Chapitre XXII. Phoberon dikastèrion La peur de la colère divine dissipée et la réforme échouée
p. 301-310
Texte intégral
1Le 1er juin 1296 la terre a très violemment tremblé à Constantinople. Ce fut un vendredi, dies nefas, jour de la crucifixion du Seigneur. Ce fut dans la nuit, durant les ténèbres, avant le chant des coqs1 – nous précise une source – ce qui invoque le reniement de Jésus par Pierre2. L’année était bissextile, autre mauvais signe. Selon un témoignage, la lune coïncida avec le soleil. Et une éclipse lunaire avait précédé quinze jours auparavant3. De surcroît, c’était une année de πάσχα κύριον, c’est-à-dire que la Pâque tomba le même jour que l’Annonciation4 : une incongruité dans le calendrier liturgique, que de voir coïncider la célébration de l’Immaculée Conception avec la Résurrection. En d’autres termes, il est inconvenant de célébrer simultanément le début du Salut du genre humain et son accomplissement. Tout cela prédisait les terribles catastrophes et les disparitions d’hommes que ce séisme a causées.
2Pour ces détails, nos sources sont deux notices anonymes, dont l’une assez longue et détaillée, dans trois manuscrits5. Sur le même événement, nous disposons du récit d’un historien et dignitaire impérial, qui vivait à l’époque à Constantinople, Georges Pachymère6, avec beaucoup de précisions sur ce qui a suivi le séisme ; ainsi que de la relation plus concise d’un autre intellectuel, Nicéphore Grégoras, né en 1295, un an auparavant7. Enfin, une source a été récemment mise en valeur, la correspondance du lettré Constantin Acropolite8, lui aussi résidant à Constantinople au moment du tremblement de terre.
3Les hommes âgés disaient que ce séisme était le plus fort jamais connu, les pertes humaines et les dégâts impressionnants9. En voici une description rapide.
4D’abord sa durée. D’après les sources, la terre était secouée au-delà du 17 juillet. Aujourd’hui nous savons qu’un séisme initial est souvent suivi de nombreuses répliques. Ce fut le cas à Constantinople et aux alentours dans l’Asie Mineure, précisément là où la plaque tectonique d’Anatolie est très active depuis l’Antiquité10 et encore de nos jours. Le premier séisme a été fortement ressenti à Constantinople, où il a causé beaucoup de dégâts et les pertes humaines étaient considérables. Encore plus frappante fut la destruction de la statue dédicatoire en bronze que l’empereur Michel VIII, ayant reconquis la capitale en 1261, avait érigée en l’honneur de son saint homonyme, l’archange Michel, qualifié d’archistratège. Ce basileus avait offert la statue de la ville de Constantinople à l’archange-général, suppliant sa protection. La tête de la statue fut arrachée et la ville détachée des mains de l’archange. Les deux sont tombés par terre. On peut imaginer ce que ce fait pouvait provoquer comme désarroi auprès de la population terrifiée et superstitieuse, d’autant que le séisme avait détruit une bonne partie de la muraille de la ville et que les habitants se sentaient sans protection11. De surcroît, la peur dominait à cause du nombre de morts12.
5Le 17 juillet, quarante-sept jours après, d’après le même témoignage, un second tremblement, bien plus fort, a détruit soixante-quatre villes de l’Asie Mineure du nord-ouest, dont Pergame et Chliara (aujourd’hui Kırkağaç). Beaucoup d’églises ont été fissurées et sont tombées en ruines, de même que plusieurs habitations, anciennes et récentes. C’est encore une évocation du jour de la Crucifixion, où le voile du Temple se déchira13.
6L’historien Georges Pachymère, contemporain des événements, et le plus tardif Nicéphore Grégoras ne donnent pas des détails sur la panique. Pachymère relate seulement que la population courait vers l’église Sainte-Sophie pour faire des prières et des processions. L’empereur, alors en expédition, craignait même pour ce bâtiment et envoya des émissaires afin de s’informer de son état.
7Les notices des manuscrits nous donnent une description des signes et des dégâts matériels qui, pour les Byzantins pieux et superstitieux, témoignent de la terreur qui devait régner. Manifestement, la description seule aussi détaillée des présages et des faits suffit pour évoquer la peur collective qui dominait.
8Mais une source nouvelle, la correspondance de l’aristocrate et lettré Constantin Acropolite, nous donne des indications sur l’atmosphère et l’ambiance. En effet, dans sa lettre 55, il invite le destinataire anonyme, se trouvant manifestement loin, à lui raconter les signes envoyés par Dieu chez lui et l’horrible épouvante qui y régnait14. Il déplore ensuite le tremblement de terre du 1er juin et les catastrophes dans la capitale. Il confirme ce que nous connaissons par les autres sources. Toutefois, son discours rhétorique insiste davantage sur les émotions : toute la description du séisme violent et des catastrophes est digne de lamentations et de plaintes, dit-il. Mais aucun Jérémie n’est là pour se lamenter, car c’est lorsque la secousse s’est calmée que l’on a commencé à se rendre compte de l’importance des maux15.
9Mais comment a-t-on expliqué les signes et le séisme ? Pourquoi Dieu a-t-il si violemment manifesté sa colère ? Au vie siècle déjà, une brève homélie contre les païens de saint Éphrem le Syrien portait le titre : Contre ceux qui disent que les tremblements de terre se produisent parce que la terre est gorgée d’air16. Son contenu ne porte que sur une polémique antipaïenne générale, sans rapport avec cet énoncé, toutefois ce titre est contraire aux théories préchrétiennes et sous-entend que les tremblements de terre n’émanent que de la volonté de Dieu. Un Κανὼν εἰς φόβον σεισμοῦ, un hymne long attribué à Joseph l’Hymnographe (ixe siècle), a été spécialement composé pour prévenir un futur séisme. Il commence par les termes : « Ta colère est effrayante, Seigneur, de laquelle Tu nous as épargnés17. »
10Bien plus tard, et à l’opposé, le philosophe néo-païen Georges Gémiste-Pléthon défendait son antichristianisme contre son adversaire idéologique, le pieux Georges-Gennade Scholarios, devenu plus tard patriarche. Pléthon réfutait la conception traditionnelle, selon laquelle les catastrophes naturelles seraient une manifestation de la colère du Tout-puissant. À quelle piété convient-il de rattacher la peur qu’inspirent les séismes et les tonnerres18 ? En se servant toujours de la question rhétorique, il refuse que ces séismes et les tonnerres soient des malheurs venant de Dieu19. Grégoras, contemporain d’Andronic, confirme cette mentalité par ces termes : « En utilisant ces phénomènes, Dieu montrait de manière claire l’excès de tels péchés, tout en annonçant et avertissant de la punition à venir ; et je crois que ces péchés ont été commis du fait qu’il n’y ait eu ni séisme ni secousse de la terre20. »
11En effet, contrairement à l’explication aristotélicienne selon laquelle les tremblements de terre ne sont provoqués que par des causes purement naturelles21, cette mentalité entendait traditionnellement ce genre de calamités comme un message de la colère divine. C’est un message et en même temps un appel au retour vers la voie juste. La peur invite à la repentance et à la correction. Le motif est ancien. Déjà, dans la tradition judaïque, qui passe le relais au christianisme byzantin, Dieu exprime violemment son mécontentement et sa colère afin que les fidèles se conforment à sa volonté. Dans l’Ancien Testament le mot « séisme » est souvent accompagné du mot « colère », divine bien entendu22. Même la psychanalyse freudienne associe Yahvé à l’activité volcanique23, reconnaissant ainsi à cette divinité une volonté coléreuse, manifestée sous forme de catastrophe naturelle.
12L’explication avancée pour cette manifestation de la colère de Dieu nous est donnée par Georges Pachymère24. L’empereur Andronic considéra ces catastrophes comme une vengeance de Dieu. Il percevait comme un devoir impérial d’assurer le fonctionnement impeccable de la Justice, et notamment de surveiller l’intégrité des juges : « C’était une des obligations de l’empereur d’assurer la justice et l’incorruptibilité dans les procès, sans qu’aucune entrave ne soit provoquée par les présents ou les bienveillances, si c’est l’honneur de l’empereur de chérir la justice25. »
13Andronic éprouvait la pression forte d’une opposition, menée par le mouvement des Arsénites26, adeptes fanatiques du patriarche Arsénios Autorianos, déposé par son père Michel VIII, usurpateur du trône et excommunié par Arsénios27. C’est une opposition antidynastique, à caractère théologique et politique à la fois. Dans cet État théocratique où religion et politique fonctionnaient en interaction, tout pouvoir émanait de Dieu, dont l’empereur n’était que le locum tenens sur terre. Il était considéré comme d’une nature intermédiaire entre le monarque céleste Tout-Puissant et le peuple28. Aussi, le basileus mortel devait-il figurer, à tout moment, comme digne de la confiance de la Providence à son égard. C’était une condition sine qua non pour maintenir le consensus de l’opinion publique et éviter toute contestation populaire. Être désavoué par la Providence impliquait pour l’empereur la colère du peuple, donc une déstabilisation politique, voire des dangers pour sa vie.
14Des adeptes, et même des partisans de la dynastie des Lascarides, les Arsénites voulaient renverser les Paléologues du trône. Michel s’était emparé du pouvoir à Nicée après avoir abusivement écarté le prince légitime. Mais sa reconquête de Constantinople sur les Francs avait été utilisée par la propagande impériale en faveur de l’usurpateur, comme une légalisation, de la part de la Providence, de son coup d’État29, cependant sans grand succès, paraît-il30. L’opposition se poursuivit même après la mort de Michel, menaçant son fils Andronic. Surtout, lorsqu’en 1295, les Arsénites ont soutenu la rébellion d’Aléxis Philanthropènos, contre Andronic31. De même qu’en 1305 ils ont suivi la révolte de Jean Drimys32. Tout comme son père, Andronic cherchait toute occasion pour montrer qu’il bénéficiait toujours de la bienveillance de la Providence. Par exemple, en 1278, la naissance de son fils Michel IX au moment où le prêtre chantait l’hymne Χριστὸς ἀνέστη33 – point culminant de la célébration de la Résurrection, voire du calendrier liturgique orthodoxe – a été utilisée par la propagande dynastique ; elle le présentait comme un prince charismatique de naissance miraculeuse – selon le motif wébérien34 avant la lettre – donc comme une preuve de la bienveillance de Dieu35. Mais à peine deux ans plus tard, en 1280, l’opposition se poursuivait, sous forme de circulation de libelles contenant de messages contre la dynastie (τὰ φάμουσα)36.
15Dans le même but de propagande impériale, des récits de néo-martyrs, composés par des dignitaires de la cour, serviraient à la propagation de la piété d’Andronic, présenté comme un défenseur de la foi chrétienne contre les musulmans37.
16Mais tout cela n’a pas suffi pour calmer les esprits. Tout comme son père, Michel VIII, Andronic avait le talent de la publicité et de la propagande38. En 1303 il avait même inventé (!) un séisme pour faire accepter par la population le rétablissement d’Athanase sur le trône patriarcal39. Après Manuel Ier Comnène, Andronic serait le second empereur byzantin pour qui on aurait rédigé et prononcé autant d’ἐγκώμια, autant d’éloges et de louanges rituels, destinés à la propagande40.
17Aussi Andronic a-t-il voulu, sans retard, détourner cette responsabilité morale et politique loin de sa personne. Il a aussitôt41 ordonné la réparation de la statue de l’archange Michel, dont la chute paraissait comme un retrait de sa protection. Fort superstitieux, les Byzantins étaient facilement prêts à voir un mauvais présage derrière un phénomène naturel de cet ordre. Le séisme du 18 octobre 1343 et la chute, une seconde fois, de la même statue érigée par l’empereur Michel – fondateur de la dynastie –, tant d’années après sa mort, ont été interprétés comme une annonce de la prochaine « catastrophe » du pouvoir des Paléologues42.
18Andronic a aussi présenté la vénalité et la corruption des juges comme la cause de ces manifestations de la colère divine de 129643.
19En effet, la Justice était chérie de Dieu44. Un poème, légèrement plus tardif, attribué à Andréas Libadènos, né vers 1315, est structuré comme une admonition de Dieu, Juge céleste, au juge de ce monde45. Se servant beaucoup de l’allitération, le poète exprime cet amour de Dieu pour la justice de manière significative. Le voici :
« Conscient46 du feu du Jugement (dernier) avant le procès,// juge n’invente pas de subterfuges.// Car la brillance des lois devient feu// qui brûle de manière juste ceux qui abusent de la justice.
Juger et résoudre les procès est effroyable.// Et Dieu ordonne de s’abstenir des dons.// Trancher donc le procès avec justesse et correctement,// étant donné que Dieu, qui surveille tout,// récompensera les juges avec un Jugement juste.
Ô juge, puisque tu Me connais, Moi qui te jugerai,// et cependant tu méprises le Jugement dernier lors du procès,// Je te condamnerai au Jugement.// Mais si tu tranches de manière juste,// jugeant justement le procès et non par faveur,// tu Me trouveras philanthrope au Jugement. »
20Un autre témoignage nous est donné par le juge Constantin Harménopoulos, quoiqu’un peu plus tardif, écrit au milieu du xive siècle. Dans l’avant-propos de son Hexabible, célèbre compilation des lois impériales, il exhorte le juge et proclame : « La Justice est bien celle que Dieu a aimée avant tout, étant Lui-même juste, et qu’il honore comme rien d’autre47. » La corruption est conçue comme une transgression qui porte atteinte non seulement au bon fonctionnement des institutions, mais surtout à la volonté de Dieu.
21À mon sens, ce choix de la Justice par Andronic ne devait pas être sans rapport avec la réputation du patriarche Arsénios, renommé protecteur de la rectitude. Dans un éloge anonyme, manifestement composé après sa mort, il est présenté comme défenseur de la justice avant tout autre chose. Ce texte est attribué à ses contemporains Maxime Planude ou Nicéphore Choumnos (moins probable), par P. G. Nikolopoulos48, son éditeur. On a également proposé le nom de Philothée de Sélymbria, plus tardif, fait qui à mon avis rend sa paternité moins vraisemblable49. Pour notre propos, il est intéressant de retenir la primauté du pouvoir du patriarche contre la volonté de l’empereur, comme le soutient l’auteur du même texte. Selon ses termes, le Christ est la tête de l’Église, dont le patriarche est l’image, et du fait que ce dernier donne l’onction impériale aux régnants, il est juste qu’ils lui soient obéissants et se soumettent à sa volonté. Par conséquent, précise-t-il, l’empereur, suppliant cette Grâce, étant sanctifié et oint par le patriarche, il devrait se comporter en serviteur (doulos) soumis à l’Église et à son exégète spirituel et porteur de l’image du Christ50. Cette phrase met en relief tout le conflit entre les pouvoirs spirituel et temporel, à propos de la supériorité du patriarche sur l’empereur, et résume le fondement de la polémique des Arsénites contre la dynastie des Paléologues. Ajoutons, que d’autres témoignages affirment qu’Arsénios accusait Michel VIII d’injustice51. De son coté, ce dernier se montrait fort soucieux du fonctionnement correct et honnête de la justice impériale. Dans un molybdoboullon (bulle de plomb), sur lequel son nom était gravé, figurait le texte suivant : « Tοῖς ἀθετοῦσι τὴν δίκην τοῦ σεκρέτου ὃ νῦν κρατύνει τῷ χρόνῳ βεβυσμένον, ὁ Μιχαήλ, τὸ θαῦμα τῶν βασιλέων, ποινὴ ὁ Θεὸς τὰ πρῶτα καὶ κρίσις κά52… » La suite du texte est perdue. Selon A. Gkoutzioukostas, dernier éditeur, le dernier mot serait κἄλλη. L’ensemble signifie que ceux qui méprisent les jugements du sekreton, institution judiciaire confirmée et soutenue par l’empereur Michel53, encourent avant tout la punition de Dieu et ensuite une autre condamnation, vraisemblablement infligée par le pouvoir impérial.
22Revenons aux événements de 1296. Pachymère, homme de la cour et dignitaire impérial, décrit de manière détaillée les mesures prises par Andronic, consacrant un chapitre spécial à l’action de l’empereur. Le basileus a organisé une litanie et imposé la participation de tout le peuple. Lui-même suivit la procession, accompagné des archontes, du patriarche et des évêques, auxquels il a demandé de célébrer les prières et les psalmodies nécessaires pour apaiser la colère de Dieu. La procession s’est dirigée vers l’Hippodrome du Grand Palais, pour que tout le monde puisse la suivre et y assister. Cet endroit a été choisi selon toute évidence du fait qu’il avait servi autrefois à l’administration de la Justice impériale54.
23Là, placé devant l’icône de la Vierge, s’adressant au peuple, Andronic a prononcé « une harangue longue et retentissante55 ». Manifestement, tout ce rituel était conçu et organisé pour servir à la propagande impériale. Pour montrer à tous que l’empereur s’activait pour se conformer à la volonté de la divinité, et pour démentir d’avance toute éventuelle accusation d’impiété, qui aurait pu être lancée contre lui par les opposants. Il s’est engagé à édicter une loi, un chrysoboulleios logos, sur des jugements56 pour éliminer la corruption.
24Mais comment définit Andronic cette corruption dans la Justice ? Dans la harangue prononcée après la litanie, il entend que les membres du nouveau tribunal doivent juger :
les puissants et les pauvres de façon égalitaire ;
sans recevoir des dons ;
sans se laisser influencer par une personne ;
sans fléchir pour cause d’amitié ;
et en général, sans favoriser quoi que ce soit qui porte atteinte à la Justice57.
25Il a ainsi institué un phoberon dikastèrion, un tribunal redoutable. L’expression « phoberon dikastèrion » – comme ses synonymes : « phoberon kritèrion », « phoberon bèma » – est un topos chez les Byzantins, très familier chez les Pères et les théologiens qui se réfèrent au Jugement dernier (par exemple Jean Chrysostome, Athanase d’Alexandrie, Éphrem le Syrien, Jean Damascène, Michel Psellos)58. Ce sont des textes à large diffusion, où il est question du Tribunal céleste, devant lequel chacun répondra de ses actes. Ici, « tribunal redoutable » signifie un tribunal où le juge sévère et intransigeant statuera avec une acribie absolue et incontestable, sans complaisance, un tribunal devant lequel chacun est dominé par la peur du jugement qui sera rendu. In die illa tremenda59 chacun rendra compte de sa vie, de ses actes, de sa conscience. « Dieu est un Juge juste […] et toi, n’as-tu pas peur de Dieu ? », proclame Jean Chrysostome60. La sentence sera sans clémence et sans pitié. Et on en a très peur.
26D’après ce modèle imagé, Andronic a conçu et modelé son nouveau tribunal, composé de douze magistrats, un chiffre ecclésiologique : les douze Apôtres. Selon toute évidence, dans son esprit, il serait bien plus difficile de les corrompre tous. Il avait annoncé qu’ils seraient choisis parmi les évêques, d’autres cléricaux et des membres du sénat. Ils devaient prêter serment de rendre leurs sentences sans se laisser influencer par qui que ce soit : ils devaient rendre justice de manière égalitaire, sans distinguer pauvres et puissants, ni même la mère de l’empereur61. Ils ne devaient pas accepter de dons ou de faveurs matérielles. Le jour de l’installation du nouveau tribunal, l’empereur a fait venir le peuple et prononcé une harangue62. Il s’est référé à l’Évangile selon Matthieu et à sa description du Jugement dernier63. C’est le Christ en personne qui invitera les justes à sa droite, comme des brebis, et les injustes, comme des boucs, à sa gauche pour les condamner à l’éternité du feu de l’Enfer64. Voici des motifs traditionnellement épouvantables.
27Et Pachymère de clore sur le sort de ce tribunal : « Il ne se maintint pas longtemps ; peu à peu, comme les vibrations des cordes musicales il s’affaiblit et se tut65. »
28L’ensemble du récit historique de Pachymère s’arrête avec l’an 1308. Lui-même est mort en 1310. Donc, cette nouvelle institution judiciaire n’a fonctionné que moins que quinze ans. Il est vrai que l’autorité, voire la survie d’une institution, comme la confiance en son utilité, reposent essentiellement sur le consensus dont elle continue à bénéficier. La grande peur provoquée par les événements terribles de 1296 n’a suffi qu’à faire promulguer cette réforme. Quand le danger s’est apaisé, que les catastrophes ont été oubliées, la peur de la colère divine a disparu et ne pouvait plus dicter un comportement conforme à la volonté de Dieu. Probablement peu après la fin de ces désastres, mais avant la première harangue d’Andronic, Acropolite écrit que « même si la secousse s’est arrêtée et nous, victimes des calamités, avons conscience que si nous pouvions en reconnaître les causes, nous en serions délivrés ayant apaisé Dieu66 ». Et dans une autre lettre de la même époque, il souhaitait que : « Que Celui qui a causé et qui maîtrise le tout soit clément, qu’Il transforme la tempête en brise et que notre situation soit gouvernée de la turbulence vers l’accalmie67. »
29Le séisme, les grandes épidémies et les catastrophes, surtout les pertes humaines, fonctionnent donc comme une sorte d’épiphanie. Par ce moyen, Dieu exprime son message de colère et exige le retour à la normalité, c’est-à-dire à la vertu, voire à la conformité à sa volonté et sa loi. Ce retour confirme le rôle de protecteur, une qualité propre à Dieu. Nous retrouvons ici Philippe Borgeaud concluant que « la peur est un attribut essentiel de ce Père protecteur68 ». Basile de Césarée intitule une de ses homélies par les termes « Dieu n’est pas la source de ces malheurs69 ». En effet, ces derniers ne sont que des moyens thérapeutiques, pour protéger des maux plus graves, tel le péché et l’injustice, voire la corruption70. Basile voit en Dieu sauveur le rôle bienfaiteur de médecin, qui doit pratiquer une intervention douloureuse pour épargner de la maladie le reste du corps. Il combat l’affection et non le patient. En ce sens, Dieu administre ces châtiments – sur les corps – car il se préoccupe du salut – des âmes – de l’ensemble71.
30Pour revenir à 1296, la peur et la frayeur dominaient encore au départ ; mais une fois la tranquillité revenue, elles se sont petit à petit dissipées. En leur absence et avec l’oubli de ce qui les a provoquées, le chemin du retour vers la désobéissance et la transgression était ouvert. D’une certaine manière, la vénalité et l’avilissement assuraient une certitude pour le résultat judiciaire postulé. La culpabilité ressentie à cause du péché pouvait toujours être ménagée moyennant une repentance et une pénitence72. Manifestement, en tant qu’émotion, cette peur, aussi forte fut-elle, n’a eu qu’une très courte durée comme mobile de culture juridique. Par ce terme, nous entendons les présupposés partagés au sein d’une société (voire à l’intérieur d’un groupe social) qui orientent le raisonnement, les valeurs et les perceptions afférents au droit, à l’édifice juridique et à la notion du juste et du devoir faire73. En l’occurrence, cette grande peur a servi de support social seulement pour la fondation de la nouvelle institution, mais non pour la faire durer. La raison s’oppose aux émotions. Ainsi, longtemps après la peur initiale, le recours à la corruption, en vue d’une sentence judiciaire ambitionnée, correspond à la « raison », indifféremment du caractère immoral ou amoral de l’acte. Lorsqu’on oublie le problème – la colère divine manifestée par le séisme – ou que l’on néglige l’événement qui a déclenché la peur, voire la panique, c’est cette « raison » qui prévaudra. Autrement dit, une fois la peur éloignée, elle sera oubliée, et la pratique religieuse institutionnalisée arrangera le rapport personnel du pécheur avec Dieu74.
Notes de bas de page
1 Sauf mention contraire, les traductions des textes sont celles de l’auteur. Πρὶν ἀλεκτριώνων ὠδᾶς : cod. Athous, Vatopediou 290 (olim 260), fo 83. Accessible avec deux autres notices sur le même tremblement de terre, dans F. Evangélatou-Notara, Συλλογὴ χρονολογημένων « σημειωμάτων » ἑλληνικῶν κωδίκων 13 ος αἰ., Athènes, s. n., 1984, p. 169 et suiv. Sur ce séisme voir Eadem, Σεισμοὶ στὸ Βυζάντιο ἀπὸ τὸν 13 ο μέχρι καὶ τὸν 15 ο αἰώνα. Ἱστορικὴ ἐξέταση (Παρουσία, suppl. 24), Athènes, s. n., 1993, p. 36 et suiv., et 116 et suiv. Une vue d’ensemble pour l’époque des Paléologues : M.-H. Congourdeau, « Les Byzantins face aux catastrophes naturelles sous les Paléologues », REB, 67, 2009, p. 151-163. De même F. Vercleyen, « Tremblements de terre à Constantinople. L’impact sur la population », Byzantion, 58, 1988, p. 155-173. G. Dagron, « Quand la terre tremble… », TravMem (P), 8, Hommage à M. Paul Lemerle, Paris, 1981, p. 87-103. De même, S. Lampakès, « Ὑπερφυσικὲς δυνάμεις, φυσικὰ φαινόμενα καὶ δεισιδαιμονίες στὴν ἱστορία τοῦ Γεωργίου Παχυμέρη », Βυζαντινὰ Σύμμεικτα, 7, 1987, p. 77-100.
2 Mt, 26, 34 : πρὶν ἀλέκτορα φωνῆσαι τρὶς ἀπαρνήσῃ με.
3 Συνοδευούσης τηνικαῦτα ἡλίῳ σελήνης […] Πρὸ δεκαπέντε δὲ ἡμερῶν καὶ ἔκλειψις τῆς σελήνης ἐγένετο : cod. Vaticanus gr. 191 (voir plus bas).
4 Cf. V. Grumel, La Chronologie, Paris, Presses universitaires de France, 1958, p. 310 et 311.
5 Le Vaticanus gr. 191, fo 319 vo, alors que l’Athous, Vatopediou 290, fo 83, et le Parisinus Suppl. gr. 682, fo 8 vo, faisaient, à l’origine, partie du même manuscrit, séparée plus tard.
6 À son sujet S. Lampakès, art. cité.
7 Sur le rapport de ces deux récits historiques, voir A. Failler, « Les sources de Nicéphore Grègoras pour le règne des premiers Palaiologoi », REB, 69, 2011, p. 219-234. Voir, également, la notice sur ce séisme dans Nikephoros Gregoras, Rhomäische Geschichte. Historia Rhomaïke übersetzt und erläutert von J. L. van Dieten, Erster Teil (Kapitel I-VII), Stuttgart, Hiersemann, 1973, p. 277, n. 350.
8 Constantino Acropolita, Epistole, éd. R. Romano, Naples, M. D’Auria, 1991. Sur cette source, voir S. Kotzabassi, « Reconsidering the Letters of Constantine Akropolites », dans T. Antonopoulou, S. Kotzabassi et M. Loukaki (dir.), Myriobiblos. Essays on Byzantine Littérature and Culture, Boston/Berlin/Munich, De Gruyter, 2015, p. 211-216.
9 Description détaillée dans F. Evangélatou-Notara, Σεισμοὶ στὸ Βυζάντιο, op. cit.
10 Pour Constantinople, voir F. Vercleyen, art. cité, sans référence au séisme de 1296 ; et pour le nord-ouest de l’Asie Mineure (la région de Nicomédie et de Nicée) pendant l’Antiquité tardive, voir F. Jacques, « Les séismes de l’Antiquité tardive d’après les sources. Problèmes méthodologiques », BAGF, 61, 1984, p. 49-55.
11 Sur la réparation de la muraille par Andronic, voir A. Athanassopoulos, « Επισκευάζοντας τα τείχη της Κωνσταντινούπολης: αυτοκρατορικές πρωτοβουλίες κατά την ύστερη βυζαντινή περίοδο », Βυζαντινὰ Σύμμεικτα, 27, 2017, p. 111-128, en part. p. 115.
12 Vaticanus : πλεῖστοι δὲ καὶ ἄνθρωποι ἐφονεύθησαν.
13 Mc, 15, 38 et Lc, 23, 45, alors que d’après le verset Mt, 27, 51 la terre trembla et les rochers se fendirent.
14 Τὰς αὐτόθι συμπεσούσας θεοσημείας, τὰ φρικτὰ φόβητρα : Contantino Acropolita, op. cit., Lettre 55, p. 149.
15 Ibid., p. 150-151.
16 « Τοῦ ὁσίου πατρὸς ἡμῶν Ἐφραὶμ πρὸς τοὺς λέγοντας ἀπὸ ἐμπνευματώσεως τῆς γῆς τοὺς σεισμοὺς γίγνεσθαι », dans Τοῦ ἐν ἁγίοις πατρὸς ἡμῶν Ἐφραὶμ τοῦ Σύρου τὰ εὑρισκόμενα πάντα, éd. J. Assemani, Rome, Typographia Pontificia Vaticana, 1766, p. 47. La traduction est de G. Dagron, art. cité, p. 89.
17 Ὡς φοβερὰ ἡ ὀργή σου ἐξ ἧς ἡμᾶς ἐλυτρώσω Κύριε : J. Goar, Εὐχολόγιον, sive rituale Graecorum […] juxta usum Orientalis Ecclesiae, Venise, Javarina, 1730, p. 620-626.
18 Τὸ γὰρ τοὺς σεισμούς τε καὶ σκηπτοὺς δεδιέναι ἐπαινεῖν, ποίᾳ εὐσεβείᾳ ἂν προσήκει ; (question rhétorique !) : Georgius Gemistus Plethon, Contra Scholarii pro Aristotele obiectiones, éd. E. V. Maltese, Leipzig, Teubner, 1988, § 27 (996D), p. 31. Voir aussi M.-H. Congourdeau, art. cité, p. 153.
19 Κακὰ δὲ νομίζειν σεισμούς τε καὶ σκηπτούς, ἃ ὁ θεὸς οὔτω γίγνεσθαι διέταξε, πῶς εὐσεβές; Georgius Gemistus Plethon, loc. cit.
20 Δεικνύντος οὑτωσὶ προφανῶς τοῦ θεοῦ καὶ διὰ τῶν φαινομένων τὴν τῶν οὕτω παρανομουμένων ὑπερβολήν, καὶ οἷον τὴν μέλλουσαν προαναφωνοῦντος καὶ ἀπειλοῦντος ἐκδίκησιν. καί μοι δοκεῖ διὰ τοῦτ’ ἄνευ σεισμοῦ καὶ περὶ κλονήσεως γῆς γεγενῆσθαι τὸ πάθος τουτί : Nicéphore Grégoras, Histoire romaine, éd. L. Schopen et I. Bekker, t. II, Bonn, 1830, p. 749.
21 Voir G. Dagron, art. cité, p. 88 et suiv.
22 Voir par exemple Jr, 10, 22 et 23, 19 ; Ez, 38, 21 et alibi.
23 S. Freud, L’Homme Moïse et la religion monothéiste. Trois essais, trad. C. Heim, Paris, Gallimard, 1993, p. 102 et passim.
24 Georges Pachymérès, Relations historiques, éd. trad. A. Failler, t. III, Paris, Institut français d’études byzantines, 1999, p. 260-261 et suiv.
25 Δίκαιον δὲ βασιλείας τὸ περὶ ταῖς κρίσεσι δίκαιον καὶ ἀδέκαστον, μηδὲ παρατεθραυσμένον ἢ δώροις ἢ χάρισιν, εἴπερ καὶ τιμὴ βασιλέως κρίσιν ἀγαπᾷ, ibid.
26 P. Gounaridis, Τὸ κίνημα τῶν Ἀρσενειατῶν (1261-1310). Ἰδεολογικὲς διαμάχες τὴν ἐποχὴ τῶν πρώτων Παλαιολόγων, Athènes, Domos, 1999, passim. De même, I.-A. Tudorie, « Le schisme arsénite (1265-1310) : entre akribeia et oikonomia », Зборник Радова Византолошког Института, 48, 2011, p. 133-175.
27 I.-A. Tudorie, art. cité, p. 153 et suiv. Voir aussi R. Macrides, « Saints and Sainthood in the Early Palaiologan Period », dans S. Hackel (dir.), The Byzantine Saint, Crestwood/New York, St Vladimir’s Seminary Press, 2001, p. 67-87, 72 et suiv.
28 V. Nicolaïdou-Kyrianidou, « Le corps humain monstrueux comme allégorie du mauvais gouvernement : la politique et la barbe dans l’Acoluthie de Spanos byzantine », dans B. Pérez-Jean et P. Eichel-Lojkine (dir.), L’Allégorie de l’Antiquité à la Renaissance, Paris, Honoré Champion, 2004, p. 437-471, en particulier p. 440 et suiv.
29 P. Gounaridis, op. cit., p. 217 et suiv.
30 I.-A. Tudorie, art. cité, p. 168.
31 Ibid., p. 164.
32 A. Failler, « Le complot antidynastique de Jean Drimys », REB, 54, 1996, p. 235-244.
33 S. Perentidis, « L’empereur né le jour de Pâques. Michel IX Paléologue et la date de la Synopsis minor », dans D. Simon (dir.), Fontes Minores VII (Forschungen zur byzantinischen Rechtsgeschichte, 14), Francfort-sur-le-Main, Löwenklau Gesellschaft, 1986, p. 253-257, avec les extraits des sources.
34 M. Weber, Économie et société, t. 1 : Les catégories de la sociologie, trad. J. Freund, P. Kamnitzer et al., Paris, Plon, 1995 (1921), p. 320 et suiv.
35 Cf. Synopsis minor B, 47 : Ὁ δὲ ἡμέτερος βασιλεὺς [scil. Michel IX] […] ἐν αὐτῇ τῇ τοῦ μεγάλου Πάσχα καὶ τῆς λαμπρᾶς Ἀναστάσεως καὶ κατ’ αὐτὴν τὴν ὥραν ὁπόταν τὸ Χριστὸς Ἀνέστη παρὰ τοῦ ἱερέως ἐξεφωνήθη γεγέννηται, εἰς ἐμφανὲς δὲ δεῖγμα τῆς τοῦ Θεοῦ περὶ τοῦτον φιλοτιμίας καὶ ὧν παρέξει τοῖς Ῥωμαίοις ἀγαθῶν σύμβολον ἐναργέστατον. Cf. S. Perentidis, « L’empereur », art. cité.
36 S. Perentidis, « Le terme “néara” sous les premiers Paléologues », dans Novella constitutio. Studies in Honour of Nicolaas van der Wal, Groningen, Egbert Forsten, 1990, p. 163-176, en part. p. 173, et les n. 52-57. Ajouter : A. Failler, « Pachymeriana ultima », REB, 70, 2012, p. 5-93, 56.
37 B. Kitapçı Bayrı, « Deux logothètes et un empereur. Martyria et propagande impériale à l’époque d’Andronic II Paléologue », dans O. Delouis, S. Métivier et P. Pagès (dir.), Le Saint, le moine et le paysan. Mélanges d’histoire byzantine offerts à Michel Kaplan, Paris, Publications de la Sorbonne, 2016, p. 267-280, en part. ses conclusions p. 279 et suiv.
38 L. Burgmann, P. Magdalino, « Michael VIII on Maladministration. An Unpublished Novel of the Early Palaiologan Period », dans D. Simon (dir.), Fontes Minores VI (Forschungen zur byzantinischen Rechtsgeschichte, 11), Francfort-sur-le-Main, Löwenklau Gesellschaft, 1984, p. 377-390, 386, n. 11, avec les renvois aux sources. Également, D. Angelov, Imperial Ideology and Political Thought in Byzantium 1204-1330, Cambridge, Cambridge University Press, 2007, p. 45.
39 Voir l’analyse de F. Evangélatou-Notara, Σεισμοὶ στὸ Βυζάντιο, op. cit., p. 117 et suiv. et les renvois.
40 D. Angelov, op. cit., p. 30 et n. 6.
41 Ainsi Grégoras, I, p. 202 (éd. L. Schopen et I. Bekker) : ὃν αὖθις ᾿Ανδρόνικος βασιλεὺς, ὁ ἐκείνου παῖς, ὡς εἶχε σχήματος, ἐπεσκευάσέ τε καὶ ἀνεστήλωσε (« aussitôt » et « αὖθις » soulignés ici par moi-même).
42 Ὡς εἰκασμοῖς τισιν ἐντεῦθεν ἐννοίας τινὰς ἀναλεξαμένοις ἐνίοις ἀποπεφάνθαι, μὴ εἰς μακρὰν τῆς τῶν Παλαιολόγων αὐτοκρατορίας ἔσεσθαι τὴν καταστροφήν : Grégoras, II, p. 696 (éd. L. Schopen et I. Bekker). Une autre interprétation pour ce même tremblement de terre l’attribuait aux anathèmes qu’a prononcés le patriarche Jean Kalékas : P. Schreiner, Die byzantinischen Kleinchroniken, no 39, I, Vienne, Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, 1975, p. 83, et III, Vienne, 1977, p. 258. Voir aussi M.-H. Congourdeau, art. cité, p. 159.
43 Ἐδόκει δὲ τοῦτο καὶ παρορᾶσθαι τῷ τέως ἔκ τινος ἀμελείας ἢ καὶ δωροδοκίας τῶν κρινόντων, ὡς αὐτὸς ᾤετο : Pachymère, op. cit., p. 260-261. Voir aussi S. N. Troianos, Ἡ θέση τοῦ νομικοῦ/δικαστῆ στὴ βυζαντινὴ κοινωνία, Athènes, Idryma Goulandri-Horn, 1993, p. 45 et suiv.
44 Δίκαιος Κύριος καὶ δικαιοσύνας ἠγάπησεν : Ps, 10, 7.
45 I. Vassis, Initia carminum byzantinorum, Berlin/NewYork, De Gruyter, 2005, p. 789 (Τὸ τῆς δίκης πῦρ ἐνορῶν). Voir également S. Perentidis, « Un manuscrit de l’Hexabible d’Harménopoulos en la possession de Théodose Zygomalas », dans P. Dimakis (dir.), Μνήμη Γεωργίου Α. Πετρόπουλου (1897-1964), t. II, Athènes, Sakkoulas, 1984, p. 207-228, 212-213. Voir aussi N. Béès, « Ὁ Κωνσταντῖνος Ἀρμενόπουλος καὶ ὁ πόντιος Ἀνδρέας Λιβαδηνός », dans G. Michaélidès-Nouaros (dir.), Τόμος Κωνσταντίνου Ἁρμενόπουλου ἐπὶ τῇ ἑξακοσιετηρίδι τῆς Ἑξαβίβλου αὐτοῦ (1345-1945), Thessalonique, université Aristote de Thessalonique, 1952, p. 366-367.
46 Ἐννοῶν : leçon autographe de Théodose Zygomalas. Alibi ἐνορῶν : « percevant par l’intuition ».
47 Δικαιοσύνη δέ ἐστιν, ἣν ὁ Θεός, δίκαιος ὤν, διαφερόντως ἠσπάσατο και ᾗπερ, ὡς οὐδενὶ τῶν ἄλλων αὐτὸς θεραπεύεται : dans Const. Harmenopuli Manuale legum sive Hexabiblos, éd. G. E. Heimbach, Leipzig, Weigel, 1851 (réimpr. Aalen, 1969).
48 Τὴν δὲ δικαιοσύνην μάλιστα πρὸ τῶν ἄλλων ἀγωνιζόμενος πολιτεύεσθαι : P. G. Nikolopoulos, « Ἀνέκδοτος λόγος εἰς Ἀρσένιον Αὐτωρειανὸν πατριάρχην Κωνσταντινουπόλεως », EHBS, 45, 1981-1982, p. 406-461, 460.
49 P. Magdalino, « Byzantine Churches in Selymbria », DOP, 32, 1978, p. 309-318, 315 et n. 47, suivi par R. Macrides, art. cité, p. 76 et n. 61.
50 Ταύτης [scil. τῆς ἐκκλησίας] γάρ ἐστι κεφαλὴ ὁ Χριστός, οὗ τῦπον φέρων ὁ πατριάρχης καὶ τῷ βασιλικῷ χρίων ἐλαίῳ τοὺς βασιλεύοντας πειθηνίους ἂν τούτους εἰκότως ἔχοι καὶ τοῖς αὑτοῦ θελήμασιν εἴκοντας […]. Πάντως δεῖ καὶ τὸν ὑπὸ τούτου ἁγιαζόμενον καὶ χριόμενον βασιλέα ὡς ἐνδεῆ τῆς τοιαύτης χάριτος ὄντα δοῦλον – καὶ γὰρ παρὰ πατριάρχου λαμβάνει – πείθεσθαι τῇ ἐκκλησίᾳ : éd. P. G. Nikolopoulos, art. cité, p. 461.
51 R. Macrides, art. cité, p. 73-74 et n. 42, citant l’Acoluthie, l’office pour la mémoire d’Arsénios, juste après la mort de Michel VIII. L’Acoluthie est éditée par P. G. Nikolopoulos, « Ἀκολουθία ἀνέκδοτος εἰς Ἀρσένιον Πατριάρχην Κωνσταντινουπόλεως », EHBS, 43, 1977-1978, p. 365-383, 365 et suiv.
52 A. E. Gkoutzioukostas, « Το μολυβδόβουλλο του Μιχαήλ Η΄ Παλαιολόγου ‟Τοῖς ἀθετοῦσι τὴν δίκην τοῦ σεκρέτου…” », Βυζαντινὰ σύμμεικτα, 22, 2012, p. 11-30.
53 A. E. Gkoutzioukostas, « Παρατηρήσεις για την απονομή δικαιοσύνης κατά τους παλαιολόγειους χρόνους: ‟Το βασιλικὸν σέκρετον” », dans V. A. Leontaritou, K. A. Bourdara et E. S. Papagianni (dir.), Ἀντικήνσωρ. Τιμητικὸς Τόμος Σπύρου Ν. Τρωιάνου γιὰ τὰ ὀγδοηκοστὰ γενέθλιά του, Athènes, Sakkoulas, 2013, p. 397-417.
54 Pachymère, op. cit., p. 260 et n. 4.
55 Μακρὰν καὶ διωλύγιον τῷ λαῷ κατετείνετο τὴν δημηγορίαν : Pachymère, op. cit., p. 261-262. Le texte de la harangue : J. F. Boissonade, Anecdota graeca e codicibus regiis, vol. 2, Paris, Typographie royale, 1830, p. 85-106, réédité dans I. Zepos et P. Zepos, Jus Graecoromanum, vol. 1, Athènes, Phexis, 1931, p. 558-568.
56 P. Lemerle, « Le juge général des Grecs et la réforme judiciaire d’Andronic III », dans P. Lemerle et G. Millet, Mémorial Louis Petit. Mélanges d’histoire et d’archéologie byzantines, Paris, Institut français d’études byzantines, 1948, p. 292-316, 294 et suiv. Également, S. Perentidis, « Le terme “néara” », art. cité, p. 171.
57 Καὶ γὰρ ὡς τὸν μέγαν ἐν ἰσότητι κρινοῦσι καὶ τὸν μικρόν, καὶ οὐ λήψονται δῶρον, οὐ λήψονται πρόσωπον, οὐ χαριοῦσι τῇ φιλίᾳ, οὐδέν μεν οὖν προτιμότερόν ποτε τῆς δικαιοσύνης ποιήσονται : éd. J. F. Boissonade, op. cit., p. 93, et I. Zepos et P. Zepos, op. cit., p. 562.
58 E.g. φοβερὸν κριτήριον : cf. Jean Chrysostome, PG, 48, col. 1017 ; de même, ἐπὶ τὸ βῆμα τὸ φοβερὸν, ἐπὶ τὸ κριτήριον τὸ ἀδέκαστον, ἐπὶ τὸν ἀπαραλόγιστον δικαστὴν, ἀνέμνησεν αὐτὸν ἐκείνου τοῦ φοβεροῦ κριτηρίου : Idem, PG, 49, col. 412. Également, Procope, Commentarius in Isaiam, PG, 87, col. 1864, et alibi. Autre synonyme φοβερὸν βῆμα : cf. Jean Chrysostome, PG, 60, col. 411 et PG, 64, col. 1057 ; Théodoret de Cyr, PG, 84, col. 924 et alibi. Et le plus tardif : καὶ κριτήριον ἐκάθισε φοβερόν, par Michel Psellos, Or. 1. Devant le synode, l. 455 (Michaelis Pselli orationes forenses et acta, éd. G. T. Dennis, Stuttgart, De Gruyter, 1994).
59 De la messe de Requiem latine.
60 Ο Θεὸς γὰρ κριτὴς δίκαιος […] Οὐδὲ φοβῇ, φησί, τὸν Θεὸν σύ; : Jean Chrysostome, PG, 49, col. 412.
61 Oἷς δὴ καὶ ὁρκωμοτήσασιν ἦ μὴν ἀδωροδοκήτως καὶ ἀπροσωπολήπτως τὰς κρίσεις ἐκφέρειν ἀπ’ αὐτῆς τῆς αὐτοῦ μητρὸς καὶ δεσποίνης ἄχρι καὶ εἰς αὐτὸν τὸν τυχόντα : Pachymère, op. cit., p. 261-263. En réalité, Andronic a rénové une pratique plus ancienne, supposée tombée en désuétude ; cf. S. Perentidis, « Le terme “néara” », art. cité, p. 171.
62 A. E. Gkoutzioukostas, « Παρατηρήσεις για την απονομή δικαιοσύνης », art. cité. Voir aussi Pachymère, op. cit., p. 262, n. 6.
63 Mt, 25, 31-46.
64 Éd. J. F. Boissonade, op. cit., p. 97, et I. Zepos et P. Zepos, op. cit., p. 564.
65 Καὶ μὴ εἰς μακρὰν διετέλεσεν, ἀλλὰ κατ’ ὀλίγον, κατὰ τὰς μουσικῶν χορδῶν κρούσεις, ἐξησθενηκὼς διεπεφωνήκει : Pachymère, op. cit., p. 263. La traduction est de P. Lemerle, art. cité, p. 295.
66 Ἢ γὰρ ἂν ἐκόπασεν ὁ κλύδων ἐν συναισθήσει γενομένων οἷ κακῶν ὄντες τυγχάνομεν‧ εἰ γὰρ τὰς αἰτίας ἀνεύρομεν ἐκζητήσαντες, πάντως ἂν τοῦ κοινοῦ σάλου ἱλεωσάμενοι τὸν κύριον ἀπηλλάγημεν : Contantino Acropolita, op. cit., Lettre 55, p. 150-151.
67 Ἀλλ’ ἵλεων ἡμῖν ὁ καὶ παραγαγὼν καὶ συνέχων τὸ πᾶν ἐπιβλέψειε καὶ τὴν καταιγίδα εἰς αὔραν στήσειε καὶ πρὸς γαλήνην ἐκ σάλου τὰ ἡμέτερα κυβερνήσειεν : Contantino Acropolita, op. cit., Lettre 56, p. 151.
68 P. Borgeaud, « La crainte des dieux », Asdiwal, 3, 2008, p. 23-39, 23 et suiv., en part. p. 26.
69 Oὐκ ἔστιν αἴτιος των κακῶν ὁ Θεός : Basile de Césarée, PG, 31, col. 329-353.
70 M.-H. Congourdeau, « La société byzantine face aux grandes pandémies », dans E. Patlagean (dir.), Maladie et société à Byzance, Spolète, Centro Italiano di Studi sull’Alto Medioevo, 1993, p. 23-41, 23 et suiv.
71 Ως οὖν εὐεργέτης ὁ ἰατρὸς, κἂν πόνους, κἂν ἀλγηδόνας ἐμποιῇ τῷ σώματι – τῇ νόσῳ γὰρ μάχεται, οὐχὶ τῷ κάμνοντι – οὕτως ἀγαθὸς ὁ Θεὸς, ὁ τὴν σωτηρίαν τῷ παντὶ διὰ τῶν μερικῶν κολάσεων διοικούμενος : Basile de Césarée, PG, 31, col. 333.
72 S. Perentidis, « L’ascèse au sein de la pénitence en tant que rite de passage de l’Église byzantine », dans B. Pérez-Jean et al. (dir.), Les Dialectiques de l’ascèse, Paris, Classiques Garnier, 2011, p. 183-196.
73 Je reprends et complète la définition d’A. Garapon, Bien juger. Essai sur le rituel judiciaire, Paris, Odile Jacob, 1997, p. 149 et suiv. ; voir S. Perentidis, « La femme spartiate sujet de conflit entre Aristophane et les socratiques », dans H. Ménard et al. (dir.), La Pomme d’Éris. Le conflit et sa représentation dans l’Antiquité, Montpellier, Presses universitaires du Mirail, 2012, p. 425-443, en part. p. 438.
74 Remerciements sont dus à Mesdames Florentia Évangélatou-Notara, Calliope Mavrommati, Véronique Mehl, Maria Patera, Jenny Wallensten et à Monsieur Agamemnon Tsélikas.
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008