellisle suyvant votre commendement à raison que le gentilhomme qui y aviés envoyé [Pordo] vous en aura peu faire récit tel qu’il a peu veoir143 ». Face aux préparatifs qu’ils voient s’organiser, les Espagnols abandonnent l’île en hâte et retournent en Espagne, d’autant plus qu’ils ont subi de lourdes pertes en mer par un convoi de pêcheurs bretons144. La nouvelle surprend les Anglais à Londres et, cinq jours plus tard, Étampes reçoit cette fois-ci l’alarme de douze galions anglais qui croisent devant Guérande. Les ennemis descendent et pillent six villages non loin, « ayans forcé la garde ». Or, le sénéchal de la ville se réjouit que les habitants, sous l’autorité des gardes-côtes, se sont mis « en bataille devant leurs vaisseaulx environ troys cens harquebuziers la plus part armez et de ceste ville et forsbourgs et mille bois longs145 ». Après des échanges de tirs qui font des victimes uniquement côté anglais, les navires fuient vers l’île d’Yeu.
43Le duc reste pourtant sur le qui-vive et mobilise sa province. En mai, il rassemble l’arrière-ban et déclare à Montmorency qu’il a appris par des informateurs à Londres que les Anglais s’armaient pour venir en Bretagne : « Il n’y a lieu en ce Royaume où ils ayent le moyen plus aisié de faire un grand dommaige que en ce pays, duquel ils congnoissent les forces aussi bien que nous mesmes146 », écrit-il. En juin, il se rend à Morlaix, nomme des gardes-côtes et réquisitionne les vivres du littoral « à une lieue près de la mer » et les entrepose dans des places fortes « a troys ou quatre lieues loing de la mer ». Ainsi, en cas de descente, les ennemis ne pourront s’aider des vivres, les places-fortes seront tenues, « et le poure peuple libéré de la crainte que ses biens soient prins et ruynez desdits enemis147 ». En août, il reçoit à nouveau un avertissement du roi « qu’il y a ès havres d’Angleterre quatre vingtz ou cent navires anglois et flamans prestz à faire voille en délibération ainsi qu’on dict de descendre en la Basse Normandye ou en quelque endroict de nostre duché de Bretaigne148 ». Le lendemain, il convoque l’arrière-ban du Léon à Saint-Renan149. En octobre et décembre, il fait de même avec celui de Saint-Malo à Châteauneuf et Dinan150. Le 11 décembre, il déplore une nouvelle descente anglo-espagnole à Rhuys et craint pour le château de Suscinio. À Julien de Brignac, il donne ordre d’organiser le plus sérieusement possible le guet de mer car, lui dit-il : « Je craindrois, veu que cela advient si souvant, que le Roy ne le trouvast maulvays et qu’il pensast que ce feust par notre négligence151. » Mais à la fin du mois, les douze navires anglais se représentent devant l’embouchure de la Loire et Sanzay peut l’avertir qu’
« Hier, dix ou doze navires Anglois prindrent entre la bouche de ceste rivière et le Crozic le plus beau et le plus grand navire du Crozic, et le mieux equipé en guerre que l’on nomme le Grand Jesus du Crozic, et avecques icelluy prindrent deux autres navires dudit Crozic, et trois du pays de Basse Bretaigne qui s’en alloient d’ici chargez de vins. Et après avoir ce fait, entrèrent dedans la rivière, et vindrent jusqu’à Donges, où ils voullurent prendre terre et descendre, ce qu’ils auroient fait, ainsi que l’on m’a dit, sans les grands glaces qui sont aux bords de la rivière, et les grands tables de glasons qui ordinairement charaient le long d’icelle, qui fut cause de les faire retirer dez le soir mesmes dens la grand mer avecques leurs prinses152. »
44Surtout, la prise de Calais met un peu plus les côtes françaises en alerte. Dès février 1558, Sourdeval informe Étampes des nouvelles qu’il a « aprinses de quelques prisonniers qui sont revenus d’Engleterre » : les Anglais préparent « une fort grande armée qui doyt estre preste dedans quarante jours ». Le capitaine de Belle-Île rapporte aussi comment :
« Les Engloys ont descendu à Locmariaquer, et comment ilz ont brûlé la plus grant partye des maisons qui y estoient et en ont fait autant à Houat et à l’ille de Hédic et de là sont venus en Belille pensant entrer et sont entré jusques dedans un havre et en ont esté chassés153. »
45Sourdeval rapporte en détail l’escarmouche, comment les habitants de l’île, aidés par un navire de Pouldavid et l’artillerie du fort, ont repoussé les vingt-quatre grands navires et douze autres « moyens » durant deux jours. Plus tard, il rappellera à nouveau l’intérêt stratégique de son île, déjà ciblée par les Espagnols quelques mois plus tôt :
« Je vous diray, dit-il à Guise, l’inconvénient qui pourra arriver pour cest isle. S’il y a une armée qui passe pour venir descendre à ceste coste de Bretaigne ou Guyenne, elle se pourra avitailler de blé de chair et d’eau car il croista en ceste isle cinquante mil charges de blé ceste asnée icy et y a trante mil bestes en vye et des meilleures vaches du monde154. »
46En mars 1558, Étampes est aussi convaincu que les Anglais « vueillent essaier de gaigner la terre et nous surprendre » et fortifie donc en hâte l’ile des Ébihens de trois de ses pièces d’artillerie personnelles155. Le 20 avril, il est chez lui, à Champtoceaux, et commence déjà à assembler des forces de l’arrière-ban et des francs-archers en vue d’une future descente d’importance156. Le 1er mai, il est averti par le sr de La Caunelaye « que l’armée de mer des angloys a faict voylle157 ». Deux semaines plus tard, les Anglais sont à nouveau entendus près de Perros-Guirec. Un noble local avertit le garde-côte des lieux : « Je ne cognoys en l’evesché un plus dangereux endroit ne plus souvent visitté de l’ennemy à raison des sept isles et durant le calme, quant l’enemy est en contre [vent], nous ouyons leurs tabourins158. » Dans un mémoire sur les ports et havres de Bretagne, Étampes avait déjà mentionné ce secteur, notant de sa main : « Les sept isles où continuellement se retirent des vesseaulx ennemys. » Tout comme pour Belle-Île, Houat ou Hoëdic, l’attention des Anglais est ici portée sur les îles, plus facilement défendables en cas de prise.
47Le duc d’Étampes est tout sauf surpris. Au contraire, il convoque nobles, bourgeois, francs-archers et légionnaires à son camp établi à Ploërmel, bourg de centre-Bretagne choisi pour sa proximité aussi bien avec la côte nord que celle du sud. Vient enfin l’alarme tant attendue. Le 31 juillet, il écrit à La Caunelaye :
« Monsieur de la Caulenaye, d’aultant que j’ay esté adverty que noz ennemys ont faict descente aux sables blancs et au Conquet, je m’en pars demain de grant matin pour m’en aller plus au long enquérir de leur entreprinse tirant droict mon chemin en ce quartier là, menant avec moy mon équippaige et touttes les forces qui de présent sont de decà159. »
48Surtout, le lieutenant général François de Rohan-Gyé livre un discours détaillé de la descente des Blancs Sablons, une large plage de sable propice à un débarquement d’ampleur160. Son discours sera imprimé à Paris à la fin du mois d’août et servira de base documentaire aux grands historiens du xvie siècle qui reprendront l’évènement au mot près (De Thou, Argentré, Rabutin, La Popelinière, etc.). Comme en 1513 et 1522, une missive qui rapporte un tel succès de descente repoussée est à exploiter par la monarchie dans le cadre de la rude compétition communicationnelle que sont en train de se livrer Français et Anglais :
« Le vingt-neufiesme jour de Juillet dernier, environ le point du jour, s’apparut devant un havre nommé le Conquet, où est située l’abbaie de sainct Mahé (que l’on dit estre in finibus terrae) grand nombre de vaisseaux, qui au commencement par apparence sembloient estre plus de quatre cents, lesquelz s’approchèrent du havre environ les huit heures du matin, où ilz trouvèrent six ou sept vingts hommes, & quelque peu d’artillerie qui leur résistèrent & tirèrent parmy eux. Mais s’estans les ennemis arrestez les voiles baissez, on congneut qu’ilz ne pouvoient en tout estre plus de six ou sept vingts navires, mais partie de bien grans, comme Sarragosses & autres du port de mil & douze cents tonneaux. Et commencèrent lors une fanfarre de trompettes, clairons, & tambours, & incontinent à tirer de leur artillerie, de façon qu’il sembloit que tout deust fondre, & s’assembler ensemble. Puis apres jettèrent quinze, ou saize bateaux à platfond, portans chacun cinq cents hommes qui vindrent droit en terre, estans six ou sept mil hommes, ausquelz on feit belle place. Et incontinent entrèrent audit village du Conquest, & se jettèrent les anglois au pillage, & meirent le feu au village, bruslans mesme les églises, & faict plusieurs execrables actes esdictes églises […] Quatre enseignes Flasgmaques se jettèrent à la campagne pour devoir buttiner, où furent r’encontrez par monsieur de Kersymon, qui en dix ou douze heures avoit amassé des gentilzhommes & commune jusques au nombre de cinq à six mil, lesquelz chargèrent lesdictes Flasgmaques, & en deffirent deux enseignes, ou sont morts plus de six cents hommes, & prisonniers de six à sept vingts161. »
49Prenant peur, les Anglais retournent rapidement dans leurs navires, « qui ne fut sans bien se mouiller, & boire eaue salée ». Pourtant, la flotte reste au large du Conquet. Le 2 août, elle reçoit même des renforts de « trente grans navires, & neantmoins feirent tous voile, & se retirèrent douze ou quinze lieues en mer, tirans vers l’isle de Bast [Batz162], ou ilz s’arrestèrent vis-à-vis du Rosou [Roscoff] […]. Par terre ceste commune [le peuple en armes] les costoye, et se peuvent entrevoir de mer & terre tous les jours ». C’est alors qu’arrive Étampes. Gyé note ainsi :
« Noz gens s’augmentent de iour en autre, & ne peut faillir monsieur d’Estampes d’estre demain [6 août], ou Samedy [7] avecques eux accompaigné de six, ou huict mil chevaux, le moindre harquebusier à cheval, & plus de six mil hommes de pied & belle artillerie de camp. La première armée Angloise peut estre en tout environ de quinze, ou dix sept mil hommes. Je ne sçay combien se peut monter leur r’enfort intervenu. J’ay esté ordonné par monsieur le gouverneur pour demeurer en ce lieu, vostre ville, pour faire provision de vivres pour les passans qui ja ont passé en grand nombre, & encore y en a à passer. »
50Et en effet, le 7 août, Étampes est déjà à Morlaix et commissionne Jean de Lezonnet d’aller enquêter sur « les pertes et dommages que les habitans de la ville de Conquet, les paroissiens de Locrist, Plougonvelin, Saint Mahé [Saint-Mathieu] et bourgs d’icelles paroisses ont souffert par la descente de l’armée des Flamans et Anglois qui fut le 29e jour de juillet 1558 », à neuf heures du matin163. À Lochrist, les ennemis ont brûlé quantité de maisons. Sur les 450 bâtisses de la paroisse ne demeurent « que douze entières ». Trente-sept navires du Conquet, bien armés en artillerie, ont été brûlés. Un marchand de Lochrist, François Bernard, témoigne devant Lezonnet « avoir perdu tant en maisons qu’en meubles, navires, appareils et marchandises la valeur de 6 000 livres ». Les Anglais sont particulièrement bien informés des richesses à s’emparer : un rapport rédigé par un secrétaire anglais de l’expédition analyse les mouvements de troupes entre Saint-Renan et Brest, les montres des soldats tenues par Étampes, « the governor of Bryttayne », et liste les gentilhommes bretons présents sur les lieux, les bourgs brûlés et les marchands qui ont subi des pertes. On y lit ainsi qu’a été touchée la fortune de « François Bernard, the gretest marchant in all Brittayne164 ». Avec 24 « towns » brûlées et couchées sur le papier, les Anglais mènent aussi une forme de guerre qui doit affaiblir l’économie bretonne165. C’est aussi un efficace moyen d’améliorer les connaissances géographiques de la région en vue de futures expéditions. Ainsi, la collection de William Cecil, premier baron Burghley, homme d’État au service d’Elizabeth, renferme une carte précise du Conquet datée de 1563 qui détaille les lieux de mouillage en vue d’une expédition – la presqu’île de Kermorvan, la plage des Blancs Sablons, et les batteries de canons du Conquet – ainsi qu’un almanach du cartographe du Conquet, Guillaume Brouscon, document peut-être emporté lors du pillage de juillet 1558166.
51Dès le 9 août, Étampes retourne à Guingamp, songeant à une diversion sur Saint-Malo depuis Jersey167. Pendant ce temps, Gyé interroge un prisonnier hollandais qui l’informe que l’objectif des Anglais est de prendre Brest pour pouvoir ensuite procéder à un échange diplomatique avec Calais. Étampes analyse donc finement la stratégie anglaise en lien avec les événements calaisiens : « L’envye que j’entendz que les anglois ont d’avoir l’une de ses deux places [Brest ou Saint-Malo], espérant par ce moien là ravoir Calais168 », dit-il au roi. En effet, Edward Clinton, amiral d’Angleterre, et Adolphe de Bourgogne, sr de Wacken, vice-amiral de Flandres, ont reçu l’ordre de mettre sur flots une imposante flotte anglo-flamande destinée à descendre en France pour récupérer Calais et empêcher les desseins français sur l’Écosse. Dès lors, Brest remplit ces deux objectifs169.
52Les Anglais descendent donc pour la seconde fois au Conquet. Le 3 août 1558, Clinton avertit le Conseil privé de la reine d’Angleterre du « bon exploit fait par lui en Bretagne, lorsqu’il descendit à la baie des Blancs Sablons ». Il avait aussi repris les îles de Sercq et Aurigny. Le 5 août, la flotte repart pour Portsmouth et le lendemain, la reine félicite son amiral de « l’exploit que vous avez fait contre les ennemis en Bretagne aux villes du Conquet, Saint-Mathieu, Crozon et Bertheaume170 ». Le 9 août, Jacques de Guengat, un noble local dont le père avait aidé à repousser les Anglais lors des descentes de 1513 et servi François Ier comme gouverneur de Brest et vice-amiral de Bretagne, rapporte au gouverneur Étampes que, par sa lettre reçue de lui et datée du 4 août, il « avoys bien entendu comment les ennemys avoint faict quelque descente au Conquet et en faysoyt en plus grand bruict, dieu mercy qu’il ne c’est trouvé de mal171 ». Le 10, c’est le roi en personne qui est informé de la nouvelle et déclare à Jérôme de Carné, capitaine de Brest :
« Estant de présent occupé comme je suis à la conduicte de mon armée contre mon ennemy que a ses forces aux champs, j’ay esté adverty de la descente de l’armée de mer des Anglois au Sablon Blanc, près les quartiers de Brest, choses qui me vient fors mal à propos. Toutesfois, j’ay en toute dilligence despeché devers mon cousin le duc d’Estampes pour donner ordre à tout ce qu’il verra estre requis et nécessaire pour la garde seureté et déffense de la place de Brest, et conséquemment de toute la coste de Bretaigne, luy ayant envoyé argent pour le payement des gens de guerre qu’il sera besoing de lever et mectre sus172. »
53La contre-offensive est lancée. Très souvent en manque d’argent, Étampes reçoit tous les deniers nécessaires pour mettre en armes sa province « pour le salut universel de la patrye173 ». Le 12 août, il retrouve son lieutenant Gyé pour organiser chez lui, à Lamballe, les détails financiers de l’opération174. Le 21, les deux hommes rédigent plusieurs missives communes au roi et au cardinal de Lorraine les priant de continuer à entretenir les troupes levées en hâte175. Le duc pense toujours à une entreprise sur Saint-Malo ou Brest, et fait hâter la fortification des deux places. À nouveau, le 25 août, Kersimon l’avertit « qu’il y a plus de deux centz des navires de noz ennemys au devant à Abergrach [Aber Wrac’h], tirantz droict vers le Conquest […]. Sans artillerye il est bien difficille de les garder de prandre terre, d’aultant que les navires et les galères les peulvent guarantir de descendre s’il n’y a artillerye pour les desprader176 ». Le lendemain, le capitaine de Brest, Jérôme de Carné, livre son avis : « Il est à croyre, puisqu’ilz ne se sont efforcez de descendre, qu’ilz ont envie de s’en aller vers Bayonne et entreprindre en aultre endroict177. » Le 24 août, depuis Saint-Malo, Bouillé l’avertit que « trois flouins et deux challoppes […] ont voltigé tout aujourd’huy autour du Bez et de cete ville pour recongnoistre la place et toute ceste coste. Je leur ay faict tirer quelques pièces dudit Bez, mais c’estoit si loing que nous n’avons rien atteint. Ils estoyent si grand nombre de gens dedans lesdits vaisseaux qu’ilz estoyent tous couvers de monde ». Craignant pour Cézembre, il aurait bien voulu y envoyer « cinquante soldatz pour garder les cordeliers [le monastère de l’île] » et ajoute : « J’ay mandé à Paesramé [Paramé] et paroisses cicunvoysines que le cloché sonnast de craincte qu’ils ne brullassent quelques villaige178. » Le 31 août, Étampes rapporte en détail au roi les mouvements des ennemis :
« Sabmady (les flamans) departiz de devant l’isle de Baz, ilz s’allèrent se joindre le jour mesmes avec l’armée des Anglois estans au derrière de Houessant et le dimanche matin (s’estant le vent tourné à propoz) firent voille pour entrer dans le chenal par la mesme voye qu’ilz avoient faict la première fois qu’ilz y vindrent. Toutesfois, ce vent leur dura sy peu que (changeant incontinant), ilz furent contrainctz de se retirer à la mer et depuis (encore que le vent ay esté assez fort) ilz sont tousjours temporisans et tenans à la mer parquoy voiant cela et que par cy devant ilz ont eu bon temps pour passer de delà et que me suis depuis ledit jour de dimanche ilz l’ont eu tout propre pour se retirer en leurs pays. Je ne puys penser autrement synon que leur seulle délibération est sur nous, à quoy Sire, tant que la vye me durera je feray pour votre service mon debvoir […] Je fuz hier, Sire, à Rosco[ff] et veoir l’isle de Baz où ilz ont bruslé environ trente maisons et pris sept ou huict prisonniers et entre autres deux fort bons pillottes de quoy je suis bien marry. Et au partir de là, je suis venu en ce lieu de Lesneven, qui est le plus propre de ce quartier pour assembler noz forces et pour secourir où l’affaire pouroict venir en ce pays baz [la Basse-Bretagne] où j’essairay de rompre, si je puis, l’entreprise desdits ennemys, actendant qu’il vous ayt pleu nous pourveoir, selon la nécéssité que nous en avons et parce, Sire, que nous sommes en ceste subgection du vent qui change sy souvent à ceste heure, je n’ay poinct encore esté d’adviz que monsieur de Gyé esloigne ce quartier devers St Malo179. »
54La longueur des opérations anglo-flamandes dessert la mobilisation des troupes du gouverneur, en particulier faute d’argent. D’Argentré notera bien que « leur entreprise […] avoit cousté une incroyable dépense et avoit remply toute la France de frayeur180 ». Les ennemis multiplient les tentatives de descentes en mer d’Iroise et font quantité de diversions qui contraignent Étampes à diviser ses forces, à l’image des troupes envoyées à Saint-Malo mais aussi à Belle-Île, « sy les ennemys eussent passé le raz » [la pointe du Raz]. Et c’est le cas puisqu’à nouveau en septembre, « les Angloys brulent le port de Blavet181 ». Étampes se heurte aussi à des blocages internes. Ayant fait appel au sr de Kersimon « qui viendra mesmes à ceste heure bien à propoz pour donner couraige aux autres », le capitaine de Brest, Carné, refuse de lui laisser ses 1 000 livres de poudre pour armer les batteries côtières182. Tout le début du mois de septembre, il reste à son camp de Lesneven. De là, il organise la défense des côtes, rôle on ne peut plus difficile qu’il détaille au roi. S’il a bien réussi à mobiliser près de 1 200 piétons face à « ces brusleurs et saquajeurs », il reste démuni de cavalerie – c’est pourtant « ce qu’ilz craignent le plus » – comme de navires, ce qui est, dit-il, difficile car « y a une infinité de descentes. Il est du tout impossible de les en empescher car s’estant presentez en ung lieu où ilz trouvent résistance, ilz sont en six heures en ung autre où par terre nous ne scaurions estre en deux jours183 ». Le 14 septembre, il donne ordre à Gyé et à ses subordonnés de donner du repos aux soldats pour ne pas gaspiller l’argent du roi, « pour ce que nous sommes maintenant refredier [refroidis] d’ennemys et d’argent184 ». Le lendemain, il demande le retour en Bretagne de sa compagnie d’ordonnance, élite militaire déjà bien rémunérée185. Le 20 septembre, revenu à Morlaix, il est obligé de laisser partir plusieurs gentilshommes car « presque tous noz gens sont mallades et beaucoup de mortz186 ». « Voyant le temps se porter si beau » et n’ayant « point encores d’asseurence de la rupture de l’armée de mer des ennemis », il essaye tant bien que mal de garder auprès de lui les forces encore disponibles. Au cardinal de Lorraine, il assure que l’ennemi « exécute plus hardument l’envie que de toutes part nous en entendons qu’il a de revenir, ayant fait faire à Porcemue [Portsmouth] de nouveau grand nombre de biscuitz et bière et fait venir grant nombre de chairs187 ». Les nobles en armes continuent d’être mobilisés. En Vannetais, le capitaine Vincent de Kerveno lui rapporte qu’il a passé en revue les défenses des petits ports comme ceux de Pénerf et Locpezran (Locpéran, Blavet)188. Les Anglais ne reviendront pourtant pas descendre en Bretagne de sitôt. L’été 1558 a été intense pour le gouverneur mais sa province est bien sauve et le cardinal de Lorraine se fait le relais de l’entière satisfaction du roi à son sujet, rapportant le
« grand contentement et satisfaction que a ledict seigneur du bon secours et de la vigilance dont vous usez pour résister avecques les forces que vous avez aux entreprinses que les ennemys font d’entrer en vostre gouvernement. Semblant audict seigneur que vous ne pouvez mieulx en user veu le peu desquels que vous avez, la longueur de vostre coste et les alarmes qu’ilz vous donnent en divers endroictz que vous avez faict189 ».
55De même, Joachim de Sévigné, député des États de Bretagne envoyé à la cour, témoigne quelques jours plus tard : « Je croi, à ce que disent ceux qui viennent du camp, que la Bretaigne, ceste année, a fait plus de dommaige à l’ennemi que l’on n’a fait depuis que le camp [de Picardie] est dressé190. » En Guyenne, Antoine de Noailles, qui craint aussi les descentes des Anglais, rapporte au roi : « J’espère, s’ils abordent, qu’ils seront si visvement receuillis, qu’ils ne tireront pas plus de proffit et utilité de ceste nouvelle occasion, que de la première qu’ils ont faict en Bretaigne191. » Au-delà même du royaume, Étampes récolte une gloire non négligeable de cet épisode particulièrement éprouvant qui a mis à l’épreuve la mobilisation provinciale, à tel point que l’ambassadeur de Venise rapporte au Doge et au Sénat de sa République la nouvelle d’une glorieuse victoire, couronnée par la belle capture du vice-amiral de Flandres192. Victoire récente qui a d’ailleurs pu jouer dans la balance des négociations de paix entamées à Cercamp dès novembre 1558193. Pourtant, le danger ne s’est pas évanoui, loin de là : les Anglais croisent au large des côtes bretonnes dès 1560 et surtout durant l’année 1563, dans le contexte de la prise du Havre, qu’ils entendent pouvoir échanger avec Calais, comme devait l’être Brest déjà en 1558. À Saint-Malo, en juillet, Étampes a vent qu’ils préparent une descente « sur une poincte de terre prochaine de cestedicte place » et annonce non sans humour les vouloir « bien recevoir ». Mais ses moyens sont toujours très limités : « Quant à moy, dit-il à la reine, je m’envoie avec monseigneur de Martigues tout le long de la coste pour faire la meilleure mine que je pourray à mauvais jeu194. » Quelques jours plus tard, il prend des mesures pour stocker des vivres à Saint-Malo car une descente est imminente195. En octobre, les Anglais finissent par débarquer à Hoëdic et Houat – d’où ils peuvent passer en revue leurs troupes – dans l’objectif de multiplier les diversions196. Ainsi, la défense du littoral est toujours une mission reliée aux guerres internationales menées à larges échelles. C’est aussi une tâche du quotidien où le combat final n’est que l’acmé d’un long travail de guet, d’attente et, de plus en plus, de fortifications. Ce faisant, c’est l’habit du stratège de positions qu’Étampes doit revêtir.
Fortifier le littoral
56Cette crainte constante des descentes explique en bonne partie le soin apporté par la monarchie au bon entretien de ses fortifications littorales. En la matière, la modernisation des vieilles murailles héritées de la période ducale nécessite souvent le recours à un architecte royal. En 1545, Philibert de L’Orme, commissaire des fortifications de Bretagne, dit visiter « tous les ans par deux foys toute la coste et forteresses de Bretaigne197 ». En 1543, sur la demande du duc d’Étampes et à la requête des habitants de Morlaix, qui avaient encore le dur souvenir des descentes anglaises de 1522, il avait dessiné des plans pour bâtir « à leurs despens sur ung rocher qui est à l’entrée du havre d’icelle ville, ung fort pour résister ausdiz ennemys, et les empescher de povoir plus surprendre icelle ville198 ». De L’Orme se charge également des forts de Saint-Malo, Concarneau et Nantes. À Belle-Île, les habitants demandent une exemption de fouage car les Anglais « prennent et emportent leurs biens et mys partie d’eulx à ranczon199 ». En 1549, Gyé s’y rend avec un ingénieur du roi afin de bâtir « un fort pour repousser les ennemys et leur empescher l’entrée de l’île ». Il y nomme aussi un capitaine, Robert d’Avaugour, sr de Saint-Laurent, qui reçoit une garnison de 120 puis 200 aventuriers200. Un an plus tard, lors d’une montre de la petite troupe, un commissaire des guerres note que « St Laurent est absent dudit Belisle et est allé vers le Roy suivant son mandement pour luy déclarer et faire entendre le faict de la garde, fortiffication et autres affaires dudit Belisle201 ». Encore en 1552, le capitaine reçoit l’ordre « de faire besoingner aux répparations le mieulx qu’il aura peu, et semblablement aux dessentes par où lesdictz ennemys le pourroient venir assaillir202 ». Pourtant, cinq ans plus tard, « la plus importante isle qui soit à la Fleur de Lys » est pillée par les Espagnols. Et elle l’est à nouveau par les huguenots de Montgomery en 1573203.
57À partir de 1555, désormais appelé par le mécénat royal, Philibert de L’Orme laisse sa charge de commissaire des fortifications de Bretagne à son frère, Jean, curé de Saint-Germain, qui l’assiste déjà depuis longtemps et a aussi servi en Italie – et connait donc la fameuse « trace italienne204 ». Ainsi, en 1549, Montmorency écrit à Étampes :
« Pendant qu’aurez avecques vous St Germain par delà, il vous plaira ordonner la somme que trouverez estre pour ce nécessaire des dix mil livres ordonnez pour les répparations des places fortes de Bretaigne, affin qu’il y soit besongné le plus tost que faire ce pourra. Ledict sieur de Gyé me dict aussi que Concq [Concarneau] avoit grand nécéssité d’estre repparé, et qu’il seroit bien requis que l’on getast le marché dehors205. »
58En 1555, Étampes, présent auprès du roi à Fontainebleau, nomme officiellement Jean de L’Orme et reçoit son serment de bien servir au poste de « maistre architecte et conducteur général des bastiments, réparations et fortifications » de Bretagne206. Rapidement il l’emploie « pour desiner et faire le devis des fortisfications » de Brest ainsi que la plate-forme de Saint-Malo commencée par Bouillé, qui pensait aux fortifications de sa place, en accord avec l’ingénieur : « Je suys à ceste heure après à faire faire du costé de la ville ung parapest de clayes pour hausser les courtines de vostre fort du Bez [Bé] et donner lieu aux harquebusiers d’estre à couvert et de évitter meme le danger de escalle […]. Le sieur de Sainct Germain et moy fusmes d’advis y [le boulevard] mettre des gabions et pippes pour soustenir les coups d’artillerye qui nous seroyent tirez des navires207. » En 1555, il avait demandé à propos de l’architecte et de sa plate-forme : « Qu’avant qui parte qui vous en face ung desain ou bien qui corige les faultes qui sont au myen208. » L’année suivante, Étampes envoie Jean de L’Orme à Concarneau y réparer les ponts et portes, assisté du maître maçon Pierre Guichard209. « Maître d’œuvre des réparations et fortifications de Bretagne », Guichard assiste Philibert à Saint-Malo dès 1545. En 1550, il devient « maître des œuvres de la ville et château de Nantes » et s’emploie à moderniser les tours du château. À Brest, en 1552, Villegagnon avait rapporté à Étampes les travaux pour établir une plate-forme d’artillerie210. Un an plus tard, ce dernier dresse un devis des réparations nécessaires par l’intermédiaire de Guichard et d’un autre maçon, Pierre Picard211.
59De plus en plus, Étampes dispose de l’argent des fortifications – et non plus du simple outil d’exemptions fiscales : on assiste ici, contrairement à la marine, à une régionalisation financière. Il commande directement aux architectes qui travaillent d’ailleurs directement pour lui lors des rénovations de son château de Lamballe. Les deux frères, réputés tant pour leurs travaux militaires que pour leurs réalisations renaissantes sont rapidement appelés à la cour et, en 1553, Montmorency rapporte au duc qu’« il faut que vous vous résolvez de n’avoir point St Germain ne son frère pour ceste année, mais pour la prochaine si lui mesmes n’y peut aller au temps qu’il faudra besongner, il vous en sera envoyé ung aultre congnoissant et experimenté à tels ouvraiges » et ajoute : « Si vous avez quelqu’un par delà qui se congnoisse en tel ouvraiges de fortiffication, vous ne laisserrez pour cella à l’envoyer audit Brest » afin « de faire continuer ce que vous y avez fait commencer pour rendre la place en tel estat qu’elle mérite pour l’importance dont elle est212 ». Étampes peut donc proposer un remplaçant à Jean de L’Orme qui, dès 1556, a vendu ses « dessaings des places fortes de Bretaigne, les marchés des forteresses de Bretaigne, les toysés faictes esdictes forteresses », clair témoignage de la brièveté de sa mission213. Son absence précède pourtant de peu les importantes descentes de 1557-1558. Le duc y répond par un vaste plan de modernisation des fortifications bretonnes. En mars 1559, Sourdeval profite de la démolition du château d’Auray pour moderniser son fort de Belle-Île214. De même, à Saint-Malo, Étampes se dit « fort aise de ce que l’on besogne à la citadelle comme je pensois y faire oupvrer », citadelle qui vient s’ajouter au fort du Bé, sis sur un rocher en mer215. Or, ce fort, important pour la défense de la place, est difficile d’accès et, coupé de la ville, rebute les soldats, « car, selon Bouillé, ce lieu n’est pas fort plaisant, aussi s’ilz ne sont bien paiez, je ne trouveray personne qui en vueille estre216 ». Comme à Morlaix ou à Belle-Île, l’on use souvent d’exemptions ou d’aides fiscales dans l’espoir d’encourager l’avance du paiement des travaux : ainsi, les Malouins reçoivent en janvier 1558 une ordonnance royale avalisant diverses taxes qu’ils ont levées sur le commerce des marchandises afin de les dédommager de la « construction et édiffication de trois plateformes encommandées en ladicte ville217 ». S’ajoutent également d’importantes réparations à Nantes et Brest218. Ce vaste plan défensif conduit le duc d’Étampes à faire appel à un ingénieur du roi issu de sa domesticité : l’Italien Pietro Fredance qui occupe ainsi dès 1560 le poste d’« ingénieur du roi en Bretagne » et touche à ce titre une pension importante219. En mai, Fredance se rend à Nantes pour estimer les réparations possibles à apporter au château des ducs220. En juin, Étampes envoie le pensionnaire Jacques de Guengat à Concarneau pour y dresser un « pourtraict » des fortifications avec le lieutenant de la place : une plate-forme en terre reste inachevée faute de fonds221. Le mois suivant, accompagné de son ingénieur, il se rend à Brest d’où il décide la construction d’un bastion à l’italienne autour de l’ancien donjon médiéval222. Quatre mois plus tard, Fredance, resté sur les lieux, lui rend compte de l’avancée des travaux :
« Je me transporté à Brest, et y estant je fis commencer les fondemens du boullevart du donjon, où j’espère que dedans huit jours on commencera à asseoir la pierre de taille. Puis, après avoir donné ordre, me transporté en ceste ville de Saint-Malo avecques Gouedron, que Monsieur le Trésorier Charron avoit envoyé porter les deniers que avez ordonnez ceste présente année ez places de Brest, Saint-Malo et Conq, où j’ai trouvé Monsieur de Talver, lieutenant de Monsieur de Bouillé, et après avoir veu et visité la place et fort du Beix [Bé], pour le présent n’ai riens ordonné sinon faire mettre ez mains de Maître Pierre Vollant, maczon, quelques deniers pour faire amas d’atraits, comme chaulx, sable, pierre de taille et de massonnerie, qui est parti ce matin de ceste ville pour aller à Grantville faire provision de chaulx et a mené avecques lui les perreux pour tirer la pierre de taille223. »
60À Brest, Fredance peut rédiger un nouveau devis224. En 1562, le capitaine Carné rédige quant à lui un mémoire au roi pour achever l’imposant boulevard ainsi que les plates-formes autour du château225. Fredance n’a pas achevé son œuvre et, l’année suivante, Étampes fait donc officiellement du Brestois Pierre Vollant le « conducteur des réparations et fortisfications des villes et places fortes de cedit pais226 ». Cette nomination est plus que jamais son œuvre et un acte royal la justifie en précisant bien qu’Étampes « nous [a] en notre privé conseil remonstré que quant il se faict quelques réparations et fortiffications es villes et places fortes de notredit pais, il n’y a après que l’ingénieur en a faict les desseings, aulcun maitre maczon qui ayt l’œil et preigne garde à la conduicte desdites réparations et fortisfications227 ». Le gouverneur se fait donc le relais des préoccupations de nombreux subordonnés qui jugent l’action de Fredance trop isolée. En effet, les uns et les autres se le disputent : Sourdeval va jusqu’à « trouver monsieur d’Estampes pour luy demander Fredanze228 ». Quelques mois plus tard, il lui écrit :
« J’ai entendu par le Maistre Masson de Brest [Vollant], comme le sieur Fredance s’en est retourné sans venir en Belleisle, et logea aux faulxbourgs de Nantes, scachant bien que j’estois en la ville. Je vous suppli très humblement, Monseigneur, qu’il vous plaise lui faire commander qu’il ait à y passer au premier voyaige qu’il fera par dessa. Ledit maistre masson de Brest m’a asseuré qu’il seroit audit lieu à la Chandeleur229. »
61Quant à Bouillé, il utilise l’argument de l’extrême vulnérabilité de sa place : « Fredance ne veut point mettre en seureté cette place là [Saint-Malo] d’une surprinse qui est plus à craindre qu’en ville qui soit en ce royaulme et veult besongner en lieu qui ne porte point de danger230. » À Nantes, Sanzay déplore dans un premier temps son absence : « Vous escripvez que debvois monstrer à Fredence ce qui est nécessaire de réparer en ce chasteau. Je n’ai jamais sceu qu’il ait passé par ici231. » Sans officier royal, il se résout donc à employer des maçons et charpentiers de la ville qui, selon lui, exigent de trop chers paiements : « Nous avons faulte des charpentiers qui ne veullent besongner à moins que vous ay escript. Si ung masson nouveau, qui a aymé de se faire congnoistre, n’eust entrepris lever de la massonnerie elle eust cousté beaucoup daventaige », rapporte-t-il à Étampes. Quant à la charpente, il ajoute : « Je trouve le pris dudit charpentier quelque peu excessif mays on n’en peut trouver d’aultres à moins. Quent au couvreur, je pence que si on achaptoict clou, latte et ardoise et le faire faire aulx journée et faire venyr des couvreurs d’Anjou, que on y gaigneroict quelque choze232. » C’est pourquoi le duc se tourne souvent vers le grand maître des eaux et forêts de Bretagne, officier dont il a reçu le serment, pour obtenir en quantité du bois issus des forêts royales233. En 1560, pour les grands chantiers de réparations des places fortes, il ordonne à ses secrétaires d’écrire « lettres addressantes au sieur du Cambout, guardien des eaulx et foretz en Bretaigne, pour délivrer des foretz qui sont auprès de Nantes234 ». Cet expédient est parfois difficile à mettre en œuvre car c’est un manque à gagner pour le roi. Le grand maître René du Cambout s’en ouvre au général des finances en 1558 : « Si l’on continue, les foretsz s’en vont ruyner235 », lui dit-il.
62Enfin, au début de l’année 1564, Étampes peut désormais compter sur l’aide d’un nouvel ingénieur du roi, le chevalier Pelloy, qui dresse des « deviz et desseingz » des places fortes bretonnes et engage de nouveaux travaux, notamment les logis du château de Nantes, et surtout et encore les fortifications de Brest. À Charles IX, le duc explique :
« J’ay aussi ordonné huict cens livres pour refaire les ponts et portes de Brest qui estoient en si mauvais estat qu’il n’y avoit rien asseuré, et aussi pour réparer quelques couvertures de granges où sont les munytions236. »
63Dans les années 1550 se met donc en place une provincialisation des opérations de fortification. Le gouverneur Étampes peut compter sur des architectes présents et assidus, nommés par lui ou son entremise, rémunérés par la province et la caisse du trésorier général Le Charron237. Alors que les navires du Ponant dépendent d’une administration propre qui ne se limite pas à la seule Bretagne, les fortifications sont prises en charge par les finances provinciales, statut propre à la Bretagne, en lien avec ses États, son autonomie et ses privilèges. Surtout, cette cohérence d’action provinciale permet l’application d’une réelle politique de modernisation des fortifications bretonnes.
64Dès lors, le travail de « gouverneur-architecte » nécessite une fine connaissance du littoral à administrer. C’est ainsi qu’Étampes prend la peine d’inventorier sa province dans le but de mieux la défendre. À une date inconnue, il fait rédiger un mémoire des « ports et havres » de Bretagne dans lequel il consigne des informations sur les lieux les plus propices aux descentes ennemies238. Chaque port breton, aussi modeste soit-il, est finement étudié, à l’image du havre d’Erquy où il est noté : « Les bouches d’Erqui est une plage où peuvent descendre petits batteaux. Elle est fort dangereuse. » De même, l’île des Ébihens « est descente très dangereuse loing de toutes habitations et y peuvent bon nombre de grans navires demeurer à flot ». Trace d’une implication toute personnelle dans ce travail d’inventaire, Étampes a annoté de sa propre main le mémoire dicté à un secrétaire. Ainsi, au sujet du « goullet de Brest », il ajoute en marge : « Et peuvent les ennemis gangner lesdites rivyères de Landerneau, Landevenec et du Fou sans avoir empeschement du chasteau de Brest. » Dans le même temps, les puissances rivales s’informent sur la Bretagne. Ainsi d’un autre mémoire, celui-ci à destination de Philippe II d’Espagne, et peut-être rédigé par son ambassadeur en France – et ce, peu avant les descentes espagnoles – qui dresse un état des gouvernants bretons (Étampes, Martigues et Bouillé sont cités) joint d’une liste de 16 ports avec les distances qui les sépare les uns des autres239. La précision est aussi de mise, ainsi du port de Blavet « près de la terre de madame de Bou[i]llé », donc du lieutenant d’Étampes. Et de fait, bien fortifier les places fortes bretonnes déplace géographiquement le danger sur le reste du littoral.
Un garde-côte
65Dans l’objectif quotidien de contrôle du littoral, le gouverneur dispose pour lui d’une vieille institution : les capitaines gardes-côtes240. Ce guet de mer, aussi appelé Commune, a été réformé en 1517 puis 1543 et est un système de défense des paroisses littorales par les paroissiens en armes, toujours encadrés par des nobles locaux nommés capitaines gardes-côtes. Ces derniers sont directement aux ordres du gouverneur qui les nomme et leur assigne une portion précise de littoral à surveiller, nominations qui interviennent dès l’été 1543, en pleine guerre contre les Anglais. Il s’agit très souvent de gentilshommes de la moyenne noblesse, déjà membres ou cadres de l’arrière-ban et dont les possessions sont situées à proximité immédiate du littoral.
66Étampes témoigne lui-même de ce phénomène de pouvoir local dans une commission à Guillaume de Kerimel, sr de Coetnisan, commissaire des gentilshommes de Léon et institué garde-côte des évêchés de Léon et Tréguier : « Pour ce que une grand partie de voz biens y est assise », y lit-on241. Dans un autre acte, il explique sa démarche :
« Comme en visitant les places fortes et costes de la marine de ce paix et duché pour voir et aintandre ce qui est requis nécessaire et utille pour les entretenemens fortifications, augmentations et gardes d’icelluy, nous eussions commis à la garde de ladite coste plusieurs bons personnaiges. »
67En nommant Coetnisan, Étampes détaille la nature du pouvoir qu’il lui octroie :
« Pouvoir auctoritté et mandement de prandre et retenir pour la garde de chacun desdits portz et havsfres des gentilzhommes telz que aviserez, ausquelz donnerez la charge et garde desdits portz et havsfres en chacun port ung gentilhomme qui aura puissance » ainsi que « faire rempartz, bastillons, et feuz comme il est de coustume faire en temps de guerre et aux procureurs des fabricques des paroisses circonvoisines de ladite coste de fournyr […] du bois et landes pour faire lesdicts feux et ceulx qui doibvent fournyr de pouldres et boulletz de tout temps […] des basteaux equippetz et dressés pour aller descouvrir les ysles et scavoir nouvelles desdits ennemys […] et […] qu’on ne tire bledz, olonnes ne aultre choses prohibées et deffandues par lesdits portz et havsfres […] sans exprès congié, licence et saufconduit du Roy242. »
68Chaque portion du littoral se voit assigner un garde local qui répond au garde-côte. Ce garde-côte en chef, à l’échelon diocésain, est parfois déjà un commissaire ou capitaine de l’arrière-ban comme c’est le cas pour Coetnisan qui commande « aux capitaines gardes des costes ». On l’appelle parfois « superintendant » ou « commissaire des guerres243 ». L’influence locale est toujours prégnante, à l’image d’une commission nommant le sr d’Assérac à « la superintendance de Guérrande et Assérac » et lui confiant des pouvoirs sur « les capitaines esleus [par lui] des ports et havres de la coste et la mer244 ». À ces derniers, le duc attribue une part bien précise du littoral : une ou quelques paroisses voisines. Ainsi, Alain du Liscouet obtient autorité sur cinq paroisses (Plougastel, Daoulas, Dirinon, Irvillac et Logonna) ; le sr de La Blanchardaye, sur deux (Saint-Père-en-Retz et Sainte-Opportune) ; le sr de Vaurouault, sur une seule (Plévenon)245. Cette paroisse du Cap Fréhel, vassale du Penthièvre, est le berceau de la famille des Goyon de Matignon, qui possède l’imposant château littoral de la Roche-Goyon (Fort La Latte). Château dans lequel le gentilhomme a déjà tenu garnison de l’arrière-ban pour le gouverneur246. Comme pour d’autres postes, bien des familles se transmettent la charge de père en fils, comme les Loz pour la côte de Port-Blanc, « lieu notoirement aisé et commode pour descente et séjour d’ennemys », qu’ils fortifient sommairement à l’aide « des paroisses voisines » et garnissent d’artillerie prise sur des navires en mer247. Sur le littoral, les estuaires ne sont pas oubliés, à l’image du sr de Rigourdaine, nommé garde-côte de Dinan, c’est-à-dire des paroisses de l’estuaire de la Rance, entre Dinan et Saint-Malo248.
69Étampes se montre également soucieux de réformer le système pour améliorer les défenses côtières et s’attaque ainsi aux malversations. En 1553, Sanzay lui rapporte une situation bien délicate : des individus « se vantent avoir commission » de lui pour garder les côtes et rançonnent le peuple du pays de Retz : « Aulcuns d’iceulx en lieu qu’ils debvroient laisser l’artillerie des paroisses auxdites paroisses et sur lesdites coustes pour la déffence d’icelles, avoient faict mener ladite artillerie à leurs maisons pour leurs entreprinses particulières » et ajoute que les cinq gardes-côtes du pays de Retz qu’Étampes a remplacés « l’année passée » continuent de vouloir exercer leurs charges249. Il s’agit très probablement de remplacer les gardes-côtes par des fidèles et ainsi lutter contre les malversations liées à la charge. Or, l’effet est inverse. L’anecdote montre aussi tout le pouvoir d’une lettre de commission, les capitaines auteurs des larcins justifiant leurs actions par l’aval du gouverneur lui-même. En réalité, ce service réservé à de petits nobles est recherché car il peut apparaître avantageux par bien des aspects. Outre une autorité locale, il dispense en effet bien souvent de service à l’arrière-ban. En 1565, Martigues, qui désire s’appuyer sur les gardes-côtes plutôt que sur les contrôleurs des ports et havres, explique au roi que les premiers sont des
« gentilzhommes les plus riches, fameux et renommez du peuple d’alentour desdictes costes, [et] y ont tousjours rendu en toutes sortes si bon devoir qu’il est bien requis, ce me semble, de les y retenir et maintenir en l’intendance de leurs charges, pour lesquelles ilz ne tirent autres gages ny profitz que l’exemption de l’arrière-ban250 ».
70En 1557, Renaud de La Touche-Limouzinière, garde-côte de Retz, rappelle en effet à Étampes :
« Monseigneur, vous m’aviez dit dernièrement que j’euz l’honneur de parler à vous, que ceux qui serviront en Bretagne qu’ilz ne seront point tenuz de leurs aultres bien à l’arrière ban, et voyant que je sers de moi mesme en personne, et que de ouit jours en ouit jours me fault aller à ceste coste, s’il vous plaisoit d’escripre au lieutenant de la Rochelle pour la terre de ma femme à Mause, vous nous obligerez elle et moy à vous faire toutes noz vies très humbles services251. »
71Quelque temps plus tard, La Touche atteste qu’il n’a que vingt-et-un archers de l’arrière-ban sous ses ordres et l’implore de lui laisser « messieurs de la Sycauldaye, Blanchardaye et Clertière [qui] servent à l’arrière-ban252 ». Pour ce garde-côte, qui est aussi gentilhomme de sa maison, la présence de gentilshommes assignés à une ou plusieurs paroisses est primordiale car, lui dit-il :
« La commune ne se rendra jamais subjecte à faire le guet s’ils ne craignent les gentilshommes, de quoi ils sont très tous subjects, pour ce que les gentilshommes ont d’ancienneté mandement de vous de s’en prendre garde, et souloient estre exempts de l’arrière-ban en faisant leur debvoir chacun en sa charge desdites costes253. »
72Dans une seconde missive se dévoilent toutes les relations que le gouverneur entretient avec ces individus chargés de la surveillance des côtes :
« Monseigneur, je croy que vous avez déjà esté adverty de mon voyage du pays de Rays, là où je fis prendre des Espaignols que j’envoyé à Monsieur de Censay [Sanzay, cap. de Nantes] et faillit que j’en feisse toute la mise à mes despens pour les conduyre et accompaigner. S’il vous plaisoit donner quelque ordre, s’il en vient encore, qui sera lesdites mises, car les gens du Roy ne l’ont pas voulu faire, pour ce qu’ils n’en ont point de commission. Je fis tenir les monstres à Bourgneuff et à Pornic, et leur fis commandement à tretous d’y faire bien leur debvoir. La garde de feu M. de la Clertière qui est au port de la Roche, je vous avois supplié la bailler à M. de la Frudière, pour ce qu’il a son bien près de là, et qu’il est toujours en bon équipage, et ne s’est voulu charger de ladite commission qu’il n’eut ung mandement de vous. S’il vous plaisoit me faire tant d’honeur que de lui en bailler ung, car il me soulageroit beaucoup, pour ce que j’ai esté si malade ceste année d’aller souvent voir les havres, car il est bien requis d’en estre soigneux, veu que la commune est si mal aisée à ranger. Messieurs de Bourgneuff vous envoyent une requeste qui m’ont prié vous présenter. Je vous avois aussi escrit, touchant un navire qui est arrivé à Bourgneuff, scavoir ce qu’il vous plaira que je y face254. »
73La Touche présente chaque facette du métier de garde-côte qui ne se limite pas au guet : la capture de marins espagnols, l’inspection des petits ports, la visite des navires marchands, l’organisation des guets et des garnisons des paroissiens, si difficiles à mettre en ordre. Les logiques de nomination sont des plus directes : c’est le garde-côte en chef qui propose au duc un noble bien possessionné du littoral. Le gentilhomme s’avère particulièrement respectueux des hiérarchies et n’accepte le poste qu’en cas de mandement officiel. C’est chose faite au moins trois ans plus tard puisqu’Étampes commissionne La Frudière pour « mettre ordre sur la côte de Raix et faire garder que aucuns desdits seditieux s’embarquent […] pour faire voile et passer la mer et donner advertissemens aux estrangers255 ». Car il s’agit de contrôler les départs de huguenots vers l’Angleterre ou les Flandres dans le contexte de l’après conjuration d’Amboise. Encore en 1562, le sénéchal de Nantes redoute « ung navire anglois qui a grand nombre d’artillerie et dit l’on que c’est un brigand parce que en icelui il y a gens ramassez de toutes nations et diverses espèces de marchandises » et demande au gouverneur « commander à Monsieur de la Frudière, il donnera ordre de l’arrester, encores que l’on dise qu’il s’est fort muni et qu’il ne veut laisser entrer personne en sondit navire256 ». Un an plus tard, La Frudière est désormais connétable de Nantes et capitaine de sa garnison, ce qui vient récompenser son travail de garde-côte du comté nantais257.
74Enfin, les gardes côtes commandent aux paroissiens dont ils ont la charge. Certaines commissions d’Étampes sont très précises à ce sujet comme ce pouvoir donné à Yves Hamon, sr de Kerbourdon, de « la garde, tuition, seurté et déffence de la coste maritime à l’endroictz de Toulanhéri, Plestin et Plufur », dans lequel sont également nommés les paroissiens « soubz luy258 ». Ces paroissiens en armes, la commune pour Renaud de La Touche, doivent effectuer des guets le long de la côte. Guets assez fréquents et plutôt perçus comme des corvées, à l’image des paroissiens de Sibiril, qui doivent obéissance au capitaine Coetnisan, qui est aussi leur seigneur259. En 1557, le capitaine de l’arrière-ban de Léon, le sr de Kersimon, assisté de son commissaire et garde-côte, Coetnisan, rapporte à Étampes que la paroisse de Trébabu, peuplée d’une trentaine d’âmes, n’a pu envoyer que trois paroissiens pour faire le guet de nuit sur la presqu’île voisine de Kermorvan, qui, dit-il,
« S’excusent d’y pouvoir aller à raison de leur paouvretté et que la saison est maintenant à cuyllir les bledz. S’il seroyt vostre bon plaisir en envoyer partye des francz archiers qui ne font aulcun service pour estre souldoyer des paouvres paroesses, ce seroit grant soulaigement ausdictes parroesses et plus grande seuretté du pays et ordonner ausdictes paroesses qui sont loingtaines de la mer que ne sont subgectz aux guectz de fournir quelque nombre de munitions de guerre pour estre delivrés par inventaire à ceulx qui ont ladicte artillerye en garde. Au regard de la maison du Chastel, craignant fatiguer les gentilzhommes, j’ay mys à y faire guect ordinaire sept ou huict des serviteurs de feu monsieur du Chastel qui sont maryez au bourg, sans les hommes d’entour qui sont ordinairement subgectz d’y aller faire le guect260 ».
75Face à ce fort absentéisme qui touche le guet de mer, Étampes n’hésite pas à réagir. Dans sa commission de garde-côte confiée à Jean Rosmadec pour les paroisses de Plourhan, Saint-Quay-Portrieux, Tréveneuc et Étables-sur-Mer, est précisé en détail le montant de chaque amende pour les trois premières absences au guet (20, 40 puis 60 sous). À la quatrième, les paroissiens deviennent « désobeissantz au Roy et à mondit seigneur le duc », entraînant de possibles sanctions261. Certes, le registre est répressif, mais il s’agit aussi de transformer les paroissiens défaillants – et ce sont souvent les plus mal équipés – en débiteurs. C’est alors que la solidarité paroissiale pensée par Kersimon prend tout son sens.
76Et force est de constater qu’en temps de guerre, le système fonctionne plutôt bien, surtout pour les garnisons côtières. En 1558, lors des descentes anglaises, Étampes envoie Claude de Boiséon « en l’entrée et havre de Morlaix, dict le Toreau » pour visiter le fort et ordonner « douze hommes de faction de chacune paroisse de Morlaix » d’y tenir garnison. Le garde-côte décrit les vivres à apporter et précise bien qu’elles seront financées par les paroisses262. En effet, les pouvoirs qu’Étampes octroie aux gardes-côtes contraignent assez largement les habitants du littoral à participer à la défense armée de la côte : un système d’alarme appuyé sur des feux dépend d’eux, en plus de l’utilisation du tocsin263. Bien des paroisses sont aussi garnies de sommaires remparts. Ainsi, Étampes rappelle bien au garde-côte de Plévenon qu’il doit « donner ordre et pourveoirs ausdictz guetz, feuz, et rampartz et iceulx faire faire par les manans et habittans de ladicte paroisse de Plévenon, daventaige leur feré faire monstres à ce que chacun (soit) en l’équipage qu’il doibt et du tout ferez bon et emple procès verbal264 ». Les paroissiens fournissent également une grande partie de l’artillerie côtière265. Selon le gouverneur lui-même, il s’agit de « la chose la plus nécessaire pour empescher les descentes266 ». En 1543, à l’alarme de descente anglaise, les paroissiens s’assemblent à Landerneau, « le toxin sonnant de toutes parts, voire à cinq ou six lieues autour des havres, à scavoir Brest, Conquet, Crozon, le Fou, Doulac, Laudanec, chacun bien munis d’artillerie, comme canons, doubles canons, bastardes, mousquets, passe-volans, pièces de campagne, couleuvrines, serpentines, basiliques, sacres, faulcons, fauconneaux, flustes, orgues, harquebuses à croc267 ». Canons et poudres sont d’ailleurs souvent aux frais des paroissiens. En 1558, Bouillé note que le sr de Villebrune, à la tête des francs-archers, manque de poudre pour les paroisses autour de Paramé et dit à Étampes : « Je luy ay dict que je pense que ne le trouverez mauvais qu’il advertist les paroisses d’en achapter268. » Par ailleurs, en 1557, Kersimon se plaint davantage de carences en munitions qu’en artillerie269. Et comme en 1543, l’artillerie des paroisses est énergiquement mobilisée lors des descentes de 1558. À Locmariaquer, paroisse littorale qui garde l’entrée du golfe du Morbihan, Jacques de Guengat mobilise des canons d’Auray « puisque, dit-il, les arrière bans ce en sont allés et ceulx qui estoyent commis pour garder les costes270 ». Ainsi, six ans après l’épisode, le duc récompense des paroissiens autour du Conquet en raison des « grandz fraiz qu’ilz ont esté contrainctz faire, tant pour la garde de leur coste que pour se munyr d’armes d’artileries », décide que « doresnavant toutes les artileries qui se trouveront es briz qui covriront à la coste de ce pais seront baillées aux habitans d’icelle coste » et laisse l’exécution de sa mesure à Kersimon, capitaine de l’arrière-ban, « qui a la garde de la coste de l’évesché de Léon271 ». L’efficace défense de 1558 est récompensée.
Figure 2. – Défendre une province maritime au cœur d’enjeux internationaux (1543-1565).

Conclusion : un gouverneur de frontière maritime
77Comme le résume bien la carte ci-dessus, le gouverneur de Bretagne n’est jamais très éloigné de la mer, élément naturel à prendre en compte pour gouverner sa province. Cette dimension maritime place son gouvernement en position de frontière avec l’ennemi, qu’il soit anglais, flamand, espagnol, ou plus tard huguenot, ce qui lui confère des pouvoirs étendus, notamment grâce à la captation du commandement des navires du roi par la noblesse bretonne, déjà bien intégrée dans ses réseaux. Cependant, Étampes ne prend jamais lui-même la mer. Assurément, il est moins un marin qu’un garde-côte : là réside l’essentiel de sa mission de gouverneur de frontière. Et l’intense fortification de la province, qui débute dès son arrivée à Morlaix en 1543, couplée au quadrillage de plus en plus précis de la côte par le guet de mer prend tout son sens lors des descentes de 1558. Révélateur provincial – à tel point qu’à sa mort, les parlementaires rennais retiennent cet épisode précis de sa vie –, les événements de 1558 le présentent comme le protecteur armé du « pays », image renforcée par son action lors de la campagne de 1562-1563. Or, cette politique efficace de protection de la province par les armes, contre les ennemis intérieurs comme ceux venus de la mer, a un coût et n’est pas exempte d’enjeux liés à son financement.
Notes de bas de page
1 François Nawrocki, L’amiral Claude d’Annebault, conseiller favori de François Ier, Paris, Classiques Garnier, 2015, p. 285 : « Ce n’est pas certain car il a déjà eu la Bretagne » précise l’ambassadeur impérial.
2 BnF, Fr. 20510, fo 47 : Montmorency à Étampes, Villers-Cotterêts, 11 nov. 1555.
3 BnF, Fr. 6620, fo 7 et suiv. : Henri II à Montmorency, Moulins, 19 oct. 1548 (Carné a retenu des navires). En 1513, Jean de Rohan-Landal rapporte à Louis XII que ses navires sont passés « de ceste chambre de Brest en la rade » (BnF, Dupuy 261, fo 16, Brest, 26 mars [1513]). « L’on y peut mettre les vaisseaux aussi près l’un de l’autre que des chevaux dans une écurie sans qu’ils se puissent choquer. C’est pourquoi on l’appelle la chambre de Brest », dit au siècle suivant le comte de Souvigny (Mémoires, t. 1, Paris, Société de l’histoire de France, 1906, p. 149).
4 Mélanges curieux et anecdotiques tirés d’une collection de lettres autographes et documents historiques ayant appartenu à M. Fossé-Darcosse, Paris, J. Techener, 1861, p. 209 : Henri II à Odet de Selve, ambassadeur en Angleterre, 25 juill. 1548.
5 BnF, Fr. 20510, fo 9 : le dauphin Henri à Étampes, Touques, 28 juin 1545 ; fo 11 : François Ier à Étampes, Touques, 4 juill. 1545 ; fo 28, 31 : Montmorency à Étampes, Nourvillier, 15 août 1549 ; Montreuil, 18 août 1549 ; autorisation de mouiller à Nantes (CAF, t. 8, p. 250 : Fontainebleau, 16 juill. 1546).
6 Chantilly, L, XI, fo 74 : Villegagnon à Montmorency, Brest, 14 oct. [1548]. Carné peut commander sa galère en son absence car il est « gentilhomme de biens et d’honneur, voisin d’icy » ; Chantilly, L, XVII, fo 20 : Marc de Carné à Montmorency, Brest, 16 oct. 1548. Villegagnon dénonce les galériens qui ont « une croix rouge [anglaise] comme une blanche [française] dedans le cueur » et projettent de rejoindre Londres. Carné évoque une des « plus grandes meschancetés qui fut jamais faite » par le cap. Pierre Johannin. La Meilleraye dénonce qu’« on ne leur a jamays voullu donner ung morceau de pain à la descente [à Brest], ne faire estappes », ce qui les pousse à quitter le service du roi (BnF, Clair. 344, fo 226 : La Meilleraye à Aumale, Brest, 16 sept. 1548).
7 BnF, Fr. 20510, fo 36 : Montmorency à Étampes, camp de Herbéviller, 27 avr. 1552.
8 ADIV, 4 B 14/9 : Étampes à Fontaines (Bouillé), Romorantin, 30 avr. 1545.
9 BnF, Fr. 25724, fo10, vo, Fontainebleau, 13 sept. 1547. À Brest, le capitaine Carné note qu’« une gallère en maulvais temps a assez affaire de combattre la mer sans combattre navire » (Chantilly, L, XVII, fo 20 : Marc de Carné à Montmorency, Brest, 16 oct. 1548).
10 BnF, Clair. 344, fo 226 : La Meilleraye à Aumale, Brest, 16 sept. 1548.
11 Étampes apparaît souvent comme l’organisateur des départs écossais aux yeux des observateurs anglais (CSP, Foreign, Elizabeth, t. 3, no 120).
12 AM Angers, BB 23, fo 144 : Lorges aux Angevins, Lorges, 11 mars 1545 (voir aussi fo 131, 147).
13 ADIV, 23 J 53 : commission d’Étampes à Claude de Boiséon, Les Essarts, 28 mars 1545. En mai, Lorges est à Brest, prêt à embarquer avec un bon vent pour l’Écosse, qu’il atteint en juin (Margaret Wood [éd.], Foreign correspondence with Marie de Lorraine, Edimbourg, 1923-1925, t. 1, p. 111 : Lorges à Marie de Lorraine, reine douairière d’Écosse, Brest, 18 mai 1545). Des navires du Croisic et de Bordeaux le transportent (Annie Cameron (éd.], The scottish correspondence of Marie of Lorraine, 1542-1560, Edimbourg, 1927, p. 136 : John Hay à Marie de Lorraine, Brest, 15 mai 1545). En avril, il était entré en conflit avec le capitaine de Brest (BnF, Fr. 5503, fo 215). Sa troupe compte aussi deux ingénieurs italiens (David Potter, Henry VIII and Francis I…, p. 112 : Bertono à Bernardo de Médicis, Brest, 26 mars 1545). Son départ est scruté de près par les Anglais depuis Boulogne (CSP, Foreign, Henry VIII, t. 20/1, no 1007 : Thomas Poynings à Henri VIII, Boulogne, 22 juin 1545).
14 BnF, Nouveau d’Hozier, vol. 68 : commission d’Étampes à Guillaume de Brézal, Les Essarts, 28 mars 1545. Voir aussi ADF, 1 E 1199 : commissions d’Étampes à Guillaume de Brézal, juill. 1544, avr. 1545.
15 CSP, Spain, t. 8, no 43 : Saint-Mauris à Charles Quint, Melun, 12 avr. 1545. Pour dédommager les communautés qui ont avancé l’argent de l’étape, le pouvoir use d’exemptions fiscales comme au Croisic, qui a bien entretenu les soldats de Lorges (CAF, t. 5, p. 56).
16 BnF, Fr. 20457, fo 17-29 : Oisel à Aumale, Brest, fév.-mars 1548 (il demande des vivres, l’artillerie doit venir de Nantes, le vice-amiral Sepoix fait venir un navire de Blavet) ; fo 41 : Estanges à Aumale, Brest, 6 juin 1548 (Noailles a fait sa montre) ; Fr. 20469, fo 37 : Brezé à Aumale, Brest, [juin 1548] ; Fr. 6948, fo 33 : épargne, avr.-juill. 1548. Voir aussi : Ausy à Marie de Lorraine, Le Conquet, 27 nov. 1547 ; Brezé à Marie de Lorraine, Brest, 23 mai 1548 (M. Wood, Foreign correspondence…, t. 1, p. 241, t. 2, p. 200).
17 BnF, Fr. 20510, fo 25 : Montmorency à Étampes, La-Côte-Saint-André, 14 sept. 1548.
18 BnF, Fr. 20510, fo 23 : Henri II à Étampes, Anet, 20 fév. 1549. En avril, Oisel espèrait enfin partir pour l’Écosse (BnF, Fr. 20457, fo 169, 171 : Oisel à Aumale, Le Conquet, 2-3 avr. 1549) et en mai, Termes tient montre à Morlaix avant de prendre la mer (BnF, Clair. 255, fo 1365, 7 mai 1549).
19 BnF, Fr. 6911, fo 402 : Boisdauphin à Noailles, Saint-Germain-en-Laye, 1er fév. ; fo 436 : Idem, Landerneau, 15 juin ; BnF, Fr. 6948, fo 35 : Henri II à Boisdauphin, Noailles et Carné, Saint-Germain-en-Laye, 7 juin 1549 ; BnF, Fr. 20510, fo 25 : Montmorency à Étampes, 14 sept. 1548 ; Carné fait construire des fours, boulangeries et greniers (CAH, t. 7, p. 139). Le rôle du capitaine de Brest est tel qu’en 1573, lorsqu’il faut trouver des vaisseaux pour 4 000 soldats envoyés en Pologne, la reine s’en remet à son fils, qui lui a succédé à Brest, « qui est homme fort entendu en cela » (La Ferrière, t. 4, p. 241).
20 ADIV, 23 J 53 : commission d’Étampes à Boiséon et Coetnisan, Lamballe, 7 nov. 1557.
21 BnF, PO 502 (Brosse), no 62 : commission d’Étampes à Jérôme de Carné, Lamballe, 25 sept. 1557.
22 BnF, Fr. 22310, fo 111, règlement pour les vivres, 14 sept. 1557 ; fo 115, nov. 1557.
23 BnR, Aut. 88, no 11 : Étampes au cardinal de Lorraine, Broons, 18 juin 1560.
24 BnR, Aut. 88, no 38 : Étampes à Guise, Lamballe, 2 mai 1560.
25 CSP, Foreign, Elizabeth, t. 3, no 120, 23 mai 1560.
26 AN, MC, VIII, 169 : quitt. de Clamorgan à Jean de Vymont, trésorier du Ponant, 5 oct. 1547.
27 Chantilly, L, XVII, fo 20 : Marc de Carné à Montmorency, Brest, 16 oct. 1548.
28 BnF, Fr. 20510, fo 18 : Henri II à Étampes, Guillestre, 6 sept. 1548 ; Bélisaire Ledain (éd.), Lettres adressées à Jean et Guy de Daillon, comtes du Lude, gouverneurs de Poitou de 1543 à 1557 et de 1557 à 1585, Archives historiques du Poitou, vol. 12, 1882, p. 28 : Henri II au comte du Lude, gouv. de Poitou, Vizille, 9 sept. 1548.
29 BnF, Fr. 20510, fo 25 : Montmorency à Étampes, La Côte-Saint-André, 14 sept. 1548.
30 BnF, Fr. 20548, fo 93 : mémoire de Burie à Fontaines (Bouillé), 1548 ; 20555, fo 63 : Fontaines (Bouillé) à Aumale, Saintes, 23 oct. 1548.
31 ADIV, 2 Ec 8 : Henri II à Marc de Carné, Blois, 12 janv. 1551 ; 4 B 14/13 : Bouillé à Talvert, Le Havre, 8 oct. [1551] ; BnF, Fr. 20449, fo 305 : Bouillé à Guise, Le Havre, 17 oct. [1551] : il en profite pour offrir à Guise « ung coffre de holande bien fine » parmis les « exquises » (butin).
32 ADCA, 1 E 3654 : Villegagnon à Étampes, Brest, 9 déc. 1552.
33 ADCA, 1 E 3654 : Montmorency à Étampes, Compiègne, 16 juill. 1553. Carné et Villegagnon procèdent à l’inventaire des munitions et armements de Brest (BnF, Fr. 22326, fo 787 : 16-19 août 1553).
34 BnF, Fr. 15871, fo 191 : Bouillé à Guise, Brest 19 avr. 1560. Trois ans plus tard, il y retourne pour passer en revue les gardiens des trois navires (BnF, PO 550 (Bueil), no 184, 15 mars 1564).
35 CSP, Foreign, Elizabeth, t. 3, no 120, 23 mai 1560.
36 BnR, Aut. 88, no 16 : Étampes à Guise, Brest, 6 juill. 1560.
37 BnF, Fr. 15871, fo 23, 25, 29, 168.
38 BnF, Fr. 15878, fo 139 : Étampes à Catherine de Médicis, Moncontour, 16 sept. 1564.
39 Jean de Vymont, trésorier et receveur général de la marine du Ponant, organise les flottes d’Écosse en 1543 et 1547 (BnF, Fr. 17890, fo 18 ; AN, MC, VIII, 169).
40 BnF, PO 1662 (Launay), no 2, quitt. de Talvert cap. du Ponant, à Jean Lat, tésorier du Ponant, 31 déc. 1564 ; SHD (Vincennes), Marine, G 183, 4 : quitt. de Thibault du Bot, cap. du Ponant, à Jean Lat, 1563.
41 CAH, t. 6, p. 52 : gages de Thibault du Bot, cap. de la Royale, construite dans la rivière de Brest, 12 fév. 1551 ; p. 340 : don de 1 000 écus d’or soleil sur les bris de Bretagne à Jacques de Nevet, cap. du Léopard, Compiègne, 21 déc. 1552 ; Nevet dit demeurer au manoir de Lézergant, en Cornouaille, et être âgé d’environ 50 ans en 1559 (AMN, EE 244, fo 7). En 1555, la roberge de Talvert sert à Villegagnon alors que la guerre fait rage (ADIV 4 B 14/16 : Henri II à Talvert, Fontainebleau, 2 mars 1555).
42 Arquivo Nacional Torre Do Tombo, Lisbonne, PT/TT/CC/3/7/118 : Jacques de Nevet à Jean III de Portugal, Quimper, 21 avr. ; BnF, Nouveau d’Hozier 118, fo 11 : acte de Roberval et Thibault du Bot, 14 juin 1541. En 1539, Thibault du Bot était archer de la garde du roi et recevait en récompense de ses services 200 lt. d’une amende prononcée par le parlement de Bretagne (CAF, 3, p. 741). Voir ses pensions comme cap. d’Auray (AMN, II, 126 ; ADLA, B 55, fo 58 vo).
43 ADCA, 1 E 3654 : Thibault du Bot à Étampes, Auray, 1560.
44 BnF, Fr. 15871, fo 55 : Bouillé au cardinal de Lorraine, Nantes, 5 déc. [1560].
45 AMR, BB 467, fo 47 ro.
46 Interdictions d’importer des blés qui peuvent aussi concerner les alliés de la Couronne, comme les Écossais en 1547 (BnF, Colbert 292, fo 19 vo : lettre d’Étampes, 5 mai 1547). À Brest, le vice-amiral Carné est d’un bon secours (ADIV, 2 Ec 8, liasse 4 : acte d’Henri II à Marc de Carné, Nantes, 14 juill. 1551 ; ADIV, 4 B 14/15 : Marc de Carné aux officiers de Saint-Malo, Brest, 2 janv. 1553).
47 ADIV, 4 B 14/16 : Étampes aux officiers de Saint-Malo, La Bouradière, 2 déc. 1554 ; Henri II à Étampes, Saint-Germain-en-Laye, 17 déc. 1554 ; Étampes aux officiers de Saint-Malo, Cerisay, 29 déc. 1554 ; acte d’Henri II à Étampes, Saint-Germain-en-Laye, 1er janv. 1555 ; Claude du Chastel aux officiers de Saint-Malo, Miniac[-Morvan], 2 mars 1555.
48 BnF, Fr. 20510, fo 50 : Henri II à Étampes, Amboise, 16 mars 1556 ; ADIV, 4 B 14/17, 2e vol. : Étampes à Bouillé, Amboise, 18 mars 1556.
49 ADIV, 4 B 14/18, 1er vol. : Étampes aux officiers de Saint-Malo, Nantes, 25 sept. 1556.
50 ADIV, 4 B 14/20, 1er vol. : Étampes aux officiers de Saint-Malo, Lamballe, 20 nov. 1559.
51 ADIV, 4 B 14/20, 1er vol. : Étampes aux officiers de Saint-Malo, Lamballe, 14 nov. 1559.
52 ADIV, 1 F 1978, 6e liasse, no 3 : Étampes à Jacques de Robien, Châteauneuf, 7 juill. 1557.
53 BnF, Fr. 5129, fo 68 : commission d’Henri II à Étampes, Paris, 10 nov. 1557.
54 ADCA, 1 E 3654 : Michel de Seure à Étampes, Lisbonne, 30 mai 1558.
55 ADIV, 4 B 14/18, 2e vol. : Henri II à Étampes, Chantilly, 26 mars 1557.
56 ADCA, 1 E 3654 : Sanzay à Étampes, Nantes, 8 déc. 1561.
57 Morice, col. 1260 : Bouillé à Étampes, Nantes, 11 nov. 1560. En 1565, Martigues rapporte au roi qu’Étampes et lui-même ont plusieurs fois demandé la suppression du contrôleur des ports et havres et de ses agents, officiers inefficaces, coûteux et qui empiètent sur les capitaines gardes-côtes nommés par eux (BnR, Aut. 98/2, no 94 : Martigues à Charles IX, Nantes, 22 juin 1565 : « Leur séjour ne vous aportera que despence et grande confusion en meilleures années s’ilz y sont continuez, ce que je ne vous diz pas, Sire, pour l’envye que j’ay à leurs estatz, ny le profit que j’espère de leur suppression »). L’office est si impopulaire que le gouverneur Montpensier obtient sa supression en 1573, alors même que la monarchie a plus que jamais besoin d’argent.
58 BnF, Fr. 20510, fo 38 : le cardinal de Lorraine à Étampes, Fontainebleau, 16 mars 1553.
59 ADCA, 1 E 3654 : Coligny à Étampes, Abbeville, 3 avr. 1556.
60 ADIV, 4 B 14/20, 4e vol. : acte d’Étampes, Lamballe, 28 mars 1561.
61 ADIV, 4 B 14/17, 1er vol. : acte d’Étampes, Châteaubriant, 7 sept. 1555.
62 ADIV, 4 B 14/18, 2e vol. : Étampes aux officiers de Saint-Malo, Guingamp, 3 avr. 1557 ; ADCA, 1 E 3654 : Étampes au sénéchal d’Hennebont, 25 oct. 1559 (les officiers du sénéchal doivent aussi le renseigner quant à la présence de navires du roi d’Espagne) ; ADCA, 1 E 3654 : Thibault du Bot à Étampes, Auray, [1560] : « Monseigneur, quant aux pris des bleds, la perrée de froment valloit hyer, jour de foyre en ceste ville, soixante dix soulz monnoye et le seigle, quarante deux soulz monnoye. »
63 ADIV, 4 B 14/20, 2e vol. : Étampes aux officiers de Saint-Malo, Lamballe, 21 oct. 1561.
64 ADIV, 4 B 14/20 : Étampes aux officiers de Saint-Malo, Lesneven, 13 sept. 1558.
65 ADIV, 23 J 56 : mandement d’Étampes aux sénéchaux et alloués de Guingamp, Morlaix et Goëlo, Nantes, 5 mars 1544 ; BnF, Colbert 292, fo 19 vo : François Ier à Étampes, 5 août 1545.
66 ADM, 240 J 23 : commission de Gyé à Marc de Carné, Guémené(-sur-Scorff, fief des Rohan), 14 mai 1550.
67 BnF, Fr. 22310, fo 3 : déclaration de Thibault du Bot et Pierre Rio, Auray, 24 sept. 1551.
68 ADIV, 23 J 53 : mandement de Gyé, Fontainebleau, 16 août 1555.
69 BnF, Fr. 20510 : Henri II à Étampes, Blois, 13 fév. 1556 ; ADIV, 1 Bb 741, fo 45 : Étampes au parlement de Bretagne, Champtoceaux, 17 fév. 1556 ; ADIV, 4 B 14/17, 2e vol. : Étampes aux officiers de Saint-Malo, Nantes, 11 fév. 1556 ; Champtoceaux, 17 fév. 1556.
70 ADIV, 4 B 14/18, 2e vol. : Étampes aux officiers de Saint-Malo, Lamballe, 19 fév. et 27 mars 1557.
71 BnF, Fr. 20462, fo 163 : Étampes au cardinal de Lorraine, Lamballe, 8 nov. 1558.
72 ADCA, 1 E 3654 : Étampes au premier président du parlement de Bretagne, André Guillart, Villers-Cotterêts, 8 avr. 1559 ; ADIV, 4 B 14/20 : Étampes aux officiers de Saint-Malo, Villers-Cotterêts, 8 avr. 1559.
73 ADIV, 4 B 14/20, 1er vol., fo 179 vo : Étampes aux officiers de Dinan ou de Saint-Malo, Blois, 28 nov. 1559 ; CSP, Foreign, Elizabeth, t. 2, no 84, 14 oct. 1559.
74 ADIV, 4 B 14/19, 1er vol. : Étampes aux officiers de Saint-Malo, Lamballe, 24 juin 1558 ; Bibl. de l’Institut, Godefroy 255, fo 72 : les consuls et sénateurs de Lübeck à Henri II, Lübeck, 28 juill. 1558. Les navires français avaient interdiction de courser des navires de la Hanse (20 janv. 1552).
75 BnR, Aut. 88, no 38 : Étampes à Guise, Lamballe, 2 mai 1560.
76 BnR, Aut. 88, no 40 : Étampes à François II ; no 26 : au cardinal de Lorraine, Dinan, 29 mai 1560.
77 Ibid.
78 BnR, Aut. 88, no 39 : Étampes à Guise, Dinan, 29 mai 1560.
79 BnR, Aut. 88, no 35 : Étampes à Charles IX, Rennes, 11 août 1563.
80 ADIV, 4 B 14/20, 4e vol. : Étampes aux officiers de Saint-Malo, Lamballe, 12 août 1563 ; ADIV, 4 B 14/226, 2e vol. : Étampes aux officiers de Saint-Malo, Nantes, 27 sept. 1564.
81 Guillaume Ribier (éd.), Lettres et mémoires d’Estat, t. 2, op. cit., p. 154 : Henri II à Montmorency, Savigliano, 29 août 1548.
82 ÖStA, HHuS, Frankreich, Varia IV, no 5 : requête des marchands d’Anvers à Étampes ; réponse d’Étampes, aux États de Vannes, 10 sept. 1549 : il renvoie le jugement aux Chancellerie et Conseil de Bretagne. Voir les requêtes des sujets de l’Empire contre les déprédations faites en mer par des marins de Brest et du Croisic (BM Besançon, Granvelle 72, fo 181).
83 ÖStA, HHuS, Frankreich, Varia IV, no 5 : Henri II à Étampes, Compiègne, 8 août 1549.
84 De manière générale, les mandements du gouverneur sur des prises en mer jugées illégales car survenues en temps de paix découlent souvent de requêtes que les marins eux-mêmes lui présentent. En mai 1550, Gyé ordonne de rendre à Brest son navire à un marchand anglais suite à une requête que ce dernier lui a présenté (ADM, 240 J 23 : commission de Gyé à Marc de Carné, Guémené[sur-Scorff, fief des Rohan], 14 mai 1550). La prise est le fait d’un marin écossais quelques semaines après le traité de paix qu’il ignorait probablement puisqu’il était déjà en mer.
85 BM Besançon, Granvelle 72, fo 151 : Henri II à Charles de Marillac, ambassadeur en Empire, 12 mai 1550.
86 BnF, PO 576 (Cambout), no 51 : quitt. de Cambout et Mallet, 30 mars 1553. Pour la même mission quelques mois plus tôt, Cambout et Mallet arment « une grant navire équippée en guerre […] à l’occasion du grant nombre de grands navires et chaloppes espaignolles qui estoient et sont encores sur ladite mer entre le passaige desdits Quiberon et Belle Isle pour piller et desrobber les marchans navigans icelle mer venans de Bourdeaulx, la Rochelle, Charante, Coignac et autres lieux chargées de vins desdits pays » (Archives du bibliophile, Paris, 1866, p. 2-3 : quitt. de Cambout et Mallet, 19 sept. 1552).
87 BnF, Colbert 292, fo 19 ro : ordre d’Étampes, 30 mars 1543 ; ordre d’Étampes, 2 juin 1543 ; Étampes à la ville de Guérande, 13 juill., 2 et 6 août 1543 ; Morice, col. 1049 : commission de René de Rohan au sr de Kerguelenen, 20 août 1543.
88 BnF, Fr. 20510, fo 21 : Henri II à Étampes, Suse, 10 août 1548.
89 Ibid. ; BnF, Clair. 525, fo 104 : « des prises qu’ils feront, n’en sera payé aucune dixme ny aucun droit ».
90 BnF, Fr. 20510, fo 25 : Montmorency à Étampes, La-Côte-Saint-André, 14 sept. 1548.
91 BnF, Fr. 15871, fo 27 : la Réalle (Le Croisic), le navire du Blavet, la Biche (Penmarc’h), un navire appartenant au greffier de Quimper (Brest), le Saint-Jehan et la Trinité (Roscoff), 1560. En février 1564, Étampes loue encore l’action de Bouillé : « Quant à ce qu’il vous plaist me mander que vous envoiez de deçà Monsieur de Bouillé pour regarder à faire équipper des navires de guerre, je croy, Sire, qu’il le scaurai faire si prudemment que vous en aurez contantement » (BnR, Aut. 88, no 49 : Étampes à Charles IX, Nantes, 13 fév. [1564]).
92 SHD (Vincennes), SH 5, 42-44 : quittances à Jean Lat, trésorier du Ponant, mars-avr. 1564. Les six navires gardes-côtes réquisitionnés en 1560 servent toujours à la défense des côtes en 1564 (BnF, Fr. 15879, fo 58).
93 BnR, Aut. 88, no 39 : Étampes à Guise, Dinan, 29 mai 1560.
94 BnF, Fr. 15871, fo 161 : Sourdeval à Guise, Belle-Île, 22 juill. [1560].
95 ADCA, 1 E 3654 : Charles IX à Étampes, Rouen, 19 août 1563.
96 BnF, Fr. 15879, fo 58 : mémoire d’Étampes à Charles IX, répondu à Fontainebleau, 22 fév. 1564.
97 BnF, Fr. 15641, fo 67 : Bouillé à Étampes, Quimperlé, 1er juin 1560.
98 APPM, J 123, fo 314 : Étampes à Matignon, Lanjouan, 7 déc. 1563. Saint-Martin, envoyé en Normandie chercher de réputés matelots, se révèle être un neveu du marin huguenot François Le Clerc. Étampes pense avoir été trompé et s’en ouvre à Matignon (APPM, J 123, fo 140 : Étampes à Matignon, Guingamp, 17 oct. 1563). En décembre, il évoque encore « les navires que je faiz mectre hors » et qui devront servir ses intérêts marchands une fois la paix signée (ADCA, 1 E 1478 : Étampes à Jacques Boullain, Lanjouan, 17 déc. 1563).
99 ADLA, B 54, fo 272 : don d’Henri II pour Étampes, Paris, 27 déc. 1558.
100 CSP, Foreign, Elizabeth, t. 5, no 505 : requête des marchands d’Exeter, 19 août 1562 ; no 543 : Cecil à Throchmorton, 29 août 1562 ; no 632 : Elizabeth à l’ambassadeur en France, sept. 1562 ; no 642 : Elizabeth à Throckmorton, 17 sept. 1562. Ces missives ne se retrouvent pas dans sa correspondance passive. Trop importantes, il a dû les transmettre à la cour. Sur les restitutions demandées à Étampes par le roi, no 710.
101 CSP, Hatfield House, t. 9, p. 277, no 908 : Carew au capitaine de l’île de Wight, 6 août 1563.
102 CSP, Foreign, Elizabeth, t. 5, no 1149 : Sir Thomas Smith au Conseil privé, 29 nov. 1562.
103 CSP, Hatfield House, t. 1, p. 277 ; CSP, Foreign, Elizabeth, t. 3, no 120, 23 mai 1560.
104 Morice, col. 1183-1184 : Étampes à Bouillé, Nantes, 18 avr. 1557.
105 BnR, Aut. 88, no 34 : mémoire d’Étampes, fin juill.-août 1560.
106 Morice, col. 1183-1184 : Étampes à Bouillé, Nantes, 18 avr. 1557.
107 ADIV, 1 F 1978 : Étampes à Jacques de Robien, Moncontour, 3 mai [1564].
108 ADCA, 1 E 3654 : Bouillé à Étampes, Saint-Malo, 21 déc. 1562 ; BnF, Fr. 3216, fo 76 : Bouillé à Gonnord, Antrain, 6 oct. 1562 ; AGS, K 1498 : Le Clerc au gouv. du Havre, île de Wight, 16 déc. 1562 ; CSP, Foreign, Elizabeth, t. 6, no 745.
109 ADCA, 1 E 3654 : Talvert à Étampes, Saint-Malo, 28 août 1563.
110 BnF, Fr. 15879, fo 58 : mémoire d’Étampes à Charles IX, répondu à Fontainebleau, 22 fév. 1564.
111 AGS, K, 806, fo 68 : rapport de Lartigue, juin 1543 ; Ibid., fo 67 : Roger d’Aspremont d’Orthe, ambassadeur en Angleterre, à François Ier, Londres, 7 juin 1543 : il l’informe des informations très détaillées données par « ce misérable Lartigue » et s’inquiète fort sérieusement d’une descente d’importance en France.
112 AMR, AA 12, no 5 : ordonnance d’Étampes, Morlaix, 14 mai 1543.
113 Ambroise Paré, Œuvres complètes, Paris, Baillière, 1841, t. 3, p. 693.
114 R. K. Hanney, « Letters of the Papal Legate in Scotland, 1543 », The Scottish Historical Review, vol. XI, no 41, 1913, p. 13 : Marco Grimani au cardinal Farnèse, Brest, 12 août 1543 ; Jean Lestocquoy (éd.), Correspondance des nonces en France Capodiferro, Dandino et Guidiccione, 1541-1546, Acta nunciaturae gallicae, Rome-Paris, 1963, vol. 3, p. 212 : idem, Brest, 27 sept. 1543.
115 BnF, Fr. 20510, fo 3 : François Ier à Étampes, Marolles, 18 juill. 1543.
116 BnF, Fr. 5503, fo 175-176 ; Ambroise Paré, Œuvres complètes, Paris, Baillière, 1841, t. 3, p. 693.
117 BnF, Fr. 20510, fo 16 : le dauphin Henri à Étampes, Saint-Arnoult, 17 mars 1546.
118 ADIV, 4 B 14/10, 1er vol. : Étampes aux officiers de Saint-Malo, Les Essarts, 20 avr. 1546.
119 ADIV, 4 B 14/10, 1er vol. : François Ier à Étampes, Challeau [Dormelles], 12 juill. 1546.
120 Chantilly, L, XVII, fo 20 : Marc de Carné à Montmorency, Brest, 16 oct. 1548.
121 BnF, Fr. 20541, fo 130 : Jean de Clamorgan à Guise, Saane, 21 mars [1551].
122 Morice, col. 1075 : Juveigny à Fontaines (Bouillé), Granville, 27 juin 1549.
123 BnF, Fr. 20510, fo28 : Montmorency à Étampes, Nourvillier, 15 août 1549. En 1552, Breuil approvisionne Chausey et Sercq (CAH, t. 6, p. 334) et en 1554 et 1557, fait encore la montre de 60 « françois et bretons » à Chausey (BnF, Fr. 25798, fo 408, montre, 13 déc. 1554 ; AN, K 92, no 2 : quitt., 26 juin 1557). En 1558, Léon de La Haie reprend un temps Aurigny (AN, K 92, no 15 : quitt. comme cap. de 400 hommes d’armes et lieut. du roi à Aurigny, 7 déc. 1558).
124 BnF, Fr. 20510, fo 31 : Montmorency à Étampes, Montreuil, 18 août 1549 ; BnF, Fr. 3118, fo 15-18 : état des vivres envoyées à Sercq pour le cap. Breuil, 1549 ; Fr. 20465, fo 63 : Leone Strozzi, prieur de Capoue, à Aumale, Île de Sercq, 27 juill. 1549.
125 BnF, Fr. 20510, fo 28 : Montmorency à Étampes, Nourvillier, 15 août 1549.
126 ADIV, 4 B 14/18, 3e vol. : Étampes aux officiers de Saint-Malo, Lesneven, 15 sept. 1557.
127 Morice, col. 1250 : Bouillé à Étampes, Saint-Malo, 14 juill. 1560.
128 Dès décembre 1551, Henri II était informé que « les espaignolz et aultres subgectz de l’empereur en ses pays bas se font fors sur mer pour courre [courir] suz à mes subgectz le long des costes de Bretaigne et Guienne et ès isles voisines et surprendre et se saisir, s’il leur est possible, de quelques places s’ilz en trouvent à descouvert et mal gardées » (BM de Rouen, coll. Duputel, autographes I-II, no 62 : Henri II au comte du Lude, Blois, 27 déc. 1551).
129 ADIV, 23 J 56 : montre générale des francs-archers de Tréguier, Lannion, 23 fév. 1552.
130 BnF, Fr. 22310, fo 9-10 : Jean Rosmadec aux officiers de Malestroit, Lesnehué [Saint-Avé], 19-21 juill. 1552.
131 ADCA, 1 E 1481 : Alain Rosmadec, sr de Tivarlen, à Étampes, La Porteneuve [Pont-Aven], août 1553.
132 Bélisaire Ledain (éd.), Lettres adressées à Jean et Guy de Daillon…, op. cit., p. 70 : Montmorency au comte du Lude, Fontainebleau, 9 juin 1553.
133 BnF, Fr. 22310, fo 38 : Gyé à Julien Henry, sr de La Motte, cap. des francs-archers de Vannes, Guémené, 31 mars 1554 ; ADIV, 4 B 14/15, 2e vol. : Gyé aux officiers de Saint-Malo, Guémené[sur-Scorff, fief des Rohan], 31 mars 1554. Étampes avait mobilisé l’arrière-ban de Morlaix en juill. 1553-janv. 1554 (ADIV, 23 J 56, montres devant Claude de Boiséon, 31 janv. 1554).
134 SHD (Brest), Ms. 164 : acte de Gyé aux officiers du Léon, Landerneau, 28 avr. 1554 ; de Claude du Chastel au cap. des francs-archers de Léon, Kersimon [Coat-Méal], 29 avr. 1554.
135 BnF, Fr. 22310, fo 40 : commission de Gyé aux officiers de Tréguier, Landerneau, 9 mai 1554 ; ADIV, 4 B 14/15, 2e vol. : Gyé aux officiers de Saint-Malo, Landerneau, 19 mai 1554.
136 ADCA, 1 E 3654 : Bouillé à Étampes, Villers-Cotterêts, 21 oct. 1555 ; AMR, BB 466, fo 51 : Étampes à Boisorcant, Lamballe, 2 nov. 1555. Le capitaine s’empresse d’obéir et de donner ordre au connétable de Rennes « à ce qu’il n’y ayt aulcun retardement, car se seroyt une faulte que on ne pouroit pas apprès racoustrez » (AMR, BB 466, fo 51 vo : Boisorcant à Gilles de Romelin, sr de Millé, l’un des deux connétables de Rennes et greffier des États, Sérent, 7 nov. 1555) ; Au contraire, une fois la paix signée en 1559, le duc écrit à Bouillé que « le roy catholicque se doibt embarquer que le prochainement du moys prochain pour retourner en Espaigne tenant la cotte d’entre Angleterre et Bretaigne » et qu’il faut veiller à interdire les pillages en cas d’échouage dû à un orage (AMSM, BB 5 : Étampes à Bouillé, 15 juill. 1559).
137 Manuel Fernandez Alvarez (éd.), Corpus Documental de Carlos V, t. 4, Salamanca, Universidad de Salamanca, 1979, p. 314 : Luis de Carvajal à Don Juan d’Autriche, Laredo, 6 avr. 1557.
138 ADM, 34 J 4, Ms. 144 : Étampes à La Caunelaye, Lamballe, 18 avr. [1557] ; AMR, BB 466, fo 63 : Étampes à Boisorcant, Lamballe, 18 avr. 1557.
139 Arch. russes d’État des actes anciens, Moscou, coll. Lamoignon, t. 4, fo 148 : Montmorency à Étampes, [Villers-Cotterêts], 23 avr. 1557.
140 CAH, t. 6, p. 306 ; t. 7, p. 145 ; ADCA, 1 E 3654 : Sourdeval à Étampes, Auray, 22 déc. [1560].
141 AMR, BB 466, fo 63 vo : Étampes à Boisorcant, Lamballe, Pâques, [19 avr. 1557] ; BnF, Fr. 22310, fo 97 : procès-verbal de Jehan de Saint-Gilles, 19 avr. 1557.
142 Augustin Du Paz, Histoire généalogique de plusieurs maisons illustres de Bretagne, Paris, Buon, 1619, p. 728 : acte d’Henri II à Saint-Laurent, Villers-Cotterêts, 25 avr. 1557.
143 ADCA, 1 E 3654 : les bourgeois du Croisic à Étampes, Le Croisic, 29 avr. [1557].
144 CSP, Venetian, t. 6, 2e partie, p. 1147.
145 BnF, Fr. 20510, fo 58 : Pierre Godelin de Chevaignes à Étampes, Guérande, 5 mai 1557.
146 ADCA, 1 E 3654 : Étampes à Montmorency, Lamballe, 26 mai 1557.
147 ADIV, 4 B 14/18, 3e vol. : commission d’Étampes aux officiers de Saint-Malo, Morlaix, 23 juin 1557. Mesure pas très bien appliquée et qu’il faut renouveller en août (ibid., aux officiers de Saint-Malo et de Dol, Lamballe, 19 août 1557).
148 BnF, Fr. 20510, fo 64 : Henri II à Étampes, Paris, 23 août 1557.
149 Henri Bourde de La Rogerie, « Une montre à Saint-Renan, 24 août 1557 », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. 25, 1898, p. 95-108.
150 Morice, col. 1205 : certificat de Noël de Tréal, sr de l’Adventure, 7 oct. 1557 (garnisons à Saint-Suliac et Pleudihen) ; BnF, Fr. 22310, fo 119 : montre faite par Tréal sur ordre d’Étampes, Dinan, 28 déc. 1557.
151 Morice, col. 1206 : Étampes à Julien de Brignac, Lamballe, 11 déc. 1557.
152 ADCA, 1 E 3654 : Sanzay à Étampes, Nantes, 31 déc. 1557.
153 BnF, Fr. 20510, fo 55 : Sourdeval à Étampes, Vannes, 21 fév. 1558.
154 BnF, Fr. 15871, fo 161 : Sourdeval à Guise, Belle-Île, 22 juill. [1560].
155 ADM, 34 J 4, Ms. 144 : Étampes à La Caunelaye, Lamballe, 3 mars 1558.
156 ADM, 34 J 4, Ms. 144 : Étampes à La Caunelaye, Champtoceaux, 20 avr. 1558.
157 ADM, 34 J 4, Ms. 144 : Étampes aux officiers de Dinan et à La Caunelaye, Champtoceaux, 1er avr. 1558.
158 ADIV, 23 J 53 : Roland de Coatrédrez à Claude de Boiséon, Bourg de Perros-Guirec, 14 mai 1558.
159 ADM, 43 J 4, Ms 144 : Étampes à La Caunelaye, Lamballe, 31 juill. 1558.
160 En 1543, Lartigue proposait déjà aux Anglais d’y faire un débarquement et de piller l’abbaye de Saint-Mahé.
161 BnF, Rothschild 3115 : Gyé au cardinal de Lorraine, Châteaulin, 5 août 1558 (Le discours de la guerre et descente que les Anglois et Flamans se sont efforcez faire en Bretaigne, et de la résistance qui leur a esté faicte par les gentilshommes et commune du pays, Paris, Mathurin Bréville, 1558).
162 Le vicaire et le prieur de Batz sont en effet exemptés de décimes pendant deux ans pour les indemniser des pertes subies (ADLA, B 54, 1559).
163 Morice, col. 1225-1226 : commission d’Étampes à Lezonnet, Morlaix, 7 août 1558 ; ADM, 34 J 4, Ms 144 : Étampes à La Caunelaye, Morlaix, 7 août 1558.
164 Woking, Surrey History Centre, LM/1943, juill. 1558. De même, « François Brendygra » est le François Breudeguer de l’enquête de Lezonnet et qui dit avoir perdu 1150 lt. « tant en maisons qu’en marchandises ». Quant à François Bernard, il importe, cette même année 1558, 100 tonneaux de vin au Conquet depuis Bordeaux (AD Gironde, E 4756).
165 Le document anglais dénomme les bourgs bretons en phonétique ou en les anglicisant : ainsi, Kervilzic devient Carwennick (Saint-Jean devient Saint-John et Saint-Mathieu devient Saint-Mathew).
166 TNA, SP 70/55, no 44 : carte du Conquet en français et que l’on attribue à Ubaldino, cathographe italien qui avait anciennement servi la France et passé au service de l’Angleterre, déçu des Valois.
167 ADM, 34 J 4, Ms 144 : Étampes à La Caunelaye, Guingamp, 9 août 1558.
168 BnF, Fr. 23192, fo 51 : Étampes à Henri II, Lamballe, 8 nov. 1558. Dans ses Mémoires, Charles Gouyon de La Moussaye évoque Brest comme « un second Calais » pour les Anglais (Charles Gouyon de La Moussaye, Mémoires de Charles Gouyon, baron de La Moussaye [1553-1587], G. Vallée et P. Parfouru [éd.], Paris, Perrin, 1901, p. 46). Antoine de Noailles, cap. de Bordeaux qui est venu à Brest en 1548-1549, note qu’il « y a longtemps qu’ils [les Anglais] avoient délibération d’en faire leurs efforts [sur Brest], comme à la vérité, la place et le port en mériteroient bien la peyne et le hazart, pour n’estre moins important qu’estoit ou seroit Calaix, mais j’estime que Monsieur le duc d’Estampes et Monsieur de Gyé auront si bien pourveu à la conservation de ceste place, que lesdits Anglois courront leur fortune ailleurs » (BnF, Fr. 6908 : Noailles à Estissac, cap. de La Rochelle, Bordeaux, 13 août 1558). Dans les années 1590, Elizabeth demande encore Brest à Henri IV pour prix de son aide, en vain (BnF, NAF, 5129).
169 En novembre 1557, Étampes avait en effet reçu 25 000 livres de poudres à Brest avec six canonniers qui devaient embarquer pour l’Écosse avec des troupes fraîches (BnF, Fr. 20510, fo 71 : Jean d’Estrées, grand maître de l’artillerie, à Étampes, Châlons, 18 nov. 1557).
170 C.S. Knighton et David Loades (dir.), The Navy of Edward VI and Mary I, Aldershot, Ashgate, 2011, p. 381 : Marie Ire à Clinton, Richmond, 6 août 1558 ; p. 382 : Clinton au Conseil privé, 8 juill.-27 août 1558.
171 BnF, Fr. 20510, fo 74 : Jacques de Guengat à Étampes, Keryvalan [Languidic], 9 août 1558.
172 BnF, Fr. 20510, fo 79 : Henri II à Jérôme de Carné, Marchais, 10 août 1558.
173 Ibid.
174 ADCA, 2 E 530 : actes d’Étampes à Jean Rosmadec, sr de Buhen, Lamballe, 12 juill. 1558 ; Guingamp, 11 août 1558 ; ADM, 34 J 4, Ms 144 : Étampes à La Caunelaye, Lamballe, 12 août 1558.
175 BnF, Fr. 20458, fo 91, 95 : Étampes et Gyé à Henri II, au cardinal de Lorraine, Lamballe, 21 août 1558.
176 BnF, Fr. 20510, fo 76 : Guillaume du Chastel à Étampes, Quijac [Lambézellec], 25 août 1558.
177 BnF, Fr. 20510, fo 81 : Jérôme de Carné à Étampes, Brest, 26 août 1558.
178 ADCA, 1 E 3654 : Bouillé à Étampes, Saint-Malo, 24 août [1558].
179 BnF, Fr. 20624, fo 44 : Étampes à Henri II, Lesneven, 31 août 1558. En vue d’une réaction rapide en cas de descente, Étampes entendait miser sur la situation centrale de Lesneven en Léon ainsi que sur des facilités de logement sécurisé des troupes grâce à d’imposantes fortifications. En 1544, il y assignait déjà les montres générales de l’arrière-ban (ADF, 1 J 188 : montres de l’arrière-ban du Léon, Lesneven, 21 août 1544 ; Claude du Chastel capitaine, Guillaume de Kerimel, sr de Coetnisan, commissaire).
180 Bertrand d’Argentré, L’Histoire de Bretaigne, op. cit., p. 830-831.
181 ADIV, 40 J 161, fo 1. Journal de Jehan de Gennes.
182 BnF, Fr. 20624, fo 44 : Étampes à Henri II, Lesneven, 31 août 1558.
183 BnF, Fr. 3151, fo 45 : Étampes à Henri II, Lesneven, 13 sept. 1558. Dans sa missive du 5 août, Gyé affirme : « Quant à sainct Malo elle est bien munie, et y a des forces au près, mais en dix heures de vent les navires ennemis auroyent faict plus de chemin par mer que noz gens ne scauroient faire par terre en huict jours » (BnF, Rothschild 3115).
184 ADM, 34 J 4, Ms. 144 : Gyé à La Caunelaye, Lamballe, 14 sept. 1558.
185 BnF, Fr. 3151, fo 43 : Étampes au cardinal de Lorraine, Lesneven, 15 sept. 1558.
186 BnF, Fr. 20646, fo 101 : Étampes à Henri II, Morlaix, 20 sept. 1558.
187 BnF, Fr. 20646, fo 104 : Étampes au cardinal de Lorraine, Morlaix, 20 sept. 1558.
188 ADCA, 1 E 3654 : Vincent de Kerveno à Étampes, Vannes, 22 sept. 1558 ; BnF, Fr. 22310, fo 142 : quitt. de Kerveno, 15 déc. 1558 ; fo 143 : rôle des gentilshommes de Vannes.
189 BnF, Fr. 20510, fo 84 : le cardinal de Lorraine à Étampes, Amiens, 6 sept. 1558.
190 ADCA, 1 E 3654 : Joachim de Sévigné à Étampes, Paris, 18 sept. 1558.
191 BnF, Fr. 6908 : Antoine de Noailles à Henri II, Bordeaux, 19 sept. 1558.
192 CSP, Venetian, t. 6, no 1257 : Giovanni Michiel au Doge et au Sénat de Venise, Laon, 10 août 1558.
193 BnF, Fr. 20462, fo 163 : Étampes au cardinal de Lorraine, Lamballe, 8 nov. 1558.
194 BnF, Fr. 15881, fo 189 : Étampes à Catherine de Médicis, Saint-Malo, 14 juill. 1563.
195 ADIV, 4 B 14/20, 4e vol. : acte d’Étampes aux officiers de Saint-Malo, Lamballe, 23 juill. 1563.
196 ADCA, 1 E 3654 : Jean de Cambout, sénéchal de Rhuys, à Étampes, Rhuys, 5 oct. 1563 ; Sourdeval à Étampes, Le Croisic, 8 oct. 1563.
197 Philibert de L’Orme, « L’instruction », Les Grands architectes français de la Renaissance, Adolphe Berty (éd.), Paris, A. Aubry, 1860, p. 51.
198 ADIV, 1 F 850, fo 283 ro : le dauphin Henri aux habitants de Morlaix, Saint-Quentin, 20 oct. 1543 ; ADLA, B 596, fo 373 : deniers pour la construction du fort du Taureau (1543).
199 ADLA, B 575, fo 171 : réduction de fouages à Belle-Île (1545).
200 Augustin Du Paz, Histoire généalogique…, op. cit., p. 727 : commission de Gyé, Belle-Île, 13 août 1549. BnF, PO 152 (Avaugour), no 33-34 : quittances de Robert d’Avaugour, sr de Saint-Laurent, 5 janv. 1550, 4 mai 1555.
201 BnF, Fr. 25794, fo 89 : montre des 120 soldats de Saint-Laurent, Belle-Île, 30 janv. 1550.
202 BnF, Fr. 20510, fo 36 : Montmorency à Étampes, camp de Herbéviller, 27 avr. 1552 ; BnF, Fr. 25798, fo 406 : montre des 200 soldats de Saint-Laurent, Belle-Île, 15 nov. 1554 : « Pour la garde, seuretté et deffence d’icelle [île] et fors de guerre. »
203 La Popelinière, L’histoire de France, t. 2, 1581, p. 153 : les habitants « de long temps avoyent ja esté aguerris par l’exercice que leur en avoit fait faire Sourdeval qui par un long temps en avoit esté gouverneur ». En 1577, le nouveau capitaine et seigneur de Belle-Île, Albert de Gondi, comte de Retz, assure au gouverneur de Bretagne, le duc de Montpensier, qu’il fera, quand il en aura le temps : « En pourvoyr faire une forteresse ainsy que le Roy entend que je doibve faire à mes despans pour la conservation de ladite ysle », preuve que le fort des années 1550 ne suffit plus (BnF, Fr. 3344, fo 4 : Albert de Gondi au duc de Montpensier, du camp, 18 juin 1577).
204 AMN, BB 3, fo 34 ; AMN, BB 4, fo 119.
205 BnF, Fr. 20510, fo 28 : Montmorency à Étampes, Nourvillier, 15 août 1549.
206 AMN, BB 138 : mandement d’Henri II à Étampes, Noyon, 12 juin 1554 ; commission d’Étampes à Jean de L’Orme, Fontainebleau, 25 [mars] 1555.
207 BnF, Fr. 20510, fo 118 : Bouillé à Étampes, Saint-Malo, 15 août [1558].
208 ADCA, 1 E 3654 : Bouillé à Étampes, Hennebont, 13 déc. 1555.
209 ADCA, 1 E 3654 : commission d’Étampes au sr de Keravenel, Lamballe, 1556.
210 ADCA, 1 E 3654 : Villegagnon à Étampes, Brest, 9 déc. 1552.
211 ADCA, 1 E 3654 : devis d’Étampes sur les fortifications de Brest, 1553.
212 ADCA, 1 E 3654 : Montmorency à Étampes, Compiègne, 16 juill. 1553.
213 Jean-Marie Pérouse de Montclos, Philibert De l’Orme architecte du roi (1514-1570), Paris, Mengès, 2000, p. 52.
214 ADLA, B 982, fo 5vo : ordonnance d’Henri II, Villers-Cotterêts, 10 mars 1559. L’affaire n’est pas encore réglée fin 1560 (ADCA, 1 E 3654 : Sourdeval à Étampes, Auray, 22 déc. 1560).
215 Morice, col. 1183-1184 : Étampes à Bouillé, Nantes, 18 avr. 1557.
216 BnF, Fr. 20510, fo 118 : Bouillé à Étampes, Saint-Malo, 15 août. Il renouvelle ce discours à Guise (BnF, Fr. 15871, fo 153 : Bouillé à Guise, Rennes, 5 août 1560).
217 BnF, NAL 2241, no 16 : ordonnance de Henri II aux Malouins, Paris, 10 janv. 1558.
218 ADIV, C 3207 : état et recettes des deniers pour les places fortes de Bretagne (1561-1565).
219 BnF, Clair. 232, fo 2011.
220 BnF, Fr. 22310, fo 148 : Sanzay à Étampes, Nantes, 17 mai 1560.
221 ADCA, 1 E 3654 : Jean de La Cousturay, lieut. de Concarneau, à Étampes, Concarneau, 19 juin 1560.
222 BnR, Aut. 88, no 16 : Étampes à Guise, Brest, 6 juill. 1560.
223 Morice, col. 1261 : Pietro Fredance à Étampes, Saint-Malo, 29 nov. 1560.
224 ADCA, 1 E 3654 : devis des fortifications de Brest, 15 fév. 1561.
225 BnF, Fr. 3186, fo 46 : mémoire de Jérôme de Carné à Charles IX, Brest, 15 fév. 1562. Il demande aussi la réparation de nombreux bâtiments touchés « par l’impétuosité des ventz et tourmentes qui ont faict cest yver ».
226 ADLA, B 55, fo 34 vo : commission d’Étampes à Pierre Vollant, Nantes, 31 déc. 1563. Il détient une maison à Brest (ADLA, B 58) et est surtout affecté au chantier brestois.
227 ADLA, B 55, fo 34 : commission de Charles IX pour Étampes, Gaillon, 7 juill. 1563.
228 BnF, NAF 21095, fo 62 : Sourdeval à Guise, Quimperlé, 20 juin 1560.
229 ADCA, 1 E 3654 : Sourdeval à Étampes, Auray, 22 déc. 1560.
230 ADCA, 1 E 3654 : Bouillé à Étampes, Nantes, 7 nov. 1560.
231 BnF, Fr. 22310, fo 148 : Sanzay à Étampes, Nantes, 17 mai 1560.
232 ADCA, 1 E 3654 : Sanzay à Étampes, Nantes, 18 avr. 1564.
233 ADIV, 2 Ec 8 : acte d’Étampes, Nantes, 23 mai 1549.
234 BnF, Fr. 15871, fo 23 et 97, 1560.
235 ADLA, B 706, fo 6 : René du Cambout à Nicolas de Troyes, Nantes, 6 fév. 1558. Voir ADLA, H 62, G 555 : sentences de René du Cambout, 1555 ; B 1400, 1559.
236 BnR, Aut. 88, no 49 : Étampes à Charles IX, Nantes, 13 fév. [1564].
237 Dominique Le Page, Finances et politique…, op. cit., p. 105.
238 BnF, Fr. 22310, fo 175.
239 AGS, K 1489 : état militaire de la Bretagne, années 1550.
240 Qui ne sont pas toutefois exempts de rôles civils comme en 1558, lorsqu’Étampes permet à l’évêque de Saint-Brieuc, Jean du Tillet, et ses chanoines de jouir de droits maritimes, et où le garde-côte local est celui qui doit faire appliquer sa décision (ADCA, 1 G 153 : commission d’Étampes, Lamballe, 4 déc. 1558).
241 ADIV, 23 J 56 : commission d’Étampes à Coetnisan, Lesneven, 16 sept. 1543.
242 ADIV, 23 J 56 : commission d’Étampes à Coetnisan, Châteaulin, 22 mai 1543.
243 ADIV, 23 J 56 : commission d’Étampes à Coetnisan, Lesneven, 16 sept. 1543 ; ADIV, 23 J 53 : commission d’Étampes à Boiséon, Morlaix, 24 juin 1557 ; ordonnance de Boiséon, Boiséon [Penvenan], 24 avr. 1558.
244 BnF, Colbert 292, fo 19 ro : commission d’Étampes à Assérac, 29 juill. 1543.
245 Morice, col. 1058 : mandement d’Yves de Bouteville, sr du Faouet, à Alain du Liscouet, 15 mai 1546 ; ADCA, 1 E 3654 : commission d’Étampes à François Blanchard, Le Plessis-Clairambault, 6 juin 1543 ; BnF, Carrés d’Hozier, 306, fo 283 : commission d’Étampes à François Goyon, Lamballe, 26 janv. 1558.
246 BnF, Nouveau d’Hozier, 170, fo 190 : certificat d’Étampes pour François Goyon, capitaine de La Roche-Goyon (Fort La Latte), 27 sept. 1549 ; rôle des gentilshommes sous François Goyon par Étampes, 29 août 1553.
247 BnF, Fr. 22310, fo 40 ; Morice, col. 1356 (commissions de Martigues, Bouillé, Mercœur).
248 BnF, Carrés d’Hozier, 355.
249 Morice, col. 1097 : Sanzay à Étampes, Nantes, 7 août 1553.
250 BnR, Aut. 98/2, no 94 : Martigues à Charles IX, Nantes, 22 juin 1565.
251 ADCA, 1 E 3654 : Renaud de La Touche à Étampes, La Touche [La Limouzinière], 5 mai [1557]. C’est un problème similaire quand, dix ans plus tôt, le capitaine garde-côte Alain du Liscouet était aussi appelé à l’arrière-ban du Maine « à cause de sa terre de Planches » (Morice, col. 1058).
252 ADCA, 1 E 3654 : Renaud de La Touche à Étampes, La Touche [La Limouzinière], 18 nov. [1560].
253 Ibid.
254 ADCA, 1 E 3654 : Renaud de La Touche à Étampes, La Touche [La Limouzinière], 5 mai [1557].
255 BM Nantes, Labouchère, 834, 147 : commission d’Étampes à La Frudière, Nantes, 8 avr. 1560.
256 ADCA, 1 E 3654 : Guillaume Le Maire à Étampes, [Nantes], 10 août 1562.
257 BnF, Fr. 22310, fo 182 : rôle de 100 arquebusiers de La Frudière, Nantes, 22 oct. 1563 ; AMN, EE 197 : idem, Nantes, 1563.
258 ADCA, C 8 : commission d’Étampes à Kerbourdon, Morlaix, 24 juin 1557.
259 ADIV, 23 J 53 : Charles Barbier de Kerjean à Coetnisan, Saint-Pol-de-Léon, 20 déc. 1559.
260 BnF, Fr. 20510, fo 61 : Guillaume du Chastel à Étampes, Quijac [Lambézellec], 16 juill. 1557.
261 ADCA, 2 E 530 : commission d’Étampes à Jean Rosmadec, Guérande, 4 juin 1543.
262 ADIV, 23 J 53 : ordonnance de Claude de Boiséon, Boiséon [Penvenan], 24 avr. 1558.
263 Feux la nuit, fumées le jour, précise un acte de Bouillé de 1572 (Morice, col. 1356).
264 BnF, Carrés d’Hozier, 306, fo 283 : commission d’Étampes à François Goyon, Lamballe, 26 janv. 1558.
265 ADIV, 23 J 56 : commission d’Étampes à Coetnisan, Châteaulin, 22 mai 1543. En 1560, François II réduit le fouage des paroissiens de Frossay en considération de leur artillerie entretenue pour garder l’embouchûre de la Loire alors qu’ils ont essuyé plusieurs dommages des ennemis (ADLA, B 54).
266 BnR, Aut. 88, no 34 : mémoire d’Étampes, fin juill.-août 1560.
267 Ambroise Paré, Œuvres complètes, t. 3, op. cit., p. 692-693.
268 ADCA, 1 E 3654 : Bouillé à Étampes, Saint-Malo, 24 août [1558].
269 BnF, Fr. 20510, fo 61 : Guillaume du Chastel à Étampes, Quijac [Lambézellec], 16 juill. 1557. Idem pour Roland de Coatrédrez à Perros-Guirec (ADIV, 23 J 53 : Roland de Coatrédrez à Claude de Boiséon, Bourg de Perros-Guirec, 14 mai 1558).
270 BnF, Fr. 20510, fo 74 : Jacques de Guengat à Étampes, Keryvalan [Languidic], 9 août 1558.
271 ADLA, B 55, fo 142 : commission d’Étampes, Saint-Brieuc, 15 oct. 1564.
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