Chapitre 1. Littérature et politique
p. 332-345
Texte intégral
A. Caractéristiques
1. Une littérature à découvrir
1Longtemps les manuels de littérature ont fait silence sur les dix dernières années du xviiie siècle. Des raisons politiques évidentes ont présidé à cette occultation : refus de la Révolution, mais aussi un certain embarras à saisir une époque où se manifestent en si peu de temps des tendances si diverses. À cela s’ajoutent des raisons esthétiques : cette littérature ne ferait que prolonger le classicisme en l’abâtardissant, ainsi dans le domaine poétique, où l’on se plaît à souligner un contraste entre les thèmes et les formes chez un Marie-Joseph Chénier. Quand elle innove, elle sortirait du domaine de la littérature : un article de journal, un discours, est-ce encore une œuvre ?
2Cependant, une nette évolution se fait sentir dans les ouvrages plus récents. On peut en voir au moins deux raisons. D’abord une meilleure connaissance des œuvres de cette époque, quoiqu’il y ait encore beaucoup à faire. D’autre part, depuis de nombreuses années déjà, la notion de « littérature » a été remise en question. Des recherches sur la littérature populaire, l’« infra-littérature », le journalisme, l’autobiographie et le journal intime ont contribué à étendre le champ de la littérature.
2. Limites chronologiques et géographiques
3Faut-il commencer la Révolution dès 1788, avec les premiers mouvements révolutionnaires en Dauphiné et en Bretagne ? Faut-il l’arrêter à Thermidor ? Nous avons opté pour les limites simples et qui permettent de voir la diversité des conceptions possibles et des formes de la Révolution : 1789, date incontestable, qui n’empêche évidemment pas de remonter aux mois qui précèdent. 1799 : Brumaire, la prise de pouvoir de Bonaparte qui coïncide avec la dernière année du xviiie siècle.
4En dix années se succèdent presque tous les gouvernements possibles de la monarchie à la démocratie, à la dictature. La constitution des Etats-Unis a été votée en 1787 ; cette révolution d’Amérique, qui s’inspire si directement des Philosophes français et à laquelle la France a apporté un appui militaire, devient un exemple. L’année 1789 est marquée par des dates qui, dans l’histoire de la France et dans celle du monde entier, ont vite pris une valeur de symbole : élection des États Généraux, prise de la Bastille, nuit du 4 août, déclaration des Droits de l’Homme (26 août), Journées d’octobre. L’année 1790 est encore une année d’enthousiasme avec la Fête de la Fédération qui commémore le 14 juillet, tandis que l’horizon politique s’assombrit en 1791 avec la condamnation par le pape de la Constitution civile du clergé, la fuite de Louis XVI (20 juin), la fusillade du Champ de Mars (17 juillet). La Constituante se sépare le 30 septembre 1791, pour faire place à la Législative. Des décrets d’octobre et de novembre poursuivent les émigrés et les prêtres réfractaires. La chute de Louis XVI (10 août 1792) est suivie par les sinistres massacres de septembre. Le travail de laïcisation de l’état civil se poursuit. Des victoires des armées révolutionnaires en 1792 : Valmy et Jemappes rétablissent une situation militaire très compromise par la coalition de l’Europe monarchique contre la France révolutionnaire (21 sept. 1792-28 oct. 1795). 1792 est aussi l’année de la proclamation de la République par la Convention. Louis XVI est exécuté le 21 janvier 1793 ; Danton le sera le 5 avril 1794 ; jusqu’à la chute de Robespierre (27 juillet 1794), la guillotine est l’instrument de la Terreur. Ainsi s’explique le sentiment de libération qui s’exprime après sa chute. L’année 1795 est marquée par la réouverture des églises, la suppression du Tribunal révolutionnaire et la fin de la Convention. Cependant s’opposent ceux qui voudraient une forte réaction anti-révolutionnaire et ceux qui désirent une république capable de maintenir les acquis de la Révolution. Le Directoire est une période de grande liberté dans les mœurs, mais non dans la politique. La répression contre les babouvistes est sanglante. Les brillantes victoires du général Bonaparte à la tête des armées révolutionnaires vont lui permettre la prise du pouvoir du 18 et 19 brumaire (9-10 nov. 1799), la constitution de l’an VIII et l’instauration du Consulat. À partir de là, l’Empire se prépare et l’on peut considérer que 1799 marque la fin de la Révolution.
5Ces quelques dates ne sont là que pour rappeler à quelle vitesse les régimes et les idéologies se succèdent. Dans une étude aussi objective que possible, il n’y a pas de raison d’exclure du champ de la littérature des œuvres qui relèvent d’idéologies contradictoires. La littérature antirévolutionnaire fait aussi partie du paysage littéraire de cette époque. S’il y a une littérature ardente et inégale en France, il y en a une, d’ailleurs toute aussi ardente et inégale, chez les émigrés. Rarement les échanges entre la France et l’étranger auront été à la fois si intenses et si dramatiques. Dans le premier temps de la Révolution, de nombreux étrangers viennent en France, par curiosité, par idéal : ainsi Thomas Paine ou Anacharsis Cloots. La Législative donne le titre de citoyens français à Schiller et à Klopstock. Les émigrés, de leur côté, s’ils connaissent de dures périodes, n’en profitent pas moins pour voir jouer Shakespeare en Angleterre ou pour découvrir la littérature allemande. Charles de Villers (1765-1815) a un rôle capital dans la circulation des idées en Europe. Si l’Angleterre n’apparaît plus aux révolutionnaires comme un modèle politique, la littérature anglaise connaît un grand succès avec le roman noir. Après Thermidor sont traduits Les Mystères d’Udolphe d’Ann Radcliffe en 1797, Le Moine de Lewis la même année. Quinze traductions de Werther entre 1776 et 1792 ; on joue en 1792 une adaptation de Schiller : Robert chef des brigands. Les émigrés en Suisse admirent les paysages chantés par Rousseau mais déjà par Gessner et Haller.
3. La prise de parole
6En France, ce qui caractérise les débuts de la Révolution, c’est l’abondance des écrits, l’accès à l’écriture de catégories sociales qui jusque-là se manifestaient peu ou pas. Les hommes politiques deviennent hommes de lettres et vice versa ; l’écrivain ne peut guère s’abstraire de l’événement. La rédaction des Cahiers de doléances est un phénomène qui intéresse l’histoire littéraire autant que l’histoire politique. Dans les campagnes, ces cahiers ont été rédigés par des hommes de lois ou par des curés : les paysans ne savent pas écrire. C’est surtout la bourgeoisie urbaine qui s’exprime par les cahiers, en général assez modérés. Cependant, en ville, les cahiers de corporation permettent d’entendre les voix des artisans. Enfin les cahiers de doléances de corporations féminines (bouquetières, matelassières, etc) sont pleins d’intérêt. Ce n’est pas exactement le langage du peuple que nous entendons dans ces cahiers, mais ils manifestent cependant une extension considérable de l’écriture, et ce qui nous étonne, c’est en général la bonne qualité de ces textes, leur clarté, parfois leur élégance.
7La prise de parole des femmes pendant la Révolution mérite d’être soulignée. Théroigne de Méricourt, Etta Palm, Olympe de Gouges (Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, sept. 1791) s’engagent dans le combat. Certes les femmes ont écrit pendant tout le xviiie siècle, mais ce qui est nouveau, c’est leur prise de parole publique, politique. Cependant, elle est de brève durée ; la Révolution est vite fondamentalement antiféministe. Condorcet est un des rares hommes de cette époque à demander la transformation de la condition féminine et l’accession des femmes à l’activité publique (Sur l’admission des femmes au droit de cité, juillet 1790). Robespierre fait fermer les clubs de femmes (30 oct. 1793) ; Olympe de Gouges et Mme Roland sont guillotinées et la réaction thermidorienne est loin d’être féministe.
4. La liberté d’expression
8Elle avait été déjà fortement réclamée par les philosophes des Lumières et par Malesherbes même. Elle est immédiatement proclamée en 1789, mais n’est vraiment réelle que du 14 juillet 1789 au 10 août 1792. La guerre civile et la guerre sur les frontières sont les prétextes de cette suppression de fait et de droit (lois de décembre 1792 et de mars 1793). Après Thermidor, la liberté de la presse n’est rétablie qu’avec prudence : on redoute tout autant les royalistes que l’extrême gauche. Cependant, la presse est à peu près libre de juillet 1794 à septembre 1797. Le Directoire est répressif : « La liberté de presse était morte, avant même que Napoléon prenne le pouvoir » (J. Godechot). Même si, au total, les périodes de liberté d’expression ont été relativement restreintes, elles n’en sont pas moins capitales et constituent à elles seules une véritable révolution par rapport à l’Ancien Régime. Elles ont permis une abondance extraordinaire dans tous les domaines : journalisme, théâtre, essai.
9Hélas, les périodes de répression ont été nettement plus drastiques pour les écrivains que ne l’avait été l’Ancien Régime. Que d’écrivains, et souvent les meilleurs, trouveront une mort atroce en 1793-1794. Pour ne citer que quelques noms marquants : André Chénier, Condorcet, Chamfort, Cazotte.
5. L’accroissement du lectorat
10La période révolutionnaire se caractérise non seulement par une augmentation du nombre de ceux qui écrivent, mais aussi de ceux qui lisent ou qui écoutent. L’importance du colportage dans les campagnes a été très grande pour la diffusion des idées révolutionnaires. Importants, en particulier les almanachs, les recueils de chansons. (Almanach du Père Gérard de Collot d’Herbois ; Le Chansonnier patriote, Le Chansonnier de la Montagne). Nous reviendrons plus loin (chap. iii) sur le développement de la presse.
11La lecture publique dans les sections révolutionnaires, sur les places, dans les rues, a eu un rôle capital. L’alphabétisation suppose du temps et des moyens financiers : ils ont également manqué à la Révolution. La pédagogie a été un de ses soucis majeurs (projets de Condorcet, de Talleyrand, de Lakanal, de Le Peletier, de l’abbé Grégoire), mais son succès a été plus évident dans le domaine de l’enseignement supérieur (création des Écoles centrales, de l’École normale, du Conservatoire) que de l’enseignement primaire.
12La Révolution a beaucoup fait pour l’élargissement de l’audience du français, pour son extension aux dépens du latin dans les ouvrages savants ou du patois dans les campagnes, enfin à l’étranger, par sa politique militaire et par l’émigration. La multiplication des discours et des journaux, des chansons, des fêtes et des règlements administratifs y a œuvré efficacement. On lui a reproché d’avoir anéanti les langues et les cultures minoritaires, prolongeant d’ailleurs en ceci l’action de la monarchie. L’abbé Grégoire (cf. infra) demande la suppression des patois : dans son esprit, c’est une conséquence logique de la lutte contre la féodalité, les préjugés et de la nécessité d’une communication facile entre les citoyens. La Révolution est centraliste.
B. Débats philosophiques et politiques
1. La Révolution et les Lumières
13Les hommes politiques de la Révolution se sont fortement réclamés des philosophes, encore que ce ne soient pas les mêmes écrivains auxquels ils fassent référence suivant leurs tendances et suivant les circonstances. Une gravure représente Mirabeau aux Champs-Élysées : il y est accueilli par Voltaire, Mably et Rousseau : cette trinité est bien caractéristique du premier temps de la Révolution. Dans ses discours, Robespierre dénoncera, au contraire, la pensée des Philosophes qu’il accuse de façon un peu simpliste d’être athées ; il reproche à Voltaire ses compromissions avec la monarchie et les grands, son anglomanie. Seul Rousseau semble une référence constante au cours de ces dix années et ses cendres seront ramenées en grande pompe au Panthéon. Il est considéré comme un homme du peuple persécuté par l’Ancien Régime. La diversité et la richesse de sa pensée permettent d’en tirer aussi bien les principes d’une monarchie constitutionnelle que ceux de la dictature de la Terreur.
14La fortune de Mably (1709-1785) sous la Révolution s’explique à la fois par l’audace de sa pensée et par le fait que toute cette audace n’apparaît vraiment qu’avec la publication posthume de ses Œuvres complètes, à Londres, l’année même où éclate la Révolution. Il faut attendre 1794-95 pour qu’elles connaissent une réédition à Paris. « Républicain à l’antique », il « sut faire de l’histoire une arme politique ». « Sa critique de l’inégalité sociale lui valut, d’autre part, de devenir, avec Rousseau, l’un des inspirateurs des Jacobins rêvant d’une république de propriétaires égaux » (G. Dulac).
15La question de la filiation de la Révolution aux Lumières est complexe et a été pendant longtemps objet de polémique, tantôt pour exalter les Lumières comme ayant préparé la libération de l’humanité avec la Déclaration des Droits de l’homme, tantôt pour les dénoncer, en particulier Rousseau, comme ayant été invoqué par la Terreur et Voltaire, comme ayant travaillé à la déchristianisation que la Révolution achèverait. Tandis qu’au xixe siècle, la pensée libérale (Mme de Staël, Stendhal) souligne cette filiation pour une exaltation commune de l’idéal démocratique et de la philosophie des Lumières, la pensée de droite tire de cette filiation un argument pour déconsidérer le xviiie siècle. Si l’on essaie d’examiner la question avec une certaine objectivité, on mesure la complexité du débat qui provient du fait que le courant de Lumières, nous l’avons abondamment montré, n’est pas uniforme, et que la Révolution l’est encore moins. Peut-être la complexité provient-elle aussi de ce qu’avec la Révolution les idées brusquement s’incarnent dans des événements qui risquent toujours de ne pas satisfaire pleinement l’intellectuel. Le vocabulaire et les grands thèmes de la Révolution découlent effectivement des textes des Philosophes ; mais il est peu probable que ceux-ci, s’il leur avait été donné de vivre au-delà de 1789, eussent été satisfaits ; leurs disciples, les Idéologues, ont souvent payé de leur vie leur volonté de participer à la politique de leur temps.
2. Les grands mots de la Révolution
16Les mêmes mots servent à des hommes politiques pour lesquels ils ne recouvrent pas la même réalité. Jamais les mots, grâce à la force du discours, n’ont eu un tel pouvoir. La célèbre formule « Liberté, Égalité, Fraternité » en est un exemple avec son bel équilibre ternaire, encore faut-il noter que la Révolution a connu beaucoup de ces formules ternaires, et qu’entre les trois mots célèbres, il n’y a justement pas égalité : on a beaucoup plus insisté sur la Liberté que sur la Fraternité ; l’Égalité est invoquée inégalement suivant les courants politiques. Il est vrai aussi que pour bien comprendre un concept, il faut connaître les circonstances où il a été énoncé. On s’est souvent indigné, par exemple, du caractère « bourgeois » de la Révolution, de son attachement à la propriété privée, qui ne fut jamais supprimée par aucun des gouvernements les plus extrémistes. Mais par rapport aux limitations que la féodalité et l’absolutisme avaient imposées à la propriété, dans un premier temps, réclamer le droit à la propriété pouvait paraître aussi révolutionnaire que réclamer la liberté de presse. Pour la plupart des hommes de la Révolution, le droit de propriété est le fondement de la liberté individuelle. L’égalitarisme économique et l’annonce du communisme ne se trouvent que chez des écrivains qui sont des utopistes ou qui, du moins, ont été durement exclus du pouvoir (S. Maréchal ; Gracchus Babeuf, le martyr de l’Égalité).
17Un mot que les révolutionnaires ne cessent d’invoquer est celui de « Raison », avec le mot de « Nature » qui souvent en est presque le synonyme. Ce que l’on reproche à la monarchie, à la féodalité, à l’Église, c’est d’être contre la Raison et contre la Nature. Il s’agit donc selon les termes de G. Groethuysen, de créer un « État fondé sur le droit, c’est-à-dire sur la Raison ». D’où une tendance à oublier, de façon dangereuse, l’Histoire, alors qu’un Montesquieu, un Voltaire étaient si conscients de son importance. Les premiers révolutionnaires essaient de concilier Histoire et Raison, en préconisant la monarchie constitutionnelle qui tient compte du passé de la France monarchique, mais lui donne une impulsion vers la démocratie en introduisant la représentation. Vite, ils sont dépassés par ceux qui veulent construire un État neuf, qui veulent non des réformes, mais une révolution. Dans ce désir de tout recommencer, on change jusqu’au calendrier, jusqu’aux noms de lieux, jusqu’aux noms des individus que l’on va chercher non parmi les saints, mais parmi les héros antiques.
18Cette exaltation de la Raison a quelque chose de passionnel, d’abord parce qu’elle est une notion de combat, dans un contexte politique particulièrement dur, ensuite parce que pour un homme du xviiie siècle, il n’y a pas opposition entre raison et sensibilité : bien au contraire, elles sont toutes deux filles de la Nature. Rarement on aura vu plus grand débordement de la sensibilité qu’en ces jours de Terreur où pourtant il nous semble qu’elle soit bien hors d’usage : les bourreaux sont bons pères et bons époux.
19La notion de Liberté est elle-même complexe et ce n’est pas toujours de la même liberté que l’on parle. Elle est relativement facile à définir dans les commencements de la Révolution, quand il s’agit de s’opposer à l’absolutisme. Elle devient beaucoup plus difficile à délimiter lorsque l’ennemi menace le territoire, lorsque la famine sévit à Paris, lorsque s’instaure la guerre civile. On se rappelle la terrible phrase du Contrat social : « On le forcera d’être libre ». Que faire de ceux qui n’adhèrent pas à la volonté du peuple, autre expression-clé ? Par une mécanique impitoyable, la Révolution qui avait lutté pour la liberté de l’individu, a été amenée à la supprimer.
20Le lecteur moderne sera peut-être lassé par le caractère répétitif de ce vocabulaire. Il ne faut jamais oublier que derrière ces mots se jouent le destin des hommes et d’un peuple, sinon celui de l’humanité, ne pas oublier non plus que ces mots-clés de la Révolution française ont au xixe et au xxe siècles servi à presque toutes les révolutions de par le monde, et été responsables à la fois de tant de sang versé et de tant de libérations.
3. Les Idéologues. Condorcet
21Un vocabulaire ne constitue pas à lui seul un système philosophique. Les mots permettent le combat, le système philosophique suppose pour être élaboré du temps et une certaine tranquillité : c’est ce qui a manqué aux hommes de cette période. Les Idéologues ont tenté, souvent dans des circonstances tragiques, d’édifier un système de pensée. Ils publient surtout après Thermidor, ils sont les héritiers directs des Philosophes, comme eux ils ne présentent pas une absolue uniformité, mais ce qui fait leur unité, c’est, outre ce désir de rationalité et de méthode, cette foi dans le progrès et un certain nombre de lieux de rencontre où échanger leurs idées (salon de Mme Helvétius à Auteuil, loge des Neuf sœurs, sociétés savantes, enfin, à partir d’avril 1794, une revue : la Décade philosophique, littéraire et politique dirigée par Ginguené).
22Condorcet (1743-1794) est la figure la plus marquante de la philosophie de cette époque. Sa pensée est directement impliquée dans l’événement. Il propose des projets de réforme de la pédagogie, il lutte contre l’esclavage des Noirs, pour la libération des femmes. Il est proscrit, et va bientôt être victime de la Terreur, lorsqu’il rédige en 1793 son Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain et propose une méthode philosophique, tout en retraçant une histoire de l’humanité en neuf époques et en espérant que la dixième à laquelle on arrive apportera « la destruction de l’inégalité entre les nations », « les progrès de l’égalité dans un même peuple », « le perfectionnement réel de l’homme ». Il est bien le fils des Lumières, en ce sens qu’il croit, parfois même avec plus de véhémence qu’eux, en tout cas dans des circonstances plus pathétiques, en la possibilité d’un progrès sans limite, à condition que l’homme sache utiliser totalement les facultés de sa raison et de ses sens, et par le développement des sciences.
23Destutt de Tracy (1754-1836) participe du même courant. Disciple de Condillac, il a formulé le plus méthodiquement les principes de pensée des Idéologues, précisant dans ses Eléments d’idéologie (L’Idéologie proprement dite, 1801) les implications de sa méthode dans tous les domaines : psychologie de la connaissance, linguistique, grammaire, recherche scientifique, et même dans l’analyse des passions (il écrit un De l’Amour que ni Senancour ni Stendhal ne négligeront).
24Dans la mesure où l’Idéologie est essentiellement une méthode, elle s’applique dans les domaines les plus divers, ce qui explique que ce courant de pensée ait été à l’origine d’œuvres multiples. Volney (1757-1820) est un archéologue qui voyage en Syrie et en Égypte (Voyage en Égypte et en Syrie, 1787 ; Les Ruines ou méditations sur les révolutions des empires, 1791) un géographe, un historien et un linguiste. Il pratique des méthodes scientifiques et quantitatives d’analyses. Cependant, c’est la poésie de son style qui a assuré le succès des Ruines et leur influence sur la génération romantique.
25On citera encore parmi les Idéologues, Laromiguière (Éléments de métaphysique ; Leçons de philosophie sur les principes de l’intelligence ou sur les causes et sur les origines des idées), Garat, J.-M. de Gérando (Histoire comparée des systèmes de philosophie). Les Idéologues ont été pour beaucoup dans le développement de méthodes rationnelles en médecine (Cabanis, Observations sur les hôpitaux ; Du degré de certitude en médecine), Bichat (Recherches physiologiques sur la vie et la mort), Pinel (Nosographie philosophique).
26Les Idéologues ont participé avec enthousiasme aux débuts de la Révolution ; ils ont été pour beaucoup dans la réussite des réformes pédagogiques au niveau de l’enseignement supérieur, ont participé à la création des Écoles centrales et de l’École normale. Plusieurs furent victimes de la Terreur ; d’autres eurent un certain pouvoir sous le Directoire, mais furent persécutés par l’Empire. Ils ont été bien injustement oubliés par le romantisme catholique, mais en revanche défendus par le romantisme libéral (Stendhal).
27Ils ont été étroitement liés au progrès des sciences à la fin du xviiie siècle. Condorcet, comme Laplace, Carnot, les naturalistes, Lamarck et Cuvier, illustrent cette période où Buffon est encore également très lu. Il serait abusif d’attribuer à l’Idéologie ce progrès des sciences, comme il serait abusif d’en rendre responsable la Révolution. Disons cependant qu’« Idéologie », révolution et progrès scientifique participent d’un même élan de la pensée qui, dans le sillage des Lumières, croit à la fois à la Raison et au Progrès, et conserve cette foi jusque dans les situations les plus désespérées. L’importance des sciences dans les programmes d’enseignements prévus par la Révolution répond à cette volonté de donner aux jeunes gens une formation rationnelle et axée vers le futur, alors que jusque-là l’essentiel de l’enseignement portait sur la littérature, en particulier latine et sur l’héritage du passé. Il s’agit d’arracher l’éducation aux prêtres, d’organiser un enseignement laïc, point sur lequel les textes de Condorcet sont très fermes (Mémoires sur l’instruction publique, 1792). Cette laïcisation est conçue comme un instrument de libération et d’égalité : le fondement même d’une vraie démocratie.
4. Religion et Révolution
28L’instauration d’un enseignement laïc, la Constitution civile du clergé, les persécutions subies par les prêtres sous la Terreur : voilà les éléments essentiels qui ont permis de présenter la Révolution comme un mouvement anti-religieux, comme un instrument de déchristianisation. Les travaux des historiens nuancent cependant le tableau. On a rappelé (Le Bras, J. Delumeau) que, pour qu’il y ait déchristianisation, encore faut-il qu’il y ait eu véritablement christianisation ; pour beaucoup la pratique religieuse est très formelle à la veille de la Révolution qui, d’une façon paradoxale, a contribué à une épuration de la foi. D’autre part, les persécutions subies par les prêtres ont la plupart du temps été plus politiques que proprement religieuses, l’Église s’étant vite compromise avec la contre-révolution et l’émigration (cf. B. Plongeron). Enfin, il y eut un désir de Robespierre d’instaurer un véritable culte à l’Être suprême. Sans vouloir trancher sur ces difficiles questions, contentons-nous, dans notre perspective d’histoire littéraire, de souligner l’importance des débats religieux dans les textes.
29Le clergé a été souvent favorable à la Révolution dans ses premiers temps. S’il y eut des héros du côté des prêtres réfractaires, tous les prêtres constitutionnels ne furent pas de simples opportunistes : un lent travail de rapprochement entre Lumières et christianisme qui s’était opéré pendant le xviiie siècle, leur semblait trouver son aboutissement dans la Révolution. Parmi les figures dominantes de ce courant, on retiendra l’abbé Grégoire (1750-1831) qui a laissé une œuvre considérable. Député aux États généraux et à la Convention, il a lutté contre l’esclavage dans les colonies. Il refusera, par indépendance d’esprit, par une résurgence de gallicanisme, d’adhérer au Concordat : la rupture du clergé révolutionnaire avec Rome avait aussi ses sources lointaines dans cette tradition d’indépendance de l’Église de France.
30Une religion révolutionnaire sembla vite une nécessité à Robespierre ; plusieurs de ses discours en énoncent nettement les principes, en particulier son Discours sur les rapports des idées religieuses et morales avec les principes républicains (1794). Reprenant les principes du Contrat social, il énonce une doctrine qui se ramène à quelques grandes affirmations : croyance en l’Être Suprême et en l’immortalité de l’âme. La religion sert essentiellement de support à une morale démocratique. La religion de la Révolution, qui reprend volontiers certains thèmes du christianisme, insiste sur le caractère communautaire de l’enseignement du Christ et célèbre le « sans-culotte » Jésus, avait le défaut d’être trop abstraite. Il lui fallait un culte, des rites. Le culte des héros de la Révolution (Bara, Le Peletier, Marat) remplace celui des saints ; les fêtes à l’Être Suprême sont de grandes liturgies collectives, tandis que dans les villages, les cérémonies se substituent à celles du catholicisme et tentent de renouer avec de vieux rites agraires. Cependant, cette religion révolutionnaire ne s’est pas vraiment implantée dans la conscience populaire. Elle n’était pas aussi froide qu’on l’a dit ; mais elle manquait de racines paysannes, elle est un reflet intéressant du syncrétisme religieux qui règne dans les milieux cultivés des villes. On y voit des traces de cet illuminisme qui fleurit sous la Révolution et que l’on retrouve aussi dans la pensée scientifique de l’époque, par exemple chez l’érudit Dupuis, conventionnel, auteur de l’Origine de tous les cultes ou la Religion universelle (an vi), ou chez le néo-pythagoricien Fabre d’Olivet (1767-1825) défenseur de l’Occitanie, orientaliste et musicien.
31La franc-maçonnerie avait au xviiie siècle une dimension religieuse et mystique. Le culte révolutionnaire lui emprunte beaucoup de ses symboles (par exemple le triangle, l’équerre, le soleil, l’œil de la Raison, etc.) La question des rapports de la Révolution et de la maçonnerie a été faussée par la polémique, et très tôt, puisque un Barruel, un Bonald, dénoncent dans le mouvement révolutionnaire un complot maçonnique, ce qui tend à limiter sa portée et qui est historiquement mal fondé. Une communauté d’idéal, de thèmes, de symboles, certes, mais non un « complot » franc-maçon. C’est finalement par leur dimension mystique que Révolution et maçonnerie se rencontrent, plus que par des manœuvres politiques organisées.
32Un des écrivains mystiques et illuministes les plus curieux de cette époque, est Saint-Martin (1743-1803), « théosophe révolutionnaire » qui considère la Révolution comme une épreuve, une période de purification dont sortira un homme nouveau : l’homme-esprit. Ses œuvres, en particulier L’Homme de désir (1790), seront très lues par les romantiques qui y trouveront la charte d’un symbolisme mystique, fécond pour le poète comme pour le philosophe. La pensée de Saint-Martin est révélatrice de l’importance du courant mystique et illuministe sous la Révolution et chez les révolutiohnaires mêmes, tandis que les options politiques du « Philosophe inconnu », et surtout le thème de la Révolution-expiation le rattachent davantage à la Contre-révolution.
5. La Contre-Révolution
33Il serait absurde que l’histoire littéraire, après avoir longtemps privilégié ce courant, en vienne maintenant à le rejeter dans l’ombre, parce qu’elle a découvert l’intérêt proprement littéraire des textes révolutionnaires. Nous aurons, en étudiant la presse, les maximes et les ouvrages de réflexion politique, l’occasion d’évoquer des figures aussi marquantes que celles de Rivarol, de Bonald, de Maistre. L’émigration fournit une part importante de la littérature de cette époque. Il serait très limitatif de ramener la pensée de ces auteurs à la seule défense de leur Dieu et de leur roi, fondamentale cependant chez un Barruel (Mémoires secrets pour servir à l’histoire du jacobinisme, 1798), chez un Bonald (Théorie du pouvoir politique et religieux dans la société civile, 1796), ou un Joseph de Maistre (Considérations sur la France, 1796). Il y a d’autres aspects de leur pensée qui peuvent intéresser ; ainsi chez Bonald une critique de la société bourgeoise, d’inspiration aristocratique certes, mais qui n’en reste pas moins fort perspicace et même prophétique. L’illuminisme de Joseph de Maistre peut séduire, même si l’utilisation de la théorie de la réversibilité des mérites nous choque. La pensée des contre-révolutionnaires est en fait tout aussi diverse, parfois contradictoire, que la pensée des révolutionnaires. Leur situation d’opposants et de victimes a donné à leur groupe une apparente cohérence qui n’exclut pas la diversité. Enfin, le grand talent de polémiste d’un Rivarol, l’incontestable valeur littéraire de l’œuvre de Joseph de Maistre (Soirées de Saint-Pétersbourg, 1821) donnent à leur œuvre une pérennité, par delà l’événement qui l’a suscitée (cf. infra).
C. L’esthétique
1. Le style révolutionnaire
34On a beaucoup reproché aux textes de cette époque leur grandiloquence, leur redondance, leur négligence stylistique. L’Histoire n’a pas laissé aux hommes de cette génération le temps de polir des chefs-d’œuvre. Mais les orateurs, les écrivains possèdent une forte culture, une formation rhétorique (qui remonte aux collèges de l’Ancien Régime où ils ont fait leurs études). Certes on trouvera souvent de l’emphase, un mélange de sensiblerie et de violence qui rend ce style reconnaissable entre tous. Cependant, il y a chez eux un souci de la correction grammaticale (ainsi chez Brissot, à qui Robespierre reproche son purisme, mais le style même de Robespierre est extrêmement correct).
35On a souvent accusé la langue révolutionnaire d’employer des néologismes. Ils nous sont moins sensibles qu’ils ne l’étaient aux contemporains, dans la mesure où ces mots nouveaux sont rentrés dans le vocabulaire courant (« département », « préfet », « lycée », « école primaire »). Ce goût du néologisme répond à la volonté d’instaurer un monde nouveau (calendrier, poids et mesures). Il y a chez l’abbé Grégoire un enthousiasme digne de la Renaissance, lorsqu’il préconise l’enrichissement de la langue par le néologisme, la dérivation, les emprunts aux langues étrangères ; si le vocabulaire fut incontestablement enrichi par la Révolution, la syntaxe ne fut pas ébranlée. Au total le bilan est positif (S. Mercier, Néologie ou Vocabulaire des mots nouveaux, à renouveler ou pris dans des acceptions nouvelles, 1801).
2. Le modèle antique
36On a vu déjà combien il était important dans la pensée et dans l’art d’un Rousseau. Les révolutionnaires recourent à l’Antiquité, surtout romaine, comme à un exemple quelque peu mythique de démocratie et de vertu. Les Anciens leur offrent un modèle politique, mais aussi un contre-modèle religieux, leur paganisme apportant un contrepoids à la tradition chrétienne. Les héros antiques sont très présents aussi bien dans les discours que sur la scène lyrique. Cette suprématie de l’Antiquité va renforcer une tendance qui était déjà celle du style Louis XVI : le néo-classicisme, aussi bien dans les arts plastiques que dans la poésie. On a pu s’étonner que pour exprimer des « pensers nouveaux », les révolutionnaires recourent à des formes antiques : c’est mal comprendre le néo-classicisme que d’y voir un mouvement rétrograde. Il s’agit, en recourant à l’Antiquité, d’y puiser un modèle d’énergie qui permette de se projeter vers le futur, de se régénérer en renonçant à des raffinements inutiles, à un luxe malsain lié à l’Ancien Régime.
3. L’union des arts
37Certes les fêtes de Versailles réunissaient déjà décorateurs, musiciens et poètes, mais les fêtes révolutionnaires ont une autre portée, dans la mesure où elles visent un autre public : le Peuple, la Nation tout entière, pour laquelle il faut mobiliser tous les artistes. C’est souvent autour de l’organisation de ces grandes fêtes révolutionnaires que s’est concrétisée cette collaboration des arts, si importante pour l’impact idéologique et pour l’esthétique de la Révolution. David fut le grand peintre de cette époque et le grand ordonnateur de ces fêtes. Son art tendu et héroïque, son classicisme épuré sont bien caractéristiques. Les fêtes révolutionnaires ont favorisé la collaboration de musiciens (Gossec, Catel, Méhul, Chérubini, Lesueur, Rouget de Lisle, Devienne, Grétry) et de poètes (cf. infra) dans le développement de formes comme l’hymne ou l’ode, tandis que cette union entre parole et musique s’opère quotidiennement grâce à la chanson.
Bibliographie
• Généralités
Lumières et Révolution, xviiie siècle, 1974 n° 6 – Au tournant des Lumières, xviiie siècle, 1982, n° 14. – Cahiers de doléances des États généraux, prés. P. Goubert et M. Denis (Julliard, 1964). – Cahiers de doléances des femmes (Des femmes, 1989). – La Carmagnole des muses, l’homme de lettres et l’artiste sous la Révolution, dir. J.-C. Bonnet (Colin, 1988). – Images de la Révolution, Actes l’du Colloque Sorbonne, dir. M. Vovelle (Publ. Sorbonne, 1988). – La Révolution française, Colloque Sorbonne, 1989, éd. M. Vovelle (Pygmalion Press, 1989). – Robespierre and C°, séminaires de l’Université de Bologne, éd. Campagnoli (CLUEB, 1987 et sq.). – B. Baczko, Comment sortir de la Terreur : Thermidor et la Révolution (Gallimard, 1989). – R. Chartier, Les Origines culturelles de la Révolution française (Seuil, 1990). – R. Darnton, Bohème littéraire et Révolution (Gallimard-Seuil, 1983). – DE Certeau (et al.), Une politique de la langue, la Révolution française et les patois (1975). – B. Didier, La Littérature de la Révolution française (P.U.F., « Que sais-je ? », 1988). – B. Didier, Écrire la Révolution (P.U.F., « Écriture », 1989). – F. Furet, Penser la Révolution française (Gallimard, 1978). – G. Gengembre, À vos plumes citoyens (Gallimard, 1988). – J. Godechot, Les Révolutions (P.U.F., 1970). – P. Gascar, Les Écrivains de la Révolution (Gallimard, 1989). – B. Groethuysen, Philosophie de la Révolution française (Gallimard, 1982). – Cl. Manceron, Les Hommes de la liberté, 4 vol. (Laffont, 1972). – J. Michelet, Histoire de la Révolution française, 2 vol. (Gallimard, « Pléïade », 1952). – B. Plongeron, Conscience religieuse et révolution (Picard, 1969). – A. Soboul, La Civilisation de la Révolution française, 3 vol. (1970-1983). – A. Soboul, Dictionnaire historique de la Révolution française (P.U.F., 1989). – J. Starobinski, 1789. Les Emblèmes de la Raison (Flammarion, rééd., « Champs », 1979). – A. DE Tocqueville, L’Ancien Régime et la Révolution (Gallimard, rééd., « Idées »). – J. Tulard, Histoire de France (dir. J. Favrier). Les Révolutions (Fayard, 1985). – Vovelle (M.), La Mentalité révolutionnaire (Éd. sociales, 1985).
• Mably
Mably, Des droits et des devoirs du citoyen, éd. J.-L. Lecercle, 2 vol. (Didier, 1972). – B. Coste, Mably, pour une utopie du bon sens (Klincksieck, 1976).
• Condorcet
Condorcet, Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain, éd. Y. Bélaval (Vrin, 1970). – Condorcet, Discours. La société des amis des noirs (Éd. Sociales, 1968). – Manuscrits de la Révolution française, II, P. U.V., 1992. – E. et R. Badinter, Condorcet (Fayard, 1988). – B. Baczko, Une éducation pour la démocratie : traités et projets de l’époque révolutionnaire (Garnier, 1982). – K. M. Baker, Condorcet. Raison et politique. (Hermann, 1988). – M. Crampe-Casnabet, Condorcet lecteur des Lumières (P.U.F., 1985). – J. Dagen, L’Histoire de l’esprit humain de Fontenelle à Condorcet (Klincksieck, 1977). – K. Kintzler, Condorcet, l’instruction publique et la naissance du citoyen (Le Sycomore, 1984).
• Religion
B. Plongeron, Conscience religieuse en révolution (Picard, 1969). – B. Plongeron, L’Abbé Grégoire ou l’Arche de la Fraternité (Letouzey et Ane, 1989). – M. Vovelle, Religion et Révolution : la déchristianisation de l’an II (Hachette, 1976).
• Volney et les Idéologues
Volney, Œuvres, 2 vol. (Fayard, 1989). – Volney, Les Ruines (Slatkine, 1979). – Volney, Voyage en Égypte (Mouton, 1959). – J. Gaulmier, L’Idéologue Volney (rééd. Slatkine, 1980). – J. Gaulmier, Un grand témoin de la Révolution et de l’Empire : Volney (Hachette, 1959). – G. Gusdorf, La Conscience révolutionnaire. Les Idéologues (Payot, 1980). – S. Moravia, Il pensiero degli Idéologues (Florence, La Nuova Italia, 1974). – M. Régaldo, Un milieu intellectuel : La Décade philosophique, 1794-1807 (Champion, 1976).
• Mystiques
Gnostiques de la Révolution, I : Saint-Martin ; II, Fabre d’Olivet, éd. A. Tanner (Paris-Fribourg, Egloff, 1946). – F. A. Mesmer, Le Magnétisme animal, éd. Amadou (Payot, 1971). – L.-Cl. Desaint-Martin, L’Homme de désir (U.G.E., 10/18, 1973). – L. Cellier, Fabre d’Olivet. Contribution à l’étude des aspects religieux du romantisme (Nizet, 1953). – P. Chevalier, Histoire de la franc-maçonnerie française, I. La maçonnerie école de l’égalité, 1725-1799 (Fayard, 1974). – R. Darnton, La Fin des Lumières. Mesmérisme et Révolution (Perrin, 1984). – D. Ligou, Franc-maçonnerie et Révolution (Chiron, 1989). – A. Viatte, Les Sources occultes du romantisme (Champion, 1928, rééd. 1969)
• La Contre-Révolution
Bonald, Théorie du pouvoir politique, extraits (U.G.E., 10/18, 1965). – J. DE Maistre, Considérations sur la France (Garnier, 1980). – F. Baldensperger, Le Mouvement des idées dans l’émigration française 1789-1815 (Plon, 1924). – G. Gengembre, La Contre-Révolution ou l’histoire désespérante (Imago, 1988). – J. Godechot, La Contre-Révolution. Doctrine et action (P.U.F., rééd. 1984). – J. Gritti, Bonald, la Révolution française et le réveil religieux (Bloud et Gay, 1962). – R. Triomphe, Joseph de Maistre. Étude sur la vie et la doctrine d’un matérialiste mystique (Genève, Droz, 1968). – Les Résistances à la Révolution, Actes du colloque de Rennes, éd. F. Lebrun et R. Dupuy, sept. 1985 (P.U. de Rennes, 1987).
• Fêtes révolutionnaires
Modèles antiques et préromantisme par B. Baczko, J.-P. Bouillon, A. et J. Ehrard, J. Joly, L. Pérou, J. Rangy (Clermont, Fac. Lettres, 1969-71). – Fêtes révolutionnaires, Colloque Clermont (Soc. Études robespierristes, 1977). – Y.-M. Bercé, Fête et révolte : des mentalités populaires du xvie au xviiie siècles (Hachette, 1976). – M. Ozouf, La Fête révolutionnaire (Gallimard, 1976). – M. Vovelle, Les Métamorphoses de la fête en Provence de 1750 à 1820 (Aubier-Flammarion, 1976).
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Histoire de la littérature française du XVIe siècle
2e édition actualisée
Michel Bideaux, Hélène Moreau, Gilles Polizzi et al.
2004
Histoire de la littérature française du XVIIIe siècle
Deuxième édition actualisée
Béatrice Didier
2003
Histoire de la littérature française du XXe siècle, t. I
1898-1940
Jean-Yves Debreuille, Francine Dugast-Portes et Christine Hamon-Siréjols Michèle Touret (dir.)
2000
Histoire de la littérature française du XXe siècle, t. II
Après 1940
Bruno Blanckeman, Jean-Yves Debreuille, Francine Dugast-Portes et al. Michèle Touret (dir.)
2008
Histoire de la littérature française du XIXe siècle
2e édition actualisée
Alain Vaillant, Jean-Pierre Bertrand et Philippe Régnier
2007