Atelier 1. Comment rendre présent le Moyen Âge aujourd’hui ?
p. 151-158
Texte intégral
1Le Moyen Âge, comme ses nombreuses résurgences, n’appartiennent pas qu’aux médiévistes de formation. Il s’agit au contraire d’une culture historique largement partagée, où se mêlent parfois indistinctement idées reçues et faits prouvés par l’historiographie récente. L’objectif des médiévistes est alors de contribuer à démêler le vrai du faux, en jouant un rôle actif dans la diffusion la plus large possible des connaissances historiques.
2L’atelier « Comment rendre présent le Moyen Âge aujourd’hui ? » interroge ces modalités de transmission de l’histoire et de la culture médiévales auprès de publics variés. Les quatre intervenantes et intervenants ont choisi de prendre part à ce dialogue nécessaire avec le grand public, en proposant des modalités originales et variées de transposition de l’histoire : presse, exposition, podcast, bande dessinée. Plus qu’à un simple effort de médiation, cette démarche correspond au prolongement des enjeux de la recherche historiographique, qui ne trouve toute sa pertinence que lorsqu’elle est diffusée.
3Pour que les médiévistes aient encore un rôle central à jouer dans cette diffusion de leurs recherches auprès d’un public contemporain toujours plus en demande, il est essentiel d’adapter le savoir universitaire pour le rendre accessible. Cela implique également d’aller à la rencontre des néophytes qui, enfants comme adultes, souhaitent mieux comprendre la richesse de la période médiévale.
4Les discussions menées dans cet atelier soulignent l’importance de l’articulation entre l’actualité de la recherche historique, le discours didactique et l’approche ludique. Afin de toucher à la fois le milieu universitaire spécialiste du sujet et le grand public parfois tout aussi exigeant, ces intervenants ont adopté des stratégies de vulgarisation variées et se sont intéressés aux enjeux de la transmission du savoir médiéval. À travers leur expérience personnelle, ils évoquent la nécessité de ce travail du médiéviste, mais aussi les difficultés rencontrées.
Les intervenants et intervenantes de cet atelier…
5Isabelle Catteddu est archéologue à l’Inrap, CReAAH (UMR 6566), docteure de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Spécialiste du Haut Moyen Âge, en particulier du monde rural, elle a notamment écrit Archéologie médiévale en France. Le premier Moyen Âge (ve-xie siècle), publié par La Découverte. Engagée dans la diffusion de la recherche, elle a été la commissaire de l’exposition « Quoi de neuf au Moyen Âge ? », créée à la Cité des Sciences et de l’Industrie (Paris) en 2016.
6Fanny Cohen-Moreau est une podcasteuse qui a notamment créé le podcast Passion Médiévistes. Depuis 2018, elle y interviewe des médiévistes, notamment de jeunes chercheurs et jeunes chercheuses, pour mettre en lumière l’actualité de la recherche en histoire médiévale. Au fil du temps et de l’important succès public et critique rencontré, les formats du podcast se sont peu à peu diversifiés (format « hors-les-murs », par exemple), et Fanny Cohen-Moreau a également créé un Passion Antiquités et Passion Modernistes.
7Fanny Madeline est maîtresse de conférences en histoire médiévale à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle est spécialiste de l’empire Plantagenêt ainsi que de la spatialisation des pouvoirs médiévaux et a notamment rédigé un ouvrage consacré à la manière dont les rois Plantagenêt ont construit leur territoire politique (PUR, 2014). En 2019, elle scénarise un tome dans la collection de bandes dessinées « Histoire dessinée de la France », publiée par La Découverte : dessiné par Daniel Casanave et intitulé Croisades et Cathédrales, d’Aliénor à saint Louis, ce tome raconte l’histoire d’un long xiie siècle.
8Fabien Paquet est maître de conférences à l’université de Caen Normandie. Ses recherches croisent histoire politique et histoire religieuse dans la France des xiie-xve siècles, en particulier à travers le cas de la Normandie. En parallèle, il collabore depuis 2012 avec le magazine L’Histoire dont il est membre du comité scientifique. Il participe régulièrement à des événements d’histoire publique comme les festivals de Blois et de Pessac.
Avant même d’aborder le « comment », il est possible de se demander : « pourquoi » rendre présent le Moyen Âge aujourd’hui ?
9Fanny Cohen-Moreau : Selon moi, le Moyen Âge est déjà présent partout autour de nous en Europe occidentale, que ce soit dans les monuments, comme les châteaux ou les églises, ou dans la culture populaire. Il y a un véritable enjeu d’explication de ce qui est présent, ce qu’on a aujourd’hui encore sous les yeux. C’est en effet une période historique mal connue, à laquelle sont associés de nombreux clichés et idées reçues, véhiculés par l’école ou certains grands médias. Par exemple, à la question que je pose dans mes sondages, « Quelle est la première image que vous avez du Moyen Âge ? », les réponses mettent souvent en avant l’idée d’une période où les gens marchent dans la boue, sont habillés en marron et sont sales. C’est pour lutter contre ces stéréotypes que j’ai créé mon podcast, car pour moi vulgariser l’époque médiévale est un travail du quotidien.
10Isabelle Catteddu : Ce long millénaire imprégné d’images fortes a pourtant fait l’objet d’une relecture en profondeur à la lumière des avancées récentes de la recherche. En lien avec d’autres disciplines, l’archéologie apporte un éclairage nouveau, en particulier sur les cinq premiers siècles de la période. Elle permet de montrer une facette de la période peu documentée dans les sources écrites et iconographiques : le monde paysan, l’environnement, la gestion des ressources, les perfectionnements techniques, les apports multiculturels… Il s’agit d’en finir avec cette image de parenthèse, d’entracte ou de simple millénaire de transition et de transmission, pour changer de prisme et passer à une autre échelle de lecture des mondes médiévaux. Enfin, parce que cette période est régulièrement manipulée et qu’il faut lutter contre les instrumentalisations du passé, il convient d’approfondir la réflexion à partir de véritables données renouvelées.
11Fabien Paquet : Deux éléments complémentaires entrent en jeu qui expliquent qu’une revue comme L’Histoire publie des articles et des dossiers portant sur le Moyen Âge. Le premier est la demande : de fait, c’est une des périodes historiques qui séduit le plus les lecteurs. Entre 2014 et 2020, autour de 80 % des numéros avec une couverture « Moyen Âge » ont obtenu des ventes supérieures à la moyenne, avec de très beaux succès, comme le numéro sur les vikings (décembre 2017), meilleure vente de l’année, largement devant Robespierre ou les révolutions russes par exemple. Le second élément à prendre en compte est la recherche. L’Histoire, depuis sa création en 1978, tente d’épouser les dynamiques historiographiques, sans être affiliée à une quelconque école historique : elle entend donner la parole aux chercheurs, qui écrivent quasiment tous les articles, afin de couper l’herbe sous le pied à d’autres projets plus ou moins bien intentionnés et qui cherchent à tirer profit de l’intérêt du public, quitte à diffuser une historiographie obsolète ou portée par un engagement idéologique. Le travail de la rédaction de L’Histoire consiste d’abord à faire preuve de pédagogie et à souligner ce qu’il y a de neuf, notamment dans la rubrique « Atelier du chercheur ». L’enjeu est alors double : il s’agit tout autant de transmettre les résultats de la recherche et la méthode des historiens, la façon dont ils abordent les sources. À cet égard, le Moyen Âge est un terrain particulier à cause du rôle que tient l’archéologie dans les avancées sur bien des sujets. Comme l’émission de radio d’Emmanuel Laurentin, dont les principes étaient assez proches de ceux de la revue, L’Histoire invite ses lecteurs à entrer dans la « fabrique de l’histoire ».
12Fanny Madeline : Je pense aussi, en effet, qu’il faut travailler à rendre le Moyen Âge scientifiquement accessible en raison des appropriations idéologiques et politiques dont il peut faire l’objet et qui s’ancrent dans une vision erronée de ce que seraient nos « origines ». Je ne parle pas de l’ensemble du médiévalisme, dont une grande partie a une fonction ludique et littéraire et fait partie de notre culture populaire, mais de l’usage identitaire de cette période de l’histoire qui sert essentiellement des agendas xénophobes et nationalistes. Joseph Morsel a appelé cette tendance « la médiévalgie », pour souligner le caractère pathologique de ces tendances au repli qui mettent en danger nos sociétés démocratiques1. Étudier et comprendre les sociétés médiévales doit permettre de lutter contre ce passéisme fondé essentiellement sur des représentations fantasmées et agonistiques. Un autre rôle politique, et qui supporte cette idée qu’il faut rendre présent le Moyen Âge autrement que comme un référent négatif ou obscurantiste, est suggéré par Jérôme Baschet2. L’étude du Moyen Âge peut constituer à maints égards une manière de lutter contre la « tyrannie du présent » qui nous enferme dans un TINA (There is no alternative). Pour ces raisons, il est nécessaire que celles et ceux qui ont une connaissance scientifique du Moyen Âge contribuent à en façonner les représentations populaires, en le rendant plus accessible, sans renoncer à la scientificité de leur discours, mais en le distinguant clairement des autres formes de représentations fictionnelles et fantasmatiques.
Comment vous êtes-vous adapté·e aux spécificités du (ou des) média(s) que vous avez choisi d’utiliser ?
13Fabien Paquet : L’Histoire est à la fois une revue et un magazine3. Dotée d’un comité scientifique et de correspondants, elle adopte une structure semblable à celle des revues scientifiques, gage d’une confiance avec les lecteurs et les historiens. Le format magazine induit également des spécificités : une régularité de la publication (10 mensuels, 1 numéro spécial et 4 hors-séries, les « Collections de L’Histoire », par an) et la nécessité de maintenir un équilibre entre toutes les périodes historiques… Il faut aussi penser au lecteur qui n’aime pas le Moyen Âge ! Lors des dernières années, enfin, une dernière particularité a vu le jour : le support papier est désormais associé à deux autres médias. Il y a d’abord le site web, qui est largement monté en puissance depuis 2015, avec actuellement autour de 350 000 visites par mois (soit pour la première fois autant que de lecteurs estimés par numéro papier !). L’enjeu n’est pas de proposer une version web du magazine, mais bien des contenus spécifiques, sur lesquels l’équipe de L’Histoire réfléchit de plus en plus malgré un effectif assez limité (le site est géré par un rédacteur et demi assisté d’un stagiaire, ce qui est vraiment très peu dans le monde de la presse). Le second « média » qui a pris de l’importance est la rencontre directe avec le public, lors de tables rondes (aux Rendez-vous de l’histoire du Blois, au festival de Pessac, aux Rendez-vous de l’histoire du monde arabe…), ou lors de ciné-histoires par exemple.
14Isabelle Catteddu : L’exposition « Quoi de neuf au Moyen Âge » initiée fin 2016 à la Cité des Sciences et de l’Industrie (La Villette-Paris) avait vocation à toucher un public le plus large possible. Il s’agissait donc de développer des présentations ludiques et pédagogiques, des activités et des outils interactifs accessibles à tous. Pour susciter de la curiosité tout en apprenant, les équipes ont créé des personnages, présenté des objets, des jeux, des reconstitutions, des multimédias, des manipulations, des maquettes, des films, des enquêtes… Face au poids des idées reçues sur la période, il nous a fallu donner à voir de nouvelles images, réaffirmer sans cesse les messages forts qui pouvaient être noyés dans une muséographie très chargée. Le parcours de l’exposition a donc été construit sur ces messages, tandis qu’un ouvrage scientifique (le catalogue de l’exposition4) et un livret jeunesse permettaient d’approfondir le sujet. Parallèlement, le recours à une très large diversité de médias (presse, site web, quiz, revues, radio, télévision,….) a permis de continuer à informer sur cette relecture du Moyen Âge, et cela bien après la fin de l’exposition parisienne. Une grande partie des modules de l’exposition a également été conçue pour circuler en France et à l’étranger. Cette itinérance a été l’occasion de valoriser les collections archéologiques locales et régionales et de montrer la diversité de la période médiévale, selon les régions, leur histoire ou leur géographie.
15Fanny Cohen-Moreau : C’est également cette variété, permettant de rappeler toute la richesse de la période, que je recherche dans Passion Médiévistes. J’ai choisi le format des podcasts car l’audio permet de rendre plus accessible ce savoir en transmettant la parole directe des jeunes historiens et historiennes : cela nécessite juste de l’attention, rien de plus. L’audio est également un bon moyen de les accompagner avec mes questions pour rendre leur propos clair aux non-initiés. C’est avec les étudiants de master 2 (c’est important que le travail ait été validé scientifiquement par un enseignant en amont) que le travail est en fait le plus intéressant : un vrai travail de maïeutique, car ce sont souvent des personnes qui n’ont pas encore l’habitude de parler à un public large, d’expliquer des notions simples, mais aussi complexes, que ce soit les tournois de chevalerie que tout le monde pense connaître5 ou les enjeux de l’assemblée de Vincennes de 1329, événement moins connu6. L’audio rend par ailleurs possible une grande diversité de formes : à côté des formats « classiques », qui visent à rendre intelligible à tous un travail de master 2 ou de thèse en histoire ou en littérature médiévale, j’ai aussi développé des formats plus originaux, comme l’émission que j’ai baptisée « Super Joute Royale ». Avec trois médiévistes, on classe les rois de France siècle par siècle, en commençant par Clovis, en allant – au risque de choquer – du plus « utile » au plus « boulet » : la dimension subjective du classement est totalement assumée, car à côté on fait beaucoup d’historiographie, en expliquant pourquoi on a telle image de ce roi. Autant de moyens par lesquels j’essaye de rendre le Moyen Âge plus simple, plus accessible.
16Fanny Madeline : Rendre le Moyen Âge plus accessible n’est pas toujours chose aisée. Écrire un scénario de bande dessinée en particulier n’est pas évident. L’objectif était avant tout de ne pas faire de la fiction historique, mais de raconter, en conservant les réflexes du discours scientifique, cette période de l’histoire de France, sans non plus tomber dans un didactisme ennuyeux. Cela impliquait notamment de renoncer à tout écrire et de laisser à l’image sa puissance suggestive et illustrative, ainsi qu’une part à la fiction pure. L’idée aussi était d’utiliser les enluminures pour casser les représentations préconçues et souvent figées, et montrer l’historicité de phénomènes comme les tournois. C’est pourquoi j’ai envoyé beaucoup d’enluminures et de figurations du xiie et du xiiie siècles à Daniel Casanave (l’illustrateur) pour qu’il s’appuie sur cette culture visuelle spécifique. En faisant des clins d’œil à des œuvres médiévalistes (Monty Python : Sacré Graal !, par exemple) ou à l’actualité, il s’agissait de jeter des ponts entre les représentations et les savoirs sur le Moyen Âge, en essayant de questionner les unes pour aller vers les autres.
Quels ont été les retours des différents publics ? Quelles sont les insatisfactions ou les frustrations nées de ces expériences ?
17Fanny Cohen-Moreau : L’avantage du format podcast, c’est qu’on a plus de retours des auditeurs et auditrices, qui montrent qu’on touche tous types de publics. J’ai bien sûr des réactions d’étudiants en histoire pour qui les épisodes sont vraiment une aide pratique, qui peuvent les aider à mieux comprendre et mémoriser leurs cours, à réviser les concours, mais aussi de certains professeurs universitaires qui approuvent les épisodes et vont même jusqu’à me recommander certains de leurs étudiants. J’ai également des retours d’enseignants du secondaire, qui utilisent le podcast avec leurs élèves. Je touche aussi les enfants, qui l’écoutent avec leurs parents, si bien que pour certains sujets un peu difficiles, je n’hésite plus désormais à commencer mon émission en précisant que le thème du jour peut être sensible, y compris pour les adultes : il faut aussi préparer l’auditeur à ce qu’il va écouter. Mais la majorité du public est constituée de personnes curieuses, plus ou moins intéressées par l’histoire, qui parfois découvrent le Moyen Âge avec plaisir et intérêt.
18Fanny Madeline : Avec la pandémie des années 2020-2021, j’ai eu assez peu de retours. J’ai principalement fait des interviews, avec seulement deux présentations en librairie. Il y a toutefois eu quelques chroniques radiophoniques présentant l’ouvrage de façon plutôt laudative, comme pour les autres tomes de la collection d’ailleurs. Les quelques remarques soulignaient précisément la difficulté à tenir ce discours complexe de vulgarisation sans laisser des ambiguïtés au passage, ou alors des implicites nécessitant peut-être une culture historique trop spécifique pour être compris.
19Mes insatisfactions viennent du fait qu’il fallait construire une narration qui mette en scène un discours scientifique visant à la fois à déconstruire les idées fausses, sans tomber dans un discours d’autorité qui prétendrait détenir la seule vérité. Il faut à la fois renoncer à trop nuancer pour clarifier les idées que l’on veut faire passer et ne pas tomber dans la caricature, c’est un équilibre très difficile à trouver, parfois manqué même. De plus, ces mises en situation qui mélangeaient à la fois les deux personnages contemporains fictionnels avec des acteurs de l’époque, et des remarques de type historiographique ou philosophique créaient des registres de discours sans doute trop complexes pour un lecteur non averti. Bref la vulgarisation scientifique, qui exige de s’adapter à un lectorat très divers, est à la fois un exercice très stimulant intellectuellement mais aussi très frustrant.
20Isabelle Catteddu : L’exposition initiée à la Cité des Sciences et de l’Industrie fait quant à elle partie des manifestations ayant enregistré le plus grand nombre d’entrées ; et sa version itinérante continue de circuler dans toute la France, confirmant le succès de ce projet. De manière générale, l’approche ludique et didactique a remporté l’adhésion, en particulier chez les jeunes. Les enseignants ont été conquis, à la fois par l’exposition et par les outils associés à l’événement (livres, catalogue, sites internet, quiz). Ils y ont trouvé des outils pédagogiques nombreux, nouveaux et diversifiés, permettant de « dynamiser » une période jugée difficile à enseigner au sein des programmes éducatifs actuels.
21Inversement, les passionnés d’histoire médiévale peuvent se montrer très critiques et ont moins apprécié le côté ludique de l’exposition, même s’ils ont globalement été conquis par le catalogue qui permettait d’approfondir les différents sujets et d’enrichir la documentation. C’est au final la thématique liée à la vie quotidienne qui a recueilli le plus de suffrages, nous confortant sur le choix des sujets abordés. C’est le renouvellement des connaissances qui a passionné l’ensemble des générations : notamment les innovations techniques et culturelles au cours d’un millénaire qui, loin d’être immobile, se montrait particulièrement dynamique, multiculturel, complexe et diversifié. Enfin, nous avons assisté à une véritable prise de conscience du poids des héritages du Moyen Âge, de sa proximité et de la modernité de ses éclairages.
22Fabien Paquet : Du côté de L’Histoire, il est difficile d’appréhender le ressenti de nos lecteurs et lectrices et nous ne pouvons nous fonder que sur quelques indices : les quelques lettres de lecteurs que nous recevons, les rencontres directes lors des événements déjà évoqués, et, de fait, la fidélité des lecteurs (le taux de réabonnement est très élevé) et les ventes. Ce dernier aspect est, du point de vue de la rédaction et du comité scientifique, le plus difficile à gérer : faut-il toujours renoncer aux sujets dont on sait que, s’ils sont sur la couverture, on prend le risque d’une vente faible ? La position actuelle est plutôt celle de l’équilibre : il faut aussi parfois oser des sujets peu porteurs, ou que les lecteurs ne recherchent pas, pour les acclimater aux tendances de l’historiographie. Ce fut le cas de l’histoire des animaux, porté par Robert Delort à la revue ; c’est celui, actuellement, des questions environnementales qui, bien que soutenues par une historiographie forte et régulièrement sur la place publique, ne rencontrent que difficilement leur public pour ce qui est de L’Histoire. Mais les efforts ne sont pas vains : grâce en particulier au site internet désormais, certains numéros ont des durées de vie très longue et reviennent parfois sur le devant de la scène plusieurs années après leur parution (c’est le cas de celui sur les animaux paru en janvier 2009).
Notes de bas de page
1 Morsel Joseph et Ducourtieux Christine, L’histoire (du Moyen Âge) est un sport de combat… Réflexions sur les finalités de l’histoire du Moyen Âge destinées à une société dans laquelle même les étudiants d’Histoire s’interrogent, LAMOP/Paris 1, 2007, [halshs-00290183], consulté le 25 novembre 2021.
2 Baschet Jérôme, « Entre le Moyen Âge et nous », in Didier Méhu, Néri de Barros Almeida et Marcelo Cândido da Silva (dir.), Pourquoi étudier le Moyen Âge ? Les médiévistes face aux usages sociaux du passé, Paris, Presses de la Sorbonne, 2012, p. 215-232.
3 Hannin Valérie, « L’Histoire : revue et magazine », Le Débat, no 175, 2013, p. 190-197.
4 Catteddu Isabelle et Noizet Hélène (dir.), Quoi de neuf au Moyen Âge, Catalogue d’exposition, Cité des Sciences et de l’Industrie, Éditions La Martinière, 2016.
5 Passion Médiévistes, épisode 7 : « Guillaume et les tournois de chevalerie », 2017, [passionmedievistes.fr/episode-7-guillaume-et-les-tournois-de-chevalerie], consulté le 25 novembre 2021.
6 Ibid., épisode 43, « Thimothée et l’assemblée de 1329 de Vincennes », 2020, [passionmedievistes.fr/ep-43-thimothee-et-lassemblee-de-1329-vincennes], consulté le 25 novembre 2021.
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