L’histoire religieuse contemporaine selon Jean-Marie Mayeur
p. 129-148
Texte intégral
1La réserve observée en toute circonstance par Jean-Marie Mayeur, décédé le 8 octobre 2013 à son domicile parisien, était telle, qu’il n’aurait guère apprécié de longs éloges adressés à sa personne. En revanche, il aurait certainement été sensible à une approche de son parcours qui mette l’accent sur son apport scientifique à la recherche historique, en particulier dans le domaine de l’histoire du christianisme qu’il a très largement contribué à redéfinir sans jamais s’y enfermer. Jean-Marie Mayeur avait du reste été un promoteur de cette méthode d’analyse, en s’intéressant à l’itinéraire de son directeur de thèse, Pierre Renouvin, dont il rappela naguère le rôle important qu’il joua en matière de direction d’études sur l’histoire religieuse1, puis il revint sur le parcours de l’un des maîtres de l’histoire du christianisme au xxe siècle, Henri-Irénée Marrou2. Il s’attacha également à mettre l’accent sur les apports à l’histoire de l’œuvre d’Émile Poulat, transformant en une étude historiographique un long compte rendu bibliographique paru dans les Annales3. Enfin, il introduisit le volume des mélanges dédiés à Jacques Gadille dont il fut très proche4. Sur lui-même, Jean-Marie Mayeur, pourtant prompt à faire part de ses souvenirs dans les conversations à bâtons rompus qu’il pouvait avoir avec ses amis, ne s’est guère livré. Ni chapitre d’ego-histoire, ni livre d’entretiens, comme ont pu en réaliser certains de ses contemporains, sans doute par pudeur et souci de ne pas se mettre en avant, préférant se réfugier, aux yeux du grand public, derrière une œuvre tout entière dédiée à l’histoire politique et religieuse de l’Europe contemporaine, et en particulier à l’histoire du christianisme et de la laïcité.
Un étudiant chrétien au Quartier latin
2Le lecteur attentif de ses écrits relèvera toutefois quelques indices relatifs à ses origines et à ses premières années – il était né à Sarreguemines en Moselle le 28 août 1933 de Gaston Mayeur qui terminera sa carrière comme inspecteur général de l’Éducation nationale et de Jeanne Ludmann. Ainsi dans l’article consacré à l’Alsace qu’il a publié dans les Lieux de mémoire de Pierre Nora, il nous introduit à une découverte du Strasbourg qu’il a connu quand il y était jeune lycéen5. Mais c’est plus encore dans le court texte donné dans les Mélanges offerts à Joseph Hoffmann, un de ses plus vieux amis, professeur de théologie à la faculté de théologie de l’université de Strasbourg, auteur d’une thèse consacrée à l’humanisme de Malraux, et présent à ses obsèques, qu’il faut chercher quelques évocations de ses classes au lycée Fustel de Coulanges : celle de la figure de l’abbé Bockel, ancien aumônier de la brigade Alsace-Lorraine, aumônier des khâgnes de Strasbourg, qu’il retrouve ensuite à Paris et qui l’a profondément marqué ; ou encore une allusion aux virées estivales en Italie ou dans le Tyrol6. Lorsqu’il arrive à Paris, au lycée Louis-le-Grand, pour repasser le concours de l’École Normale Supérieure, à l’automne 1952, il fréquente aussi l’abbé André Brien, aumônier des khâgnes parisiennes et de l’ENS, et est proche du groupe des Talas qui lance précisément à la même époque la nouvelle série des Cahiers Talas, dirigés par Marc Venard – le premier numéro paraît en novembre 1952. C’est dans ce milieu d’étudiants chrétiens que naît en janvier 1955 la revue Vin Nouveau, à laquelle Jean-Marie Mayeur va très rapidement collaborer. Ses fondateurs se proclament « ni intégristes ni progressistes », revendiquent leur fidélité à l’Église en même temps qu’une volonté d’indépendance à son égard, mais surtout dans un article signé Charles Palmier, ils disent l’espoir qu’ils placent en Pierre Mendès France7 pour plus généralement régénérer le pays, d’où le titre tiré de l’évangile de Luc : « on ne met pas de Vin Nouveau dans de vieilles outres » (Luc, V, 37). C’est dans le numéro de mars-avril 1955, que l’on découvre ce qui est probablement, sous bénéfice d’inventaire, le premier texte publié par Jean-Marie Mayeur, en l’occurrence une longue analyse du film d’Alfred Hitchcock, « Dial M. for Murder », autrement dit « Le crime était presque parfait8. » Il récidive quelques mois plus tard avec une critique des Mauvaises rencontres d’Alexandre Astruc9. Il s’investit ensuite plus largement dans la rédaction de la revue, signant au début de 1956, avec Philippe Joutard, une tribune libre, « La SFIO et la gauche », très critique à l’égard d’un parti « sclérosé », mais nécessaire à la formation d’un regroupement travailliste que les deux signataires appellent de leurs vœux10. Puis, Jean-Marie Mayeur rédige pour le numéro 11, d’avril-mai 1956 l’éditorial signé de la rédaction, mais en réalité de sa plume ; sous le titre « L’Algérie et la nation française », éditorial dans lequel la revue appelle à une négociation en Algérie11. Dans le même numéro, il publie un texte « Sur Mounier et sa génération », et enfin il participe au « débat sur l’histoire de l’Église », engagé par plusieurs collaborateurs de la revue (André Dekker, Philippe Joutard, Marc Venard), avec trois historiens du christianisme (Henri-Irénée Marrou, René Rémond et l’abbé Jean Chatillon, professeur à l’Institut catholique de Paris), avec en exergue cette réflexion sur « l’extraordinaire difficulté d’une histoire en profondeur de l’Église » et l’appel à renouveler les méthodes de l’histoire religieuse. Ainsi, à 22 ans à peine, Jean-Marie Mayeur participe à cette réflexion sur le nécessaire renouveau, dans ses méthodes comme dans ses objectifs, de l’histoire religieuse et l’on saisit alors tout le sens des mots de conclusion adressés par Henri-Irénée Marrou à ces jeunes étudiants en histoire déjà tournés vers l’histoire religieuse : « Ce n’est pas seulement la fabrication de l’histoire de l’Église qui est en question, c’est la totalité de l’histoire ».
3En novembre 1956, la revue Vin Nouveau lance une nouvelle série. Philippe Joutard en assure la direction-rédaction, tandis que l’on retrouve au conseil de rédaction, Jean-Marie-Mayeur, mais aussi Françoise Paoli, jeune sévrienne, qu’il devait épouser quelques mois plus tard. Dans ce numéro de novembre 1956, très critique à l’égard de l’action alors conduite par le gouvernement, notamment en Algérie12, Jean-Marie Mayeur signe un texte politique, sous le titre « Le projet national », lequel commence par ces mots, « De la grandeur de la France nous n’avons connu que le récit et comme l’image en creux. Enfants, nous vîmes refluer sur les routes les colonnes d’une armée vaincue et les troupes de réfugiés de l’“étrange défaite” ». Le traumatisme de la défaite de 1940, vécu par un jeune garçon de sept ans « déporté » en mai 1940 avec sa mère et sa petite sœur, depuis la Lorraine, dans des wagons à bestiaux, jusqu’à Couhé-Vérac dans le Poitou, permet de mieux comprendre l’intérêt porté ensuite à celle de 1870 à laquelle elle fait écho. Ce texte extrêmement critique sur l’action des gouvernements successifs depuis la guerre, notamment en matière de politique coloniale, est tout entier placé sous le signe de l’abaissement de la France, avec un regard nostalgique sur la République des années 1880. « La République a perdu ce qui vers 1880 lui donnait peut-être quelque vertu : la foi en elle-même, elle n’offre plus aux derniers nostalgiques de la démocratie que le visage obscurci de l’abaissement ». Et il en appelle à une régénération de l’État, avec à nouveau cette référence : « La République, au temps de Jules Ferry, avait su former des hommes fiers de leur régime et fiers de leur pays13. » Jean-Marie Mayeur appartient donc à cette génération de jeunes chrétiens marqués par l’affaiblissement de la IVe République et désenchantés face à une gauche incapable de formuler un programme cohérent tant sur le plan intérieur que face à la question coloniale.
4Au moment où il participe à l’aventure de Vin Nouveau, Jean-Marie Mayeur poursuit ses études d’histoire à la Sorbonne où il soutient un mémoire de DES (diplôme d’études supérieures) en histoire religieuse du Moyen Âge. Il suit parallèlement les enseignements de l’Institut d’Études Politiques où il fait notamment la connaissance de Jean Touchard, puis il prépare l’agrégation d’histoire qu’il décroche à l’été 1957, au quatrième rang, sur une promotion de 40 lauréats parmi lesquels figuraient Jean Peyrot, reçu premier, et futur président de l’Association des Professeurs d’histoire-géographie, Antoine Prost, deuxième, ou encore Gérard Cholvy, que Jean-Marie Mayeur côtoie alors au bureau de la Fédération Française des Étudiants Catholiques, présidée par Antoine Prost. Mais les étudiants chrétiens ne sont pas les seuls à réussir l’agrégation. Parmi les lauréats de cette année-là figurait aussi par exemple Claude Mazauric – la proximité de leur nom dans les listes alphabétiques les a fait souvent se succéder lors des examens pendant leurs études en Sorbonne, rappelait 30 ans après, amusé, Jean-Marie Mayeur.
L’entrée dans la carrière
5À la rentrée suivante, Jean-Marie Mayeur est nommé professeur au lycée Marceau de Chartres ; il y passe un an, puis revient à Strasbourg en 1958 comme professeur au lycée Kléber, passant ainsi d’un général de la Révolution à un autre. Trois ans plus tard, il obtient un détachement au CNRS, avant de devenir assistant, puis maître assistant dans la toute jeune université de Nanterre (1964-1968) où il retrouve René Rémond, mais aussi François Crouzet et François Caron qui contribueront à son élection à Paris IV.
6À partir de la fin des années 1950, il s’est également lancé dans la recherche, en commençant une thèse consacrée à l’abbé Lemire, tout en s’intéressant à l’histoire politique et religieuse de l’Alsace. C’est du reste à l’Alsace qu’il consacre ses premiers travaux scientifiques, publiant dès 1960 une « Note introductive à une recherche sur la démocratie chrétienne en Alsace14 », suivie deux ans plus tard d’un article consacré à la question scolaire en Alsace15. Il prolonge cette recherche dans « Laïcité et question scolaire en Alsace et Moselle », article publié dans le volume collectif dirigé par René Rémond, Forces religieuses et attitudes politiques dans la France contemporaine16. C’est également le terreau alsacien qui est mis à contribution pour réfléchir aux rapports entre christianisme et monde ouvrier, sujet alors brûlant17. Enfin, à l’Alsace, Jean-Marie Mayeur consacre sa thèse complémentaire, thèse qui ressortit de l’histoire politique et qui vient rappeler que l’Alsace avait accepté en 1911 un statut d’autonomie18, ce qui signifie que, trois ans avant la Grande Guerre, l’hypothèse d’un retour rapide dans le giron de la France n’est plus envisagée, thèse qui vaudra à son auteur quelques critiques de la part d’Alsaciens attachés au mythe de la revanche cultivé sans faille pendant 45 ans.
7Tout en creusant le sillon alsacien, c’est désormais aux relations entre politique et religion que se consacre essentiellement Jean-Marie Mayeur. Grâce à la découverte des papiers de l’abbé Lemire, il se lance dans l’étude de cet « abbé démocrate », député de 1893 à 1928. Un séjour à Rome pour aller consulter les archives du Tribunal de la Rote lui permet d’entrer en contact avec des historiens italiens avec lesquels il restera très lié. De ces contacts, naît aussi une collaboration à la revue Humanitas, Rivista mensile di cultura, publiée à Brescia, à laquelle il donne au moins trois articles en 1961-1962, sur la France et l’Algérie après le référendum sur l‘autodétermination, sur l’article 16 de la constitution française et à nouveau sur la France et l’Algérie au lendemain du cessez-le-feu19. De ce séjour italien découle aussi une réflexion historiographique sur « La démocratie italienne avant 191420 ». Outre les textes déjà cités, de la période préparatoire à la thèse, datent plusieurs études importantes qui, plutôt que d’en annoncer les résultats, en proposent des prolongements. C’est par exemple en 1962 la publication d’un article sur les Congrès nationaux de la démocratie chrétienne à Lyon, qui permet d’envisager la création d’un premier parti démocrate-chrétien dont l’abbé Lemire est un des promoteurs21.
8Au début des années 1960, Jean-Marie Mayeur se lance aussi dans un premier essai de synthèse, en collaborant à l’Histoire du peuple français, engagée en 1951 par Louis-Henri Parias, secrétaire de rédaction de l’hebdomadaire France catholique et directeur de la Nouvelle Librairie Française. Il signe dans le volume 5, paru en 1964, le chapitre intitulé « La France bourgeoise devient laïque et républicaine », qui couvre les années 1875 à 191422, les autres collaborateurs du volume étant tous des universitaires chrétiens, membres du CCIF : François Bédarida, Antoine Prost et Jean-Louis Monneron. Dix ans plus tard, il est l’un des auteurs de la Nouvelle histoire de la France contemporaine, signant le volume 10 consacré aux Débuts de la IIIe République (1871-1898)23. Jean-Marie Mayeur commence aussi à s’intéresser à la séparation des Églises et de l’État en acceptant de participer aux premiers pas de la collection « Archives » dirigée par Pierre Nora, dans laquelle J.-M. Mayeur donne, comme le veut le format de la collection, un recueil de textes commentés où il démontre une parfaite connaissance aussi bien de l’Église catholique que de l’histoire parlementaire de la IIIe République, ce qui lui permet une approche non partisane de la crise, sur une question longtemps controversée24. La séparation voit ainsi la persistance de deux France qu’une analyse fine de la crise des inventaires de 1906 lui permet du reste de cartographier dans un article majeur publié par les Annales en 196625. Il consacre alors ses recherches à analyser les mécanismes et le fonctionnement d’une République qui s’est construite sur l’affrontement puis le rapprochement entre les catholiques et les héritiers de la Révolution française. Sa thèse d’État consacrée à l’abbé Lemire et la naissance de la seconde démocratie chrétienne en est une belle illustration. Il y démontre notamment comment le ralliement des années 1890 a concerné toute une frange de catholiques d’origine traditionaliste, soucieux avant tout, en obéissant au pape, d’entrer dans la République pour mieux la transformer ce qui supposait de combattre sa législation anticléricale. Jean-Marie Mayeur aimait à rappeler que le monde catholique ne formait pas un bloc monolithique, qu’il y avait eu ainsi des catholiques favorables à l’application de la loi de séparation, les fameux « cardinaux verts26 », comme il y a eu des catholiques dreyfusards27.
9Le 22 mars 1968, l’université de Nanterre où enseigne alors Jean-Marie Mayeur s’embrase. Chrétien engagé, membre du Centre catholique des Intellectuels français28 et de l’équipe dirigeante de la branche universitaire du SGEN, il est cosignataire, avec le Bureau du Supérieur du SGEN, du communiqué rédigé par Paul Vignaux et publié le 4 mai, appelant au dialogue et à la réforme tout en condamnant les violences policières et les groupes extrémistes, ce dernier élément suscitant de vives polémiques29. Mais Jean-Marie Mayeur reste ferme sur cette position d’un refus d’engagement au côté du mouvement protestataire, conseillant par exemple au CCIF de renoncer à toute déclaration en faveur du mouvement étudiant30, le président du CCIF, René Rémond, alors à Rome, lui ayant donné pleins pouvoirs en ce sens, en lui manifestant clairement son refus de s’engager31. La crise de mai 1968 a incontestablement marqué fortement Jean-Marie Mayeur, de même que les divisions qui se sont manifestées alors au sein du corps enseignant nanterrois, ce qui explique son souhait de trouver une autre université d’accueil à la rentrée de 1968.
10Il est élu maître de conférences à l’université de Saint-Étienne, poste ouvert aux enseignant chercheurs en passe de soutenir leur doctorat d’État. La soutenance se déroule le 15 février 1969 devant un jury présidé par René Rémond et où figuraient également outre le directeur de thèse, Pierre Renouvin et Émile Poulat, Jean-Baptiste Duroselle n’ayant pu être présent. Elle se passe « dans un calme absolu et un concert d’éloges », note Maurice Vaussard qui en rend compte dans Le Monde32. La période d’apprentissage s’achève. Place au professeur.
Professeur et fédérateur d’une nouvelle histoire religieuse
11Après un an passé à Saint-Étienne, Jean-Marie Mayeur est élu professeur à l’université de Lyon où il rejoint le Centre d’histoire religieuse, fondé par André Latreille ; il y retrouve son ami Jacques Gadille, avec lequel il prépare du reste le volume de Mélanges en l’honneur du doyen Latreille33. Il collabore aussi à l’organisation du colloque sur les catholiques libéraux qui se tient à Grenoble en 1971, rédigeant avec Jacques Gadille le rapport introductif sur « les milieux catholiques libéraux en France34 ».
12Il poursuit parallèlement son engagement syndical au sein du SGEN, cherchant avec Charles Pietri, devenu secrétaire général du Bureau national de l’Enseignement supérieur en 1970, à trouver une voie médiane dans les réformes universitaires, notamment à travers l’application de la loi Edgar Faure, entre conservateurs et révolutionnaires. Il quitte le Bureau du Supérieur en même temps que Charles Pietri, au moment de la crise qui secoue le syndicat en 1972, puis fait partie des 20 universitaires qui démissionnent du SGEN, parmi lesquels figurent également H.-I. Marrou et P. Vignaux, C. Pietri ou P. Riché, en mars 197435. Il n’en conserve pas moins dans les années suivantes un véritable intérêt pour la chose universitaire qui fera de lui un expert en la matière tant auprès des présidents successifs d’universités avec lesquels il collabore, dans les instances dirigeantes (CNU, CNRS, Comité national d’évaluation), qu’auprès du ministère où il fut expert aux côtés de Jean-Louis Quermonne, lorsque celui-ci était directeur des enseignements supérieurs et de la recherche (1975-1976)36.
13Le passage à Lyon est bref puisqu’à la rentrée de 1971, Jean-Marie Mayeur intègre l’université de Paris XII, créée l’année précédente. Il joue un rôle important dans l’administration de cette jeune université, notamment en dirigeant le département d’histoire, mais il contribue surtout à faire de l’université de Créteil un pôle majeur dans la recherche collective en histoire religieuse. Grâce à Jean-Marie Mayeur, et aux historiens qui travaillent à ses côtés, en particulier Claude Langlois et Claude Savart, alors maîtres assistants, un groupe d’histoire religieuse s’est en effet développé à Paris XII. Il est à l’origine d’un ouvrage collectif devenu le bréviaire de tous les chercheurs en histoire religieuse contemporaine, à savoir L’histoire religieuse de la France, xixe-xxe siècle. Problèmes et méthodes que Jean-Marie Mayeur a dirigé et auquel ont collaboré, outre C. Savart et C. Langlois, Jean Baubérot, alors assistant de recherche à la Ve section de l’EPHE, André Encrevé, attaché de recherche au CNRS et Étienne Fouilloux, assistant à Nanterre. L’objectif de l’ouvrage est de présenter par grands thèmes les questions que pose la nouvelle histoire religieuse, en même temps que de mettre à jour les chantiers à développer. Il propose enfin une série d’informations sur les instruments de recherche et une bibliographie de 475 titres. Jean-Marie Mayeur a rédigé pour sa part, avec Claude Langlois, le chapitre 1, consacré aux « Églises comme sociétés religieuses », et écrit également le chapitre 4, « Les Églises dans la société ». L’équipe prolonge ses travaux par une enquête sur les mandements épiscopaux37 et organise un colloque sur l’idée laïque en 197938.
14Cette volonté de travail en équipe et ce souci de réunir les forces dispersées travaillant en histoire religieuse est directement à l’origine de la fondation en 1974 de l’Association Française d’Histoire Religieuse Contemporaine, qui a pour vocation de réunir les chercheurs en histoire religieuse, notamment au sein des universités, mais pas exclusivement. La fondation doit beaucoup à deux hommes, Jean-Marie Mayeur et Jacques Gadille, qui en seront les deux premiers présidents, le siège de l’Association étant alors établi à Paris XII. Le secrétaire de l’Association est alors Claude Langlois, ce qui renforce les liens entre l’AFHRC et le pôle de Créteil. La première journée a du reste été organisée autour du thème « Problèmes et méthodes en histoire religieuse », en lien direct avec l’ouvrage alors en préparation. Par sa présence régulière aux rencontres annuelles, par l’autorité qu’il exerce sur les jeunes chercheurs, Jean-Marie Mayeur voit, notamment au travers de l’AFHRC, son influence déborder largement les cadres des universités où il professe.
15Le renouvellement de l’histoire religieuse auquel participe Jean-Marie Mayeur est le fruit d’une réflexion, mais aussi d’une pratique collective, qui déborde largement les frontières de l’histoire contemporaine. On en a évoqué les prémices au sein de la revue Vin Nouveau. De cette revue émane en partie, on le sait, le groupe qui prendra ensuite le nom de « Groupe de La Bussière » et réunit alors des chercheurs travaillant en histoire des religions sur toutes les périodes historiques39. Jean-Marie Mayeur n’appartient pas au groupe des cinq fondateurs qui lance le projet à Florence en 1957, mais il le rejoint très vite, au début des années 196040. C’est dans cet environnement que s’élabore une nouvelle approche de l’histoire religieuse, très marquée par les nouvelles réflexions sur l’importance à accorder au peuple chrétien, comme aussi à sortir du cloisonnement d’une histoire par confession qui court toujours le risque de se transformer en histoire confessionnelle. C’est l’origine de l’Histoire du Christianisme. Parmi les entreprises collectives auxquelles Jean-Marie Mayeur a été associé, l’Histoire du Christianisme dont il assure la codirection avec Charles puis Luce Pietri, André Vauchez et Marc Venard, est en effet une des plus importantes de son œuvre. Le projet remonte à la fin des années 1960 quand ces jeunes historiens du christianisme unis par des liens amicaux, voire familiaux, tissés dans une série d’expériences communes relatées plus haut, se convainquent d’abord de la nécessité d’achever la série de l’Histoire de l’Église de Fliche et Martin, comme l’ont fait les Italiens. Une convention est du reste établie en ce sens en 1970, mais le projet n’aboutit pas. Il évolue ensuite jusqu’à conduire à une refonte complète du Fliche et Martin41. Jean-Marie Mayeur, tout en codirigeant l’ensemble, prend la responsabilité scientifique des trois volumes couvrant l’époque contemporaine, dont l’un, le volume 11, avec Jacques Gadille. Ils concernent précisément le siècle que n’avait pas pris en charge le Fliche et Martin. Jean-Marie Mayeur s’est beaucoup employé dans cette entreprise, qui a supposé la coordination de nombreux auteurs, entre dix et seize selon les volumes. Il a surtout écrit lui-même de nombreux chapitres sur l’Église catholique, les papes, le catholicisme social notamment. L’entreprise est sans précédent par son ampleur et son parti-pris d’embrasser conjointement l’ensemble des confessions chrétiennes sans négliger leurs relations avec les autres religions ni l’importance du contexte politique et diplomatique.
16Le CNRS joue alors un rôle notable pour favoriser la recherche en histoire religieuse. En 1970, le Groupe des chercheurs d’histoire moderne et contemporaine organise, sous l’égide de Louis Bergeron et Claude Langlois, un débat sur les « Problèmes de la recherche en histoire religieuse », auquel participent Dominique Julia, Louis Pérouas, Bernard Plongeron, Marc Venard, Émile Poulat et Jean-Marie Mayeur ; ce dernier tire un bilan des travaux récents pour les xixe et xxe siècle, avant de développer les pistes de recherches à creuser, notamment en direction de la religion populaire42. Ce sera l’une des grandes orientations prises par le GRECO no 2, structure fédérale créée en 1977 au sein du CNRS pour regrouper les centres universitaires se consacrant à l’histoire religieuse des époques modernes et contemporaines ; il est alors dirigé par Jean Delumeau, puis Bernard Plongeron. Pendant près de 20 ans, cette structure fédérative, transformée au début des années 1990 en un GDR « Histoire du Christianisme », dirigé par Claude Langlois, a animé la recherche collective en histoire religieuse. À Paris XII d’abord, puis à Paris IV, Jean-Marie Mayeur a contribué à l’entreprise, notamment à travers l’axe consacré aux élites religieuses qui débouchera sur le Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, entreprise qu’il dirige avec Yves-Marie Hilaire chez Beauchesne. Le premier volume consacré aux Jésuites paraît en 1985, 12 autres suivront. Il est alors particulièrement sensible à l’histoire des élites, en tant que premier directeur, de 1978 à 1982, de l’Institut d’Histoire Moderne et Contemporaine, créé au sein du CNRS, qui fait de la prosopographie des élites un de ses axes privilégiés de recherche. Devenu professeur à Paris IV et codirecteur du Centre du xixe siècle, Jean-Marie Mayeur lancera avec Maurice Agulhon la grande enquête sur le personnel politique de la IIIe République, laquelle portera une attention particulière au rapport de ces parlementaires à la religion43.
17Jean-Marie Mayeur collabore au même moment à la revue Les quatre fleuves, fondée en 1973 par Henri-Irénée Marrou avec notamment le concours de Charles Pietri, et qui entend être un lieu d’expression pour des universitaires chrétiens soucieux de prendre part aux débats de leur temps, mais quelque peu déboussolés par la crise du CCIF ou du SGEN44. Jean-Marie Mayeur y collabore à partir du numéro 6 ; il donne ensuite une chronique, dans laquelle il commente par exemple le voyage de Jean-Paul II au Mexique, puis la situation des chrétiens de Pologne, avant de participer à plusieurs numéros thématiques45. Il fait alors partie du comité de rédaction de la revue qui cesse toutefois de paraître en 1988, constatant « que la conjoncture dans laquelle Les quatre fleuves ont été créée s’est largement modifiée46 ».
L’arrivée à la Sorbonne
18En 1981, Jean-Marie Mayeur est élu professeur à l’université Paris Sorbonne-Paris IV. Il y assure pendant 21 ans, jusqu’à son départ à la retraite en 2002, un enseignement portant essentiellement sur l’histoire politique et religieuse de l’Europe contemporaine. Parallèlement il enseigne à l’Institut d’Études Politiques, où il est professeur depuis 1974, développant ses enseignements sur la vie politique au xxe siècle, qui donneront naissance à un livre de référence, La vie politique sous la IIIe République47. À Sciences Po, il dirige plusieurs doctorants, mais forme aussi nombre de futurs énarques qui se retrouveront ensuite au sommet de l’État. Jean-Marie Mayeur est également actif au sein de la Fondation nationale des sciences politiques, exerçant notamment les fonctions de vice-président du conseil d’administration lorsque René Rémond en était le président.
19À la Sorbonne, il prend ses quartiers dans la Bibliothèque d’Histoire des Religions, située au deuxième étage de l’escalier I. Il aimait à rappeler que la BHR avait été fondée à la suite d’un legs de Loisy. Enrichie par la suite, par des dons successifs dont celui fait par Henri-Irénée Marrou dont l’ombre plane encore sur ces lieux où il enseignait encore huit ans plus tôt, elle doit aussi beaucoup au legs fait par Maurice Crouzet. J.-M. Mayeur y croise fréquemment Charles Pietri, du moins jusqu’au départ à Rome de ce dernier en 1983, sa femme Luce, mais aussi Michel Meslin, très actif dans l’animation de la recherche en histoire et anthropologie des religions à la Sorbonne, où il fonde l’IRER (Institut de recherche et d’études des religions) dont émane une École doctorale et un doctorat de sciences des religions qui favorisera notamment l’organisation de codirections de thèses avec l’Institut Catholique de Paris. Pour l’histoire contemporaine, Jean-Marie Mayeur est un élément fondamental de ce dispositif. Il contribue aussi à l’enrichissement de la BHR dans le domaine de l’histoire contemporaine et surtout y organise ses séminaires de maîtrise et de DEA consacrés à l’histoire des religions. Il y est question de l’Église et la paix, de l’histoire de la papauté contemporaine, du christianisme social ou encore des rapports entre villes, notamment Paris, et religions. Les plus grands historiens du religieux, français et étrangers, sont passés par ces murs. Mais Jean-Marie Mayeur tenait le plus souvent à exposer lui-même le résultat de ses recherches ou de ses réflexions, s’appuyant alors sur des notes toujours couchées sur des pages format A4 pliées en deux, ou à faire participer ses étudiants, dont il interrompait volontiers et fréquemment les exposés pour apporter une précision, faire un commentaire ou une correction, amorçant ainsi un dialogue avec l’auditoire qui s’avérait au total très fructueux. Les séances du séminaire permettaient aussi de se rendre compte de sa méthode de travail et des exigences qui étaient les siennes, de sa rigueur scientifique. Il démontrait une culture bibliographique extraordinaire, dominant les principales historiographies européennes, notamment italienne et allemande, mais aussi suisse, belge ou anglaise. Peu soucieux des modes, il rappelait fréquemment que certains historiens plus anciens conservaient toute leur pertinence à l’image d’un Georges Weill auquel il revenait souvent ou d’un chanoine Capéran dont il aimait à citer les ouvrages sur la laïcité. Jean-Marie Mayeur portait aussi une très grande attention aux textes qu’il se plaisait à faire lire et décortiquer par ses étudiants. Songeons par exemple à sa lecture du discours de Portalis au Corps législatif qui porte en lui toute la philosophie du système concordataire. Il était particulièrement sensible aux textes juridiques et à leur interprétation, pouvant longuement s’arrêter sur un arrêt du Conseil d’État dont la portée est souvent plus forte qu’un texte législatif en ce qu’il fournit l’interprétation de la loi, par exemple au lendemain de la Séparation48. Le séminaire avait lieu dans la salle du fond, tapissée d’ouvrages consacrés au christianisme antique, et il n’était pas rare de voir apparaître, en cours de séance, la bibliothécaire, venant chercher un volume pour un lecteur pressé. La BHR accueille alors aussi plus largement la communauté des historiens du religieux, par exemple dans le cadre des groupes de recherche du CNRS ou de l’Association française d’histoire religieuse contemporaine, dont les réunions annuelles se tiennent dans l’une ou l’autre des deux salles de la Bibliothèque avant que, le succès aidant, il faille se transporter dans la salle des Actes de l’université Paris IV.
20Avec Michel Meslin, avec lequel il collabore étroitement lorsque ce dernier est président de l’université Paris Sorbonne, de 1989 à 1993, et avec Madeleine Ambrière, professeur à la Sorbonne, spécialiste de Balzac et de Vigny49, Jean-Marie Mayeur est à l’origine d’une autre initiative intéressant l’histoire religieuse, la fondation en 1992 de l’Institut Marc Sangnier, dont il fut le secrétaire pendant de longues années, puis le président en remplacement de Michel Meslin, en même temps que le président de son conseil scientifique jusqu’en décembre 2012. L’Institut Marc Sangnier, installé sur les lieux mêmes où se réunissait le Sillon, 38 Boulevard Raspail, abrite les archives du fondateur du Sillon, ainsi que celles d’autres personnalités liées à l’histoire de la démocratie chrétienne – Francisque Gay par exemple. Avec le soutien actif de Jean Sangnier, fils de Marc, l’objectif de l’Institut fut de promouvoir les recherches sur le Sillon et la démocratie chrétienne, en mettant les archives à la disposition des chercheurs, mais aussi en organisant des colloques, à la tenue desquels Jean-Marie Mayeur prit une part très active jusqu’au dernier consacré au centenaire de la Jeune République, organisé en septembre 201250.
21Jean-Marie Mayeur s’est enfin affirmé, tout au long de sa carrière, comme un remarquable directeur de thèses, dont les enseignements et les conseils ont marqué des générations de chercheurs depuis plus de 40 ans. Il a conduit à soutenance près de 80 doctorants, dont 59 ont consacré leur thèse à un sujet relevant de l’histoire religieuse ; il a également dirigé une vingtaine de thèses d’État ou habilitations dont la moitié en histoire religieuse. Nombre de ses disciples sont actuellement en poste dans des universités françaises ou étrangères, ou en classes préparatoires, car si Jean-Marie Mayeur était exigeant, relisant avec une très grande attention les manuscrits de ses élèves, il était aussi très soucieux de leur devenir. À cet égard, sa connaissance parfaite du système universitaire était d’un secours précieux. Il partageait cet intérêt pour le fonctionnement de l’université et plus généralement du système scolaire français avec sa femme, Françoise Mayeur, devenue une éminente spécialiste de l’histoire de l’éducation après avoir commencé ses recherches en s’intéressant elle aussi à la démocratie chrétienne, consacrant sa thèse de doctorat au journal L’aube51. Elle l’avait rejoint à Paris IV au début des années 1990. Ils formaient un couple d’historiens, attentifs aux autres, à l’écoute de leurs disciples devenus de jeunes collègues, accueillants. À leur domicile, avenue du Maine à partir des années 1980, se sont ainsi rencontrés nombre d’historiens français et étrangers qui peuvent témoigner encore aujourd’hui de la chaleur des discussions qui s’y déroulaient. Il était légitime d’associer à l’hommage aujourd’hui rendu à Jean-Marie Mayeur sa femme Françoise, décédée en 2006.
Une œuvre entre politique et religion
22Les travaux personnels de Jean-Marie Mayeur se situaient délibérément au carrefour de l’histoire politique et religieuse, deux domaines qu’il a grandement contribué à revitaliser, et qui partant l’avaient conduit à devenir un spécialiste internationalement reconnu de ces deux champs, ce dont témoignent le nombre de ses interventions et articles en langue étrangère, mais aussi les sollicitations à participer à des Mélanges en l’honneur de collègues étrangers52, sans parler de la traduction en langues étrangères de plusieurs de ses ouvrages. Il était aussi régulièrement sollicité pour brosser des bilans historiographiques sur l’histoire religieuse que sa parfaite maîtrise de l’ensemble de la production bibliographique rendent particulièrement féconds53. Il a également régulièrement collaboré aux travaux de la Commission Internationale d’Histoire Ecclésiastique Comparée qui, notamment avant la chute du Mur de Berlin, a grandement favorisé les contacts entre historiens de l’Europe occidentale et historiens de l’Europe de l’Est, en particulier polonais. Jean-Marie Mayeur a ainsi été le responsable français de la section Histoire contemporaine lors du colloque de la CIHEC qui s’est tenu à Varsovie en juillet 1978. Il a participé de même 20 ans plus tard au colloque organisé par son ami Jerzy Kloczowski à Lublin54.
23À partir de sa thèse, Jean-Marie Mayeur creuse le sillon de l’histoire de la démocratie chrétienne, mettant notamment l’accent, dans un article majeur, sur les liens existants entre le courant traditionaliste et la démocratie chrétienne, et démontant donc l’idée d’une filiation généralement établie entre catholicisme libéral et démocratie chrétienne55. Il est attentif aux expériences concrètes, aux parcours individuels. Plusieurs de ses articles sont réunis en 1984 dans Catholicisme social et démocratie chrétienne. Principes romains, expériences françaises56. Il s’attache aussi très tôt à lire cette histoire à l’échelle européenne, en de nombreuses études dont il donnera une synthèse magistrale en 198057, mais qu’il prolongera par la suite, notamment autour de la question de la construction européenne58. Il s’est aussi particulièrement intéressé aux rapports entre la pensée du général de Gaulle et la démocratie chrétienne, et plus généralement au rapport de de Gaulle à la religion, auquel il avait songé consacrer un livre. On en retrouve les premières réflexions dans plusieurs de ses contributions, notamment aux colloques organisés par la Fondation Charles de Gaulle59. Plus récemment, il s’était investi dans les travaux conduits autour d’Edmond Michelet, en vue de sa béatification60. Ses réflexions se sont aussi orientées de plus en plus, notamment dans les années 1980, vers l’histoire de la papauté, examinée dans le cadre des relations internationales, particulièrement dans les temps de guerre ; avec une attention particulière portée à la question de l’attitude de Pie XII face aux Juifs, mais aussi dans la construction de la paix61 ; il s’est aussi intéressé également à l’attitude des chrétiens face aux deux guerres mondiales et à leurs prolongements62.
24L’étude de la laïcité était le prolongement naturel de l’histoire des débuts de la démocratie chrétienne et plus généralement du ralliement des catholiques à la République, lequel s’est poursuivi au cours du xxe siècle63. Celui-ci ne peut en effet se comprendre que dans la mesure où la laïcité, fondement de la République, est respectueuse des croyances, comme aussi de l’absence de croyances. Jean-Marie Mayeur était très attaché à ce terme de « respect » et récusait l’idée d’une laïcité, idéologie de combat contre les Églises. C’est bien parce que laïcité et anticléricalisme ne sont pas synonymes que l’Église a pu accepter aussi cette définition d’une laïcité ouverte. Ses interrogations sur la laïcité sont anciennes64, et nourries de l’examen de la situation particulière de l’Alsace-Moselle, restée concordataire65. Jean-Marie Mayeur va ensuite s’attacher à l’étude des fondateurs de la République66, pour comprendre leur conception de la laïcité, en commençant par Ferdinand Buisson, dont le rôle a été essentiel dans la mise en place des lois Ferry67. Il poursuit ses analyses sur Jules Ferry68, Eugène Spuller, Louis Barthou69, et bien sûr Gambetta70 auquel il consacra, une fois à la retraite, une magistrale biographie qu’il portait en lui depuis de nombreuses années71. Ainsi, après avoir contribué avec sa thèse sur Lemire au renouveau de l’histoire politique, mais aussi à la sortie du purgatoire du genre de la biographie, il récidivait en quelque sorte avec son Gambetta dont il se plaisait à souligner qu’il avait trouvé des lecteurs jusqu’aux plus hauts sommets de l’État. Mais il a aussi poursuivi l’analyse de l’œuvre des républicains, voire des socialistes, en s’intéressant à leur rapport à la question religieuse ou scolaire au cours du xxe siècle72, la plupart de ces études étant reprises dans La question laïque, qu’il concluait par une magistrale analyse de la situation présente, marquée par la question de la place de l’islam dans la société73. Les centenaires des lois sur les congrégations de 1901-190474 et de la loi de séparation75 lui ont permis de préciser ou d’approfondir sa vision des rapports entre Églises et État et partant sa lecture de la laïcité dont il rappelait qu’elle pouvait tout aussi bien s’observer dans le cadre concordataire comme en Alsace-Moselle que dans le cadre du régime de séparation.
25La disparition de Jean-Marie Mayeur marque un grand vide, tant il était resté présent et actif jusqu’à ses derniers jours, aimant à revenir notamment à la Sorbonne participer à une manifestation scientifique, à un colloque ou à une soutenance de thèse, rédiger un compte rendu d’ouvrage ou tout simplement discuter de l’actualité ou de ses projets de voyage. Il était aussi resté très assidu aux conseils d’administration de la Société d’Histoire de l’Église de France où il siégeait depuis 1978, ayant alors succédé à Henri-Irénée Marrou. Il avait adhéré à la Société en 1966, et faisait partie de ce « fort groupe de jeunes agrégés et agrégatifs, docteurs et doctorisables » évoqué par Gabriel Le Bras devant l’assemblée générale du 5 mai 1966, groupe qui avait offert son concours à la Société, poussant au passage plusieurs de ses membres, Marc Venard, Jacques Gadille et Bernard Plongeron, à prendre des responsabilités au sein du comité de la Revue76. Au conseil d’administration, Jean-Marie Mayeur était notamment attentif au développement de la Collection d’Histoire religieuse de la France où plusieurs de ses élèves ont publié leur thèse. Enfin il a donné à la Revue, outre trois articles, un nombre important de comptes rendus, y compris sous la forme de bulletins critiques. C’était là aussi un trait caractéristique de la pratique de l’histoire. Lecteur assidu, il a en effet multiplié les recensions d’ouvrages dans un grand nombre de revues scientifiques qu’il serait impossible de nommer toutes, et de journaux, en particulier Esprit dans les années 1960 et Le Monde dans les années 1970, contribuant aussi, par ce relais, à mieux faire connaître les résultats des travaux neufs dans le domaine des sciences religieuses. Enfin, ce n’est pas un hasard si le dernier texte édité de Jean-Marie Mayeur l’a été dans un volume consacré à l’histoire religieuse en France, publié sous la direction de Catherine Vincent, présidente de la Société d’Histoire Religieuse de la France, et Alain Tallon, également membre du conseil d’administration de la SHRF77. À la fois par son œuvre, par les enseignements qu’il a dispensés, par les orientations de recherche qu’il a suscitées, Jean-Marie restera un historien de référence pour l’histoire des xixe et xxe siècle, au sein de laquelle il aura su donner toute sa place à l’histoire religieuse.
Notes de bas de page
1 « Pierre Renouvin et l’histoire religieuse », Revue d’Histoire de l’Église de France, t. 63, no 170, 1977, p. 103-106.
2 « Introduction » à Henri Marrou, Crise de notre temps et réflexion chrétienne, Paris, Beauchesne, 1978, p. 9-29.
3 « Autour de l’œuvre d’Émile Poulat », in Catholicisme social et démocratie chrétienne. Principes romains, expériences françaises, Paris, Le Cerf, 1986, p. 39-46.
4 « Jacques Gadille, historien des courants de pensée du catholicisme français », in Histoire religieuse. Mélanges offerts à Jacques Gadille, Paris, Beauchesne, 1992, p. 239-248.
5 « Une mémoire-frontière : l’Alsace », in Pierre Nora (dir.), Les Lieux de mémoire, t. 2, La Nation, Paris, Gallimard, 1986, p. 63-95.
6 « Souvenirs », in L’Église à venir. Mélanges offerts à Joseph Hoffmann, textes réunis par Michel Deneken, Paris, Le Cerf, 1999, p. 23-25, texte reproduit supra, p. 9-11.
7 Charles Palmier, « P. M. F., une carte ou une politique », Vin Nouveau, janvier 1955, no 1, p. 31-36.
8 « Dial M. for Murder », Vin Nouveau, mars-avril 1955, no 3-4, p. 66-71.
9 « Les mauvaises rencontres », Vin Nouveau, décembre 1955, no 8, p. 86-89.
10 Jean-Marie Mayeur et Philippe Joutard, « La SFIO et la gauche », Vin Nouveau, février-mars 1956, no 10, p. 45-51.
11 L’exemplaire conservé dans les Archives privées de Jean-Marie Mayeur, porte, écrit de sa main, sous le texte, les trois initiales JMM.
12 Sur Vin Nouveau face à la guerre d’Algérie, et sur le rôle de Jean-Marie Mayeur dans la revue, voir Catherine Mayeur-Jaouen, « Urgence pour l’Algérie », Vin Nouveau, une revue d’étudiants catholiques contre la guerre d’Algérie (1955-1956), in Morgan Corriou et M’hamed Oualdi (dir.), Une histoire sociale et culturelle du politique en Algérie et au Maghreb. Études offertes à Omar Carlier, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2018, p. 387-413, reproduit dans ce volume.
13 Sur le contexte, voir Jérôme Bocquet, « Un dreyfusisme chrétien face à la guerre d’Algérie », in Denis Pelletier et Jean-Louis Schlegel (dir.), À la gauche du Christ. Les chrétiens de gauche en France de 1945 à nos jours, Paris, Le Seuil, 2012, p. 227-255.
14 « Note introductive à des recherches sur la démocratie chrétienne en Alsace », Études politiques, Strasbourg, Cahiers de l’Association interuniversitaire de l’Est, Strasbourg, 1960, p. 65-77.
15 « Une bataille scolaire : les catholiques alsaciens et la politique scolaire du gouvernement de Front populaire », Histoire et sociologie religieuses, Cahiers de l’Association Interuniversitaire de l’Est, Strasbourg, 1962, p. 85-103.
16 Dans le même volume, il publie aussi « Les documents collectifs de l’épiscopat français », p. 353-376.
17 « Christianisme et monde ouvrier dans l’Alsace contemporaine », Strasbourg, Istra, 1965, p. 449-460. Au même moment Le Mouvement social consacre un numéro spécial à « Église et monde ouvrier en France », présenté par René Rémond, no 57, octobre-décembre 1966, dans lequel Jean-Marie Mayeur donne deux notes critiques, sur « Le catholicisme social en France à la fin du xixe siècle », p. 211-216 et « Les prêtres au travail : de l’anticipation à l’expérience vécue », p. 222-225.
18 Autonomie et politique en Alsace. La Constitution de 1911, Paris, Armand Colin, 1970, 212 p.
19 « Francia ed Algeria dopo il referendum », Humanitas. Rivista mensile di cultura, février 1961, no 2, p. 174-178 ; « Francia e Algeria un mese dopo il “cessate il fuoco” », ibid., mai 1962, no 5, p. 444-449 ; « L’articolo 16 della Costituzione francese », ibid., juin 1961, p. 551-553.
20 « La démocratie chrétienne en Italie avant 1914. Réflexions sur quelques recherches récentes », Archives de Sociologie des Religions, no 13, 1962, p. 133-138.
21 « Les congrès nationaux de la “démocratie chrétienne” à Lyon (1896, 1897, 1898) », Revue d’histoire moderne et contemporaine, t. 9, juillet-septembre 1962, p. 171-206.
22 « La France bourgeoise devient laïque et républicaine », in Louis-Henri Parias (dir.), Histoire du peuple français, t. 5, 1964, p. 45-244.
23 Les débuts de la IIIe République (1871-1898), t. 10, Nouvelle histoire de la France contemporaine, Paris, Le Seuil, coll. « Points », 1973, 252 p. (traduction anglaise, Cambridge, 1984).
24 Jean-Marie Mayeur, La séparation de l’Église et de l’État, Paris, Julliard, coll. « Archives », 1966, 188 p.
25 « Religion et politique. Géographie de la résistance aux Inventaires (février-mars 1906 », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 1966, no 6, p. 1259-1272.
26 « Des catholiques libéraux devant la loi de Séparation : les “cardinaux verts” », in Religion et Politique. Les deux guerres mondiales. Histoire de Lyon et du Sud-Est. Mélanges offerts à M. le Doyen André Latreille, Lyon, Audin, 1972, p. 207-224.
27 « Les catholiques dreyfusards », Revue historique, avril-juin 1979, t. 261, p. 337-361, repris in Myriam Tardeni (dir.), Modernité et non-conformisme en France à travers les âges, Leyde, Brill, 1983, p. 143-167.
28 Il a collaboré au numéro 42 de Recherches et débats, « Les Laïcs et la vie de l’Église », 1963, et au numéro 47, « L’histoire et l’historien », 1964.
29 Franck Georgi, L’invention de la CFDT, 1957-1970. Syndicalisme, catholicisme et politique dans la France de l’expansion, Paris, Éditions de l’Atelier, 1995, p. 491.
30 Claire Guyot, Les intellectuels catholiques dans la société française. Le Centre catholique des intellectuels français, Rennes, PUR, 2002, p. 267.
31 Charles Mercier, « René Rémond à Nanterre », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 2009/4, no 104, p. 141-152.
32 Maurice Vaussard, « Thèse en Sorbonne. L’abbé Lemire : aumônier du bloc des gauches », Le Monde, 20 février 1969, p. 16.
33 Religion et Politique. Les deux guerres mondiales. Histoire de Lyon et du Sud-Est. Mélanges offerts à M. le Doyen André Latreille, préface de M. Pacaut, J. Gadille, J.-M. Mayeur et H. Beuve-Méry, Lyon, Audin, 1972, p. 207-224. La préface de Jean-Marie Mayeur est consacrée à « La pensée sociale » d’André Latreille.
34 « Les milieux catholiques libéraux en France : continuité et diversité d’une tradition » (avec Jacques Gadille), in Les catholiques libéraux au xixe siècle, avant-propos de J. Gadille, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 1973, p. 185-207.
35 Voir Pierre Riché, Henri-Irénée Marrou, historien engagé, Paris, Le Cerf, 2003, p. 320.
36 Il est nommé par arrêté du 4 décembre 1975 « conseiller scientifique permanent auprès du directeur des Enseignements supérieurs et e la recherche », « plus spécialement chargé des formations supérieures du secteur tertiaire et de la formation des maîtres ».
37 Jean-Marie Mayeur et Marie Zimmermann, Lettres de Carême des évêques de France. Répertoire 1861-1959, Strasbourg, Cerdic, 1981, 378 p.
38 Libre pensée et religion laïque en France, Strasbourg, Cerdic, 1980.
39 Claude Langlois, « Trente ans d’histoire religieuse. Suggestions pour une future enquête », Archives de sciences sociales des religions, 1987, no 63/1, p. 85-114.
40 Claude Langlois, art. cité, p. 102-105 et Bruna Filippi, « Le “Groupe de la Bussière”. Quelques étapes d’un parcours collectif », Revue d’Histoire de l’Église de France, t. 86, 2000, p. 735-745.
41 François Laplanche, « De l’Histoire de l’Église de Fliche et Martin à l’Histoire du christianisme », Revue d’Histoire de l’Église de France, t. 86, 2000, p. 685-690.
42 « Recherches sur l’histoire religieuse contemporaine », in Recherches de sciences religieuses, octobre-décembre 1970, p. 559-602. Il participe également au colloque organisé sur ce thème en 1977, « “Des clercs devant la religion populaire”. Aux origines d’un débat », in La religion populaire, Paris, CNRS Éditions, 1979, p. 339-346.
43 « Une enquête sur le personnel parlementaire sous la IIIe République », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, no 11, juillet-septembre 1986, p. 21-23 ; « Des républicains catholiques aux catholiques intransigeants », in Jean-Marie Mayeur et Alain Corbin (dir.), Les Immortels du Sénat (1875-1918). Les cent seize inamovibles de la Troisième République, Paris, Publications de la Sorbonne, 1995, p. 75-80 ; Les parlementaires de la Seine sous la Troisième République. Études (direction), Paris, Publications de la Sorbonne, 2001, 278 p. ; Le personnel parlementaire de la Troisième République (codirection avec Alain Corbin et Jean-Pierre Chaline), Paris, Publications de la Sorbonne, 2003.
44 Pierre Riché, Henri-Irénée Marrou, p. 324-6 ; Philippe Levillain, « Préface » à Charles Pietri, historien et chrétien, Paris, Beauchesne, 1992, p. vi ; André Vauchez, « Introduction » à « À la mémoire de Charles Pietri », Mélanges de l’École française de Rome. Antiquité, 1999, no 111-112, p. 555-559 (557).
45 « Mission ouvrière pastorale et catéchèse », Les quatre fleuves, no 11, « Transmettre la foi », 1980, p. 125-129 ; « Magistère et théologiens sous Pie XII », Les quatre fleuves, no 12, « Les théologiens et l’Église », 1981, p. 113-119 ; « Les papes, la guerre et la paix, de Léon XIII à Pie XII », Les quatre fleuves, no 19, 1984, p. 23-33.
46 Archives privées JMM, compte rendu de la réunion du comité de rédaction du 23 mai 1987, signé Mariette Canevet, André Vauchez, Jean-Marie Mayeur, Michel Meslin, Marie-Josèphe Rondeau et Françoise Jacquin (Jean Laloy, Yves-Marie Hilaire, Françoise et Jacques Flamant étaient excusés).
47 La vie politique sous la Troisième République, Paris, Le Seuil, coll. « Points », 1984, 450 p.
48 « La crise de la Séparation », in Le Conseil d’État et la liberté religieuse. Deux siècles d’histoire, Revue administrative, 2, 1999, p. 31-36 (repris in Deuxième centenaire du Conseil d’État, Paris, PUF, 2001, p. 281-286).
49 Jean-Marie Mayeur est peu après l’un des huit directeurs, chargé de l’histoire, entourant Madeleine Ambrière dans l’entreprise du Dictionnaire du xixe siècle européen, Paris, PUF, 1997.
50 Marc Sangnier et les débuts du Sillon. 1894, actes de la journée d’études du 23 septembre 1994, Paris, Institut Marc Sangnier, 1994, 154 p. ; Marc Sangnier, la guerre, la paix (1914-1939), actes de la journée du 26 septembre 1997, Paris, Institut Marc Sangnier, 1999, 234 p. ; Le Sillon de Marc Sangnier et la démocratie sociale, actes du colloque des 18 et 19 mars 2004, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2006, 211 p. ; Éducation populaire : initiatives laïques et religieuses au xxe siècle, textes réunis par Jacques Prévotat, Revue du Nord, hors-série no 28, 2012 ; La Jeune République. Histoire et influence (1912-2012), colloque organisé le 28 septembre 2012 à la Maison de la Recherche de l’université Paris Sorbonne.
51 Sur son parcours et son œuvre, voir Jean-Noël Luc, « Françoise Mayeur (1933-2006). Les territoires d’une historienne », in Pierre Caspard, Jean-Noël Luc et Rebecca Rogers (dir.), L’éducation des filles, xviiie-xxie siècle. Hommage à Françoise Mayeur, numéro spécial de la revue Histoire de l’Éducation, 2007, p. 7-29.
52 « Charles de Gaulle témoin de la Pologne de 1920 », in Fermentum massae mundi. Mélanges Wozniakowski, 1990, p. 281-284 ; « Jean-Paul II et la nation », in Catherine Bosshart-Pfluger, Joseph Jung et Franziska Metzger (dir.), Nation und Nationalismus in Europa. Kulturelle Konstruktion von Identitäten. Festschrift für Urs Altermatt, Stuttgart-Wienne, Verlag Huber, 2002, p. 737-747 ; « Démocrates et sociaux chrétiens français devant Toniolo », in Camillo Brezzi, Carlo Felice Casula, Agostino Giovagnoli et Andrea Riccardi (dir.), Democrazia e cultura religiosa. Studi in onore di Pietro Scoppola, Bologne, Il Mulino, 2002, p. 123-134 ; « Anatole Leroy-Beaulieu et la séparation des Églises et de l’État », in Berhard Löffler et Karsten Ruppert (dir.), Religiöse Prägung und politische Ordnung in der Neuzeit. Feschrift für Winfried Becker zum 65. Geburstag, Köln, Böhlau Verlag, 2006, p. 327-340.
53 « Cattolicesimo sociale e democrazia christiana in Francia: bilancio storiografico », Bolletino del Archivio per la storia del movimento soziale cattolico in Italia, septembre-décembre 1980, p. 280-296 ; « Histoire religieuse », in La recherche historique en France depuis 1965, Paris, CNRS Éditions, 1980, p. 53-55 ; « L’état de la recherche en histoire religieuse contemporaine », La Gazette des Archives, 2e trimestre 1994, p. 120-126 ; « L’historiographie française en histoire religieuse contemporaine », Annuario de Historia de la Iglesia, IV, université de Navarre, 1995, p. 365-372 ; « Die französiche Geschischtsschreibung im Blick auf die zeitgeschichtliche histoire religieuse », in Anselm Doering-Manteuffel et Kurt Novak (dir.), Kirchliche Zeigeschichte. Urteilsbildung und Methoden, Stuttgart, Kohlhammer, 1996, p. 203-210.
54 « Anatole Leroy-Beaulieu, un catholique libéral devant l’orthodoxie », in Miroslaw Filipowicz (dir.), Églises, États, Nations à l’époque des Lumières et au xixe siècle, Lublin, Institut de l’Europe du Centre-Est, 2000, p. 79-86.
55 « Catholicisme intransigeant, catholicisme social, démocratie chrétienne, Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 1972, 2, p. 83-499.
56 Catholicisme social et démocratie chrétienne. Principes romains, expériences françaises, Paris, Le Cerf, 1986, 287 p.
57 Des Partis catholiques à la Démocratie chrétienne, xixe-xxe siècle, Paris, Armand Colin, coll. « U », 1980, 247 p.
58 « Introduction » à Serge Berstein, Jean-Marie Mayeur et Pierre Milza (dir.), Le MRP et la construction européenne, Bruxelles, Complexe, 1993.
59 « De Gaulle et le catholicisme social », in Institut Charles de Gaulle, Approches de la philosophie politique du général de Gaulle, Actes du colloque organisé par l’Institut Charles de Gaulle les 25 et 26 avril 1980, Cujas, Paris, 1983, p. 215-219 ; « Le gaullisme et les familles spirituelles de la France », in Le Gaullisme aujourd’hui, avant-propos de Jean Charbonnel, Paris, Julliard, 1985, p. 38-49 ; « De Gaulle et l’Église catholique », in De Gaulle dans son siècle, Dans la mémoire des hommes et des peuples, Paris, Plon, 1991, p. 436-445 ; « De Gaulle as Politician and Christian », in Hugh Gough et John Horne (dir.), De Gaulle and Twentieth Century France, Londres, Edward Arnold, 1994, p. 95-107 ; « La rupture entre le MRP et le RPF », in De Gaulle et le RPF 1945-1955, Paris, Armand Colin, 1998, p. 604-612 ; « Alphonse Dupront et le général de Gaulle en 1940-1941 », Revue Roumaine d’Histoire, t. 37, 1998, p. 121-132 ; « Le MRP et le gaullisme », Revue Espoir, « Maurice Schuman », octobre 2001, no 128, p. 23-26 ; « Des témoignages revisités », in Fondation Charles De Gaulle, Charles de Gaulle, chrétien, homme d’État, Paris, Le Cerf, 2011, p. 171-180.
60 Nicole Lemaitre, Jean-Marie Mayeur et Hélène Say (dir.), Edmond Michelet, un chrétien en politique, actes du colloque organisé au Collège des Bernardins des 10-11 décembre 2011, Paris, Lethielleux, 2011, 242 p.
61 « Les Églises devant la persécution des Juifs en France », in Georges Wellers, André Kaspi et Serge Klarsfeld (dir.), La France et la question juive en France, 1940-1944, actes du colloque du Centre de documentation juive contemporaine, 10-12 mars 1979, Paris, CDJC/ÉditionsSylvie Messenger, 1981, p. 147-170 ; « Pie XII et l’Europe », Relations Internationales, 1981, p. 413-425 ; « Magistère et théologiens sous Pie XII », in Les quatre fleuves, no 12, « Les théologiens et l’Église », 1981, p. 113-119 ; « Les papes, la guerre et la paix, de Léon XIII à Pie XII », Les quatre fleuves, no 19, 1984, p. 23-33 ; « Pio XII e i movimenti cattolici in Europa », in Andrea Riccardi (dir.), Pio XII, Laterza, Rome/Bari 1984, p. 277-293 (repris in Catholicisme social) ; « L’Europe de Jean-Paul II », in Gabriele De Rosa et Giorgio Cracco (dir.), Il Papato e l’Europa, Rubettino, 2001, p. 461-468 ; « L’Europe de Jean-Paul II », in Hélène Carrère d’Encausse et Philippe Levillain (dir.), Nations et Saint-Siège au xxe siècle, Paris, Fayard, 2003, p. 391-401.
62 « La vie religieuse pendant la première guerre mondiale », in Histoire vécue du peuple chrétien, Toulouse, Éditions Privat, 1979, t. 2, p. 179-193 ; « Les catholiques français devant le catholicisme allemand dans les lendemains de la Première Guerre mondiale (1920-1927) », in Franzosen und Deutsche am Rhein, Essen, Klartext, 1989, p. 289-296 ; « Les catholiques français et Benoît XV en 1917. Brèves remarques », in Nadine-Josette Chaline (dir.), Chrétiens dans la première guerre mondiale, Paris, Le Cerf, 1993, p. 153-165 ; « La memoria della guerra e della resistenza nella cultura politica e religiosa della Francia del dopoguerra », in Giovanni Miccoli, Guido Neppi Modona et Paolo Pombeni (dir.), La grande cesura. La memoria della guerra e della resistenza nella vita europea del dopoguerra, Bologne, Il Mulino, 2001, p. 17-30 ; « Il cristianesimo e la guerra moderna », in Daniele Menozzi (dir.), Le religioni e il mondo moderno. I cristianesimo, Milan, Einaudi Editore, 2008, p. 452-473.
63 « Die französischen Katholiken und die Demokratie im 20. Jahrhundert », in Christentum und Demokratie im 20. Jahrhundert, Stuttgart, Kohlmanner, 1992, p. 45-59.
64 « À propos de la laïcité », Esprit, 1961.
65 « Laïcité et question scolaire en Alsace et Moselle (1944-1963) ».
66 « Laicità e pensiero laico in Francia all’inizio della III Reppublicca », in Nicola Matteuci et Paolo Pombeni (dir.), L’organizzazione della politica. Cultura, Istituzioni, Partiti nell’Europa liberale, Bologne, Il Mulino, 1988, p. 103-123 ; « Laïcité et idée laïque au début de la IIIe République. Les Républicains et l’Église », in « De la morale laïque » ? Le Supplément, 1988, no 164, p. 23-44, repris in Léo Hamon (dir.), Les opportunistes. Les débuts de la République aux républicains, Paris, Maison des Sciences de l’Homme, 1991, p. 104-124.
67 « La foi laïque de Ferdinand Buisson », in Libre pensée et religion laïque en France, Strasbourg, Cerdic, 1980, p. 247-257.
68 « Jules Ferry et la laïcité », in Jules Ferry fondateur de la République, Paris, Éditions de l’EHESS, 1985, p. 147-160 ; « La laïcité de l’État. Du conflit à l’apaisement, de Ferry à Poincaré », in Pierre Colin (dir.), Les catholiques français et l’héritage de 1789. 1889-1989, actes du colloque du bicentenaire organisé par le département de la recherche de l’Institut Catholique de Paris, 9-11 mars 1989, Paris, Beauchesne, 1989, p. 83-91.
69 « Louis Barthou et la “question religieuse” », in Michel Papy (dir.), Barthou, un homme, une époque, Pau, 1986, p. 139-151.
70 « Autour d’un discours de Gambetta : laïcité et idée laïque à l’aube de la IIIe République », in Michel Cassan, Jean Boutier et Nicole Lemaitre (dir.), Croyances, pouvoirs et sociétés. Des Limousins aux Français. Études offertes à Louis Pérouas, Treignac, Éditions Les Monédières, 1988, p. 241-250.
71 Léon Gambetta, la Patrie et la République, Paris, Fayard, 2008.
72 « La politique religieuse », in René Rémond et Janine Bourdin (dir.), Edouard Daladier, chef de gouvernement, Paris, Presses de Science Po, 1977, p. 241-254 ; « La guerre scolaire, ancienne ou nouvelle histoire », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, no 5, janvier-mars 1985, p. 101-110 ; « Guy Mollet, l’Église, l’École », in Bernard Ménager et al. (dir.), Guy Mollet, un camarade en République, Lille, Presses universitaires de Lille, 1987, p. 401-411. « Le parti socialiste et la laïcité de la Libération au début de la IVe République », Cahiers Léon Blum, juin 2001, p. 37-48.
73 La question laïque xixe-xxe siècle, Paris, Fayard, 1997, 239 p.
74 « L’abbé Lemire et les congrégations », in Jacqueline Lalouette et Jean-Pierre Machelon (dir.), 1901. Les congrégations hors la loi ?, Paris, Letouzey et Ané, 2002, p. 97-105 ; « Les lois face aux congrégations, 1901-1904, in Les congrégations religieuses et la société française d’un siècle à l’autre, Paris, Éditions Don Bosco, 2004, p. 63-71.
75 « La crise de la Séparation », Archives de l’Église de France. Bulletin de l’Association des Archivistes de l’Église de France, 1er semestre 2003, p. 2-10 ; La Séparation des Églises et de l’État, Paris, Éditions de l’Atelier, rééd., 2005, 255 p. ; « Avant-propos » à Jean-Pierre Chantin et Daniel Moulinet (dir.), La séparation de 1905. Les hommes et les lieux, Paris, Éditions de l’Atelier, 2005, p. 11-15 ; « Introduction » à Michel Woronoff (dir.), La Séparation en province, Paris, Akademos, 2005, p. 21-24 ; « Un grand parlementaire libéral. Alexandre Ribot et la séparation des Églises et de l’État », Commentaire, no 111, automne 2005, p. 721-726 ; « Anatole Leroy-Beaulieu et la séparation des Églises et de l’État », Revue des sciences religieuses, no 4, octobre 2005, p. 441-454 ; « Les parlementaires et leur rôle dans le vote de la loi », in Marie-Odile Munier (dir.), Regards croisés sur la loi de Séparation des Églises et de l’État, Toulouse, Presses de l’université des Sciences sociales de Toulouse, 2005, p. 17-27 ; « Les inventaires dans le diocèse de Paris », Revue d’Histoire de l’Église de France, juillet-décembre 2005, p. 277-286 ; « Politique anticongréganiste et séparation des Églises et de l’État. Bulletin critique », Revue d’Histoire de l’Église de France, t. 92, 2006, p. 489-496.
76 Discours de Gabriel Le Bras, assemblée générale du 5 mai 1966, Revue d’Histoire de l’Église de France, 1965, no 148, p. 400. La liste des nouveaux adhérents rend compte de cette entrée en force cette année-là. Sur cette « OPA discrète », voir Claude Langlois, « Trente ans d’histoire religieuse », art. cité, p. 104.
77 « Le religioni e lo Stato dopo la separazione tra Chiese e Stato », in Catherine Vincent et Alain Tallon (dir.), Storia religiosa della Francia, Milan, Centro Ambrosiano, 2013, 2 vol., vol. 2, p. 575-602, traduction française parue chez Armand Colin, 2014.
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