Chapitre II. L’ordinaire et l’extraordinaire d’une biographie
p. 17-28
Texte intégral
1Averintsev n’en a jamais fait mystère, son enfance, son adolescence ont été préservées des discours préfabriqués d’une idéologie qui conditionnait encore la réussite sociale à l’adhésion formelle à ses modèles, malgré l’usure perceptible partout. Enfant tardif – son père à sa naissance a 62 ans – il a grandi au sein d’une famille fidèle aux traditions, indifférente voire étrangère à l’évolution du pays, et où l’on préféra la lecture des classiques aux prébendes d’un pouvoir qui, même au lendemain de la victoire de 1945, s’acharnait encore contre les consciences, cette fois sur l’accusation de cosmopolitisme.
Une enfance hors du temps
2Quand le 10 décembre 1937 il naît à Moscou – époque où pour reprendre le mot de Natalia Trauberg, « la neige est le seul paradis » – on est au paroxysme de la Grande Terreur, et deux jours auparavant Pavel Florenski1 qui sera une référence majeure de sa pensée, a été fusillé. La Terreur, « Iejovchtchina », du nom de son principal exécutant, ne peut être réduite, selon Nicolas Werth2, à des purges politiques. Il faut la comprendre au contraire comme une étape dans la vaste entreprise d’ingénierie sociale décidée par le Politburo dans sa résolution du 30 janvier 1930. Elle prend désormais la forme d’opérations répressives de masses, décidées dans le secret par Staline, appliquées avec le zèle qu’on sait par Iejov, par l’appareil de la Sécurité d’État, sur la base de quotas régionaux, selon une suite d’ordres opérationnels qui ne visent plus comme au début des années 1930, comme encore dans les années 1945 à 1950, des catégories particulières, koulaks « en tant que classe », populations frontalières, minorités ethniques, voire « les anciens fonctionnaires de chemins de fer de Chine orientale3 » ou bien même 9 825 témoins de Jéhovah4 – mais qui visent plus généralement à « éradiquer définitivement » un large éventail d’ennemis potentiels du régime et par conséquent du pays, leurs proches aussi, soit pour cette période un total d’un pour cent de la population adulte5. Tel est le contexte.
3Natalia Vassilievna Zembatova, sa mère, biologiste, est issue d’une lignée de marchands, hypersensible, défiante en tout, déterminée mais impuissante à se réjouir du meilleur, inquiète et non vraiment heureuse des succès de son fils6. Plus jeune de 25 ans que son mari, elle avait rencontré Léon Tolstoï lors d’un séjour en hôpital7. Étrangement, Sergueï lui doit encore plus qu’à son père – trop pudique – le choix qu’il fera, plus tard, de se tourner vers une carrière d’humanités classiques, par l’effet, dit-il, « d’une seule phrase (qu’elle a) jetée comme en passant ». Avec son mari Natalia est inhumée à Saint-Nicolas-des-Tisserands.
4Son père, Sergueï Vassilievitch Averintsev, né en 1875 (année où naissent aussi, selon une remarque de son fils, Rilke et Schweitzer) est quant à lui issu d’une famille de serfs. Romantique de cœur, mais biologiste de profession, il se spécialise en zoologie, enseigne à l’université de Heidelberg8, mène entre autres choses des recherches en mer de Barentz. Il aura acquis assez de réputation pour s’être, par exemple, trouvé à participer aux négociations de 1924-1925 sur le partage des ressources halieutiques entre l’Angleterre et l’Allemagne.
5Les années 1937 et 1938 sont pour Sergueï Vassilievitch Averintsev non plus celles des expéditions en mer de Barentz pour le compte du ministère soviétique des pêches ou de l’exploitation des ressources halieutiques en Iakoutie9, mais celles de l’enseignement. Rentré du Nord en 1931, il s’était retrouvé, suite à plusieurs opérations de l’œil, à donner des cours à Tver, en Ouzbékistan, institut polytechnique, de zoologie, dans la cité de Ferghana, une ville de garnison créée au xixe siècle, dont le peintre et poète « d’avant-garde » Alexandre Nikolaevitch Volkov, mort en 1957, était déjà une personnalité célèbre.
6Sergueï père enseigne désormais, et ce jusqu’en mai 1953, à la chaire de zoologie de l’Institut pédagogique régional de Moscou (MOPI), créée en 193110. La famille s’installe définitivement, à partir de 1940, au troisième étage de l’appartement communautaire 15 de la maison 11 – qui aujourd’hui n’existe plus – rue Boutikovskii, elle-même rénovée depuis lors. Les conditions dans lesquelles vit la famille sont typiquement celles des appartements communautaires : la maison de trois étages, qui comportait huit pièces, a accueilli, pendant la guerre, de façon permanente, jusqu’à 45 personnes et la famille Averinsev, des années durant, eut à se contenter d’une seule pièce de 30 m2, qu’elle divisa en deux, l’une de 20, l’autre de 10.
7Beaucoup de détails à son sujet ainsi qu’au sujet de l’atmosphère familiale sont rapportés par son fils dans « Éloge de la philologie », article qui date de 1969. Vladimir Bibikhine11, irremplaçable témoin et ami, a pris note d’une maxime qui revenait souvent aux oreilles de Sergueï enfant : « Ce qui importe, ce n’est pas qu’un homme soit, c’est qu’il soit honnête. » Plus tard, à Vladimir, à Renata Galtsova leur amie, Averintsev fera une confidence qui est dans le droit fil : il avouera que lui aussi, au fond, a peu affaire au fait que tel homme existe : davantage le concerne le souci de dignité dont témoigne la vie de cet homme12, c’est-à-dire en somme son degré d’engagement dans une « quête authentique de vérité ».
Un maître-mot : la dignité
8Arrêtons-nous sur ce mot, dignité, car il donne d’emblée la mesure d’Averintsev.
9Les textes d’Averintsev invitent à comprendre par dignité la hauteur à laquelle tout homme doit situer l’activité de son esprit ; elle implique l’observance sincère d’exigences morales où prévaut le respect. Respect de l’autre, certes, mais respect de ce qui le dépasse comme individu, transcendance qui fonde tout respect et est à ses yeux l’un des plus précieux acquis européens. De ces compromis auxquels on se plie pour répondre à l’attente de son auditoire, surgissait toujours pour lui la crainte d’un désaveu intime, risque ressenti comme importun, comme superfétatoire13 par rapport au sérieux des choses de l’esprit, qui seules comptent, et seules donnent fond à la sympathie entre les êtres. « Que reste-t-il à certains hommes possédés du sentiment de la dignité, écrit-il en 1988 dans les Entretiens sur la culture14, que de vivre et travailler à part ? Cela est rare. Cela arrive. »
10La question de la dignité de l’homme, Averintsev l’aborde dans la dernière partie de L’idéal antique de la rhétorique et de la culture à la Renaissance : il y analyse une opposition entre « l’huomo universale », rhéteur, communicant d’abord, éminemment adaptable – et le philosophe, qui tend exclusivement à l’approfondissement, car, dit Héraclite, « la diversité n’enseigne pas l’esprit ».
11L’un des dix chapitres de Poétique de la littérature byzantine primitive – un ouvrage qui passa de mains en mains, connut un succès aussi extraordinaire que Le maître et Marguerite, et porta à la connaissance d’un large public, dans le contexte soviétique, la pensée des Pères de l’Église et la civilisation byzantine, jusque-là réservées aux seuls spécialistes – s’intitule Humilité et dignité de l’homme. Qu’il y ait une noblesse de l’être humain, indépendante de toute appartenance catégorielle, n’est-ce pas par exemple un thème qui se rencontre chez Dante, où elle occupe tout un chapitre du Banquet15 ? Dante qu’Averintsev cite volontiers : « L’amor che move il sole e l’altre stelle16 » ; Dante à qui Averintsev, consacra en 1965 l’un de ses premiers travaux17, le seul d’ailleurs, alors qu’on sait18 que la figure de l’auteur de la Vie nouvelle ne le quitterait plus.
12La dignité est l’autre nom de cette noblesse imputable à tout être humain dès lors qu’il tend à développer au plus haut les virtualités de son esprit non pour affirmer ses droits personnels mais parce qu’il est l’obligé d’une vérité qui le dépasse.
Transmettre et recevoir
13Dans l’orbe familiale, l’idéologie régnante n’avait pas droit de cité, car la place était prise par la Russie du xixe siècle – non une Russie lointaine et révolue, mais la Russie de son père, des conversations de toutes sortes avec lui, en particulier sur l’Allemagne du début du siècle, et surtout de nombreuses promenades aux abords de lieux tels que les entrepôts de Stassov et les bureaux de Mikhaïl Kaktov créateur du Messager russe19. L’une de ces promenades avait été déjà décisive : c’est à 5 ou 6 ans, le long des murs de la Laure de la Trinité-Saint-Serge à Zagorsk (aujourd’hui Sergueï Possad) où la famille habitait encore, rue Chtatno-Sadovoï, qu’il « éprouva la présence du Christ ».
14Son père lui rapportait aussi, à l’occasion de ses expéditions, congrès, voyages de toutes sortes, des livres d’art à partir desquels son fils s’est très tôt construit une véritable iconothèque personnelle, une représentation détaillée, familière des chefs-d’œuvre de l’art occidental. Averintsev se rappelle combien l’histoire russe, européenne, l’architecture antique, spécialement l’ordre dorique, passionnaient son père. Un chemin se dessinait sans que nul ne l’ait tracé. « Transmission atmosphérique », dit Averintsev.
15De tout ce que cet amateur sensible – qui s’était trouvé à avoir, à l’université, pour compagnon d’études, Sergueï Makovski20, le directeur de la revue Apollon – a pu connaître d’une époque esthétiquement fertile entre toutes, l’Âge d’argent, Sergueï son fils a fait évidemment son miel, tout en allant vers d’autres poètes que ceux de la modernité.
16De la part de cet ingénieur né en 1975, amateur fervent de musique, d’architecture, de poésie, qui récitait Tioutchev par cœur et avait claqué la porte de l’Université pour aller combattre comme volontaire du côté des Boers contre les Anglais de 1899 à 1902, avant de revenir désenchanté, cette passion pour l’art (« il se jetait dessus » a dit son fils en privé) prolonge aussi, comme par une sorte de devoir filial, le destin de son propre père, libéré du servage en 1861 et qui s’était procuré un rang dans la société, par la force du poignet, en faisant carrière dans les chemins de fer.
17Un des traits connus de ce magistère informel, qu’Averintsev rapporte lui-même volontiers parce que c’était une dissonance aussi forte avec son temps qu’elle le serait avec le nôtre : c’est la lecture en latin, mot à mot, des épîtres ou des satires d’Horace qu’il lui faisait le soir, pour son plus grand ravissement bien qu’il n’y comprît goutte, et ce en pleine ambiance de cet art prolétarien, de ce réalisme socialiste qui allait bientôt prendre le nom de jdanovisme artistique21.
18Natalia Pétrovna, épouse d’Averintsev, rapporte que Sergueï Vassilievitch avait appris et le latin et le grec avant même d’entrer à l’université, soit au lycée, soit par ses propres moyens, sans doute une façon de poursuivre l’effort d’élévation sociale entrepris par son père. Il semble aussi qu’à son époque, qui est encore celle de l’Empire, des expériences d’enseignement des langues classiques aient été tentées auprès d’élèves issus de milieux défavorisés, générant un climat de vive discussion sur le bien-fondé des humanités.
Un enfant fragile dans un contexte hostile
19Ange tutélaire garant d’une transmission, Averintsev est aussi ce père qui décida, un jour, de retirer Sergueï de l’enseignement public. L’enfant, à qui l’on jetait des pierres, en était arrivé, dans les toilettes ouvertes, à ne plus parvenir à uriner. Il ne retournerait dans le public que vers l’âge de 10-11 ans, en 6e classe, notre 6e de collège, vraisemblablement à l’école « moyenne » no 56 de Moscou. L’univers dans lequel il tomba alors, celui de l’école soviétique, affirmait la priorité de l’éducation collective sur l’instruction individuelle et faisait la part belle, après les cinq ou six heures de cours, à des activités périscolaires visant à développer une conscience communautaire et patriotique, un système qui ne changerait qu’avec la loi-cadre de 199222.
20En lui-même le cas de Sergueï Vassilievitch est emblématique de l’enjeu qu’est la persistance, par-delà la révolution bolchevique, non seulement de modèles esthétiques traditionnels mais de valeurs religieuses antérieures et ce au sein de structures que l’idéocratie soviétique, comme tous les totalitarismes, a eu dans le collimateur : les associations qui en effet, malgré la constitution de 1918, ne survécurent pas, après 1929, à la traque stalinienne ; mais aussi la famille où au contraire ne pénétra guère, malgré tous ses efforts, la doxa officielle, pourtant prépondérante au-dehors. C’est évidemment, avec les souvenirs personnels, la raison pour laquelle, dans les années 1990 – qui voient tant de liens se défaire cette fois de l’intérieur, les liens familiaux au premier chef – Averintsev porte tant d’attention à la famille et aux valeurs qu’elle incarne.
21Agnostique, son père, à table, quand des invités raillaient la religion, échangeait avec Serge un regard silencieux. Averintsev le dit ainsi23 : « J’ai grandi au sein d’une intelligentsia qui, bien qu’éloignée de l’Église, l’était encore davantage de l’athéisme, en particulier l’athéisme soviétique, qu’elle rejetait de manière décisive. Surtout, a été nourri en moi un sentiment d’appartenance à l’ancienne tradition culturelle et morale dans sa forme la plus authentique, inimaginable sans la dimension religieuse. » Quand Averintsev sera plongé dans la promiscuité des foyers universitaires que domine la servilité à l’égard du pouvoir, la fidélité à ces valeurs aura quelque chose de méritoire, sinon d’héroïque. Il faut, avec Olga Sedakova, supposer à Averintsev une force morale considérable. Lui-même se dit redevable à son père, de qui cette force lui serait parvenue.
22Il y aura en effet une citadelle spirituelle Averintsev, un monde secret bien défendu, qui contraste fortement avec ce qu’on sait par ailleurs de lui sur le plan physique, à savoir la grande fragilité de cet être égrotant et chétif, sujet depuis la plus jeune enfance à une déficience du système immunitaire et qui évita de peu d’être opéré de la colonne vertébrale, au risque de la paralysie.
23C’est sans doute structuré de cette manière, c’est-à-dire d’autant plus ferme dans ses certitudes que fragile physiquement, qu’Averintsev a traversé, sans trop de heurts, le paysage officiel, dont hors le champ universitaire il n’a jamais su que peu de choses. Sauf que bien sûr, à l’image de son père, il ne lui donnerait pas son âme, « à moins qu’au peuple russe ne soit rendue la sienne ». C’est installé de cette manière dans son propre espace, l’intelligence puisant dans ce qu’il appelle une « liberté secrète », qu’il s’est senti protégé s’il s’exposait ; et incontestable s’il innovait.
De la philologie classique de Moscou à l’Institut de slavistique de Vienne
24Les apprentissages à la maison sont confiés aux bons soins d’une éducatrice entre deux âges à la destinée étrange, dont Averintsev a gardé un souvenir vif. Fille d’un diplomate en poste en Chine, elle avait fini par retrouver, au prix d’énormes difficultés, le chemin de Moscou, où elle végétait, mettant à profit ses connaissances en anglais et en français pour survivre grâce à des cours particuliers. Lorsque Averintsev entre à l’université, il y va à pas comptés, d’abord seulement les cours du soir, puis ceux du jour. « Il était, gauche, balourd, souvent malade », rapporte la philologue Aza Takho-Godi24, compagne de Lossev ; enseignant latin et grec à ce qui s’appelait alors l’Institut pédagogique Kroupskoï, elle était parfois invitée à la chaire de philologie de l’université Lomonossov.
25Ses lectures d’adolescent semblent avoir favorisé la littérature française : d’une part les écrivains des Lumières au xviiie siècle, dont il parlera en connaissance de cause, d’autre part Flaubert, qu’il dira avoir particulièrement aimé, et Claudel, et Péguy, toutes lectures directement faites en français. Le cas de Péguy est étonnant : c’est son fils, Marcel Péguy, un temps orthodoxe, qui l’a fait découvrir aux émigrés russes fréquentant la paroisse du père Lev Gillet25 ; peut-être l’auteur de L’argent a-t-il trouvé par eux le chemin jusqu’en URSS, où cependant il n’a guère été traduit, quoique son ami Romain Rolland ait eu les faveurs du pouvoir soviétique.
26Sa maîtrise véritable de l’allemand lui viendra plus tard, lors de ses années universitaires. Plus tard aussi une passion durable pour l’Anglais Tolkien, « où son esprit se repose », dit-il ; pour Chesterton, « pour qui la vie c’est d’aller avec courage, sans se soucier de victoire ou de défaite26 » – c’est d’aller en joie dans l’obscurité – et dont il partagera la découverte avec Natalia Trauberg ; enfin pour C. S. Lewis, ami du premier et du second.
27Le tout jeune étudiant qu’il est s’aperçoit vite qu’en cette époque où la diffusion clandestine de l’écrit, le samizdat, n’existe pas encore, il est facile de se procurer dans de petites librairies de vieilles éditions de La clef de la foi de Gershenzon27 ou même les œuvres complètes de Vladimir Soloviev : les proscriptions officielles de Brejnev n’ont été que lentement suivies d’effet. L’une de ses plus belles découvertes reste le Roubliev, d’Andréï Alpatov28, une version expurgée, sur mauvais papier, publiée dit-il, au moment même où Staline reconnaissait le patriarcat de Moscou : 1943 ! De cette époque datent aussi les lectures des théologiens catholiques, luthériens, anglicans : Karl Barth, Romano Guardi, Martin Buber, Von Balthasar, Bonhoeffer sont les noms qu’il avance dans « À l’épreuve des temps soviétiques : la solidarité en Dieu persécuté »29. Livres de rebut ? Fonds de bibliothèques paroissiales ?
28Choix fait de la philologie classique en 1956, qui aboutit à son diplôme de 1961, Averintsev porte son intérêt sur la période qui va de l’Antiquité au Moyen Âge, « l’une pour sa richesse, l’autre sa transparence ». Il prépare sa thèse d’aspirantur, qu’il présentera en 1968, toujours sur les aspects de la biographie chez Plutarque. Le livre est dédié à sa mère. Le titre exact en est : Plutarque et la biographie antique : vers la question de la place du genre classique dans le genre historique. Un coup de maître qui lui valut, à sa grande surprise, le prix du Comité central du Komsomol, avide de se concilier la faveur d’un jeune historien talentueux. Le tout premier pas dans une notoriété, déjà controversée, comme il ressort du fait qu’il faudra attendre 1973 pour que la thèse récompensée soit publiée. Il avait, dans l’intervalle, déjà pris pied au sein de l’équipe de rédaction des éditions Mysl’, La pensée, à vocation scientifique, créée dans les années 1930, et où il resta jusqu’en 1966.
29Il faut convenir que jusque-là, n’étant pas vraiment pris au sérieux, il avait eu peine à trouver du travail et avait d’abord dû se contenter de traductions du latin pour lesquelles l’Institut de philosophie le sollicitait, avant d’obtenir un poste d’assistant scientifique à l’Institut de théorie et d’histoire de l’art (RIII), en 1966, section littérature antique. Il y resta jusqu’en 1971 et vivait à l’époque rue Zatchatchevskii, non loin de l’Arbat (un quartier dont il déplorera qu’en le restaurant, on en ait fait un lieu factice pour hommes d’affaires et touristes aussi pressés les uns que les autres). 1971 est l’année de son entrée, en tant que collaborateur scientifique, à l’Institut de littérature mondiale Gorki, 25 rue Povarskaia, section d’histoire de la littérature antique, où, notons-le, depuis 1957 travaillait son collègue et ami Mikhaïl Gasparov. De 1968 à 1971 voire davantage, paraissent, en particulier dans Questions de littérature, des articles très lus, très discutés, dont il faut mentionner « Littérature grecque et littérature du Moyen-Orient » pour le bruit qu’il fit – chacun comprit que derrière Moyen-Orient il fallait entendre juif, hébraïque. C’est aussi la période où il prépare sa thèse de doctorat, Poétique de la littérature byzantine primitive30, où il n’est fait référence ni à Marx ni à Lénine, et qu’il soutient face à Alexis Lossev et Dimitri Likhatchev, deux noms que nous rencontrerons encore. Son entrée à l’Union des écrivains – qui est en train de se scinder en tendances hostiles – date de 1985.
30Après avoir donné, de 1969 à 1971, à l’initiative de l’historien d’art Victor Lazarev31, avec le succès que l’on sait, des conférences sur l’esthétique byzantine à l’université Lomonossov, faculté d’histoire, que les instances du Parti interrompirent – tolérant encore qu’il fréquentât, au prétexte de byzantinologie, les offices religieux – le voici professeur de 1989 à 1994, en cette même université, d’histoire et de théorie des cultures du monde, puis de 1992 à 2004, il est en charge de l’enseignement de l’histoire du christianisme à l’Institut des cultures du monde, partie intégrante de l’université. De 1992 à 1994, chercheur à l’Institut d’état des sciences humaines (RGGOU), place Miouskaïa, réorganisé, rouvert depuis le 27 mars 1991.
311994 marque l’ouverture de sa carrière à la dimension européenne, à partir de décembre, il est professeur à l’Institut de slavistique de Vienne, sur la Spitelgasse, et fréquente assidûment, outre les librairies, la cathédrale orthodoxe Saint-Nicolas. Dans cette ville qui arbore les ors d’un autre temps, et flaire bon le crottin et la sachertorte, il trouve une atmosphère qui lui plaît, avec un rôle qui lui convient, celui de l’émigré de haute culture. Chaque année, il rentre à Moscou, pour des cours à l’institut Saint-Philarète, qui s’achèvent fin septembre.
32En janvier 1994, il a fait son entrée à l’Académie pontificale des sciences sociales, fondée par Jean-Paul II. Le voici, en 1998, professeur honoraire à l’université Kiev-Moguilianskaia (NayKMA). Mentionnons différentes présidences : de la société biblique russe, de l’association des culturologues, de la société internationale Mandelstam avec son ami Mikhaïl Gasparov. Il est membre de la fraternité Priéobrajenski fondée par le père Kotchetkov, et de la société internationale Paul Florenski, l’illustre physicien, théologien et martyr, dont nous reparlerons encore. Nous n’entrerons pas dans le détail de ses collaborations aux comités de rédaction de très nombreux périodiques, en Russie, à l’étranger.
33La trajectoire de vie d’Averintsev, développée d’abord au sein du giron familial où l’on lisait entre soi les poètes du xixe siècle, puis circonscrite dans une sorte de zone de tolérance, semi-officielle, universitaire et éditoriale, s’est donc élargie fin années 1980 aux dimensions de l’Europe en même temps que les frontières s’ouvrent. Il est naturel qu’elle se soit achevée à l’Institut Saint-Serge à Paris, à l’Institut de slavistique de l’université de Vienne, à l’Academia europaea, à l’Académie pontificale romaine. Toutes institutions où sa parole, animée d’un besoin d’universel, pouvait dépasser la singularité de la désoviétisation à laquelle, après y avoir contribué sur le plan intellectuel, Averintsev n’était plus utile sur le plan politique.
34Même si le personnage et ce qu’il représente avaient eu sens surtout aux temps de l’essoufflement de l’idéocratie, Averintsev ne disparaît pas entièrement de l’horizon intellectuel russe. D’une part, en 1996, il se voit attribuer pour ses travaux une haute distinction, la médaille de la fédération de Russie ; d’autre part, le 15 mai 2003, tandis qu’il gît dans le coma, l’Académie des sciences le reconnaît comme l’un des siens à part entière. Mentionnons, en 2001, en Italie, le Prix international pour les dialogues entre les univers culturels, attribué par la fondation Giovanni Agnelli.
35C’est à Vienne qu’il meurt le 21 février 2004, au terme d’un coma de dix mois, qui fit suite à un infarctus, lui-même survenu le 3 mai 2003, à Rome, alors qu’il prenait part à une conférence internationale, L’Italie et Saint-Pétersbourg. Ses funérailles ont lieu le 23 février à l’église orthodoxe Saint-Nicolas de Vienne ; la crémation, le 4 mars. Il est enterré aux côtés de ses parents au cimetière Danilovski.
36Il avait en préparation, pour la prononcer à Saint-Pétersbourg, une conférence, « sur les origines bénédictines de l’Europe » nous dit Leïtan32, philologue, asiologue, qui fut son étudiant à Vienne. Il peut s’agir de son dernier article connu, « Saint Benoît de Nursie et saint Serge de Radonège. Essai de comparaison de types spirituels », une communication préparée en vue du colloque du 16 mai 2003 qui devait se tenir se tenir à l’occasion des commémorations du tricentenaire de la fondation de Saint-Pétersbourg.
Rencontres décisives et influences croisées
37Des professeurs qu’il a rencontrés, il aimera à dire « qu’ils ont simplement enseigné en mettant tout leur esprit et leur cœur dans cette affaire ». Deux ou trois à la chaire de philologie vont lui laisser un souvenir plus marquant. Rappelons que cette science, longtemps peu prisée, plutôt fermée sur elle-même, n’accède en Occident à l’internationalité qu’avec le congrès de Belgrade de 1924 ; en URSS, elle est vite mise sous le boisseau par les Bolcheviks du fait de ses implications politiques et religieuses. Le byzantinologue Vladimir Benechevitch, héritier de Théodore Ouspenski, est fusillé en 1938, ses travaux, ses collections détruits. Peu après, la Grande Guerre patriotique, avide de grandeur, redonne à Byzance tout son lustre.
38D’abord Sergueï Radzig33 son directeur de thèse, cheveux « blancs comme neige », visage rose, épaules fléchies, une voix retentissante, qui, outre quelques partis pris, lui attirait du monde, est l’auteur d’une Histoire de la littérature médiévale34qui apparaît çà et là dans les bibliographies d’Averintsev. Il était connu pour révérer Pindare et honnir les traductions d’Eschyle dues à Viatcheslav Ivanov et se flattait d’avoir été, pendant la première guerre mondiale, assigné à la garde du Tsar Pouchka, le grand canon du Kremlin fondu en 1586 pour le tsar Fédor 1er35. Il enseigna jusqu’à ses derniers jours.
39Le deuxième est une femme, il s’agit de Justine Pokrovskaia36. Épouse de l’illustre historien de la langue latine que fut Mikhaïl Mikhaïlovitch Pokrovski37, c’est une héroïne de roman de Dickens, légèrement anachronique (parlant français dans le tram, elle se faisait rabrouer) mais aussi un être tout de noblesse et de bonté, auquel Averintsev rend hommage38, outre qu’elle lui enseigna l’histoire de la langue grecque.
40Enfin il y eut Alexandre Nikolaevitch Popov39 un petit homme âgé, alerte et colérique, aux yeux vifs, à la baguette agile et comminatoire, qui transformait ses cours de conjugaison grecque en un ballet impitoyable de questions et de réponses. Averintsev se reconnaît aussi des dettes à l’égard de certains camarades ou collègues, comme Mikhaïl Gasparov, que nous avons déjà rencontré, et Alexandre Mikhaïlov40, dont plus tard les notes sauveront de l’oubli bien des conférences. Impossible non plus de passer sous silence les discussions avec Volodia, de sa promotion, pour qui Saint-Augustin, en tant qu’auteur de La cité de Dieu, était le personnage le plus important de l’histoire de la philosophie ; Volodia devait bientôt tomber d’un train dans des circonstances obscures.
41Quant aux autres professeurs dont l’engagement, les travaux l’auront impressionné, deux noms s’imposent au dire même d’Averintsev : le philologue et épigraphe de Leningrad Aristide Dovatur41, « parce que chez lui la connaissance des textes ne se séparait pas de celle des gens et de la vie » ; l’historienne Maria Sergueïenko42, aussi de Leningrad, pour la même raison : chez elle l’histoire de l’Italie ancienne y est avant toute chose celle des habitants.
42De leur influence à tous – combinée avec celle d’un père pour lequel, même adolescent, jamais l’admiration ne se démentira – se sont formées quelques règles pour enseigner : d’abord rester sincère, de cette sincérité qui, en outre, désarmera les préventions de l’interlocuteur ; ensuite faire une place pour le doute, l’expectative, l’inachèvement ; enfin, contre l’apparence même de la relation enseignante qui est relation de pouvoir, s’adresser à l’allocutaire comme à une sorte de semblable présumé, non sans veiller à garder les rênes, à rester le maître.
43De fait, deux principes guideront l’enseignement d’Averintsev. Le premier est que l’étudiant se valorise à ses propres yeux, de ce que cela même qui occupe la pensée du professeur ce soit aussi ce qui habitait déjà dans la sienne. Averintsev sait que ce sentiment d’élévation personnelle bénéficie finalement à la question traitée, rencontrée ainsi à la bonne hauteur, justement par le jeu d’une satisfaction mutuelle. La rhétorique de la persuasion passe par cette double connivence, avec soi en même temps qu’avec l’autre. Combien cet équilibre se maintient difficilement, quand la notoriété, fondée ou non, vient subvertir l’intention pédagogique, Averintsev en fera l’expérience plus tard.
44Pour le second, Averintsev reprend une leçon d’humilité reçue de ses maîtres à la chaire de philologie, qui est que le professeur et l’étudiant ne sont pas seuls l’un en face de l’autre. Et leur rencontre n’opère que pour autant que le second ait conscience, grâce au premier, d’avoir part à une aventure bien plus générale : c’est celle de la pensée. On ne peut s’empêcher d’y voir une espèce de symétrie avec un autre type d’aventure cette fois à l’échelle de la cité : si le chef et le citoyen ne prennent pas conscience qu’ils participent d’un devenir historique supérieur aux circonstances, le risque d’échec, voire de chaos, est certain.
45À comparer ces principes avec la relation maître/étudiant telle qu’elle existait alors dans le monde universitaire, où la verticalité entretenait la confusion entre la hiérarchie des choses et celle des hommes – entre savoir et autorité – on mesurera la surprise dans les amphis. Et de même, l’incompréhension dont Averintsev eut, plus tard, en politique, à pâtir.
46Pour Averintsev, la connaissance met en relation les hommes à proportion de leur humanité et non de leur individualité. Cette relation au savoir à travers les hommes, aux hommes pour cause de savoir, cela reste la meilleure arme afin de parer au risque de déshérence personnelle, de rupture collective avec soi. Il ne songe pas seulement à ce qui a été vécu par son pays au xxe siècle, payée par sa génération d’un silence étouffant et d’une perte d’identité ; il voit que l’avenir en contient à nouveau la menace, à l’Est avec la désorganisation politique, et à l’Ouest avec la mondialisation.
Notes de bas de page
1 1882-1937, mathématicien, théologien, associé par Trotski à l’électrification du pays, condamné à mort le 25 novembre 1937, inventeur génial, il a été comparé à Léonard de Vinci et à Pascal.
2 Werth Nicolas, [https://www.sciencespo.fr/mass-violence-war-massacre-resistance/fr/document/les-crimes-de-masse-sous-staline-1930-1953.html], 28 décembre 2009, consulté le 01-02-2022.
3 Народный комиссариат внутренних дел (NKVD)/Commissariat du peuple aux Affaires intérieures, 20 septembre 1937.
4 Mars-avril 1951.
5 À raison de 1 700 personnes exécutées par jour sur une période de 500 jours. Voir Werth Nicolas, déjà cité.
6 Natalia Trauberg décrit Natalia Vassilevna comme quelqu’un d’énergique, et de peu accommodante.
7 Hôpital de la Trotskaïa à Moscou.
8 Et non de Göttingen comme l’écrit Olga Sedakova.
9 Au nord-est de la Sibérie.
10 Aujourd’hui université de région de Moscou, (MGU), Mytichtchi, banlieue nord-est de Moscou.
11 Sur le Journal et Vladimir Bibikhine lui-même, voir p. 28 et suiv.
12 Conversation privée (entre 4 h 30 et 7 heures du matin !) rapportée par Bibikhine dans son journal à la date du 6 janvier 1975.
13 Voir Bergson Henri, La politesse, Paris, éd. Payot, 2014, p. 30.
14 Аверинцев Сергей, Попытки объясниться. Беседы о культуре/Averintsev Sergueï, Tentatives d’explications. Entretiens sur la culture, Moscou, Pravda, 1988.
15 « Noblesse y a là où vertu a place » Banquet, IV, XVI, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », p. 492.
16 Paradiso, XXXIII, v. 145, cité dans Aristotélisme chrétien et problèmes de la Russie contemporaine.
17 Un commentaire de la Vita Nuova dans le cadre d’une édition collective de ce texte du Florentin ainsi que de la Divine Comédie, Moscou, éd. Littérature artistique, 1967.
18 Par Olga Sedakova dont il sera beaucoup question plus loin.
19 Périodique estimé et influent, d’inspiration libérale, dont le siège fut à Moscou d’abord, de 1856 à 1887, et, à la mort de son fondateur, à Saint-Pétersbourg.
20 1877-1962, Makovski Sergueï Konstantinovitch, critique d’art et poète, de grande culture, organise aussi des expositions (1912, « Cent ans de peinture française », à Saint-Pétersbourg) et cherche à développer les échanges avec l’Occident. S’exile à Paris en 1920.
21 Doctrine officielle qui, de 1946 à 1953, assujettit l’art à des concepts scientifiques et positivistes, « chaque symbole devant correspondre à une valeur morale déterminée », [https://fr.wikipedia.org/wiki/Jdanovisme_artistique], consulté le 01-02-2022.
22 Voir Thoirain Dominique, « De l’URSS à la Russie : mutations de l’école et de ses valeurs », Spirales, no 23, Marq-en-Baroel, 1999.
23 Dans l’article « Опыт петербургской интеллигенции в советские годы, по личным впечатлениям», Новый Мир/« L’expérience de l’intelligentsia pétersbourgeoise dans les années soviétiques, impressions personnelles », Novyi Mir, no 6, Moscou, 2004.
24 Née au Daghestan en 1927, épouse Lossev en 1954. Exclue de l’université en 1949 en tant que « fille d’un ennemi du peuple ». Ses propos sont parus le 25 février 2004 dans Известия/Izvestia.
25 1893-1980, vrai passeur entre l’Orient et l’Occident, il est recteur de la paroisse Sainte-Geneviève à partir de 1928.
26 Averintsev Sergueï, Entretiens sur la culture, op. cit.
27 1869-1925, Guershenzon Mikhail Ossipovitch, essayiste et éditeur juif, auteur de Vekhi, Jalons.
28 1902-1986, ami de la pianiste Maria Youdina, exclu de l’université, est l’auteur d’une Histoire universelle de l’art.
29 Averintsev Sergueï, « Опыт советских лет : солидарность в Боге гонимом »/« À l’épreuve des temps soviétiques : la solidarité en Dieu persécuté », Kiev, Egoupiets, Almanach, no 8, 2001.
30 Questions de littérature, no 8, 1971, p. 40-68, [https://ru.convdocs.org/docs/index-70398.html?page=8] (erreur en 2023), consulté le 01-02-2022.
31 1897-1975, Lazarev Victor Nikititch, directeur de galeries, a contribué à mettre sur pied l’Institut d’histoire des arts.
32 Voir en annexe le témoignage d’Egar Leïtan sur Averintsev qu’il a intimement connu à Vienne.
33 1882-1968, Radzig Sergueï Ivanovich.
34 Paru en 1940 aux éditions scientifiques de l’académie, Moscou.
35 « Воспоминания М.Л.Гаспарова о C.И.Соболевском » B Гаспаров Михаил, Записи и выписки/ « Souvenirs sur Sergueï I. Sobolevski », in Mikhaïl Gasparov, Notes et documents, Moscou, Nouvelle revue de littérature, 2001.
36 Pokrovskaia Justina Severinivna.
37 1869-1942.
38 Averintsev Sergueï, Entretiens sur la culture, op. cit.
39 1881-1972, chaire de philologie classique au MGU, l’université d’État de Moscou.
40 1938-1995, Mikhaïlov Alexandre Victorovitch, germaniste, musicologue, traducteur, s’est particulièrement intéressé à la philosophie et à la sociologie de l’art. A collaboré à l’Encyclopédie philosophique pour l’esthétique.
41 1897-1982, Donatur Aristide Ivanovitch, plusieurs fois arrêté et interdit de séjour à Moscou entre 1935 et 1954.
42 1891-1987, Sergueïenko Maria Efimovna, Простые люди древней Италии/Les gens simples de l’Italie antique, Moscou, éd. Наука/Naouka, 1964.
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