Le chiffre aux « Isles »
Les recensements de population sous l’Ancien Régime dans les sociétés coloniales et esclavagistes
p. 77-88
Texte intégral
« J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint le récensement pour la population & la culture de cette colonie pendant la présente année. En comparant ce tableau avec celui de 1788, vous verrés avec plaisir Monsieur le Comte, une augmentation considérable sur le nombre des esclaves, & une grande diminution sur celui des morts. La population des blancs & libres a également augmenté ; le nombre même des bestiaux s’est accrû assés considérablement. Il résulte que la colonie a pris, au total, assés d’accroissement1. »
1L’intendant de la petite île caribéenne de Sainte-Lucie alors intégrée à l’empire colonial français, comme nombre de ses prédécesseurs et homologues contemporains, semble profiter de l’envoi d’un courrier contenant le recensement annuel de la population pour tenter d’accroître son crédit auprès du ministre de la Marine. Le tableau contenant les effectifs de la population, mais aussi les moyens de production, subsistance et défense de l’île est utilisé par l’intendant, en charge des affaires civiles de la colonie, afin de justifier de son bon gouvernement. Si les mécanismes de recherche du crédit, à l’œuvre dans ce genre de correspondances entre membres de l’administration royale, sont bien connus des spécialistes de l’Ancien Régime2, l’objet sur lequel Le Quoy de Montgiraud s’appuie pour s’attirer la faveur de ses supérieurs n’a que rarement bénéficié de l’attention des historiens. La matière riche renfermée dans les colonnes des tableaux de ces recensements coloniaux, dressés dès les prémices de la colonisation et dans l’ensemble de l’empire colonial français3, a naturellement fait de ces documents des sources privilégiées de l’écriture de l’histoire sociale ou économique des territoires coloniaux. Mais le fort cloisonnement de l’historiographie de l’État et de l’administration, entre espaces coloniaux et métropolitains, n’a permis qu’une prise en compte marginale de ces objets dans le développement des études sur la statistique et le gouvernement par les nombres4.
2Ces recensements sont pourtant de véritables objets statistiques dont la fabrique, les usages et les circulations débordent largement les sphères purement administratives. Leur étude nous permet non seulement de mieux saisir le fonctionnement de l’État outre-mer et la relation qu’entretient le pouvoir royal absolutiste avec ses sujets lointains et coloniaux, mais s’avère aussi fructueuse pour qui s’intéresse à la fabrique et aux usages des chiffres. Ils constituent en effet un excellent prisme d’observation et de réflexion, tant du fait de leur antériorité chronologique à la rigidification disciplinaire et méthodologique de la statistique, que de leur application pour gouverner des hommes et des espaces perçus comme « autres » et différents, car coloniaux. Ils permettent de faire un pas de côté vis-à-vis de la longue histoire de l’invention de l’abstraction et de l’objectivation statistique et d’apporter une contribution à la réflexion sur l’autonomisation et le développement de la statistique comme science de gouvernement, liée au développement des États-nations, pensés comme « modernes ».
3La problématique qui traverse l’ensemble des contributions de cet ouvrage, la distinction entre chiffres privés et chiffres publics, n’est néanmoins que difficilement saisissable avant la rupture révolutionnaire. Sous l’Ancien Régime, et ce comme dans les provinces du royaume, les hommes qui servent le roi aux colonies sont pris dans des logiques à la fois de clientèle, liées à des réseaux interpersonnels, et de carrière au service de l’État et du roi5. Surtout, l’État n’est pas encore, au tournant du xviiie siècle, doté d’un service officiel de production de statistiques, comme ce sera le cas quelques décennies plus tard avec la naissance de la Statistique générale du royaume, pilotée par Alexandre Moreau de Jonnès dès 18286. Les populations des sociétés coloniales sont donc dénombrées et mises en tableau de « l’intérieur », sans qu’intervienne un groupe d’agents experts, rompus à la levée de données statistiques. On ne trouve ni agents recenseurs, ni même une véritable « méthode » pour recueillir ces chiffres, utilisés ensuite par les pouvoirs locaux et métropolitain pour l’administration des colonies. Les résultats de ces enquêtes démographiques ne font pas non plus l’objet d’une publication, imprimée et officielle, paraissant à un rythme régulier, soutenue ou voulue par l’État ou l’un de ses services. L’absence de ces éléments caractéristiques de la pratique ultérieure d’une statistique publique, ne doit pas pour autant déqualifier l’usage de ces catégories de « chiffres publics » et de « chiffres privés » dans un tel contexte7.
4Nous nous proposons plutôt ici d’explorer le double paradoxe énoncé précédemment : pourquoi et comment l’État royal est amené à produire annuellement, aux colonies, des chiffres concernant la population, alors qu’il faut attendre le règne de Napoléon pour que celle de la métropole soit dénombrée intégralement et à un rythme régulier ? Quels sont les effets de cette mise en chiffres de la société, notamment dans les îles antillaises qui sont des sociétés coloniales et esclavagistes ? Comment l’existence de ces données chiffrées sur les populations coloniales peut nous conduire à repenser la frontière entre chiffres privés et chiffres publics ?
Aux origines d’une pratique statistique menée par l’État
5Il est difficile, compte tenu des lacunes et de l’état de conservation des fonds archivistiques qui nous sont parvenus, de dater avec précision l’origine de la pratique du recensement colonial dans l’empire français. Il est néanmoins intéressant de tenter de comprendre les fondements de cette pratique statistique. Il ne s’agit pas ici de rechercher la trace, souvent illusoire, du premier document qui entrerait dans les acceptions actuelles de ce que l’on pourrait qualifier de « recensement ». Encore faudrait-il, pour cela, en énoncer une définition, qui serait sans doute anachronique et ne comporterait que peu d’intérêt. Les premières occurrences d’enquêtes démographiques menées dans l’empire colonial semblent cependant avoir eu lieu au moment même où les bases de celui-ci étaient jetées dans la Caraïbe.
6Un document daté de 1635 donne ainsi pour instruction aux commis et écrivains de la Compagnie des Isles de l’Amérique, la compagnie à charte en charge de la prise de possession de ces territoires pour le compte du roi de France8, d’avoir soin de dénombrer la population autochtone dès leur arrivée, puis de tenir « un registre séparément du nom, âge, lieu de la naissance de ceux qui arriveront par cy-après dans l’isle en laquelle ils habiteront9 ». Si Jacques Dupâquier et Éric Vilquin notaient déjà l’antériorité de l’idée d’un dénombrement à celui de la colonisation effective – l’instruction fut donnée avant le départ du navire – il est fait peu de cas des raisons qui l’auraient motivée10. On peut voir dans cette « instruction » le lien important existant entre le dénombrement et l’établissement d’une société nouvelle, qui passe par la soumission des populations autochtones. Les commis et écrivains sont en effet chargés de prendre physiquement possession des îles concernées, puis d’œuvrer à leur rattachement à la souveraineté royale et à la chrétienté en faisant arborer les armes du roi et la croix. Le dénombrement intervient théoriquement ensuite, une fois obtenue l’allégeance des populations autochtones locales. L’ensemble de ces opérations devra être retranscrit dans un « procès-verbal », expédié vers la métropole. Dans un deuxième temps, il leur est demandé de tenir un registre courant, nominatif des nouveaux arrivants. La production de chiffres participe donc, en tout cas symboliquement, de la prise de possession, puis du démarrage du processus de colonisation des îles caribéennes.
7Si, en l’absence de sources, on ne peut savoir si elle a été suivie d’un recensement effectif, il est cependant frappant de constater que cette « instruction » n’émane pas directement du pouvoir royal, mais des directeurs de la compagnie à charte ayant obtenu l’aval du pouvoir royal pour s’établir et coloniser ces territoires, ici la Martinique. L’entreprise de colonisation est donc menée par des acteurs au statut complexe, à la fois investisseurs privés dotés d’un monopole pour explorer, coloniser et commercer dans ces territoires outre-mer et agissant pour le compte de la Couronne grâce à une dévolution de son pouvoir politique. Les sources ne nous permettent pas d’établir explicitement si la demande de chiffres émane du pouvoir royal ou, au contraire, de l’initiative propre des directeurs de la Compagnie, qui pourraient avoir utilisé ces chiffres pour prouver le bon déroulement de l’entreprise qui leur a été confiée via l’octroi d’une charte et de privilèges liés. Il est cependant notable que les outils mobilisés pour lever le dénombrement originel, puis pour veiller à la mise à jour régulière des chiffres, ne sont guère différents de ceux maniés quotidiennement par des négociants et commerçants, aguerris aux techniques de comptabilité11. Tableaux, registres courants détaillant entrées et sorties, sont autant d’instruments familiers entre les mains de ces commis et écrivains évoqués par l’instruction de mars 1635. C’est donc à partir d’un savoir pratique, venu du négoce, que se fabriquent les premiers recensements coloniaux français. Point d’innovation donc, quand bien même l’État en serait à l’initiative. Les chiffres sont levés et actualisés sans que leur objet (la population, des individus) ne commande un traitement technique différent de celui accordé aux flux de denrées et marchandises qui entrent et sortent des entrepôts de la Compagnie.
8Ce n’est qu’une trentaine d’années plus tard, au début des années 1660 que l’on trouve à nouveau une trace archivistique, beaucoup moins ténue cette fois-ci, de la pratique d’un recensement dans tous les territoires qui ont le statut de colonies12. L’État, avant même la fin du régime d’administration indirecte qu’incarnaient les compagnies à charte, semble s’être approprié l’outil et en avoir raffiné la technique et les usages afin d’en faire un véritable instrument de gouvernement, qui dépasse la simple production de chiffres, actualisés régulièrement, pour fournir un état des lieux.
Fabriquer des chiffres qui classent
9À partir de la seconde moitié du xviie siècle, la pratique d’un recensement régulier, théoriquement annuel, semble s’être imposée aux colonies, tant aux Antilles qu’en Nouvelle-France. Si le nombre des habitants demeure modeste dans les îles caribéennes sous souveraineté française (par exemple on compte 21 640 habitants sur l’île de la Martinique en 170013, libres et esclaves compris ; et 10 456 habitants à la Guadeloupe en 1699, libres et esclaves compris14), comparativement à une province du royaume, les implantations premières comme celles décrites dans l’instruction de 1635 ont laissé place à de véritables sociétés coloniales. Les recensements levés dans ces sociétés sont donc à la fois des outils d’énumération et de production de chiffres, mais aussi de catégorisation des populations.
10Ces « Isles françoises de l’Amérique » (Saint-Domingue, la Martinique, la Guadeloupe et différentes petites îles antillaises comme Sainte-Lucie ou Tobago, qui voient se succéder différents régimes de souveraineté, dans les empires français, anglais ou espagnol), comme les désignent les sources de l’époque, ont pour particularité et pour point commun de concerner des sociétés à la fois coloniales et esclavagistes. Les enquêtes de populations qui y sont menées agrègent donc des données sur des populations à la fois libres et esclaves, blanches et noires, caraïbes15, européennes ou créoles. L’opération statistique ordinairement à l’œuvre dans la fabrique d’un recensement permet une abstraction et une généralisation à partir de relevés tirés d’enquêtes auprès des individus16. Dans le contexte qui nous intéresse, elle induit la prise en compte et la mise sur un pied d’égalité, du moins mathématique, de tous. Les esclaves sont comptés comme « un », au même titre que leurs maîtres blancs et ce, alors même que les esclaves étaient considérés comme des « biens meubles » par le Code noir17. Contrairement au cas américain18, où l’opération statistique est discutée et où, pour établir la représentation politique au Congrès, les non-libres américains après 1787 ne comptent que pour 3/5 des libres, cette égalité statistique théorique ne pose ici pas de problème. En effet, la manière dont les chiffres sont fabriqués ne vient pas bouleverser l’ordre social colonial : ce sont les propriétaires qui déclarent eux-mêmes leurs esclaves, annuellement. À partir de 1763, alors que le pouvoir royal entreprend de multiples réformes dans l’empire, en réponse à sa défaite lors de la guerre de Sept Ans et de la perte de la Nouvelle-France, le processus de recensement est uniformisé dans l’ensemble des colonies antillaises. Les chiffres demeurent construits à partir de l’auto-déclaration des maîtres qui remplissent un feuillet composé de quatre pages : la première est réservée à l’énumération des membres du foyer, libres, tandis que les pages suivantes sont réservées au dénombrement des esclaves qu’ils possèdent. L’opération statistique ne concède ici aux esclaves que l’inclusion dans la colonne « total des âmes », dans le tableau final, où ne figurent plus que des chiffres. Les personnes noires, mais libres, appelées « gens de couleur libres » ou simplement « libres de couleur » sont, quant à elles, alors dénombrées dans une colonne intermédiaire, entre celle des blancs et celle des esclaves.
11Si l’historiographie a souligné l’importance de la négociation dans l’enregistrement statistique en contexte colonial et l’appropriation qui pouvait avoir lieu du processus de recensement ou de ses résultats par des populations dominées19, la façon dont sont conduits les recensements coloniaux français d’Ancien Régime ne permet pas de phénomènes semblables. En ne faisant pas intervenir un agent extérieur à la société recensée – comme le fait le pouvoir royal pour dresser des cartes ou un cadastre par exemple – mais en s’appuyant plutôt sur des auto-déclarations, contrôlées et compilées par la suite par des agents du pouvoir colonial, le processus de recensement n’agrège pas des individus, un par un, qui seraient classés et reconnus comme appartenant à une catégorie de population par l’agent recenseur, mais considère plutôt les individus pris dans une entité plus large, celle de la cellule familiale ou du foyer au sens large pour les membres libres, femme, enfants ou parents du propriétaire qui déclare, et celle de la plantation pour les esclaves. L’opération de dénombrement ne pénètre donc pas véritablement la sphère privée, bien que des vérifications soient rendues possibles après 1766 par une législation autour du recensement de plus en plus coercitive. Le pouvoir royal tente d’imposer la possibilité de faire vérifier, par ses agents, les déclarations préalablement établies, en visitant les habitations, afin d’endiguer les fraudes – sans aucun doute massives, car le dénombrement servait aussi à prélever un impôt par tête payé sur les esclaves, la capitation – quant au nombre des esclaves déclarés20. En maintenant la médiation de la déclaration d’un maître ou d’un chef de foyer, l’État ne cherche pas à percevoir les individus en tant que tels, mais plutôt à mesurer le poids démographique de chaque groupe. L’individu n’est pas compté pour lui-même, mais comme appartenant à un ensemble plus large, dans lequel il compte « un » parmi ses semblables.
12La possibilité pour un individu – ou un groupe, qui n’est pas reconnu comme tel par l’État dans le recensement – de s’emparer du processus est donc ténue. Les individus qui sortent du groupe initial auquel ils ont été assignés pour le dénombrement ne sont donc pas véritablement considérés individuellement. Ainsi, lorsqu’un esclave partait en marronnage, il demeurait déclaré « marron » sur le feuillet de dénombrement de son ancien maître, jusqu’à ce qu’il soit à nouveau capturé ou reconnu comme mort. De même, les tableaux de recensements antillais de la seconde moitié du xviiie siècle ventilent systématiquement la population en trois catégories régies par la race : « blancs », « libres de couleur » et « esclaves », qui sont ensuite subdivisées selon le sexe, l’âge ou parfois l’occupation et la naissance (créole ou européen), pour les blancs uniquement. Paradoxalement, la catégorie esclave apparaît comme lisse, homogène, et n’est subdivisée que par des catégories correspondant au sexe ou à l’âge des individus. La vision des sociétés coloniales antillaises offerte par ces recensements contraste radicalement avec celle de la littérature de voyage ou des récits et « histoires de colonies » de la seconde moitié du xviiie siècle. Dans les catégories assignées par l’État royal ne transparaissent pas les débats et inquiétudes liées au sang et à la race qui agitent pourtant la société, tant métropolitaine que coloniale21. L’exemple le plus connu et le plus éloquent de ce phénomène est la hiérarchisation en cent vingt-huit catégories du métissage entre noir et blanc faite par Médéric Louis Élie Moreau de Saint-Méry22. Ce faisant, l’État royal, en recensant ses colonies, opte pour une grille de lecture et d’organisation de la société parmi d’autres. Cette grille impériale coexiste avec d’autres, employées simultanément et de manière interchangeable pour catégoriser les populations et les individus. Ainsi, disparaissent complètement dans le tableau général de recensement d’une colonie les catégories de « noble » ou « membre du clergé », effacées non pas par l’opération statistique qui gommerait les caractéristiques individuelles pour ne voir que la moyenne de la masse, mais bien par la volonté du pouvoir royal. Davantage peut-être qu’un aperçu précis de la société recensée – on a ici un ordre de grandeur plutôt qu’un chiffre précis à l’échelle de l’individu, ce qui ne disqualifie pas pour autant ces documents comme sources – ces recensements nous révèlent la vision, utopique, que pose l’État sur ces sociétés coloniales et qu’il voudrait performative. Le processus de levée des chiffres, qui classe la population, l’emporte sur l’exactitude numérique.
Un monde de chiffres
13L’État royal maintient durant tout l’Ancien Régime cette pratique du recensement colonial. À partir des années 1730-1740, le rythme annuel du recensement devient une réalité dans la majorité des territoires coloniaux. En dehors des périodes de guerre, où le papier, la main-d’œuvre et le temps viennent à manquer pour procéder à l’énumération, chaque colonie fait remonter au ministère de la Marine les chiffres de sa population. Les usages, tant locaux que métropolitains, se multiplient après 1763, tandis que se renforce le lien entre recensement et imposition23.
14Cette fabrique régulière de statistiques démographiques, utiles au gouvernement impérial, ne doit pas occulter l’existence simultanée d’une production chiffrée émanant d’autres acteurs. Le pouvoir royal a, aux colonies comme en métropole, confié l’enregistrement des baptêmes, mariages et sépultures, c’est-à-dire, en fait, du mouvement de la population, aux mains de l’Église. Si la mainmise de l’Église sur la tenue des registres paroissiaux a longtemps été perçue par l’historiographie comme une faiblesse du pouvoir royal, pensé comme incapable d’organiser en métropole des recensements exhaustifs et réguliers, il est nécessaire de repenser cette concurrence sans opposer radicalement les productions chiffrées issues des administrations royales et ecclésiastiques. La tenue des registres paroissiaux est, en métropole comme aux colonies, supervisée par le pouvoir royal, qui légifère régulièrement pour lutter contre l’incurie qui règne dans certaines paroisses24. Le pouvoir royal va même jusqu’à créer un Dépôt des papiers publics des colonies en juin 1776, où sont censées être envoyées régulièrement les copies des registres paroissiaux coloniaux25. Si l’État n’est pas le seul à compter, il surveille et utilise les chiffres produits par d’autres institutions. C’est le cas en 1772 lorsque l’abbé Terray, contrôleur général des Finances du royaume demande aux intendants de lui adresser des relevés du mouvement de la population à partir des registres paroissiaux26.
15Concernant le nombre des esclaves, qui fait l’objet de nombreuses fraudes dans les recensements d’après les administrateurs27, il est évident qu’une double comptabilité de chiffres privés et publics coexiste : d’une part, les chiffres déclarés par les maîtres dans leur aveu annuel de dénombrement, pour servir, entre autres choses, de base à l’assiette fiscale ; d’autre part, une comptabilité privée, tenue sur la plantation, à des fins de bonne gestion de leurs affaires. Les papiers de gestion de plantation ne nous sont parvenus que de manière lacunaire. On trouve cependant trace de cette concurrence chiffrée pour le décompte des esclaves dans un fonds conservé aux archives départementales de Loire-Atlantique à Nantes28. Un dossier renferme à la fois un feuillet de dénombrement de l’habitation Duquesnot à Saint-Domingue, sise « dans la paroisse Sainte Roze de Léoganne », daté de 174929, et plusieurs listes et tableaux d’esclaves dressés par le procureur de l’habitation pour tenir informé le propriétaire absentéiste, resté en métropole, ou pour suivre au près l’évolution de la plantation. Les chiffres produits dans le privé de la plantation, et faits pour y rester, puisque destinés à son administration interne, dévoilent d’autres priorités que les déclarations fournies à l’administration dans le but d’établir un recensement. Les esclaves sont catégorisés en fonction de leurs compétences (« commandeur », « tonnelier », « charpentier »…) ou de leur capacité à travailler (cette distinction se fait par l’âge et par l’emploi de catégories distinguant enfants et adultes « nègres », « négrillons » et de la catégorie « infirmes »)30. On trouve aussi un « État des nègres et bestiaux de l’habitation des dammes veuves Dubreuil et Dufort, ce 10 juin 1767, comprenant pertes et acquisitions jusqu’en 177331 ». L’État n’est donc pas le seul producteur de chiffres : ceux qu’il parvient à lever pour le recensement annuel semblent d’ailleurs sciemment faussés, comme en atteste la minutieuse comptabilité des esclaves sur les habitations possédées par les Galbaud du Fort. S’il est difficile de généraliser à l’ensemble des plantations de la Caraïbe française, il semble que ce genre de dénombrement ou « état des esclaves » soit assez fréquent, sous forme de liste ou de tableau32. L’administration impériale cherche d’ailleurs à contrôler cette production chiffrée privée par le biais des économes, en imposant la tenue de deux registres particuliers, l’un enregistrant les morts et les naissances, l’autre faisant état de la population esclave et du bétail de l’habitation concernée33.
16L’État sous l’Ancien Régime et aux colonies n’a pas le monopole de la pratique d’une statistique démographique, ni même les moyens d’assurer la véracité, l’exactitude, la « fidélité » des chiffres levés. L’administration n’est pas en état de contraindre les individus à déclarer des éléments authentiques dans les recensements. On voit là se dessiner une ligne de faille entre des affaires publiques et un espace privé, ici celui de la domesticité de la plantation, où les planteurs ne semblent guère tolérer l’intrusion des affaires de l’État.
Des chiffres publics ?
17Les chiffres produits lors de ces recensements ne servent pas seulement à l’administration immédiate et quotidienne des colonies recensées. Ils permettent aussi, comme le montre l’exemple de l’intendant de Sainte-Lucie, de justifier, ou du moins faire valoir d’un bon gouvernement. Les tableaux récapitulatifs de chiffres sont expédiés, une fois par an, au bureau des colonies à Versailles, où ils sont analysés, commentés, puis archivés. Il faut attendre la période post-révolutionnaire pour que les chiffres de ces recensements coloniaux fassent l’objet d’une publication imprimée officielle34. Les chiffres des recensements sont cependant repris, dès l’époque de leur production, dans nombre de récits de voyages et d’histoires de colonies. Ils sont commentés et participent des discours et débats contemporains sur l’utilité de l’entreprise coloniale, du commerce atlantique ou sur la traite et l’esclavage35. La lecture des correspondances administratives respectives, française, anglaise ou espagnole, atteste de plus d’une véritable rivalité administrative, doublée d’une rivalité démographique. Les chiffres concernant les populations coloniales deviennent, dans la seconde moitié du xviiie siècle, un enjeu inter-impérial. Il s’agit pour les différentes administrations coloniales, non seulement d’être capables de surpasser l’empire voisin grâce à une dynamique démographique favorable, tant dans la population esclave que libre, mais aussi d’être en mesure de donner les chiffres les plus exacts et rigoureux. L’empire espagnol subit, à cette même période, un processus de réforme similaire à celui de l’empire français, qui mobilise les recensements36. Les chiffres de la population sont dès lors des données sensibles et stratégiques, fournissant un précieux tableau de l’état d’une colonie, de ses forces et de ses faiblesses tant en hommes qu’en moyens de défense ou de subsistance. Pourtant, dans le cas français, les recensements sont systématiquement expédiés vers la métropole sans pour autant faire l’objet d’un chiffrage crypté, comme cela est souvent le cas pour les informations militaires. Plus encore, au niveau local, dans les paroisses où sont recueillies les données, celles-ci deviennent publiques. La législation promulguée par le pouvoir royal, qui tend à se rigidifier autour de la question des fraudes, introduit la pratique de l’affichage sur la porte ou dans la salle de l’assemblée paroissiale du nombre d’esclaves déclarés par chacun des membres de la communauté paroissiale. L’ensemble de ces éléments semble aller à rebours de l’idée de l’existence d’un secret statistique, dès les origines de la pratique. Le mouvement de la population à partir des relevés sur les registres paroissiaux est lui aussi publicisé par voie de presse, notamment dans les journaux locaux, comme les Affiches américaines.
Conclusion
18Alors que se théorise et que progressivement s’autonomise la statistique comme une science à la fois mathématique et de gouvernement, l’expérience coloniale du recensement sous l’Ancien Régime nous invite à questionner et repenser les rôles que peuvent jouer les chiffres et ce qu’ils permettent pour les différents acteurs qui s’en emparent. Ils peuvent servir des desseins individuels, asseoir le crédit d’un homme public, justifier ou infirmer le bien-fondé d’une décision politique. Mais ils sont aussi, déjà, de formidables arguments pour affermir des discours préexistants. Ces chiffres produits par l’État valident et appuient des classifications et représentent des moyens d’inclusion comme d’exclusion. Cependant, sous l’Ancien Régime, que ce soit aux colonies ou en métropole, ils n’ont pas encore la force du seul chiffre juste, à même de fournir une vision à la fois intelligible et rationnelle de la société. Les territoires conquis par ces chiffres publics sont encore incertains et contestés, notamment parce qu’ils demeurent très fermement liés, d’un côté comme de l’autre de l’Atlantique, à l’élaboration des assiettes fiscales.
Notes de bas de page
1 Lettre de l’intendant de Sainte Lucie, Le Quoy de Montgiraud, à Monsieur de Vaivre au bureau des Colonies, 9 avril 1789. Archives nationales d’outre-mer, Aix-en-Provence, France (ensuite FR ANOM), COL C10 C 5.
2 Voir par exemple : Thomas Wien, « Rex in fabula : travailler l’inquiétude dans la correspondance adressée aux autorités métropolitaines depuis le Canada (1700-1760) », Outre-mers, 2009, vol. 96, no 362-363, p. 65-85 ; Guillaume Gaudin, L’empire de papiers de Juan Díez de la Calle, commis du conseil des Indes. Espace, administration et représentations du Nouveau Monde au xviie siècle, thèse, histoire, sous la direction de Thomas Calvo, université Paris Ouest Nanterre La Défense, 2010 ; Jérémie Ferrer-Bartomeu, « L’État à la lettre. La mise en circulation de l’information politique et administrative dans les arcanes du pouvoir (Royaume de France, 1570-1610) », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 2017, no 134, p. 41-63.
3 L’empire colonial de l’Ancien Régime n’est pas restreint à la Caraïbe puisque des colonies existent dans l’océan Indien, dans l’archipel des Mascareignes (île de France et île Bourbon), et sur la terre ferme américaine (Nouvelle-France, Guyane), colonies qui sont, elles aussi, recensées selon des modalités similaires. Des comptoirs, en Afrique (sur la côte du Sénégal) et en Inde, sont aussi rattachés à l’empire, mais sous un statut juridique et administratif différent : ces espaces et les populations qui en dépendent ne sont donc pas recensés selon le même procédé, exception faite des comptoirs indiens de Chandernagor et Mahé dans les années 1750-1760. Voir FR ANOM, DPPC G1-481.
4 On notera tout de même la mention de ces recensements coloniaux dans l’ouvrage pionnier suivant : Jacques Dupâquier et Éric Vilquin, « Le pouvoir royal et la statistique démographique », dans Insee, Pour une histoire de la statistique, t. I : Contributions, actes des journées d’études sur l’histoire de la statistique (23-25 juin 1976, Vaucresson), Paris, Insee/Economica, 1977, p. 83-104 ; ainsi que l’analyse plus approfondie qu’en livre Patrice Bourdelais dans « The French Population Censuses: Purposes and Uses during the 17th, 18th and 19th-Centuries », The History of the Family, 2004, vol. 9, no 1, p. 97-113.
5 Pour un point sur cette question abondamment traitée par l’historiographie et qui n’est pas une problématique propre à l’Ancien Régime français, voir Élie Haddad, « Noble Clienteles in France in the 16th and 17th-Centuries: A Historiographical Approach », French History, 2006, vol. 20, no 1, p. 75-109.
6 Voir René Le Mée, « La statistique démographique officielle de 1815 à 1870 en France », Annales de démographie historique, 1979, p. 251-279. La Statistique générale du royaume n’est officiellement créée qu’en 1833, mais pré-existe au sein du ministère du Commerce dès 1828.
7 Alain Desrosières, La politique des grands nombres. Histoire de la raison statistique, 2e éd. augmentée, Paris, La Découverte, 2000, p. 7-10.
8 Sur la Compagnie des Isles de l’Amérique voir Éric Roulet, La Compagnie des îles de l’Amérique, 1635-1651 : une entreprise coloniale au xviie siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2017.
9 « Instruction donnée par Mrs de la Compagnie des Isles de l’Amérique aux commis et écrivains associés aux dites isles pour la compagnie », 7 mars 1635, FR ANOM, COL F3-26.
10 Jacques Dupâquier et Éric Vilquin, op. cit.
11 Voir Jacob Soll, The Reckoning: Financial Accountability and the Rise and Fall of Nations, New York, Basic books, 2014, p. 48-86.
12 Les ANOM conservent des recensements et listes d’habitants nominatives pour la Nouvelle-France et les différentes îles des Antilles sur cette période au sein du Dépôt des papiers publics des colonies.
13 Léo Élisabeth, La société martiniquaise aux xviie et xviiie siècles : 1664-1789, Paris/Fort-de-France, Karthala/Société d’histoire de la Martinique, 2003, p. 28.
14 Guy Stéhlé, « Petit historique des grands recensements antillo-guyanais et en particulier de la Guadeloupe », Bulletin de la Société d’histoire de la Guadeloupe, no 155, 1998, p. 5.
15 Les Caraïbes constituent le groupe de population amérindienne autochtone des Antilles. Voir Gérard Lafleur, Les Caraïbes des Petites Antilles, Paris, Karthala, 1992 ; et les travaux de Benoît Roux, notamment : « Les Indiens caraïbes, acteurs et objets de traite aux Antilles françaises (xviie-xviiie siècle) », Cahiers d’histoire de l’Amérique coloniale, no 6, 2012, p. 187-188.
16 James C. Scott, Seeing Like a State: How Certain Schemes to Improve the Human Condition Have Failed, New Haven/Londres, Yale University Press, 1998, p. 65.
17 André Castaldo, « Les “questions ridicules” : la nature juridique des esclaves de culture aux Antilles », Bulletin de la Société d’histoire de la Guadeloupe, no 157, 2010, p. 55.
18 Voir Paul Schor, Compter et classer. Histoire des recensements américains, Paris, Éditions de l’EHESS, 2009.
19 Voir par exemple Carmen Beatriz Loza, « Juger les chiffres. Statut des nombres et pratiques de comptage dans les dénombrements andins, 1542-1560 » ; et Christophe Z. Guilmoto, « Le texte statistique colonial. À propos des classifications sociales de l’Inde britannique », Histoire & mesure, vol. 13, no 1-2 : Compter l’autre, 1998, respectivement p. 13-37 et p. 39-57.
20 « Ordonnance de MM. les Général et Intendant, concernant les Fraudes dans les dénombremens », 12 mai 1766, dans Martin Durand-Molard, Code de la Martinique, Saint-Pierre, Jean-Baptiste Thounens, t. II, 1807, p. 473.
21 Voir Florence Gauthier, L’aristocratie de l’épiderme. Le combat de la Société des citoyens de couleur 1789-1791, Paris, CNRS Éditions, 2007, p. 9-18.
22 Médéric Louis Élie Moreau de Saint-Méry, Description topographique, physique, civile, politique et historique de la partie française de l’isle Saint-Domingue, Saint-Denis, Publications de la Société française d’histoire d’outre-mer, 2004, t. I, p. 83-111.
23 Voir Fanny Malègue, « L’empire en tableaux. Recenser et gouverner les colonies antillaises après la guerre de Sept Ans », Histoire & mesure, vol. 36, no 2, 2018, p. 93-114.
24 Aux colonies, cela concerne surtout les registres paroissiaux dédiés à la population esclave. La correspondance entre l’administration coloniale locale et l’administration centrale de la Marine regorge de plaintes concernant la tenue de ces registres. C’est le cas dans une lettre envoyée par les administrateurs de la Martinique, le gouverneur Claude François de Bouillé et l’intendant Antoine Bernard d’Eu de Montdenoix, le 25 décembre 1777, au ministre de la Marine, Antoine de Sartine. Voir FR ANOM COL C8A-76, fo 88.
25 Sur cette question voir Marie Houllemare, « La fabrique des archives coloniales et la naissance d’une conscience impériale (France, xviiie siècle) », Revue d’histoire moderne et contemporaine, vol. 61, no 2, 2014, p. 44-46 ; Paul Roussier, « Les origines du Dépôt des papiers publics des colonies, le dépôt de Rochefort (1763-1790) », Revue d’histoire des colonies françaises, 1925, p. 21-50 ; Vincent Bouat, « Les sources de l’histoire coloniale antérieures à 1815. Le Dépôt des papiers publics des colonies et le Dépôt des fortifications des colonies : premiers fonds de l’institution coloniale française », Afrique et histoire, 2009, vol. 7, no 1, p. 283-289.
26 Éric Brian, « Nouvel essai pour connaître la population du royaume. Histoire des sciences, calcul des probabilités et de la population de la France vers 1780 », Annales de démographie historique, vol. 102, no 2, 2001, p. 173-222.
27 Voir par exemple une « Ordonnance de MM. les Général et Intendant, concernant les Fraudes… », op. cit.
28 Il s’agit du fonds des familles Galbaud du Fort et alliées, voir archives départementales de Loire-Atlantique, Nantes (ensuite FR ADLA), 44 175 J-10. Le fonds a été étudié de manière exhaustive, notamment la correspondance entre les propriétaires absentéistes et les procureurs et économes des différentes plantations dans Gabriel Debien, Une plantation à Saint-Domingue : la sucrerie Galbaud du Fort (1690-1802), Le Caire, Institut français d’archéologie orientale, 1941.
29 Voir FR ADLA, 44 175 J-10, fo 8.
30 Ces catégories sont employées dans une « Liste générale des nègres qui sont sur l’habitation de Monsieur Dufort… », datée de 1754. Voir FR ADLA, 44 175 J-10, fo 8 bis.
31 Voir FR ADLA, 44 175 J-10, fo 13. Il est fréquent qu’une comptabilité parallèle soit tenue dans les plantations entre population d’esclaves et bétail. Voir sur le sujet : Philip D. Morgan, « Slave and Livestock in 18th-Century Jamaica: Vineyard Pen, 1750-1751 », The William and Mary Quarterly, vol. 52, no 1, 1995, p. 47-76.
32 Des « états et dénombrements des nègres par métier », ainsi que des catalogues de natalité et mortalité des esclaves et animaux, pour la période 1761-1792, se trouvent par exemple dans le fonds Gallifet conservé à Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine, 107AP 127. Voir l’analyse qu’en fait Vincent Cousseau dans « Les liens familiaux des esclaves à Saint-Domingue au xviiie siècle. L’exemple des habitations Galliffet (1774-1775) », Annales de démographie historique, vol. 135, no 1, 2018, p. 21-49.
33 Voir l’« Ordonnance du Roi, concernant les Procureurs et Economes-gerans des Habitations situées aux Isles du Vent », 15 octobre 1786, dans Martin Durand-Molard, Code de la Martinique, Saint-Pierre, Jean-Baptiste Thounens, t. III, 1810, p. 697-698.
34 Sous l’égide de Jacques Peuchet dans la Statistique générale de la France et de ses colonies, vol. 7 : 1803-1804. Sur cette entreprise statistique menée sous Napoléon au sein du ministère de l’Intérieur voir : Jean-Claude Perrot, « L’âge d’or de la statistique régionale (an IV-1804)», Annales historiques de la Révolution française, no 224, 1976, p. 215-276. Voir aussi plus tardivement chez Alexandre Moreau de Jonnès, Recherches statistiques sur l’esclavage colonial et sur les moyens de le supprimer, Paris, Imprimerie de Bourgogne et Martinet, 1842. Seuls les chiffres pour les colonies dépendant encore de la France sont intégrés. Le Canada et la Louisiane sont donc exclus.
35 Pour un aperçu sur ces débats et ces publications, voir Alain Clément, « “Du bon et du mauvais usage des colonies” : politique coloniale et pensée économique française au xviiie siècle », Cahiers d’économie politique-Papers in Political Economy, vol. 56, no 1, 2009, p. 101-127.
36 Mathieu Aguilera, « Les administrateurs comme agents de la catégorisation des sociétés coloniales. Pratiques et usages des recensements de population », dans Jean-Philippe Luis (dir.), L’État dans ses colonies. Les administrateurs de l’empire espagnol au xixe siècle, Madrid, Casa de Velázquez, 2015, p. 42.
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008